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Autochtones d'Amérique

peuples originels des Amériques
Amérindiens
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Amérindiens de différents peuples.

Populations significatives par région
Drapeau du Mexique Mexique 25 000 000 (21.5%)[1]
Drapeau de la Bolivie Bolivie 6 755 532 (60%)[2]
Drapeau du Pérou Pérou 14 712 018 (45%)[2]
Drapeau du Guatemala Guatemala 9 509 137 (55% ~ 60%)[2]
Drapeau de l'Équateur Équateur 4 236 828 (25%)[2]
Drapeau des États-Unis États-Unis 5 000 000 (2.2%)[3]
Drapeau de la Colombie Colombie 1 989 658 (3.4% ~ 4%)[2]
Drapeau du Chili Chili 2 312 358 (10.8%)[2]
Drapeau du Brésil Brésil 900 000 (~1%)[2]
Drapeau du Canada Canada 1 800 000 (4.9%)[4]
Drapeau du Honduras Honduras 660 612 (7%)[2]
Drapeau du Venezuela Venezuela 812 651 (2.8%~3%)[2]
Drapeau de l'Argentine Argentine 500 000-700 000(1.49%~1.5%)[2]
Drapeau du Nicaragua Nicaragua 314 682 (5%~6%)[2]
Drapeau du Panama Panama 529 739 (13%~14%)[2]
Drapeau du Paraguay Paraguay 138 167 (2%)[2]
Drapeau du Guyana Guyana 78 200 (10.5%~11%)[2]
Drapeau du Salvador Salvador 641 604 (10%)[2]
Drapeau du Costa Rica Costa Rica 149 417 (2.4%~3%)[2]
Drapeau du Belize Belize 40 000 (10.6%~11%)[2]
Drapeau du Suriname Suriname 22 759 (3.8%~4%)[2]
Drapeau de la Guyane Guyane

11 000-

13 000 (5%)[2]
Drapeau de la Dominique Dominique

3 000

(0,3%~0,6%)[2]
Population totale 81 millions ~ (2018)
Autres
Langues Langues amérindiennes, anglais, espagnol, portugais, français, danois, néerlandais, créole
Religions Religions amérindiennes, christianisme
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Proportion de la population considérée comme autochtone dans les recensements nationaux par région.

Les Autochtones, parfois autochtones d'Amérique ou autochtones américains, constituent les peuples qui habitaient les Amériques avant la colonisation européenne, ainsi que leur descendance. Les termes Amérindiens, Indiens d'Amérique et Indiens sont toujours utilisés dans les pays francophones pour les désigner, mais sont déconseillés au Canada.

La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique[5]. En 1492, ces peuples occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.

La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour tous les peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou en esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent aussi confrontés à la disparition de leur organisation sociale et de leur mode de vie propre, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale autochtone. Leurs effectifs diminuèrent à partir du XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent avec leurs langues et leurs cultures.

Depuis les années 1960, ces peuples revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…)[6], et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête. Ils deviennent même peu à peu le symbole privilégié de regroupements écologiques[7].

Terminologie

Provenant du grec ancien autókhthônos, composé de autós, de soi-même et de khthôn, la terre, un autochtone est une personne née dans le lieu où elle vit, dont les ancêtres ont vécu dans le pays[8].

On utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes ».

On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Natifs américains »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples natifs »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.

Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[9] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois, le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[10], et les Métis reconnus[11].

En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.

En Amérique ibérique, tant hispanophone que lusophone, on utilise le terme d'indígena (« indigène ») et non celui d'indio/índio (« indien »), prêtant à confusion avec les citoyens de l'Inde et surtout ressenti comme insultant[12].

Termes controversés

Le terme « Amérindien » est une contraction de American Indian, créé en 1899 par le géographe américain John Wesley Powell. Amérindien est donc un calque de l’anglais Amerindian[13]. Selon Marie-Céline Charron, membre de la Nation Naskapie de Kawawachikamach et chargée de projets au Cabinet de relations publiques NATIONA, le terme est à éviter au Canada[14].

Quant à l'expression « peaux-rouges », elle est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[15],[16] —. Le terme est à proscrire, étant considéré comme péjoratif voire comme une insulte[17].

Répartition géographique des groupes ethniques

Amérique du Nord

Carte des comtés des États-Unis où l'ascendance maternelle (mesurée par l'ADN mitochondrial) est majoritairement amérindienne.

La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, a suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.

Mésoamérique

Article détaillé : Mésoamérique.

Au sud du Mexique (géopolitiquement parlant en Amérique du Nord) et en Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de grandes civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).

Grandes et petites Antilles

Article détaillé : Amérindiens des Antilles.

Amérique du Sud

Une femme quechua et son enfant au PĂ©rou.

Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[18].

Histoire

Article détaillé : Histoire des Autochtones d'Amérique.

Peuplement originel

Théories anciennes

Couple d'Indiens Carajà au Brésil.

Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[19] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans[20]. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer le peuplement du nouveau continent[21].

D’autres théories parlent de peuples océaniens qui auraient traversé l'océan Pacifique (théorie avancée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford). Une analyse ADN pourrait confirmer cette dernière hypothèse[22]. On estime en effet qu'une peuplade pourrait être venue d'Europe il y a 12 000 à 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones : les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux et les Yakamas. Des études génétiques plus récentes contredisent cependant cette thèse[23],[24].

Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[25]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.

Découvertes et hypothèses plus récentes

Diversité des peuples d'Amérique du Nord (illustration publiée en 1914).
Article détaillé : Paléoaméricains.

On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :

L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :

Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[28],[29].

Génétique

Les peuples autochtones d'Amérique d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[30].

Préhistoire et histoire

Article connexe : Civilisation précolombienne.
Pétroglyphes amérindiens, Nevada.
Objets de la vie quotidienne des Indiens du Sud-Est des États-Unis.

L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[31] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plutôt cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique.

L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.

Époque moderne : la colonisation européenne

Article détaillé : Colonisation européenne des Amériques.

L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. Ces actes sont parfois considérés comme des génocides, voire, pour l'historien américain David Stannard (en), comme le plus grand génocide de l'histoire[32].

La conquĂŞte espagnole

Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le . Mais le , ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le . Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.

Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu. La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.

Le , Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa () et Sublimis Deus (le ) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.

En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).

Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[33].

Le choc infectieux

La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.

Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :

Bilan démographique

Article détaillé : Histoire démographique des Amérindiens.

Le bilan des épidémies est difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[34], les historiens ont favorisé les estimations hautes[35], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[36],[37].

Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est des actuels États-Unis ; ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. La population autochtone d'Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[38]. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud. D'après David Stannard, la population amérindienne totale a décliné de près de 100 millions des années 1490 aux années 1890[32].

Époque coloniale

XXe siècle : le réveil identitaire

Amérindiens dans la première guerre mondiale. Photographie L'Argonnaute (La Contemporaine) parue dans Le Miroir, .

Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[39].

Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des États-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[39].

Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[39]. »

Le Chef Raoni au milieu d'autres chefs indigènes.

Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :

Culture amérindienne

La culture des peuples autochtones d'Amérique varie énormément. La langue, les vêtements et les coutumes varient considérablement d'une culture à l'autre. Cela est dû à la distribution étendue des Américains et aux adaptations aux différentes régions d'Amérique.

Langues amérindiennes

Article détaillé : Langues amérindiennes.

Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.

Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Plusieurs langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées d'extinction. Pourtant on peut remarquer des évolutions en faveur de la pratique de ces langues se sont protégées dans les législations des pays latino-américains. Ces réformes sont révélatrices de l’attention portée par ces états à la préservation des langues parlées par une part significative de leur locuteurs[43].

Musique amérindienne

Article détaillé : Musique amérindienne.

La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.

Poterie amérindienne

Article détaillé : Poterie amérindienne.

Sport

Article détaillé : Controverses sur la représentation des natifs américains dans le sport.

Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[44]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[45].

Iconographie

Notes et références

  1. (es) JOSÉ NOÉ RIZO AMÉZQUITA ("21,5% de 119 530 573 population totale du Mexique en 2015"), « Población Indígena en cifras », Boletín CONAMED - OPS,‎ juillet - août 2017, p. 8 (lire en ligne)
  2. Courrier international, Hors-série « Fiers d'être indiens », juin-juillet-août 2007, p. 19.
  3. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/us.html.
  4. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ca.html.
  5. (es) « Presencia humana en América tiene 30 mil años, no 18 mil », sur El Universal, (consulté le )
  6. Julian Burger, « La diversité culturelle des peuples autochtones : condition préalable à sa protection », Publications du musée des Confluences, vol. 5, no 1,‎ , p. 23–34 (lire en ligne, consulté le )
  7. Yanick Turcotte, « « Our way of life should be seen as a natural economy » : le rapport à la nature et l’identité autochtone dans The Fourth World de George Manuel », Cahiers d'histoire, vol. 36, no 1,‎ , p. 179–205 (ISSN  et , DOI , lire en ligne, consulté le )
  8. Voir dictionnaire en ligne du CNTRL.
  9. Par exemple dans le nom de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.
  10. Nations autochtones et tribus amérindiennes du Québec.
  11. Appelés aussi en anglais « Métis », compte tenu de l'importance parmi eux des personnes d'origine française.
  12. (es) « Diferencia entre indio e indígena », sur Diferenciador (consulté le )
  13. Voir l'Anthropologie de 1899 disponible sur Gallica.
  14. « Première Nation, Autochtone ou Indigène? Il n’y a pas de réponse parfaite | NATIONAL », sur www.national.ca (consulté le )
  15. L.-H. Parias, Histoire universelle des explorations, en 4 volumes, éditions Nouvelle Librairie de France, Paris, 1959, tome 2, p. 226.
  16. Association Guillaume Budé, volume 1, 1967, p. 38.
  17. « De l'hommage au racisme », sur La Presse+, (consulté le )
  18. Bulletin d'alerte de l'ONG Survival International.
  19. RĂ©cit de la colonisation selon Sciences.ac.ca.
  20. « L'Homme aurait peuplé les Amériques 15 000 ans plus tôt que ce que l'on croyait », sur National Geographic, (consulté le )
  21. http://www.sfu.museum/journey/fr/05p_secondary/beringia.php.
  22. (en) mtDNA haplogroup X: An ancient link between Europe/Western Asia and North America? M D Brown, S H Hosseini, A Torroni, H J Bandelt, J C Allen, T G Schurr, R Scozzari, F Cruciani, and D C Wallace. Center for Molecular Medicine, Emory University School of Medicine, Atlanta, GA, États-Unis.
  23. (en) George Diepenbrock, Genetic data does not support ancient trans-Atlantic migration, phys.org, 15 janvier 2016
  24. (en) Jennifer A. Raff et Deborah A Bolnick, « Does Mitochondrial Haplogroup X Indicate Ancient Trans-Atlantic Migration to the Americas? A Critical Re-Evaluation », PaleoAmerica: A Journal of Early Human Migration and Dispersal, vol. 1, no 4,‎ , p. 297–304 (DOI )
  25. Voir par exemple cette description des traditions orales chez les Saskatchewan.
  26. (en) Ciprian F. Ardelean, Lorena Becerra-Valdivia, Mikkel Winther Pedersen et Jean-Luc Schwenninger, « Evidence of human occupation in Mexico around the Last Glacial Maximum », Nature, vol. 584, no 7819,‎ , p. 87–92 (ISSN , DOI , lire en ligne, consulté le )
  27. Vincent Bordenave, « Au Mexique, l’archéologie fait reculer de 15.000 ans la découverte de l’Amérique », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  28. (en) Lizzie Wade, « Ancient site in Idaho implies first Americans came by sea », Science, vol. 365, no 6456,‎ , p. 848-849 (DOI ) .
  29. (en) Loren G. Davis, David B. Madsen, Lorena Becerra-Valdivia, Thomas Higham, David A. Sisson et al., « Late Upper Paleolithic occupation at Cooper’s Ferry, Idaho, USA, ~16,000 years ago », Science, vol. 365, no 6456,‎ , p. 891-897 (DOI ) .
  30. (en) Ancient DNA from Siberian boy links Europe and America, bbc.com, 20 novembre 2013
  31. Il est intéressant de savoir que 90 % des langues parlées sur cette terre sont ou étaient de culture orale et c'est le cas de la très grande majorité des langues autochtones des Amériques.
  32. (en) Davvid Stannard, American Holocaust, Oxford University Press, (présentation en ligne) .
  33. François Hudon et Michel Vervais, Réalités, histoire et éducation de la citoyenneté, éditions du renouveau pédagogique Inc., 2006.
  34. (en) Henry Dobins, « Estimating aboriginal populations: An appraisal of techniques with a new hemispheric estimate », Current Anthropology, 1966 (cf. Massimo Livi-Bacci, The Depopulation of Hispanic America after the Conquest, pages 204 et 231).
  35. Massimo Livi-Bacci, The Depopulation of Hispanic America after the Conquest, pages 204-205 et note 8 page 227.
  36. Pierre Vidal, Myrtille Tibayrenc, Jean-Paul Gonzalez, « Infectious Disease and Arts », in Encyclopedia of Infectious Diseases, John Wiley & Sons, 2007,p. 722 : « The decimation of populations in a few decades, particularly in the Caribbean and Central America, was unprecedented, wiping out between 50% and 95% of the indigenous population, depending on the colonized regions ».
  37. Plus de 95%, même, sur l'île d'Hispaniola, selon Noble David Cook (cité par Andrew W. Artenstein dans Vaccines : a biography, Springer, 2010, p. 4 : « smallpox epidemics ravaged the island of Hispaniola in the first quarter of the sixteenth century, reducing the population by more than 95% (Cook 1998) ».
  38. « 44 millions d'indiens en Amérique latine », carte des peuples indigène d'Amérique latine, Courrier international [PDF].
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  44. GEO no 404 d'octobre 2012 p. 104.
  45. Kate Bennert, « "Showtime" Shoni Schimmel Earns Her Nickname at the 2014 WNBA All-Star », WNBA, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Droit international

Études théoriques

Liens externes

Livres anciens

Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.

Autres ressources