Accueil🇫🇷Chercher

Broederbond

L'Afrikanerbond ou Afrikaner Broederbond ou simplement Broederbond (afrikaans pour « Ligue des frères afrikaners ») est une organisation fraternelle secrète et une « société d'entraide »[1], vouée à la promotion des intérêts de la communauté afrikaner en Afrique du Sud.

Broederbond
Histoire
Fondation
Cadre
Pays
Organisation
Site web

Histoire

Cette organisation secrète fut particulièrement impliquée dans la montée du nationalisme afrikaner et dans la réflexion et la mise en place du dogme de l'apartheid par le Parti national.

Durant la période de gouvernement nationaliste entre 1948 et 1994, les ministres, les officiers militaires, la plupart des hommes de l'église calviniste, des universitaires, des enseignants et des officiers de police étaient membres de cette organisation secrète.

La plupart des décisions importantes du gouvernement sud-africain, concernant notamment l'imposition puis le démantèlement de l'apartheid, auraient été d'abord discutées et décidées en son sein.

Depuis le début des années 1990, la ligue s'est ouverte aux femmes et aux personnes de couleur de la communauté afrikaans. Elle s'est fait également connaitre du grand public et continue d'exercer son influence comme médiateur entre les afrikaners et l'élite noire de l'ANC.


Les fondateurs du Broederbond en 1918. De gauche Ă  droite : D. H. C. du Plessis, J. Combrink, H. le R. Jooste.
Assis: L. J. Erasmus, H. J. Klopper, Ds W. Nicol, J. E. Reeler

En mai 1918, une association est fondée à Johannesbourg par trois jeunes Afrikaners dont le but est la défense des membres de leur communauté afin de recouvrer les droits perdus en 1902 à la fin de la seconde guerre des Boers. D'abord baptisée Jong Suid-Afrika, puis Afrikaner Broederbond (Ligue des frères Afrikaners), cette association qui rassemblait à son origine des pasteurs calvinistes, des employés des chemins de fer et des policiers, devient en 1921 une fraternité secrète, recrutant un nombre croissant d'instituteurs, de professeurs, d'universitaires et de politiciens. Ses membres ne sont que des hommes blancs et les conditions de sélection sont rigoureuses. Il faut être un Sud-Africain de langue maternelle afrikaans et membre de l'Église réformée hollandaise, être âgé de plus de 25 ans, avoir un revenu confortable et être parrainé par au moins deux membres de la fraternité.

Ă€ partir de 1927 (date de la renonciation au rĂ©publicanisme par le premier ministre James Barry Hertzog), le Bond va accroĂ®tre son activisme et Ă©tendre son influence et son audience au sein de la communautĂ© de langue afrikaans. Il va dĂ©finir l'identitĂ© de l'Afrikaner duquel il placera les intĂ©rĂŞts au-dessus de toutes les autres communautĂ©s d'Afrique du Sud. Son but est ainsi d'assurer le baasskap, c’est-Ă -dire la domination des Afrikaners sur les diffĂ©rentes ethnies du pays. Il prĂ©conise de dĂ©velopper la culture afrikaans, l'Ă©conomie afrikaans et d'infiltrer puis de prendre le pouvoir politique aux Afrikaners modĂ©rĂ©s et aux anglophones. Le Broedebond s'investira notamment dans la SANLAM (South African National Life Assurance Company), une compagnie d'assurance afrikaner fondĂ©e en 1918 et chargĂ©e de rĂ©colter l'Ă©pargne afrikaner refusĂ©e par les banques britanniques[2]. Le Bond crĂ©a des fondations culturelles comme la Federasie van Afrikasse Kultuurverenigings (FAK) auxquelles s'affilièrent 4 000 associations afrikaners, la fondation Voortrekker (scoutisme), la Volkskas (banque du peuple), une banque coopĂ©rative ou encore l'Afrikaanse Handelsinstituut (Chambre de commerce afrikaner).

En 1934, la fusion du Parti national de Hertzog avec le Parti Sud africain de Jan Smuts dans le Parti uni provoque une véritable consternation parmi les Afrikaners radicaux qui se regroupent derrière Daniel François Malan et son parti national purifié. En fait, Malan et les députés qui l'avaient suivi pour maintenir en vie le Parti national étaient essentiellement des membres du Broederbond. Débarrassé des modérés qui avaient suivi Hertzog au Parti Uni, le Parti national devenait la vitrine politique du Broederbond. C'est ainsi que dans le Transvaal et l'État libre d'Orange, la plupart des affiliés du NP étaient des "frères". La ligue se servira ainsi du Parti national comme outil politique et courroie de transmission de ses résolutions.

En 1947, le Broederbond prit le contrôle du bureau sud-africain des affaires raciales (South African Bureau of Racial Affairs -SABRA). C'est en son sein que le concept de ségrégation totale au travers du dogme de l'apartheid est finalisé.

Les circonscriptions électorales sont alors redécoupées favorisant les circonscriptions rurales. Aux élections de juin 1948, bien que minoritaire en voix, le Parti national remporta alors les élections générales avec leurs alliés du Parti afrikaner grâce à la surreprésentation des votes ruraux aux dépens des votes citadins favorables au Parti uni. Dans le premier gouvernement afrikaner de Daniel Malan, seuls deux ministres n'étaient pas membres du Broederbond (Eric Louw et Nicolaas Havenga).

De 1948 à 1994, tous les premiers ministres et présidents furent membres du Broederbond ainsi que près de 80 % des membres des gouvernements afrikaners [3]. En 1982, les tensions au sein du Broederbond furent traduites aussi en politique avec la création du Parti conservateur mais l'organisation resta liée au parti national. C'est aussi en son sein que le démantèlement de l'apartheid fut d'abord approuvé tout comme les négociations constitutionnelles avec l'ANC.

La fin du secret

En 1993, le Broederbond mit fin au secret. Il se rebaptisa Afrikanerbond, s'ouvrit aux femmes et aux différentes ethnies. Son but est dorénavant de :

"(a) mobiliser les talents et le leadership des membres de langue afrikaans;
(b) être au service des Afrikaners et des intérêts de tous les Sud-africains;
(c) aider à la protection et à la promotion des intérêts de la communauté de langue afrikaans;
(d) de promouvoir la justice, l'honnêteté, l'égalité en droit, la loyauté et les valeurs éthiques."

La filiation avec le parti national prit fin en 1994. La ligue se veut dorénavant apolitique.

Sa langue de communication et de débat demeure l'afrikaans.

Structure interne

Le Broederbond se composait de 5 structures [4]:

  • le Bondsraad : la plus haute autoritĂ© qui se rĂ©unit annuellement avait une fonction lĂ©gislative. ComposĂ©e des reprĂ©sentants de toutes les cellules et du Conseil FĂ©dĂ©ral (Uitvoerende Raad), elle discutait et votait sur les rapports et les recommandations avancĂ©es par le conseil fĂ©dĂ©ral, sur les rĂ©solutions proposĂ©es par les cellules et actait sur tout ce qui concernait la religion, l'Ă©conomie et la politique. Ses membres dĂ©terminaient le budget et Ă©lisaient ceux du conseil fĂ©dĂ©ral. Tous les membres du Bond avaient vocation Ă  ĂŞtre membres du Bondsraad mais seuls ceux du conseil fĂ©dĂ©ral Ă©taient habilitĂ©s Ă  voter.
  • le Uitvoerende Raad (conseil fĂ©dĂ©ral): le gouvernement exĂ©cutif du Bond composĂ© de 11 membres Ă©lus et de 5 membres cooptĂ©s. Il se rĂ©unit 5 Ă  6 fois par an.
  • le Dagbestuur : organe de direction du conseil fĂ©dĂ©ral, chargĂ© de la gestion courante et des affaires urgentes
  • le Streeksrade et le Sentrale Komitee : conseil rĂ©gional et central
  • les cellules : composĂ©es de 5 Ă  20 membres et rĂ©parties sur tout le territoire sud-africain

Présidents du Broederbond

Membres du Broederbond

Bibliographie

  • Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Ă©ditions complexe, 1992, 303 p.
  • T.R.H. Davenport, South Africa: A Modern History, MacMillan Academic and Professional Ltd, 1991.
  • J.H.P. Serfontein, Brotherhood of Power: An Expose of the Secret Afrikaner Broederbond, Indiana University Press, 1978.
  • Ivor Wilkins & Hans Strydom, The Super-Afrikaners. Inside the Afrikaner Broederbond, Ă©d. Jonathan Publishers, Johannesbourg, 1978, 768 p.
  • Ali A. Mazrui, Christophe Wondji, L'Afrique depuis 1935, UNESCO Ă©ditions, 1998.

Romans

Notes et références

  1. Article de Afrique pluriel.
  2. Nancy Clark et William Worger, The rise and fall of apartheid, Pearson Prentice Hall, 2004, 180 p, p 27
  3. C. Bloomberg, Christian-Nationalism and the Rise of the Afrikaner Broederbond in South Africa 1918-1948, The MacMillan Press Ltd. 1990
  4. Andrew Meeres, Organization of The Afrikaner Broederbond Structure of the Secret Society of Broeders, 4 mai 2009

Article connexe

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.