Institut Momentum
L'Institut Momentum est un laboratoire d’idées et de prospective français créé en 2011 sous la forme juridique d'une association à l'initiative d'Agnès Sinaï. Il est consacré aux problématiques relatives à l'Anthropocène, aux politiques de décroissance, au risque d'effondrement et à la collapsologie.
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique | |
Domaines d'activité |
Transition énergétique, collapsologie, décroissance, résilience collective, autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire |
Mouvement | |
Siège |
Paris (31, rue de la Colonie) |
Pays |
Fondatrice | |
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Présidente |
Agnès Sinaï (depuis ) |
Site web |
Histoire
L'Institut est fondé en par Agnès Sinaï, journaliste environnementale et enseignante à Sciences Po Paris. Elle est notamment directrice des ouvrages Penser la décroissance: politiques de l'anthropocène, Economie de l'après croissance (2015) et Gouverner la décroissance (2017) codirigé par Mathilde Szuba, soit les trois tomes des Politiques de l'anthropocène publiés par les Presses de Sciences Po. Ces ouvrages résultent des séminaires organisés par l'Institut Momentum depuis ses débuts.
L'Institut réunit des chercheurs, des journalistes, des ingénieurs et des acteurs associatifs autour d'un noyau dur de cofondateurs tels qu'Yves Cochet (ancien ministre de l'environnement) et Philippe Bihouix.
Organisation
L'Institut se constitue comme association loi de 1901 avec un conseil d'administration de 10 personnes et un bureau de 4 personnes.
Après avoir été présidé d'abord par Agnès Sinaï puis, de 2014 à 2021, par Yves Cochet, ancien ministre de l'environnement, l'Institut est de nouveau sous la présidence d'Agnès Sinaï depuis février 2021.
Thèmes de travail
L'Institut se consacre aux problématiques relatives à l'anthropocène, aux politiques de décroissance et à la collapsologie, et en particulier au thème de l'effondrement de la civilisation thermo-industrielle et à ses antidotes. Cet « effondrement » est défini par Yves Cochet comme : « le processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi[1]. »
Comme l’indique son Manifeste rédigé en 2011 peu de temps après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon[2], l’institut Momentum cherche à construire et accompagner une compréhension scientifique et systémique mais aussi une représentation collective de l’« événement anthropocène ». Il se situe ainsi clairement dans la diversité des mouvements de la transition, sa spécificité consistant à explorer les conséquences concrètes de l’Anthropocène dans ses dimensions économique, technologique, agricole, énergétique et psychologique.
Aux côtés d’autres structures françaises, plus établies ou institutionnelles, il a contribué depuis 2011, avec des moyens modestes, à créer une communauté de dialogue et de pensée autour des perspectives les plus catastrophiques de la trajectoire actuelle, en France, de nos sociétés thermo-industrielles. Ce focus a permis la constitution d’un corpus transdisciplinaire qui peut aujourd’hui être mobilisé au service d'autres acteurs de la transition.
Avec une approche de type « catastrophisme éclairé »[3], le think-tank cherche à explorer et préciser les champs de l'effondrement et de la collapsologie, qui ont été récemment portés à l'attention du grand public francophone par Pablo Servigne (agronome, chercheur indépendant) et Raphaël Stevens (chercheur en résilience des systèmes socio-écologiques)[1] dans leur essai Comment tout peut s'effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (2015).
L'Institut porte et intègre la collapsologie, définie par Servigne comme :
« un exercice transdisciplinaire faisant intervenir l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, la biophysique, la biogéographie, l’agriculture, la démographie, la politique, la géopolitique, l’archéologie, l’histoire, la futurologie, la santé, le droit et l’art[4]. »
Les membres de l'Institut estiment que des seuils d'irréversibilité sont atteints en matière d'empreinte écologique et de surexploitation des ressources, et que l'humanité entière va en conséquence devoir faire face à une crise systémique. Cette crise sera majeure et inédite dans l'histoire de l'humanité, par son ampleur et sa durée, elle ne sera pas une crise passagère et ne permettra pas un retour à l'état antérieur. Cette crise systémique implique selon l'Institut des mesures socio-économiques radicales et jamais tolérées auparavant, pouvant aboutir à un autre monde, mais devant faire abandonner l'espoir d’un retour à la normale une fois celle-ci passée, si l'humanité ne se fait pas disparaître elle-même avec de nombreuses autres espèces[5] (dans une « planète-étuve » par exemple).
La collapsologie introduite par Pablo Servigne et Raphaël Stevens en 2015 est une notion qui entre dans le champ des travaux de l'Institut. Pablo Servigne a notamment publié, en 2019, avec Agnès Sinaï et Yves Cochet, une tribune dans le journal Le Monde[6].
Pistes de recherche
Biorégionalisme de l'Institut Momentum
L'institut Momentum réfléchit à une organisation politique qui serait à la fois résiliente, démocratique et conviviale dans un monde qui ferait face à des grandes catastrophes. Ces travaux ont abouti à un scénario décrivant la situation de l'Île-de-France en 2050, organisée en biorégions, rédigé par Benoît Thévard, Agnès Sinaï et Yves Cochet[7] - [8]. Commandé par le Forum Vie Mobile, ce rapport est adapté afin de paraître dans un ouvrage aux éditions Wildproject (Marseille) en septembre 2020[9]. Il a été discuté dans divers médias selon avec des approches différentes : certains présentent avec intérêt le scénario tandis que d'autres le critiquent[7] - [10] - [11] - [12] - [13].
Séminaires de personnalités
Liste (non exhaustive) de personnalités ayant tenu au moins un séminaire à l'Institut Momentum :
Notes et références
- Beaudonnet L. (2018), article « La fin est proche : Qu'est-ce que la collapsologie, la “science” qui prédit l’effondrement du monde ? APOCOLLAPSE NOW (1/7) » publié par le journal 20 Minutes, le .
- Sonya Faure, « Collapsologie [nom] : du latin, collapsus, “tombé d’un seul bloc” », Libération.fr,‎ (lire en ligne).
- « Catastrophisme éclairé » : thème développé par Jean-Pierre Dupuy, selon lequel pour bien réagir psychologiquement et collectivement face à la crise planétaire annoncée par de nombreux rapports et prospectivistes, il faut refuser le déni et de se baser sur les faits et la science pour se préparer à vivre la catastrophe au mieux, puis y être résilient dans la mesure du possible.
- Pablo Servigne et Raphaël Stevens, « La collapsologie avance… », sur collapsologie.fr (consulté le ).
- Analyse commentée par Olivier Vermeulen de : Agnès Sinaï, Raphaël Stevens, Hugo Carton et Pablo Servigne (2016), Petit traité de résilience locale. Paris, Charles Léopold Mayer/ECLM, coll. « Momentum », 2015, 116 p. (ISBN 9782843771866).
- « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « L'Île-de-France va s'effondrer… et la vie y sera belle », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le ).
- « Biorégion 2050. L'Ile-de-France après l'effondrement : le rapport intégral », sur Institut Momentum, (consulté le ).
- « Le Grand Paris après l'effondrement. Pistes pour une Ile-de-France biorégionale », sur Institut Momentum, (consulté le ).
- Marion Cocquet, « “Après l'effondrement” : quand la SNCF demande conseil aux collapsologues », sur Le Point, (consulté le ).
- « Biorégion 2050 : L’Île-de-France après l’effondrement », sur Demain La Ville - Bouygues Immobilier, (consulté le ).
- Aude Massiot, « Ile-de-France 2050 : après l’effondrement, le nouveau visage de la capitale », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « La décroissance : scénario pour une transition écologique réussie ? », sur France Culture, (consulté le ).