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Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux

Les risques d'effondrements environnementaux et sociétaux du monde industriel contemporain concernent la possibilité que des bouleversements majeurs affectent l'environnement et les sociétés humaines avant la fin du siècle, voire au milieu du XXIème siècle[1] en raison notamment de l'extinction en cours de nombreuses espèces vivantes et du réchauffement climatique. Ils participent à un processus de catastrophe potentielle à l'échelle de la vie sur Terre.

Ces risques de catastrophes planétaires sont de nature systémique ; ils peuvent être dus en particulier à la consommation excessive des ressources naturelles, ce qui recouvre aussi bien l'exploitation d'énergies fossiles libérant des gaz à effet de serre que la destruction des milieux naturels, et à la pollution liée surtout à l'utilisation du pétrole et de ses nombreux dérivés. L'évaluation de leur degré de gravité repose sur des indices mesurables et des études documentées.

Alors que les effondrements de civilisations du passé ont été géographiquement limités à celles-ci, les analyses actuelles envisagent un bouleversement systémique qui pourrait être mondial. Elles n'envisagent pas nécessairement la fin de l'humanité mais plutôt celle de la société industrielle. Elles s'appuient sur des faits scientifiques dont la réalité est reconnue par des rapports et expertises scientifiques et institutionnels.

DĂ©finitions et causes d'un risque d'effondrement de la civilisation industrielle

DĂ©finitions

Il existe plusieurs définitions de l'effondrement. Les archéologues parlent d'effondrement lors d'une réduction rapide d'une population et/ou de la complexité politique/économique/sociale/institutionnelle, sur une zone significativement étendue et pour une durée importante.

L'anthropologue américain Joseph Tainter, dans son ouvrage L’Effondrement des sociétés complexes (The Collapse of Complex Societies), complète cette définition principalement par trois points. Selon lui, plus une société est complexe, plus elle requiert de l'énergie (obtenue autrefois à partir de la biomasse). Après avoir épuisé l'énergie bon marché et la dette abordable, une société complexe perd sa capacité à résoudre ses problèmes (économiques et autres). Pour Tainter, l'effondrement est la simplification rapide d'une société[2] - [3] - [4]

Une autre définition, plus sociale, est proposée par l'Institut Momentum : « un processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi[5]. »

Causes de l'effondrement

Selon Dennis Meadows, professeur émérite américain de l'université du New Hampshire en gestion des systèmes, l'effondrement implique un processus de « boucle de rétroaction positive », c'est-à-dire un phénomène qui renforce ce qui le provoque. Ce genre de processus, à l'origine des effondrements financiers, peut concerner des systèmes plus globaux[6].

Pour les collapsologues et autres défenseurs de ces théories, les facteurs qui contribuent à l'effondrement de la civilisation industrielle ont la particularité d'être interdépendants et globaux, d'où un risque de perturbations systémiques mondialisées et en cascade. Ces facteurs sont étudiés dans les champs environnementaux, économiques, sociaux et culturels.

Biosphère

L'Anthropocène se caractérise par une transformation radicale de l'écosystème mondial (disparition des forêts primaires et de la faune sauvage). Ainsi, Anthony David Barnosky (en), spécialiste américain de biologie évolutive de l'université de Berkeley[7] analyse, dans la revue Nature, la possibilité du changement brusque et irréversible de l'écosystème mondial[8]. Johan Rockström (sv), professeur suédois en gestion des ressources naturelles au Centre de Résilience de Stockholm (en) établit en préambule de son article sur les limites planétaires que « les pressions anthropiques sur le système terrestre ont atteint une échelle où le changement environnemental mondial brusque ne peut plus être exclu »[9]. Will Steffen, chimiste américain de l'université nationale australienne, conclut, dans la revue Sciences, que « La transgression des limites planétaires crée […] le risque substantiel de déstabiliser l'état Holocène du système Terre »[10] ; la destruction des écosystèmes et de la biodiversité ayant elle-même plusieurs origines : besoin d'espace pour l'industrie agroalimentaire de masse, l'élevage intensif, les mines et les industries qui induisent des déforestation massive, surpêche et pollution marine, déclin des pollinisateurs, fragmentation et dégradation des habitats naturels, etc. Ceci conduirait – en un temps très rapide mais difficile à évaluer – à un effondrement global dont la forme exacte reste à déterminer.

Changement climatique

Le dérèglement climatique et ses conséquences[11] : la fonte des calottes glaciaires[12] - [13], la disparition accélérée du pergélisol qui, en libérant de très grandes quantités de méthane et de dioxyde de carbone participe, par boucle de rétroaction, au réchauffement climatique[14], la montée des eaux qui menace d'inondation de nombreuses villes et mégalopoles côtières[15], de multiples îles et îlots (certaines îles du Pacifique sont déjà englouties)[16], des régions entières et de grands bassins de vie[17]. Ces inondations entraîneront des déplacements massifs de population qui s'ajouteront aux millions de migrants contraints de quitter des terres devenues infertiles à cause de ce même réchauffement climatique[18]. Le dérèglement climatique est également à l'origine de manifestations naturelles de plus en plus fréquentes et intenses, comme la multiplication de tornades et cyclones tropicaux, de tempêtes et orages, d'incendies et de pluies torrentielles, de canicules, de sécheresses et également d'épisodes extrêmement froids[19] - [20].

Convergence de différentes causes

Tous ces paramètres convergent et sont autant de causes d'un possible effondrement[21]. Ces facteurs ne provoquent pas les mêmes effets : la fin du pétrole affectera d'abord le monde industriel et les transports alors que le changement climatique affecte potentiellement toutes les espèces vivantes. C'est l'interconnexion de tous ces facteurs qui accrédite la théorie d’un possible effondrement systémique global.

Les causes considérées sont d'origine anthropique[22] - [23]. Les phénomènes sous-jacents, qui selon ces théories pourraient conduire à un effondrement civilisationnel, s’appuient sur diverses études scientifiques[8] - [10] - [9] - [24] et dont la réalité et la gravité est prise en considération par de nombreux organismes publics, parmi lesquels le club de Rome, le GIEC[25] - [26], des autorités militaires internationales[27], la Banque mondiale[28] et le Forum de Davos[29].

Quelques auteurs attribuent les risques d'effondrement global au capitalisme mondial et ont proposé le terme de « capitalocène »[30] - [31] - [32] à côté de celui d'Anthropocène.

En , une étude parrainée par le Goddard Space Flight Center, le principal centre de la NASA, montre que les fortes inégalités économiques et une forte prédation des ressources naturelles sont deux causes-clés de l'effondrement d'une civilisation[33] - [34].

Croissance démographique

La croissance démographique, si elle se poursuivait de façon exponentielle, entraînerait une surpopulation. Cette surpopulation était déjà redoutée par Thomas Malthus au XVIIIe siècle, qui la théorisa notamment en prônant la restriction démographique[35]. D'après l'Institut national d'études démographiques, la population mondiale devrait atteindre un maximum à 10,9 milliards d'habitants un peu après 2100[36]. À moins que, selon les projections du rapport Meadows, la population commence à décroître sensiblement à partir de 2030[37].

Historique

Origines de la notion d'effondrement

L'effondrement a mis fin à de nombreuses sociétés et civilisations. Dès le XIXe siècle des scientifiques ont douté de la pérennité de la civilisation industrielle (Jean-Baptiste de Lamarck par exemple[38]).

Cependant les premières Ă©tudes rigoureuses et vĂ©rifiables n'apparaissent qu'Ă  partir des annĂ©es 1970. La notion d'effondrement a Ă©tĂ© appliquĂ©e Ă  la civilisation industrielle par le club de Rome[39] (— composĂ© entre autres de scientifiques, d'Ă©conomistes, ainsi que d'industriels de 52 nations —), qui a commandĂ© au professeur Dennis Meadows du Massachusetts Institute of Technology (MIT) une Ă©tude sur l'Ă©tat des ressources naturelles dans le monde[40]. Le « rapport Meadows » publiĂ© par le club de Rome en 1972 sous le titre : The Limits To Growth, traduit en français par Les Limites Ă  la croissance[41] est basĂ© sur la « mĂ©thode de la dynamique des systèmes » et sur des modèles de simulation informatiques[42]. Le modèle World3 montrait que, sans inversion de tendance, un effondrement aurait lieu durant la première moitiĂ© du XXIe siècle. Les rĂ©visions du rapport, en 1993 et en 2004, confirment ce pronostic[43]. En 2012, le chercheur australien Graham Turner du Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO), en compilant 40 ans de donnĂ©es de l'ONU, a montrĂ© que le modèle s'Ă©tait avĂ©rĂ© prĂ©cis et robuste, confirmant ainsi l'imminence d'un effondrement, ainsi que l'apparition des premiers signes[44].

Dès 1973, l'agronome français René Dumont développe les conséquences du rapport au club de Rome[45]. Dans son ouvrage L'Utopie ou la mort !, évoquant selon ses propres termes une « fin de la civilisation » pour le début du XXIe siècle[46]. Afin d'y échapper il propose comme pistes : le contrôle démographique, les économies et le recours à d'autres sources d'énergie, la coopération internationale avec les pays en voie de développement, et la protection et la remédiation des sols[47].

2001-2010

En 2002, lors du IVe Sommet de la Terre, le discours de Jacques Chirac est sans concession : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » ; « La Terre et l'humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. » ; « Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas pour les générations futures celui d'un crime de l'Humanité contre la vie. »

En 2003, Hubert Reeves (astrophysicien franco-canadien) publie Mal de terre[48], sur les multiples menaces pesant sur la planète et ses habitants. « Son diagnostic est alarmant : si la vie sur Terre est robuste, c'est l'avenir de l'espèce humaine qui est en cause. Le sort de l'aventure humaine, entamée il y a des millions d'années, va-t-il se jouer en l'espace de quelques décennies ? »[49]..

En 2005 le biologiste évolutionniste américain Jared Diamond popularise le mot « effondrement » par son essai Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie[50]. Il insiste sur le fait que les déclins de civilisations naissent de la rencontre de plusieurs paramètres dont les plus importants, selon lui, sont « des dommages environnementaux, un changement climatique, des voisins hostiles, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux, et les réponses apportées par une société »[51], auxquels s'ajoutent la surpopulation et l'épuisement des ressources naturelles.

En 2007, James Lovelock, scientifique britannique et auteur de l'hypothèse Gaïa, déclarait devant la Royal Society que le réchauffement climatique est plus rapide que prévu, et que ses conséquences pourraient être tragiques pour la survie de la civilisation au XXIe siècle du fait du probable chaos qu'il va causer sous forme de famines, sécheresses et migrations de masse :

« Nous sommes dans l'étrange situation de vivre sur une planète où le climat et l'évolution de la composition (de l'atmosphère) est maintenant si rapide qu'il s'avère trop rapide pour que nous puissions réagir[52]. »

Il a par la suite (en 2012) reconnu avoir été trop alarmiste lorsqu'il prévoyait la mort de milliards d'humains[53]. En 2015, bien que plus prudent sur la date de la catastrophe climatique, il reste convaincu que les conséquences du réchauffement climatique finiront par nous rattraper, car pense-t-il les humains sont incapables d'inverser la tendance : l'essentiel n'est pas même la survie de l'humanité, mais la continuation de la vie elle-même ; si la population et sa consommation dépassent les capacités de la planète, la Terre trouvera, par elle-même, un moyen de se débarrasser, d'une façon ou d'une autre, de l'excédent et de poursuivre sa perpétuation :

« Je considère avec beaucoup de sérénité un genre d'évènement, pas trop rapide, qui réduirait notre population à environ un milliard ; je pense que la Terre serait plus heureuse[54]. »

Jean-Marc Jancovici, ingénieur polytechnicien français, ancien collaborateur de l'ADEME concernant notamment la mise au point du bilan carbone et participant en 2007 au Grenelle de l'environnement, alerte régulièrement depuis 2001[55] sur les menaces directes pour l'humanité que pose la conjonction de l'effondrement des ressources énergétiques et des effets du réchauffement accéléré du climat[56].

Cette crise est présentée comme un scénario de plus en plus crédible à moyen terme, voire à relativement court terme, par de nombreux lanceurs d'alerte dont John Beddington, scientifique britannique, spécialiste de la gestion durable des ressources naturelles et conseiller scientifique en chef du gouvernement du Royaume-Uni. En [57] il estimait prospectivement que le monde – sans profonds et rapides changements de comportements individuels et collectifs – va vers un effondrement écologique et économique global qu'il compare à un ouragan parfait (économique, social et environnemental), qui se concrétisera selon lui vers 2030. Ce scénario associe conjointement une crise alimentaire, sanitaire et sociale, une crise énergétique et une crise écologique majeure caractérisées par un effondrement brutal des écosystèmes, à l'échelle de la biosphère, (c'est-à-dire de la planète tout entière), et dépassant ses capacités de résilience écologique (à court, moyen ou long terme). Dans ce scénario, dans le pire des cas, la capacité de la biosphère à s'auto-entretenir est détruite pour un temps plus ou moins long, voire définitivement[58].

Selon Jonathon Porritt (conseiller du gouvernement britannique et du monde économique) la prospective de John Beddington est encore trop optimiste. Il partage son analyse des causes, mais juge que la situation est plus grave encore et que la date du collapsus planétaire redouté des écologues est plus proche de 2020 que de 2030.

En 2008, le terroriste Theodore Kaczynski parvient à faire publier, depuis sa prison, l'essai L'Effondrement du système technologique, dans lequel il développe l'idée que l'effondrement de la civilisation industrielle est nécessaire pour éviter un désastre écologique.

En 2008, Denis Dupré et Michel Griffon, publient La Planète, ses crises et nous, montrant les liens entre crises financières, climatiques, alimentaires et de l'énergie. Ils détaillent les changements possibles pour assurer un monde durable pour 2050. Dix ans plus tard (en 2018), Denis Dupré estime qu'il est maintenant trop tard pour éviter l'effondrement : selon lui, « la planète Titanic va couler et les riches sont en train de se ruer sur les canots de sauvetage »[59].

Clive Hamilton (philosophe australien) publie en 2010 Requiem pour l'espèce humaine[60], ouvrage qui prend acte des menaces qui pèsent sur nos civilisations[61]. Selon lui,

« Le monde est en train de basculer dans un avenir hostile. Notre obstination à tirer profit de la planète au-delà des limites supportables par son écosystème a déclenché des effets indirects si dramatiques que la crise climatique menace désormais notre existence[62]. »

2012

Pour Dennis Meadows, le développement durable n'est plus possible ; parmi les scénarios envisagés en 1972, le scénario de croissance rapide avec dépassement des limites naturelles est en cours, il sera suivi d'une baisse rapide de l'activité à une date encore indéterminée[63] - [64].

2013

  • Les biologistes amĂ©ricains Anne H. et Paul R. Ehrlich, de l'universitĂ© Stanford, estiment dans un article publiĂ© dans la revue Proceedings of the Royal Society (sĂ©rie B) qu'un effondrement de notre civilisation est difficilement Ă©vitable[65].
  • Un livre Du risque Ă  la menace est co-Ă©crit par un groupe de « spĂ©cialistes de la question des risques dans les domaines de l'histoire, de l'Ă©conomie, de la sociologie, du droit, de l'environnement et de la mĂ©decine, [qui] montre comment les sociĂ©tĂ©s technologiquement avancĂ©es progressent, inexorablement semble-t-il, vers un horizon obscurci par la menace »[66] - [67].
  • Dmitry Orlov publie The Five Stages of Collapse (Les Cinq Stades de l'effondrement), en y dĂ©taillant surtout les trois premiers (effondrements financier, commercial et politique) et abordant les deux suivants (social et culturel) dans les derniers chapitres[68].

2015

  • Le livre Comment tout peut s'effondrer[69] de Pablo Servigne et RaphaĂ«l Stevens[70] synthĂ©tise les principaux paramètres pouvant conduire notre civilisation Ă  l'effondrement[71]. Les auteurs crĂ©ent le nĂ©ologisme « collapsologie »[72] qu'ils dĂ©finissent comme « l'exercice transdisciplinaire d'Ă©tude de l'effondrement de notre civilisation industrielle […] ». Selon les auteurs, les principaux facteurs d'effondrement sont l'approche des limites physiques (manque de ressources et Ă©nergie), le dĂ©passement de seuils de basculement irrĂ©versibles (des systèmes climatiques et Ă©cosystĂ©miques), l'inertie de notre sociĂ©tĂ© (phĂ©nomène de verrouillage socio-technique) et la vulnĂ©rabilitĂ© des rĂ©seaux (financiers, d'approvisionnement, d'information, etc.).
  • Ă€ la suite du nouveau rapport du Club de Rome, The Limits To growth Revisited, Ugo Bardi (chimiste universitaire italien) Ă©crit : Le Grand Pillage – Comment nous Ă©puisons les ressources de la planète[73], insistant sur la surexploitation des mĂ©taux et minerais (cuivre, zinc, or, uranium…) devenue telle que le risque de pĂ©nurie approche, par rarĂ©faction ou en raison du coĂ»t prohibitif de leur exploitation[74].
  • En novembre, avant la ConfĂ©rence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21), le Collège de France s'empare du sujet du climat, de l'Ă©nergie et de la sociĂ©tĂ©, dans trois colloques soulignant la gravitĂ© des enjeux[75] - [76].
  • Le pape François s'Ă©meut de l'avenir de la planète et de l'humanitĂ©. Il publie le une encyclique (Laudato si') dont le sous-titre est Sur la sauvegarde de la maison commune consacrĂ©e aux questions environnementales et Ă  l'Ă©cologie humaine[77], ce qui est une première dans l'histoire de la papautĂ©[78]. Le pape y « critique le consumĂ©risme et le dĂ©veloppement irresponsable tout en dĂ©nonçant la dĂ©gradation environnementale et le rĂ©chauffement climatique »[79].

2018

  • En , le nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC) annonce un rĂ©chauffement global de +1,5 °C dès 2030 par rapport Ă  l'ère prĂ©-industrielle (vers 1790)[80] et sonne « l'ultime alerte avant un monde en crise permanente »[81]. Ce rĂ©chauffement entraĂ®nera de multiples consĂ©quences comme des vagues de chaleur, des pluies torrentielles, une forte rĂ©duction de la biodiversitĂ©, des rĂ©cifs coralliens, des populations de poissons et des rendements cĂ©rĂ©aliers, une hausse du niveau des ocĂ©ans et la fonte totale de la banquise arctique l'Ă©tĂ©[82].
  • Ă€ la suite de la parution du rapport du GIEC, les Ă©lèves des grandes Ă©coles d'ingĂ©nieurs et de commerce françaises plaident pour un rĂ©veil Ă©cologique dans un manifeste[83] recueillant plus de 30 000 signatures[84].
  • Un documentaire est publiĂ© en dĂ©cembre sur C8, qui rĂ©vèle au grand public la proximitĂ© d'un effondrement[85]. Cette vidĂ©o de David Mutaner diffusĂ©e le a Ă©tĂ© suivie d'un dĂ©bat animĂ© par Carole Rousseau avec Yann Arthus-Bertrand, Corinne Lepage, AurĂ©lien Barrau et Aline Aurias.

2019

« Ce que souligne surtout ce dernier rapport du Giec est que les terres se réchauffent deux fois plus vite que le globe. Sur la période de référence, les continents ont vu leur température de surface croître de 1,53 °C en moyenne. Les 1,5 °C stipulés dans l’accord de Paris sont donc déjà dépassés dans ce que ressentent les humains et les écosystèmes terrestres[91]. »

  • En , le GIEC publie un rapport sur les ocĂ©ans et la cryosphère[94] - [95] dans lequel il est signalĂ© notamment que les eaux vont monter jusqu'Ă  1 mètre en 2100, que les Ă©vènements climatiques extrĂŞmes vont croĂ®tre en intensitĂ© et en frĂ©quence, que les glaciers en fondant vont priver de larges bassins de population d'eau potable et de possibilitĂ©s d'irrigation, que le rĂ©chauffement, l'acidification et les pertes en oxygène des ocĂ©ans « perturbent les espèces et l'ensemble de la chaĂ®ne alimentaire »[96].
  • Les 17 et , des experts se rĂ©unissent Ă  l’OCDE afin de tenter de prĂ©venir l’effondrement systĂ©mique, notamment « l'Ă©lĂ©vation du niveau de la mer et la hausse des tempĂ©ratures [qui] affecteront la santĂ© et la sĂ©curitĂ© de milliards d'individus »[97].
  • Le thème des risques d'effondrement donne lieu Ă  de nombreuses publications en 2019 :
    • En mars, Luc Semal, maĂ®tre de confĂ©rences en science politique au MusĂ©um national d'histoire naturelle Ă  Paris, publie Face Ă  l'effondrement : Militer Ă  l'ombre des catastrophes[98]. Selon lui, la peur peut ne pas ĂŞtre paralysante et ĂŞtre le moteur de l'action. Face Ă  « l’oblitĂ©ration de tout avenir commun au nom de l’impĂ©ratif de croissance », la peur peut contribuer Ă  esquisser une « dĂ©mocratie Ă©cologique »[99].
    • En mai, l'astrophysicien AurĂ©lien Barrau publie l'ouvrage Le plus grand dĂ©fi de l'histoire de l'humanitĂ© : Face Ă  la catastrophe Ă©cologique et sociale[100] - [101]. Dans son introduction, il Ă©crit que son ouvrage « s'inscrit dans un geste de « dernière chance », comme une supplique aux pouvoirs publics : Ne pas considĂ©rer l'Ă©cologie comme la prioritĂ© majeure de ce temps relève du « crime contre l'avenir ». Ne pas opĂ©rer une rĂ©volution dans notre manière d'ĂŞtre relève du « crime contre la vie ». Il est temps de regarder en face l'agonie de notre monde »[102].
    • En juin, Corinne Morel Darleux, conseillère rĂ©gionale, publie un livre intitulĂ© PlutĂ´t couler en beautĂ© que flotter sans grâce : RĂ©flexions sur l'effondrement[103].
    • En novembre, l'auteur et journaliste amĂ©ricain David Wallace-Wells publie la traduction de son livre La Terre inhabitable qui fait suite Ă  un article paru en juillet 2017 dans le magazine New York. Dans ce livre, l'auteur annonce, avec l'appui de rĂ©fĂ©rences scientifiques documentĂ©es, les difficultĂ©s inĂ©dites auxquelles l'humanitĂ© va ĂŞtre confrontĂ©e dans un avenir proche et, selon le journal Le Monde, dĂ©roule « le scĂ©nario d’un cataclysme en douze chapitres sinistres »[104].
  • Le , le HuffPost publie un sondage selon lequel 58 % des Français redoutent un effondrement de notre civilisation ; interrogĂ©s sur les causes possibles d’un effondrement, les sondĂ©s citent d'abord le rĂ©chauffement climatique (36 %), devant la surpopulation (17 %) et la montĂ©e des inĂ©galitĂ©s (14 %)[105].

2020

2021

  • En avril 2021, l'universitĂ© de Heidelberg annonce le dĂ©marrage des activitĂ©s de son centre de recherche CAPAS sur les Ă©tudes « apocalypse et post-apocalypse »[110].
  • En juin 2021, un projet de rapport du GIEC se montre nettement plus alarmant que le dernier rapport, publiĂ© en 2014. Il alerte que « l’humanitĂ© est Ă  l’aube de retombĂ©es cataclysmiques » et prĂ©cise que si la vie sur terre peut s'adapter Ă  un changement climatique majeur par la crĂ©ation de nouvelles espèces, l’humanitĂ©, quant Ă  elle, ne le peut pas[111] - [112].
  • Selon un texte publiĂ© en juillet 2021, dans la revue BioScience, sur les 31 « signes vitaux » de la planète, 18 atteignent des records et indiquent que « nous allons vers des points de rupture »[113]. Selon un autre article paru dans la revue Nature, nous sommes Ă  l’aube d’une cascade de points de bascule qui pourrait aboutir Ă  un point global de basculement irrĂ©versible. Cette possibilitĂ© est « une menace existentielle pour la civilisation » Ă©crivent Tim Lenton et ses collègues. L'article signale notamment que ces points de basculement arrivent beaucoup plus rapidement que ce que prĂ©voyaient les scientifiques[114].
  • Le 9 aoĂ»t 2021, le GIEC fait paraitre le 1er volet de son sixième rapport sur l'Ă©volution du climat[115]. Ce dernier rapport est « l'avertissement le plus sĂ©vère jamais lancĂ© » selon le prĂ©sident de la COP26, Alok Sharma, qui a toutefois dĂ©fendu le projet du Royaume-Uni d'autoriser l'exploration de gisements de pĂ©trole et de gaz[116]. Ce rapport dĂ©montre que le rĂ©chauffement est plus rapide et plus fort que ce que prĂ©voyaient les climatologues[117], que la limite de +1,5 degrĂ© sera franchie autour de 2030, soit 10 ans plus tĂ´t que les estimations prĂ©cĂ©dentes des scientifiques[118] et non pas en 2100 comme espĂ©rĂ©s par les accords de la COP21. Ce 6e rapport signale que mĂŞme en limitant le rĂ©chauffement climatique, des seuils ont Ă©tĂ© franchis et que les catastrophes naturelles devraient se multiplier[119]. Par ailleurs, le rapport prĂ©cise qu'aucune rĂ©gion du monde ne sera Ă©pargnĂ©e, que c'est le vivant dans sa globalitĂ©, qui sera affectĂ©, et signale que diffĂ©rents records ont de nouveau Ă©tĂ© dĂ©passĂ©s, notamment le niveau de concentration en dioxyde de carbone (CO2) qui est Ă  son plus haut niveau depuis 2 millions d’annĂ©es, la superficie de la banquise Arctique qui est au plus bas depuis 1 000 ans, les glaciers de la planète qui ont reculĂ© de 40 % depuis les annĂ©es 1950, un niveau sans prĂ©cĂ©dent depuis au minimum 2 000 ans[120]. Le rapport montre Ă©galement la part importante du mĂ©thane dans les gaz Ă  effet de serre. La concentration de CH4 n'a jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©e depuis 800 000 ans. Le pouvoir de rĂ©chauffement du mĂ©thane est presque 30 fois supĂ©rieur Ă  celui du CO2 ; 60 % de celui-ci est dĂ» aux activitĂ©s humaines et il est en forte progression depuis 10 ans[121] - [122]. Ă€ la lecture du rapport du GIEC, AntĂłnio Guterres, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU, dĂ©clare que « les Ă©missions (de gaz Ă  effets de serre) et la dĂ©forestation Ă©touffent notre planète et mettent des milliards de personnes en danger immĂ©diat »[123] et que, dĂ©sormais et plus que jamais, la viabilitĂ© de nos sociĂ©tĂ©s dĂ©pend de l'union des dirigeants de gouvernement, des entreprises et de la sociĂ©tĂ© civile et de nos actions immĂ©diates ; « Il n'y a pas de temps Ă  perdre, ni d'excuses Ă  trouver »[124].
  • Le 30 novembre 2021, le palĂ©ontologue Henry Gee (en) estime dans un article de Scientific American[125] que la dĂ©gradation de l’habitat d’« Homo sapiens », sa faible variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique et la baisse de sa fertilitĂ© prĂ©parent le terrain Ă  l’effondrement de l’espèce[126].

2022

  • Chaque annĂ©e, l'ONU publie un « rapport d'Ă©valuation mondial sur la rĂ©duction des risques de catastrophe » (GAR2022)[127]. La conclusion du rapport de 2022 est sombre : « L’empreinte physique et Ă©cologique de l’Homme accĂ©lère le rythme du changement. (…) Lorsque les risques systĂ©miques deviennent des catastrophes en cascade, alors les systèmes risquent de s’effondrer ». Le rapport estime que d’ici 2030, nous connaĂ®trons annuellement 560 catastrophes dans le monde, soit 1,5 catastrophe par jour en moyenne, et qu'« en ignorant dĂ©libĂ©rĂ©ment le risque, et en ne l’intĂ©grant pas dans la prise de dĂ©cision, le monde finance effectivement sa propre destruction » selon les mots de Mami Mizutori, reprĂ©sentante spĂ©ciale du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU pour la rĂ©duction des risques de catastrophe. L’ONU espère que ce rapport sera un puissant signal d’alarme motivant les pays Ă  accĂ©lĂ©rer l’action sur les quatre prioritĂ©s du Cadre de Sendai afin de rĂ©duire, voire de parer aux risques d'effondrements annoncĂ©s[128].
  • Le , une Ă©tude publiĂ©e dans la revue amĂ©ricaine PNAS du MIT, mentionne qu’« il existe de nombreuses raisons de soupçonner que le changement climatique pourrait entraĂ®ner une catastrophe mondiale », un effondrement sociĂ©tal, voire l'extinction de l'humanitĂ© et estime qu’actuellement ce sujet crucial est dangereusement sous-explorĂ©[129] - [130].

2023

  • le 7 juin, la "Earth Commission" (Commission de la Terre), Ă©quipe de plus de 40 scientifiques internationaux, a fait paraitre dans la revue Nature une alerte sur le franchissement de 7 des 8 lignes rouges planĂ©taires fatidiques et annoncent que l'humanitĂ© se rapproche irrĂ©mediablement des "points de bascule nĂ©gatifs, existentiels et irrĂ©versibles".  :

« les variables, détraquées par l’activité humaine, relèvent des domaines du climat, de la biodiversité, du cycle de l’eau douce, de la couche d’ozone, de l’acidification des océans, des processus biochimiques de l’azote et du phosphore, de l’utilisation des terres, de la charge en aérosols atmosphériques, et enfin de la pollution radioactive ou chimique (plastiques, pesticides, solvants, polluants organiques persistants[131] »

La seule des limites n'ayant pas été dépassée étant la charge en aérosols atmosphériques. Le collectif précise que c'est la stabilité de la planète entière qui est concernée[131].

Réactions aux risques d’effondrement de la civilisation industrielle

Selon certains tenants des théories de l'effondrement, la première réaction, fréquente face à cette perspective, serait le déni[132] - [133] auquel succéderait, pour ceux dépassant ce stade, la colère, le marchandage, la dépression puis l'acceptation et la recherche de solutions ou d'adaptation (la résilience) selon les « cinq phases du deuil » d'après Elisabeth Kübler-Ross.

En France, des personnes échangent autour de ce sujet, par exemple au sein de l'« Institut Momentum », fondé par Agnès Sinaï et présidé par Yves Cochet, ancien ministre français de l'Environnement et ancien parlementaire. Dès 2005, Yves Cochet alerte sur le risque d'effondrement, en particulier dans son livre Pétrole apocalypse. Il reste aujourd'hui particulièrement alarmiste comme le souligne sa tribune dans le journal Libération d'[134]. Il estime dans un ouvrage publié en 2017 que l'effondrement aura lieu avant 2030[135]. En , il publie Devant l'effondrement : Essai de collapsologie, dans lequel il annonce que par effets systémiques l'effondrement mondial devrait se produire entre 2020 et 2040, période durant laquelle la population serait décimée par la famine, les maladies, les guerres, jusqu'à être réduite à deux ou trois milliards d'humains. Selon lui il ne serait désormais plus possible d'échapper à cet effondrement ; on ne pourrait que tenter d'amoindrir l'ampleur du choc[136] - [137] - [138].

Depuis 2010, le think tank The Shift Project mené par Jean-Marc Jancovici, s'est donné pour objectif d'atténuer les conséquences néfastes du dérèglement climatique et réduire la dépendance de l'économie aux énergies fossiles[139].

Le mouvement Deep Green Resistance né aux États-Unis postule que l'effondrement de la civilisation industrielle est souhaitable et doit même être provoqué, pour laisser la possibilité à une société humaine plus respectueuse de l'environnement de (re)naître[140].

Dans le monde, un nombre indéterminé d'individus se préparent à l'éventualité d'un collapsus, dans un mouvement très diversifié dit « survivaliste », qui envisage des solutions individuelles (création pour ses proches et soi d'une base autonome durable, contenant notamment un stock de marchandises alimentaires, d'articles de premiers soins, d'armement défensif) ou collaboratives (jardins potager collectifs, développement du troc, échange de biens et de services)[141].

En réponse au réchauffement climatique, la géoingénierie envisage des solutions qui font polémique[142].

Les modèles politiques et économiques du développement durable et de la croissance verte[143] postulent que déployer des technologies et comportements plus sobres permettraient d'éviter l'effondrement de la civilisation et de stabiliser ou maintenir une croissance économique globale (ce qui implique un découplage entre consommation de ressources et production de richesses).

Certains pensent que la fusion nucléaire pourrait apporter d'ici quelques décennies une solution aux problèmes d'énergie[144] - [145].

D'autres prônent une décroissance de la consommation[146] afin de garantir la durabilité de la société humaine[147], via une simplicité volontaire ou sobriété heureuse[148]. Ces trois comportements impliquent une consommation modérée, raisonnée et responsable, qui inclut une perte de confort, respectueuse de la planète et en accord avec nos propres besoins réels[149].

Le mouvement Alternatiba s'organise en 2013 et initie des villages éphémères et alternatifs afin de promouvoir une autre façon d'être au monde, respectueuse et protectrice du vivant, solidaire et coopérative, responsable et joyeuse, en pronant la non-violence, la radicalité, la lutte contre le dérèglement climatique et la justice sociale[150].

Le film documentaire Demain réalisé en 2015 par Cyril Dion et Mélanie Laurent[151] est basé sur la possibilité d'un effondrement imminent et montre des propositions alternatives[152] grâce notamment à la permaculture, l'agroécologie, la monnaie locale, la démocratie participative, le recyclage et la récupération, etc.

En 2013, une initiative citoyenne européenne (End Ecocide in Europe) vise à faire reconnaître le crime d'écocide en droit européen[153] pour freiner la destruction des écosystèmes et la mise en péril des conditions de vie des générations présentes et futures. L'initiative devient mondiale en 2014 (alors renommée End Ecocide on Earth). Elle plaide pour que la Cour pénale internationale reconnaisse l'écocide comme un crime contre la paix et la sécurité humaine[154].

En 2014, Philippe Bihouix (ingénieur centralien), « face aux signaux alarmants de la crise globale », préconise les low-tech (contraire des high-tech), moins énergivores et moins polluantes qui permettraient, selon lui, de « conserver un niveau de confort tout en évitant les chocs des pénuries à venir ». la pénurie de métaux stratégiques condamnera une civilisation technologique dépendante des métaux rares[155] - [156] - [157]. Selon lui les énergies fossiles polluantes et destructrices des écosystèmes seront, de toute façon, bientôt inexploitables. Il faut donc utiliser les énergies et ressources naturelles sans danger et durables, ne nécessitant pas ou peu de matériaux rares pour fonctionner : l'air, l'eau, le sol et le compost[158] - [159].

Le dalaï-lama met en garde les nouvelles générations d'un risque concernant leur survie en raison de la crise climatique, les exhortant à une révolution. Ses propos sont retranscrits dans l’essai publié en 2017 Faites la révolution ! - L'Appel du Dalaï-Lama à la jeunesse écrit par Sofia Stril-Rever. Par ailleurs, dans son livre paru en février 2021, L'appel pour le climat du Dalaï-Lama, il exhorte la communauté humaine à regarder de front notre responsabilité universelle et à agir collectivement et rapidement pour la protection du climat[160].

En 2018, l'« Appel des coquelicots » organise chaque premier vendredi du mois des rassemblements contre l'usage de produits chimiques dans l'agriculture en France[161]. En France, si la quantitĂ© de pesticides utilisĂ©s est passĂ©e de 100 000 Ă  70 000 tonnes, le nombre de doses unitĂ©s (NODU) mesurĂ© par le ministère de l'Agriculture est en augmentation (+12 % entre 2014 et 2016)[162] et leur usage dans le monde s'accroĂ®t, y compris celui de pesticides plus anciens ou interdits dans certains pays[163].

La mĂŞme annĂ©e, un mouvement citoyen « Il est encore temps » organise des Ă©vènements dans toute la France : marches citoyennes, concerts, pĂ©tition en ligne ainsi que le dĂ©pĂ´t d'une plainte appelĂ©e « L'Affaire du siècle », contre l'État français accusĂ© de ne pas tenir ses engagements en matière de lutte contre le rĂ©chauffement climatique[164]. La pĂ©tition recueille plus de 2 millions de signatures[165]. Le 3 fĂ©vrier 2021, l'État français est condamnĂ© par le tribunal administratif de Paris pour « carences fautives » dans sa lutte contre le rĂ©chauffement climatique[166].

En , une jeune suĂ©doise de 15 ans, Greta Thunberg, entame en solitaire une grève des cours et s'installe chaque vendredi devant le Parlement de Stockholm pour rĂ©clamer du gouvernement suĂ©dois des actions fortes contre le rĂ©chauffement climatique. Elle est Ă  l'origine d'un mouvement planĂ©taire sans prĂ©cĂ©dent. InspirĂ©s par son action, quelque 20 000 Ă©tudiants dans le monde participent en Ă  la grève Ă©tudiante pour le climat. Une mobilisation gĂ©nĂ©rale nommĂ©e « Grève mondiale des jeunes pour le climat » connaĂ®t le un succès inĂ©dit[167] : elle est suivie par 50 000 personnes en Belgique, 66 000 en Suisse, 150 000 en Australie, 195 000 en France et 300 000 en Allemagne. Devenue incontournable, Greta Thunberg s'exprime Ă  la COP24, au Forum Ă©conomique mondial de Davos[168], est reçue par le prĂ©sident Emmanuel Macron[169], par le pape François[170]. En , elle est proposĂ©e pour le prix Nobel de la paix[171]. Le , Ă  la demande des dĂ©putĂ©s français, elle fait un discours remarquĂ© Ă  l'AssemblĂ©e nationale[172]. En , elle traverse l'ocĂ©an Atlantique en voilier pour assister au sommet « Action Climat » de l'Organisation des Nations unies Ă  New York, oĂą elle tient un discours particulièrement remarquĂ© et commentĂ©[173].

En la grève Ă©tudiante pour le climat rĂ©unit dans les rues, selon le site militant 350.org, lors de diverses marches pour le climat du 20 au , 7,6 millions de personnes dans le monde, dont plus de 600 000 au QuĂ©bec le et 195 000 en France[174].

En , un mouvement de résistance s'organise au Royaume-Uni sous le nom d'Extinction Rebellion. Ce mouvement exige, sous toute forme à l'exclusion de la violence[175], de la part des dirigeants, la reconnaissance explicite de la gravité et de l'urgence des crises écologiques en cours et l'accès facilité au plus grand nombre à cette information, une mise en place immédiate d'actions contraignantes ayant pour effet la neutralité carbone en 2025, l'arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes, et l'instauration rapide d'une assemblée citoyenne chargée de mettre en place des mesures opérationnelles et sans délais, ayant pour objectif de garantir l'accès équitable aux ressources de base et la préservation des écosystèmes. Ce mouvement de désobéissance civile prend au Royaume-Uni une ampleur inattendue[176]. Ce mouvement déborde ensuite les frontières britanniques pour se répandre en Europe et dans le monde[177].

La vague récente d'élargissement de la diffusion des théories de l'effondrement a été encore peu étudiée en sciences sociales. Le politiste Luc Semal insiste sur la continuité avec les mouvements de la décroissance et des Villes en Transition, datant de la décennie précédente. Les sociabilités électroniques des « effondrés » commencent à être décrites[178], et attirent l'attention de prospectivistes[179].

L'idée d’un « Green New Deal » se développe aux États-Unis. Il s’agit d’une déclaration d’intention non-contraignante qui a pour objectif de lutter radicalement contre le changement climatique en créant une économie verte. Cette déclaration propose, entre autres, le remplacement à 100 % des énergies fossiles par de l’énergie renouvelable, un revenu de base universel et un régime universel de soins[180]. Le projet est porté aux États-Unis par deux démocrates : Alexandria Ocasio-Cortez, progressiste élue à la Chambre des représentants, et le sénateur démocrate Ed Markey[181]. Ce projet est popularisé aux États-Unis et dans le monde notamment par le dernier livre de l'économiste américain Jeremy Rifkin : Le New Deal vert mondial[182]. L’altermondialiste et essayiste canadienne Naomi Klein propose également un New Deal vert. Dans son livre Plan B pour la planète : le new deal vert, là où Jeremy Rifkin prône le capitalisme et la technologie, elle propose le partage des richesses et la sobriété[183]. En Europe, Ursula von der Leyen promet de mettre en place un « green deal » pour l’Union européenne durant ses cents premiers jours à la tête de la Commission européenne[184].

Le , dans une tribune du journal Le Monde, mille scientifiques de toutes disciplines appellent les citoyens à participer aux « actions de désobéissance civile » menées par des mouvements écologistes face à l'urgence climatique et à l'inaction des gouvernements[185] - [186] - [187].

Devant l'inertie des pouvoirs publics en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et l'effondrement de la biodiversité, des scientifiques, sortent encore davantage de leur réserve et s'impliquent eux-mêmes en fondant les Scientifiques en Rébellion[188] sur le modèle d'Extinction Rebellion[189]. Le collectif est né de l’Appel des 1000 scientifiques à la désobéissance civile [190]paru dans le journal Le Monde en février 2020, déja mentionné ci-dessus[191].

Le , peu avant la fin de la première période de confinement en réponse à la pandémie de Covid-19 en France, Nicolas Hulot fait paraître dans le journal Le Monde, sur France Inter[192] et sur le média internet Brut[193], un manifeste constitué de 100 principes pour la protection de la planète, et appelle à des transformations écologiques et sociétales de grande ampleur[194]. Le même jour, 200 artistes et scientifiques lancent un appel en faveur d'un changement profond des modes de vie pour éviter un effondrement global[195].

En France, le Conseil économique, social et environnemental, sur demande du Premier ministre Édouard Philippe, met en place une Convention citoyenne pour le climat à partir d'un échantillon représentatif de Français. Sa mission consiste à proposer des mesures pour que la France parvienne, d'ici 2030, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport à 1990[196]. Seules 10% des mesures préconisées par cette convention seront retenues[197].

En décembre 2020, un collectif de plus de 400 scientifiques de tous pays réclament aux décideurs politiques l'ouverture d'un débat de grande envergure sur la menace d'effondrement afin d'envisager d'en réduire les effets[198]

Les Soulèvements de la Terre, un collectif d'écologie politique est fondé en janvier 2021 ; il englobe notamment le mouvement climat, des organisations paysannes, des luttes locales... Ce mouvement s'oppose activement à l'accaparement des terres par l'agro-industrie et l'artificialisation des sols. Il mène des actions de désobéissance civile et de sabotage d'infrastructures industrielles qu'il considère comme polluantes et néfaste au climat et à la biodiversité[199]. Ils se sont particulièrement fait connaitre, en mars 2023, lors d'une manifestation contre un projet de « méga-bassines » à Sainte-Soline[200].

Opposition aux théories prédisant un effondrement de la civilisation

Objections aux limites de la croissance

Plusieurs auteurs s'opposent à l'idée que la civilisation industrielle pourrait s'effondrer, et considèrent que la croissance peut se prolonger indéfiniment.

Risques liés au réchauffement climatique

Certains acteurs des controverses sur le réchauffement climatique estiment enfin que, si l'humanité modifie bien le climat, cela pourrait ne pas avoir d'impact négatif sur les sociétés humaines, et pourrait même avoir certains aspects positifs pour leur développement[201] - [202].

Un petit nombre de scientifiques nient encore l'existence du rĂ©chauffement climatique ou son origine anthropique. Selon le gĂ©ologue amĂ©ricain Don Easterbrook, professeur Ă  l'universitĂ© Western Washington, le rĂ©chauffement est passager ; il prĂ©voit un refroidissement « dĂ» au passage de l'oscillation dĂ©cennale du Pacifique (ODP) » pour bientĂ´t et jusqu'en 2035, suivi d'une pĂ©riode de faible rĂ©chauffement pour arriver Ă  +0,3 °C en 2100[203]. Toutefois, en 2019, l'examen de plus de 11 000 articles scientifiques publiĂ©s sur le sujet dans des revues Ă  comitĂ© de lecture au cours des sept premiers mois de l'annĂ©e montre qu'ils s'entendent sur l'origine humaine du rĂ©chauffement climatique[204] - [205]. Plus gĂ©nĂ©ralement, si les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC) expriment de graves prĂ©occupations quant Ă  l'intensitĂ© du rĂ©chauffement climatique et Ă  ses effets, ils n'Ă©voquent pas explicitement, sans l'exclure pour autant, un risque d'effondrement de la civilisation dans leurs rapports[206] - [207].

Confiance dans la technologie

Certains auteurs, comme les écrivains Stewart Brand et Ramez Naam et le physicien David Deutsch, sans nier l'existence des défis rencontrés par l'humanité, considèrent que la technologie est à même de leur apporter des réponses[208] - [209]. Antoine Buéno, essayiste et conseiller au Sénat pour le développement durable et la prospective[210] considère, sans tenter d'en diminuer ni les risques, ni la gravité, que l'effondrement n'aura probablement pas lieu[211]. Ne croyant pas aux effets positifs de la décroissance, Antoine Buéno défend plutôt un développement durable à base de sobriété volontaire, de technologie (fusion nucléaire, captation atmosphérique du carbone) et de space mining c'est-à-dire l’importation et l’utilisation de matières premières spatiales provenant notamment d'astéroïdes[212].

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Voir aussi

Bibliographie chronologique

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Essais contradictoires

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  • Catherine et RaphaĂ«l Larrère, Le pire n'est pas certain : Essai sur l'aveuglement catastrophiste, Paris, Premier parallèle, 2020 (ISBN 978-2-8506-1042-4).
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Fiction

  • Yann Girard et Émile Bertier, Petit guide pratique, ludique et illustrĂ© de l'effondrement, Bandes dĂ©tournĂ©es, , 96 p. (ISBN 978-2-9566906-1-0).

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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