Stewart Brand
Stewart Brand, né le à Rockford (Illinois)[1], est l'un des auteurs, éditeurs et créateurs du Whole Earth Catalog (qui a inspiré une version française, le Catalogue des ressources) et CoEvolution Quarterly.
Stewart Brand a fondé de nombreuses organisations dont The WELL, l'une des plus anciennes communautés virtuelles, le Global Business Network (en), la Point Foundation, et la Long Now Foundation dont il est coprésident. Il est notamment l'auteur du Whole Earth Discipline: An Ecopragmatist Manifesto (en)[2]. Il a animé plusieurs conférences TED[3].
Vie personnelle
Stewart Brand suit sa scolaritĂ© Ă la cĂ©lĂšbre Phillips Exeter Academy avant dâobtenir un diplĂŽme de biologie en 1960 Ă l'universitĂ© Stanford. En 1962, il Ă©tudie le design au San Francisco Art Institute, la photographie au San Francisco State College, et participe Ă une importante Ă©tude scientifique sur le LSD Ă Menlo Park (Californie). Son passage dans lâarmĂ©e amĂ©ricaine en tant que parachutiste lui fait dire plus tard que se trouve lĂ la source de son goĂ»t pour les organisations.
Stewart Brand a toujours vĂ©cu en Californie. MariĂ© avec Lois Jennings, une mathĂ©maticienne dâorigine amĂ©rindienne (dâoĂč son appĂ©tence pour cette culture), il vit dĂ©sormais avec Ryan Phelan sur le Mirene, une pĂ©niche longue de 20 m, construite en 1912, amarrĂ©e dans un ancien chantier naval Ă Sausalito (Californie). Il travaille sur le Mary Heartline, un bateau de pĂȘche dâenviron 91 m de long.
Une fascination pour l'image de la Terre vue de l'espace
En 1966, Stewart Brand lance un appel Ă la NASA afin dâobtenir une image de la Terre vue de lâespace. Devant le silence des autoritĂ©s, il se met Ă distribuer des badges Ă 25 cents[4] demandant « Why havenât we seen a photograph of the whole Earth yet ? » (« Pourquoi nâavons-nous toujours pas vu une photo de la Terre entiĂšre ? »)[5]. En 1967, il trouve une photo prise par un satellite et la place en couverture de la premiĂšre Ă©dition du Whole Earth Catalog dont il est l'Ă©diteur. L'annĂ©e suivante, la couverture du Whole Earth Catalog arbore une photo prise depuis lâorbite de la Lune par un astronaute de la NASA. Lors dâune interview en 2003, Brand explique que lâimage « donn[e] un sens au fait que la Terre est une Ăźle, entourĂ©e par un grand espace inhospitalier. Et câest tellement graphique, cette petite icĂŽne bleue, blanche, verte et brune semblable Ă un bijou parmi un vide noir et monotone ». Pendant cette campagne, Stewart Brand fait la rencontre de Richard Buckminster Fuller, qui lui offre son aide pour ses projets[6].
Principaux travaux
The Whole Earth Catalog
Dans les annĂ©es 1960 et 1970, environ 10 millions dâAmĂ©ricains vivent dans des communes, en marge de la sociĂ©tĂ© traditionnelle, Ă l'image de la communautĂ© hippie. C'est le public choisi par Stewart Brand et ses collĂšgues quand ils publient en 1968, avec des outils simples de composition et de mise en page, le Whole Earth Catalog, un livre dont le sous-titre est Ă©vocateur : AccĂšs aux outils. Stewart Brand et sa femme Lois voyagent d'une commune Ă une autre dans un camion Dodge de 1963, aussi appelĂ© The Whole Earth Truck Store. Ils ouvrent un kiosque Ă Menlo Park en Californie. Le premier catalogue, ainsi que ceux qui suivent, rĂ©pertorient tous les outils jugĂ©s « utiles » en communautĂ© : livres, cartes, outils de jardinage, vĂȘtements spĂ©cialisĂ©s, outils de charpenterie et de maçonnerie, matĂ©riel de sylviculture, tentes, Ă©quipement de soudure, revues professionnelles, premiers synthĂ©tiseurs et ordinateurs. Des professionnels de chaque domaine spĂ©cifique publient des articles rĂ©guliers. Leurs articles servent aussi Ă savoir oĂč les outils rĂ©pertoriĂ©s peuvent ĂȘtre trouvĂ©s ou achetĂ©s. La publication du Whole Earth Catalog coĂŻncide avec la montĂ©e en puissance de lâexpĂ©rimentation sociale et culturelle, briseuse de conventions, et la culture du « Do It Yourself » avec la « contreculture ».
Lâinfluence des catalogues sur le mouvement hippie des annĂ©es 1970 et sur les mouvements communautaires se rĂ©pand Ă travers les Ătats-Unis, le Canada et lâAustralie. LâĂ©dition de 1972 se vend Ă 1,5 million dâexemplaires et remporte le premier National Book Award amĂ©ricain dans la catĂ©gorie « Affaires contemporaines ».
The CoEvolution Quarterly
Afin de continuer son travail et de publier des articles de fond sur des sujets prĂ©cis dans les domaines des sciences naturelles, des inventions, des arts, des sciences sociales et de la scĂšne contemporaine en gĂ©nĂ©ral, Brand fonde en 1974 le CoEvolution Quarterly (CQ), dont le but est dâinformer tout dâabord les non-spĂ©cialistes. Le contenu du CoEvolution Quarterly inclut souvent des sujets futuristes ou osĂ©s. En plus dâoffrir une chaire Ă des Ă©crivains inconnus, Brand publie Ă©galement des articles de penseurs et dâauteurs reconnus, comme Lewis Mumford, Howard T. Odum, Witold Rybczynski, Karl Hess, Christopher Swan, Orville Schell, Ivan Illich, Wendell Berry, Ursula K. Le Guin, Gregory Bateson, Amory Lovins, Hazel Henderson, Gary Snyder, Lynn Margulis, Eric Drexler, Gerard K. O'Neill, Peter Calthorpe, Sim Van der Ryn, Paul Hawken, John Todd, J. T. Baldwin, Kevin Kelly (futur Ă©diteur de Wired), et Donella Meadows. Pendant les annĂ©es qui suivent, Brand Ă©crit et publie de nombreux livres sur des sujets aussi divers que lâhistoire des immeubles ou les colonies de lâespace.
Il fonde aussi le Whole Earth Software Review, un supplément au Whole Earth Software Catalog en 1984 ; celui-ci fusionne avec le CoEvolution Quarterly pour former le Whole Earth Review en 1985.
The WELL
En 1985, Stewart Brand et Larry Brilliant fondent le WELL (Whole Earth âLectronic Link), une communautĂ© virtuelle qui se regroupe autour dâun fournisseur dâaccĂšs Ă Internet. Le WELL gagne la rĂ©compense de la Meilleure publication en ligne en 1990 offerte par la Computer Press Association[7]. Il sâagit dâune des communautĂ©s les plus anciennes encore existantes. Les idĂ©es vĂ©hiculĂ©es autour du concept du WELL sont trĂšs inspirĂ©es par le travail de l'ingĂ©nieur Douglas Engelbart au SRI International.
Stewart Brand est reconnu en 1968 par Douglas Engelbart lors de la conférence The Mother of All Demos (littéralement « La mÚre de toutes les démos ») à San Francisco, dans laquelle des technologies informatiques révolutionnaires telles que la souris, l'hypertexte ou la vidéoconférence sont présentées.
The Global Business Network
Ă partir de 1986, Stewart Brand devient un scientifique de passage au MIT Media Lab et organise des confĂ©rences privĂ©es pour diffĂ©rentes entreprises : Royal Dutch/Shell, Volvo, AT&T Corporation⊠En 1988, il cofonde le Global Business Network, qui a pour but dâexplorer les futures stratĂ©gies commerciales du monde, portĂ©es par des valeurs et des donnĂ©es que Brand a toujours jugĂ© vitales.
Le Global Business Network a Ă©tĂ© impliquĂ© dans lâĂ©volution et la mise en pratique de plans et dâoutils stratĂ©giques complĂ©mentaires. Par ailleurs, Brand a fait partie du conseil dâadministration de lâInstitut de Santa Fe, une institution fondĂ©e en 1884 dont lâobjectif est « dâencourager une communautĂ© de recherches scientifiques pluridisciplinaires suivant les frontiĂšres de la science ».
The Whole Earth Discipline
Le Whole Earth Catalog suppose une image idĂ©ale du progrĂšs humain reposant sur un dĂ©veloppement technologique dĂ©centralisĂ©, personnel et Ă©mancipateur, aussi appelĂ© « soft technology ». En 2005, Brand critique cependant certains aspects de lâidĂ©ologie environnementale internationale quâil avait lui-mĂȘme aidĂ© Ă dĂ©velopper dans un article appelĂ© « Environmental Issues » (« les ProblĂšmes Ă©cologiques ») , publiĂ© en mai dans la Technology Review du MIT. Dans cet article, il explique ce quâil considĂšre indispensable pour changer le principe de lâĂ©cologie : parmi dâautres choses, il propose que les Ă©cologistes considĂšrent les idĂ©es du nuclĂ©aire et des OGM comme des technologies apportant plus dâespoirs que de risques.
En 2009, Brand a dĂ©veloppĂ© ces mĂȘmes idĂ©es dans un ouvrage intitulĂ© Whole Earth Discipline: An Ecopragmatist Manifesto ; le livre explore comment lâurbanisation, lâĂ©nergie nuclĂ©aire, le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, la gĂ©o-ingĂ©nierie et le retour Ă la vie sauvage peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme des outils efficaces dans la lutte contre le rĂ©chauffement climatique.
The Long Now Foundation
Stewart Brand est le coprĂ©sident du Conseil dâadministration de la Long Now Fondation. Cette fondation, crĂ©Ă©e en 1996 et Ă©tablie Ă San Francisco cherche Ă devenir la base dâune organisation culturelle Ă long terme. Son objectif est de fournir le contrepoint dâune mentalitĂ© actuelle rapide et pauvre, en promouvant une pensĂ©e plus lente, mais de meilleure qualitĂ©.
Par ailleurs, il prĂ©side la fondation SALT (Seminars About Long-Term Thinking). Cette notion de la pensĂ©e Ă long terme est reprĂ©sentĂ©e par un large Ă©ventail de personnes telles que des auteurs de science-fiction, des musiciens, des entrepreneurs, des journalistes, des informaticiens⊠comme Brian Eno, Neal Stephenson, Vernor Vinge, Philip Rosedale, Jimmy Wales, Kevin Kelly, Clay Shirky, Ray Kurzweil, Bruce Sterling, Cory Doctorow et beaucoup dâautres.
How Buildings Learn
En 1995, Stewart Brand publie le livre How Buildings Learn: What Happens after They're Built[8].
Alors que les bùtiments sont souvent étudiés par rapport à des critÚres spatiaux et rarement temporels, How buildings learn défend l'idée qu'un bùtiment s'adapte mieux lorsqu'il est sans cesse amélioré et refaçonné par ses occupants. L'ouvrage traite de l'évolution des bùtiments, de la maniÚre dont ils s'adaptent aux besoins des usagers au fil du temps.
Ce livre a donné lieu à une série télévisée en 6 épisodes diffusée en 1997 à la BBC[9].
Revive & Restore
Revive & Restore a été cofondée en 2012 par Stewart Brand et Ryan Phelan, avec l'idée d'apporter des solutions biotechnologiques au domaine de la conservation[10]. Les fondateurs reconnaissaient alors que les efforts de conservation traditionnels n'étaient pas suffisants pour sauver certaines des espÚces les plus menacées au monde et que de nouvelles technologies étaient nécessaires. Le groupe s'est développé en incubation via la Long Now Foundation jusqu'en 2017, date à laquelle il est devenu une organisation indépendante 501(c)(3).
Notes et références
- Site web officiel.
- Whole Earth Discipline: An Ecopragmatist Manifesto, Viking Adult, 2009 (ISBN 0-6700-2121-0)
- Page de profil de la conférence TED
- Brand, Stewart. "Photography changes our relationship to our planet". Smithsonian Photography Initiative. Retrieved 2009-11-06
- Brand 2009, p. 214
- Leonard, Jennifer. "Stewart Brand on the long view". Retrieved 2013-02-05
- Katie Hafner, The WELL: A Story of Love, Death and Real Life in the Seminal Online Community:(2001) Carroll & Graf Publishers (ISBN 0-7867-0846-8)
- (en) Brand Stewart, How buildings learn : what happens after they're built, New York, Penguin Books, (ISBN 0-14-013996-6)
- (en) « How Buildings Learn - 1 of 6 - âFlowâ », sur Youtube
- John Markoff, « The Butterfly Effect », Alta,â (lire en ligne)
Bibliographie
- Fred Turner, Aux sources de l'utopie numérique : De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d'influence, Caen, C&F éditions, 2012.
- SĂ©rie radiophonique de 5 Ă©pisodes, "Voyage dans les internets", dans l'Ă©mission de France Culture "Culture musique Ă©tĂ©", produite par Julien Goetz, diffusĂ©e du 22 au . Le rĂŽle dĂ©cisif de Stewart Brand dans le dĂ©veloppement d'Internet y est longuement traitĂ©. Ăcoute en ligne.
- Jonathan Bourguignon, Internet, année zéro - De la Silicon Valley à la Chine, naissance et mutation du réseau, Paris, Divergences, 2021.
Article connexe
Liens externes