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Alphonse de Châteaubriant

Alphonse van Bredenbeck de Châteaubriant, né le à Rennes et mort le à Kitzbühel (Autriche), est un écrivain français.

Alphonse de Châteaubriant
Alphonse de Châteaubriant en 1946.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
KitzbĂĽhel
Pseudonyme
Alfred Wolf
Nationalité
Formation
Activité
Enfant
Yves Le Scal (d)
Parentèle
Ferdinand du Puigaudeau (cousin germain)
Autres informations
Propriétaire de
Membre de
Conflit
Distinctions
Ĺ’uvres principales

Il fut un intellectuel actif de la collaboration durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie.

Biographie

Famille

La famille van Bredenbeck de Châteaubriant est originaire de Hollande. Sa branche française fait partie des familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie angevine[1]. Son fondateur, Gaspard van Bredenbeck (1637-1687), naturalisé français, était maître-raffineur de sucre et de mélasse à Saumur en 1670, puis à Angers en 1675. Sa veuve acquit la terre de Châteaubriant à Sainte-Gemmes-sur-Loire le [2]. Alphonse de Châteaubriant est le fils de Alphonse van Bredenbec de Châteaubriant, zouave pontifical et peintre, et de Marie-Louise Arnaud.

Après des études au lycée Clemenceau de Nantes[3], Alphonse de Châteaubriant fait l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, mais ne s'engage pas dans une carrière militaire. Il a surtout vécu entre Piriac-sur-Mer où se trouve sa propriété, Nantes et le Poitou.

Alphonse de Châteaubriant épouse à Saint-Nazaire, par contrat du , Marguerite-Eugénie-Thérèse Bachelot-Villeneuve (1876-1962), fille d'un médecin, dont il a deux fils, Guy et Robert (1906-1992, écrivain sous le nom d'Yves Le Scal[4]). Pendant la Première Guerre mondiale, il vit aussi à Versailles, rue de l'Orangerie, et ses enfants vont au lycée Hoche, sa famille faisant des allers et retours à Saint-Nazaire, pour causes de mauvais ravitaillement. Plus tard, il rencontre la poétesse Gabrielle Castelot. L'un des deux fils de cette dernière, le futur historien André Castelot, devient un temps son secrétaire particulier[5].

RĂ©gionalisme

Châteaubriant avant 1913.

Il collabore à des revues régionales et publie une série de nouvelles intitulées Hobereaux[6].

C’est donc ce terroir rĂ©gional du grand Ouest qui constitue la matière de ses livres, Ă  commencer par Monsieur des Lourdines, prix Goncourt 1911[6]. Romain Rolland, avec qui il s'est liĂ© d'amitiĂ©, voit alors dans ce premier ouvrage « un livre Ă  rendre en un mois son auteur cĂ©lèbre dans le monde entier ». Vient ensuite La Brière, pour lequel il reçoit en 1923 le grand prix du roman de l'AcadĂ©mie française et qui est l'un des plus forts tirages de l'entre-deux-guerres avec 600 000 exemplaires vendus. Le livre est traduit dès 1924 en allemand, puis en anglais, et est publiĂ© par 26 Ă©diteurs diffĂ©rents. En 1927, il publie La Meute[7].

Fascination pour l'Allemagne nazie

Quand éclate la Première Guerre mondiale, Châteaubriant — qui sert comme ambulancier — écrit à sa femme et à Romain Rolland des lettres qui montrent son bouleversement. Lorsqu'arrive enfin la paix, l'écrivain est convaincu de la nécessité pour la France de se réconcilier avec l'Allemagne afin d'éviter une nouvelle guerre. Germanophile, catholique horrifié par le communisme athée, partisan de l'ordre, mais également dreyfusard[8], il est séduit par le national-socialisme d'Hitler, y voyant un retour à l'esprit de la chevalerie[9], auquel il mêle une mystique catholique, manifeste dans La Réponse du Seigneur. Il se rend plusieurs fois en Allemagne avec sa maitresse et collaboratrice, Gabrielle Castelot, nazie convaincue.

En , Ă  l'issue d'un voyage en Allemagne, il publie La Gerbe des forces[N 1] oĂą il n’hĂ©site pas Ă  se prononcer en faveur de l'idĂ©ologie hitlĂ©rienne, voyant une sorte de compatibilitĂ© entre le christianisme et le nazisme. Se rendant au congrès de Nuremberg, il rencontre Ă  Berchtesgaden, le , Adolf Hitler qui lui apparaĂ®t comme un nouveau messie. Il relate ensuite son entrevue dans le quotidien Le Journal, sous le titre « Hitler m'a dit… Â»[10].

Collaboration

Châteaubriant assistant au meeting du Front révolutionnaire national au Vél'd'Hiv' le . De gauche à droite : Claude, Châteaubriant, Déat, Bucard et Chack.

Il est de ceux qui se sont tout de suite rangés du côté de la collaboration. Sous l'Occupation, il préside le groupe Collaboration et dirige, de à , La Gerbe, périodique qui se veut un « hebdomadaire politique et littéraire ». Le rédacteur en chef en est Marc Augier (connu après-guerre sous le pseudonyme de Saint-Loup). Le premier exemplaire paraît le . On y trouve les signatures de Jean Giono, Paul Morand, Jean Cocteau, Marcel Aymé, Sacha Guitry, etc. L'hebdomadaire défend l’idée d’une Europe aryanisée, débarrassée du bolchévisme, proche des thèses du Rassemblement national populaire de Marcel Déat, s'éloignant alors du pétainisme maréchaliste. Il soutient la Légion antibolchévique en participant à un meeting de Jacques Doriot. Il donne des conférences à Rennes pour défendre le rapprochement avec l’Allemagne, comme le dimanche 16 novembre 1941[11], animée par le « groupe collaboration » de la capitale bretonne.

En 1944, quand les troupes alliées approchent de Paris, Châteaubriant se réfugie en Allemagne, où il se trouve déjà quand, le , paraît le dernier numéro de La Gerbe. Le Comité national des écrivains (CNE) inscrit alors son nom sur la liste des auteurs qu’il juge indésirables.

Après-guerre

Chateaubriant par Henri Manuel.

Après l’écrasement de l’Allemagne, Alphonse de Châteaubriant se rĂ©fugie en Autriche, oĂą il vit Ă  KitzbĂĽhel, se faisant appeler « Dr Alfred Wolf Â». C’est donc par contumace qu’il est frappĂ© d'indignitĂ© nationale et condamnĂ© Ă  mort le [12] par la sixième section de la Cour de justice de la Seine ; le mandat d'arrĂŞt lancĂ© contre lui avec ordre de le conduire au fort de Charenton ne l’atteignit jamais dans le monastère du Tyrol oĂą il s'Ă©tait rĂ©fugiĂ© et oĂą il mourut en 1951 après avoir publiĂ© une Lettre Ă  la chrĂ©tientĂ© mourante.

Publications

  • Le Baron de Puydreau (nouvelle), 1908.
  • Monsieur de Buysse (nouvelle), 1909.
  • Monsieur des Lourdines – Histoire d'un gentilhomme campagnard (Prix Goncourt), Grasset, 1911. RĂ©Ă©dition G. Crès & Cie, 1924, portrait de l'auteur gravĂ© sur bois par Paul Baudier. Repris dans : Gens de VendĂ©e, Omnibus, 1996 (comprend : Les Mouchoirs rouges de Cholet, par Michel Ragon - Les Louves de Machecoul, par Alexandre Dumas - Monsieur des Lourdines - La terre qui meurt, par RenĂ© Bazin) (ISBN 2-258-04206-2).
  • La Brière (roman - Grand prix du roman de l'AcadĂ©mie française), Grasset, 1923 ; dernière rĂ©Ă©dition Grasset, 1985 (ISBN 2-246-11063-7).
  • La Meute, Ă©d. du Sablier, 1927; rĂ©Ă©dition chez Grasset (coll. Pour mon plaisir) en 1935.
  • Locronan, Cahiers libres, 1928.
  • La RĂ©ponse du Seigneur, Grasset, 1933, 313.p. bois gravĂ© de Constant Le Breton (1895-1985); dernière rĂ©Ă©dition Grasset, 1967 (ISBN 2-246-11082-3).
  • KĂ©riacop, Ă©ditions Mornay, « la collection originale Â».
  • La CitĂ© de nos fĂŞtes , Ă©ditions Bernard Grasset.
  • Au pays de Brière (photos de C. Le Boyer & A. Bernard), Ă©dition prĂ©parĂ©e par A. Castelot, Ă©d. de Gigord, sans date, [1935].
  • La Gerbe des forces, Grasset, 1937 ; rĂ©Ă©dition aux Ă©ditions de l'Homme libre, 2005.
  • Le Bouquet fanĂ© (illustrations de Bernard Roy), TisnĂ©, 1937.
    « Mais si le bouquet est fané, quelque chose dans ce bouquet fané ne veut pas mourir. La couleur plus forte que la mort, d'une certaine fleur de bruyère […] Oui ! il reste la plupart du temps quelque chose de caché au fond des cassettes vides, et ce qui reste ainsi caché porte le dernier et le premier des beaux noms : l'honneur. L'honneur qui reste malgré tout, dans la gentry française, l'un des adversaires historiques les plus redoutables de cet ennemi de toute sagesse qui s'appelle : l'or. »
  • Les pas ont chantĂ©, Grasset (coll. Le trentenaire), 1938.
  • Écrits de l'autre rive, Le Palladium - AndrĂ© Bonne Ă©diteur, 1950
  • Lettre Ă  la chrĂ©tientĂ© mourante, Grasset (coll. Les cahiers verts), 1951.
  • …Des saisons et des jours… Journal de l'auteur, 1911-1924, avec 7 dessins originaux de l'auteur, Ă©d. du Sapin vert, 1953.
  • Itinerarium ad lumen divinum, La Colombe, 1955.
  • Procès posthume d'un visionnaire, Nouvelles Éditions latines, 1987.
  • L'Acte intĂ©rieur, Nouvelles Éditions latines, 1992.
  • Fragments d'une confession – De la saintetĂ©, Ă©d. de Paris, 2004 (ISBN 2-85162-134-3).

Iconographie

  • Paul Baudier (1881-1962), Alphonse de Chateaubriant, vers 1924, gravure sur bois.

Notes et références

Notes

  1. Sur cet ouvrage, voir le jugement de Paul Lévy : « Un homme comme A. de Châteaubriant, qui voulait passer pour un fin connaisseur des choses d’Allemagne, a réussi à faire de sa Gerbe un véritable florilège de fausses traductions et de coquilles de toute espèce (par exemple dans La Gerbe des forces, p. 57, 80, 99, 211 s., 227 s.) », in La langue allemande en France : pénétration et diffusion des origines à nos jours, de 1830 à nos jours, t. II, Lyon, I. A. C, coll. « Bibliothèque de la Société des études germaniques », , 277 p. (BNF 32381554), p. 229-230.

Références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, 2012, p.157.
  2. Henri de La Messelière, Les Filiations Bretonnes, T.5, Saint-Brieuc, éd. Prudhomme, 1924, p.521-522.
  3. CHÂTEAUBRIANT Alphonse de, sur le Dictionnaire biographique du lycée de Nantes.
  4. Directeur littéraire aux éditions Grasset, puis aux éditions André Bonne, il se consacre à l'édition des œuvres philosophiques de son père, Alphonse de Châteaubriant puis consacre ses propres talents d'écrivain à la mer pour laquelle il se passionne.
  5. Gilbert Joseph, Fernand de Brinon, l’aristocrate de la Collaboration, Paris, Éditions Albin Michel, , 654 p. (ISBN 2-226-11695-8, BNF 38920362), p. 164.
  6. « Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski », sur Gallica, (consulté le ), p. 3
  7. Claude Bily, « Alphonse de Châteaubriant », La Nouvelle Revue d'histoire, no 66,‎ , p. 26-28.
  8. « Tous n'Ă©taient pas des anges Â», lefigaro.fr, 14 mai 2008.
  9. Jonathan de Chastenet, « Romanesque et chevaleresque mĂŞlĂ©s : l'itinĂ©raire aristocratique d'Alphonse de Châteaubriant Â», in Plus noble que le roi : reprĂ©sentations littĂ©raires de la noblesse : journĂ©e d'hommage Ă  Alain NĂ©ry du 25 juin 2008, Angers, Presses de l'universitĂ© d'Angers, , 162 p. (ISBN 978-2-915751-44-4, BNF 42477571), p. 121-131.
  10. Alphonse de Châteaubriant, « Hitler m'a dit… Â» , Le Journal, 2 septembre 1938 (Lire en ligne).
  11. Ouest-Eclair, 17 novembre 1941.
  12. Archives nationales, cote : Z/6 4130.

Voir aussi

Bibliographie

  • Thierry Bouclier, Alphonse de Châteaubriant, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2019 (ISBN 978-2-86714-529-2).
  • Jean-FĂ©lix Lapille, Une parousie europĂ©enne : La Gerbe (1940-1944), mĂ©moire de master, UniversitĂ© Paris 1, 2016.
  • Louis-Alphonse Maugendre, Alphonse de Chateaubriant 1877-1951 – Dossier littĂ©raire et politique, AndrĂ© Bonne, 1977, 445 p.
  • Louis-Alphonse Maugendre, Ă©d., L'un et l'autre (1983-1996), Albin-Michel (ISBN 2-226-06494-X). Correspondance entre Romain Rolland et Alphonse de Châteaubriant – Choix de lettres, 1906-1944, texte Ă©tabli par M. Romain-Rolland et R. de Châteaubriant pour le I, texte Ă©tabli et annotĂ© par L.-A. Maugendre pour le II.
  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Ă©d. Albin Michel, 2001.

Articles connexes

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