Accueil🇫🇷Chercher

Effondrement Ă©cologique

L'effondrement écologique, ou « collapsus écologique », est un scénario de crise écologique majeure caractérisé par un effondrement brutal des écosystèmes, soit localement, à l'échelle d'une mer fermée, d'un fleuve, d'un lac, etc., soit à l'échelle de la biosphère, c'est-à-dire de la planète tout entière, et dépassant alors éventuellement les capacités de résilience écologique de la biosphère (à court, moyen ou long terme).

Dans ce dernier scénario, la capacité de la biosphère à s'auto-entretenir est détruite pour un temps plus ou moins long, voire définitivement. Le biogéographe américain Jared Diamond défend la thèse d'une possible réalisation à grande échelle de phénomènes qui, selon lui, se seraient déjà déroulés dans le passé à petite échelle comme sur l'île de Pâques[1] (bien que cette hypothèse soit débattue et que l'effondrement de la civilisation serait au moins en partie due à des facteurs extérieurs[2]).

Dans le cadre de la grande accélération, la collapsologie invite à reconnaitre que cet effondrement est bien actuellement (2015-2020) en cours et, par conséquent, à développer des systèmes résilients d'adaptation et d'atténuation des crises climatique, civilisationnelle et de la biodiversité[3].

Causes

Ce collapsus gĂ©nĂ©ral pourrait se produire brutalement, au-delĂ  d'une certaine limite[4], ou « point de non-retour Â»[5], Ă  la suite de la conjonction de circonstances s'aggravant les unes les autres, dont :

Une telle situation pourrait théoriquement - éventuellement très brutalement - conduire à la disparition de l'humanité, voire conduire à l'extinction de la plupart ou de la totalité des espèces vivantes de la planète (selon les scénarios retenus et la gravité des causes considérées).

Cette crise, d'abord évoquée par des auteurs de science-fiction, est devenu un scénario de plus en plus crédible à moyen terme, au vu des indicateurs écologiques[8], et est évoquée par de nombreux lanceurs d'alerte ; elle a fait l'objet de livres mais aussi de films (les films d'Al Gore : Une vérité qui dérange et en 2017 : Une suite qui dérange ou ceux de Leonardo DiCaprio : La 11e heure, le dernier virage et, en 2016 : Avant le déluge).

Prospective

Certains chercheurs estiment que les processus d'une collapsus global sont déjà en place. À titre d'exemple :

  • Dans un article de The Guardian du , intitulĂ© « Perfect storm of environmental and economic collapse closer than you think »[9], Jonathon Porritt (prospectiviste, directeur et fondateur du « Forum for the future (Forum pour l'avenir), prĂ©sident de la Commission du dĂ©veloppement durable du Royaume-Uni »[10] et auteur de : « Capitalism as if the World Matters, Revised Edition 2007 (Earthscan) » (Le capitalisme, vu comme un problème mondial), Ă©dition complĂ©tĂ©e en 2007 ; Earthscan) estime que cette crise majeure surviendra non pas vers 2030 comme l'annonce John Beddington, mais plutĂ´t vers 2020. Il tire cette conclusion de son analyse des consĂ©quences croisĂ©es de la mise en place des conditions d'une accĂ©lĂ©ration catastrophique et lĂ©tale du changement climatique anthropique, associĂ©e Ă  une dĂ©mographie non stabilisĂ©e, Ă  des conflits transfrontaliers, Ă  des migrations de masse, et Ă  une crise Ă©conomique et financière Ă©galement globale.
  • Un article publiĂ© dans la revue Nature du , signĂ© de 22 scientifiques, et intitulĂ© "Approaching a state shift in Earth's biosphere", met en Ă©vidence le risque, Ă  Ă©chĂ©ance de quelques dĂ©cennies, d'un basculement brutal de l'Ă©cosystème mondial de son Ă©tat actuel vers un Ă©tat complètement diffĂ©rent, qui pourrait entrainer une extinction massive des espèces et des consĂ©quences dramatiques pour l'espèce humaine. Il explique que les perturbations considĂ©rables apportĂ©es par les activitĂ©s humaines aux Ă©cosystèmes et Ă  leurs processus de rĂ©gulation approchent des seuils au-delĂ  desquels des changements brutaux et irrĂ©versibles pourraient se produire. Les actions prĂ©conisĂ©es pour se prĂ©munir contre ces risques sont, outre l'amĂ©lioration de la prospective biologique par la dĂ©tection des signes prĂ©coces de transitions critiques et des boucles de rĂ©troaction qui les renforcent, la rĂ©duction du taux de croissance de la population et de la consommation par tĂŞte, l'augmentation rapide de la part des Ă©nergies autres que fossiles dans les bilans Ă©nergĂ©tiques, l'amĂ©lioration des rendements agricoles au lieu de la mise en culture de nouvelles terres, la prĂ©servation des rĂ©servoirs de biodiversitĂ©. Le journal LibĂ©ration a consacrĂ© un dossier Ă  cet article le , avec des rĂ©actions de Jean Jouzel, climatologue du GIEC, Nathalie Kosciusko-Morizet et Yves Michaud, philosophe.
  • Fin 2014, un nouvel article publiĂ© dans le journal Nature[11] - [12] confirme qu'il reste difficile de quantifier prĂ©cisĂ©ment l'extinction en cours, faute d'avoir pu recenser toute la biodiversitĂ©, mais l'une des estimations (fourchette « haute », avec 36 000 espèces disparaissant par an vers 2010-2014 avec une tendance rĂ©gulière Ă  l'aggravation de ce phĂ©nomène) porte Ă  considĂ©rer que la 6e extinction majeure (75 % des espèces auraient alors disparu) pourrait ĂŞtre en place en 2200 (si rien de plus n'est fait pour l'Ă©viter). En 2014, les groupes connus pour ĂŞtre les plus immĂ©diatement menacĂ©s sont les amphibiens (41 % d'espèces en danger d'extinction en 2014), les oiseaux (26 %) et les mammifères, mais le monde des insectes ou des coraux est Ă©galement très touchĂ© (60 % des coraux pourraient dĂ©jĂ  pĂ©rir avant 2050).
  • Le , la revue BioScience publie un manifeste (repris par le journal Le Monde datĂ© du ) signĂ© par plus de 15.000 scientifiques de 184 pays qui prĂ©cise qu'« Il sera bientĂ´t trop tard… »[13].

Notes et références

  1. Jared Diamond, Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Éditions Gallimard, coll. « Folio », 2009 (ISBN 978-2-0703-6430-5)
  2. https://www.scienceshumaines.com/le-de-paques-la-catastrophe-a-t-elle-vraiment-eu-lieu_fr_14450.html
  3. Pablo Servigne, Gauthier Chapelle et Raphaël Stevens, Une autre fin du monde est possible, éditions du Seuil, coll. « Anthropocène », octobre 2018 (ISBN 978-2-0213-3258-2)
  4. David Korowicz, In the world, at the limits to growth ; Feasta, 2011-05-27
  5. David Korowicz, Tipping Point In German, Feasta, mars 2010
  6. David Korowicz, Tipping Point: Near-Term Systemic Implications of a Peak in Global Oil Production ; Feasta & The Risk-Resilience Network, mars 2010
  7. David Korowicz, "Energy & Food Constraints will Collapse Global Economic Recovery", The Village Magazine, 14 octobre 2010
  8. Voir par exemple le Millenium Ecosystems Assessment, premier état des lieux mondial de l'état des écosystèmes, piloté par l'ONU, et ayant associé durant environ 4 ans des milliers de chercheurs dans le monde.
  9. (en) Perfect storm of environmental and economic collapse closer than you think, Jonathon Porritt, The Guardian, 23 mars 2009.
  10. Le Forum for the Future
  11. (en) Richard Monastersky (2014) "Biodiversity : Life – a status report ; Species are disappearing quickly — but researchers are struggling to assess how bad the problem is", Nature 516, 158–161 (11 décembre 2014) DOI 10.1038/516158a
  12. voir aussi "Species in the red (audio), associé à l'article de Nature cité ci-dessus.
  13. « Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Vidéographie

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.