Afrikaners
Un Afrikaner est un Sud-africain blanc dâorigine nĂ©erlandaise, française, allemande ou scandinave qui sâexprime dans une langue dĂ©rivĂ©e du nĂ©erlandais du XVIIe siĂšcle : lâafrikaans.
Petrus Jacobus Joubert âą J. M. Coetzee âą Coert Steynberg
Afrique du Sud | 2 700 000 |
---|---|
Namibie | 100 000 - 183 000 |
Royaume-Uni | 100 000 |
Nouvelle-ZĂ©lande | 90 000 |
Australie | 40 000 - 45 000 |
Pays-Bas | 25 000 |
Canada | 15 000 |
Belgique | 12 500 |
Argentine | 12 000 |
RĂ©publique dâIrlande | 5 500 |
Kenya | 3 500 |
Population totale | 3 300 000 (estimation) |
RĂ©gions dâorigine | Provinces-Unies, Flandres, France, Allemagne, Scandinavie |
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Langues | Afrikaans |
Religions | Protestantisme calvinisme et catholicisme (petite minorité) |
Ethnies liées | Néerlandais (peuple), Flamands, Allemands, Wallons, Français (peuple), Métis, Basters, Suédois (peuple) |
- 0â20 %
- 20â40 %
- 40â60 %
- 60â80 %
- 80â100 %
Le concept d'Afrikaner a pris son sens actuel au XVIIIe siÚcle en réservant exclusivement son application aux descendants de ces Blancs non anglophones, nés en Afrique du Sud depuis l'établissement au Cap, en 1652, d'une colonie par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales[1]. Il étend sa représentativité au-delà du terme Boer (paysan en néerlandais), vocable par lequel ces Blancs furent d'abord désignés, pour évoquer non seulement « une communauté de langue et de culture mais aussi une nation entrée dans l'Histoire »[2].
Les Afrikaners proprement dits sont un des peuples de langue afrikaans, bien quâils soient Ă lâorigine de lâintroduction de cette langue en Afrique du Sud. On Ă©crit encore parfois Afrikaander ou plus rarement Afrikander. Ces termes utilisĂ©s dans cette langue et qui signifient littĂ©ralement « Africains » en afrikaans, dĂ©signent ainsi principalement les Africains blancs dâAfrique du Sud de langue maternelle afrikaans. On peut aussi les dĂ©signer par le terme « Hollandais du Cap » qui est plus prĂ©cis que le terme « Afrikaner ». L'afrikaans est, avec l'allemand pennsylvanien (pennsilfaanisch) et l'allemand de Namibie (en), le nĂ©erlandais en AmĂ©rique et dans une mesure diffĂ©rente les diverses formes d'anglais, une des langues de racine germanique parlĂ©es hors du continent europĂ©en.
Ătymologie
Le terme « Afrikaner » apparaĂźt au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle et a supplantĂ© celui de Boer au XXe siĂšcle. Le premier tĂ©moignage de son utilisation est attribuĂ© Ă Hendrik Bibault en 1707, arrĂȘtĂ© pour scandale public et condamnĂ© au fouet. Il rĂ©torqua au Landrost (bourgmestre) de Stellenbosch qui venait de le condamner et de lui infliger ce chĂątiment : « Ek been ein Afrikaaner ! » (« Je suis un Afrikaner ») et il ajouta : « Peu importe que le Landrost me condamne au fouet, je ne me tairai pas ».
Il sâagit lĂ de la premiĂšre marque de distinction entre les colons afrikaners et ceux nĂ©s en mĂ©tropole nĂ©erlandaise. Les premiers sont irrĂ©mĂ©diablement attachĂ©s Ă lâAfrique et ne se reconnaissent plus dans les lointains Pays-Bas. Revendiquant une identitĂ© nationale distincte, les Burghers (citoyens libres par opposition aux fonctionnaires de la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales) puis les Trekboers (ceux sâĂ©loignant du Cap), et enfin les Voortrekkers vont sâenraciner dans la terre africaine et sâidentifier Ă une gĂ©ographie prĂ©cise au nom d'une identitĂ© nationale qui leur est propre. Cette identitĂ© ethnique va sâaffirmer Ă©videmment par rapport aux autres en les excluant, quâils soient de souche britannique ou de souche africaine et de peau noire[3].
La dĂ©veloppement dâun groupe homogĂšne afrikaner sâest globalement appuyĂ©e sur la langue afrikaans et sur le calvinisme, dont la doctrine distinguait un peuple Ă©lu et les autres (voir calvinisme afrikaner). Ainsi, la premiĂšre publication en afrikaans date de 1795. Il sâagissait dâun poĂšme satirique concernant lâoccupation britannique de la colonie du Cap. Au XIXe siĂšcle, lâidentitĂ© des Boers-Afrikaners sâaffirme Ă travers lâusage de cette langue. Ă cĂŽtĂ© de lâafrikaans, la dĂ©signation des Afrikaners comme peuple Ă©lu par les thĂ©ologiens des Ăglises rĂ©formĂ©es a constituĂ© le paradigme central de lâhistoire sud-africaine des Afrikaners.
Cependant, ces facteurs culturels unificateurs qui les distinguaient des autres communautés du pays n'enlevaient pas les différences qu'il pouvait y avoir entre des fermiers du Transvaal et des hommes d'affaires afrikaners du Cap[4].
Le dĂ©veloppement du nationalisme afrikaner a permis d'unifier l'ensemble du peuple, toutes classes sociales confondues, vers une mĂȘme destinĂ©, car au dĂ©part, le sens du mot Afrikaner diffĂšre selon qu'on est au Cap ou au Transvaal. Si, au Cap, il dĂ©signe un individu blanc d'origine nĂ©erlando-germano-française qui ne parle que l'afrikaans, rejetant ainsi la catĂ©gorie des mĂ©tis, sa dĂ©finition peut se doubler d'une interprĂ©tation nationaliste plus large utilisĂ©e par l'AfrikanerBond pour dĂ©signer tout sud-africain affirmant une allĂ©geance exclusive Ă l'Afrique du Sud. Au Transvaal par contre, le concept est restrictif puisqu'un Afrikaner ne peut ĂȘtre qu'un membre de l'Afrikanerdom, c'est-Ă -dire un participant du Grand Trek ou ses descendants[5].
Lâhistoire des Afrikaners sâest en fait forgĂ©e et continuellement rĂ©fĂ©rĂ©e Ă une reprĂ©sentation quasi religieuse, utilisant les comparaisons bibliques entre lâoppression des juifs dans lâAncien Testament et lâexode des Afrikaners du Cap en 1835[6]. Le Grand Trek s'est finalement imposĂ© comme la racine historique du peuple afrikaner, lâĂ©vĂ©nement qui lui a donnĂ© son Ăąme, le berceau de la nation[7].
Au dĂ©but, il nâexiste pas dâinstitution ou de structure capable de faire Ă©voluer ce sentiment dâappartenance Ă une communautĂ© spĂ©cifique vers une forme plus moderne de nationalisme. Ce sentiment se limite Ă la perception dâune destinĂ©e commune et câest Ă partir de 1875, consĂ©cutivement Ă lâapparition des journaux en afrikaans puis du premier livre dâhistoire des Afrikaners par Stephanus Jacobus du Toit[8] en langue afrikaans, que se forge le mouvement identitaire afrikaner, sous lâeffet et en rĂ©action Ă lâimpĂ©rialisme britannique et Ă son idĂ©ologie libĂ©rale[9].
Ainsi, les Afrikaners entrent dans lâhistoire comme un peuple original et autonome de pionniers, simples et pieux, sâouvrant une voie en Afrique du Sud avec leur fusil, leur bible, leur paire de bĆufs, leur grand chariot de bois transportant femmes, enfants, matĂ©riel agricole rudimentaire et tous leurs biens terrestres. Un chariot qui sert Ă©galement dâabri, de moyen de transport et de forteresse contre les attaques ennemies[10] - [11].
Si cette image des Afrikaners est dâabord dĂ©passĂ©e par celle de peuple rĂ©sistant et martyr des camps de concentration britanniques de la seconde guerre des Boers puis, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, par celle quâimplique leur rĂŽle dans la promotion de lâapartheid, elle nâen reste pas moins la rĂ©fĂ©rence primaire qui a fondĂ© le sentiment dâappartenance identitaire de tout le peuple afrikaner.
Les Afrikaners vont longtemps se considĂ©rer comme les authentiques sud-africains, architectes de lâAfrique du Sud moderne, attribuant aux Anglo-sud-africains les sobriquets soutie ou soutpiel[14], alors que les non-Blancs Ă©taient relĂ©guĂ©s dans des rĂŽles subalternes, justifiĂ©s selon les plus fondamentalistes des Afrikaners par la malĂ©diction de Canaan (terme biblique concernant Ham, fils de NoĂ©).
Démographie et géographie
Plus de 3 millions de personnes dans le monde sâidentifient en tant quâAfrikaners, soit 60 % des 4,6 millions de Blancs d'Afrique du Sud.
LâAfrique du Sud est le pays dâorigine des Afrikaners. Selon le recensement effectuĂ© en 2001, lâAfrique du Sud compte 2 536 906 personnes pouvant ĂȘtre assimilĂ©es Ă des Afrikaners (sur des critĂšres combinant peau blanche et langue maternelle afrikaans). Ces Afrikaners reprĂ©sentent plus de 60 % de la communautĂ© blanche toutes origines confondues rĂ©sidant en Afrique du Sud. Le nombre de rĂ©sidents blancs et afrikaners dans ce pays a diminuĂ© sensiblement depuis le recensement prĂ©cĂ©dent de 1996[15]. Ainsi en 2006, lâInstitut sud-africain des relations raciales (SAIRR) relevait que prĂšs dâun million de sud-africains blancs, reprĂ©sentant presque un quart du nombre total de Blancs dans le pays, avaient quittĂ© lâAfrique du Sud depuis 1994[16].
Géographiquement et pour des raisons historiques, la population afrikaner se répartit différemment selon les provinces :
Province | Population afrikaner | Pourcentage du total |
---|---|---|
Cap-Oriental | 148 809 | 2,31 |
Ătat libre | 214 020 | 7,90 |
Gauteng | 1 003 860 | 11,36 |
KwaZulu-Natal | 116 307 | 1,22 |
Limpopo | 110 028 | 2,08 |
Mpumalanga | 170 526 | 5,46 |
Nord-Ouest | 218 611 | 5,95 |
Cap-Nord | 93 222 | 11,33 |
Cap-Occidental | 461 522 | 10,42 |
La Namibie est le second pays oĂč la communautĂ© afrikaner est la plus reprĂ©sentĂ©e. Selon un recensement effectuĂ© en 2001, la Namibie compterait 133 324 locuteurs de langue afrikaans soit 9,5 % du total de la population[17]. Cette statistique comprend les communautĂ©s mĂ©tis et noires qui ont fait de lâafrikaans leur langue maternelle. Sur les 8 % de Blancs que compte le pays, plus de 60 % dâentre eux sont des Afrikaners contre 32 % de germanophones, 7 % dâanglophones et 1 % de lusophones. Les Afrikaners de Namibie rĂ©sident essentiellement Ă Windhoek et dans le district de ÇKaras.
Depuis les annĂ©es 1980 et encore plus depuis 1994, de larges communautĂ©s de Sud-Africains blancs anglophones et Afrikaners expatriĂ©s se sont Ă©tablies au Canada, au Royaume-Uni, aux Ătats-Unis, aux Pays-Bas, en Australie, en Nouvelle-ZĂ©lande. De petites communautĂ©s dâAfrikaners rĂ©sident Ă©galement au Mozambique, au Botswana, au Lesotho, au Eswatini et au Zimbabwe.
Selon le recensement national sud-africain de 2011, 2 710 461 Sud-Africains blancs parlent l'afrikaans comme premiÚre langue, soit environ 5,23% de la population totale de l'Afrique du Sud. Le recensement montre également une augmentation de 5,21% de la population afrikaner par rapport au recensement précédent de 2001. 60 000 Afrikaners (2011) sont en mesures de comprendre, ou parler le néerlandais.
La grande majorité de cette population est de religion chrétienne, protestante calviniste.
Généalogie et ascendance non européenne
Selon une étude génétique publiée en , presque tous les Afrikaners ont reçu un apport génétique non européen. Cette ascendance non européenne est de 4,8 % en moyenne, dont 2,1 % d'ascendance africaine et 2,7 % d'ascendance asiatique/amérindienne. Parmi les 77 Afrikaners étudiés, 6,5 % avaient plus de 10 % d'ascendance non européenne, 27,3 % entre 5 et 10 %, 59,7 % entre 1 et 5 % et 6,5 % en dessous de 1 %. Cette ascendance non européenne semble provenir davantage de personnes emmenées au Cap en tant qu'esclaves (3,4 %) à l'époque coloniale que de la population locale de Khoe-San (1,3 %)[18].
Historique
Les Afrikaners (dâabord appelĂ©s Boers) sont les descendants des colons dâorigines hollandaise, allemande et française qui, Ă partir du XVIIe siĂšcle, vont progressivement occuper la rĂ©gion du Cap de Bonne-EspĂ©rance.
Le , au commandement de cinq navires de la VOC (nommĂ©s Reijer, Oliphant, Goede Hoop, Walvisch, Dromedaris), le capitaine Jan van Riebeeck dĂ©barque dans la baie de la Montagne de la Table prĂšs de la pĂ©ninsule du Cap de Bonne-EspĂ©rance, Ă la pointe sud-ouest de lâAfrique. Câest avec 90 pionniers dont seulement huit femmes quâil fonde Le Cap, la citĂ©-mĂšre de la future RĂ©publique dâAfrique du Sud, alors simple comptoir commercial sur la Route des Indes. Jan van Riebeeck ne devait pas Ă©tablir une colonie mais un Ă©tablissement relais pour les navires en route vers les Indes orientales. NĂ©anmoins, pour augmenter la production agricole de la colonie afin de nourrir la population et assurer le ravitaillement des navires, il recommanda que des colons soient libĂ©rĂ©s de leurs obligations vis-Ă -vis de la compagnie et autorisĂ©s Ă sâinstaller comme fermiers au Cap et Ă commercer. Câest en fĂ©vrier 1657 que la compagnie dĂ©livra ainsi ses premiĂšres autorisations Ă neuf (ex-)employĂ©s pour sâĂ©tablir librement le long de la riviĂšre Liesbeek. Ceux-ci allaient crĂ©er une classe de propriĂ©taires hollandais de fermiers libres (vrijburgher ou « francs-bourgeois ») appelĂ©s simplement burghers.
La sociĂ©tĂ© des Boers se dĂ©veloppe dâabord dans le cadre dâune Ă©conomie agricole, fondĂ©e sur la culture de la vigne et du blĂ© et sur lâesclavage. En 1688, 238 huguenots chassĂ©s de France par la rĂ©vocation de lâEdit de Nantes rejoignent les 800 habitants nĂ©erlandais de la colonie du Cap et dĂ©veloppent la viticulture sur des terres riches en alluvions, dans la vallĂ©e dâOlifantshoek.
En 1706, les colons nĂ©erlandais expriment leur dĂ©fiance pour la premiĂšre fois envers le gouvernement colonial. Le jeune Hendrik Bibault refuse notamment publiquement dâobĂ©ir aux injonctions dâun juge arguant du fait quâil nâĂ©tait plus nĂ©erlandais mais afrikaner. La Compagnie dĂ©cide alors de stopper lâimmigration nĂ©erlandaise dans la colonie et dâimposer une administration civile, commerciale et fiscale de plus en plus procĂ©duriĂšre afin de planifier lâĂ©conomie locale. Cette politique restrictive encourage malgrĂ© elle lâesprit libertarien des colons libres et des paysans nĂ©erlandais natifs de la colonie, dorĂ©navant appelĂ©s Boers. Ces derniers cherchent alors Ă Ă©chapper au contrĂŽle de la Compagnie et franchissent ses frontiĂšres pour sâĂ©tablir hors de sa juridiction. Ils refoulent les Hottentots et dĂ©veloppent sur les Ă©tendues du Karoo une culture originale, fortement imprĂ©gnĂ©e de calvinisme et isolĂ©e des grands courants de pensĂ©e qui traversent lâEurope du XVIIIe siĂšcle.
Les Boers finissent par rompre définitivement avec leurs racines européennes, prÎnant entre eux un égalitarisme total et, au nom de leurs valeurs chrétiennes et protestantes, affirment leur supériorité sur les Noirs.
Ă partir de 1779, lâexpansion des Boers est ralentie par les conflits qui se dĂ©veloppent sur la frontiĂšre orientale avec les populations de langue bantoue, les Xhosa, obligeant les autoritĂ©s de la Colonie du Cap Ă intervenir en annexant de nouveaux districts et en imposant aux Boers de nouvelles frontiĂšres.
En 1795, une rĂ©volte boer Ă Graaff-Reinet contre les autoritĂ©s coloniales nĂ©erlandaises tourne court. La mĂȘme annĂ©e, la Colonie du Cap est occupĂ©e par l'armĂ©e britannique, puis est de nouveau nĂ©erlandaise en 1803 avant de repasser dĂ©finitivement sous pavillon britannique en 1806. La colonie sâĂ©tend alors sur 194 000 kilomĂštres carrĂ©s et compte un peu plus de 60 000 habitants dont quelque 25 000 Blancs, majoritairement des Boers dâorigine germano-nĂ©erlandaise et française, 15 000 Khoisans, 25 000 esclaves et un millier dâanciens esclaves libĂ©rĂ©s de leur servitude (alors dĂ©signĂ©s comme "hommes libres"). Une Ă©tude portant sur les origines de la population afrikaner en 1807 rĂ©partissait celle-ci Ă lâĂ©poque en NĂ©erlandais (36,8 %), Allemands des Ătats de langue allemande (35 %), Français (14,6 %), non-Blancs (7,2 %), autres (2,6 %), indĂ©terminĂ©s (3,5 %) et Britanniques (seulement 0,3 %).
Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, se cristallise dans la mentalitĂ© afrikaner la prise de conscience dâun destin commun, favorisĂ©e par lâisolement gĂ©ographique par rapport au pouvoir central de la Colonie du Cap. Une culture spĂ©cifique Ă©merge, fondĂ©e sur un dialecte issu du nĂ©erlandais (lâafrikaans), une religion (le calvinisme), un territoire (les vastes espaces du Karoo) et enfin sur lâintime conviction dâappartenir Ă un groupe privilĂ©giĂ© comparable Ă celui des HĂ©breux de la Bible, dans le cadre dâune sociĂ©tĂ© encore esclavagiste.
La communauté afrikaner est néanmoins partagée entre un groupe urbanisé, sensible au prestige culturel des conquérants anglais qui deviennent de plus en plus nombreux, et un groupe rural, jaloux de son indépendance et de ses privilÚges, hostile à la nouvelle administration britannique.
Sous lâinfluence des missions protestantes, les autoritĂ©s britanniques prennent dâabord des mesures pour protĂ©ger les MĂ©tis et les Hottentots, notamment en imposant des contrats de travail ou en facilitant les recours judiciaires des salariĂ©s contre leurs employeurs. Un Ă©pisode va longtemps marquer les esprits de la communautĂ© afrikaner et alimenter leur acrimonie envers les Britanniques. En 1815, un jeune Boer de lâintĂ©rieur, Frederic Bezuidenhout, est tuĂ© par un policier hottentot aprĂšs avoir refusĂ© dâobtempĂ©rer Ă une convocation judiciaire et rĂ©sistĂ© Ă son arrestation. Son frĂšre parvint Ă soulever une soixantaine de fermiers, dĂ©cidĂ©s Ă venger Frederic Bezuidenhout. Perçus comme des rebelles, ils sont pourchassĂ©s et acculĂ©s Ă la reddition. JugĂ©s, cinq dâentre eux sont condamnĂ©s Ă mort et pendus Ă Slachters Neck, le . Quatre le sont dâailleurs deux fois, la corde ayant rompu sous leurs poids.
En 1822, toujours dans la colonie du Cap, les autoritĂ©s impĂ©riales retirent au nĂ©erlandais son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services gouvernementaux. Un processus dâanglicisation est en marche alors que le patois nĂ©erlandais, lâafrikaans, est dĂ©nigrĂ©. En 1828, lâanglais devient la seule langue officielle des affaires administratives et religieuses.
En 1833, aprĂšs avoir reconnu lâĂ©galitĂ© des droits entre Hottentots et Blancs, les Anglais abolissent lâesclavage, provoquant ainsi lâexode dâune partie des Ă©leveurs afrikaners de la frontiĂšre. Lâun de leurs chefs, Piet Retief, rĂ©dige un manifeste par lequel il Ă©nonce ses griefs contre lâautoritĂ© britannique, incapable de fournir la moindre protection aux fermiers dans les zones frontaliĂšres, injuste pour avoir Ă©mancipĂ© les esclaves sans indemnisation Ă©quitable des propriĂ©taires. Il termine en Ă©voquant une terre promise oĂč les Boers seraient enfin libres.
Ă partir de 1835, les Trekboers franchissent le fleuve Orange et la chaĂźne du Drakensberg, et fondent au cĆur du pays zoulou la rĂ©publique de Natalia Ă la suite du Grand Trek de 1836. Le massacre de Retief, de son fils et de ses compagnons par le roi zoulou Dingane kaSenzangakhona est suivi du massacre de prĂšs de 300 civils boers (dont 41 hommes, 56 femmes et 185 enfants) Ă Blaauwkrans et Weenen. Le , aprĂšs avoir prĂȘtĂ© serment envers Dieu, quelques centaines de Boers remportent une victoire dĂ©cisive sur les Zoulous du roi Dingane : câest la Bataille de Blood-River, fondement historique de la nation afrikaner.
En 1843, chassĂ©s du Natal (rĂ©publique de Natalia) par les Britanniques, les Voortrekkers traversent de nouveau le Drakensberg, sâinstallent sur les plateaux austĂšres du Veld, Ă©crasent les Ndebele du chef Mzilikazi et asservissent les Sothos. Ainsi se constituent les rĂ©publiques de lâĂtat libre dâOrange et du Transvaal, dont les Anglais reconnaissent lâindĂ©pendance dans les annĂ©es 1850. Ces rĂ©publiques vont rester rurales et arriĂ©rĂ©es jusquâaux dĂ©couvertes miniĂšres (diamants en 1867, or en 1886) au cĆur du Transvaal, oĂč va sâĂ©lever la mĂ©tropole de Johannesbourg.
En 1875, Stephanus Jacobus du Toit fait partie dâun groupe dâenseignants et de pasteurs de lâĂ©glise rĂ©formĂ©e hollandaise qui forment Ă Paarl dans la Colonie du Cap un mouvement de revendication culturel, Die Genootskap van Regte Afrikaners (lâ« Association des vrais Afrikaners »), dont lâobjectif est de dĂ©fendre et dâimposer lâafrikaans au cĂŽtĂ© de lâanglais comme langue officielle de la colonie. Il sâagit pour eux de donner Ă la langue parlĂ©e par les paysans afrikaners ses lettres de noblesse et dâen faire un vĂ©ritable outil de communication Ă©crite[19].
En 1876, câest Ă cette fin que le mouvement dirigĂ© par Du Toit lance une revue en afrikaans, Die Afrikaanse Patriot dont S.J. du Toit devient le rĂ©dacteur en chef et dont la devise est « Ă©crivez comme vous parlez ». En publiant la prose des lecteurs du journal, Du Toit veut Ă©veiller la conscience nationale des Afrikaners et les libĂ©rer de leur complexe dâinfĂ©rioritĂ© culturelle face aux Anglais. DĂšs lors, la dĂ©fense de la langue se confond avec celle de lâidentitĂ© afrikaans[20].
En 1877, S.J. Du Toit publie le premier livre dâhistoire des Afrikaners, Ă©crit qui plus est en afrikaans, Die Geskiedenis van ons Land in die Taal van ons Volk (LâHistoire de notre pays dans la langue de son peuple), qui sâapparente Ă un manifeste politique des Afrikaners imprĂ©gnĂ© de mysticisme. Il relate la lutte dâun petit peuple Ă©lu pour rester fidĂšle au dessein de Dieu, de la rĂ©volte de 1795 aux exĂ©cutions de Slagter's Neck en 1815, du Grand Trek de 1836 identifiĂ© Ă lâexode dâĂgypte au meurtre de Piet Retief et au triomphe de Blood River[21].
Le mouvement identitaire afrikaner va ĂȘtre confortĂ© par dâautres historiens comme George McCall Theal, un Britannique natif du Canada. Il est lâun des premiers historiens Ă avoir examinĂ© lâAfrique du Sud comme une nation et non comme un ensemble hĂ©tĂ©rogĂšne de colonies distinctes[22]. Il va Ă©galement idĂ©aliser lâĂ©popĂ©e du Grand Trek en mettant lâaccent sur la main de Dieu[23].
AprĂšs le court conflit de la premiĂšre guerre des Boers, le Transvaal, Ă la fin des annĂ©es 1880, entre brutalement dans lâĂšre du capitalisme industriel Ă la suite de la dĂ©couverte de gigantesques gisements dâor dans le Witwatersrand. Des dizaines de milliers dâaventuriers et de prospecteurs, venant en majoritĂ© de Grande-Bretagne, affluĂšrent vers la rĂ©gion au grand dam des paysans boers et du prĂ©sident du Transvaal, Paul Kruger. Ces uitlanders (Ă©trangers) dĂ©passĂšrent rapidement en nombre les Boers sur le gisement central du Witwatersrand, tout en restant minoritaires sur lâensemble du territoire de la rĂ©publique du Transvaal. Le gouvernement de Paul Kruger, agacĂ© par leur prĂ©sence, leur refusa le droit de vote et taxa lourdement lâindustrie aurifĂšre. DĂ©sireux dâaccaparer les gisements dâor autant que dâunifier toute lâAfrique du Sud sous lâUnion Jack, les autoritĂ©s britanniques du Cap sous lâĂ©gide de Cecil Rhodes provoquĂšrent une sĂ©rie dâincidents qui aboutirent en 1899 au dĂ©clenchement de la guerre anglo-boer.
AprĂšs des combats acharnĂ©s, le conflit se solde par la victoire du Royaume-Uni, par lâinternement de 120 000 civils boers et la mort de plus de 27 927 dâentre eux (dont 22 074 enfants de moins de 16 ans) dans 45 camps de concentration construits par les troupes britanniques. Cette importante mortalitĂ© touchant 10 % de lâensemble de la population afrikaner Ă©tait la consĂ©quence non seulement de maladies contagieuses telles la rougeole, la fiĂšvre typhoĂŻde et la dysenterie mais aussi dâun manque en matĂ©riel et fournitures mĂ©dicales.
Cet Ă©pisode de lâhistoire afrikaner qui marque la dissolution des rĂ©publiques boers, solidifie le ressentiment antibritannique, le rĂ©publicanisme et renforce le mouvement identitaire des Afrikaners quâil marque tout au long du XXe siĂšcle. Vaincus militairement, les Afrikaners vont devoir sâadapter pour survivre en tant quâentitĂ© distincte au sein dâun Ătat moderne, industriel et urbanisĂ©. Si certains renoncent Ă leur identitĂ© culturelle donnant naissance aux anglo-afrikaners, dâautres vont chercher Ă prĂ©server leur spĂ©cificitĂ© culturelle sur fond dâesprit de rĂ©conciliation entre les ennemis dâhier[24]. Ils vont dĂšs lors entamer une lente reconquĂȘte du pouvoir politique afin de garantir la pĂ©rennitĂ© de leurs droits historiques, linguistiques et culturels sur lâAfrique du Sud.
Ainsi, lâimposition de lâanglais dans les anciennes rĂ©publiques boers, lâinterdiction de lâenseignement de lâafrikaans et diverses mesures vexatoires ont pour corollaire la crĂ©ation dâĂ©coles privĂ©es gĂ©rĂ©es par les Afrikaners eux-mĂȘmes qui fournissent alors un terrain propice Ă la crĂ©ation dâune identitĂ© commune fondĂ©e sur la langue afrikaans, la croyance calviniste et une interprĂ©tation quasi religieuse de lâhistoire[25].
En 1910, lâUnion sud-africaine est proclamĂ©e et devient dominion de la Couronne. Louis Botha, un ancien gĂ©nĂ©ral boer, est le premier chef de gouvernement sud-africain mais son nationalisme tempĂ©rĂ©, tout comme celui de Jan Smuts, son principal ministre et inspirateur de la constitution sud-africaine, est rejetĂ© par les radicaux du mouvement identitaire afrikaner.
En 1914, plusieurs anciens vétérans de la guerre des Boers comme Christian de Wet tentent sans succÚs une insurrection par laquelle ils proclament le rétablissement des républiques boers.
AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, les paysans afrikaners, chassĂ©s du platteland par une grave sĂ©cheresse et une crise Ă©conomique, se retrouvent confrontĂ©s Ă un double phĂ©nomĂšne dâurbanisation et dâacculturation, et entrent en compĂ©tition avec les ouvriers noirs au moindre coĂ»t. Les valeurs et lâordre traditionnel des Afrikaners sâeffondrant, ces derniers se sentent acculĂ©s face Ă la domination des anglophones, de leurs valeurs liĂ©es aux affaires et Ă lâargent et face au risque de submersion par les Noirs qui affluent alors vers les villes[26]. Ceux quâon appelle alors en 1920 les « pauvres Blancs » sont plus de 300 000 personnes, essentiellement des Afrikaners[27].
Face Ă cette situation, les nationalistes afrikaners sâefforcent de rĂ©inventer des modĂšles culturels Ă partir du concept dâAfrikanerdom, forgĂ© par Paul Kruger dans les annĂ©es 1880 et destinĂ© Ă sortir les Afrikaners pauvres de leur condition misĂ©rable et Ă les aligner sur la petite bourgeoisie anglophone.
En mai 1918, une association est ainsi fondĂ©e Ă Johannesbourg par trois jeunes Afrikaners dont le but est la dĂ©fense des membres de leur communautĂ© afin de recouvrer les droits perdus en 1902 Ă la fin de la seconde guerre des Boers. Dâabord baptisĂ©e Jong Suid-Afrika, puis Afrikaner Broederbond (Ligue des frĂšres afrikaners), cette association qui rassemblait Ă son origine des pasteurs calvinistes, des employĂ©s des chemins de fer et des policiers, devient en 1924 une sociĂ©tĂ© secrĂšte franc-maçonne, recrutant un nombre croissant dâinstituteurs, de professeurs, dâuniversitaires et de politiciens. Ă partir de 1927 le Bond va accroĂźtre son activisme et Ă©tendre son influence et son audience au sein de la communautĂ© de langue afrikaans. Il va dĂ©finir lâidentitĂ© de lâAfrikaner, duquel il placera les intĂ©rĂȘts au-dessus de toutes les autres communautĂ©s dâAfrique du Sud. Ainsi, le Broederbond propose comme fondement idĂ©ologique le national-christianisme, inspirĂ© du nĂ©ocalvinisme, qui stipule que « les nations sont nĂ©es dâune volontĂ© divine, que chacune dâelles est dĂ©tentrice dâune spĂ©cificitĂ© et dâune mission Ă accomplir »[28]. La dĂ©fense de lâidentitĂ© afrikaner devient une mission sacrĂ©e dont le triomphe exige la mobilisation totale du peuple de langue afrikaans (le Volk). Si la question raciale nâest pas alors au centre des prĂ©occupations politiques des Blancs sud-africains, câest sur cette base de lâAfrikanerdom que le concept de lâapartheid va ĂȘtre progressivement Ă©laborĂ©.
En 1922, les mineurs afrikaners du Witwatersrand se mettent en grĂšve pour protester contre le recours accru aux travailleurs noirs, main-dâĆuvre abondante et moins payĂ©e, par le patronat du secteur minier. Les ouvriers sont soutenus par les travaillistes et le tout jeune Parti communiste d'Afrique du Sud. Le conflit commence dans les mines de charbon puis sâĂ©tend Ă tout le bassin minier du Rand, regroupant 20 000 travailleurs blancs. Des soviets sont proclamĂ©s et la grĂšve gĂ©nĂ©rale dĂ©clenchĂ©e le . La grĂšve tourne Ă lâinsurrection. Pendant cinq jours les combats font rage dans les quartiers ouvriers du rand pilonnĂ©s par lâaviation sur ordre du premier ministre Jan Smuts. Le mouvement est brisĂ© dans le sang (214 tuĂ©s dont 76 grĂ©vistes, 78 soldats, 30 Africains tuĂ©s par les grĂ©vistes) et 5 000 mineurs sont emprisonnĂ©s. Câest en chantant un hymne communiste que 4 des 18 condamnĂ©s Ă morts sont exĂ©cutĂ©s[29].
LâĂ©chec du mouvement ouvrier conduit Ă une mobilisation insolite rassemblant travaillistes, socialistes et communistes derriĂšre les nationalistes du Parti national de James Barry Hertzog qui remporte les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1924.
DĂšs lors, les gouvernements dâinspiration nationaliste sâattachent Ă dĂ©velopper et protĂ©ger la communautĂ© afrikaner, Ă©rodant la tradition libĂ©rale du Cap alors que dans les annĂ©es 1930, lâaile extrĂȘme du nationalisme subit fortement lâinfluence du nazisme.
En 1938, les cĂ©lĂ©brations du centenaire de la Bataille de Blood River unissent les Afrikaners autour du thĂšme du Volkseenheid (lâunitĂ© du peuple afrikaans) avec la reconstitution du Grand Trek. Ainsi, le , des centaines de chariots portant chacun le nom dâun des hĂ©ros boers du Grand Trek ou cĂ©lĂ©brant la mĂ©moire des femmes et des enfants partent du Cap en direction de Pretoria. Ă mesure que les convois progressent et traversent les communes et villages, une vague de patriotisme parcourt le pays. Dâautres villes et villages organisent leur propre trek vers Pretoria. En chemin, les Afrikaners se mobilisent en masse : les routes et rues sont rebaptisĂ©es Voortrekker Straat ou Pretorius Straat, les hommes se laissent pousser la barbe comme leurs ancĂȘtres, les femmes mettent leur bonnet traditionnel et des tabliers de paysannes, des jeunes fiancĂ©s font bĂ©nir leur union en costume de Voortrekker, et des enfants baptisĂ©s le long des chars Ă bĆufs et des feux de joie illuminent les soirĂ©es. Ă lâapproche de la destination finale, les thĂšmes nationalistes et rĂ©publicains se prĂ©cisent alors que le pays est pavoisĂ© aux couleurs sud-africaines, et le , plus de 100 000 Afrikaners (1/10e de la population afrikaner) assistent Ă Pretoria Ă la pose de la premiĂšre pierre du Voortrekker Monument, symbole phare du nationalisme boer en prĂ©sence des descendantes dâAndries Pretorius, de Piet Retief et dâHendrik Potgieter[30] - [31].
En 1948, la victoire du Parti national de Daniel François Malan consacre la victoire du Broederbond. Le danger de domination ou dâacculturation anglophone est dĂ©finitivement Ă©cartĂ©, et lâunitĂ© du peuple afrikaans rĂ©alisĂ©e. Cependant, la cohĂ©sion nationale de celui-ci reste menacĂ© par le "Swaartgevaar" (le pĂ©ril noir)[32]. Le thĂšme rĂ©current nâest plus dĂšs lors la dĂ©fense de lâidentitĂ© afrikaans face aux anglophones mais celui du peuple blanc dâAfrique du Sud (anglophones, afrikaners, lusophones soit 2,5 millions de personnes en 1950, 21 % de la population totale) menacĂ© par la puissance de la dĂ©mographie africaine (8 millions de personnes en 1950 soit 67 % de la population totale)[33]. Lâapartheid est alors prĂ©sentĂ© comme un arsenal juridique destinĂ© Ă assurer la survie du peuple afrikaner mais aussi comme un « instrument de justice et dâĂ©galitĂ© qui doit permettre Ă chacun des peuples qui constitue la sociĂ©tĂ© sud-africaine dâaccomplir son destin et de sâĂ©panouir en tant que nation distincte». Ainsi, beaucoup de nationalistes afrikaners pensent sincĂšrement que lâapartheid ouvre des carriĂšres et laisse leur chance aux Noirs, chance quâils nâauraient pu saisir sâils avaient Ă©tĂ© obligĂ©s dâentrer en compĂ©tition avec les Blancs au sein dâune sociĂ©tĂ© intĂ©grĂ©e[34]. Cette politique dâapartheid est censĂ©e Ă la fois complĂ©ter et se diffĂ©rencier de la barriĂšre de couleur (colour bar) et du principe du Baasskap (la domination blanche, en vigueur depuis le XVIIe siĂšcle). Il sâagit dâĂ©lever le degrĂ© de sĂ©paration entre les peuples, que ce soit dans la vie sociale, Ă©conomique et politique du pays. Cette distinction se fait au prix dâune sĂ©grĂ©gation impitoyable et dâun renforcement du contrĂŽle policier sur les dĂ©placements de populations dans tout le pays.
Câest tout Ă la fois par idĂ©alisme, par intĂ©rĂȘt et par sĂ©curitĂ© que les Afrikaners soutiennent aussi longtemps le systĂšme dâapartheid, convaincus que seul celui-ci peut leur permettre non seulement de survivre en tant que groupe ethnique distinct mais aussi de prĂ©server leurs intĂ©rĂȘts de classe au sein du groupe blanc[35]. Ainsi, entre 1941 et 1955, le revenu moyen annuel des Afrikaners augmente de 50 %. Le pays est en pleine prospĂ©ritĂ© Ă©conomique tandis quâĂ partir de 1955 sâĂ©labore la sĂ©paration gĂ©ographique entre Blancs et Noirs au travers de la politique des bantoustans, en dĂ©pit de la rĂ©sistance de plus en plus importante et organisĂ©e de la population noire. Dans les annĂ©es 1960, alors que la rĂ©pression policiĂšre contre lâopposition africaniste sâaccentue, que les chefs sont emprisonnĂ©s et leurs partis interdits en vertu de lois dâexception, les Afrikaners proclament la rĂ©publique et, dans les discours, le concept dâethnicitĂ© spĂ©cifique laisse peu Ă peu la place Ă celui de nation. Ainsi, les Noirs ne sont plus prĂ©sentĂ©s comme infĂ©rieurs mais comme diffĂ©rents[28].
Dans les annĂ©es 1970, les Afrikaners nâont plus la peur pathologique de perdre leur identitĂ©, qui sâaffirme dâailleurs au travers de lâĂtat sud-africain, un Ă©tat militairement fort et Ă©conomiquement puissant. Ceux qui Ă©taient les pauvres Blancs des annĂ©es 1920 constituent dĂ©sormais lâarmature de la classe moyenne blanche[36]. La discrimination et la sĂ©grĂ©gation raciale ne sont plus justifiĂ©es en termes idĂ©ologiques mais en termes Ă©conomiques et politiques : la survie du capitalisme et la lutte contre le communisme. Ils nâen revendiquent pas moins le droit historique et le devoir de maintenir leur souverainetĂ© sur lâAfrique du Sud.
Dans les annĂ©es 1980, les Afrikaners sont nĂ©anmoins Ă©branlĂ©s par les condamnations internationales dont lâAfrique du Sud fait lâobjet pour sa politique dâapartheid et la violence politique qui lâaccompagne. Si certains se rĂ©fugient dans des utopies communautaristes (Volkstaat), dâautres, qui considĂšrent notamment que les Afrikaners sont le cĆur de la nation blanche dâAfrique du Sud, prĂ©fĂšrent tenter lâouverture politique vers la majoritĂ© noire du pays sous le prĂ©cepte selon lequel lâAfrikaner doit sâadapter pour survivre. Câest un Afrikaner, le prĂ©sident Frederik de Klerk, qui met finalement fin non seulement au systĂšme d'apartheid, mais aussi Ă la domination politique des Blancs sur le pays, approuvĂ© par une consultation rĂ©fĂ©rendaire auprĂšs de la communautĂ© blanche le . En 1994, le partage du pouvoir avec la majoritĂ© noire devient rĂ©alitĂ© avec lâĂ©lection de Nelson Mandela, le premier Noir Ă la prĂ©sidence de la rĂ©publique et la formation dâun gouvernement dâunion nationale rassemblant les anciens maĂźtres du pays, autrefois concepteurs de lâapartheid, et les anciens opprimĂ©s, reprĂ©sentant le groupe de population majoritaire dans le pays.
à partir des années 1990, la partie la plus libérale de la communauté afrikaner appelle à intégrer au sein du peuple afrikaner tous ceux de langue maternelle afrikaans y compris les non-Blancs comme les métis, les Malais du Cap, les Basters de Rehoboth et les Griquas.
Dans la nouvelle « nation arc-en-ciel » comme est surnommĂ©e lâAfrique du Sud Ă partir de 1994, lâidentitĂ© afrikaner est de nouveau en cours de restructuration. Ne constituant plus quâune minoritĂ© ethnique parmi dâautres, les Afrikaners sont sur la dĂ©fensive, sâestimant marginalisĂ©s par le nouveau pouvoir du CongrĂšs national africain. Si lâafrikaans reste la langue maternelle de plus de 13 % de la population, elle nâest plus quâune des 11 langues officielles du pays, restreignant ainsi sa diffusion dans les publications officielles ou les Ă©missions de radio diffusion.
Une minoritĂ© de ces Afrikaners a cependant ralliĂ© le nouveau pouvoir ANC pour tenter de sauvegarder un minimum dâinfluence politique sur les commandes du pays. Ce fut notamment le cas des hĂ©ritiers du Parti national afrikaner qui fusionnĂšrent leur parti, le Nouveau Parti national, avec lâANC en 2005. De son cĂŽtĂ©, le Broederbond sâest rĂ©formĂ© de fond en comble, sâouvrant aux femmes et aux autres individus, indĂ©pendamment de leur catĂ©gorisation ethnique, ne gardant que lâafrikaans comme mode de recrutement de ses membres.
Dâautres se sont regroupĂ©s dans des associations de dĂ©fense de lâidentitĂ© afrikaner. Des intellectuels (journalistes, Ă©crivains, universitaires) se sont ainsi regroupĂ©s dans le groupe dit "des 63" comprenant notamment des Ă©crivains progressistes afrikaners tels que Breyten Breytenbach. Des associations de dĂ©fense de lâidentitĂ© afrikaans tels Afriforum ou le ComitĂ© d'action civil de Pretoria engagent de leur cĂŽtĂ© des procĂ©dures judiciaires afin de sauvegarder la toponymie afrikaans de la gĂ©ographie sud-africaine au moment oĂč lâafricanitĂ© des Afrikaners est remise en question par certaines personnalitĂ©s politiques de lâANC. Dans le mĂȘme esprit du laager, une fondation de lâhĂ©ritage gĂšre aussi le patrimoine culturel sud-africain liĂ© Ă lâhistoire afrikaner (monuments, statuesâŠ).
Les nouveaux Afrikaners du XXIe siĂšcle parlent le langage de la modĂ©ration et de la dĂ©centralisation en se rĂ©fĂ©rant, non plus Ă leur spĂ©cificitĂ© ethnique et Ă leurs droits historiques, mais aux concepts modernes et progressistes des droits des minoritĂ©s et du Droit des peuples Ă disposer dâeux-mĂȘmes. Ainsi, les Afrikaners retranchĂ©s en communautĂ© Ă Orania, oĂč ils vivent en marge du nouvel Ătat sud-africain, adoptent un tel langage. Longtemps considĂ©rĂ© comme dĂ©risoire, Ă©litiste, raciste et rĂ©actionnaire, la communautĂ© dâOrania a finalement rĂ©ussi Ă bĂątir sa relative prospĂ©ritĂ© sur lâĂ©nergie renouvelable et lâagriculture biologique[37] tout en parvenant Ă faire reconnaĂźtre sa prĂ©tention politique Ă lâĂ©tablissement dâun Volkstaat au sein de lâAfrique du Sud. Elle reste cependant marginalisĂ©e et a toujours du mal Ă attirer les Afrikaners en grand nombre chez elle.
Religion
La nation afrikaner est trĂšs largement chrĂ©tienne et membre de l'Ăglise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, en Afrique du Sud, cette Ă©glise rĂ©formĂ©e est une dĂ©nomination commune qui dĂ©signe en fait trois Ă©glises rĂ©formĂ©es calvinistes :
- la Nederduits Gereformeerde Kerk (lâĂ©glise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise ou Synode du Cap - NGK),
- la Nederduitsch Hervormde Kerk (lâĂ©glise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise dâAfrique)
- la Gereformeerde Kerk van Suid-Afrika.
Il existe aussi une petite minorité catholique.
Les diffĂ©rences entre les 3 Ă©glises calvinistes sont essentiellement dâordre doctrinal. Si elles sont toutes trois autonomes, elles sont liĂ©es par un organisme consultatif fĂ©dĂ©ral. Elles reprĂ©sentent 18 % de la population totale de lâAfrique du Sud.
La principale de ces 3 églises représentatives de la communauté afrikaners est la Nederduits Gereformeerde Kerk (NGK). Elle est également la principale église de la communauté métis.
Lors des premiĂšres dĂ©cennies du XIXe siĂšcle, les calvinistes nĂ©erlandophones de la Colonie du Cap sâĂ©taient Ă©mancipĂ©s de lâĂglise rĂ©formĂ©e dâAmsterdam et avaient fondĂ© une Ăglise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise spĂ©cifique Ă lâAfrique du Sud, la Nederduits Gereformeerde Kerk. Cependant, certaines communautĂ©s afrikaners du Transvaal organisĂšrent leurs cultes et lâadministration des sacrements Ă lâaide de missionnaires, transfuges dâautres congrĂ©gations Ă la suite du refus de la NGK de soutenir les Voortrekkers.
Ceux-ci fondĂšrent au Transvaal une Ăglise rĂ©formĂ©e indĂ©pendante, la Nederduitsch Hervormde Kerk qui sera elle-mĂȘme victime dâune scission avec la Gereformeerde Kerk van Suid-Afrika.
Ces Ă©glises rĂ©formĂ©es se rĂ©clamaient des concepts religieux dâAbraham Kuyper, fondateur dâune Ă©glise sĂ©paratiste aux Pays-Bas et de lâUniversitĂ© libre d'Amsterdam, qui prĂȘchait le retour littĂ©ral aux Ăcritures saintes.
Câest ainsi que, par une interprĂ©tation de la doctrine calviniste de la prĂ©destination selon laquelle le salut de lâhomme est prĂ©destinĂ© (par Dieu, indĂ©pendamment de l'homme et de ses actions), justifiant le fait que des Ă©lites dirigent le monde et que des non Ă©lus obĂ©issent aux premiers, les concepts sĂ©grĂ©gationnistes sont avalisĂ©s par les prĂ©dicateurs de lâĂglise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise. Câest en vertu de ce concept que les Boers, isolĂ©s dans le veld, sâĂ©taient facilement assimilĂ©s au peuple Ă©lu et avaient cru jusquâĂ la fin des annĂ©es dâapartheid, que Dieu leur avait donnĂ© lâAfrique du Sud comme il avait donnĂ© le pays de Canaan aux HĂ©breux, les Noirs Ă©tant assimilĂ©s aux CananĂ©ens. Ceux qui ne font pas partie du cercle des Ă©lus sont donc des proscrits, condamnĂ©s depuis le commencement des temps. Dieu nâest plus alors ici un unificateur mais un grand diviseur qui a trouvĂ© bon dâĂ©tablir des frontiĂšres entre les peuples et les groupes de peuples[38]. Et câest encore par une lecture particuliĂšre des Ă©critures saintes que la sĂ©grĂ©gation "raciale" fut justifiĂ©e : par le biais de lâhistoire des fils de NoĂ© dont lâun avait Ă©tĂ© condamnĂ© par son pĂšre Ă servir ses 2 frĂšres[39].
Ă partir des annĂ©es 1920, les Ă©glises rĂ©formĂ©es, Ă commencer par la NGK, vĂ©ritable "Ăglise du peuple afrikaner" (Volkskerk), contribuent au dĂ©veloppement du nationalisme afrikaner, gĂ©nĂ©ralisant, dans le cadre dâune Ă©ducation nationale-chrĂ©tienne, lâidĂ©e dâune Ă©lection collective des Afrikaners justifiant thĂ©ologiquement la sĂ©grĂ©gation[40]. NĂ©anmoins, si elles sont alors proches des dirigeants de lâĂtat sud-africain, le pays demeura un Ătat laĂŻc.
Ainsi, en 1963, les trois Ăglises rĂ©formĂ©es menĂšrent sans succĂšs campagne en faveur de la « sanctification du dimanche » et de lâinterdiction dominicale des danses, des vols dâavions et des autres distractions publiques[41].
LâĂglise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise (NGK) a condamnĂ© la politique dâapartheid Ă partir de 1986.
En 1992, les Afrikaners fidĂšles Ă lâapartheid ont quittĂ© la NGK et fondĂ© lâAfrikaanse Protestante Kerk (APK).
En 2007, plus de 40 % des Afrikaners appartenaient Ă lâĂglise rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise de la NGK (contre 70 % il y a trente ans). Populations significatives par rĂ©gions.
Politique
Les premiers dirigeants politiques afrikaners ont Ă©mergĂ© au XIXe siĂšcle dans le but de reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts des Boers face Ă la nouvelle administration britannique. En 1835, Piet Retief signe un manifeste dans lequel il exprime les aspirations politiques des Boers, justifiant le Grand Trek vers l'intĂ©rieur des terres. Durant cette pĂ©riode, des chefs Ă©lus par les membres du Grand Trek tels Andries Pretorius ou Hendrik Potgieter deviennent de vĂ©ritables chefs communautaires, Ă la fois politiques et militaires, et fondateurs des rĂ©publiques boers.
Durant la seconde partie du XIXe siĂšcle, trois figures politiques principales reprĂ©sentent alors les aspirations politiques des Afrikaners. Le premier est Marthinus Wessel Pretorius, homme politique du Transvaal, dont l'action politique se caractĂ©rise par la volontĂ© unificatrice des rĂ©publiques boers. Le second est Paul Kruger, vĂ©tĂ©ran du Grand Trek et chef militaire charismatique. Il accĂšde Ă la prĂ©sidence du Transvaal et symbolise jusqu'Ă l'extrĂȘme l'austĂ©ritĂ© calviniste et la rĂ©sistance Ă l'impĂ©rialisme britannique. Le troisiĂšme est Jan Hofmeyr (en), homme politique de la Colonie du Cap et chef de l'Afrikaner Bond, le premier parti politique de la communautĂ© afrikaner, dont l'ambition est d'unifier sous la direction afrikaner les colonies britanniques et les rĂ©publiques boers au sein d'un mĂȘme Ătat sud-africain et indĂ©pendant.
La seconde guerre des Boers de 1899-1902 permet cette unification sud-africaine mais sous le contrĂŽle de la mĂ©tropole britannique. Les Afrikaners sâorganisent alors au sein de partis nationalistes comme le "Het Volk", fondĂ© par le gĂ©nĂ©ral Louis Botha et prĂ©dĂ©cesseur du Parti sud-africain, une formation centriste prĂŽnant le rapprochement avec les anglophones.
C'est grùce à la volonté de réconciliation entre les formations politiques modérées boers et anglophones et à l'entregent d'hommes politiques comme Louis Botha et Jan Smuts, que se constitue en 1910 le dominion de l'Union sud-africaine, dirigé par des Afrikaners modérés alliés à des Anglo-afrikaners.
En 1914, des dissidents du parti sud-africain, menĂ©s par James B. Hertzog, fondent le Parti national destinĂ© Ă reprĂ©senter les seules aspirations de la communautĂ© afrikaner. RĂ©solument hostile aux Britanniques et aux Anglo-afrikaners, nostalgique des anciens Ătats boers dont il rĂ©clame le rĂ©tablissement de la souverainetĂ©, le Parti national est partisan de la rĂ©publique et de la rupture des liens Ă©conomiques et politiques avec la Grande-Bretagne. C'est aussi un parti nationaliste, hostile Ă toute libĂ©ralisation du systĂšme "racial" quâil considĂšre comme attentatoire aux droits politiques des Afrikaners. Il se veut lâexpression politique du peuple afrikaner et, en rĂ©unissant progressivement lâunitĂ© de celui-ci derriĂšre ses candidats, il parviendra un temps Ă son objectif.
Dans les annĂ©es 1930, plusieurs mouvements extra-parlementaires extrĂ©mistes recrutent au sein de la population afrikaner. Ces mouvements restent marginaux mais leur activisme voyant menace le gouvernement et le Parti national. Celui-ci se scinde en deux formations en 1935, quand lâaile conservatrice refuse de suivre Hertzog dans le Parti uni, fruit dâun rapprochement avec lâAnglo-afrikaner Jan Smuts.
En 1939, le Parti national est briĂšvement rĂ©unifiĂ© pour contrer lâentrĂ©e de lâAfrique du Sud dans la Seconde Guerre mondiale. Les modĂ©rĂ©s fondent en 1941 le Parti afrikaner, moins dogmatique envers les anglophones et favorable Ă lâintĂ©gration des mĂ©tis, peuple de langue afrikaans.
En 1948, le Parti national de Daniel François Malan, alliĂ© au Parti afrikaner de Nicolaas Havenga, remporte les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1948. Ils mettent en application leur projet de sociĂ©tĂ© : lâapartheid.
Cette politique est menĂ©e consciencieusement par les gouvernements de Daniel François Malan (1948-1954), de Johannes Strijdom (1954 - 1959), puis dâHendrik Verwoerd (1959-1966), avec le soutien, Ă chaque Ă©lection de plus en plus massif, des Afrikaners ralliĂ©s progressivement par la majoritĂ© des anglophones. Le Parti uni, lâopposition officielle, menĂ© par Sir De Villiers Graaff, un afrikaner anobli par la reine dâAngleterre, ne parvient pas Ă contenir lâhĂ©morragie de ses Ă©lecteurs essentiellement anglophones.
En 1961, Hendrik Verwoerd donne aux Afrikaners lâoccasion de se prononcer en faveur de lâĂ©tablissement dâune RĂ©publique en Afrique du Sud et dâaccomplir le dernier rĂȘve du nationalisme afrikaner. La force dĂ©mographique dans la communautĂ© blanche et la mobilisation des Afrikaners leur permet de remporter le rĂ©fĂ©rendum consultatif face aux anglophones fidĂšles Ă la monarchie britannique et de proclamer la rĂ©publique le .
Pourtant, une opposition au Parti national prend progressivement de lâampleur au sein de la communautĂ© afrikaner, notamment sous le mandat de John Vorster (1966-1978). Ainsi, une opposition progressiste et surtout hostile Ă la sĂ©grĂ©gation raciale Ă©merge Ă partir de 1974 et trouve un chef de file afrikaner plus efficace, Frederik van Zyl Slabbert. Elle reste cependant trĂšs minoritaire au sein de lâĂ©lectorat afrikaner, tandis que lâeffondrement du Parti uni, parti des libĂ©raux conservateurs, contribue au triomphe Ă©lectoral du Parti national en 1977.
Câest sous le gouvernement de Pieter Botha (1978-1989) quâune autre opposition prend aussi de lâenvergure, mais celle-ci se constitue Ă droite notamment parmi lâĂ©lectorat afrikaner rural qui refuse toute libĂ©ralisation de la lĂ©gislation raciale. Issu de lâaffrontement au sein du Parti national entre les Verkramptes (" les CrispĂ©s", soit les conservateurs) et les Verlightes ("les Ă©clairĂ©s" soit les rĂ©formistes) du Parti national, le Parti conservateur est fondĂ© par Andries Treurnicht dans le but de sâopposer Ă lâouverture politique aux autres communautĂ©s sud-africaines et, sans succĂšs, Ă lâinstauration dâun Parlement tricamĂ©ral. En 1987, avec 20 % des voix, le Parti conservateur dĂ©trĂŽne lâopposition progressiste de son statut dâopposition officielle, dĂ©montrant ainsi par ce succĂšs le refus des quelques timides rĂ©formes progressistes de Pieter Botha par une partie importante de lâĂ©lectorat afrikaner.
Lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1989, le Parti conservateur remporte 45 % des voix de la communautĂ© afrikaner, juste derriĂšre le Parti national (46 % des voix afrikaners), lequel reçoit un soutien dĂ©sormais majoritaire de la communautĂ© anglophone (50 %). Le nouveau prĂ©sident Frederik de Klerk entreprend alors de rechercher une solution alternative Ă lâapartheid. Il lĂ©galise les mouvements noirs, libĂšre les prisonniers politiques comme Nelson Mandela et entame des nĂ©gociations constitutionnelles pour une Afrique du Sud post apartheid. Ă la suite d'une succession dâĂ©checs Ă©lectoraux au profit du Parti conservateur lors dâĂ©lections partielles, il organise un rĂ©fĂ©rendum consultatif auprĂšs de la population blanche pour lui demander dâavaliser sa politique. Le , la communautĂ© blanche lâapprouve Ă 68,7 % des voix. Les rĂ©gions afrikaners lui apportent leur soutien mais dans des proportions bien moindres que les rĂ©gions anglophones. Seul le Nord-Transvaal, peuplĂ© principalement dâAfrikaners et bastion du Parti conservateur, refuse par 59 % des voix de le soutenir.
En avril 1994, en trĂšs large majoritĂ©, les Afrikaners et les anglophones apportent leur suffrage au Parti national de Frederik de Klerk, lui permettant dâobtenir 20 % des suffrages lors des premiĂšres Ă©lections nationales non discriminatoires du pays.
Depuis les Ă©lections gĂ©nĂ©rales sud-africaines de 1999, le vote afrikaner se concentre sur lâAlliance dĂ©mocratique, un parti libĂ©ral-conservateur (issu d'une fusion du parti dĂ©mocratique et du parti national) dirigĂ© successivement par un anglophone, Tony Leon puis par Helen Zille (une Germano-anglophone). Loin derriĂšre, une part minoritaire du vote afrikaner est acquis au Front de la libertĂ©, un parti communautariste. Enfin, une infime minoritĂ© a suivi le Nouveau Parti national lors de sa fusion avec le CongrĂšs national africain en 2005. Ă dĂ©faut de pouvoir peser dorĂ©navant politiquement par le biais dâun parti politique, les Afrikaners se sont plus efficacement organisĂ©s pour dĂ©fendre, notamment sur le terrain juridique et par le biais dâassociations ou de fondations diverses, la prĂ©servation de leurs droits culturels et historiques en tant que groupe ethnique minoritaire dâAfrique du Sud. Ces associations se battent pour prĂ©server lâenseignement en afrikaans dans les Ă©coles, lycĂ©es et universitĂ©s ou pour sauvegarder la toponymie afrikaans liĂ©e Ă lâhistoire des Boers.
En mai 2008, c'est en tant que minorité nationale, et aprÚs une campagne active menée par le Front de la liberté que les Afrikaners sont intégrés au sein de l'Organisation des nations et des peuples non représentés (UNPO), dont l'objet est la lutte pour les droits des minorités, par le biais du lobbying auprÚs des Nations unies et de l'Union européenne. Les Afrikaners siÚgent désormais dans cette organisation aux cÎtés de 70 autres minorités nationales, dont les AborigÚnes d'Australie, les Maasaï du Kenya et de Tanzanie, ainsi que les Tibétains [42].
Culture
Architecture
Lâarchitecture sud-africaine de la communautĂ© afrikaner est avant tout marquĂ©e par le style hollandais du Cap (Cape Dutch) dâinspirations nĂ©erlandaise, française, allemande et indonĂ©sienne. Elle constitue la forme dâarchitecture la plus typique du pays.
Les premiĂšres habitations coloniales des Boers Ă©taient des hartbeeshuis dont les murs se composaient de mĂ©langes de branchages, dâherbes, de boue et de bouses de vache. Ce type dâhabitation trĂšs sommaire abrita les populations blanches les plus pauvres et subsista dans les campagnes jusquâau dĂ©but du XXe siĂšcle, comme en tĂ©moigne la Mission des FrĂšres moraves dâElim dans la province du Cap-Occidental.
Câest sur les prospĂšres terres viticoles de la Colonie du Cap que se dĂ©veloppa le style hollandais du Cap si caractĂ©ristique des plus belles demeures dâAfrique du Sud. Les villes de Stellenbosch, Swellendam, Tulbagh, Paarl et Graaff-Reinet sont les plus reprĂ©sentatives de ce style architectural, qui fut exportĂ© jusquâau Zimbabwe par les pionniers boers mais aussi britanniques Ă la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle. Formant Ă lâorigine une simple structure triangulaire, ces habitations sâornĂšrent progressivement dâarĂȘtes de plĂątre moulĂ© aux lignes courbes, celles-ci pouvant Ă©voluer en volutes et spirales. Les façades blanchies Ă la chaux accentuaient la splendeur de ces demeures sur fond de ciel bleu sud-africain alors que les toits de chaumes Ă©taient un efficace rempart contre la chaleur du climat. Ces maisons Ă©voluĂšrent au cours des XVIIe et XVIIIe siĂšcles. Dâabord gĂ©nĂ©ralement basses et rectangulaires, elles sâenrichirent dâailes symĂ©triques sĂ©parĂ©es par une cour formant un T, un U ou un H.
Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, les architectes français Louis-Michel Thibault et allemand Anton Areith introduisirent dans lâarchitecture locale les colonnades, les bas-reliefs et les portiques.
Dans les rĂ©publiques boers, le style Cape Dutch resta la rĂ©fĂ©rence architecturale mais Ă la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcle, les nouveaux bĂątiments publics se parĂšrent dâĂ©lĂ©ments inspirĂ©s du style wilhelminien originaire du Nord de lâEurope, comme en tĂ©moigne le Parlement (Raadsaal) du Transvaal Ă Pretoria.
Au XXe siĂšcle, le mouvement identitaire afrikaner sâexprima aussi au travers de lâarchitecture, notamment dans le style nĂ©oroman dont Gerard Moerdijk (1890 - 1958) fut lâun des meilleurs reprĂ©sentants. Câest Ă cet architecte afrikaner considĂ©rĂ© comme lâun des plus prolifiques de sa gĂ©nĂ©ration que lâon doit plus de 80 Ă©glises, quâil dessina en incorporant des Ă©lĂ©ments de lâarchitecture traditionnelle nĂ©erlandaise du Cap, mais aussi dâinnombrables banques, hĂŽpitaux, hĂŽtels de ville, les bĂątiments de lâUniversitĂ© de Pretoria, et le Voortrekker Monument, situĂ© aux abords de la capitale sud-africaine.
Sculpture
Ă lâinverse de ses pays voisins comme le Mozambique, lâAfrique du Sud ne prĂ©sente pas de tradition historique significative dans le domaine artistique de la sculpture. Cet art sâest essentiellement dĂ©veloppĂ© au XXe siĂšcle avec des artistes natifs des Pays-Bas comme Anton van Wouw, considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la sculpture sud-africaine et notamment auteur de la fameuse statue de Paul Kruger Ă Pretoria. Comme beaucoup dâartistes afrikaners, de nombreux sculpteurs, dont les Ćuvres furent reconnues au niveau international, ont fait connaĂźtre leur art par le biais de commandes publiques du gouvernement sud-africain. Ce fut le cas de Coert Steynberg et de Danie de Jager, auteurs de nombreux monuments officiels cĂ©lĂ©brant les hĂ©ros ou les symboles de lâhistoire afrikaner.
Plus rĂ©cemment, Andries Botha a rĂ©alisĂ© dâimportantes sculptures au style tourmentĂ© exprimant puissance et vulnĂ©rabilitĂ©, inspirĂ©es par sa confrontation avec la culture afrikaner dans laquelle il ne se reconnaissait plus. Il sâagissait pour lui dâexprimer ainsi une citoyennetĂ© culturelle avec des crĂ©ations marquĂ©es par le spiritualisme chrĂ©tien, rĂ©alisĂ©es Ă partir de matĂ©riaux traditionnels africains.
Peinture
Les premiers peintres afrikaners étaient avant tout des paysagistes influencés par les impressionnistes européens. Hendrik Pierneef, Hugo Naude ou Willem Coetzer décrivent notamment dans un style particulier, attaché au détail, la beauté des paysages sud-africains dans des couleurs pastels.
Ă lâexception dâIrma Stern (dâorigine allemande), les peintres afrikaners ou blancs en gĂ©nĂ©ral ne reprĂ©sentaient presque jamais les habitants noirs du pays.
Dans les annĂ©es 1960, une nouvelle gĂ©nĂ©ration menĂ©e par Walter Battiss (un anglophone Ă©levĂ© en milieu afrikaner) et Alexis Preller suit timidement lâinfluence du surrĂ©alisme.
Dans les annĂ©es 1980, la peinture expose des ĂȘtres hybrides prĂ©figurant un certain mĂ©tissage, tandis que David Kuijers reprend dans les annĂ©es 1990 les thĂšmes traditionnels de lâart dĂ©coratif de la peinture afrikaner.
Littérature
C'est au dĂ©but du XXe siĂšcle que se dĂ©veloppe rĂ©ellement la littĂ©rature sud-africaine en gĂ©nĂ©ral et afrikaner en particulier. Dans un premier temps, la vie rurale des Afrikaners est dĂ©crite par des auteurs issus de la communautĂ© anglophone ou allemande comme Olive Shreiner (1855-1920), Ă©levĂ©e au cĆur de lâAfrique du Sud. Cette sympathisante des Boers sâen prit notamment au cynisme dominateur de lâimpĂ©rialiste britannique Cecil Rhodes mais aussi Ă la rigiditĂ© du systĂšme social afrikaner (The story of an african farm).
Les Afrikaners se dotent dâune sociĂ©tĂ© littĂ©raire (Afrikaanse Taalvereniging) en 1907 et dâun prix (le prix Hertzog) en 1914, ainsi que dâune AcadĂ©mie des sciences et des arts (Suid-Afrikaanse Akademie vir WetensKap en Kuns) en 1909[43].
Câest sous la plume dâEugĂšne Marais (1871-1936), de Louis Leipoldt (1880-1947) et de Jan Celliers (1865-1940) que se dĂ©veloppe la poĂ©sie en langue afrikaans. Ces Ă©crivains sont dâabord inspirĂ©s par les consĂ©quences nĂ©fastes de la seconde guerre des Boers et par les souffrances endurĂ©es par ces derniers dans les camps de concentration britanniques. Ils sont aussi inspirĂ©s par la beautĂ© des paysages sud-africains, lâesprit pionnier des Boers, la religion et la foi en un monde Ă lâimage de Dieu, exprimant dans leurs poĂšmes et rĂ©cits leur attachement Ă la culture paysanne occidentale, au monde chrĂ©tien et Ă ses bienfaits. Câest la pĂ©riode dite du Plaas Roman. En 1927, un poĂšme lyrique en afrikaans de Cornelius Jacob Langenhoven, Die Stem van Suid-Afrika, dĂ©crivant lâimmensitĂ© du veld et lâallĂ©geance des pionniers envers leur pays, devient lâhymne national dâAfrique du Sud tandis que Totius, poĂšte et professeur de thĂ©ologie, sâinspire du calvinisme pour proposer une lecture religieuse de lâhistoire des Afrikaners dont les souffrances seraient la preuve de leur Ă©lection divine[44].
Ă la fin des annĂ©es 1920, les thĂšmes consacrĂ©s Ă la guerre et au martyr des enfants boers morts dans les camps anglais sâestompent pour cĂ©der la place Ă une Ă©criture plus intimiste. Toon van der Heever et EugĂšne Marais sâinterrogent notamment sur la destinĂ©e des Afrikaners alors que DaniĂ«l Francois Malherbe sâinspire de lâhistoire des pionniers boers pour proposer une nouvelle morale Ă suivre aux jeunes gĂ©nĂ©rations dâAfrikaners dĂ©racinĂ©s. Durant cette Ă©poque, lâun des thĂšmes dominants de la littĂ©rature afrikaans est la description du dĂ©chirement des Afrikaners entre villes et campagnes et lâexaltation de la libertĂ© individuelle et de la frontiĂšre[45].
Dans les annĂ©es 1930 et 1940, le mouvement des « Dertigters », dont les chefs de file sont N. P. van Wyk Louw, Dirk Opperman, C. M. van den Heever et Uys Krige, sâinterroge sur le sens de la vie et tĂ©moigne de lâinquiĂ©tude dâun peuple Ă la recherche de ses repĂšres. LâĂ©lite intellectuelle afrikaner est ainsi fermement mobilisĂ©e pour lutter contre la massification et pour la dĂ©fense de ses valeurs et de sa culture.
Dans un registre moins marqué par leurs origines, les Afrikaners Charles Bosman et Laurens van der Post, écrivent en anglais et connaissent une véritable notoriété internationale.
Ă partir des annĂ©es 1960, un certain nombre dâĂ©crivains, les Sestigers, traduisent les angoisses et conflits des Afrikaners modernes. Ils abordent les questions de sexe, contestent la toute-puissance de lâĂ©glise rĂ©formĂ©e, sa morale et lâapartheid. Ces jeunes auteurs issus de lâĂ©lite intellectuelle des grandes universitĂ©s sud-africaines ont souvent sĂ©journĂ© en Europe et constatĂ© lâabĂźme sĂ©parant les mentalitĂ©s sud-africaine et europĂ©enne, poussant certains dâentre eux dans le dĂ©sespoir et la mort, Ă lâinstar dâIngrid Jonker (1933-1965). Dâautres, comme Ătienne Leroux mais surtout AndrĂ© Brink et Breyten Breytenbach remettent en cause lâapartheid par le biais de leur production littĂ©raire (Une saison blanche et sĂšcheâŠ). A contrario, d'autres encore comme Frans Venter traitent de la question "raciale" par le biais du paternalisme (Die Swart Pelgrims) et sont bien accueillis par la presse gouvernementale de langue afrikaans.
En un seul livre, le journaliste afrikaner Rian Malan exprime au monde entier les angoisses identitaires et sĂ©curitaires de son peuple dans son best seller publiĂ© en 1991 "Mon cĆur de traĂźtre". Dans ce livre, lâauteur exprime lâattachement physique qui le lie Ă son pays et ses doutes d'Afrikaner progressiste, opposĂ© Ă la sĂ©grĂ©gation raciale, face Ă lâavĂšnement Ă la fois espĂ©rĂ© et redoutĂ© dâun gouvernement Ă majoritĂ© noire Ă la direction du pays.
Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 et en particulier depuis 1994, des figures politiquement moins engagĂ©es comme celles de J. M. Coetzee et de Karel Shoeman se sont imposĂ©es face aux anciens Sestigers. Alors que Karel Schoeman se concentre sur le passĂ©, sâattachant Ă illustrer les splendeurs de sa terre natale (En Ă©trange pays), Coetzee dĂ©crit la « solitude de lâhomme blanc » (En attendant les Barbares) et les angoisses de son pays (DisgrĂące). Une nouvelle gĂ©nĂ©ration Ă©merge Ă©galement, proposant un nouveau regard sur la nation afrikaner. Ainsi, dans son livre « Triomf », Marlene Van Niekerk se penche sur la misĂšre des Blancs avant lâavĂšnement du gouvernement multiethnique. Dans Die Reuk van Appels (« L'odeur des pommes »), l'Anglo-afrikaner Mark Behr dĂ©crit la mentalitĂ© afrikaner et l'apartheid Ă travers les yeux d'un enfant de 10 ans, fils d'un militaire haut-gradĂ©.
Cinéma
Pendant plus de 70 ans, la production nationale sud-africaine sâest essentiellement limitĂ©e Ă de grandes fresques historiques consacrĂ©es aux Afrikaners. Le film symbole de cette pĂ©riode est De Voortrekkers (1916), retraçant lâhistoire du Grand Trek.
Câest en 1895 que le premier kinĂ©toscope est apparu en Afrique du Sud et le cinĂ©ma fit alors progressivement son apparition.
En 1913, les diffĂ©rents distributeurs furent regroupĂ©s sous le contrĂŽle de la sociĂ©tĂ© "African Films" qui fixa les rĂšgles de lâindustrie cinĂ©matographique nationale pendant de longues annĂ©es. Des Ă©popĂ©es historiques furent alors produites comme "De Voortrekkers", "Les mines du roi Salomon" et "Allan Quatermain".
Dans les annĂ©es 1950, le rĂ©alisateur afrikaner Jamie Uys parvint Ă produire Daar doer in die bosveld [46], un film indĂ©pendant, grĂące Ă lâobtention de subventions accordĂ©es par des entreprises privĂ©es et rĂ©alisera par la suite de nombreux films populaires.
Ă partir de 1956, lâĂtat sud-africain lui-mĂȘme subventionne les productions nationales censĂ©es reflĂ©ter la sociĂ©tĂ© sud-africaine sous le gouvernement dâHendrik Verwoerd. Sur les 60 films rĂ©alisĂ©s entre 1956 et 1962, 43 Ă©taient en langue afrikaans, 4 en version bilingue et les 13 restants en anglais (3continents.com). Lâindustrie cinĂ©matographique dominĂ©e par les Afrikaners profitait dâun systĂšme de subventions prĂ©fĂ©rentiel. Ainsi, Ă partir de 1962, les capitaux afrikaners prirent de lâimportance dans lâindustrie cinĂ©matographique locale, dâautant plus que le public afrikaner est relativement large et trĂšs stable, garantissant presque automatiquement Ă chaque film de langue afrikaans une carriĂšre assez longue dĂšs lors quâil apporte un divertissement lĂ©ger et qu'il traite de maniĂšre idĂ©aliste la rĂ©alitĂ© afrikaner et ses prĂ©jugĂ©s (Hans en die Rooinek, Lord Oom Piet, Die professor en die Prikkelpop).
En 1969, le financement, la production et la distribution de films dans le pays se retrouvent aux mains dâune seule grande sociĂ©tĂ©, le Suid Afrikaanse Teaterbelange Beperk. Les films en afrikaans se conformant aux valeurs conservatrices bĂ©nĂ©ficient dâune exploitation suffisante pour ĂȘtre rentables et dâun public fidĂšle. « Ce conservatisme idĂ©aliste se caractĂ©rise par un attachement au passĂ©, aux idĂ©aux de la "puretĂ© linguistique et raciale" et aux normes religieuses et morales »[47]. Ces films tels que Lord Oom Piet, King Hendrik ou plus tard les films pro-gouvernementaux Kaptein Caprivi et Aanslag op Kariba nâont pas ou peu vocation Ă intĂ©resser un public Ă©tranger et lâĂ©ventualitĂ© de leur exploitation internationale est rarement envisagĂ©e. Toute analyse critique de la culture afrikaner Ă©tait dâailleurs soigneusement Ă©vitĂ©e au profit de la prĂ©sentation dâun stĂ©rĂ©otype populaire univoque de lâAfrikaner (comme dans les films de Jamie Uys). Toutefois, certains films comme Debbie osent commencer Ă remettre en cause certaines des valeurs conservatrices de l'Ă©glise rĂ©formĂ©e hollandaise et Ă affronter la censure.
Ă la fin des annĂ©es 1960 et dans les annĂ©es 1970, les films de Jans Rautenbach et Emil Nofal, comme Die Kandidaat[48] (1968), Katrina[49](1969) et Jannie Totsiens[50](1970), sont les premiers Ă traiter du monde afrikaner dans le contexte dâune Afrique du Sud multiculturelle.
Dans les années 70, des films sud-africains politiquement neutre comme Lost in the desert et Kalahari connaissent un relatif succÚs à l'international.
Ă partir de 1976 et de lâavĂšnement de la tĂ©lĂ©vision, des cinĂ©astes de langue afrikaans comme Manie van Rensburg rĂ©alisent des fictions et sĂ©ries de bonne facture pour la tĂ©lĂ©vision nationale et le cinĂ©ma, notamment centrĂ©es sur la psychologie afrikaner comme Verspeelde Lente (1983), Die Perdesmous (1982) et The Native Who Caused All the Trouble (1989), sur les Afrikaners urbains comme Die Bankrower (1973), Die Vuurtoring (1984), Taxi to Soweto (1991 et sur les racines du nationalisme afrikaner comme Heroes (1985), et The fourth reich (1990)[51].
En 1980, la comĂ©die de Jamie Uys, Les dieux sont tombĂ©s sur la tĂȘte , rĂ©alisĂ©e en anglais est exploitĂ©e Ă l'exportation sous licence botswanaise pour cause d'apartheid. Le film est alors le plus grand succĂšs international cinĂ©matographique d'Afrique du Sud. Des films de camĂ©ra cachĂ©e sont alors Ă©galement exploitĂ©s sur le marchĂ© international avec un certain succĂšs par Jamie Uys et le comique Leon Schuster.
Les annĂ©es 1980 marquent la fin de la domination du cinĂ©ma en langue afrikaans marquĂ© par "Broer Matie" de Rautenbach, "Mamza" de Johan Blignaut, "Fiela se Kind" de Katinka Heyns, et la sĂ©rie "Veldslag" (1990) alors que la production anglophone, notamment pour les coproductions, commence Ă s'imposer (la mini-sĂ©rie "1922" consacrĂ©e Ă la lâinsurrection du Rand fut ainsi rĂ©alisĂ©e en anglais tout comme la sĂ©rie Shaka Zulu).
Si le cinĂ©ma en afrikaans se rarĂ©fie relativement, les comĂ©diens et cinĂ©astes dâorigine afrikaner font cependant carriĂšre dans la langue de Shakespeare. Si Sandra Prinsloo est pendant une dizaine dâannĂ©es la comĂ©dienne sud-africaine retenue pour les coproductions internationales de films et de sĂ©ries tournĂ©s en Afrique du Sud, lâacteur Arnold Vosloo et surtout lâactrice Charlize Theron mĂšnent une carriĂšre hors de leurs frontiĂšres nationales Ă Hollywood.
Durant les annĂ©es 2000, des courts mĂ©trages comme Triompheer de Jan-Hendrick Beetge et des films comme Promised Land par Jason Xenopoulos (2002), continuent de sonder lâinconscient des Afrikaners. Ainsi Promised Land, tirĂ© dâun roman de Karel Schoeman, dĂ©crit le retour dâun expatriĂ© afrikaner sur sa terre natale, situĂ©e dans une rĂ©gion rurale dĂ©sertique, oĂč il est confrontĂ© Ă des Afrikaners en Ă©tat de dĂ©shĂ©rence sociale et psychologique et nostalgiques de lâapartheid. Ce film, qui connaĂźt alors un succĂšs relativement important en Afrique du Sud, est le premier long-mĂ©trage sud-africain utilisant la technologie offerte par la camĂ©ra numĂ©rique Ă haute dĂ©finition. Il est aussi perçu par la communautĂ© blanche comme un film destinĂ© aux Noirs[52]. Cependant, durant les annĂ©es 2002 et 2003, aucun de ces films n'est tournĂ© en langue afrikaans[53].
Au dĂ©but des annĂ©es 2010, le sursaut et Ă la mobilisation de l'industrie cinĂ©matographique afrikaner autour de la langue afrikaans et de sa culture, permet que 40 % des productions sud-africaines soient des productions afrikaners le plus souvent tournĂ©es en afrikaans. En 2012-2013, le cinĂ©ma afrikaner affiche ainsi le record de 17 films sortis en salle, des films qui sont pour la plupart des Ćuvres de divertissement. Ce sursaut provient notamment de la frĂ©quentation importante des salles de cinĂ©ma par les Afrikaners, concomitamment au dĂ©veloppement de la tĂ©lĂ©vision privĂ©e en afrikaans sous la tutelle dâinstitutions dotĂ©es comme DStv.com[53].
Musique et danse
La musique afrikaans traditionnelle comme la "Boeremusiek" est musicalement similaire à la musique folk américaine.
L'opéra possÚde une certaine importance dans la culture des Afrikaners ; plusieurs chanteurs de classe mondiale continuent d'émerger d'Afrique du Sud.
La chanson en afrikaans la plus cĂ©lĂšbre est Sarie Marais (1900), dâailleurs adaptĂ©e de la mĂ©lodie amĂ©ricaine "Ellie Rhee" datant de la guerre de SĂ©cession. Sarie Marais relate la nostalgie des Afrikaners pour leur Transvaal sur fond de guerre des Boers.
Si les Afrikaners nâavaient pas de danse folklorique propre, la Volkspele Ă©mergea en 1914, inspirĂ©e de danses traditionnelles suĂ©doises.
En 2006, le gĂ©nĂ©ral boer Koos de la Rey fut le sujet dâune chanson Ă succĂšs dâun jeune chanteur afrikaner, Bok van Blerk, chanson qui valut Ă son auteur un double disque de platine. Elle eut un impact important sur la communautĂ© afrikaner en pleine recomposition de son identitĂ©. Certains y virent une apologie de lâĂšre des Afrikaners alors que dâautres se dĂ©clarĂšrent surpris par la profondeur des paroles. L'Ă©crivain afrikaner Rian Malan dĂ©clarait notamment que l'impact Ă©motionnel de la chanson De la Rey reflĂ©tait fidĂšlement les sentiments profonds de beaucoup de Blancs qui se sentaient exclus de la nouvelle Afrique du Sud[54]. Le refrain sans Ă©quivoque manifestait l'absence de leadership afrikaner en politique et appelait au rassemblement des Boers autour d'une nouvelle figure charismatique symbolisĂ©e par celle du gĂ©nĂ©ral De la Rey. En fĂ©vrier 2007, le clip illustrant la chanson a Ă©tĂ© titrĂ© "meilleure vidĂ©o musicale de lâannĂ©e" par MK89, la chaĂźne satellitaire de musique Ă dominante afrikaans.
Festivals
Depuis 1994, le Klein Karoo Nasionale Kunstefees Ă Oudtshoorn et, depuis 1998, le Aardklop festival Ă Potchefstroom dĂ©montrent la vivacitĂ© de la culture de langue afrikaans par le biais de spectacles de rues, de cabarets, de musiques, de danses ou dâart visuel drainant chaque annĂ©e plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, majoritairement afrikaners.
Sport
Le rugby Ă XV est le sport national (le rugby Ă XIII ayant Ă©tĂ© banni par le rĂ©gime de l'Apartheid[55] - [56]) de la communautĂ© blanche en gĂ©nĂ©ral et des Afrikaners en particulier. Plus que tout autre sport, il fut un miroir de la sociĂ©tĂ© civile et politique et fut par consĂ©quent dominĂ© par les Afrikaners. Le rugby a mĂȘme fini par devenir un symbole sportif constitutif de leur identitĂ© nationale presque au mĂȘme titre que lâappartenance Ă lâĂglise rĂ©formĂ©e hollandaise.
Câest le Springbok qui a donnĂ© son nom Ă lâĂquipe d'Afrique du Sud de rugby Ă XV, trois fois championne du monde, en 1995, 2007 et 2019. Cet emblĂšme a longtemps Ă©tĂ© perçu comme un symbole de la domination des Blancs dans le rugby sud-africain.
Les Afrikaners ont en effet toujours Ă©tĂ© sur-reprĂ©sentĂ©s au plus haut niveau des instances dirigeantes du rugby sud-africain, avec des personnalitĂ©s telles que Danie Craven (ancien capitaine, entraĂźneur et prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration sud-africaine de rugby) ou Louis Luyt. LâĂ©quipe nationale elle-mĂȘme fut Ă lâimage de la communautĂ© blanche et ses plus grands capitaines comme MornĂ© du Plessis, Naas Botha, Francois Pienaar Ă©taient aussi des Afrikaners.
DĂšs les annĂ©es 1920, les Afrikaners ont donnĂ© au rugby, sport importĂ© par les Britanniques, une place toute particuliĂšre. En mĂȘme temps, le rugby jouait un rĂŽle intĂ©grateur entre les communautĂ©s anglaise et afrikaner. En effet, les Afrikaners ont vite pratiquĂ© intensivement le rugby dĂšs le collĂšge. Ils trouvaient dans ce sport un corollaire aux fondements identitaires du peuple afrikaner fondĂ©s sur le rude mode de vie des Boers. LâUniversitĂ© de Stellenbosch, de langue afrikaans, symbolisa la stratĂ©gie des Ă©lites afrikaners quand elle devint rapidement une pĂ©piniĂšre de joueurs de rugby et que la South African Rugby Board fut dirigĂ©e par des membres du Broederbond. Ainsi, entre 1960 et 1972, sur un total de 58 rencontres, les 52 titulaires du capitanat springbok Ă©taient des Afrikaners membres du Bond[57].
Ă partir de 1984, la FĂ©dĂ©ration internationale de rugby se joignit Ă un embargo sportif contre lâAfrique du Sud en raison de sa politique ethnique. DorĂ©navant, les Springboks ne pouvaient plus se dĂ©placer Ă lâĂ©tranger pour se confronter Ă des Ă©quipes nationales ni en recevoir. Pour les Afrikaners, le rugby est un symbole si fort que, de toutes les sanctions sportives imposĂ©es contre lâAfrique du Sud, son boycott fut sans doute le plus douloureusement ressenti.
Pourtant, les Sud-Africains contournent lâembargo et, lors du centenaire de la FĂ©dĂ©ration sud-africaine de rugby, Dannie Craven parvient Ă monter une tournĂ©e mondiale avec des joueurs Ă©trangers invitĂ©s « Ă titre individuel » Ă venir jouer dans une Ă©quipe ad hoc contre les Springboks.
En 1992, lâembargo fut levĂ© Ă la suite de lâabolition officielle de lâapartheid en .
En 1995, lors de la Coupe du monde de rugby, la victoire finale des Springboks est marquĂ©e par le geste symbolique de Nelson Mandela revĂȘtant le maillot du capitaine afrikaner Francois Pienaar.
Une politique de discrimination positive menĂ©e Ă partir de 1995 par la mise en place de quotas, obligeant chaque Ă©quipe de province, Ă chaque niveau et pour chaque tranche dâĂąge, Ă intĂ©grer un certain nombre de joueurs de couleurs (noirs, coloureds ou indo-asiatiques), est cependant mal ressentie par la population afrikaner et par les instances sportives provinciales dirigĂ©es par cette communautĂ©. Le rugby se retrouve encore symboliquement au centre de la rĂ©sistance au changement de la sociĂ©tĂ© sud-africaine blanche, qui considĂšre cet Ă©pisode comme faisant partie dâune « campagne visant Ă se dĂ©barrasser des Afrikaners et Ă dĂ©truire leur culture ». Le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration sud-africaine de Rugby, Louis Luyt, finit mĂȘme par dĂ©missionner et fonder un parti dĂ©vouĂ© Ă la cause afrikaner, lâAlliance fĂ©dĂ©rale[57].
La mĂȘme annĂ©e, on note le timide retour officiel du rugby Ă XIII avec la premiĂšre participation de l'Ă©quipe d'Afrique du Sud Ă la Coupe du monde ; mais comme pour l'Ă©dition suivante en 2000, les « Rhinos » ne parviennent pas Ă dĂ©passer la phase des poules. Cette Ă©quipe est alors majoritairement composĂ©e d'Afrikaners ( Pierre Van Wyk, le seul marqueur de points pour son Ă©quipe, Guy Coombe, Andrew Ballot, François Cloete, Kobus Van Deventer[58]...).
En 2007, 21 des 30 sĂ©lectionnĂ©s de lâĂ©quipe des Springboks lors de la Coupe du monde de rugby Ă©taient des Afrikaners, parmi lesquels Schalk Burger et François Steyn. L'Ă©quipe remporta la coupe du monde pour la seconde fois de son histoire.
Cuisine
Le braaivleis (viande grillĂ©e de rumsteack ou de tournedos cuite au barbecue de bois) fait figure de cĂ©rĂ©monial identitaire des Afrikaners. Le braai dĂ©signe une rĂ©union entre amis, en plein air, dans un jardin ou sur une aire de pique-nique mais il reprĂ©sente aussi un acte social qui rassemble la classe moyenne blanche. Au dĂ©part, il sâagissait dâailleurs de cĂ©lĂ©brer le souvenir des Trekboers. Le braai sâaccompagne de biĂšre sud-africaine, de vin blanc du Cap et de petites saucisses Ă©picĂ©es Ă base de bĆuf, les boerewors (saucisses boers).
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la cuisine afrikaner est un mĂ©lange de plats dâinfluences europĂ©enne et orientale. Le biltong est la plus typique des spĂ©cialitĂ©s culinaires afrikaners. Il se prĂ©sente sous forme de viande (dâautruche, de koudou, de bĆufâŠ) ou de saucisse sĂ©chĂ©e, particuliĂšrement assaisonnĂ©e aux Ă©pices. Facile Ă conserver et Ă transporter, le biltong fut le met de rĂ©sistance des Trekboers durant leurs dĂ©placements dans lâintĂ©rieur du pays.
Le breddie est une sorte de ragoût de légumes ou de mouton parfumé au curry. Le potjiekos est un ragoût de viande cuit dans une marmite et les sosaties sont des brochettes.
Le bobotie, composĂ© de viande hachĂ©e revenue dans des oignons, parfumĂ©e au curry et baignĂ©e dans un mĂ©lange dâĆufs et de lait, est sans doute le plat le plus populaire.
Le snoek est une sorte de barracuda qui se fait sécher et saler.
En dessert, les spécialités afrikaners sont les koekesters (ou koeksisters en anglais), des beignets au miel trÚs sucrés, et la melktert, une tourte aux pommes servie avec de la crÚme et parfumée au brandy.
La biĂšre locale est de marque Castle, Lion lager ou Carling.
TĂ©moignages
« Ils Ă©taient racistes, trĂšs attachĂ©s Ă la terre, et gĂ©nĂ©reux. Envers les Noirs aussi. Jâai vu une famille dans son jardin qui fabriquait un cercueil pour la bonne noire - mon entourage de gauche nâaurait pas passĂ© un samedi aprĂšs-midi Ă faire ça ; ils auraient donnĂ© de lâargent Ă la famille. Mais tout en construisant le cercueil, ils faisaient des blagues pour savoir si la bonne allait rentrer dedans. Sâil fallait couper les jambes pour que ça tienne. Câest une contradiction qui dit notre histoire. »
â TĂ©moignage de David Goldblatt, photographe anglophone sud-africain, Ă propos de fermiers afrikaners, au dĂ©but des annĂ©es 1960 (Le Monde du )
« Je partage avec dâautres, noirs, bruns, blancs, cet endroit de la terre oĂč ma mĂšre et mon pĂšre sont enterrĂ©s, et mes grands-parents, et leurs ancĂȘtres, depuis des gĂ©nĂ©rations et des gĂ©nĂ©rations. Cela signifie que nous nous sommes assimilĂ©s par prĂšs de quatre siĂšcles de vie sur ce continent, et quâen retour nous avons assimilĂ© ces siĂšcles dans nos os et notre sang : les rythmes de sĂ©cheresse et dâinondation, les famines et lâabondance, les cruautĂ©s inhumaines et les meurtres et les privations, les rires et lâamour, la pitiĂ© et la gĂ©nĂ©rositĂ©. Tout ceci a eu un prix, et nous lâavons payĂ© parfois de mauvaise grĂące ou mĂȘme avec ressentiment, souvent avec joie et bonne volontĂ©. »
â TĂ©moignage de l'Ă©crivain afrikaner AndrĂ© Brink affirmant son droit Ă continuer Ă vivre en Afrique du Sud en 2008 en dĂ©pit de la situation politique et sociale du pays[59]
Personnalités afrikaners
Nombre de patronymes afrikaners sont dâascendance française huguenote. Parmi ceux-ci, on peut citer le joueur de rugby Ă XV Pieter de Villiers, joueur du Stade français et de lâĂquipe de France, ainsi que Daniel François Malan, ancien premier ministre, EugĂšne Terreblanche, dirigeant du mouvement dâextrĂȘme droite AWB, Constand Viljoen qui est une dĂ©formation en afrikaans du nom français Villon, ou encore lâactrice Charlize Theron.
On peut citer Ă©galement parmi les Afrikaners historiques les plus connus :
- Hendrik Potgieter (Voortrekker)
- Andries Pretorius (Voortrekker)
- Siener van Rensburg (en)
- Sarel Cilliers (Voortrekker)
- Piet Retief (Voortrekker)
- Petrus Jacobus Joubert (général boer)
- Marthinus Steyn
- Fritz Joubert Duquesne, espion boer et aventurier qui revendiqua la mort de Lord Kitchener
- Sailor Malan (1910-1963), pilote de la RAF et héros de la Seconde Guerre mondiale.
Parmi les personnalités contemporaines :
- Antjie Krog, poétesse, journaliste et universitaire
- Anton Rupert, homme d'affaires, fondateur de Richemont
- Athol Fugard, homme de théùtre, acteur et écrivain
- Beyers Naudé, théologien et militant anti-apartheid
- Bram Fischer, avocat et chef du Parti communiste
- Christiaan Barnard, chirurgien
- Constand Viljoen, ancien chef dâĂ©tat-major et ancien chef du Front de la libertĂ©
- Elon Musk, ingénieur, entrepreneur et milliardaire
- Ernie Els, golfeur
- Jan Breytenbach (en)
- Mike Horn
- Zola Budd
- Amanda Coetzer, joueuse de tennis
- Annelie Botes, Ă©crivain
- Gripsou, personnage fictif de l'univers de Picsou.
- John Smit, rugbyman
Notes et références
- Paul Coquerel, "l'Afrique du Sud des Afrikaners", Ă©ditions complexes, 1992, p. 60
- Jean SĂ©vry, professeur Ă l'universitĂ© de Montpellier III, L'Afrikaner vu par les historiens et les Ă©crivains : portraits ou caricatures ? dans Ăcritures et Histoire de l'Afrique du Sud, Palabres Vol. V, no 1, 2003, p. 38
- Paul Coquerel, LâAfrique du Sud des Afrikaners, p. 60 et S.
- William Bellamy, Une identitĂ© nouvelle pour lâAfrique du Sud, publications de la Sorbonne, 1996, p. 112 et s.
- Paul Coquerel, p. 63 et 64, ibid
- Floris Van Jaarsveld, the afrikaner's interpretation of South African history, Simondium, Le Cap, 1964, p. 9-10
- déclaration de Daniel François Malan en 1938 lors du centenaire du Grand Trek
- LâHistoire de notre pays dans la langue de son peuple, 1877, Le Cap
- Paul Coquerel, ibid, p. 62
- LâAfrique du Sud, Collection Life, 1965, p. 74
- Sheila Patterson, Le Dernier Trek, 1957, nouvelle Ă©dition 1982
- Dictionary of South African English
- Urban Dictionary
- Qualificatifs argotiques pĂ©joratifs Ă©voquant la salinitĂ© de leur appareil gĂ©nital au motif qu'ils auraient un pied en Afrique du Sud, l'autre au Royaume-Uni et le reste dans lâAtlantique[12] - [13]
- Recensement 2001
- BasĂ© sur une analyse des EnquĂȘtes Statistiques des MĂ©nages dâAfrique du Sud, lâauteur du rapport, Frans CronjĂ© estime le nombre de Sud-Africains blancs dans le pays Ă 4,3 millions, soit 841 000 de moins que les 5,2 millions de 1995
- International Institute for Applied Systems Analysis (2001)
- Hollfelder et al. 2019, Patterns of African and Asian admixture in the Afrikaner population of South Africa
- F.X. Fauvelle-Aymar, Histoire de lâAfrique du Sud, p. 296-297, 2006, Seuil
- Paul Coquerel, LâAfrique du Sud des Afrikaners, 1992, Ă©ditions complexe, p. 72
- Paul Coquerel, LâAfrique du Sud des Afrikaners, 1992, Ă©ditions complexe, p. 81-82
- William Bellamy, ibid.
- George McCall Theal, History of the Boers in South Africa (1887), History of South Africa (5 volumes. 1889-1900)
- P. Coquerel, p. 64 et s.
- William Bellamy, ibid, p. 113-114
- P. Coquerel, p. 65 et s.
- LâAfrique du Sud, ibid, p. 75
- P. Coquerel, p. 66
- Georges Lory, LâAfrique du Sud, Kartala, 1998, p. 59-60
- Adriaan van Dis, La Terre promise, Actes Sud, 1993, p. 84
- Paul Coquerel, p. 123-124
- P. Coquerel, p. 67
- La crainte que 8 millions de noirs ne se soulĂšvent et balayent les Afrikaners et leur culture de toute la surface de lâAfrique du Sud dĂ©finissent le swaartgevaar
- Hermann GiliomĂ©e, professeur de sciences politiques Ă lâuniversitĂ© du Cap, Une histoire en mosaĂŻque dans lâAfrique du Sud, riche, dure, dĂ©chirĂ©e", HS no 15, novembre 1985, Collection Autrement, p. 76
- Hermann Giliomée, ibid, p. 76
- Herman Giliomée, ibid, p. 76
- Voir article de Courrier International du 28 août 2003 sur les Afrikaners à la recherche de leur destin
- Die Kerkbode, organe officiel de la NGK citĂ© dans LâAfrique du Sud, Collection Life, 1965, p. 109
- Georges Lory, LâAfrique du Sud, Kartala, p. 70
- F.X. Fauvelle-Aymard, p. 347
- LâAfrique du Sud, Collection Life, 1965, p. 108
- Afrikaners go international, article de News24.com du 19 mai 2008
- F.X. Fauvelle -Aymar, p. 347.
- P. Coquerel, p. 113
- P. Coquerel, p. 114
- (3continents.com)
- Martin Botha et Samuel LeliĂšvre, Promised Land ou des Afrikaners face Ă eux-mĂȘmes, Ătudes africaines, 2004, p. 444
- Présentation du film Die Kandidaat
- Présentation de Katrina
- Présentation de Jannie Totsiens
- Présentation du film The Fourth Reich.
- Promised Land ou des Afrikaners face Ă eux-mĂȘmes
- Siegfried Forster, L'Afrique du Sud se déchire au cinéma, RFI, 4 juin 2013
- La controverse provoquée par un chanteur afrikaner
- AimĂ© Mouret, Le Who's who du rugby Ă XIII, Afrique du Sud, Toulouse, Ăditions de l'Ixcea, , 291 p. (ISBN 978-2-84918-118-8), p. 14 :
« Longtemps et particuliÚrement du temps de l'Apartheid, le XIII y était proscrit »
- André Passamar, L'encyclopédie de Treize Magazine, Afrique du Sud, Toulouse, Sud-Ouest Presse impression, 2Úme trimestre 1984, 169 p. (ASIN B0014I5GK6), p. 1
- Les jeux troubles du rugby sud-africain
- (en) The Rugby League World Cup : An illustrated history of rugby's oldest global tournament, Brighhouse, League Publications Ltd, , 489 p. (ISBN 9781901347203), p. 222-223
- TénÚbres à midi, article d'André Brink traduit de l'anglais par Jean-Charles Burou, paru dans le journal français Libération le 24 juillet 2008
Annexes
Littérature académique
- François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de lâAfrique du Sud, 2006, Le Seuil
- Herman Giliomee, The Afrikaners, Hurst & Co., 2003
- Afrique du Sud, Neos, Ă©ditions des voyages, 2002
- Georges Lory, Afrique du Sud, Kartala, 1998
- Bernard Lugan, Ces Français qui ont fait lâAfrique du Sud, Bartillat, coll. « Gestes », ĂtrĂ©pilly, 1996, 430 p, (ISBN 978-2-84100-086-9)'
- Adriaan van Dis, La Terre promise, Actes Sud, 1993 (récit de voyage chez les Afrikaners du Karoo)
- Paul Coquerel, LâAfrique du Sud des Afrikaners, Ăditions complexes, 1992, 303p
- Sheila Paterson, The Last Trek: A Study of the Boer People and the Afrikaner Nation, 1957, nouvelle Ă©dition 1982, Greenwood Press, Le Cap, (ISBN 978-0-415-32999-6)
- Dan O'Meara, Volkskapitalism: Class, Capital and Ideology in the Development of Afrikaner Nationalism, 1934-1948, Cambridge: Cambridge University Press, 2009, 300p. (ISBN 978-0-521-10467-8)
Romans historiques
- James Michener, L'Alliance (The Covenant (novel) (en)), 1980, édition française Points, 1986
- Wilbur Smith, les romans consacrĂ©s Ă la saga des Courtney (Quand le lion a faim, Coups de tonnerre, La Piste du chacal, Les feux du dĂ©sert, Le Royaume des tempĂȘtes, Le Serpent vert, Le Dernier Safari, La Piste du renard)
Filmographie
- Tant que soufflera la tempĂȘte (1955), film d'Henry King avec Tyrone Power et Susan Hayward
- Bonne espérance (1989) feuilleton français avec Jean-Pierre Bouvier et AgnÚs Soral
- Pour tout l'or du Transvaal (1979), feuilleton franco-belgo-sud-africain avec Yves RĂ©nier et Sandra Prinsloo
- Une saison blanche et sÚche (1989), film réalisé par Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland
- La Puissance de l'ange (1992), film de John G. Avildsen, avec Stephen Dorff et Morgan Freeman
- In My Country (2004), film de John Boorman, avec Samuel L. Jackson et Juliette Binoche
- Red Dust (2004) de Tom Hooper, avec Hilary Swank.
- The Heart of Whiteness (2005), film documentaire de Rehad Desai
- Au nom de la liberté (2006), film de Phillip Noyce, avec Tim Robbins
Articles connexes
Liens externes
- (en) Les Afrikaners dâAfrique du Sud
- (en) Le Grand Trek
- (en) "With the Boer Forces", par Howard C. Hillegas (1900)
- Les mythes afrikaners par Paul Coquerel
- La peur blanche - enquĂȘte du magazine L'Express du
- Promised Land ou des Afrikaners face Ă eux-mĂȘmes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :