Tritium dans l'environnement
Le tritium est un isotope radioactif de l'hydrogÚne à période radioactive de 12,32 ans.
Il est naturellement prĂ©sent Ă dose infime dans l'environnement (3,6 kg pour la planĂšte entiĂšre[1]). Mais il a Ă©tĂ© introduit en quantitĂ© plus importante dans l'air, l'eau, les sols, les organismes et les Ă©cosystĂšmes, principalement par les essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques (avec un pic en 1961), puis par les installations nuclĂ©aires de production dâĂ©lectricitĂ© et les installations impliquĂ©es dans le cycle du combustible[2].
Il n'est pas considĂ©rĂ© comme dangereux tant qu'il est Ă l'extĂ©rieur des organismes vivants (la peau morte superficielle suffit Ă bloquer son rayonnement, qui ne parcourt pas plus de 1 ”m en moyenne dans l'eau) ou tant qu'il y circule avec l'eau libre. Mais comprendre la maniĂšre dont il circule dans l'environnement et le rĂ©seau trophique est un enjeu d'Ă©valuation environnementale et de santĂ© car « Le tritium peut poser un risque pour la santĂ© sâil est ingĂ©rĂ© par la consommation dâeau ou de nourriture, ou sâil est inhalĂ© ou absorbĂ© par la peau »[3] en particulier s'il est intĂ©grĂ© dans certaines molĂ©cules organiques, dont l'ADN des chromosomes[4].
Dans le monde avec notamment lâAgence internationale de l'Ă©nergie atomique[5] - [6] - [7] - [8], des scientifiques cherchent Ă mieux comprendre la cinĂ©tique environnementale du tritium. En France l'ASN a mis en place un groupe de travail sur ce thĂšme (en 2008), et a publiĂ© un premier rapport sur le tritium dans l'environnement, puis un second rapport en 2017[2]. Selon l'IRSN « une construction de nouveaux rĂ©acteurs ou lâĂ©volution des modes de gestion des combustibles nuclĂ©aires sont susceptibles de conduire Ă une augmentation des rejets de tritium ».
Formes physico-chimiques du tritium
Dans l'environnement il est présent sous plusieurs formes (naturelles ou anthropiques) de HT ou HTO, et[9]:
- dans des molécules organiques dissoutes dite « marquées » (molécules de synthÚse tritiées) ;
- particules organiques (détritiques ou fraßches) ;
- particules fines ou nanoparticules dâorigine technogĂ©nique (origine artificielle) ;
- molécules déjà intégrées dans des organismes vivants (fixes ou mobiles) ;
Chacune de ces formes circule par des voies et avec des taux de transfert et dâassimilation potentiellement diffĂ©rents[9].
Le tritium naturel
En 1951 Gross & al. ont estimĂ©[10] que dans l'environnement terrestre, le tritium (3H) Ă©tait spontanĂ©ment produit (essentiellement dans la haute atmosphĂšre) par spallation des atomes dâazote 14 (ainsi que d'oxygĂšne et d'argon) par les rayons cosmiques. Il ne reprĂ©sente selon eux que 10â16 % de lâhydrogĂšne naturellement prĂ©sent[10]. Ils ont proposĂ© comme unitĂ© de mesure une « unitĂ© de tritium » (u.t.) Ă©quivalente Ă une concentration dâun atome de tritium pour 1018 atomes dâhydrogĂšne[10], mais les taux de tritium sont aujourdâhui plutĂŽt dĂ©crits en unitĂ©s dâactivitĂ© radioactive (Bq par litre dâeau), oĂč un « u.t. » est Ă©quivalent Ă 0,119 Bq/L[11] d'eau pure pour une masse volumique de 1 kg/L.
Sa demi-vie courte (par rapport aux temps géologiques) fait que le tritium naturel est en « quasi-équilibre » entre la production et la désintégration. Il ne peut donc pas significativement s'accumuler dans l'atmosphÚre.
- Dans l'atmosphĂšre : Au dĂ©but des annĂ©es 1960, le taux de tritium dans lâair (rapport T/H) est environ 103 Ă 104 fois plus Ă©levĂ©es que dans les eaux mĂ©tĂ©oritiques (pluie, neige...), bien que les quantitĂ©s dâhydrogĂšne gazeux dans lâair soient 104 fois infĂ©rieures Ă la quantitĂ© moyenne de vapeur d'eau[12] - [13] - [14] - [15] - [16]. Le tritium de l'air est presque entiĂšrement lessivĂ© par les prĂ©cipitations.
- Dans l'eau (hydrosphĂšre) : On trouve 90 Ă 99,78 % du tritium connu, surtout dans les ocĂ©ans (presque 99 %)[12] - [17]. Le taux de tritium en milieu naturel « non perturbĂ© » n'a jamais pu ĂȘtre mesurĂ©, puisque les essais nuclĂ©aires, les bombes nuclĂ©aires d'Hiroshima et Nagasaki, puis l'industrie nuclĂ©aire civile ont rĂ©pandu du tritium sur toute la planĂšte avant qu'on ne commence Ă le mesurer dans la biosphĂšre. D'aprĂšs l'AIEA (1967) la modĂ©lisation fait estimer Ă environ 5 u.t. la concentration de tritium naturelle des prĂ©cipitations ; soit une activitĂ© spĂ©cifique moyenne dâenviron 0,6 Bq/L[18]. Dans les eaux de surface, le tritium naturel serait prĂ©sent Ă des taux variant de 0,37 Ă 1,11 Bq/L[19].
Un stockage-tampon existe en zone polaire[20] (En antarctique, « les pics ÎČ et le tritium se produisent respectivement durant l'Ă©tĂ© antarctique et l'hiver antarctique, montrant les mĂ©canismes d'injection diffĂ©rents. Cette entrĂ©e d'hiver et les valeurs Ă©levĂ©es de tritium enregistrĂ©e au pĂŽle Sud indiquent un transfert de tritium prĂ©fĂ©rentiels sur la zone polaire. Deux mĂ©canismes, la stratosphĂšre-troposphĂšre Ă©change direct et la prĂ©cipitation des nuages stratosphĂ©riques pourraient rendre compte de cette injection »[20]), aujourd'hui perturbĂ© par une fonte accĂ©lĂ©rĂ©e des glaces et neiges de surface, au pĂŽle nord notamment.
LâUNSCEAR a estimĂ© l'activitĂ© de l'inventaire global du tritium naturel Ă environ 1,3 ĂâŻ1018 Bq (soit 3,6 kg)[1].
- Dans la biosphĂšre, la production naturelle annuelle totale de tritium serait selon le CEA de 150 Ă 200 grammes, soit une radioactivitĂ© de 5,01 ĂâŻ1016 Ă 7,4 ĂâŻ1016 Bq/an. (3 ĂâŻ1018 Bq, ou de 50 ĂâŻ1015 et 70 ĂâŻ1015 Bq selon le CEA[1]).
- Une production tellurique (souterraine) existe, mal quantifiée mais qui semble trÚs faible face à la production aérienne.
Le tritium anthropique
Il est émis dans l'air, l'eau et les sols par l'humain depuis les années 1940, à des doses dépassant de loin les taux naturels, via deux sources principales : les installations nucléaires (civiles et militaires)[21] et les explosions nucléaires (essais nucléaires atmosphériques notamment).
- Les essais thermonuclĂ©aires : de 1945 Ă 1963, les essais nuclĂ©aires des bombes A ou H ont rejetĂ© dans l'atmosphĂšre 1,7 ĂâŻ1020 Bq de tritium (des premiers essais Ă 1976) selon lâUNSCEAR (1977)[22] ou environ 650 kg de tritium selon le CEA[1] et dans les annĂ©es 1995, il devait encore en rester 65 kg[1]. En 2000, environ 90 % du rayonnement Ă©mis par ces essais avait disparu du fait de la dĂ©croissance radioactive selon l'IRSN[23].
- La production et le maintien en conditions opĂ©rationnelles d'armes thermonuclĂ©aires Ă©met aussi du tritium, parce que ce tritium doit ĂȘtre produit industriellement. Par exemple, en France, le seul centre de Valduc du CEA, a ainsi dĂ©clarĂ© pour la seule annĂ©e 1999 267 TBq d'activitĂ© (un peu moins d'un gramme, soit l'Ă©quivalent du rejet d'une trentaine de rĂ©acteurs de centrales nuclĂ©aires) pour ses rejets gazeux ; sous forme HTO (eau tritiĂ©e) pour environ 70 % et sous forme HT (dihydrogĂšne tritiĂ©) pour 30 %[24].
- La recherche sur la fusion nuclĂ©aire, comme ITER, peut Ă©mettre aussi du tritium, parce que ce tritium est nĂ©cessaire pour atteindre une fusion nuclĂ©aire, et qu'il doit ĂȘtre produit industriellement d'une maniĂšre ou d'une autre.
- Les installations nucléaires : le rejet de tritium varie selon la puissance du réacteur, son combustible, et de son taux de burn-up (taux de « combustion»)[25]. Les réacteurs à eau sous pression en produisent par activation des éléments légers (Bore et Lithium) du circuit primaire.
C'est aussi un produit de fission de la rĂ©action elle-mĂȘme (0,01 % des fissions). Un rĂ©acteur de 900 MWe rejette environ 10 TBq/an (soit 0,03 g/an). Les taux de production par fission sont similaires pour tous les types de rĂ©acteurs Ă neutrons thermiques et sont de lâordre de 520 TBq GWeâ1 anâ1 ; le taux de production dans les rĂ©acteurs Ă neutrons rapides est par contre un peu plus important, de lâordre de 740 TBq GWeâ1 anâ1, compte tenu des rendements de fission ternaire diffĂ©rents pour les isotopes de lâU et du Pu en spectre de neutrons rapides[26].
RĂ©acteurs, usines de retraitement et production d'armes avaient de 1950 Ă 1997 dĂ©jĂ dispersĂ© environ 297 PBq de tritium, auxquels il faut ajouter 2,8 PBq de carbone 14, selon l'Ă©valuation faite par l'UNSCEAR en 2000[27]. Les installations nuclĂ©aires en produisaient 0,005 mSv/an selon lâUNSCEAR en 2000. Selon le CEA, de 1995 Ă 1997, les rĂ©acteurs Ă eau lĂ©gĂšre en ont rejetĂ© chacun en moyenne 2,4 ĂâŻ1012 Bq sous forme gazeuse et 1,9 ĂâŻ1013 Bq sous forme dâeau tritiĂ©e par an (UNSCEAR 2000).
L'usine de la Hague en France produirait environ 10 ĂâŻ1015 Bq de tritium par an (pour 1 600 t de dĂ©chets retraitĂ©s)[25].
Les rejets anthropiques dans l'environnement sont volontaires ou accidentels. Leurs formes et localisation ont beaucoup changé depuis les années 1950.
Rejets de l'industrie et des installations nucléaires
Depuis l'arrĂȘt des essais nuclĂ©aires dans l'atmosphĂšre, le tritium artificiel est principalement rejetĂ© dans l'air et l'eau par les installations nuclĂ©aires. Il est â avec le carbone 14 â l'un des deux radionuclĂ©ides les plus Ă©mis dans lâenvironnement par les installations nuclĂ©aires en fonctionnement normal[2].
Les réacteurs nucléaires et l'industrie nucléaire produisent et libÚrent du tritium :
- lors de réactions de fission ;
- par activation du circuit primaire (« poison » consommable au bore pour les PWR, eau lourde des réacteurs CANDU) ;
- par « dégazage » volontaire à partir du combustible « usé », notamment lors du retraitement des déchets nucléaires (principale source) ;
- involontairement, via des fuites dans les centrales, ou Ă partir de leurs sites de stockages ou d'autres installations. Ces fuites et le risque de nouvelles fuites augmentent avec le vieillissement des centrales[33].
Dans les rĂ©acteurs Ă eau, du tritium (12,32 ans, ÎČ- de 0,018 6 MeV) est produit dans l'eau, par activation des Ă©lĂ©ments lĂ©gers (bore et lithium) prĂ©sents dans le circuit primaire. Un rĂ©acteur de 900 MWe rejette de l'ordre de 10 TBq/an (soit 0,03 g/an).
Les rĂ©acteurs Ă eau lourde produisent Ă©galement du tritium par activation du deutĂ©rium ; toutefois dans ce dernier cas une partie du tritium produit est valorisĂ© et commercialisĂ© pour divers usages industriels. GrĂące aux rĂ©acteurs CANDU, le Canada est ainsi le 1er producteur mondial de tritium. Ce tritium valorisĂ© ne peut donc pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un dĂ©chet stricto sensu.
Selon leur durée de vie, leur niveau de radioactivité, et qu'ils soient ou non dégazants, les déchets tritiés font l'objet de traitements différents[34].
Gestion des rejets, autorisations, Ă©volutions
Sans valorisation économique envisageable, ce déchet radioactif réputé peu dangereux a été en trÚs grande partie libéré dans l'air et l'eau.
Futur combustible des projets de rĂ©acteurs ITER, il pourrait acquĂ©rir une valeur Ă©conomique, mais on ne sait pas aujourd'hui Ă coĂ»t raisonnable le filtrer, l'isoler ou le stocker correctement. Cet atome Ă©tant actif et parmi les plus petits (sous forme gazeuse), il se diffuse par les porositĂ©s les plus fines, traversant par exemple le caoutchouc et diffusant au sein mĂȘme de la plupart des types d'aciers. Il peut s'Ă©vaporer, se diluer dans de l'eau et pĂ©nĂ©trer tout bĂ©ton non protĂ©gĂ© par une couche spĂ©ciale.
Arguant de sa faible radiotoxicité et de sa dilution isotopique aisée dans l'eau, les gros producteurs de tritium ont demandé (et obtenu de l'Autorité de sûreté nucléaire, du fait que ces rejets conduisent à des expositions inférieures aux limites légales) des normes leur permettant de disperser et de diluer le tritium dans l'environnement.
- Les usines de production de plutonium de la Hague ou de Sellafield ont des limites de rejets leur permettant de rejeter en mer ou dans l'air la quasi-totalité du tritium qu'elles produisent ou doivent gérer.
- Les usines de retraitement de la Hague peuvent rejeter en mer 1 400 fois plus de tritium que ce qui est autorisĂ© pour le rĂ©acteur de la centrale nuclĂ©aire de Gravelines, Ă©galement situĂ© en bord de la mer et Ă proximitĂ© de grandes zones de pĂȘche, mais dans une zone plus urbanisĂ©e et avec des courants cĂŽtiers moins forts.
- L'usine de retraitement de la Hague a depuis 2007 une autorisation de rejet de 18 500 TBq (térabecquerels) par an sous forme liquide, et de 150 TBq par an sous forme gazeuse. Cette usine a déclaré, en 2018, 11 400 TBq de tritium dans ses rejets liquides[35].
L'usine de la Hague est une des sources mondiales les plus importantes de tritium en mer : malgré la forte capacité de dilution du tritium dans l'eau, il est évalué à 3 à 30 Bq/l prÚs de l'usine, soit 15 à 150 fois plus que la moyenne[30] - [31] - [32] ;
- Au Royaume-Uni, en 1997, les rejets gazeux de tritium de l'usine de Sellafield (GB) ont été de 170 TBq et les rejets liquides de 2 600 TBq (BNFL, 1997[36]). Une autre usine en a rejeté aussi des quantités importantes dans la riviÚre Severn.
- En France, selon l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN), les « activitĂ©s » des rejets d'autres radionuclĂ©ides ont diminuĂ© dâun facteur 100 (voire plus) des annĂ©es 1985 aux annĂ©es 2005-2010, mais « les activitĂ©s en tritium et en carbone 14 restent globalement constantes, voire augmentent pour certaines installations »[37]. Cela Ă©tant, « lâimpact global de ses rejets, en France, est faible ; la dose efficace annuelle pour les groupes de rĂ©fĂ©rence est infĂ©rieure au ou de lâordre du ÎŒSv. »[38].
Sources non militaires et non nucléaires de tritium
Il s'agit :
- d'usages médicaux (traceur utilisé pour certains diagnostics, éliminé par les urines essentiellement) ;
- d'un usage de traceur par les industries pétroliÚre et gaziÚres ;
- de la destruction volontaire ou accidentelle de matériels civils ou militaires non nucléaires contenant du tritium.
Ce tritium peut, par exemple, provenir d'armes (systĂšmes de visĂ©e), d'anciennes peintures luminescentes d'horlogerie (lĂ oĂč le tritium a remplacĂ© le radium 226, Ă partir des annĂ©es 1960), de matĂ©riel d'affichage lumineux de sĂ©curitĂ©, de tritium mĂ©dical ou perdu par des laboratoires de recherche, du tritium parfois utilisĂ© comme traceur par l'exploration pĂ©trogaziĂšre ou pour certaines Ă©tudes d'hydrogĂ©ologie/hydrologie[39] - [40] - [41] et â bien que cela soit rĂ©glementĂ© dans certains pays (comme aux Ătats-Unis avec la nĂ©cessitĂ© d'une autorisation de l'US EPA ou en France[42]) â de capsules de tritium gazeux utilisĂ©es dans certaines montres ou gadgets (dits « trasers »)[43], qui font l'objet d'un commerce illĂ©gal (et Ă©ventuellement dangereux si les quantitĂ©s impliquĂ©es sont importantes). Ă titre d'exemple, du tritium provenant probablement d'objets de ce type a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans les lixiviats de certaines dĂ©charges municipales, et est donc probablement prĂ©sent dans les fumĂ©es ou cendres d'incinĂ©rateurs[44]. En Californie des taux moyens de 3 663 Bq/L et jusqu'Ă 11 248 Bq/L ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans de tels lixiviats. Ce tritium peut aussi recontaminer l'air, via les condensats de gaz de dĂ©charge oĂč l'on a trouvĂ©, par exemple, du tritum Ă dose de 2 013 Bq/L au Royaume-Uni et 18 981 Bq/L en Californie. Ces niveaux de contamination peuvent atteindre ou dĂ©passer le niveau admissible pour de l'eau potable (de l'ordre de 10 000 Bq/l, voir eau tritiĂ©e).
Marquages et pollutions au tritium
Le tritium est probablement la matiĂšre radioactive la plus difficile Ă confiner : ainsi, en 2011, 48 de 65 sites nuclĂ©aires amĂ©ricains Ă©tudiĂ©s au regard de la rĂ©glementation nuclĂ©aire des Ătats-Unis avaient dĂ©clarĂ© au moins une fuite de tritium. Et dans au moins 37 de ces Ă©tablissements, les concentrations d'eau polluĂ©e par le tritium dĂ©passaient les normes fĂ©dĂ©rales pour l'eau potable, parfois de plusieurs centaines de fois[33].
La plupart de ces fuites ont été confinées aux périmÚtres de l'usine (via des pompages et retraitement in situ notamment), mais leur panache a contaminé l'environnement périphérique dans plusieurs cas (sans toutefois toucher le réseau public de distribution d'eau)[33]. Des puits privés étaient touchés à proximité dans trois cas. Dans un autre cas (New Jersey), le tritium a fui dans un aquifÚre et vers l'Atlantique via un canal de décharge se jetant dans la baie de Barnegat (Barnegat Bay)[33].
Dans quelques cas les fuites ont eu lieu à cause de matériel déficient ou à la suite d'erreurs de manipulation (par exemple, libération en 2008 d'une eau à 7,5 millions de picocuries par litre soit 375 fois la limite de l'EPA) à partir d'une tuyauterie souterraine à Quad Cities, dans l'Ouest de l'Illinois), mais le plus souvent il s'agissait de fuites dans des tuyaux souterrains voire noyés dans le béton (qui n'est pas étanche au tritium)[33].
Certaines fuites sont restées inconnues durant des années[33]. Une des fuites les plus graves connues date de 2002, détectée prÚs d'une piscine de désactivation de combustible usagé de la centrale nucléaire de Salem (construite sur une ßle artificielle dans le New Jersey), la nappe était localement contaminée à hauteur 15 millions de picocuries par litre (soit 750 fois la norme EPA pour l'eau potable)[33]. Dans la Centrale nucléaire de Prairie Island, une fuite importante a été détectée en 1989 via l'analyse de l'eau du puits d'un terrain voisin ; elle provenait d'un canal de décharge de déchets radioactifs[33]. La Centrale nucléaire de Braidwood a perdu plus de 23 000 m3 d'eau tritiée, à l'occasion de plusieurs fuites datant des années 1990, mais qui n'ont été déclarées qu'en 2005[33].
Les reprĂ©sentants du CNRC et des exploitants soutiennent que les marges de sĂ©curitĂ© peuvent ĂȘtre assouplies sans pĂ©ril, mais des critiques estiment que ces fuites jettent un doute sur la fiabilitĂ© des systĂšmes de sĂ©curitĂ© d'urgence des 104 rĂ©acteurs nuclĂ©aires situĂ©s sur ces 65 sites, et qu'un dĂ©ficit de contrĂŽle a Ă©tĂ© justifiĂ© par des arguments commerciaux et que plusieurs de ces fuites pourraient ĂȘtre des indices de risque d'accidents pour les rĂ©acteurs qui perdent ainsi de l'eau tritiĂ©e[33]. Le tritium peut aussi devancer l'arrivĂ©e d'autres isotopes plus lourds et moins mobiles, mais plus dangereux (ex. : en 2007 du cĂ©sium 137 a Ă©tĂ© trouvĂ© associĂ© au tritium sous le site nuclĂ©aire de Fort Calhoun (prĂšs d'Omaha, Nebraska). De mĂȘme du strontium 90 (puis du nickel 63[45]) avaient Ă©tĂ© trouvĂ©s avec le tritium en 2005 sous un complexe nuclĂ©aire (Indian Point nuclear power complex) qui abrite 2 rĂ©acteurs, Ă 25 miles au nord de New-York[33].
Aspects historiques
Il y aurait environ 3,5 kg de tritium naturel Ă lâĂ©chelle planĂ©taire. Au fur et Ă mesure de la dĂ©croissance radioactive de ce stock, il est renouvelĂ© par l'apparition (dans l'atmosphĂšre essentiellement) de 200 grammes environ de tritium natif, en moyenne et par an).
S'y ajoutent aujourd'hui des apports artificiels Ă©mis durant plus de 50 ans, introduits dans la biosphĂšre Ă partir des annĂ©es 1940-1950. Ces apports historiquement trĂšs rĂ©cents sont importants, mais mal mesurĂ©s (des mesures historiques plus prĂ©cises nĂ©cessiteraient de rechercher lâhĂ©lium 3 â son produit de dĂ©gradation radioactive â, ce qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© fait[46]).
Alors que les quantitĂ©s de tritium augmentaient fortement dans l'air, diverses autoritĂ©s se sont intĂ©ressĂ©es Ă son devenir dans la biosphĂšre (Ă partir des annĂ©es 1950[10] et plus encore aprĂšs les annĂ©es 1960) Ă la suite de sa trĂšs large diffusion par les premiĂšres explosions nuclĂ©aires et par les essais nuclĂ©aires (de 1945 Ă 1980). Les premiers essais atmosphĂ©riques l'ont introduit directement dans l'atmosphĂšre : au dĂ©but des annĂ©es 1960, on a trouvĂ© durant plusieurs annĂ©es jusqu'Ă 1000 fois plus de tritium que la normale dans les prĂ©cipitations de l'hĂ©misphĂšre nord, Ă la suite des dizaines d'essais nuclĂ©aires faits dans l'atmosphĂšre (avec un pic trĂšs marquĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1960 dans les un Ă deux ans suivant les pics d'essais)[47] - [48]. Ce tritium a en grande partie Ă©tĂ© lessivĂ© par les pluies vers les ocĂ©ans. Comme d'autres radionuclĂ©ides anthropiques, il s'y est largement homogĂ©nĂ©isĂ© (les teneurs en 3H, 14C, 90Sr et 129I des eaux de surface de l'ocĂ©an Indien sont aujourdâhui comparables Ă celles mesurĂ©es au nord-ouest de l'ocĂ©an Pacifique[49]), mais certains gyres en ont conservĂ© des concentrations plus Ă©levĂ©es[49] qui devraient persister plusieurs dĂ©cennies[50].
« Depuis 1963, puis avec l'arrĂȘt des essais nuclĂ©aires, les valeurs extrĂȘmes temporaires de la concentration de tritium ont diminuĂ© »[51]. Elles se sont stabilisĂ©es aux valeurs jugĂ©es naturelles en hiver, mais persistent « Ă des valeurs qui sont Ă peu prĂšs le double des concentrations naturelles en Ă©tĂ© »[51].
Ces diffĂ©rences saisonniĂšres montraient qu'il existe un cycle annuel (bi-annuel aux pĂŽles) et laissaient penser que l'Ă©vapotranspiration, liĂ©e Ă la photosynthĂšse, est source importante ou significative de rĂ©-Ă©mission dans l'air. Les rĂŽles de la mĂ©tĂ©o et de l'Ă©vapotranspiration ont Ă©tĂ© confirmĂ©s, par exemple, par des Ă©tudes rĂ©centes aux Ătats-Unis et en Australie pour le cas des arbres[52] - [53]. L'une de ces Ă©tudes rĂ©centes (2011) a ainsi mis en Ă©vidence une activitĂ© atteignant 390 000 Bq/l pour le tritium (pour une valeur mĂ©diane de 5 400 Bq/l) dans le « panache » souterrain de lixiviation d'une dĂ©charge ayant reçu des dĂ©chets faiblement radioactifs de 1960 Ă 1968 (prĂšs de l'installation de Lucas Heights, au sud de Sydney, en Australie)[52]. Sous ce site, le tritium a Ă©tĂ© le seul radionuclĂ©ide retrouvĂ© dans le sous-sol et l'eau. Il s'en Ă©chappait en quantitĂ© assez significative pour dĂ©passer le niveau de fond mesurĂ© autour de l'installation. Depuis 1968, le panache d'eau tritiĂ©e a migrĂ© de la dĂ©charge Ă au moins 100 m de la zone source, avec des variations temporelles expliquĂ©es par des variations mĂ©tĂ©orologiques (pĂ©riodes plus ou moins sĂšches ou humides)[52].
Les enjeux Ă©voluent, passant (hormis en cas d'accidents graves) de la prise en compte de phĂ©nomĂšnes de diffusion globale et ponctuelles dans l'environnement, via l'atmosphĂšre (dans les annĂ©es 1950-1960), Ă la prise en compte et gestion de phĂ©nomĂšnes de diffusion chronique Ă partir de sources plus localisĂ©es et plus nombreuses, et peut ĂȘtre demain liĂ©e Ă la fusion nuclĂ©aire. Un nouvel enjeu est aussi celui de la gestion du tritium issu des dĂ©chets radioactifs qui s'accumulent dans le monde et vont croĂźtre avec le dĂ©mantĂšlement des anciennes centrales nuclĂ©aires et d'autres installations nuclĂ©aires (rĂ©acteurs de puissance, rĂ©acteurs militaires ou expĂ©rimentaux, usines de traitement de combustibles irradiĂ©s, bateaux Ă propulsion nuclĂ©aire, etc.). De plus selon l'ASN « Des modifications de certains modes de gestion du combustible des rĂ©acteurs actuels, la mise en exploitation de nouveaux rĂ©acteurs (notamment l'EPR) ainsi que celle, Ă moyen terme, de lâinstallation de fusion ITER devraient conduire, dans les annĂ©es qui viennent, Ă une augmentation des rejets de tritium »[46].
En France, selon l'ASN, « pour ce qui concerne le milieu marin, le tritium nâest, en lâĂ©tat des techniques de mesure utilisĂ©es aujourdâhui, quantifiable quâen Manche orientale »[46].
Au début du XXIe siÚcle, les modélisations du cycle environnemental et de la cinétique environnementale du tritium sont encore trÚs imparfaites, dans tous les compartiments de l'environnement.
Une petite partie des Ă©carts entre les modĂ©lisations et les mesures in situ pourraient venir de mauvaises mesures (on observe des Ă©carts de rĂ©sultats entre les Ă©chantillonneurs dâair passifs et actifs), mais pour des raisons encore incomprises, les modĂšles surestiment ou sous-estiment souvent les concentrations rĂ©elles de tritium dans l'environnement[51].
Suivi du tritium dans l'environnement
MĂ©trologie du tritium
Le tritium est difficile à confiner et à mesurer, notamment parce qu'il n'existe pas de matériau de référence (MR) permettant de caler et vérifier les appareils de mesure ou d'assurer la comparabilité interlaboratoires ou interétude des mesures.
Des contaminations involontaires d'échantillons (animaux, végétaux, fongiques ou bactériens) par l'air ou les sols sont fréquents (notamment lors des opérations de collecte, conditionnement, stockage, déshydratation/réhydratation et métrologie...) et elles peuvent induire des biais, surtout lors de mesure du TOL (tritium organiquement lié), notamment quand les laboratoires ne lyophilisent pas les échantillons ou utilisent un oxydiser[9].
Savoir correctement Ă©chantillonner et mesurer les transferts environnementaux du tritium Ă©tait un prĂ©alable qui n'Ă©tait pas acquis en l'an 2000. Ses formes organiques dissoutes et de nanoparticules tritiĂ©es « Ă©chappent probablement partiellement Ă la mesure par scintillation liquide en raison des Ă©tapes de distillation des Ă©chantillons dâeau nĂ©cessaires Ă la quantification du tritium sous sa forme HTO »[54].
De 2000 Ă 2017, des progrĂšs ont Ă©tĂ© faits dont des Ă©changes internationaux de bonnes pratiques et en France avec la prĂ©paration d'un norme AFNOR XP NF M60-824 « MĂ©thode dâessai pour lâanalyse du tritium de lâeau libre et du tritium organiquement liĂ© dans les matrices environnementales»)[9] et la crĂ©ation d'une expertise et d'un petit rĂ©seau de laboratoires compĂ©tents permettant des exercices dâintercomparaison et de mesurer au sein de plusieurs « matrices environnementales » de trĂšs faibles valeurs de rayonnement pour le tritium (bruit de fond). GrĂące notamment Ă la mĂ©thode de l'enrichissement Ă©lectrolytique de lâeau, et Ă la mĂ©thode de recroissance de lâhĂ©lium-3 qui offre (en 2017) un seuil de dĂ©tection de 0,060 ± 0,005 Bq/L, des analyses de concentration en tritium libre (HTO) qui prenaient cinq mois en laboratoire n'en prennent plus que quelques jours Ă quelques semaines tout en donnant des rĂ©sultats plus prĂ©cis que via la mĂ©thode de scintillation liquide « grand volume » ALOKA (seuil de 0,15 Bq/L) et de la mĂ©thode de scintillation liquide classique (seuil : 0,65 Bq/L)[9]. Ces nouvelles mĂ©thodes impliquent un risque dâexplosion en cas de mauvaise maitrise des flux de dihydrogĂšne et de dioxygĂšne gĂ©nĂ©rĂ©s lors de l'hydrolyse catalytique de l'eau[9].
Dans le mĂȘme temps, si les analyses de tritium dans les Ă©chantillons solides les marges d'incertitudes se sont globalement rĂ©duites Ă moins de 10 %, elles restent trĂšs Ă©levĂ©es pour la mesure du TOL (oĂč elles atteignent encore 100 % dans la moitiĂ© des analyses des sĂ©diments en raison de la prĂ©sence d'hĂ©lium-4 gĂ©ogĂ©nique qui perturbe la mesure). Les seuils de dĂ©tection ont Ă©tĂ© fortement abaissĂ©s pour atteindre 0,05 Bq/L. En France en 2017 l'IRSN Ă©tait le seul organismes Ă disposer d'une chaĂźne dâanalyse du tritium par recroissance de lâhĂ©lium-3[9].
Enfin, il reste difficile de quantifier précisément l'hydrogÚne (% H) dans les sédiments peu riches en matiÚre organique, or ceci est nécessaire pour correctement convertir les Bq/kg sec en Bq/L d'eau de combustion et pour mesurer le bruit de fond en TOL[54].
L'INRS (2017) invite aussi Ă Ă©tudier « le devenir des formes organiques tritiĂ©es dissoutes et des nanoparticules tritiĂ©es, potentiellement prĂ©sentes dans les Ă©chantillons dâeau, lors des Ă©tapes de distillation recommandĂ©es pour la quantification du tritium sous sa forme HTO »[54].
Les mesures doivent pouvoir ĂȘtre comparĂ©s au bruit de fond ou Ă des valeurs de rĂ©fĂ©rence (en Bq/L par matrices ou composantes spĂ©cifiques telles que sols, plantes pĂ©rennes, bois, alques, fruits de mer, poissons, viandes & gibier, champignons...). Ces mesures sont disponibles pour le milieu aquatique continental (mais pas pour le TOL qui est un paramĂštre essentiel), et pas encore pour les milieux terrestres (en 2017)
Ătat des connaissances
Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, plusieurs travaux scientifiques internationaux ont pointĂ© des incertitudes persistantes sur la quantification des transferts du tritium au vivant voire sur lâexistence d'une bioaccumulation du tritium[2].
En 2005 et 2007, deux agences anglaises respectivement chargées de l'environnement et de la santé publient deux rapports[55] - [56] s'inquiétant de taux élevés de formes organiques de tritium retrouvées en baie de Cardiff chez plusieurs organismes marins consommés par l'Homme (poissons plats, crustacés, mollusques) ; Le tritium libre (HTO), organiquement lié (TOL) était de 1000 à 10 000 fois plus présent. (Ce lieu est située en aval de rejets par l'industrie pharmaceutique de molécules organiques marquées au tritium)[9].
Des observations similaires sont faites au large de l'usine de Sellafield avec du tritium libre (HTO) et organiquement lié (TOL) 10 fois plus présent (avec un effet retard de 1 à 2 ans entre les valeurs maximales de rejets et les valeurs maximales de tritium dans les mollusques et les poissons plats), deux observations pouvant faire penser à un phénomÚne de bioaccumulation[9].
En 2010 en France Ă la suite de ces rapports, un livre blanc de l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN) invite Ă dĂ©velopper la recherche sur ce sujet[2]. Il s'ensuit une premiĂšre mise Ă jour des connaissances sur l'Ă©valuation quantitative tritium dans l'environnement, faite par lâIRSN (2017)[2] qui conclut que la cinĂ©tique environnementale du tritium reste mal comprise.
Un modĂšle de transfert dit TOCATTA-Ï (Transfer Of Carbon And Tritium in Terrestrial and Aquatic environments) est produit par lâIRSN et intĂ©grĂ© Ă la plateforme SYMBIOSE (simulation du transfert de radionuclĂ©ides dans les Ă©cosystĂšmes et estimation de l'impact dosimĂ©trique pour l'humain).
Il s'agit notamment d'Ă©valuer les effets de la diffusion de tritium dans lâeau libre (TFWT ou Tissue-Free-Water Tritium) et vers la matiĂšre organique (OBT ou Organically-Bound Tritium) vĂ©gĂ©tale. Ce modĂšle Ă©tait encore Ă valider en 2017[2] et il devrait l'ĂȘtre dans le cadre du projet VATO[57] - [58], conduit par lâIRSN avec l'aide d'EDF toujours pour mieux suivre les transferts du tritium dans la chaĂźne alimentaire humaine. VATO va quantifier et Ă©valuer (de 2013 Ă 2016) les transferts de tritium sous forme HT et HTO au sein dâun Ă©cosystĂšme prairial situĂ© sous le vent dominant de lâusine de retraitement de la Hague. Le milieu prairial a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e sur un pas de temps horaire et de maniĂšre simplifiĂ©e comme associant 3 compartiments (atmosphĂšre, sol et herbe)[2] ; il a Ă©tĂ© choisi car exemple d'interface entre milieux naturels et production alimentaire (herbe/lait/viande)[2]. Ce travail a montrĂ© que sur ce site (prĂšs de l'usine) la forme HT prĂ©domine sur la forme HTO.
La détection dans les gaz du sol d'isotopes de l'hélium (3He et 4He) témoigne de la présence actuelle ou récente de tritium dans le sol. C'est un des moyens de mesurer l'étendue d'une contamination souterraine par le tritium à proximité d'un site de décharge de déchets radioactifs solides ou d'entreposage d'armes nucléaires[59].
Le tritium d'origine nuclĂ©aire a lui-mĂȘme servi de « radiotraceur » par exemple dans les glaces polaires[20], les ocĂ©ans, ou pour mesurer la vitesse des masses d'air et des transferts entre hĂ©misphĂšre nord et sud (les retombĂ©es de tritium des bombes atomiques au pĂŽle sud se font environ deux ans aprĂšs l'explosion quand elle a lieu dans l'hĂ©misphĂšre nord, et environ un an aprĂšs si l'explosion a eu lieu dans l'hĂ©misphĂšre sud avec les essais nuclĂ©aires français en PolynĂ©sie[20]). Le tritium a aussi servi Ă tester in situ l'Ă©tanchĂ©itĂ© de matĂ©riaux de centres expĂ©rimentaux de stockage de dĂ©chets radioactifs[60], ou encore Ă mesurer la vitesse d'infiltration ou de circulation de l'eau dans les nappes du dĂ©sert[61].
On peut aussi, sur les mĂȘmes bases, tracer le tritium Ă©mis dans l'environnement par les installations nuclĂ©aires, accidentellement ou dans leur fonctionnement normal[62] ; L'IRSN Ă©tudie en France lâactivitĂ© du tritium dans lâair et lâeau de pluie (sur le territoire national). Les niveaux habituellement observĂ©s dans lâenvironnement naturel, Ă lâĂ©cart de toute source dâĂ©mission de tritium, sont de 0,01 Ă 0,05 Bq/m3 dans lâair et de 1 Ă 4 Bq/l dans l'eau de pluie.
Le tritium de l'eau tritiĂ©e (HTO) diffusĂ©e dans l'atmosphĂšre peut ĂȘtre directement incorporĂ© dans la vĂ©gĂ©tation par diffusion foliaire et/ou absorption racinaire[2]. Ă travers la photosynthĂšse puis Ă©ventuellement via la dĂ©composition par des bactĂ©ries et champignons il est alors intĂ©grĂ© dans la matiĂšre organique de la chaine alimentaire ou du sol.
Si le rejet s'est effectuĂ© sous forme dâhydrogĂšne tritiĂ© (HT), le tritium pour ĂȘtre mĂ©tabolisĂ© doit d'abord ĂȘtre oxydĂ© (par des microorganismes du sols en gĂ©nĂ©ral) qui vont l'introduire dans une molĂ©cule HTO, laquelle pourra ĂȘtre absorbĂ©e par des racines ou ĂȘtre introduite dans les eaux de cours d'eau, lacs et mers et ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans des algues ou transfĂ©rĂ©e Ă des vĂ©gĂ©taux plus Ă©laborĂ©s, via les racines.
Le tritium est, dans une certaine mesure, absorbĂ© par le sol vivant (microorganismes) et/ou s'adsober sur certaines particules du sol ou dans certaines matrices gĂ©opĂ©dologiques poreuses, avec des Ă©changes entre phases solides et liquides[63]. Ce tritium prĂ©sent dans le sol ou la nappe peut ensuite percoler dans le sol et pour partie passer dans les microorganismes, les champignons, les vĂ©gĂ©taux (dont les arbres[64]) ou les animaux, ou enfin ĂȘtre directement Ă©vapotranspirĂ© dans l'air par les vĂ©gĂ©taux (ou moindrement par la respiration animale).
Par exemple, aux Ătats-Unis, l'analyse du tritium de la sĂšve et des feuilles d'Ă©rables et chĂȘnes d'une forĂȘt naturelle poussant sur une colline supportant un centre de stockage de dĂ©chets faiblement radioactifs a permis de repĂ©rer un flux souterrain d'eau tritiĂ©e qui n'avait pas Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e par le systĂšme de surveillance des eaux seul ; Dans ce cas, « des taux Ă©levĂ©es de 3H ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans l'eau extraite des feuilles de plusieurs arbres situĂ©s Ă 50 m en aval de la limite ouest de la zone d'exclusion clĂŽturĂ©e », rĂ©vĂ©lant un panache souterrain d'eau tritiĂ©e[64].
Une autre Ă©tude basĂ©e sur un Ă©chantillonnage (sur 21 mois, Ă la fin des annĂ©es 2000, en Australie) du tritium Ă©vapotranspirĂ© par des arbres poussant Ă proximitĂ© d'un centre d'enfouissement de dĂ©chets faiblement radioactifs a montrĂ© d'une part qu'on pouvait par ce moyen dĂ©tecter la prĂ©sence souterraine de tritium dans l'environnement racinaire et d'autre part mĂȘme suivre la circulation d'un panache d'eau souterraine contaminĂ©e par du tritium[53]. Dans ce cas la radioactivitĂ© de la vapeur d'eau produite par les arbres a atteint des niveaux de 700 Bq/l (jusqu'Ă 70 Ă 700 fois plus que la radioactivitĂ© du niveau de fond local qui variait de 0 Ă 10 Bq/L pour le tritium, mais bien moins que la radioactivitĂ© des eaux souterraines du site, qui allait de 0 Ă 91 %, mais avec une mĂ©diane de 2 % de cette radioactivitĂ©)[53]. Dans cet exemple, les arbres poussant Ă quelques dizaines de mĂštres de la source souterraine de tritium, n'en Ă©vaporaient presque plus (mais cette source souterraine de tritium restait nĂ©anmoins bien plus influente dans le rejet biogĂ©nique des arbres que les retombĂ©es induites par un rĂ©acteur de recherche situĂ© Ă 1,6 km au sud du site qui contribuait pourtant significativement [p <0,01] aux retombĂ©es locales de tritium dans la pluie).
D'importantes variations temporelles pouvaient ĂȘtre expliquĂ©es par l'accĂšs de tout ou partie du volume racinaire Ă l'eau tritiĂ©e et par le fait que les teneurs en tritium de la nappe accessible aux racines variaient selon la pluviomĂ©trie et l'infiltration. « En outre, l'eau absorbĂ©e par les racines n'Ă©tait pas bien mĂ©langĂ©s dans les arbres »[53]. Le facteur « infiltration »[65] semble avoir Ă©tĂ© dans ce cas le plus prĂ©dictif[53].
Le tritium qui n'est pas Ă©vaporĂ© ou Ă©vapotranspirĂ© peut ĂȘtre plus ou moins provisoirement fixĂ© dans le vĂ©gĂ©tal, et Ă©ventuellement pour partie prĂ©sent dans les spores, le pollen, les fruits, les propagules ou les feuilles mortes qui s'en dĂ©tachent.
Quand la source de tritium est Ă la fois pĂ©dologique (sol) et atmosphĂ©rique (dans la vapeur d'eau de l'air), l'humiditĂ© relative est un facteur qui contrĂŽle l'absorption de tritium par les plantes[66]. Dans les annĂ©es 1980, de premiers modĂšles (trĂšs simplifiĂ©s) cherchent Ă prĂ©voir les transferts de tritium Ă partir de l'eau tritiĂ©e de l'air vers la vĂ©gĂ©tation et le sol[66] ; Ils considĂšrent que l'eau « libre » (c'est-Ă -dire non piĂ©gĂ©e dans les protĂ©ines et la matiĂšre organique vivante ou morte) qui circule dans les feuilles des plantes (dont arbres) et dans les substrats absorbant de l'eau (litiĂšres de feuilles et sol superficiel) constitue un rĂ©servoir indicateur dont l'activitĂ© spĂ©cifique pour le tritium est rĂ©putĂ©e proche de celle de l'atmosphĂšre[66]. In situ, le comportement et la cinĂ©tique du tritium dans la vĂ©gĂ©tation s'avĂšre ĂȘtre « trĂšs diffĂ©rente de celui de la plupart des autres radionuclĂ©ides ». Un Ă©lĂ©ment important car contrĂŽlant Ă la fois l'absorption et la perte de HTO semble ĂȘtre le flux de vapeur d'eau passant au travers des stomates, ce qui implique que la modĂ©lisation des processus de la canopĂ©e est d'une importance majeure dans ce contexte, notamment pour le dĂ©veloppement de modĂšles de type « SVAT » (Soil Vegetation Atmosphere Transfer / Sol â plantes â atmosphĂšre)[67]. Les modĂšles doivent aussi chercher Ă intĂ©grer les effets de certains dĂ©pĂŽts sur les surfaces vĂ©gĂ©tales[67] (condensation en rosĂ©e ou givre absorbĂ©e par les mousses, lichens ou biofilms, feuilles et autres Ă©piphytes par exemple), avec alors divers paramĂštres pouvant ĂȘtre pris en compte : vitesse de dĂ©pĂŽt et vitesse d'Ă©change, rĂ©sistance stomatique et rĂ©sistance de la couche limite[67].
à leur tour, les animaux qui mangent des végétaux et champignons contaminés peuvent bioaccumuler du tritium[68]. Ainsi sur le Savannah River Site (l'un des lieux de production du tritium américain, en Géorgie), des feuillus et des pins ont été plantés et irrigués avec de l'eau tritiée pour limiter la contamination par le tritium d'un affluent de la proche Savannah River[68]. Les arbres évapotranspirent efficacement vers l'atmosphÚre une partie du tritium, mais une autre partie est intégrée dans l'écosystÚme « forestier » : Les rongeurs piégés dans ce boisement contenaient en effet 34,86 Bq/mL, soit environ 1740 fois plus de radioactivité que les rongeurs échantillonnés sur un site-témoin proche (0,02 Bq/mL). Au début des années 2000, la teneur totale en tritium du corps des rongeurs capturés sur le site irrigué était positivement corrélée avec l'application du tritium et négativement corrélée avec les précipitations sur le site[68], ce qui laisse supposer qu'aprÚs les pluies du tritium est néanmoins emporté vers le fleuve ou la nappe d'accompagnement, et d'autre part que les périodes plus fréquentes de fortes sécheresses prévues par le GIEC pourraient aggraver certains épisodes de contamination. Les études disponibles pour ce site ne précisent pas s'il y a concentration dans le réseau trophique via la prédation.
En France, dans l'environnement physique (eau, air, sol, roches) des sites proches d'installations nuclĂ©aires autorisĂ©es Ă rejeter du tritium dans lâatmosphĂšre, les niveaux rencontrĂ©s se situent selon l'IRSN entre 0,5 et quelques Bq/m3 dans l'air, et de quelques Bq/L Ă quelques dizaines de Bq/L dans l'eau ; ponctuellement jusquâĂ quelques centaines de Bq/L autour de certains sites[69].
Toujours selon l'IRSN, le tritium absorbé ou adsorbé dans les végétaux ou sur les végétaux varie de quelques dizaines à quelques centaines de Bq/kg de végétal frais[69].
MĂȘme dans le cas d'une exposition chronique, on ne parle pas de pollution pour ces valeurs, qui restent trĂšs infĂ©rieures aux limites fixĂ©es pour la santĂ© publique Ă la « valeur-guide » de 10 000 Bq/L recommandĂ©e par l'OMS pour le tritium dans lâeau de boisson en cas de consommation permanente de lâeau (730 L/an pour un adulte) ; et Ă la limite indicative de 10 000 Bq/kg pour le tritium liĂ© Ă la matiĂšre organique dans les denrĂ©es alimentaires fixĂ©e par le Codex Alimentarius (2006)[69], provoquĂ©e par une teneur moyenne de l'ordre de 100 Bq/m3 dans l'air[70].
Tritium dans les eaux marines et de surface
Lâeau tritiĂ©e ocĂ©anique est le principal "rĂ©servoir" de tritium dans l'environnement. Le tritium y est en partie intĂ©grĂ©e dans les organismes marins (ex : une mĂ©duse contient 97 % d'eau) et ce tritium circule (via le mĂ©tabolisme animal, la photosynthĂšse, les relations prĂ©dateur-proies, etc.).
Sous sa forme TOL (organiquement liée, ou OBT), le tritium peut persister un certain temps dans les écosystÚme et le réseau trophique, aquatiques notamment[54].
En mer des valeurs de référence sont en 2017 disponibles pour le HTO.
Elles manquent encore pour le TOL des sĂ©diments ou des organismes marins vivants (dont en Manche et dans lâocĂ©an Atlantique ; mĂȘme les gammes de variation sont encore inconnues)[54].
En Méditerranée, des données commencent à valoir "valeurs de référence" pour le HTO (ainsi a-t-on montré qu'en surface et prÚs des cÎtes [hors de l'influence directe des rejets du RhÎne] les taux de HTO sont jusqu'à cinq fois plus hauts qu'au large. Ce phénomÚne est plus marqué au débouché des fleuves cÎtiers et au large des villes littorales[54]. Le TOL des poissons, crustacés et moules est aussi plus élevé dans cette zone qu'au au large, mais en restant proche des valeurs de référence établies pour le milieu cÎtier. Les sources et puits de tritium ne sont pas encore clairement compris notamment faute d'études des formes de tritium associé aux molécules organiques dissoutes (naturelle ou artificielle)[54], mais on sait que les molécules organiques dissoutes synthétique contenant du tritium jouent un rÎle important dans le transfert de cet isotope aux organismes vivants[71]. En 2017, il reste aussi à étudier le rÎle et la cinétique des nanoparticule (ex. : nanopoussiÚres bérylliées) et des substances colloïdales naturelles et de synthÚse potentiellement tritiées, dont certaines sont attendues en sortie de certaines installations (ex. : ITER) mais qui n'ont pas encore fait l'objet de suivis[54].
Dans l'eau potable
L'eau tritiĂ©e a Ă©tĂ© estimĂ©e ĂȘtre la premiĂšre source de risque d'exposition humaine au tritium. Câest pourquoi des traces de tritium sont recherchĂ©es dans lâeau potable.
La période biologique par ingestion d'eau tritiée est estimée à dix jours pour un adulte moyen[72].
En France, le tritium est suivi comme l'un des indicateurs de radioactivitĂ© : si sa concentration dans l'eau dĂ©passe le niveau de rĂ©fĂ©rence de 100 Bq/l, il est procĂ©dĂ© Ă la recherche de la prĂ©sence Ă©ventuelle de radionuclĂ©ides artificiels. Ce niveau n'est donc qu'une « rĂ©fĂ©rence de qualitĂ© » : le dĂ©passement de cette valeur ne signifie pas Ă lui seul que lâeau est non potable[73].
Les recommandations de l'OMS sur les critĂšres de potabilitĂ© de lâeau de boisson sont que la dose reçue du fait de la prĂ©sence dâun radionuclĂ©ide dans lâeau de boisson ne dĂ©passe pas 0,1 mSv/an. Cette dose pourrait ĂȘtre atteinte chez lâadulte par la consommation quotidienne de deux litres dâeau tritiĂ©e Ă hauteur de 10 000 Bq/l (valeur guide de lâOMS pour ce radioĂ©lĂ©ment)[74].
L'eau fortement contaminĂ©e au tritium peut avoir une activitĂ© supĂ©rieure au kilobecquerel par litre (kBq/l). Une telle eau n'est pas jugĂ©e trĂšs toxique, mais est rĂ©putĂ©e « non potable ». Sous cette valeur, il est incorrect de parler de « pollution » ou de « contamination » pour une eau qui reste potable sans restriction de quantitĂ© ni de durĂ©e. On parlera plus correctement de « marquage au tritium » d'une eau, quand des traces de tritium peuvent y ĂȘtre mesurĂ©es sans incidence sur la potabilitĂ© (de 1 Ă 1 000 Bq/l). Divers experts et agences ont dans les annĂ©es 2000 suggĂ©rĂ© que la dangerositĂ© du tritium pourrait avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ©e.
Le tritium tend principalement Ă s'intĂ©grer dans l'eau. La mer en est donc le premier rĂ©ceptacle (99 % environ du tritium produit sur la planĂšte), ce qui tend Ă protĂ©ger les nappes. Sa dilution se fait moins dans les « gyres »[49] ou les zones de moindre courant. PrĂšs de l'usine de retraitement de La Hague, la mer contient de 3 Ă 30 Bq/l de tritium malgrĂ© la forte capacitĂ© de dilution du tritium, soit 15 Ă 150 fois plus que la moyenne[30]. En France, les teneurs des eaux de surface et de nappe dĂ©passent rarement 10 Bq/l, bien qu'elles puissent localement et ponctuellement atteindre 20 Bq/l[75], voire plus (ie. prĂšs du site de Valduc, lâeau dâalimentation du site Ă©tait en 1996 marquĂ©e Ă des taux atteignant plusieurs dizaines de Bq/l, voire prĂšs de 100 Bq/l, soit 10 % du seuil actuel de non-potabilitĂ©).
Selon la CRIIRAD (1995), l'eau de pluie marquée en tritium par les tests nucléaires et par le tritium naturel est susceptible de marquer les nappes phréatiques jusqu'à 4 Bq/l. Au-delà , on peut suspecter qu'une autre source de tritium soit en cause, avec certitude au-dessus de 7 Bq/l.
Le niveau de dangerositĂ© du tritium dans l'eau fait l'objet de controverses. En 2007, les normes retenues pour l'eau variaient considĂ©rablement selon les pays[76]. De plus, avec les projets de rĂ©acteurs Ă fusion, le tritium pourrait prendre une valeur commerciale et industrielle accrue, voire manquer. Ceci justifie que les rejets en tritium soient autant que possible limitĂ©s. Ainsi, alors que le Canada, particuliĂšrement concernĂ©[76] en raison de son choix de la filiĂšre CANDU (rĂ©acteurs qui en produisent le plus) et en tant que producteur de tritium pour systĂšmes d'Ă©clairage, a entrepris de rĂ©Ă©valuer les risques environnementaux liĂ©s au tritium, le gouvernement de l'Ontario (Canada) a recommandĂ© que le maximum de tritium tolĂ©rĂ© dans l'eau potable passe de 7 000 Bq/l Ă 20 Bq/l en cinq ans et que l'on vise une rĂ©duction plus importante[77]. Ces demandes de rĂ©ductions n'Ă©taient pas fondĂ©es sur les recommandations de l'OMS et des experts en radioprotection citĂ©s par l'OMS qui estimaient le risque nĂ©gligeable aux doses rapportĂ©es dans l'eau potable (traces de tritium environ 100 fois sous la limite OMS de 10 000 Bq/l pour l'eau potable) ; sur cette base, avec un facteur de dose pour l'eau tritiĂ©e de 1,8 ĂâŻ10â11 Sv/Bq, il faudrait boire 100 m3 (ce qui prendrait trente ans Ă raison de dix litres par jour) d'une eau marquĂ©e Ă 10 000 Bq/l pour subir une exposition de 18 millisieverts, dont l'effet biologique est en pratique indĂ©tectable. Elles Ă©taient fondĂ©es sur le principe ALARA et de prĂ©caution, sachant que le tritium absorbĂ© avec l'eau potable peut pour une trĂšs petite partie se retrouver dans l'ADN mĂȘme ou dans les histones.
Le traitement de l'eau tritiée
C'est un enjeu scientifique et technique, car il est aussi nécessaire à certaines installations nucléaires. C'est aussi un enjeu médiatique et politique important, car le tritium se dilue facilement dans l'environnement, et sa radioactivité est assez facilement décelée.
Sources naturelles
Une part extrĂȘmement faible du tritium naturel est produite dans le sol, a priori sans impact environnemental dĂ©celable.
Le tritium aujourdâhui naturellement prĂ©sent dans le sol provient essentiellement des pluies et du ruissellement ou des nappes et moindrement de l'air qui percole dans le sol.
Sources artificielles
Le tritium libĂ©rĂ© par les essais nuclĂ©aire a en grande partie Ă©tĂ© lessivĂ© vers les ocĂ©ans et a perdu de sa radioactivitĂ©, mais du tritium anthropique peut significativement polluer le sol autour de certaines installations nuclĂ©aires, dont dĂ©charges de dĂ©chets radioactifs, centre de retraitement de combustible nuclĂ©aire usagĂ© et on en trouve mĂȘme (bien moindrement) dans les dĂ©charges d'ordure mĂ©nagĂšre ou dans leurs lixiviats.
Le tritium peut a priori traverser tous les types de géomembranes et géotextile classiquement utilisés pour étancher les décharges, y compris à base de bentonite[78].
Cycle du tritium dans le sol
Il semble encore assez mal connu, notamment en matiĂšre de bioturbation et une controverse pote sur l'interprĂ©tation du tritium apparemment bioaccumulĂ©. Les uns estimant qu'il montre, au moins pour partie et sous forme OBT qu'il y a une certaine bioconcentration ; les autres estiment qu'on observe une rĂ©manence de tritium antĂ©rieurement intĂ©grĂ© par l'organisme (par exemple Ă une Ă©poque oĂč la charge de la biosphĂšre en tritium a Ă©tĂ© augmentĂ©e par les essais nuclĂ©aires)[46].
On sait qu'une partie du tritium du sol y est fixĂ© plus durablement que dans l'eau libre, via la matiĂšre organique (nĂ©cromasse, biomasse, excrĂ©tats, etc.). Une autre partie, Ă partir de l'eau de nappe peut ĂȘtre prĂ©levĂ©e par les racines des plantes et Ă©vapotranspirĂ©e[53].
Un modÚle de simulation stochastique de transport de soluté[79] radioactifs issus de déchets nucléaires dans des sols hétérogÚnes a été conçu. Il a été calibré pour et avec des solutés issus des déchets de l'usine de Sellafield, dont le tritium). Il est considéré (en 2005) par ses auteurs comme relativement fiable (quand le modÚle est convenablement renseigné) concernant la prédiction du moment des arrivées précoces de particules radioactives en un point. Mais il sous-estime fortement les dates d'arrivées tardives de particules radioactives à l'emplacement de contrÎle[80].
L'activitĂ© microbienne joue un rĂŽle certain, mais encore mal compris Ă court moyen ou long terme, notamment dans les lieux de stockage mĂȘme[81].
Cinétique du tritium dans le sol
Le sol n'est pas une barriĂšre naturelle pour le tritium. Des expĂ©riences ont montrĂ© que le tritium tait capable de sorption/migration dans diffĂ©rents matĂ©riaux (dont la plupart des aciers) et qu'il diffusait surtout avec l'eau, et mĂȘme dans des matĂ©riaux rĂ©putĂ©s trĂšs Ă©tanches par rapport Ă l'eau (ex Bentonite, mĂȘme compactĂ©e et homogĂ©nĂ©isĂ©e), probablement en partie grĂące Ă sa trĂšs petite taille qui lui permet de percoler dans les bentonites quelles que soient leurs tailles de grains (Ă la diffĂ©rence du Cs+[82]. Des phĂ©nomĂšnes de « porositĂ© accessible »[83] et de « dynamique molĂ©culaire » induite par sa radioactivitĂ© sont peut-ĂȘtre aussi en jeu aux Ă©chelles nanomĂ©triques et molĂ©culaires[84] et notamment lĂ oĂč la bentonite se prĂ©sente en phase "gel"[85] (la phase gel semble faciliter la circulation de tous les cations[85]).
On a montrĂ© en 1974 que le tritium pouvait avoir un comportement inattendu dans la craie (oĂč il disparait plus vite que prĂ©vu de la zone interstitielle de la zone insaturĂ©e ; on ne le trouve pas aux quantitĂ©s attendues en surface, ce qui selon l'hydrogĂ©ologue S.S.D. Foster complique le suivi d'Ă©ventuelles pollutions[86]), ce qui a donnĂ© lieu en 1979 Ă un nouveau modĂšle de comportement dans les sols et sous-sol crayeux[87].
Dans la chaine alimentaire et les Ă©cosystĂšmes
Avant 2015 peu de données étaient disponibles mais les progrÚs de la métrologie du tritium de nouvelles données apparaissent :
Ainsi en France, pays trĂšs concernĂ© en raison du nombre d'installations nuclĂ©aires, le nombre dâanalyses de TOL dâalgues, de vĂ©gĂ©taux aquatiques et terrestres, dâanimaux dâĂ©levage ou le gibier, de cĂ©rĂ©ales, lait, autres produits alimentaires a presque triplĂ© de 2010 Ă 2016. Ceci a permis selon l'IRSN dâavoir en 2016 une meilleure idĂ©e du « bruit de fond » et des teneurs moyennes en tritium des compartiments eau/air/sol et la chaine alimentaire[88].
Dans le cas du TOL, les teneurs observées reflÚtent souvent les teneurs en HTO du milieu ambiant, mais pour les compartiments dits de « stockage » de la matiÚre organique (sols, sédiments et plantes terrestres ou aquatiques pérennes ou à métabolisme lent) les niveaux sont parfois « sensiblement supérieurs aux niveaux environnants en HTO ». L'IRSN attribue ces différences à des séquelles de retombées atmosphériques des tirs anciens ou par des rejets industriels antérieurs (rémanence, voir paragraphe ci-dessous)[9].
Des analyses récentes ont montré la présence de particules tritiées dans tout le linéaire du RhÎne et dans le compartiment atmosphérique (dont sous forme d'aérosols dont la nature et l'origine restent en 2017 à préciser)[54].
RĂ©manence du tritium dans les milieux et organismes
Elle est de quelques semaines à quelques mois chez les végétaux non ligneux.
Mais elle atteint plusieurs décennies chez les ligneux (arbres, buissons), et dans certains sédiments.
La dĂ©croissance radioactive du tritium implique une activitĂ© rĂ©siduelle de moins de 1 % de lâactivitĂ© introduite au bout de 85 ans, Ă©ventuellement "compensĂ©e" par de nouveaux apports.
Quand la matiĂšre organique contenant du tritium se dĂ©grade (plus ou moins vite selon le type de molĂ©cule et le contexte), le temps de rĂ©sidence du TOL varie dans l'organisme ou dans le compartiment contenant cette matiĂšre organique (sols et sĂ©diments) Voir p6/76 chap "RĂ©manence du tritium dans lâenvironnement et transfert aux organismes vivants"[9].
Selon l'IRSN (2017) les cas Ă©voquant des phĂ©nomĂšnes de bioconcentration peuvent ĂȘtre expliquĂ©s par la rĂ©manence des certaines formes physico-chimiques de molĂ©cules tritiĂ©es et par lâorigine et la nature des particules ou des molĂ©cules ingĂ©rĂ©es[9].
Reste Ă comprendre pourquoi les espĂšces marines infĂ©odĂ©es aux zones de sĂ©dimentation « semblent prĂ©senter des teneurs en TOL plus importantes que les autres » alors qu'en 2017 aucun lien de cause Ă effet n'a pu ĂȘtre dĂ©montrĂ© avec le compartiment sĂ©dimentaire, ni en milieu marin ni en eau douce.
De mĂȘme le rĂŽle des molĂ©cules organiques et colloĂŻdales (naturelles ou synthĂ©tiques) et celui des nanoparticules tritiĂ©es, sont encore Ă Ă©claircir en matiĂšre de transfert du tritium le long de la chaĂźne alimentaire et en particulier dans les milieux aquatiques continentaux et marins cĂŽtiers[9].
Saisonnalité
Dans certains des compartiments environnementaux et pour son passage d'un compartiment Ă l'autre, le tritium prĂ©sente une nette saisonnalitĂ©. Elle doit ĂȘtre prise en compte pour Ă©valuer des risques et ses interactions Ă©ventuelles avec certains processus Ă©cosystĂ©miques
Elle semble refléter pour partie :
- la saisonnalité pluviométrique (alternances de saisons pluvieuses/neigeuses et sÚches) ; Les pluies contribuent à lessiver le tritium de l'air et à le conduire vers les nappes et plus encore vers la mer;
- la saisonnalité des températures (fonte des neiges, évaporation...) ; Les installations nucléaires fonctionnent toute l'année et surtout en hiver pour les centrales nucléaires. Des mesures ont montré qu'en zone fraiche à tempérée, la libération d'eau tritiée (HTO) dans l'atmosphÚre en l'hiver contribue significativement à contaminer la neige et la glace en tritium[89] - [90]. Puis au moment du dégel, ces neiges et glaces contaminent à leur tour les eaux superficielles, le sol en pouvant concerner les plantes (blé d'hiver, cultures de printemps...)[89].
Des Ă©tudes ont portĂ© sur la diffusion de l'eau tritiĂ©e (HTO) dans la neige et sur les taux de rĂ©-Ă©mission de tritium dans l'air Ă partir du manteau neigeux. Elles ont montrĂ© que par temps froid, le coefficient de diffusion dans la neige (1â2 ĂâŻ10â10 m2 sâ1) est d'un ordre de grandeur plus faible que dans l'eau liquide, mais d'un ordre de grandeur supĂ©rieur Ă celui de l'auto-diffusion dans la glace[89], conformĂ©ment aux modĂšles et Ă leurs prĂ©dictions thĂ©oriques (Bales, 1991). Ceci explique pourquoi des taux de cĂ©sium jusqu'Ă six fois plus Ă©levĂ©s sont trouvĂ©s dans l'eau juste avant la fonte printaniĂšre et au moment du dĂ©gel[89] ;
- la saisonnalitĂ© Ă©cologique (Ă©vapotranspiration maximale au printemps Ă©tĂ© et minimale en hiver, d'autant plus qu'on se rapproche des pĂŽles) ; l'Ă©vapotranspiration est maximale au printemps et en Ă©tĂ© en zone tempĂ©rĂ©e, et Ă©levĂ©e toute l'annĂ©e en zone tropico-Ă©quatoriale humide. Au sud du Japon, Ă Fukuoka, une mesure hebdomadaire des taux de tritium a Ă©tĂ© faite de 1984 Ă 1990 dans la vapeur d'eau atmosphĂ©rique (l'eau tritiĂ©e (HTO) et d'hydrogĂšne tritiĂ© (HT) ainsi qu'un hydrocarbure tritiĂ© (mĂ©thane tritiĂ© : CH3T) ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©ment Ă©valuĂ©s, pour la mesure du niveau de fond de tritium (naturel et artificiel) de l'air de la rĂ©gion. RĂ©sultats : seul le taux de HTO dans l'air variait beaucoup (de 5,6 Ă 61 mBq/m3-air, soit 0,8 Ă 3,2 Bq/L H2O), avec des taux nettement plus Ă©levĂ©s en Ă©tĂ© qu'en hiver, alors que HT et les taux de CH3T prĂ©sentaient des taux presque constants en toute saison ; de 26 Ă 70 mBq/m3 pour le tritium gazeux et 6,7 Ă 34 mBq/m3 pour le mĂ©thane tritiĂ©). Les valeurs annuelles moyennes des activitĂ©s spĂ©cifiques (Ă©crites en unitĂ©s de tritium ou UT) Ă©taient d'environ 16,9 ĂâŻ105 UT pour l'eau tritiĂ©e de l'air et d'environ 4 ĂâŻ104 pour HT et CH3T. Les auteurs de cette Ă©tude ont conclu que « bien Ă©videmment non seulement la forme HTO mais aussi HT doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s dans l'estimation des effets du rayonnement du tritium sur l'ĂȘtre humain ».
- en zone polaire, des phénomÚnes atmosphériques particulier à ces zones[89].
Ăcotoxicologie du tritium
Elle est mal connue. Selon le livre blanc de l'ASN, il nâexiste « que des donnĂ©es relatives Ă des animaux (invertĂ©brĂ©s ou vertĂ©brĂ©s) »
- Chez deux invertĂ©brĂ©s testĂ©s en laboratoire (un bivalve et un crustacĂ©), le tritium s'est avĂ©rĂ© radiotoxique Ă des niveaux de dĂ©bit de doses « significativement plus faibles que la valeur de 10 ÎŒGy/h habituellement considĂ©rĂ©e comme critĂšre de protection des Ă©cosystĂšmes », mais - note l'ASN - plus Ă©levĂ©s que le niveau de dose induit par les « concentrations de tritium (...) observĂ©es dans lâenvironnement, y compris autour des installations nuclĂ©aires ».
- Dans les rejets (volontaires ou accidentels) de l'industrie nuclĂ©aire, il peut ĂȘtre associĂ© (Ă la maniĂšre des hydrures) Ă d'autres mĂ©taux, et alors circuler diffĂ©remment dans l'environnement, avec le hafnium par exemple[91]). S'il est avalĂ© ou inhalĂ© sous cette forme, il peut ĂȘtre fixĂ© plus durablement dans l'organisme que sous forme HTO et dĂ©livrer en son point de fixation une dose de radioactivitĂ© importante[91].
Tritium (naturel ou anthropique) dans l'environnement et santé publique
Adulte (public) | Enfant < 1 an | Travailleurs | ||
Inhalation | Eau tritiĂ©e HTO | 5,5 ĂâŻ107 | 1,6 ĂâŻ107 | 109 |
Tritium organique | 2,4 ĂâŻ107 | 9,1 ĂâŻ106 | ||
Tritium gazeux HT | 5,5 ĂâŻ1011 | 1,6 ĂâŻ1011 | ||
MĂ©thane tritiĂ© CH3T | 5,5 ĂâŻ109 | 1,6 ĂâŻ109 | ||
Ingestion | Eau tritiĂ©e HTO | 5,5 ĂâŻ107 | 1,6 ĂâŻ107 | 109 |
Tritium organique | 2,4 ĂâŻ107 | 8,3 ĂâŻ106 |
Ă titre indicatif, le Codex Alimentarius (FAO) fixe une limite indicative de 10 000 Bq/kg pour le tritium liĂ© Ă la matiĂšre organique dans les denrĂ©es alimentaires, au-delĂ de laquelle les produits ne devraient pas ĂȘtre acceptĂ©s dans le commerce international aprĂšs un rejet radioactif accidentel[95].
L'incidence du tritium (naturel ou anthropique) sur la santé publique fait l'objet de questions scientifiques et de controverses[96].
Les critiques portent sur :
- Le facteur de dose (par l'Agence Health Protection Agency par exemple[71] qui pourrait avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ© et qui pourrait ĂȘtre rĂ©Ă©valuĂ© ; ainsi que sur le facteur de risque, car le tritium peut ĂȘtre intĂ©grĂ© dans l'ADN lui-mĂȘme au cĆur des cellules[4], (voir chapitre efficacitĂ© biologique relative de cet article). De plus l'OMS est liĂ©e par des accords Ă l'AIEA.
- Des recommandations ont Ă©tĂ© faites concernant les taux de radionuclĂ©ides acceptables dans lâeau potable, retenues par la plupart des pays qui se sont alors fondĂ© sur des mĂ©thodologies et des recommandations internationales (dĂ©jĂ anciennes en matiĂšre de radioprotection, Ă©tablies par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS). Mais l'Union europĂ©enne, les Ătats-Unis, lâAustralie et la Finlande en 2007 utilisaient « des variantes de la dĂ©marche de lâOMS qui mĂšnent Ă des valeurs de rĂ©fĂ©rence diffĂ©rentes »[76].
De plus, si l'expertise de l'OMS en matiĂšre de consĂ©quences sanitaires de la radioactivitĂ© n'est pas mise en cause, aux yeux d'un certain nombre d'organisations et de personnes, sa crĂ©dibilitĂ© en matiĂšre de communication publique sur les risques sanitaires dus Ă la radioactivitĂ© est entachĂ©e par un accord[97] signĂ© en 1959 avec l'AIEA qui interdit Ă l'OMS de communiquer sans consultation prĂ©alable de l'AIEA (En 1995,les actes d'un colloque organisĂ© par l'OMS rĂ©unissant plus de 700 mĂ©decins Ă©tudiant les effets de la catastrophe de Tchernobyl, ont ainsi Ă©tĂ© censurĂ©s[98]. Cet accord veut en effet que tout projet de recherche dont les rĂ©sultats pourraient limiter la croissance de l'industrie nuclĂ©aire soit menĂ©s par l'OMS en collaboration avec l'AIEA[99] et l'article 3 de cet accord[97] prĂ©cise que L'OMS et l'AIEA reconnaissent qu'elles peuvent ĂȘtre appelĂ©es Ă prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractĂšre confidentiel de certains documents[100]. Un collectif nommĂ© Independent WHO demande l'indĂ©pendance de l'OMS vis-Ă -vis de l'AIEA via la rĂ©vision de cet accord, manifestant sa rĂ©solution par des manifestations quotidiennes Ă GenĂšve depuis le mais Ă ce jour sans rĂ©sultat.
- La cinĂ©tique environnementale du tritium est encore mal connue, et son EfficacitĂ© biologique relative notamment quand il est piĂ©gĂ© dans les molĂ©cules organiques d'un organisme vivant, et plus encore quand il est intĂ©grĂ© dans l'ADN ou dans la cellule Ă proximitĂ© de l'ADN pourrait ĂȘtre rĂ©Ă©valuĂ©e Ă la hausse Ă la suite - notamment - de la publication deux rapports rĂ©cents qui ont mis en cause les seuils actuels de dangerositĂ© ou de prĂ©caution retenus pour le tritium, comme ayant sous-Ă©valuĂ© le risque pour la santĂ© publique.
Ăvaluation de l'exposition humaine :
Elle paraissait infime et anodine avant les annĂ©es 2000, puis un nouveau modĂšle a Ă©tĂ© proposĂ© (2009) pour tenir compte des preuves apportĂ©es par le modĂšle animal au dĂ©but des annĂ©es 2000 de l'importance du rĂŽle tritium organiquement liĂ© (OBT) dans la bioconcentration, et pour ne plus ignorer « le fait que le tritium organiquement liĂ© prĂ©sent dans les denrĂ©es alimentaires peut ĂȘtre directement assimilĂ© dans le compartiment des tissus liĂ©e sans oxydation prĂ©alable ». Ce modĂšle comprend 4 compartiments (l'un reprĂ©sentant l'eau libre du corps libre, deux autres les compartiments organiques (tissus et fluides), et un petit compartiment reprĂ©sentant la mĂ©tabolisation rapide du tritium). Ce modĂšle probablement plus proche de la rĂ©alitĂ© devait mieux illustrer l'importance potentielle du tritium organiquement liĂ© (OBT) dans l'estimation des doses cumulatives. Car contrairement Ă ce qu'affirmaient les modĂšles utilisĂ©s de 1960 Ă 1990, le tritium OBT prĂ©sent dans l'alimentation s'avĂšre augmenter la dose cumulĂ©e totale du corps d'un facteur de 1.7 Ă 4.5 (par rapport Ă la dose qui serait reçue en cas d'exposition au tritium HTO de l'eau libre seule)[101].
Mais peu de données ont été publiées sur la radiotoxicité interne du tritium, OBT notamment pour l'homme.
L'exposition au 3H est réputée se faire par 4 voies principales : 1) ingestion d'eau contenant de l'eau tritiée (HTO), 2) ingestion d'aliments contenant du tritium organiquement lié ou de l'HTO, 3) par inhalation de HTO, d'OBT ou (exceptionnellement) de tritium fixé sur des particules métalliques ou enfin 4) en passage percutané.
Seule la premiÚre voie est bien comprise. Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les problÚmes posés par l'exposition et le métabolisme des autres formes que HTO, en particulier concernant le métabolisme de tritium organiquement lié et les changements du métabolisme lié à l'ùge[102]
Inhalation : Une personne inhalant de la vapeur d'eau tritiée absorbera 98 à 99 % de l'activité radioactive de ce tritium. Ce tritium sera ensuite diffusé (en 90 minutes environ) dans tout l'organisme via les fluides corporels (lymphe, sang) avec une hétérogénéité correspondant aux différentes teneurs en eau des tissus. Il sera ensuite peu à peu évacué par l'urine, les excréments, la transpiration et l'expiration[103].
ExposĂ©e Ă une mĂȘme vapeur d'eau tritiĂ©e, la peau en absorbera une dose totale globalement Ă©gale Ă celle entrant dans le poumon[103].
Notes et références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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- Fiche de synthÚse du CEA sur la radiotoxicité du tritium.
- Guide pratique radioprotection du tritium
- Graphe de retombées de tritium liées aux essais nucléaires atmosphériques des années 1950-60, et idem pour le Canada
- (en)[PDF] Review of Risks from Tritium, rapport du groupe indépendant « Independent advisory group on ionising radiation » à la Health Protection Agency (HPA) britannique, .
Bibliographie
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- CiffroyP., Siclet F., Damois C., LuckM., A dynamic model for assessing radiological consequences of tritium routinely released in rivers. Application to the Loire River ; Journal of Environmental Radioactivity, Volume 90, Issue 2, 2006, Pages 110-139
- IRSN (2017) « Actualisation des connaissances acquises sur le tritium dans lâenvironnement » Rapport IRSN/PRP-ENV/SERIS n°2017-00004|PDF |2,40 Mo|
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