Signe V
Le signe V est un geste de la main réalisé en tendant vers le haut l'index et le majeur pour former un « V ». Ce signe, mondialement reconnu, indique généralement une victoire (d'où la lettre « V ») ou une réussite de manière peut-être plus expressive encore qu'un pouce levé.
Diverses significations
Ce signe peut avoir diverses significations selon son contexte et la façon dont il est fait.
Avec le dos de la main face à la personne qui fait le geste :
- la quantité « deux » ;
- le signe de victoire ou de réussite ;
- le signe de la paix ;
- le salut motard ;
- une farce à une personne à laquelle on fait des cornes, ou des oreilles de lapin ou d'âne lorsque l'on fait le signe derrière la tête ;
- le signe de la promesse des louveteaux où les doigts forment les oreilles tendues ;
- au Japon et en Chine, lors de pose sur des photos informelles ;
- les Kurdes et les Canadiens utilisent ce signe pour représenter la paix (de manière générique)
Avec la paume de la main face à la personne qui fait le geste :
- signe utilisé par l'ASALA ;
- une insulte dans la culture anglaise et quelques pays anglo-saxons (Irlande, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) ;
- aux États-Unis et au Canada, un signe pour représenter la paix (de manière générique).
Avec d'autres mouvements :
- la lettre V dans la langue des signes américaine ou française ;
- la mise entre guillemets d'un mot ou expression lors d'une conversation.
- De jeunes japonaises faisant un signe en V (2010).
- Un Cubain de La Havane faisant le signe en V (2011)
- Une jeune laotienne dans une rizière faisant un signe V de chaque main (2018)
- De jeunes chinois faisant le signe en V
Histoire
La plus ancienne référence au signe V remonte vers 1330 où il apparaît en marge du Psautier Macclesfield. En français, la plus ancienne référence sans ambiguïté date du XVIe siècle, dans un ouvrage de François Rabelais[1].
V is for Victory
C'est durant la Seconde Guerre mondiale que le signe V prend toute son ampleur et devient un symbole patriotique de la lutte anti-nazie. C'est l'ancien ministre belge Victor de Laveleye qui propose aux Belges, le à la radio de la BBC où il est speaker, d'utiliser ce symbole en signe de lutte contre l'occupant. Il fait remarquer que le V est la première lettre du mot français "Victoire" et du mot néerlandais "Liberté" (Vrijheid), une chose de plus qui fait que les Flamands et les Wallons sont unis contre l'occupant allemand. De plus, c'est la première lettre du mot anglais Victory. La BBC relaye cette campagne, dénommée ensuite « campagne des V », en Belgique, aux Pays-Bas et dans le Nord de la France. Le est ajoutée une version audio, le V en morse : •••—
[2]. Ce rythme correspondant aux premières notes de la Symphonie n° 5 de Beethoven, celle-ci devint l'indicatif des émissions à destination de l'Europe occupée.
Winston Churchill adhère à cette campagne et fait ce geste dès qu'un photographe est présent. Ce signe est ensuite repris à travers l'Europe occupée par les Allemands et devient un signe anti-nazi[3].
Pour la France, Charles de Gaulle fait le signe dans ses discours à partir de 1942[4]. Le V abritait donc parfois une croix de Lorraine.
En allemand, "victoire" se traduit "Sieg". Les Allemands lancèrent néanmoins une campagne de propagande réutilisant le symbole, autour du mot Victoria, afin de contrer le "V" des alliés, mais elle n'eut pas le succès escompté[3] - [5].
Bien plus tard, le signe V est également employé par le mouvement Solidarność, en Pologne, comme symbole d'opposition au communisme et au pouvoir en place.
En Asie de l'Est et plus particulièrement au Japon, le signe V est populaire depuis les années 1960-1970 après sa diffusion par des personnalités médiatiques : il est ainsi fréquemment utilisé par des personnes qui se font prendre en photo[6]. En 2017, des scientifiques de l'Institut national de l'informatique (NII) du Japon indiquent qu'il est désormais possible d'usurper une identité en capturant les empreintes digitales de quelqu'un faisant ce signe sur une photo[7].
Signe de la paix
Dans les années 1960 aux États-Unis, le signe est repris par les mouvements s'opposant à la guerre du Viêt Nam, mais l'origine de cette adoption reste obscure.
Insulte
Salut motard
Dans les années 1970, Barry Sheene, champion de Grand Prix moto, avait pris pour habitude de saluer son public d'un signe V à chacune de ses victoires. De plus en plus de motards adoptèrent ce signe comme salut sur la route et il fait maintenant partie de leur « code des signes »[8]. Dans le film Easy Rider, 1969, ils font un salut motard.
Autre
Le symbole Unicode définit le signe V par U+270C (✌).
Références
- (en) « Henry V », British Shakespeare Company (consulté le )
- (en) Diane DeBlois et Robert Dalton Harris, « Morse Code V for Victory: Morale through the Mail in WWII », Smithsonian National Postal Museum, (consulté le )
- (en) « V for Victory », sur Icons (consulté le )
- « Discours de Charles de Gaulle à l'Albert Hall de Londres » [vidéo], sur ina.fr, 11 novembre 1942.
- (fr) « Newswatch 1940 - War prompts naming and campaigning », BBC News (consulté le )
- Julien Jégo, « Pourquoi les Japonais font-ils le signe V sur les photos? », sur Slate, (consulté le ).
- Enrique Moreira, « Pourquoi il ne faut plus faire "peace" avec ses doigts sur les selfies ? », sur lesechos.fr, (consulté le ).
- « Le code des signes des motards », Moto-Sécurité, (lire en ligne, consulté le )