Nouvelle Union populaire écologique et sociale
La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) (/nyp/ ou /nypɛs/, voire /nyps/[4]) est une coalition de partis politiques de la gauche française. Sur son logotype officiel, elle est représentée par la lettre grecque nu : ν.
Nouvelle Union populaire écologique et sociale | |
Logo de la NUPES. | |
Élections concernées par l'alliance | Législatives de 2022 |
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Organisations politiques concernées | La France insoumise Pôle écologiste Parti communiste français Parti socialiste |
Représentation à l'Assemblée nationale | 151 / 577 |
Représentation au Sénat | 87 / 348 |
Représentation au Parlement européen | 18 / 79 |
Positionnement | Gauche[1] - [2] |
Idéologie | Socialisme démocratique[3] Écosocialisme[3] Populisme de gauche[3] Social-démocratie[3] Communisme[3] |
Couleurs | Violet, magenta, vert, jaune, orange et rouge |
Site Web | nupes-2022.fr |
Après un deuxième scrutin présidentiel consécutif où aucun candidat de gauche n'a été présent au second tour en raison notamment d'une candidature pour chaque parti, elle est l'extension de l'Union populaire (UP), qui soutenait la candidature de Jean-Luc Mélenchon portée par La France insoumise, au Pôle écologiste (comprenant notamment Europe Écologie Les Verts), au Parti communiste et au Parti socialiste. L'objectif de cette coalition est de présenter des candidatures communes aux élections législatives de 2022 qui suivent la réélection d'Emmanuel Macron à un deuxième mandat présidentiel.
Bien que comparée à l'union de la gauche qui a vu l'élaboration du programme commun en 1973 et à la gauche plurielle qui a permis à la gauche de gouverner la France lors de la troisième cohabitation sous le gouvernement Lionel Jospin, elle s'en distingue par la mise en place de candidatures uniques dans la majorité des circonscriptions, avec une répartition entre les partis basée sur leurs résultats aux précédentes élections et de manière à maintenir les députés sortants. En effet, les précédentes alliances de la gauche étaient plus souvent des désistements au second tour en faveur du candidat le mieux placé[5].
L'alliance est une réussite relative : bien que ne parvenant pas à imposer une cohabitation à Emmanuel Macron, elle s'impose comme la première force d'opposition de la nouvelle législature et contribue à priver le président d'une majorité absolue reconduite[6].
Objectifs
Cette formation a pour objectif de regrouper les principales forces de gauche afin de présenter des candidatures communes pour les élections législatives de 2022.
Les participants se réunissent autour de plusieurs marqueurs, dont :
- la hausse du SMIC à 1 500 € net ;
- le retour de la retraite à 60 ans ;
- le blocage des prix sur les produits de première nécessité ;
- la planification économique ;
- l'instauration d'une VIe République[7] ;
- une allocation d'autonomie pour les jeunes[8].
Cette coalition a l'ambition d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale afin d'imposer une cohabitation au président Emmanuel Macron[9], de faire nommer Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre[10].
Programme partagé de gouvernement
Le jeudi , le Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale est publié et consultable en ligne[11]. Il est constitué de six cent cinquante propositions[12] réparties en huit chapitres[13] :
- progrès social, emplois et retraites ;
- écologie, biodiversité, climat, biens communs et énergie ;
- partage des richesses et justice fiscale ;
- services publics : santé, éducation, culture, sport ;
- sixième République et démocratie ;
- sûreté et justice ;
- égalité et lutte contre les discriminations ;
- union européenne et international.
Les quatre formations sont d'accord sur 95 % de ces mesures mais reconnaissent diverger sur 33 d'entre elles ; dans l'hypothèse d'une victoire de la gauche un débat parlementaire où chacun pourra exposer ses arguments aura lieu et c'est l'Assemblée qui tranchera[13] - [14] - [15].
Le 9 juin, plus de 170 économistes engagés à gauche, dont Thomas Piketty, Bernard Friot, Julia Cagé, Gabriel Zucman et Jacques Généreux, signent une tribune soutenant le programme économique de la NUPES[16] - [17] - [18].
Composition
L'accord de coalition rassemble La France insoumise et ses alliés (dont Révolution écologique pour le vivant[19], la Gauche démocratique et sociale[20] - [21] et le Parti ouvrier indépendant), le Pôle écologiste, incluant Europe Écologie Les Verts, Génération écologie, Génération.s et Les Nouveaux Démocrates[22] - [8] - [23], le Parti communiste français[24] et le Parti socialiste.
Symbole
Le , lors de sa première convention, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale adopte officiellement la lettre grecque ν (nu, [nu]) comme symbole après l'avoir utilisé massivement la veille sur les médias sociaux. Ce choix est motivé par une ressemblance visuelle avec le V de la victoire et une proximité sonore avec les deux premières initiales de la NUPES[26].
Élections législatives de 2022
Forte du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, La France insoumise a pu s'attribuer la majorité des circonscriptions[27].
Parti ou composante | Circonscriptions | Proportion | |
---|---|---|---|
Pôle La France insoumise et apparentés (La France insoumise, Parti de gauche, Ensemble !, Révolution écologique pour le vivant, Parti ouvrier indépendant, Gauche démocratique et sociale) |
326 | 56,50 % | |
Pôle écologiste | Europe Écologie Les Verts | 77 | 13,34 % |
Génération.s | 12[29] | 2,08 % | |
Génération écologie | 9 | 1,56 % | |
Les Nouveaux Démocrates | 2 | 0,35 % | |
Total | 100 | 17,33 % | |
Parti socialiste | 70 | 12,13 % | |
Parti communiste français | 50 | 8,67 % | |
Hors accord (outre-mer et Corse) | 31 | 5,37 % | |
Total | 577 | 100 % |
En dehors de l’accord, les partis de gauche réunionnais (La France insoumise, Parti socialiste, Pour La Réunion, Rézistan’s Égalité 974, Europe Écologie Les Verts, Le Progrès) décident de se rassembler et de présenter des candidatures uniques à la manière de NUPES sur les sept circonscriptions de La Réunion, sous la bannière du « Rassemblement réunionnais ». Trois binômes sur les sept sont constitués d'un titulaire et d'un remplaçant issus de partis différents[30].
Répartition par circonscription
Historique
Débuts
En , en vue de l'élection présidentielle française de 2022, Jean-Luc Mélenchon lance un nouveau mouvement, l'Union populaire[121] après l'échec de l'union des gauches au début de 2021[122].
Dans le cadre des élections législatives de 2022, La France insoumise — force de gauche majoritaire de l'élection présidentielle — cherche à rassembler les principaux partis de gauche autour de la bannière de l'Union populaire. Des discussions sont notamment engagées avec Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste français, le Parti socialiste. Le Nouveau Parti anticapitaliste annonce ne pas être parvenu à un accord mais soutenir les candidats qui seront « en rupture avec la politique libérale »[123].
Cette coalition rappelle celle du Programme commun adoptée en 1972[124], ou celle du Front populaire établie en 1936, même si la création et l’organisation de ce dernier étaient bien différents de la NUPES[125].
Pôle écologiste
Le jeudi , Génération.s (membre du Pôle écologiste) et La France insoumise annoncent avoir trouvé un accord dans un communiqué commun[126].
De son côté, en vue d'un accord de coalition, Europe Écologie Les Verts (EÉLV) propose le remplacement de la dénomination Union populaire par celle d'« Union populaire et écologiste » ou celle de « Front populaire écologiste et social »[127]. Dans la nuit du au , un accord est conclu avec Europe Écologie Les Verts, sous la bannière commune de la « Nouvelle union populaire écologique et sociale »[128] - [7] - [129]. Le Mouvement des progressistes est le seul organe du Pôle écologiste à refuser l'alliance[130].
L'accord prévoit cent circonscriptions sur cinq cent soixante-dix-sept pour le Pôle écologiste, dont environ trente considérées comme gagnables ; EÉLV visait les circonscriptions des villes gagnées aux municipales de 2020 : ils obtiennent celles de Bordeaux, de Strasbourg et de Lyon, ainsi que les troisième, cinquième, huitième et neuvième circonscriptions de Paris[131].
Parti communiste français
Le , le Parti communiste français (PCF) annonce rejoindre la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, après validation de l'accord par le conseil national du parti avec 120 voix pour, 25 contre et 13 abstentions[132].
La France insoumise et le PCF publient un communiqué commun exposant un programme dans lequel, aux objectifs fixés par LFI et EÉLV, s'ajoutent des propositions des communistes comme la « renationalisation d'EDF, d'Engie, des autoroutes, des aéroports » ou la lutte contre l'évasion fiscale. La question du nucléaire n'est pas évoquée, celle-ci pouvant faire l'objet de débats à l'Assemblée nationale[133] - [134].
Le PCF présentera des candidats dans cinquante-quatre circonscriptions, dont les onze de ses députés sortants et cinq autres jugées gagnables (Vierzon, Dax, Creil Nogent, Denain, Lens Avion)[135] - [136] - [134].
Parti socialiste
Après avoir été initialement écarté des pourparlers avec La France insoumise, le Parti socialiste rejoint les négociations le [137]. Pierre Jouvet, négociateur pour le Parti socialiste explique : « On ne va pas régler tous les points en l'espace de quelques heures, alors que depuis dix ans on ne se parlait plus ». Manuel Bompard, négociateur pour La France insoumise, explique quant à lui que les négociations sont longues et difficiles[138]« sur le fond et sur les circonscriptions »[139].
Le , le Parti socialiste et La France insoumise annoncent avoir trouvé un accord sur une liste de soixante-dix circonscriptions de métropole et des Français de l’étranger (les circonscriptions corses et d'outre-mer n'étant pas incluses dans l'accord) qui sera soumise à la validation du conseil national. Les deux partis publient un communiqué commun. Il présente la liste des objectifs et points d'accord et détaille aussi (dans un long quatrième point) les divergences et convergences quant aux questions européennes et internationales — ce point étant un des points sur lesquels les divergences étaient les plus fortes[140].
Dans la nuit du au , l'accord est approuvé par le conseil national du parti à 167 voix pour (62 %), 101 contre (38 %) et 23 abstentions[141].
Au cours des débats du conseil national, de nombreux cadres du parti s'expriment en faveur de l'accord. Laurent Baumel, qui était parmi les négociateurs, invoque le sens de l’histoire : « Allons-nous redevenir le grand PS d’autrefois ? Celui que le gens aimaient ? Aucun d’entre nous n’a adhéré au PS pour appartenir à un groupuscule. À travers ce vote, nous avons le choix entre la fin d’une histoire et le début d’une histoire. » Olivier Faure, premier secrétaire, explique que « Ce vote dit à quel espace politique nous appartenons. Il y a un doute dans l’opinion publique qui s’exprimait de manière régulière depuis cinq ans […] Les Français nous ont abandonnés parce qu'ils pensaient que nous n'avions plus rien à changer ».
À l'inverse, certaines personnalités, minoritaires, font part de leur dissidence : Hélène Geoffroy fustige l'accord qui, selon elle, n'apporterait pas plus de députés socialistes que sans accord et déplore la nécessité de repentance formulée selon elle par LFI à l'égard du PS. Le dissident François Kalfon tente de faire applaudir le fait que Bernard Cazeneuve a quitté le parti, en s'interrogeant du sort qui est réservé à Carole Delga, qui compte présenter des candidatures dissidentes en Occitanie. Patrick Mennucci demande que les adhérents soient consultés au sein d'une convention, en déposant une motion, laquelle est rejetée.
Refus de la coalition
Certains partis ont refusé de rejoindre la coalition Nouvelle Union populaire écologique et sociale.
Lutte ouvrière
Le , le parti trotskiste Lutte ouvrière (LO) fait savoir qu'il n'entend pas « cautionner » la démarche initiée par La France insoumise, assimilée à « une opération de rafistolage du réformisme » de gauche. Se voulant « totalement indépendant des directions réformistes », le parti s'oppose à tout projet de gouvernement et dénonce « le piège du système politique bourgeois qui consiste à substituer le combat électoral au combat de classe[137]. »
Parti radical de gauche
Le , le Parti radical de gauche (PRG) annonce son refus de s'associer aux négociations en cours, après un vote interne à 90,5 % en faveur de candidatures indépendantes pour les élections législatives[142]. Le PRG évoque des désaccords « considérables » avec La France insoumise, notamment en ce qui concerne la sortie du nucléaire et la désobéissance aux traités européens[143]. Le parti dit préférer son « indépendance » et ses « valeurs » à « des arrangements » et des « reniements profonds », quitte à mettre son avenir « en danger »[137].
Nouveau Parti anticapitaliste
Le 5 mai, après plusieurs jours de négociations, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) annonce qu'il ne rejoindra pas la coalition. Le NPA estime ne pas pouvoir signer « un tel accord incluant le Parti socialiste »[144]. Le NPA, qui avait estimé « important de participer à cette dynamique d'union », évoque des discussions qui lui ont permis de trouver des accords sur certaines mesures, mais déplore qu'au « fur et à mesure des discussions avec les autres forces politiques, l'équilibre politique de la coalition s'est modifié progressivement, atténuant le caractère de rupture avec les politiques libérales qui faisait sa force »[145].
Fédération de la Gauche républicaine
Le , la Gauche républicaine et socialiste (GRS), le Mouvement républicain et citoyen (MRC), L'Engagement, Les Radicaux de gauche (LRG, scission du PRG) et la Nouvelle Gauche socialiste (NGS) annoncent former une coalition autour de la « Fédération de la gauche républicaine », indépendante de la NUPES. Cependant, L'Engagement a quitté la coalition peu de temps après[146].
Le 20 mai, la Fédération de la gauche républicaine annonce présenter des candidats dans plus d'une centaine de circonscriptions sous ses couleurs[147].
Lancement de la coalition et campagne électorale
Une fois les accords entre les différents mouvements membres conclus, une convention est organisée le 7 mai 2022 à Aubervilliers pour officialiser la création de la NUPES. Devant plusieurs milliers de personnes[148], des figures majeures des différents partis prennent la parole dans une ambiance enthousiaste[149], Olivier Faure, qui craignait un accueil hostile, apparaissant notamment ému lorsque le public salue son arrivée sur scène par une ovation[150]. Plusieurs candidats aux législatives peuvent ensuite s'exprimer. Rachel Keke, meneuse de la grève des femmes de chambres de l'hôtel Ibis Batignolles ayant rejoint l'Union populaire, réalise l'intervention la plus acclamée en évoquant la situation des travailleurs essentiels et l'importance de les défendre à l'Assemblée[151] - [152] - [149] - [153]. La cérémonie est conclue par un discours de Jean-Luc Mélenchon où il souligne le caractère inédit d'un tel accord électoral entre les forces de gauche, insiste sur le rejet de la proposition de passage de l'âge de la retraite à 65 ans portée par Emmanuel Macron, et affirme la possibilité « d’écrire une page de l’histoire politique de la France »[154].
Résultats des élections législatives
La NUPES devient la principale force d'opposition avec 151 sièges, empêchant notamment à Emmanuel Macron de disposer d'une majorité absolue ; mais elle ne réussit pas le pari de lui imposer la cohabitation et est confrontée à un avenir incertain à moyen terme[155]. Le résultat des élections permet à chaque parti de la coalition de constituer son propre groupe à l'Assemblée nationale[156] - [157] - [158] avec toutefois l'appui de députés d'outre-mer pour le Parti communiste[159].
Selon l´usage, la présidence de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, est attribuée au premier groupe parlementaire d'opposition[160] et pourrait dans ce cas revenir au Rassemblement national, premier parti d'opposition avec 89 députés[161], cependant l'article 39 du règlement de l´assemblée nationale ne mentionne pas cet usage mais précise seulement que « ne peut être élu à la présidence de la Commission des finances de l’économie générale et du contrôle budgétaire qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition »[162]. Le député insoumis de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel est élu à la tête de la commission des finances.
Désaccords politiques
À l'issue des élections, Jean-Luc Mélenchon propose le lundi 20 juin, que tous les députés élus sous l’étiquette NUPES constituent un seul et même groupe parlementaire. Le Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti communiste français refusent et s'en tiennent à l'accord initial de constituer des groupes indépendants[163]. Par ailleurs, ces trois partis politiques affirment ne pas vouloir d'alliance pour les élections européennes 2024[164] - [165] - [166]. En juin 2023, Jean Luc Mélenchon explique que s'il n'y a pas d'alliances pour les européennes, cela pourrait provoquer la fin de la Nupes[167] - [168] - [169].
Au cours de l'automne 2022, LFI dépose jusqu'à 10 motions de censures à l'encontre du gouvernement Borne sur l'adoption par le Parlement du budget 2023, que finissent par ne plus voter les 3 autres partenaires de la NUPES[170]. A la suite de l'Affaire Quatennens, plusieurs membres de la NUPES demandent l'exclusion du député insoumis et critiquent la position de LFI[171] - [172] - [173] - [174]. En avril 2023, alors que l'ancien député insoumis revient siéger dans son groupe, Boris Vallaud chef des députés socialistes, s'y oppose[175]. De son côté, Marine Tondelier, la secrétaire d'EELV affirme qu'Adrien Quatennens ne peut pas siéger parmi les députés NUPES[176]. Finalement Quantennens siège hors intergroupe NUPES[177].
Au début de l'année 2023, alors que la possibilité d'envoyer des chars de l'armée française en soutient à l'Ukraine est débattue, les insoumis et les communistes s'y opposent tandis que les socialistes et les écologistes y sont favorables[178] - [179]. En février 2023, pour éviter un vote sur l'ensemble des articles du projet de réforme des retraites, les députés de la NUPES ont déposé des milliers d'amendements dont 13 000 pour la France insoumise. Au cours des débats, la coalition de gauche se divise sur la nécessité de retirer ou pas des amendements afin de permettre, en particulier, un vote sur article 7 qui prévoit le recul de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Le communiste Sébastien Jumel, appelle « chaque parlementaire » à « [prendre] ses responsabilités » et au retrait des amendements. Cette ligne politique est suivie par les socialistes et les écologistes. Cependant Jean-Luc Mélenchon critique le parti communiste :« Incompréhensible retrait des amendements du PCF. Pourquoi se précipiter à l'article 7 ? Le reste de la loi ne compte pas ? Hâte de se faire battre ? » [180]. Pour le socialiste Jérôme Guedj : « Jean-Luc Mélenchon a tort de penser qu’il ne faut pas aller à l’article 7 » [181]. Les écologistes dénoncent un « raté stratégique de LFI » et demandent un « acte II de la Nupes »[182], enjoints rapidement par les socialistes à travers Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée[183].
A la mis mars 2023, le groupe communiste vote favorablement pour le projet de loi de relance du nucléaire à contrario de ses trois autres partenaires[184].
À la suite de la victoire de la candidate socialiste Martine Froger en avril 2023 face à la sortante Insoumise Bénédicte Taurine en Ariège, Mathilde Panot refuse que la députée gagnante siège dans le groupe socialiste[185].
Pour Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, « La Nupes est dépassée » ; il appelle à une nouvelle union « bien au-delà » de l’alliance de gauche[186] notamment lors du congrès du PCF à Marseille[187]. Des Insoumis l'invitent à quitter la Nupes[188].
Sur la Défense nationale, les quatre partis adoptent chacun une vision différente voir contradictoire les unes des autres[189].
En juin 2023, une parti des cadres du PS se réunissent à Montpellier dans le but de proposer une alternative à la NUPES[190]. Lors de l'adoption du traité de libre-échange UE-Mercosur, les partenaires de la NUPES ne s'entendent pas dessus[191] - [192].
Réactions dans le monde politique
Place publique
Raphaël Glucksmann annonce son soutien à cette union de la gauche, avançant qu'il veut à tout prix éviter une prolifération des candidatures RN à l'Assemblée nationale et l'opposition RN - LREM. Il précise qu'il possède des désaccords « immenses » sur des sujets « plus qu'essentiels » avec LFI, mais fera « tout pour que le maximum de voix solidaires, humanistes et écologistes puissent se faire entendre dès cet été à l’Assemblée », bien qu'il ne « chanter[a] pas “Mélenchon premier ministre” chaque matin ». Toutefois, son parti, Place publique, présente 8 candidats face à la NUPES sur 577 circonscriptions[193].
Nouvelle Donne
Le 20 mai, Nouvelle Donne retire tous ses candidats et déclare son soutien à la NUPES[194].
Approbations
Le vice-président de l'Association des maires de France (AMF), André Laignel, encourage une union entre le Parti socialiste et les autres forces de gauche, signalant qu'« il est clair que si la gauche n'est pas unie, elle va à la défaite », mais nuançant le fait que les partis traditionnels (PS et EELV) représentent un plus grand ancrage local que le présupposent leurs scores respectifs à l'élection présidentielle de 2022[195]. Ségolène Royal, s'est dite favorable à cette démarche d'union, ayant déjà reconnu l'hégémonie de LFI à gauche, elle avait reproché la désunion de la gauche au moment de la présidentielle, arguant qu'il s'agissait d'un « manque de responsabilité ». Elle avait d'ailleurs appelé à voter utile pour Jean-Luc Mélenchon[196] - [197]. Lionel Jospin se positionne en faveur de l'accord mais souhaite l'investiture dans la 15e circonscription de Paris de la députée socialiste sortante Lamia El Aaraje[198]. Stéphane Troussel condamne fermement la désunion et appelle à l'accord : ne pas trouver d'accord serait selon lui un « contresens ».
De nombreux maires réclament et soutiennent également cette démarche d'union[199]. Johanna Rolland protestait contre l'échec de la gauche — et donc de LFI — à la présidentielle, du fait de l'échec d'union de sa famille politique[200]. Sept maires socialistes de grandes villes publient une tribune, exprimant être favorables à une union tout en réaffirmant un « attachement profond à l'idée et à la construction européennes » : Nathalie Appéré ; Benoît Payan ; Olivier Bianchi ; Mathieu Klein ; Nicolas Mayer-Rossignol ; Cédric Van Styvendael et Benoît Arrivé (Cherbourg-en-Cotentin)[201]. Martine Aubry « appelle les socialistes à valider cette proposition d'accord », tout en notant qu'il « ne correspond pourtant pas en tout point à [ses] convictions profondes »[202]. Ce soutien à l'union va à l'encontre des positions de multiples ténors et figures historiques du parti[203].
De nombreuses personnalités approuvent l'union lors du Conseil national du Parti socialiste, notamment Corinne Narassiguin[204], Laurence Rossignol[205].
Désapprobations
Actuellement, les désapprobations et dissensions sont minoritaires, selon Le Monde, et sont le fait de personnalités politiques de courants plus anciens du Parti socialiste (PS), notamment d'anciens proches de François Hollande, couramment appelés les « Éléphants du Parti socialiste » ; il y a aussi la ligne de centre-gauche, portée par un certain succès régional face à LFI et représentée par Carole Delga et Anne Hidalgo, selon le journal de référence Le Monde[206]. Ces dissensions sont souvent appelées par la presse les « nouveaux frondeurs », selon Sud-Ouest ainsi que Libération, presse de référence[207]. C'est d'ailleurs une expression reprise par Stéphane Le Foll lui-même.
Lors du début des négociations avec le PS, François Hollande évoque le risque de l'« effacement » de son parti. Il juge que l'accord est « inacceptable » et qu'il « met en cause des principes mêmes qui sont des fondements de l'engagement socialiste »[208]. Jean-Luc Mélenchon lui répond en disant que l'ancien président est « totalement has been » et ajoute qu'« alors que le train de l'histoire passe, il reste à quai »[209]. S'adressant à François Hollande dans une émission où il est invité, Patrick Cohen conteste point par point son analyse en rappelant que le parti socialiste a dans son histoire, sous François Mitterrand ou Lionel Jospin, promu une ligne de rupture et assumé une contestation des traités européens, concluant que la Nupes « ne rompt pas avec la tradition du PS [...] mais tourne le dos au quinquennat de François Hollande[210] ».
Le journal La Lettre A révèle que la maire de Paris Anne Hidalgo chercherait à écarter l'union aux élections législatives avec LFI, en constituant une union avec les partis de sa majorité municipale, c'est-à-dire avec le PS, EÉLV et le PCF au sein des circonscriptions de Paris[211].
Bernard Cazeneuve annonce qu'il quittera le PS en cas d'accord avec LFI[212]. À la suite de l'accord entre le PS et LFI, il annonce quitter le Parti socialiste[213] et appelle à créer un mouvement pour fédérer les forces de gauches[214]. Stéphane Le Foll déclare dans Les 4 Vérités sur France 2 que si le PS « continue à être ce qu'il est aujourd'hui, je partirai »[215]. Il ne croit pas à une victoire d'une union de la gauche lors des législatives de 2022 : pour lui, « c'est une fable, c'est un leurre. » Stéphane Le Foll considère qu'en négociant avec LFI, le PS « tourne le dos à toute son histoire »[216].
Sympathisants de gauche
D'après un sondage commandé par BFM TV à Elabe, 84 % des sympathisants de gauche sont favorables à cette alliance[217].
Réactions de membres de la majorité présidentielle
De son côté, François Bayrou considère que cet accord est « un événement extrêmement triste ». Il pointe notamment du doigt le principe de désobéissance à l'Union européenne envisagé dans l'accord, qui conduirait selon lui à « la fin de l'Europe », et la volonté de Jean-Luc Mélenchon de sortir de l'OTAN[212] - [11].
Les députés LREM n'ont pas manqué de critiquer cette alliance à gauche, notamment Sacha Houlié ou encore Aurore Bergé[218]. Selon le quotidien Les Échos, les membres de LREM cherchent à discréditer l'union en mettant en avant l'hétérogénéité de leurs positions idéologiques. Tout en espérant que LFI, leader de l'union, serve de repoussoir pour les électeurs pro-européens qui pourraient alors se mobiliser pour LREM, ils regrettent tout de même cette union, estimant qu'elle est « une puissance de premier tour indéniable » et rappelant qu'en 2017 ils avaient bénéficié de la désunion de la gauche dans certaines circonscriptions[219].
Résultats électoraux
Élections législatives
Année | 1er tour | 2d tour | Sièges | Gouvernement | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Rang | Voix | % | Rang | |||
2022 | 5 836 202 | 25,66 | 2e | 6 556 198 | 31,60 | 2e | 151 / 577 |
Opposition |
Ces résultats du ministère de l'Intérieur restreignent le décompte de la coalition de gauche au seul territoire métropolitain, et donc à l'exclusion de la Corse et de l'Outre-mer, l'accord ayant mené à la formation de la coalition n'ayant pas inclus ces derniers[220]. Jugé « problématique »[221] par Le Monde, le décompte du ministère de l'Intérieur amène le quotidien à opérer son propre décompte, incluant notamment les chiffres de La Réunion, de Mayotte et de la Polynésie française, où les candidats de gauche se sont accordés sur des candidatures uniques se réclamant de la NUPES. Cette inclusion de candidatures NUPES supplémentaires l'a fait arriver en tête du premier tour et augmente à 142 son nombre de députés[222]. Finalement, ce sont 151 députés qui siègent au sein des groupes de la NUPES.
Notes et références
- « Nupes ou Ensemble ! en tête aux législatives ? Les raisons de la divergence entre « Le Monde » et le ministère de l’intérieur », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Quentin Menu, « Nupes ou pas Nupes : de quels partis sont issus les candidats aux législatives dans les Outre-mer ? », Outre-mer la 1re, (lire en ligne)
- (en) Wolfram Nordsieck, « France », sur parties-and-elections.eu (consulté le )
- X. R., « Législatives 2022 : Merci de bien prononcer « Nupe » et non « Nupesse », indique l’Académie française », sur 20 Minutes, (consulté le )
- « NUPES : pourquoi l’accord à gauche n’a rien de comparable avec 1981 et 1997 ? », sur Public Senat, (consulté le )
- « Résultats législatives: la Nupes parvient à faire élire 147 députés », sur BFMTV (consulté le )
- « La France insoumise et les écologistes passent un accord pour les législatives », Le Monde, (lire en ligne , consulté le ).
- « Législatives 2022 : ce que contient l'accord conclu entre La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Législatives : que signifie « Nupes », cette nouvelle force politique née de l’union de la gauche ? », sur Sud Ouest, (consulté le ).
- « Législatives 2022. « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » : que sait-on de l'accord LFI-EELV ? », sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le ).
- « Le programme - Site officiel », (consulté le ).
- « La Nupes présente un programme commun de plus de 650 propositions pour les législatives », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Programme de la Nupes aux législatives : les points de convergence et de désaccord entre LFI, EELV, le PS et le PCF », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Nupes : quelles sont les mesures sur lesquelles LFI, PCF, PS et EELV ne se sont pas accordés ? », .
- « La Nupes présente son programme : une alliance gouvernementale de gauche, 650 mesures et 33 « nuances » », .
- « Piketty, Friot, Cagé... L’appel d’économistes en faveur du programme de la Nupes aux législatives », sur lejdd.fr, .
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