Ethnies de Colombie
Les ethnies de Colombie relèvent de trois groupes ethniques majeurs : AmĂ©rindiens, Afro-Colombiens et europĂ©ens d'origine et de culture principalement espagnoles, qui se sont cĂ´toyĂ©s durant les 500 dernières annĂ©es de l'histoire du pays. Mais la rĂ©alitĂ© est bien plus complexe et la diversitĂ© bien plus grande : pour les seuls AmĂ©rindiens, la Colombie compte 87 ethnies selon le DANE (DĂ©partement administratif national de statistique), et 300 (dont 160 menacĂ©es d'extinction) selon l'ONIC (Organisation nationale des indĂgenas de Colombie)[1].La plupart des Colombiens identifient la population et eux-mĂŞmes selon leur ascendance, leur apparence physique et leur statut social. Les relations sociales reflètent l'importance accordĂ©e Ă certaines caractĂ©ristiques associĂ©es Ă des groupes ethniques dĂ©terminĂ©s. MĂŞme si ces caractĂ©ristiques ne diffĂ©rencient plus pour autant les catĂ©gories sociales, elles contribuent encore Ă dĂ©terminer le rang des individus dans la hiĂ©rarchie sociale. Des Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques se basant sur plus de 60 000 tests sanguins et 25 variables ont pu dĂ©terminer que le citoyen colombien moyen typique avait une ascendance Ă 72,9 % europĂ©enne, Ă 20,43 % amĂ©rindienne et Ă 6,64 % africaine ; par ailleurs, ces proportions varient largement d'une rĂ©gion Ă une autre[2].
Les groupes ethniques
En Colombie, trois groupes ethniques minoritaires sont officiellement reconnus par l'État : les AmĂ©rindiens (indĂgenas dans le vocabulaire latino-amĂ©ricain), les Afro-Colombiens, et les Roms. La population afro-colombienne est composĂ©e de noirs, de mulâtres (d'origine europĂ©enne et africaine) ou encore de zambos (terme datant de l'ère coloniale et dĂ©signant le mĂ©tissage amĂ©rindien et noir). Contrairement Ă la constitution de 1991, qui avait reconnu les seules populations afro-colombienne et amĂ©rindienne[3], un règlement du ministère de l'IntĂ©rieur et de la Justice datant de 1999 reconnaĂ®t la population rom comme groupe ethnique colombien[4].
Les estimations varient fréquemment, et d'après le recensement de 2018, les populations ethniques minoritaires ont sensiblement augmenté depuis le recensement de 1993, en partie en raison de la méthodologie adoptée par le gouvernement : la population afro-colombienne représente alors 6,68 % de la population nationale (3,34 millions) ; la population amérindienne 4,31 % (2,15 millions) et la population rom 0,01 % (5 000 habitants). Le recensement de 2018[5] a également noté que les populations « non ethniques », composées de blancs et de mestizos (métis d’ascendance européenne et amérindienne, régnant sur la quasi-totalité de l'élite urbaine et politique), constituaient 87,58 % (43,79 millions) de la population nationale (blanc et métis). la grande majorité sont d'origine espagnole pure ou mixte avec une touche amérindienne, d'autres d'origine italienne, allemande, française, britannique et portugaise. Alors qu'une minorité d'autres origines européennes telles que lituaniennes, russes, polonaises, ukrainiennes, néerlandaises, belges, irlandaises, bulgares, arméniennes, croates, grecques entre autres. Une partie mineure de la population est originaire du Proche-Orient (Syrie, Liban, Palestine et Jordanie) et d'Extrême-Orient.
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Entre 2005 et 2018, on assiste à un nouveau changement d'équilibre important entre les différents groupes[6] :
Année | Total | Amérindiens | % | Afro-Colombiens | % |
2005 | 42 888 592 | 1 392 623 | 3,2% | 4 311 757 | 10,1% |
2018 | 48 258 294 | 1 905 617 | 3,9% | 2 982 224 | 6,2% |
Répartition géographique des groupes ethniques
Les divers groupes sont très inĂ©galement rĂ©partis dans le pays, dans une logique remontant, Ă un certain degrĂ©, Ă l'ère coloniale. Les blancs vivent principalement dans les centres urbains, notamment Bogotá ou MedellĂn, et dans les villes en pleine croissance. Les populations des grandes villes sont majoritairement blanches et mĂ©tisses. La population mĂ©tisse regroupe la plupart des campesinos (paysans) des montagnes des Andes, oĂą certains conquĂ©rants espagnols s'Ă©taient mĂ©langĂ©s avec les femmes des ethnies amĂ©rindiennes. Les mĂ©tis ont Ă©galement toujours vĂ©cu dans les villes, travaillant comme artisans et petits commerçants. Ils ont jouĂ© un rĂ´le primordial dans l'expansion urbaine des dernières dĂ©cennies.
D'après le recensement de 2005, la plus grande concentration de populations indigènes (entre 22 et 61 %) se trouve dans les départements de l'Amazonas, de La Guajira, de Vaupés et de Vichada. Les concentrations secondaires (entre 6 et 21 %) se situent dans les départements de Sucre, de Córdoba, de Chocó, du Cauca, de Nariño et de Putumayo. Après leur reconnaissance dans la constitution de 1991, les communautés amérindiennes ont acquis des droits leur permettant de gérer leurs réserves selon leurs traditions et leurs coutumes. La communauté indigène a également pu obtenir que ces 710 réserves occupent 31 % du territoire colombien, ceci étant dû à la nature des espaces concédés et au monde de vie traditionnel[7]. Mais la population amérindienne reste plongée dans une pauvreté structurelle (63 %, contre 54 % des Colombiens), et 47,6 % d'entre elle vit sous le seuil de la misère[7].
Les populations noires et mulâtres demeurent essentiellement situĂ©es dans les zones basses d'altitude, sur les cĂ´tes des CaraĂŻbes et du Pacifique et tout au long des rivières Cauca et Magdalena. La population afro-colombienne est principalement concentrĂ©e (de 21 Ă 74 %) dans les dĂ©partements du ChocĂł, de BolĂvar, du Valle del Cauca et du Cauca, tout en Ă©tant très prĂ©sente (de 16 Ă 20 %) dans les dĂ©partements de la Guajira, de l'Atlántico, de CĂłrdoba, de Magdalena, de Nariño et de Sucre. Dans le ChocĂł, elle a largement remplacĂ© les AmĂ©rindiens et constitue 80 % environ de la population.
La population de l'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina, héritée de l'Espagne après que les Espagnols ont écarté la présence britannique, est essentiellement afro-colombienne, comprenant plusieurs milliers de noirs raizal (d'une ascendance britannique et africaine). Ces raizal se sont attachés à leur protestantisme original, ont continué à parler un créole à base d'anglais aussi bien que l'anglais, et se sont toujours considérés comme un groupe distinct du reste des habitants.
Département | Capitale | Population totale (2005) | Afro-Colombiens (%) | Indigènes (%) |
---|---|---|---|---|
ChocĂł | QuibdĂł | 388 476 | 82,1 | 12,7 |
San Andrés y Providencia | San Andrés | 59 573 | 57,0 | 0,1 |
BolĂvar | Carthagène des Indes | 1 836 640 | 27,6 | 0,1 |
Valle del Cauca | Cali | 4 052 535 | 27,2 | 0,6 |
Cauca | Popayán | 1 182 022 | 22,2 | 21,5 |
Nariño | San Juan de Pasto | 1 498 234 | 18,8 | 10,8 |
Sucre | Sincelejo | 762 263 | 16,1 | 11,0 |
La Guajira | Riohacha | 655 943 | 14,8 | 44,9 |
CĂłrdoba | MonterĂa | 1 462 909 | 13,2 | 10,4 |
Cesar | Valledupar | 878 437 | 12,1 | 5,2 |
Antioquia | MedellĂn | 5 601 507 | 10,9 | 0,5 |
Atlántico | Barranquilla | 2 112 001 | 10,8 | 1,3 |
Magdalena | Santa Marta | 1 136 819 | 9,8 | 0,8 |
Putumayo | Mocoa | 237 197 | 5,5 | 20,9 |
Risaralda | Pereira | 859 666 | 5,1 | 2,9 |
Arauca | Arauca | 153 028 | 4,0 | 2,2 |
Caquetá | Florencia | 337 932 | 3,7 | 1,6 |
Cundinamarca | Bogotá | 2 228 682 | 3,4 | 0,3 |
Santander | Bucaramanga | 1 913 444 | 3,2 | 0,1 |
Vichada | Puerto Carreño | 44 592 | 3,0 | 44,4 |
Meta | Villavicencio | 713 772 | 2,6 | 1,3 |
Caldas | Manizales | 898 490 | 2,5 | 4,3 |
QuindĂo | Armenia | 518 691 | 2,5 | 0,4 |
Amazonas | Leticia | 46 950 | 2,0 | 43,4 |
Norte de Santander | CĂşcuta | 1 208 336 | 1,8 | 0,6 |
Vaupés | Mitú | 19 943 | 1,6 | 66,6 |
Bogota D.C. | Bogotá | 6 778 691 | 1,5 | 0,2 |
Casanare | Yopal | 281 294 | 1,4 | 1,5 |
Boyacá | Tunja | 1 210 982 | 1,4 | 0,5 |
Tolima | Ibagué | 1 312 304 | 1,2 | 4,3 |
Huila | Neiva | 1 001 476 | 1,2 | 1,0 |
GuainĂa | InĂrida | 18 797 | 1,0 | 64,9 |
Colombie | Bogotá | 41 468 384 | 10,62 | 3,43 |
Références
- « Grupos étnicos », sur www.dane.gov.co (consulté le )
- J. R. Homburger, A. Moreno-Estrada, C. R. Gignoux, D. Nelson, E. Sanchez, P. Ortiz-Tello, B. A. Pons-Estel, E. Acevedo-Vasquez, P. Miranda, C. D. Langefeld, S. Gravel, M. E. Alarcón-Riquelme et C. D. Bustamante, « Genomic Insights into the Ancestry and Demographic History of South America », PLOS Genetics, vol. 11, no 12,‎ , e1005602 (PMID 26636962, PMCID 4670080, DOI 10.1371/journal.pgen.1005602)
- François Madon, Colombie : Un voyage écolo et éthique, Viatao, , 160 p. (ISBN 978-2-35908-135-0 et 2-35908-135-7, lire en ligne).
- Luisa Fernanda Sánchez, Les fils du tabac à Bogotá : Migrations indiennes et reconstructions identitaires, Éditions de l'IHEAL, , 143 p. (ISBN 978-2-915310-83-2 et 2-915310-83-1, lire en ligne).
- « Censo Nacional de Población y Vivienda 2018 », sur www.dane.gov.co (consulté le )
- DANE (Département administratif national de statistique), Censo de Población, Bogotá, 2018, lire en ligne, consulté le 21 avril 2021
- INDH-PNUD, Pueblos indĂgenas, diálogo entre culturas, Bogotá, 2011, lire en ligne, consultĂ© le 20 avril 2021
- (es) Censo General 2005 — La visibilidad estadĂstica de los grupos Ă©tnicos[PDF], p. 29-30 sur le site du DANE