Alain Gras
Alain Gras, est un sociologue français et professeur des universités émérite.
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Biographie
Après des études de mathématiques et de physique en même temps que de sciences politiques et de sociologie à Paris Sorbonne, il obtient un "master of social sciences" à l'université de Stockholm et soutient une thèse de 3e cycle sous la direction de Jean-Claude Passeron et de Raymond Aron sur les intellectuels suédois[1]. en 1984, il soutient une thèse d'État sur Les formes du temps social sous la direction de Georges Balandier. En tant que chercheur il est rattaché au Centre européen de sociologie historique de l'EHESS, dirigé par Raymond Aron, puis au centre de sociologie des arts (EHESS) dirigé par Raymonde Moulin jusqu'en 1989.
Sa carrière universitaire commence à l'Université de Lund (Suède), puis il est détaché (coopération) en 1970 l'University College of Cape Coast (Ghana). Après la thèse de 3e cycle, il devient professeur assistant à l'HEC où après sa nomination comme maître de conférence à l'Université de Paris 1 il restera enseignant associé jusqu'en 1989. Dans ce cadre il participe à la création de l'ISCAE au Maroc (Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises). En 1988 il devient professeur à l'UFR de Philosophie de l'université Paris 1 où il crée le Centre d'Études des Techniques, des Connaissances et des Pratiques (CETCOPRA).
Dans ce cadre il développe une collaboration avec l'aviation où l'arrivée massive des calculateurs numériques avec l'Airbus 320 crée de nouveaux problèmes, dits de "facteurs humains" dans un milieu où la relation homme machine peut devenir dramatique. S'appuyant sur les études en cockpit, il soutient, avec le CETCOPRA, les pilotes de ligne qui obtiennent d'Air France contre l'avis d'Airbus que, en cas de doute sur la fiabilité du calculateur la consigne soit "back to basic" , retour aux conditions de vol sans dispositif automatique (1974). Il est nommé membre de la commission d'enquête judiciaire, indépendante de la Direction Générale de l'Aviation Civile, par le juge d'instruction, sur le troisième accident de l'Airbus 320 au Mont Sainte Odile (1992). Cette commission exprimera son désaccord avec le BEA mais sera désavouée en appel[2] - [3]. en liaison avec un autre centre d'intérêt principal, sur le plan théorique, qui est la recherche sur les macro-systèmes techniques comme objet en devenir, central dans la société moderne[4]. Une sévère critique du progrès technique accompagne cette réflexion.
Ses activités se sont orientées ensuite vers le débat sur la décroissance écologique. Membre de l'Institut Momentum, il participe à plusieurs revues (L’Écologiste, La Décroissance, Entropia) en tant qu’auteur, et chroniqueur dans ce domaine. Cofondateur d’Entropia[5], revue d’étude théorique et politique de la décroissance.
Travaux
Ayant fait des recherches dans divers pays sur le devenir du système éducatif puis sur la prospective, il fut expert du PNUD BIT au Ministère du Travail (Brésil) dans les années 1980. Il a participé à la création d'un réseau européen latin de recherche sur la société post-carbone avec l'université de Valence (Espagne)où il occupa la chaire UNESCO en 2010.
Il développe ses théories en écologie politique dans plusieurs ouvrages[6] - [7]
La thèse principale repose sur le fait que l’usage de l’énergie fossile était un piège longtemps évité mais dans lequel sont tombées les civilisations industrielles, lesquelles ont rompu l’équilibre entre l’usage énergétique des quatre éléments. Alain Gras estime que la société contemporaine n'est pas seulement industrielle et capitaliste, elle est "« thermo-industrielle »" depuis la fin du XIXe siècle, ce qui la conduit dans une impasse catastrophique : non seulement parce qu'elle affecte la planète par l'usage immodéré de l'énergie fossile mais aussi parce qu'elle propose comme solution une fuite en avant technologique[8] - [9] à laquelle les citoyens ne peuvent qu'assister, impuissants. L'électricité sur laquelle se concentre maintenant sa recherche apparait non pas comme un remède mais au contraire comme en continuité, voire en renforcement de la civilisation thermo-industrielle car la Chine et les pays émergents provoquent le retour du roi charbon pour la production de cette fausse énergie. En outre, se renforce la domination politique par la technologie, grâce à une organisation tentaculaire des réseaux organisés en macro-systèmes techniques où l'électro-numérique joue un rôle essentiel..
Publications
- Les universitaires suédois : contestation et conformisme dans une élite intellectuelle, Paris, Hachette, 1973
- Sociologie de l'Ă©ducation - Textes fondamentaux, Larousse, 1973 (en espagnol : Narcea, Madrid, 1976)
- La futurologie, Seghers, 1976
- Sociologie des ruptures - Les pièges du temps en sciences sociales, Paris, PUF, 1980
- avec Richard Sotto : La Suède : pays et populations, Éd. Complexe, Bruxelles, 1981
- avec Bernward Joerges et Victor Scardigli : Sociologie des techniques de la vie quotidienne, L'Harmattan, 1992. RĂ©Ă©dition 2000
- avec Sophie Poirot-Delpech : Grandeur et DĂ©pendance, Paris, PUF, 1993 (en roumain Atlas-Clusium, Cluj-Napoca,2006)
- avec Sophie Poirot-Delpech, Caroline Moricot et Victor Scardigli : Face à l'automate. Le pilote, le contrôleur et l'ingénieur, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995
- Les macro-systèmes techniques, PUF, collection « Que Sais-Je ? », 1997
- Nella rete technologica, ed. UTET, Turin (édition italienne révisée de Grandeur et Dépendance), 1997
- Sociologie-Ethnologie: auteurs et textes fondateurs, Publications de la Sorbonne, 2000
- Fragilité de la puissance, se libérer de l'emprise technologique, Fayard, 2003
- Le choix du feu – Aux origines de la crise climatique, Fayard, 2007
(recension par Luc Semal + texte intégral en ligne) - Les imaginaires de l'innovation technique, Manucius, 2012
- Fragilità de la potenza, Libreria Ed Fiorentina, 2015 (éd. italienne révisée de Fragilité de la Puissance).
- Oil. Petite anthropologie de l’or noir, Paris, Éditions B2, 2015
- La servitude électrique, du rêve de liberté à la prison numérique, Seuil, 2021 (avec Gérard Dubey)
Notes et références
- Alain Gras, Les universitaires suédois : contestation et conformisme dans une élite intellectuelle, Paris, Hachette,
- Alain Gras, Caroline Moricot, Sophie Poirot-Delpech et Victor Scardigli, Face à l'automate. Le pilote, le contrôleur et l'ingénieur, Paris, Publications de la Sorbonne,
- GĂ©rard Dubey et Alain Gras (dir.), L'avion : le rĂŞve, la puissance et le doute, Paris, Publications de la Sorbonne, , 312 p. (ISBN 2-85944-627-3)
- Alain Gras, Les Macro-systèmes techniques, Paris, PUF,
- « revue Entropia » (consulté le )
- Alain Gras, Fragilité de la puissance. Se libérer de l’emprise technologique, Paris, Fayard,
- Alain Gras, Le Choix du feu. Aux origines de la crise climatique, Paris, Fayard,
- Alain Gras, « “Le développement durable ne constitue pas une rupture” », L'inactuelle,‎ (lire en ligne)
- Alain Gras, The Dead-Lock ot the Thermo-Industrial Civilisation-The(Impossible?)Energy Transition in the Anthropocene in E.Garcia "Transitioning to a Post Carbon Society, Paris, Macmillan,