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La Brière

La Brière est un roman d'Alphonse de Châteaubriant, d'abord publié dans la revue universelle de janvier à mai 1923[1] puis paru aux éditions Grasset en juin 1923 . Il reçoit dès sa sortie le Grand prix du roman de l'Académie française sur la recommandation de l'académicien René Bazin "C'est un grand livre. Une région de France vient de trouver son poète"[2].

La Brière
Auteur Alphonse de Châteaubriant
Pays France
Genre Roman
Éditeur Grasset
Date de parution 1923
Nombre de pages 179

Le roman est un succès de librairie avec 80 000 exemplaires vendus dès le premier mois. La Brière va connaître le plus fort tirage de l'entre deux guerres, avec plus de 600 000 exemplaires, en 26 éditions différentes.

En 1935, Alphonse de Châteaubriant publiera ses notes préparatoires "prises presque quotidiennement, à l'époque où [il] poursuivait le dessein d'écrire un roman sur cette région alors inconnue"[3],

Résumé

En 1461, le duc François II de Bretagne a accordé des droits de chasse, pêche, coupe de la motte et du roseau aux habitants des marais de Brière. Ces droits ont été confirmés par lettres patentes par Louis XVI en 1784. Aoustin, personnage principal du roman, est à la recherche de celles-ci à la suite de la menace de nationalisation de la Brière.

1re partie. Aoustin est garde dans le marais BriĂ©ron, habitant de FĂ©drun, une des dix-sept communes de la Brière : l’Aoustine (Nathalie) et ThĂ©otiste, respectivement sa femme et sa fille, vivent avec lui ; il est prĂ©cisĂ© au cours du roman que son seul fils a quittĂ© le logis familial pour aller vivre Ă  Nantes, avec une Ă©pouse choisie contre le grĂ© de son père (loi ancestrale qui veut qu’on ne prend femme que dans son village). ThĂ©otiste est amoureuse de Jeanin, un jeune homme de Mayun, Aoustin refuse que sa fille l’épouse. Sur fond de vie briĂ©ronne traditionnelle, le roman raconte les vicissitudes des habitants des tourbières, pris entre culture traditionnelle de la tourbe et dĂ©fis de la vie moderne ; face Ă  des sociĂ©tĂ©s Ă©trangères Ă  la Brière dĂ©sirant s’y installer afin d’y faire prospĂ©rer leurs industries, et face Ă  un État voulant rĂ©cupĂ©rer un territoire qui les endette, les BriĂ©rons vont rĂ©agir en invoquant l’autoritĂ© de la Duchesse Anne, qui avait autrefois assurĂ© la donation de la Brière Ă  ses habitants, entreprise par son père François II en 1462 ; Louis XVI avait confirmĂ© par la suite cette donation. Des lettres patentes sont les tĂ©moins de ce don, mais ces lettres, prĂ©sentes dans tous les esprits, sont Ă  trouver. Aoustin est dĂ©signĂ© par les syndics des communes pour retrouver ces lettres, et permettre ainsi Ă  la Brière de rĂ©sister face aux vellĂ©itĂ©s Ă©trangères : il visite villages et lieudits, les moindres chaumières, Ă  la recherche de ces lettres. Un drame familial se joue en parallèle de cette affaire : Aoustin quitte sa maison un soir pour ne plus y revenir, excĂ©dĂ© d'apprendre la raison des dettes contractĂ©es par sa femme ; et par sa fille, qui dĂ©sire Ă©pouser Jeanin. Il s’installe alors dans la vieille mazière oĂą il avait grandi, Ă  l’autre bout du village ; il commence sa vie de solitaire, contre les conseils de Julie. C’est le moment oĂą commence sa quĂŞte.

2e partie. Une nuit, Aoustin parvient, en emmenant avec lui deux gendarmes, Ă  prendre an flagrant dĂ©lit de braconnage Jeanin ; rage de ce dernier, qui trouve un nouveau motif de le haĂŻr, après celui du refus du mariage. Un Ă©vĂ©nement important survient : Aoustin, qui a parcouru tous les villages et lieudits sans trouver trace de ces lettres, finit par les dĂ©couvrir chez Florence, dans son dolmen, au milieu des lettres de sa fille qu’elle gardait prĂ©cieusement. Il s’était retrouvĂ© chez elle après l’avoir sauvĂ©e des mains de mauvaises gens du village qui l’avaient houspillĂ©e et battue. C’est la grande nouvelle, tous les habitants des dix-sept communes sont rassemblĂ©s pour faire la lecture de la lettre et dĂ©pĂŞcher un commissaire qui irait jusqu’à la ville pour fournir le document. Aoustin est chargĂ© de la mission, prolongement de la prĂ©cĂ©dente. De son cĂ´tĂ©, Jeanin continue d’aller voir ThĂ©otiste et sa mère pour leur remettre l’argent de ses braconnages qui les aideraient Ă  racheter les draps mis en gage auprès d'une voisine pour aider son fils de Nantes : c’est la rĂ©vĂ©lation de cette manigance qui avait mis Aoustin hors de lui et l’avait fait quitter le foyer conjugal. Un soir, Jeanin promet Ă  ThĂ©otiste qu’il se vengera d’Aoustin. En sortant de chez elle, il est battu par deux gars envoyĂ©s par Aoustin. Après la fĂŞte en l’honneur des lettres retrouvĂ©es, Aoustin part continuer sa mission, et ThĂ©otiste tente de retrouver Jeanin, sans succès ; elle erre toute la journĂ©e et jusqu’à tard dans la nuit, jusqu’à ce que Florence la recueille. Cette mĂŞme nuit survint le terrible incident : on a tirĂ© sur Aoustin, son corps est ramenĂ© dans sa chaumière au milieu de la consternation gĂ©nĂ©rale. Peu Ă  peu, grâce aux soins de Julie et du mĂ©decin, il reprend conscience ; mais refuse de donner quelque dĂ©tail que ce soit relativement Ă  l’incident. Ceux de Mayun, d’oĂą vient Jeanin, ont compris (ils connaissaient l’histoire de ses relations avec Aoustin et ThĂ©otiste) et s’emparent du jeune homme pour lui faire subir un châtiment sĂ©vère en rĂ©paration de son crime. Un second incident vient clore la partie : Jeanin, rĂ©fugiĂ© pour une nuit dans une hutte des marais, voit l’incendie se dĂ©clarer du feu qu’il avait fait pour se rĂ©chauffer. L’incendie prend et s’étend sur les marais, s’entretenant des mottes : l’alerte est donnĂ©e, et Jeanin s’enfuit comme en exil.

3e partie. Aoustin est Ă  l’hĂ´pital. Julie reçoit la visite de M. « Mangetout Â», Ă  qui elle doit de l’argent. Aoustin revient ; il retrouve la Brière changĂ©e, apprend qu’un autre que lui est devenu le garde et en Ă©prouve une rage terrible : le syndic l’a dĂ©mis de ses fonctions. Aoustin apprend que sa fille est en prison, et reste sourd aux instances de Julie l’enjoignant d’aller retrouver sa femme, restĂ©e seule, il s’enferme dans son orgueil blessĂ©. Il rĂ©apparaĂ®t un jour Ă  l’occasion de la rĂ©union des syndics et est alors rĂ©intĂ©grĂ© dans ses fonctions. Aoustin peut dĂ©sormais prouver aux autres qu’il est l’homme d’autrefois. La vie devient dure pour Aoustin qui n’a plus la forme d’antan, il devient de plus en plus taciturne, se mure dans sa colère et continue de projeter sa vengeance. Un jour ThĂ©otiste rentre de prison, diminuĂ©e dans ses forces et dans son esprit ; elle aime toujours Jeanin, mais celui-ci ne vient plus la voir, car Ă©pouser une fille qui sort de prison entraĂ®nerait pour lui un dĂ©shonneur plus grand encore. Un jour, lors des rĂ©coltes de mottes pour le chauffage de l’hiver, activitĂ© qui occupe chaque annĂ©e tous les BriĂ©rons, la Capable (celle-lĂ  mĂŞme qui l’avait dĂ©noncĂ©e) prend Ă  partie ThĂ©otiste et l’insulte publiquement, lui crache son venin Ă  la figure en insistant sur la plaie sensible, son amour pour Jeanin ; elle s’enfuit et ne rĂ©apparaĂ®t que plus tard. Aoustin apprend un jour par Julie que sa fille a sombrĂ© dans la folie : Aoustin ne peut y croire, et sa colère se renforce, ainsi que son dĂ©sir de vengeance. Un soir, n’y tenant plus, il va jusque chez Jeanin, Ă  Mayun : il le tire du lit en le menaçant de son fusil, le conduit jusque chez lui en chaland, et s’apprĂŞte Ă  l’abattre quand quelqu’un vient le demander d’urgence au sujet de ThĂ©otiste, alors en accès de dĂ©mence. Tout s’effondre en Aoustin Ă  la vue de sa propre fille qui a perdu le sens ; ils dĂ©cident de l’emmener Ă  l’hĂ´pital ; en chaland puisqu’elle refuse la carriole, qui lui rappelle le dĂ©part pour la prison. Mais Aoustin ne connaĂ®t plus sa Brière ; le temps est loin oĂą il connaissait chaque passe et chaque canal de sa Brière : ils se perdent dans le brouillard, et sa fille en dĂ©mence se tenant loin de lui achève de le dĂ©sespĂ©rer. Une nuit passe ainsi dans les tĂ©nèbres et l’angoisse ; au petit matin, la vue d’un soleil « cĂ©leste Â» saisit Aoustin, qui s’en trouve abattu et bouleversĂ©. Il retourne chez lui et le roman se termine sur la phrase de pardon qu’il adresse Ă  son prisonnier.

Personnages

  • Aoustin, dit Lucifer, garde de Brière, rĂ©sidant Ă  Fedrun ;
  • Nathalie, femme d'Aoustin, dite "l'Aoustine" ;
  • ThĂ©otiste, fille d'Aoustin ;
  • Jeanin, rĂ©sidant Ă  Mayun ;
  • Florence, une vieille femme devenue folle après la mort de sa fille, souvent la risĂ©e des autres habitants ;
  • Julie, veuve s’occupant de deux enfants, femme courageuse jouant le rĂ´le de conseil auprès d’Aoustin ;
  • M. Moyon, le maire de FĂ©drun ;
  • M. Ulric, jeune homme locataire chez Julie ;
  • la Capable, voisine d’Aoustin ;
  • la Brière, dont les espaces naturels sont dĂ©crits avec ferveur, est dotĂ©e d'une personnalitĂ©.

Éditions

Notes et références

  1. La revue universelle, Paris, Copyright Bernard Grasset, publié du 1er janvier 1923 au 1er mai 1923 (lire en ligne), Tome XII, n° 19 au tome XIII, n°3
  2. M. René Doumic, secrétaire perpétuel, « Rapport sur les concours de l'année 1923 », Académie française,‎ séance du jeudi 6 décembre 1923 (lire en ligne)
  3. Alphonse de Châteaubriant, Au pays de Brière, Paris, Collection "Gens et pays de chez nous ", J. de Gigord, éditeur, , 151 p., Avant-propos
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