Agriculture en Mésopotamie
L'agriculture est l'activité économique principale de la Mésopotamie antique. Soumis à des contraintes fortes, notamment l'aridité et des sols pauvres, les paysans mésopotamiens ont développé des stratégies efficaces permettant à soutenir le développement des premiers États, des premières villes puis des premiers empires connus, sous l'égide des institutions dominant l'économie, à savoir les palais royaux et provinciaux, les temples et les domaines des élites. Elle repose avant tout sur la culture des céréales (l'orge surtout) et l'élevage ovin, mais aussi les légumineuses ou encore le palmier-dattier au sud et la vigne au nord.
Il faut en réalité distinguer deux agricultures mésopotamiennes, correspondant à deux grands domaines écologiques, que recouvrent largement des oppositions culturelles. D'abord l'agriculture du Sud mésopotamien (ou Basse Mésopotamie), les pays de Sumer et d'Akkad qui plus tard deviennent la Babylonie, soumise aux plus fortes contraintes en raison de précipitations quasi inexistantes, qui repose sur une agriculture irriguée à grande échelle, les domaines des temples, et a réussi à atteindre des rendements élevés. L'agriculture du Nord mésopotamien (ou Haute Mésopotamie), les pays intégrés dans l'Assyrie à l'époque récente, disposant de précipitations suffisantes pour pratiquer une agriculture sèche la plupart du temps, se caractérise par un poids moins important de l'irrigation et des grands domaines institutionnels, et des rendements généralement plus faibles.
En l'absence de fouilles en milieu rural, notre connaissance de l'agriculture de la Mésopotamie antique repose essentiellement sur les textes anciens, notamment les nombreux actes de la pratique concernant des ventes de champs, des contrats d'exploitation ou des prêts à destination d'agriculteurs, ainsi que l'abondante documentation retrouvée dans les bâtiments administratifs des palais et temples des cités mésopotamiennes. L'organisation économique de cette activité est donc abondamment documentée, de même que les pratiques culturales et l'élevage, mais de nombreuses incertitudes demeurent encore.
Paysages et aménagements agricoles
La Mésopotamie est un espace peu propice au développement d'une agriculture prospère, en particulier sa moitié sud qui est un espace très aride aux sols pauvres. Mais les aménagements humains, tirant profit des quelques potentialités de ce milieu (présence de grands fleuves et relief bas et plat) ont renversé ces contraintes et fait de la Basse Mésopotamie un des espaces agricoles les plus productifs du monde antique, tandis qu'au nord les incertitudes de la production étaient plus importantes en raison de conditions climatiques très fluctuantes d'une année sur l'autre. Il en a donc résulté plusieurs grands ensembles de paysages agraires reflétant la diversité de l'agriculture de la Mésopotamie antique.
Des conditions naturelles peu propices à l'agriculture
Le milieu naturel de la Mésopotamie antique était peu différent des conditions observables de nos jours dans cette région.
Ce n'était cependant pas le cas auparavant, le Sud mésopotamien ayant vu son environnement considérablement changer durant les derniers millénaires de la Préhistoire : avec la fin de la dernière période glaciaire le niveau du rivage a remonté considérablement et submergé des espaces dans l'actuel Golfe persique, jusqu'alors probablement occupés par des communautés humaines, tandis que les fleuves ont charrié de nombreux limons qui ont continuellement modifié la topographie de la région. L'environnement de l'extrême-sud mésopotamien était probablement plus humide durant les dernières phases de la Préhistoire (période d'Obeid et période d'Uruk), avec une économie de subsistance bien différente de celle qui est connue pour les périodes historiques, reposant sans doute bien plus sur l'exploitation des marécages que par la suite, et sans que l'irrigation ne soit nécessaire. Durant ces époques se mettrait progressivement en place le climat aride (et l'agriculture irriguée) caractérisant cette région dans l'Antiquité et jusqu'à nos jours, processus achevé au plus tard au début du IIIe millénaire av. J.-C.[1]. Par la suite la Mésopotamie connaît différentes fluctuations climatiques, notamment des épisodes d'aridité, dont l'impact historique est discuté (en particulier durant les derniers siècles du IIIe millénaire av. J.-C.).
Il apparaît que bien qu'elles aient développé une agriculture parmi les plus prospères des sociétés antiques, les sociétés de la Mésopotamie antique ont dû faire face à de lourdes contraintes : des rivières au régime peu en accord avec le cycle végétatif des céréales domestiques, un climat chaud et sec aux variations interannuelles brutales, des sols généralement minces et salins. Les conditions sont a priori plus favorables au nord qu'au sud, car le premier a des sols plus fertiles et une pluviométrie permettant une agriculture non irriguée. Mais l'importance des fleuves dans le sud, le relief plat facilitant le creusement des canaux et la mise en culture de vastes surfaces étaient des avantages indéniables pour le développement d'une riche agriculture irriguée, au prix de travaux constants.
Des fleuves aux cours capricieux
Les deux cours d'eau principaux de la Mésopotamie, auxquels la région doit son nom, sont l'Euphrate et le Tigre, deux fleuves qui naissent en Anatolie[2]. Le premier a un cours d'environ 2 800 kilomètres, et le second 1 900 kilomètres. Leur régime est de type pluvio-nival, les hautes eaux ayant lieu au printemps à la suite de la fonte des neiges et aux pluies qui tombent en Haute Mésopotamie. Cela est plus accentué pour le Tigre, qui reçoit des affluents provenant du Zagros durant la seconde partie de son cours tandis qu'en Haute Mésopotamie l'Euphrate n'a que des affluents au débit faible. Son débit est donc moindre, d'autant plus qu'il traverse des régions plus plates et forme un coude en Syrie qui ralentit son cours. Leurs crues ont donc lieu au printemps, en avril pour le Tigre et en mai pour l'Euphrate (donc à peine après les moissons ou en même temps), et leur étiage a lieu en été au moment des plus fortes chaleurs, surtout dans le sud où l'évapotranspiration est très forte. Leur module connaît donc de grandes variations durant l'année, qui vont de 1 à 4. Le débit de l'Euphrate et ses crues étant plus faibles que ceux du Tigre, c'est sur son cours que se sont fixées de façon privilégiée les communautés agricoles du sud mésopotamien. Dans cette région, la pente est très faible, favorisant les diffluences qui créent des bras isolés des fleuves et des zones marécageuses, et également les changements de cours de fleuves (défluviations) qui ont eu lieu à plusieurs reprises durant l'Antiquité. Ces fleuves charrient des limons qui les surélèvent par rapport au niveau de la plaine, créant des levées de terres qui sont les espaces les plus intensément exploités dans la Mésopotamie antique. L'irrigation de la plaine est techniquement aisée, par simple percement de ces levées de terre. Les crues sont néanmoins potentiellement violentes et peuvent couvrir une vaste surface en raison de la platitude du relief. Le relief plat de cette région implique également la proximité entre la nappe phréatique et le lit des fleuves, ce qui favorise les remontées des eaux en période de crues. De nos jours, le Tigre et l'Euphrate se rejoignent pour former le Chatt-el-Arab avant de se jeter dans le golfe Persique. Dans l'Antiquité, leur delta était moins étendu vers le sud, et la ligne de rivage était située plus haut que de nos jours : la transgression marine postglaciaire (remontée des eaux marines à la suite de la fonte des glaces de la fin de la dernière ère glaciaire) a provoqué une remontée du Golfe à la fin de la préhistoire, puis les alluvions déposés par les fleuves ont étendu progressivement la plaine aux dépens de la mer aux époques historiques[3].
D'autres cours d'eau coulaient en Mésopotamie, des rivières qui se jettent dans le Tigre et l'Euphrate. Les affluents du premier sont issus du Zagros : du nord au sud le Grand Zab, le Petit Zab et la Diyala. Leurs cours ont un débit rapide en raison des reliefs accidentés et des gorges qu'ils traversent ainsi que de la fonte des neiges en hiver qui provoque de fortes crues en avril/mai. Ils transportent une charge alluviale forte qui se retrouve dans le Tigre. L'Euphrate a quant à lui deux affluents qui le rejoignent en Basse Djézireh, le Balikh et le Khabur, dont le débit est faible (surtout celui du premier qui est souvent à sec en été), eux-mêmes alimentés temporairement par de nombreux wadis[4].
Un relief dominé par les étendues planes
La Mésopotamie est un espace majoritairement plat, constitué de plaines et plateaux. Elle est bordée par de hautes montagnes à l'est, la chaîne du Zagros, percée de vallées profondes et étroites d'orientation nord-ouest/sud-est (Grand Zab, Petit Zab, Diyala), et de petites montagnes et volcans se trouvent en Haute Mésopotamie ou à ses extrémités (Kaukab, Tur Abdin, Djébel Abd-el-Aziz, Djébel Sindjar, Montagne de Kirkuk). La Haute Mésopotamie est essentiellement constituée de plateaux doucement inclinés vers l'est, élevés de 200 à 500 mètres d'altitude, que l'on appelle de nos jours la Djézireh (de l'arabe al-jazayra, « l'île »). Les fleuves y coulent donc dans des vallées encaissées qui mesurent de 1 à 10 kilomètres de large. La moitié sud de la Mésopotamie, qui du point de vue géophysique est la Mésopotamie à proprement parler, là où le Tigre et l'Euphrate sont proches, est une vaste plaine de 150 à 200 kilomètres de large à pente extrêmement faible, qui se réduit plus on va vers le sud au point de devenir quasiment inexistante, ce qui favorise le développement des bras des fleuves, les changements de cours, et la constitution de zones marécageuses[5].
Un milieu aride
Le climat de la Mésopotamie est marqué par des étés très ensoleillés, chauds et secs durant lesquels l'évapotranspiration est très forte et des hivers relativement froids, séparés par des saisons intermédiaires courtes. Les précipitations sont en général faibles : six mois de saison sèche en moyenne dans la partie nord, neuf mois voire plus dans la partie sud. La première est en gros située dans une zone semi-aride, recevant au moins 200 à 400 millimètres de précipitations par an ; la seconde est dans une zone aride, recevant moins de 200 millimètres de précipitations annuelles. Mais il ne s'agit que de moyennes, qui masquent les variations interannuelles de températures et surtout de précipitations, qui peuvent être très importantes[6].
Pour ce qui intéresse l'agriculture, on estime en général qu'au-dessus de la moyenne de 200 millimètres de précipitations annuelles (au nord de la limite de l'isohyète 200) on est en zone d'agriculture sèche, dans laquelle les précipitations suffisent à assurer la croissance des plantes, au moins les plus résistantes à la sécheresse comme l'orge. C'est le cas de la Haute Djézireh en moyenne, et de la Basse Djézireh les bonnes années, mais en fait cela varie beaucoup, ce qui place ces régions en situation de stress hydrique. Les années durant lesquelles le printemps et l'automne sont très courts, le cycle végétatif des plantes est insuffisant pour assurer de bonnes récoltes. Dans les espaces plus arides de la Basse Djézireh et de la Basse Mésopotamie, les précipitations sont très faibles (au sud de la limite de l'isohyète 200), souvent sous la forme d'orages et d'averses, la période de cycle végétatif des plantes est encore plus limitée à l'état naturel et l'apport d'eau d'irrigation est nécessaire pour assurer le développement de l'agriculture[7]. C'est en revanche en Mésopotamie méridionale et centrale que se développe le palmier-dattier, qui supporte bien les grandes chaleurs et les sols salins.
Des sols peu fertiles
Les sols de Mésopotamie sont pour la plupart des sols fins caractéristiques des milieux arides, proches de la roche-mère, et donc peu fertiles, à l'encontre de l'image qu'en a laissé Hérodote dans ses écrits. Ils sont généralement de type calcaire ou gypseux, contenant peu d'éléments nutritifs comme l'azote et le phosphore pour favoriser la croissance des plantes, qui n'ont en général qu'une couche mince pour développer leurs racines. Des sols profonds se trouvent dans les fonds de vallées et les cuvettes de la Haute Mésopotamie, qui peuvent être mises en culture avec une pluviométrie de 200 à 250 millimètres. C'est le cas des sols bruns et rougeâtres de la Haute Djézireh. Dans les zones les plus arides de la Basse Djézireh et de la Basse Mésopotamie revanche, les sols sont généralement clairs et très minces (types solonchaks et fluvisols). Ils se dégradent facilement, et l'irrigation contribue à accélérer leur érosion et leur salinisation[8]. Néanmoins, le Sud mésopotamien compense largement la pauvreté et la fragilité de ses sols par l'étendue de sa superficie agricole irrigable grâce à son relief extrêmement plat, là où le Nord dispose de sols meilleurs mais de terroirs moins vastes et plus soumis aux aléas des précipitations[9].
Les hommes dans le milieu : l'aménagement des campagnes mésopotamiennes
La mise en valeur du milieu mésopotamien pour l'agriculture est donc passée par plusieurs aménagements et la mise au point de pratiques agricoles visant à exploiter au mieux ses potentialités et à réduire ses risques. La Mésopotamie antique a donc fait l'objet d'aménagements importants qui ont profondément modifié son paysage, en premier lieu la constitution de réseaux d'irrigation de la partie méridionale, où l'apport d'eau des fleuves était nécessaire à la croissance des cultures. Les textes permettent de reconstruire partiellement l'aspect des campagnes mésopotamiennes, et des différents types de terroirs exploités par les hommes.
L'irrigation
Vers 6 000 avant J.-C., les premières traces de pratiques d'irrigation apparaissent sur les sites archéologiques mésopotamiens, attestées le plus anciennement à Choga Mami en Mésopotamie centrale, durant la période de Samarra (v. 6200-5700 av. J.-C.). Des canaux sont creusés pour amener sur les champs cultivés l'eau nécessaire à la croissance des plantes, mais aussi pour stocker l'eau de façon à contrôler les crues dévastatrices, et pour drainer les champs. En période de hautes eaux, les grands canaux sont également des voies navigables appréciables pour les échanges et les communications. Cette pratique est également adoptée dans les zones d'agriculture sèche pour améliorer les rendements. Les communautés et les souverains ont donc fait de l'entretien des aménagements hydrauliques une de leurs tâches principales, notamment leur réfection et leur curage.
L'eau nécessaire pour l'irrigation était amenée vers les zones cultivées par des canaux[10]. Les plus grands et longs partaient directement des cours d’eau, et servaient de base à un réseau hiérarchisé de canaux de taille décroissante, jusqu’aux rigoles d’irrigation. Le relief du Sud étant extrêmement plat, les canaux principaux peuvent s'y étendre sur une quarantaine de kilomètres ou plus par endroits. Le système pouvait aussi comprendre des canaux surélevés et parfois des aqueducs, en fonction du relief. Des mécanismes régulateurs étaient en place pour contrôler l'écoulement et le niveau de l'eau, notamment des bassins qui pouvaient être fermés. Les sédiments apportés par les cours d'eau provoquant la surélévation de leur lit par rapport aux champs, l'eau pouvait irriguer le champ sans engin spécial, par percement d'une brèche sur la berge du canal en direction du champ où des rigoles répartissaient l'eau de manière homogène sur toute la surface en culture. Mais il existait également des engins élévatoires, comme le chadouf, attesté à partir de v. 2400 av. J.-C., puis la noria à partir du Ier millénaire. L'irrigation pouvait également s'effectuer depuis des puits dans les régions moins bien drainées[11] - [12].
Pour prendre un exemple, le réseau de canaux d'irrigation de Mari est connu par des descriptions comprises dans certaines tablettes de la première moitié du XVIIIe siècle, relatant également les travaux d’entretiens nécessaires. Ils évoquent la « bouche » (KA/pûm), l’entrée du canal à partir du cours d’eau naturel, qu’il faut curer pour enlever des dépôts d’argile. La structure fondamentale à ce niveau est le muballitum, mécanisme servant à contrôler la diversion de l’eau de la rivière et à contrôler niveau du canal. Il est constitué d’une barrière constituée de pieux (tarqullum), renforcés par fagots de roseaux et brindilles. On distingue les canaux de dérivation (takkīrum) et les petits canaux adducteurs (yābiltum). D’autres aménagements servent pour le contrôle des flots : des vannes (errētum) sont situées sur le bord du canal pour évacuer de l’eau si le niveau monte trop. Des fossés (atappum) sont situés au bout du canal. On a établi des barrages (kisirtum) pour stopper l’eau. Des bassins secondaires sont disposés sur le réseau, et alimentés par des canalisations en terre cuite (mašallum). L'entretien du canal est très lourd : le gouverneur du district de Terqa doit mobiliser près de 2 000 hommes selon une lettre, et cela semble ne pas suffire[13].
Organisation des terroirs et morphologie agraire
Divers documents cunéiformes comportent des descriptions de champs, une centaine présentant également des plans. Il s’agit avant tout de tablettes. Dès les débuts de l’écriture certaines donnent des localisations de champs. Sous la Troisième dynastie d’Ur apparaissent les premières tablettes avec des plans de champs, dont elles donnent des descriptions. Elles sont destinées à évaluer les rendements que l’on peut en attendre. Par la suite, les descriptions se font plus précises. Les époques néo-babylonienne et achéménide ont livré de nombreux documents de ce type, que ce soient des tablettes et aussi des kudurrus (stèles gravées à la suite de donations de champs). D’une manière générale, les actes de vente de champ comportent sa localisation et sa mesure. Les textes les plus précis précisent les mesures de côtés, les propriétaires des parcelles contiguës, et découpent les champs en parties différentes en fonction du rendement attendu. Certains de ces documents ont pu être destinés à l’apprentissage de la mesure des champs par les arpenteurs, et à l’estimation de la récolte. Les calculs de la superficie des champs se faisaient en adaptant leurs formes réelles à des formes géométriques faciles à calculer : un rectangle pour la plus grosse part, et les irrégularités étaient assimilées à des triangles. L’arpentage se faisait avec des cordes (EŠ.GID en sumérien, eblu(m) en Babylonie, ašalu en Assyrie). Des arpenteurs spécialisés membres de l’administration royale sont attestés à l’époque d’Ur III et à la période paléo-babylonienne[14]. Les listes lexicales géographiques fournissent également des informations sur les paysages agraires mésopotamiens[15]. Les descriptions des terroirs qui apparaissent dans les textes s'intéressent aussi beaucoup à leur qualité ou leur localisation : ainsi dans les textes en sumérien de l'époque archaïque certains sont définis comme de meilleure qualité (SIG5), ou bons (MURUx, d'autres au contraire sont médiocres (HUL(.SUM)), mauvais (MURGUx) ou non fertiles (Ù), d'autres comme très salinisés (KI.MUN) ou humides (KI.DURU5), etc.[16]
Dans les régions d’agriculture irriguée du Sud, les canaux d'irrigation sont des éléments structurants du paysage agraire. Les levées de terre (désignées par les termes DU6/tillu(m) ou tīlu(m), « colline », « tell ») bordant les fleuves sont des espaces densément occupés : on y trouve en particulier les palmeraies et les vergers qui ont besoin de la proximité des canaux pour être mieux irrigués, ou encore les villages. Puis s'étend la plaine irriguée (A.GÀR/ugāru(m)). Les espaces les plus densément mis en valeur sont situés aux abords des villes, qui centralisent le réseau des canaux, voire à l'intérieur de celles-ci puisqu'elles disposent d'espaces non bâtis servant à des activités agricoles. Quand on s'éloigne vers les rebords du terroir irrigué vers l’espace aride, le réseau de canaux se rétrécit, et la qualité des terres diminue. L’espace inculte sert à faire paître les bêtes. La limite du terroir irrigué peut également être marquée par des marais (AMBAR/appāru(m)), qui sont une donnée essentielle des espaces ruraux du Sud, qui servent d’espace de pêche et de chasse ou bien d’approvisionnement en roseaux (surtout à l'extrême sud)[18]. La répartition de l’espace entre terroirs irrigués, zone désertique et marais n’est pas statique : des champs peuvent devenir incultes à cause d'une trop forte concentration de sels dans le sol, et donc se désertifier, tandis qu’à l’inverse un espace désertique peut être mis en valeur par l'irrigation ; de la même manière, des marais peuvent être drainés, ou bien se créer en limite d’une zone récemment irriguée, voire à la suite de mouvements de cours d'eau.
En Haute Mésopotamie, il faut distinguer entre les zones d'agriculture sèche (surtout en Haute Djézireh et aussi à l'est du Tigre) et celles où l'irrigation est nécessaire tout le temps (Basse Djézireh). Parmi le second cas, l'exemple de Mari est encore une fois bien connu grâce aux textes : la zone cultivée est située dans les terrasses basses des alvéoles de la vallée de l'Euphrate où le réseau d'irrigation est développé, et plus loin s'étendent les terrasses plus hautes qui servent de pâtures, et encore plus loin (au maximum une quinzaine de kilomètres de la rive du fleuve) s'élève le plateau qui est un espace steppique pouvant servir pour l'élevage[19]. La topographie du nord ne permet donc pas le développement d'un réseau d'irrigation aussi étendu que dans les vastes étendues basses du sud. Dans les zones d'agriculture sèche de Haute Djézireh, les terroirs sont organisés pour les périodes allant du IVe jusqu'au IIe millénaire autour d'agglomérations fortifiées souvent de forme circulaires et situées en hauteur autour desquelles l'espace agricole s'organisait de façon concentrique si on suit les propositions de T. J. Wilkinson : un espace densément cultivé autour du site principal, puis des espaces moins intensément cultivés autour de sites secondaires, et au-delà un espace servant aux pâturages[20]. En raison des incertitudes de la pluviométrie, les campagnes des zones d'agriculture sèche du nord ont vu le développement d'espaces irrigués ; ainsi, le paysage rural des alentours de Nuzi voit cohabiter des champs non irrigués et des champs irrigués[21]. Les prospections archéologiques semblent indiquer que l'organisation de l'espace rural de la Mésopotamie du nord change à partir de la fin du IIe millénaire, sans doute en lien avec le développement du royaume assyrien. L'habitat rural devient plus dispersé, et les rois assyriens développent les réseaux d'irrigation et les jardins dans plusieurs zones (notamment autour de Ninive)[22].
L'analyse des documents écrits permet également de reconstituer l'aspect des champs de la Mésopotamie antique et leur situation. Les champs des terroirs irrigués doivent avoir un accès direct à un canal. De ce fait, la concurrence pour l’accès à l’eau fait que l’on réduit la largeur des champs pour permettre à un plus grand nombre d’entre eux de border le canal, et on gagne une superficie plus vaste en étirant la longueur du champ. Les parcelles sont donc grossièrement rectangulaires, bien plus longues que large, ce qui donnerait un paysage de champs en « lamelle de parquet ». Selon M. Liverani, ce serait le type de champ présent dans le pays de Sumer. Plus au nord, dans le pays d'Akkad, les champs seraient plus ramassés, du moins jusqu'au Ier millénaire, quand il semble que les champs de Babylonie deviennent eux aussi de type allongé. Toujours selon le même auteur, ce type de champ est issu d'une planification, visant à optimiser l'utilisation de l'espace en permettant à un maximum de champs d'avoir accès aux canaux (et donc l'éventuelle extension de ce type de paysage serait due à la volonté des autorités des grands organismes). Rien de tel n’est connu pour la Haute Mésopotamie, exception faite du terroir entourant la cité de Nuzi, où l'on voit un partage entre champs allongés et champs ramassés[24].
L'habitat rural
Les textes et dans une moindre mesure les prospections archéologiques permettent de dessiner les contours de l'habitat des campagnes mésopotamiennes[25]. En revanche les fouilles archéologiques se sont peu intéressées aux sites ruraux des époques historiques, ce qui empêche de disposer d'un corpus d'habitats ruraux connus archéologiquement permettant de tirer des conclusions générales comme cela est possible pour les villes. Il semblerait que durant la plus grande partie de son histoire la Basse Mésopotamie ait eu un peuplement majoritairement urbain, l'essor des villages ne débutant que dans la seconde moitié du IIe millénaire, quand les sites de plus de 2 hectares (seuil pris en compte dans les prospections en Basse Mésopotamie) constituent plus du quart de l'habitat repéré ; cette « ruralisation » de la Babylonie se poursuit durant les siècles suivant. Il faut donc admettre qu'une partie notable des agriculteurs ait résidé dans des agglomérations de type urbain, ces dernières ayant de toute manière pu avoir une taille réduite, le critère de la surface couverte n'étant pas forcément probant pour distinguer entre villages et villes (un site comme Harradum, considéré comme une ville au vu de son architecture et de ses fonctions, couvrait environ 1 hectare). Qui plus est la frontière entre le rural et l'urbain est également brouillée par le fait qu'une partie de la surface des villes comprenait des espaces cultivés.
Il faut néanmoins prendre en compte le fait que les prospections sous-estiment potentiellement le nombre d'établissements ruraux : ainsi pour un espace du royaume de Mari d'époque amorrite, 86 sites sont documentés par les textes alors que seuls 27 sites ont été repérés lors de prospections[26]. De plus, un site rural peut avoir une composante artisanale marquée : Umm al-Hafriyat près de Nippur, occupé de l'époque akkadienne à l'époque paléo-babylonienne, où a été mise au jour une archive d'un domaine agricole akkadien[27], a fait l'objet de prospections qui y ont repéré plusieurs centaines de foyers de cuisson de céramiques[28].
Quoi qu'il en soit, les textes indiquent divers types d'établissements ruraux, dont la nature exacte n'est pas évidente à définir : les É.DURU5/kapru(m) sont des sortes de hameaux ou de grandes fermes, mais des agglomérations que l'on qualifierait de villages sont aussi désignées par des termes utilisés pour les villes (surtout URU/ālu(m)). Le seul « village » à proprement parler mis au jour dans le Sud est le site de Sakheri Sughir près d'Ur datant des dynasties archaïques, mais l'espace fouillé ayant été très réduit, seules des portions de bâtiments ont été identifiées[29]. D'autres lieux de peuplement ruraux attestés dans les textes sont les maisons-fermes isolées en briques, les campements de tentes de nomades ou encore les maisons de roseau (huṣṣetu(m)) caractéristiques du sud, mais également des établissements, souvent fortifiés, servant de centre de grandes exploitations et de districts ruraux (dunnu(m) et dimtu(m), ce dernier terme signifiant littéralement « tour »), dont un exemple a été fouillé dans la vallée du Balikh à Tell Sabi Abyad, un habitat muré de 60 × 60 mètres comprenant notamment la demeure du maître, celle de l'intendant et des bâtiments administratifs, entouré d'autres constructions. Les fouilles de sauvetage dans le bassin du Hamrin, dans la vallée de la Diyala, ont permis la mise au jour partielle de plusieurs centres d'exploitations ruraux d'époque médio-babylonienne, associés à des espaces artisanaux (fours de potiers) : Tell Yelkhi (une sorte de manoir rural), Tell Zubeidi, Tell Imlihiye[30]. Les espaces ruraux devaient enfin être marqués par d'autres constructions agricoles, comme des citernes, des aires de battage, ou encore des silos pour stocker le grain.
La gestion des risques liés à l'agriculture
L'aménagement des campagnes mésopotamiennes répondait également à une volonté de lutter face à divers types de risques pouvant toucher les activités agricoles et plus largement les sociétés rurales et urbaines. Le système d'irrigation était ainsi destiné à limiter les risques de crues grâce à des bassins de rétention et des canaux de dérivation, complétés par des digues et des procédés de drainage. La fragilité des sols, en particulier dans le sud, impliquait également des aménagements et des pratiques culturales spécifiques pour les protéger, le plus simple étant de pratiquer une rotation des terres en culture ou des périodes de repos plus ou moins longues (jachères), les terres cultivables ne manquant pas dans cette région. Le choix de cultures et d'animaux adaptés à la sécheresse et aux sols plus pauvres (orge, palmier-dattier, ovins) était une autre solution face à ce problème. En ce qui concerne plus spécifiquement les aménagements agricoles, la disposition des champs semble avoir participé à leur préservation face à l'érosion : des rangées d'arbres étaient plantées en limite des espaces cultivés pour les protéger des vents, des zones étaient laissées en friche pour que des herbes et plantes y poussent et les préservent de l'érosion éolienne[31]. L'habitude de combiner palmeraies et jardins profite de la faculté des grands arbres à protéger les petites plantes du soleil et des vents violents.
Le plus gros problème des agriculteurs du sud semble avoir été la lutte contre la salinisation des terres, à laquelle des historiens (Thorkild Jacobsen et R. McCormick Adams) ont attribué la cause d'une crise écologique en Babylonie méridionale aux XVIIIe – XVIIe siècle, sans doute de façon un peu hâtive. Si ce problème était réel en raison de la forte teneur en sel des sols et de leur irrigation qui provoque une remontée des eaux charriant les sels contenus dans la terre jusqu'à la surface, les anciens Mésopotamiens semblent en avoir eu conscience et développé des techniques pour y faire face : contrôle de la quantité d'eau déversée dans le champ, lessivage des terres avant les labours pour évacuer les sels, pratique de la jachère, semis plus clairsemés sur les terres affectées par la salinisation, augmentation de la part de l'orge, mieux résistante aux sols salins, au détriment de celle du blé. Il n'est donc pas assuré que la salinisation des terres du sud mésopotamien ait provoqué sur le long terme une diminution des rendements et des crises, même si elle a constitué un problème constant[32].
Un autre risque récurrent pour les paysans mésopotamiens était constitué par les invasions d'insectes, en particulier les criquets pèlerins qui pouvaient submerger par nuées les campagnes et dévorer les cultures. Les gouverneurs de Mari les combattaient par la mise en eau des canaux visant à noyer les larves, en cherchant à faire s'envoler les adultes ou en les faisant écraser par des hommes ou des bêtes[33].
Productions agricoles
Si la Mésopotamie a été en marge des bouleversements de la néolithisation et des débuts de l'agriculture et de l'élevage qui se sont accomplis dans le Taurus, le Levant et le Zagros, elle a pleinement participé à la seconde phase de changements majeurs qui a eu lieu au Moyen-Orient entre la fin du Ve millénaire et celle du IVe millénaire. Celle-ci est parfois qualifiée de « seconde révolution agricole »[34], ou de « révolution des produits secondaires » dans le cas de l'élevage[35]. Alors que l'agriculture des villageois du Néolithique proche-oriental se déroule dans un cadre domestique, sur de petites parcelles ressemblant à des jardins, travaillées uniquement à la main, avec éventuellement l'appoint de l'irrigation[36], l'agriculture qui émerge durant le IVe millénaire av. J.-C. (période d'Uruk) ou un peu après[37] est caractérisée par l'essor de la céréaliculture grâce à l'apparition de l'araire et le développement de l'irrigation, l'expansion du pastoralisme et en particulier de l'élevage ovin pour les besoins de l'artisanat de la laine qui connaît alors un essor rapide, mais aussi le développement de l'élevage d'animaux pour leur force de travail (bovins et ânes), des activités laitières, et des cultures arbustives et donc de la culture de fruits (palmier-dattier, olivier, vigne, etc.). Ces évolutions, s'appuyant en général sur des innovations plus anciennes, constituent surtout un changement d'échelle de la production, accompagnent la mise en place des premiers États, des premières villes et des institutions disposant de grands domaines céréaliers et de grands troupeaux ovins et pratiquant une division du travail plus poussée que par le passé.
À partir de cette période, les Mésopotamiens ont eu à leur disposition une grande variété de produits agricoles et également une quantité appréciable d'animaux domestiques. Cet ensemble s'est continuellement enrichi au fil des millénaires par des apports extérieurs et aussi des innovations locales (progrès de l'outillage avec l'essor de la métallurgie, sélection et croisements d'espèces, etc.). Comme souvent dans l'Antiquité, les productions agricoles reposaient sur quelques éléments de base, notamment l'orge et les ovins, ainsi que le palmier-dattier dans le sud. Mais les jardins permettaient une diversification de l'alimentation, notamment grâce aux légumineuses. Il faut également prendre en compte des activités proches de l'agriculture et de l'élevage comme la chasse, la pêche, l'exploitation des marais et des zones boisées, compléments nécessaires.
Les textes sont souvent des documents appréciables pour connaître les rythmes de la culture et de l'élevage. L'étude des données archéologiques, à savoir les restes de plantes et pollens (archéobotanique et notamment la palynologie[38]) et d'animaux (archéozoologie[39]) consommés sur les sites antiques, est un complément nécessaire pour permettre de repérer des plantes que l'obscurité du vocabulaire des textes antiques ne permet d'identifier clairement, ou pour mieux connaître le cheptel élevé. Comme souvent, de nombreuses zones d'ombres connaissent, mais les études récentes, en particulier celles publiées dans les huit volumes des Bulletin of Sumerian Agriculture, ont fait considérablement progresser les connaissances[40].
La céréaliculture
Les céréales cultivées
La Mésopotamie est une grande terre céréalière. Au premier rang vient l'orge (sumérien ŠE/akkadien še'u(m)). Avant tout parce qu'elle était mieux adaptée au sol sec et salin et au temps chaud de la région, son cycle végétatif court lui permettant d'arriver à maturité même durant les années particulièrement chaudes et sèches. Elle était l'aliment de base des populations du pays, et servait souvent d'étalon pour les échanges. Le blé (ZIZ/zizzu(m)), de type amidonnier, était lui aussi cultivé, mais dans des quantités moindres, tout comme l'épeautre (GIG/kibtu(m)). Au Ier millénaire, le riz (kurangu) est introduit, mais il n'est pas très répandu[41].
La culture de l'orge
Un texte sumérien baptisé Almanach du fermier (ou Instructions du fermier) par les chercheurs[42] nous renseigne sur les techniques mises en œuvre pour la culture de l'orge dans le sud mésopotamien. Ces informations peuvent être complétées par celles disponibles dans les textes de gestion des domaines agricoles. L'année agricole est marquée par plusieurs périodes d'intenses travaux et d'autres nécessitant un entretien du champ, qui se présente ainsi dans le sud, région pour laquelle la documentation est plus abondante[43] :
- En premier lieu, à partir de la fin de l'été (août-septembre) et en automne, le champ doit être irrigué pour ameublir le sol desséché par les chaleurs estivales. Puis un labour achève la préparation du sol. L'instrument aratoire est l'araire (APIN/epinnu(m)), tirée sans doute par quatre bœufs disposés en file par deux ; c'est un instrument qui ouvre la terre sur 15-20 centimètres, ce qui convient aux sols minces du sud mésopotamien. Il fallait néanmoins souvent compléter le travail de l'araire à la houe (AL/allu(m)) et à la bêche (MAR/marru(m)), notamment pour briser les mottes, et peut-être à la herse.
- Les semailles ont lieu en automne, les semis tardifs pouvant se prolonger jusqu'en décembre. Une estimation préalable de la quantité de grains à semer était effectuée de façon à assurer une production optimale. Le matériel agricole et les bêtes ont été préparés, des équipes de laboureurs sont formées. Les araires étaient équipés d'un semoir, une sorte d'entonnoir disposées de façon que les graines tombent derrière le soc après qu'il a ouvert le sol. Les graines sont plantées à des intervalles réguliers pour former des rangées espacées d'environ 60 à 75 centimètres.
- Durant la fin de l'automne et l'hiver, le champ doit être désherbé et irrigué à plusieurs reprises (une crue automnale se produisant dans le sud). Il n'y a apparemment pas d'autres techniques de bonification des terres à ce moment-là, les bêtes étant écartées des champs semés pour éviter de les dégrader.
- Le printemps (fin avril-mai) voit le début de la moisson, juste avant la crue des fleuves ou en même temps que celle-ci. C'est une période de travail intense. La coupe des épis se fait avec des faucilles en argile, pierre ou métal. Les épis récoltés sont ensuite disposés sur les aires de battage où les grains sont séparés de la paille par la méthode du battage ou dépiqués avec un tribulum (une planche de bois à laquelle étaient collés des silex séparant le grain de la tige et coupant la paille, tiré par des bœufs ou des ânes), puis vannés. C'est à ce moment que la récolte est partagée entre les différents acteurs pour régler les dettes ou payer les loyers, puis les grains sont entreposés, au plus tard vers juin-juillet, la crue des fleuves dans le sud permettant le remplissage des canaux, ce qui facilite le transport des grains par bateaux[44].
Les pratiques culturales visaient à préserver la productivité des champs, notamment face au risque de salinisation dans le sud. La jachère biennale était généralement pratiquée, et parfois elle était prolongée plusieurs années. Les sols étaient également lessivés régulièrement pour les ameublir et aussi évacuer les sels. La rotation des cultures était peut-être aussi pratiquée[31].
La culture du palmier-dattier
La culture du palmier-dattier (GIŠ.GIŠIMMAR/gišimarru(m)) occupait une place majeure en Mésopotamie, surtout dans la moitié sud. Cet arbre avait besoin de beaucoup d’eau, et on en trouvait de ce fait beaucoup le long des cours d’eau à l’état naturel. Il supporte de plus les sols salins, tout en appréciant le soleil et les fortes chaleurs. Autant de conditions favorables à son développement en Basse Mésopotamie. Le palmier était cultivé dans de grandes palmeraies que l'on voit représentées sur certains bas-reliefs à la période néo-sumérienne. Elles étaient irriguées, et divisées en plusieurs lots regroupant des arbres plantés au même moment. Le palmier ne commence à produire des dattes (ZÚ.LUM.MA/suluppū(m)) que vers la cinquième année, et vit une soixantaine d’années. Il faut donc un investissement à moyen terme pour développer une palmeraie, et ensuite planter régulièrement de nouveaux arbres. Les Mésopotamiens avaient développé la technique de pollinisation artificielle des palmiers pour maximiser leur rendement : le pollen mâle était fixé à la main sur les tiges femelles se trouvant au sommet de l'arbre, ce qui impliquait de l'escalader[45].
Les « petites » cultures de plein champ
En dehors des céréales, d'autres cultures étaient cultivées sur des champs irrigués, mais avaient un rôle plus effacé. Elles sont d'ailleurs parfois désignées comme des cultures « petites » ou « mineures » (ṣihhirtu(m)) à la période paléo-babylonienne[46]. S'y trouvent plusieurs plantes :
- Le lin (GADA/kitū(m)) est apparemment assez peu cultivé en Mésopotamie avant le Ier millénaire, bien qu’il soit connu depuis le néolithique. Il sert avant tout pour le textile, mais ses graines peuvent également être consommées ou servir pour la production d'une huile[47].
- Le sésame (ŠE.GIŠ.Ì/šamaššammū(m)) est la culture de plein champ la plus importante après la céréaliculture. Elle est introduite en Mésopotamie vers la fin du IIIe millénaire depuis l'Inde. Sa culture nécessite l'irrigation ; les semailles ont lieu au printemps, et la récolte à la fin de l'été. On en tire de l'huile, servant pour l'alimentation, les soins corporels et l'éclairage. Les grains peuvent également être consommés[48].
- Diverses légumineuses identifiées comme des pois chiches (hallūru(m)), des vesces (kiššanu(m)), et d'autres types de pois, des lentilles et des fèves constituaient un complément important aux céréales.
- Les oignons ont aussi pu être cultivés dans des champs.
Les produits de jardins et vergers
Dans les jardins/vergers (GIŠ.KIRI6/kirū(m)), qui pouvaient être intégrés aux palmeraies, on faisait pousser divers légumes, il ne semble pas y avoir eu de spécialisation dans un type de produit. Sont avant tout attestés la salade, les concombres, les poireaux, l’ail, l’oignon, des légumineuses (lentilles, pois chiches, fèves), et divers types d'épices. On faisait également pousser des arbres fruitiers, principalement des grenadiers, des figuiers et des pommiers, mais aussi des cognassiers, poiriers. Les jardins des rois néo-assyriens et néo-babyloniens présentent une plus grande variété de produits qui sont listés dans des textes glorifiant la capacité de ces souverains à intégrer tous les produits connus dans leurs domaines ; on tente notamment d’y acclimater l’olivier ou le cotonnier[49].
La vigne
La vigne pousse surtout dans le nord de la Mésopotamie, et est peu répandue dans le sud où les conditions climatiques ne sont pas favorables à son développement. Plusieurs textes sumériens indiquent qu'on en trouvait dans des vergers, mais sur des surfaces limitées. Elle est en revanche courante en Haute Mésopotamie. Au XVIIIe siècle au sud du Djebel Sindjar, une ville porte le nom de Karanâ, qui renvoie littéralement au « vin » (karānu(m) en akkadien ; GEŠTIN), ce qui indique que les pentes de cette montagne devaient disposer de nombreuses vignes. La documentation sur le vin provient surtout à la période néo-assyrienne, quand les hauts dignitaires de ce royaume se constituent des domaines viticoles importants, attestés par un document de type cadastral relatif à des terroirs situés près de Harran. À la même époque, les distributions de vin sont courantes à la cour royale. On consomme le raisin ou bien on en tire du vin. Le procédé de vinification n'est pas connu par les tablettes mésopotamiennes. Le vin est cependant peu bu comparé à la bière qui reste la boisson alcoolisée la plus répandue en Mésopotamie. C'est plutôt une denrée de luxe, dont les meilleurs crus sont du reste produits dans les régions montagneuses voisines de la Mésopotamie (Syrie, Anatolie orientale, Zagros), et importés par les cours royales de la région des deux fleuves, ce qui semble indiquer que la production proprement mésopotamienne était de basse qualité[50].
Élevage
La primauté de l'élevage ovin
Le mouton (UDU/immeru(m)) est de loin l'animal le plus élevé en Mésopotamie, et de nombreuses races sont attestées dans les textes. Il est bien adapté aux maigres zones de pâtures de la région, notamment les espaces de steppe en raison de sa capacité à se nourrir de peu. Les petits exploitants devaient en posséder quelques têtes, mais ce sont surtout les troupeaux institutionnels, constitués de centaines voire de milliers d'ovins, qui sont connus. Plusieurs pratiques d'élevage des moutons sont attestées : il est courant qu'ils soient placés sur des terres incultes aux abords des terroirs pour y paître, mais d'autres peuvent être engraissés dans des étables (notamment ceux réservés aux offrandes des dieux), tandis qu'une pratique de transhumance existe dans les cheptels des temples du sud mésopotamien, qui expédient leurs troupeaux vers les zones de pâture plus propices de Mésopotamie centrale ou septentrionale. L'élevage des ovins est généralement confié à des bergers spécialisés, qui gardent les troupeaux, et sont responsables des pertes. Ces animaux sont élevés avant tout pour leur laine qui est une matière essentielle pour l'artisanat mésopotamien, mais aussi leur viande, et le lait des brebis[51].
Les bovins
Plus difficiles à entretenir que les moutons et donc plus chers, les bovins (GU4, alpu(m) ) sont des éléments essentiels de l'agriculture mésopotamienne, notamment grâce à leur force de travail appréciable pour les travaux agricoles. Leur importance se voit notamment par le fait qu'ils sont les seuls animaux domestiques courants recevant parfois des noms de la part de certains de leurs propriétaires. Plusieurs textes des domaines institutionnels nous informent sur les soins apportés à leur élevage : les veaux sevrés sont alimentés par du fourrage complété par du grain et des roseaux, puis pouvaient être utilisés pour la traction des instruments agricoles à partir de leur troisième année. On remarque qu'à la différence du petit bétail les bovins de labour ne peuvent se contenter des maigres pâturages mésopotamiens et doivent donc recevoir comme les humains des rations alimentaires, demandant donc un entretien plus coûteux. Certains bœufs étaient élevés et engraissés pour leur viande, et les vaches étaient appréciées pour leur lait[52].
Les autres animaux domestiques
Les chèvres (ÙZ, enzu(m)) sont souvent élevées conjointement aux moutons, et on en trouve couramment dans les petites exploitations. Leurs besoins en eau étant moindres à ceux des moutons, elles sont plus résistantes en environnement aride, mais leur élevage est manifestement bien moins développé, parce que leurs poils sont moins essentiels dans l'économie que ne l'est la laine des moutons, et que leur chair semble également moins appréciée. Leur lait est également exploité[53].
Parmi les quatre premiers animaux domestiqués au Moyen-Orient, le porc (ŠAH, šahū(m)) a occupé une place particulière, étant élevés pour leur viande et leur graisse et sans rôle économique notable. Ils semblent néanmoins assez répandus, élevés en petits groupes et peu onéreux, au moins jusqu'au Ier millénaire quand leur élevage est de moins en moins mentionné dans les textes administratifs puis inexistant dans la Babylonie récente, ce qui s'accompagne d'une dépréciation de l'image de l'animal dans les textes littéraires[54].
Les équidés sont domestiqués tardivement dans l'histoire mésopotamienne, puisque l'âne domestique (ANŠE/imēru(m) ) n'apparaît manifestement qu'au IVe millénaire, tandis que le cheval (ANŠE.KUR.RA/sīsu(m)) ne se répand depuis des régions extérieures qu'à partir du début du IIe millénaire. Il faut y ajouter l'onagre qui peut être apprivoisé, ainsi que le mulet. Le premier a rapidement joué un rôle essentiel en tant qu'animal de bât et de trait et s'est répandu dans les cheptels mésopotamiens, permettant la mise en place du système des caravanes pour les trajets à longue distance. Le cheval devient quant à lui rapidement un animal très estimé parmi les élites, notamment les guerriers. Son dressage a fait l'objet de soins très attentifs. Les grandes zones d'élevage sont situées en Mésopotamie du nord, mais surtout dans les régions extérieures comme l'Iran occidental ou le Caucase[55]. À partir du début du IIe millénaire et surtout le Ier millénaire le dromadaire et le chameau (ANŠE.A.AB.BA/ibilu) domestiques furent introduits en Mésopotamie et jouèrent un rôle important pour le bât ou la monte, mais leur viande et leur lait étaient aussi consommés[56].
Parmi les autres animaux élevés, il faut évidemment compter les chiens (UR.GI7, kalbu(m)), notamment ceux servant pour la chasse des souverains qui font l'objet d'attentions particulières. Les oiseaux de basse-cour attestés depuis les débuts de l’histoire mésopotamienne sont les oies, les canards, et les pigeons. Les poules et les coqs n’apparaissent que plus tardivement, depuis l’Inde, sans doute vers le début du Ier millénaire. Les volailles étaient essentiellement élevées pour l'alimentation (viande et œufs)[57]. Enfin, l’apiculture ne se développe en Mésopotamie qu’au début du Ier millénaire , avant cela le miel et la cire devaient être récupérés depuis des ruches sauvages[58].
Pratiques complémentaires à l'agriculture
Chasse et pêche
L'exploitation des milieux mésopotamiens par les hommes implique les activités qui ne rentrent pas dans la catégorie de l'agriculture ou de l'élevage mais les complètent. La chasse et la pêche sont importantes, surtout pour l'alimentation, même si elles sont secondaires par rapport à l'élevage à partir des périodes historiques. Elles sont souvent le fait de gens du commun, même si des spécialistes de la chasse et de la pêche travaillant en équipes sont attestés, notamment au service des institutions. Une grande variété d'animaux sauvages pouvait être tuée ou capturée : gazelles, caprins, bovins, porcins sauvages, renards, lièvres, divers oiseaux, mais aussi des insectes, ainsi qu'une grande variété de poissons qui se trouvaient dans les marécages, les fleuves et les canaux ; la pêche en mer est également attestée dans le golfe Persique[59].
L'exploitation des roseaux et du bois
Les nombreux marécages de la partie sud de la Mésopotamie fournissaient différentes variétés de roseaux (surtout le roseau à balai commun) en grande quantité. Ils étaient récupérés pour différentes réalisations, notamment dans la construction de bâtiments (huttes, palissades, chaînages pour les murs de briques, etc.), de bateaux, mais aussi différents types d'objets de vannerie ainsi que les calames servant pour inscrire les tablettes cunéiformes en argile[60].
La Mésopotamie antique disposait également de ressources en bois appréciables, qui ont depuis largement disparu en raison de leur surexploitation : avant tout le palmier-dattier, mais aussi le peuplier, le tamaris, ainsi que le saule, le genévrier et d'autres, exploités pour leur bois en plus de leurs fruits quand c'était possible. Ces essences locales servent surtout dans la petite construction ; les grands palais et les temples ainsi que les objets en bois les plus remarquables nécessitaient l'importation d'essences de qualité (cèdre du Liban, ébène, cyprès, etc.), mais ils pouvaient être plantés en Mésopotamie, y compris dans le Sud où des plantations de bois d'origine étrangère sont attestées à la fin du IIIe millénaire av. J.-C.[61]. Des équipes de bûcherons procédaient à la coupe et à l'abattage des arbres des institutions, surtout au début du printemps ou à l'automne[62].
Organisation économique de l’agriculture et de l’élevage
La reconstitution de l'organisation de l'économie antique à partir des sources disponibles (essentiellement textuelles) soulève de nombreuses difficultés. L'activité agricole de la Mésopotamie antique est documentée par des dizaines de milliers de documents administratifs, mais provenant essentiellement d'un secteur spécifique de l'économie, celui des institutions (palais et temples), et secondairement de domaines privés appartenant aux élites. Ce sont donc leurs activités et leurs initiatives qui sont la principale source d'information, et un des débats récurrents dans le champ de la recherche est de savoir s'ils représentent bien une majorité des activités agricoles, ou bien si une large partie de celles-ci nous échappe car elle n'a jamais nécessité la production d'une documentation écrite. Les modèles théoriques utilisés pour tenter de reconstituer le fonctionnement de l'économie mésopotamienne et les objectifs de ses acteurs jouent donc un rôle déterminant dans les productions scientifiques. Il apparaît en tout cas que l'agriculture et l'élevage ont impliqué une large partie des moyens humains, tissé des relations diverses et complexes entre les individus par le biais de différents accords plus ou moins formalisés, et fourni une large partie de ce qui était nécessaire à la subsistance matérielle de la société sous des modalités et des formes variées.
Modèles théoriques
L'analyse de la société mésopotamienne antique et de son économie pose divers problèmes d'interprétation quand elle cherche à passer à une échelle générale impliquant d'essayer de reconstituer les principes guidant le fonctionnement des activités et les choix des acteurs. Bien que cela ne soit pas toujours formulé, les choix théoriques des chercheurs ont tendance à guider leurs interprétations. Assez tôt dans l'histoire de l'étude de la documentation cunéiforme, il a donc été tenté d'y transposer des grilles de lecture élaborées à partir de l'étude d'autres civilisations, ce qui s'est notamment traduit par des analyses de la société mésopotamienne la décrivant comme féodale[63], ou encore des interprétations inspirées par les théories marxistes (notamment le « mode de production asiatique »)[64]. L'approche wéberienne fournit elle aussi des éléments d'analyse utiles[65].
Mais l'opposition fondamentale dans l'analyse des économies antiques est celle opposant « modernistes » et « primitivistes », ou plus exactement « formalistes » et « substantivistes ».
Le modèle dit « formaliste » repose sur les hypothèses de l’économie néo-classique. Il considère que les agents économiques quels qu’ils soient et où qu’ils soient sont « rationnels » : concrètement les consommateurs sont mus par l’objectif de maximisation de leur utilité, et les producteurs par la maximisation de leurs profits. L'économie suit alors des lois intemporelles et universelles, le marché existe dans toutes les sociétés, et dans les conditions optimales de concurrence pure et parfaite les prix sont fixés par l'offre et la demande permettant une allocation efficace des moyens de production et l'optimum parétien. On peut donc utiliser les outils de l’analyse économique moderne pour étudier les économies antiques, ce qui rejoint les opinions « modernistes »[66].
Le modèle concurrent, dit « substantiviste », dérive des travaux de Karl Polanyi, qui estimait que les économies pré-industrielles étaient encastrées dans le social et celles du passé ne l'étaient pas. Il considère donc que les différentes civilisations ne suivent pas des lois économiques universelles et ne peuvent être étudiées en dehors de leur contexte social propre. Les individus y ont une « rationalité » propre qui ne se retrouve pas dans les autres sociétés sous la même forme[67] - [68]. Ici les outils de l'analyse économique moderne ne sont pas forcément opératoires et il faut mettre en avant d'autres concepts comme la redistribution, la réciprocité et l'échange. Certains chercheurs de cette mouvance comme J. Renger vont jusqu'à exclure l'idée de recherche de profit chez les Anciens, qui utiliseraient les surplus uniquement pour manifester leur prestige et servir au culte des dieux[69].
Les descriptions de modèles données précédemment prennent en compte des cas extrêmes pour renforcer leur valeur explicative, mais concrètement les chercheurs étudiant l'économie mésopotamienne ne les reprennent jamais vraiment en tant que telles. Selon M. Van de Mieroop, ils sont sans doute pour beaucoup des « modernistes » qui s'ignorent, utilisant les outils d'analyse de l'économie contemporaine pour les économies antiques, tout en prenant en compte les spécificités des sociétés qu'ils étudient[70].
Acteurs de l'économie agricole
L’économie agraire est une activité centrale dans les sociétés de la Mésopotamie ancienne, concernant toute la population de près ou de loin. La base de richesse est en général le contrôle de terres agricoles et de bêtes, a fortiori dans un pays qui n'a que peu de matières premières et dans lequel les échanges sont faiblement monétisés et reposent avant tout sur la redistribution des productions agricoles. En raison des contraintes écologiques pesant sur la majeure partie de la région, les activités agricoles sont encadrées par les grands domaines institutionnels, un secteur « public » manifestement dominant, même si des domaines « privés » ont probablement existé depuis les temps les plus reculés.
Il s'agit ici de donner un aperçu de ces structures agraires ; les situations ont pu varier suivant les lieux et les époques, pour des études plus précises voir les articles relatifs aux différents royaumes et périodes de l'histoire mésopotamienne (Période des dynasties archaïques, Lagash, Empire d'Akkad, Troisième dynastie d'Ur, Première dynastie de Babylone, Dynastie kassite de Babylone, Nuzi, Assyrie, Empire néo-babylonien, Babylonie tardive).
Secteur public et privé et maisonnées
Il est courant de distinguer dans l’économie mésopotamienne un secteur économique « public » formé par deux institutions, le palais et le temple, et à côté un secteur économique « privé » dont la nature et l’ampleur sont très discutés, ainsi que des communautés urbaines et rurales qui ont joué un rôle important mais peu documenté. Une autre approche, d'inspiration webérienne, prend plutôt pour base de la société la maisonnée ou le domaine.
Le palais et le temple sont souvent nommés comme « institutions », ou « grands organismes » (à la suite de A. L. Oppenheim[71]). Constituant le versant « public » de l'économie mésopotamienne, ils ont pour but de dégager des revenus (donc du surplus agricole) pour les besoins des autorités politiques. C'est de leur administration que provient la majeure partie des sources de gestion dont on dispose. L’association palais-temple est en fait surtout valable en Basse Mésopotamie, le temple n'occupant pas une place importante dans l’économie de la Haute Mésopotamie, où les palais de l’aristocratie disposent d’une place plus grande qu’au sud[72]. L’importance du temple dans le sud est visible dès l'époque des Dynasties archaïques, au point que l’on a parlé par le passé de « cité-temple ». Dans les faits, si les temples paraissent bien disposer de la majeure partie des ressources, ils sont étroitement contrôlés par le pouvoir royal (donc le palais) dès cette période, et cela se confirme pour les périodes suivantes[73]. Les domaines des temples forment des sortes de « réserves » pour les élites qui trouvent souvent une source de richesse et de prestige social dans l’exercice de charges dans l’administration du temple ou le culte, qui donnent accès à des concessions de terres. Mais le temple a également un poids important en tant qu’organisation, puisqu’il prend de plus en plus de pouvoir au niveau local au fur et à mesure que le territoire dominé par les rois s’agrandit, ce qui provoque un éloignement de leur autorité. Le temple fonctionne comme un garant de cohésion locale, jouant même un rôle d’assistance aux plus faibles à certaines périodes. Ils ont pour eux un avantage indéniable, celui de la durée, que n’ont pas les lignées aristocratiques : leur permanence en tant qu'institution majeure vient sans doute de leur capacité de résistance plus forte que les autres acteurs sociaux face aux aléas économiques et politiques grâce à leurs moyens d'accumulation de capital voire d'investissement[74] - [75]. Le pouvoir royal reste malgré tout très important, et c’est dans son entourage que se trouvent les fortunes les plus importantes, à commencer par les familles princières, que ce soit au nord ou au sud. En plus de disposer pour lui-même de domaines importants, le palais garde toujours un contrôle sur les grands domaines des temples ou des élites, et peut disposer de leurs richesses, réalise des donations de terres, tandis qu’il draine vers lui une grande quantité de biens par le biais des divers prélèvements (taxes, tribut, pillages) ; dans le cas de la période médio-assyrienne, le palais dispose même d'une forme de propriété éminente sur toutes les terres du royaume, qui lui permet notamment de récupérer les terres sans héritier et de les réattribuer[76]. Le pouvoir royal joue également un rôle important dans l’économie en tant que régulateur[77] - [78]. Les grands organismes ont donc attiré une grande partie des études sur l'économie de la Mésopotamie antique et leur rôle économique est primordial[79].
Le secteur « privé » concerne les domaines situés en dehors du cadre du temple et du palais des rois et gouverneurs. Ses contours sont assez difficiles à définir[80] puisque toutes les fortunes connues sont associées au palais ou au temple, et sont parfois construites sur la patrimonialisation de domaines et charges publics, ou du moins sur la réalisation de surplus à partir de terres concédées en guise de revenus pour l'exercice d'une fonction publique. Mais il est indéniable qu’une grande partie des élites et même de la couche moyenne de la société a pu entreprendre des activités à titre privé : c’est surtout documenté pour les activités de prêt et de commerce, mais l'existence de domaines privés est également documentée, ne serait-ce que par les nombreux actes de ventes de terres qui ont été mis au jour[81]. Beaucoup de spécialistes (surtout dans la mouvance « moderniste ») estiment qu'ils jouent un rôle économique de plus en plus important au cours du temps, la documentation écrite de nature privée croissant de façon continue à partir du début du IIe millénaire, donc une « privatisation » de l'économie, qui pourrait aussi résulter d'un désengagement de l’État dans la gestion directe de l'activité de production agricole[82]. Mais cela reste discuté car les institutions restent importantes durant toute l'histoire mésopotamienne et que le « public » et le « privé » sont toujours fortement imbriqués. La situation de la majeure partie de la population n'est pas évaluable par la documentation disponible : il y avait manifestement des moyens et petits propriétaires agricoles comme l’apprennent çà et là des actes de transactions de propriété. Le principal obstacle à l’évaluation du rapport entre le secteur public et le secteur privé est donc le fait que les sources incitent à estimer que le premier occupait une place majeure, mais il est impossible de trouver des documents permettant une évaluation certaine de cela.
Il y avait sans doute aussi des formes de propriété commune, mais elles restent impossibles à étudier en l'absence de documentation suffisante. Des indivisions apparaissent dans certains textes juridiques prévoyant leur partage. En tout cas le cycle agricole nécessite une forme d'organisation communautaire : coordonnée par des conseils des Anciens, les « maires » des villages (puisque des biens communaux ont manifestement existé, notamment pour prendre en charge les terres laissées en déshérence) ou des administrateurs d'institutions, notamment pour gérer l'irrigation ou la rotation des jachères ainsi que les corvées (généralement ordonnées au niveau central mais mises en pratique au niveau local)[83]. Dans l'approche marxisante du mode asiatique de production, l'opposition entre un secteur public à assise urbain et secteur communautaire dominant dans le monde rural est une donnée essentielle[84].
En tout état de cause, l'opposition public/privé n’est pas plus rigide dans le contexte de l'économie de la Mésopotamie antique qu’elle ne l’est dans celui de l’économie actuelle : les acteurs économiques à tous les niveaux pouvaient être impliqués dans les deux suivant des stratégies diverses. Il est souvent tentant de parler d’« économie palatiale » ou d'« économie de temple ». Il faudrait alors plutôt parler d'« économie domaniale », la base de la société et de l’économie mésopotamienne étant la « maisonnée » (É), à l'image de l'oikos de la Grèce antique. Il peut s'agir d'un palais (la maison du roi), d'un temple (la maison d'une divinité), d'un grand domaine « privé » (la maison d'un notable) ou d'une exploitation de dépendants (la maison d'un homme humble), ces différentes maisonnées entretenant entre elles diverses relations, notamment de type hiérarchique. Les institutions, le palais et le temple, ne sont alors en fin de compte que les maisonnées les plus importantes, qui se singularisent des autres plus par leur taille que par leur nature[85].
Les groupes sociaux
La hiérarchie sociale de la Mésopotamie antique est assez peu étudiée, sans doute parce que la documentation n’incite pas à le faire, notamment parce qu’elle ne documente qu’indirectement la majeure partie des couches modestes[86].
Le haut de la société est constitué autour du roi et de la famille royale. La société mésopotamienne est dirigée par une élite sociale formant un groupe aristocratique (ou des sortes de « patriciens ») aux contours flous, qui sont généralement proches du pouvoir et disposent des richesses (notamment les terres) et des fonctions majeures liées à l'administration du royaume et des temples, ou dans l'armée. Les élites sociales de l’ancienne Mésopotamie disposent parfois d’un statut reconnu juridiquement dans les textes législatifs : les awīlum du Code de Hammurabi[87], les a'īlu des Lois assyriennes[88]. Mais la nature exacte de ces groupes est débattue[89].
Il en va de même pour le groupe qui les suit en honorabilité, à savoir les muškēnum du Code de Hammurabi[87] (peut-être aussi les aššurāiu des Lois assyriennes, quoi que leur statut juridique ne soit pas clair[88]). Ces « particuliers » sont-ils les dépendants des grands organismes et des élites sociales, ou bien des personnes évoluant hors du cadre de ceux-ci dans les communautés villageoises ? La couche moyenne de la société que représenteraient des agriculteurs « indépendants » qui n’ont pas besoin de travailler directement pour les puissants, ou du moins pas en permanence ou pas totalement (en effectuant à l’occasion des travaux saisonniers pour les grands organismes ou en louant leurs terres en complément des leurs) n’est pas aisée à appréhender. Il n’en va pas de même pour le groupe des « dépendants » qui ne peuvent subsister par leurs propres moyens et sont forcés de travailler sur les terres des grands organismes ou des autres grands propriétaires. On parle parfois de « semi-libres » ou « serfs », comme dans le cas des šiluhli et ālaiū de la période médio-assyrienne[90] ou des širku de la Babylonie récente[91]. Ce statut économique ne se confond pas avec celui - juridique - d’esclave, qui n’implique pas forcément une dépendance économique même si c’est souvent le cas. Quoi qu’il en soit, les esclaves n’ont apparemment jamais été une force de travail importante dans l'agriculture[92].
La mobilité sociale est surtout attestée dans le cas de la déchéance, liées notamment au surendettement des paysans qui conduit à la perte de propriétés gagées voire à l’esclavage pour dettes. Dans certains cas, les temples prenaient sous leur aile les plus démunis, souvent contre leur travail. L'ascension sociale se repère surtout dans les trajectoires des familles qui réussissent à amasser des richesses sur plusieurs générations et à constituer de grands domaines, souvent en se rapprochant du pouvoir politique (le cas de la famille Egibi à Babylone[93]).
Un dernier groupe particulier doit être mentionné, celui des nomades ou semi-nomades, vivant de façon mobile au moins une partie de l’année. Mal connus car évoqués dans les textes sous un jour souvent biaisé, on sait qu'ils ont généralement pour activité principale l'élevage, pouvant prendre en charge des troupeaux des grands organismes. Ils peuvent également disposer de terres cultivées une partie de l'année, ou louer leurs bras sur les domaines des sédentaires. Ils vivent souvent en symbiose avec ceux-ci, échangeant leurs produits de l’élevage contre ceux de l’agriculture. Les relations avec les sédentaires ne sont toutefois pas toujours cordiales, et ils sont souvent craints pour leurs razzias[94].
Formes d’exploitation des terres et troupeaux
Les modalités de mise en valeur des ressources agricoles peuvent se regrouper entre les deux catégories classiques de l'histoire des structures agraires : mise en valeur directe par le propriétaire, ou mise en valeur indirecte par un preneur pour le compte d'un bailleur (qu'il soit le propriétaire ou un locataire/bénéficiaire qui sous-loue). Cette seconde catégorie se subdivise elle-même en deux parties : les concessions de terre en guise de rémunération pour l'exercice d'un service, ou bien le système du fermage qui voit le preneur verser une redevance au bailleur. Ces trois formes, qui sont généralement combinées par les plus grands domaines institutionnels, recouvrent en fait des réalités économiques et sociales bien diverses selon qu'on se place du côté des élites ou des petits exploitants, et admettent des différences notables suivant les lieux et les époques. En tout cas, même si les palais et les temples semblent généralement disposer d'une majeure partie des terres, l'importance de l'exploitation indirecte nuance l'importance de leur administration dans l'organisation de l'agriculture.
Exploitation directe des domaines
Une partie des terres des domaines institutionnels, privés ou communaux était gérée directement par leurs propriétaires. Les cas des petites exploitations indépendantes ou des propriétés communes échappent à la documentation disponible comme il a été vu plus haut. N'est surtout connu que le cas de la mise en valeur directe par les institutions, qui confient une partie de leurs terres et de leurs bêtes à des dépendants directs organisés en équipes. À la période d'Ur III, il s'agit de la « propriété du seigneur » (GÁN.NIG.EN.NA), travaillée par des équipes de laboureurs avec leurs bêtes de labour sous la direction de chefs d'équipes (ENGAR). Ces terres sont destinées à subvenir aux besoins courants du temple (alimentation et rémunération du personnel, offrandes cultuelles), et constituent apparemment la majeure partie des domaines de ces institutions[95]. Ce système se retrouve par la suite en Basse Mésopotamie et également dans le nord comme à Mari où il semble représenter la forme de dominante de gestion des terres royales[96] ou dans le grand domaine de Tell Sabi Abyad d'époque médio-assyrienne[97]. Il semble néanmoins que cette forme de mise en valeur soit secondaire par rapport à la concession des terres. Les temples de la Babylonie récente font bien exploiter une certaine partie de leurs terres par leurs dépendants, notamment leurs oblats, mais elle semble secondaire par rapport aux terres louées et concerne surtout les palmeraies. De leur côté, les notables urbains de cette période ne confient que rarement leurs propriétés agricoles à leurs esclaves[98].
Terres de service
Les terres des grands domaines institutionnels était tout d'abord un moyen d'assurer la subsistance de personnes qui travaillaient pour leur compte. C'est le principe des « champs de subsistance » (GÁN.ŠUKU.RA) de la période d'Ur III, des terres de service (ilku(m)) attestées en Babylonie à partir du début du IIe millénaire[99], desquelles dérivent les différentes tenures militaires de la période achéménide[100], ou encore des terres de prébende (ma'uttu) des gouverneurs et grands dignitaires néo-assyriens qui font partie du vaste domaine royal agrandi par les conquêtes territoriales[101]. Ces terres sont concédées à une personne qui doit en tirer un revenu, généralement en la concédant à son tour à un fermier, pour assurer la charge matérielle liée à la fonction qu'il occupe dans l'administration de l'institution, ou bien au service militaire du roi. Ces terres pouvant généralement se transmettre par héritage, on remarque une tendance à leur patrimonialisation par leurs détenteurs, même si elles ne sont pas aliénables. Un principe similaire régit les terres de prébende des temples babyloniens, concédées contre l'exercice d'une charge liée au culte[102].
Fermage
La concession des terres peut se faire en fermage, en fait plus généralement une forme de métayage : le propriétaire ou le bénéficiaire d'une terre la loue à un exploitant chargé de la mettre en valeur contre une redevance, généralement une part de la récolte. Cela permet de régler les tensions autour de la mise en valeur de la terre, les grands propriétaires ayant les champs et les moyens matériels, mais pas les moyens humains, qu'ont les petits propriétaires qui n'ont pas assez de terre pour assurer leur subsistance ou les prolétaires qui ne possèdent pas de terre du tout. Cette pratique est courante sur les terres des grands organismes, notamment « champ affermés » de la période d'Ur III (GÁN.URU4.LÀ) ou les terres confiées aux tributaires (naši biltim) paléo-babyloniens, puis cette forme est dominante sur les grands domaines institutionnels ou privés de la Babylonie récente. Un contrat régit généralement cet accord, prescrivant les tâches que doit accomplir le tenancier, au minimum la mise en culture du champ et la récolte, et dans des cas de première mise en culture celle-ci était décrite (défrichement, cultures à planter) et des aménagements étaient faits pour le versement du loyer, qui ne prenait qu'au bout d'un certain nombre d'années, et souvent à un taux réduit. Les conditions de livraison de la part de la récolte versée en guise de loyer, après la moisson, étaient également fixées. Les proportions variant selon les époques : 1/3 à la fin du IIIe millénaire, 1/4 à 1/3 au début du IIe millénaire, souvent plus au Ier millénaire, mais cela cache des disparités suivant les lieux et les types de cultures, sans doute aussi les potentialités des terres cultivées[103].
L'organisation de l'élevage
L'élevage reprend une organisation grossièrement similaire à celle de l'exploitation des terres[107]. Les petits exploitants pouvaient disposer de quelques têtes de petit bétail, de porcs, de volaille, ou de bovins pour les plus nantis. Les plus riches disposaient de troupeaux plus importants, tandis que les grands propriétaires disposaient de centaines voire de milliers de têtes de bétail. L'élevage pouvait être géré de façon directe dans le cadre des petites exploitations, ou bien, dans le cas de l'engraissement des bêtes des temples servant pour les sacrifices ou le travail de la terre, être confié à des engraisseurs (KURUŠDA/ša kuruštê aux périodes anciennes) rémunérés en ration. Mais le plus souvent les troupeaux étaient confiés à des bergers (SIPA/rê'u(m)), souvent recrutés parmi les groupes semi-nomades, qui devaient fournir chaque année une partie du croît du bétail et des produits qu'ils en tiraient (laine et lait), et devaient rendre compte des pertes. Parfois ils étaient chargés de conduire les troupeaux sur de longs trajets de transhumance, durant lesquels ils pouvaient être accompagnés de soldats pour les protéger.
Conditions de mise en valeur et d'augmentation de la production
Les performances d'une économie agricole dépendent de plusieurs facteurs en plus des conditions naturelles et des aménagements, qui relèvent généralement du domaine des rapports sociaux de production. Cela comprend les conditions d'accès à la terre (et si possibles aux meilleures terres), aux moyens d'exploitation (travailleurs, animaux, matériel agricole, graines), aux ressources financières nécessaires à la mise en valeur, à l'eau nécessaire à la mise en culture, mais aussi les choix de forme d'organisation de la production et du choix du type de production. Si l'économie agricole mésopotamienne a souvent atteint des performances remarquables, ce n'est pas pour autant une société d'abondance, et elle comprend de très fortes inégalités.
Transferts de propriété
La plupart des terres privées se transmettent par héritage. Les pratiques successorales varient beaucoup : parfois égalitaires, d’autres fois elles favorisent un héritier principal ; les parts sont parfois attribuées par tirage au sort. Afin d'éviter une fractionnement trop important des terres familiales, il peut arriver qu’on ne pratique pas le partage, et que la terre reste indivise et exploitée par une famille étendue[108]. Des terres peuvent également être transmises à titre de dot, qui constitue une part d'héritage pour les filles. Par ailleurs les terres de service ou prises en fermage sont souvent reprises par les héritiers.
Un autre moyen de translation des terres est la vente. Les contrats de vente foncière comportent la description du bien vendu (superficie, situation), son prix, le nom des contractants (ils sont généralement rédigés du point de vue de l’acheteur), des témoins, du scribe, et un serment vient souvent renforcer l’accord. À Assur et Nuzi, les ventes de terres doivent être annoncées publiquement par un héraut pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autre personne pouvant revendiquer la possession du bien. À la période néo-assyrienne, les domaines se vendent avec leurs exploitants, qui sont attachés à la terre sans être esclaves pour autant. Les contrats de vente sont considérés comme faisant preuve de la propriété du bien immobilier concerné. Ils sont donc conservés tant que celui-ci reste la possession de son dernier acheteur[109].
Les terres pouvaient également être acquises à la suite de donations, essentiellement accomplies à l'initiative du roi. Depuis les plus hautes époques, elles sont enregistrées sur des documents écrits, notamment des stèles comme les kudurrus qui se développent en Babylonie dans la seconde moitié du IIe millénaire. Ces donations sont des faveurs attribuées à des proches du roi (notamment des princes) et plus largement à des dignitaires, parfois à la suite d'une action remarquable (notamment militaire), ou encore à des temples. Elles s'accompagnent dans certains cas de privilèges, notamment l'exemption de taxes, ainsi que la mise à disposition des exploitants qui sont amenés à mettre en valeur les domaines concédés[110].
Dans le cadre de l'élevage, les bêtes pouvaient également être transmises par héritage, donations, ou bien faire l'objet d'actes de vente. Les esclaves, en tant que bien meuble, sont dans le même cas.
Prêts agricoles et risques d’endettement
Les prêts sont un élément essentiel de l'économie agricole, souvent nécessaire à la mise en valeur de nouvelles terres ou pour faire face aux aléas comme les fluctuations de la production et des prix agricoles. Les contrats de prêt destinés à l’agriculture peuvent se faire en denrées alimentaires (céréales surtout), ou en argent. Les créanciers sont les grands organismes, ou bien des particuliers à partir du IIe millénaire. Certains temples effectuent des prêts sans taux d’intérêt fort pour les plus démunis, mais généralement les taux sont vus comme élevés voire très élevés (avec de grandes variations, en gros entre 20 et 50 %, sur des durées variables), même s'il faut les mettre en rapport avec les rendements agricoles pour mesurer leur poids effectif (et également prendre en compte l'incidence des prélèvements fonciers). On rembourse en effet après la récolte, ce qui pourrait par ailleurs indiquer que les prêts sont souvent faits pour la période de soudure. En cas de mauvaise récolte, le débiteur peut se retrouver dans une situation d’endettement fort, en revanche en cas de très bonne récolte seule une faible portion de celle-ci sera effectivement ponctionnée par le créancier. Si le débiteur est insolvable, le créancier s’assure le remboursement du prêt et le paiement des intérêts de plusieurs manières : le débiteur peut donner un membre de sa famille en otage le temps qu’il rembourse, et dans les cas les plus dramatiques certaines personnes deviennent esclaves à la suite de dettes non remboursées ; on peut aussi mettre les terres en gage, généralement en antichrèse (le créancier saisit la terre le temps de se rembourser sur sa production). Quand le taux est très élevé et que la durée de remboursement de l’antichrèse est très longue, il est possible qu’il s’agisse en fait d’un moyen déguisé d’obtenir une nouvelle terre[111]. Une étude de P. Steinkeller sur les pratiques de prêt à l'époque d'Ur III a mis en avant le fait que les prêteurs seraient des personnes bien placées dans l'administration des institutions, qui en retirent des ressources en argent, grain, animaux et matériel, mais manquent de terres et d'hommes pour les exploiter. L'auteur en a conclu qu'ils se serviraient alors des prêts à des paysans endettés afin de les acquérir[112].
Les contrats de vente ou de prêts ne sont pas absolus : l’accord peut être annulé quand le souverain promulgue un édit de restauration (andurāru(m)), notamment pendant des crises économiques, ce qui rétablit la situation antérieure à l’accord (dans des conditions particulières, et seulement si le vendeur ou le débiteur le réclament). Des clauses du contrat pouvaient stipuler qu’une mesure de ce type ne pourrait annuler l’accord, ou bien on pouvait utiliser des moyens détournés pour s’en prévenir[113].
L'accès à la main d’œuvre
Pour la mise en valeur des terres agricoles et la gestion des troupeaux, la main d’œuvre pouvait être disponible de différentes manières pour la plupart déjà évoquées. D'abord dans le cadre des petites exploitations il est vraisemblable que le groupe familial fournissait le gros du travail, appuyé par la communauté locale en périodes de grands travaux. Les exploitations plus riches et les grands organismes disposaient de leur côté de leurs dépendants directs employés en permanence. Il était également possible de passer par des contrats de location, qu'il s'agisse de la location de travailleurs journaliers ou de bêtes pour le travail, de matériel d'exploitation ou de moyens de transport[114], ou encore de la concession de terres en fermage. Les pouvoirs publics pouvaient également réquisitionner des gens pour accomplir certains travaux importants, au titre de la corvée[115].
Quels que soient les moyens utilisés, l'existence d'un « marché du travail » à proprement parler pour les hautes époques n'est pas évidente, car il semble bien que la main-d’œuvre n'ait jamais été particulièrement abondante dans la Mésopotamie antique[116]. Les terres potentiellement cultivables devaient en général excéder les moyens humains de mise en valeur, et les institutions doivent souvent combiner plusieurs types de travailleurs (dépendants directs, corvéables, journaliers) pour réaliser les travaux agricoles les plus importants. Les pouvoirs publics ont aussi été préoccupés à trouver des moyens de permettre l'extension des zones mises en culture, que ce soit par la concession de domaines sur des espaces incultes, l'extension des réseaux d'irrigation, les déplacements plus ou moins contraints de populations (jusqu'aux déportations) sur des terroirs délaissés. Les anciens Mésopotamiens n'ont donc pas été soumis à un problème de manque de terres, mais plutôt à celui du manque d'hommes.
Outillage agricole
Le matériel agricole servant pour la céréaliculture est resté stable durant l’histoire mésopotamienne, il est en gros fixé au début du IIIe millénaire. Des améliorations ont été possibles par la suite avec l'expansion de l’usage du métal (cuivre, puis bronze, fer) pour confectionner certaines parties de ce matériel, à la place de la pierre (silex) et de l'argile (céramique).
Les labours des champs étaient effectués avec un araire (apparu au plus tard à la période d'Uruk), dont certains modèles ont été assez complexes et dotés d’un semoir (à partir des Dynasties archaïques), et ont sans doute permis une amélioration de la productivité. Cet instrument est de conception relativement simple, et donc sans doute peu onéreux, ce qui semble s'être accompagné d'une certaine fragilité : des morceaux de bois reliés entre eux par de la corde, et un soc souvent en bois aux périodes anciennes, de plus en plus en bronze ou en fer durant les périodes tardives[117].
Les outils à main que l'on qualifie de bêche et de houe étaient les plus utilisés durant les travaux agricoles. Ils sont polyvalents, qui vaut à la houe de gagner le duel qui l'oppose à l'araire dans le combat littéraire sumérien intitulé La houe et l'araire, en plus de sa plus grande solidité, sans doute parce qu'à cette période sa lame est réalisée dans un matériau plus solide (silex, métal). Elles servent pour les travaux des champs céréaliers, notamment pour ouvrir et retourner les parties les plus dures des champs, pour les jardins et vergers où l'araire ne peut être utilisée, ainsi que pour les travaux de creusement et de réparation des canaux ou encore pour la confection de briques d'argile. La faucille, en argile ou en silex, puis en métal, servait lors des moissons. La hache pouvait également être utilisée pour les travaux arboricoles, de même que des pioches ou des serpes, ainsi que les paniers qui sont essentiels pour les différents aménagements agricoles, notamment ceux liés à l'irrigation[118].
Les textes des institutions et des domaines des élites indiquent qu'elles disposaient de ce matériel apparemment sans trop de problèmes. Les grands organismes prenaient en charge l'entreposage du matériel agricole, sa réalisation et son entretien grâce à leurs magasins et leurs ateliers. Pour les petits exploitants indépendants, la question reste posée en l'absence de documentation, en dehors de quelques cas de fermage dans lesquels le matériel agricole est loué.
Corvées, taxation et exemptions
Les revenus et performances des exploitations agricoles et de l'élevage doivent prendre en compte les ponctions qui pouvaient être faites pour le compte des pouvoirs publics. Il faut en fait constater que beaucoup de ces obligations se recoupent à celles dues normalement par les locataires au propriétaire de la terre, qui était bien souvent une institution. Dans le cas d'un propriétaire privé, les charges retombent du reste sur les exploitants de son domaine.
Le palais ou le temple (ainsi que peut-être les communautés villageoises) pouvaient mobiliser de façon temporaire les travailleurs agricoles pour réaliser des corvées de façon saisonnière, qui sont souvent des grands travaux collectifs : entretien des canaux, de routes, ou de bâtiments officiels, et moisson. Suivant les époques et les lieux les conditions de mobilisation varient : elle peut être due par des personnes libres, des serfs ou des esclaves, voire des condamnés, ou des soldats[115]. Il est courant que le pouvoir royal passe par les temples ou les nobles pour assurer la mobilisation des troupes de corvéables et leur entretien. Ce système est proche de celui du service (ilku(m)) lié à la détention d'une terre, notamment en Assyrie.
Les taxes dues par les exploitants agricoles recouvrent souvent les redevances qu'ils doivent s'ils sont locataires de la terre, cas évident pour les personnes travaillant sur les terres du palais à l'époque paléo-babylonienne, les naši biltim, astreints au versement du biltum, une taxe foncière. En Assyrie, le service-ilku finit par devenir une capitation liée à la détention d'une terre. Il est donc courant que les administrations publiques prélèvent des parts de récolte ou des animaux pour le compte du pouvoir central, généralement à la suite d'estimations de redevances établies à partir de documents de type cadastral, ce qui suppose donc en principe un taux de prélèvement adapté aux capacités des terres[119].
Dans ces conditions, ceux qui étaient en mesure de le faire cherchaient à se faire exempter par le pouvoir royal des taxes et des corvées exigibles sur leurs productions et leurs dépendants[120]. Ces faveurs royales se destinent surtout aux temples et aux hauts dignitaires les plus proches du pouvoir, et s'accompagnent souvent de donations de terres, comme le révèlent l'enregistrement de ces opérations sur les kudurrus babylonien. Durant la période néo-assyrienne, de véritables chartes de franchises sont destinées à des communautés urbaines (qui comprennent des terres agricoles). Cela permet finalement à certains grands propriétaires de disposer d'une autonomie quasiment complète sur leurs domaines et leurs dépendants, tant que la faveur royale ne se retournait pas contre eux, et leur offre une marge de manœuvre plus large pour chercher à dégager des revenus importants de leurs domaines, comme cela apparaît dans les stratégies des hauts dignitaires de la cour néo-assyrienne[121].
La gestion des réseaux d'irrigation et ses conséquences politiques et sociales
L'irrigation et les réseaux de canaux jouent un rôle essentiel dans l'agriculture des zones les plus arides de Mésopotamie, mais aussi dans les zones d'agriculture sèche du nord pour permettre l'extension des zones en culture et la réduction des incertitudes liées aux variations interannuelles des précipitations. Leur entretien et l'organisation de leur fonctionnement est donc un des objectifs majeurs des pouvoirs locaux et centraux. Les rois vantent souvent dans leurs inscriptions des travaux de réfection ou de creusement de canaux, permettant de mettre en valeur des territoires et d'apporter l'abondance à leur pays. Sans nier leur rôle centralisateur et leur initiative dans les travaux les plus lourds, il semble que bien souvent ce sont les communautés locales qui gèrent les travaux nécessaires à l'entretien des canaux et la répartition de l'eau aux moments où elle est nécessaire pour la mise en culture des champs. Pour autant que l'on sache, cela est organisé par des agents des institutions publiques, comme le sērikum à Mari, ou le gugallu(m) en Babylonie. Il fallait notamment s'assurer que toutes les zones en culture reçoivent suffisamment d’eau, même les plus éloignées. De nombreux litiges surviennent, et sont attestés dans des lettres ainsi que dans les Codes de lois. Ces derniers abordent notamment le cas où un agriculteur a mal refermé le sillon servant à irriguer son champ, ce qui a provoqué l’inondation de son champ et ceux de ses voisins ; il doit alors y avoir indemnisation. Il est donc important d'assurer également le maintien des digues évitant les inondations des champs, que ce soit en période de crues ou d'irrigation. Enfin, le curage des canaux est essentiel pour éviter leur envasement. Comme les travaux de réfection, il était accompli en été, en période de basses eaux ; il s’agissait d’une forme de corvée que devaient accomplir les habitants des alentours du canal[11]. La responsabilité qui pèse sur ceux qui sont chargés de l'irrigation ressort de façon très éloquente d'un document de l'époque d'Ur III, copie d'un serment prêté par les administrateurs de domaines royaux (sanga), qui jurent de n'entreprendre l'irrigation d'un champ que s'ils reçoivent un ordre exprès du grand vizir (sukkalmah) en ce sens, sous peine de mort : « NP, sanga (du domaine) de ND, a déclaré (sous serment) par la vie du roi que lorsque ses champs inondés se seront asséchés, il ne procèdera en aucun cas à (leur) irrigation sans autorisation du sukkalmah, mais que s’ils se dessèchent, il sera mis à mort[123]. »
L'organisation du système d'irrigation de la Mésopotamie antique et ses conséquences politiques et sociales ont été abondamment discutées, notamment depuis les développements marxistes qui ont trouvé leur aboutissement dans la thèse très influente de K. A. Wittfogel selon laquelle l'irrigation à grande échelle aurait entraîné en Mésopotamie la constitution d'une « société hydraulique » fortement hiérarchisée, encadrée par des empires caractéristiques des « despotismes orientaux »[124]. Cette vision a depuis été nuancée par le constat du rôle des communautés locales dans le développement et l'entretien des systèmes d'irrigation, qui du reste sont largement antérieurs aux premiers États[125]. Il n'empêche que par la suite le développement d'une agriculture irriguée à grande échelle est concomitante du développement des domaines institutionnels qui sont manifestement les seuls à avoir la capacité à coordonner l'organisation et l'entretien d'un tel système. Cela rejoint l'idée selon laquelle l'existence d'une agriculture performante dans un environnement mésopotamien soumis à de fortes contraintes est largement tributaire de la présence des organismes publics qui sont les seuls à avoir la capacité de mobilisation et d'investissement nécessaire à l'entretien de ce système et à sa résilience face aux nombreux aléas auxquels il est soumis[126].
On mentionnera également l'idée selon laquelle la possession des réseaux de canaux d'irrigation a pu générer des tensions entre États aux périodes de division politique du sud mésopotamien, notamment dans le cas des conflits entre Lagash et Umma (c. 2600-2350), qui seraient les plus anciens cas de « guerre de l'eau » dans un environnement fortement soumis au stress hydrique, idée avancée notamment par H.-J. Nissen. Il faut pourtant constater que l'étude de la documentation disponible sur ces conflits ne révèle rien de plus que des enjeux de nature territoriale autour de la possession d'un espace frontalier entre les deux États[123].
Rendements et rentabilité
La céréaliculture mésopotamienne réclamait donc un travail important, bien organisé. Il supposait une organisation collective des ouvriers agricoles pour la gestion de l’eau aussi bien que pour les travaux des champs. Dans les périodes où la mise en valeur des terres peut être faite convenablement, il était possible d’atteindre des rendements forts sur les terres de Basse Mésopotamie, autour de 15/1 ou jusqu'à 20/1 voire plus dans les meilleurs cas, même si 10/1 paraît plus courant d'après certaines estimations. Cette productivité a frappé les esprits de certains auteurs grecs comme Hérodote, même si leurs estimations de rendements paraissent largement exagérées. En Haute Mésopotamie, la situation est moins favorable et des pénuries sont plus susceptibles de se produire. Les terroirs sur lesquels on pratique une agriculture sèche auraient eu un rendement faible, de l'ordre de 3/1, tandis que dans les zones irriguées la situation était meilleure, jusqu'à 7/1 voire plus les bonnes années[127]. Les estimations des rendements céréaliers sont cependant imprécises en raison des variations entre les systèmes métrologiques employés dans la documentation cunéiforme, en fonction des lieux et des époques[128]. Pour les autres cultures et l'élevage, les estimations de la productivité sont plus compliquées. Il semble néanmoins qu'avec l'élevage ovin et les productions des vergers et jardins, l'agriculture mésopotamienne produisait des richesses remarquables pour une agriculture antique.
Selon G. Algaze, la disponibilité en ressources agricoles diversifiées grâce aux différents espaces disponibles (plaine alluviale irriguée, zones de steppes servant pour les pâtures, marécages) et leur mise en valeur est à la base de l'essor de la Basse Mésopotamie au IVe millénaire[129]. Les rendements forts de l'agriculture ont permis le développement de la plus ancienne civilisation urbaine, dans laquelle une large part de la population pouvait se consacrer à des activités spécialisées non liées à la production alimentaire[130]. Par la suite, la puissance des royaumes mésopotamiens est manifestement liée à leur capacité à tirer d'importantes ressources (dont un essor démographique) de leur agriculture.
Là encore les avantages des institutions semblent évidents. Disposant de ressources humaines et matérielles importantes, et sans doute aussi des meilleures terres, le palais, les temples et aussi les domaines aristocratiques ont probablement pu atteindre des rendements élevés durant les bonnes périodes[126]. Ils constituaient un garant de sécurité face aux incertitudes de la production agricole, et leur vaste organisation permettait sans doute des économies de « coûts de transaction ». Ces institutions disposaient de plus grandes facilités pour chercher l'amélioration de la production, que cela passe par une méthode extensive (mise en culture de nouvelles terres) ou intensive (augmenter les rendements d'une terre par de nouvelles méthodes culturales ou un travail plus intense). La première solution semble souvent privilégiée en raison de la disponibilité en terres, et peut prendre des proportions considérables comme dans le cas des vastes programmes de colonisation agricole et d'extension des cultures entrepris par les rois néo-assyriens, notamment lors des constructions des capitales (Kalkhu, Ninive)[131] ; ils voient cependant une forme d'intensification avec la constitution de vastes jardins et autres espaces agricoles irrigués, peut-être sur le modèle des campagnes du Sud[132].
Tout cela n'a pourtant pas empêché les famines de survenir, notamment en raison d'aléas climatiques, ou encore de crues violentes, d'invasions de sauterelles, mais surtout en période de conflits et de désorganisation des institutions[133]. Sur le plus long terme, les crises se traduisant par le recul des activités agricoles accompagnent le déclin des États et des institutions, notamment au milieu du IIe millénaire ou au tournant du Ier millénaire ; à l'inverse la longue période de stabilité des institutions dans la Babylonie du Ier millénaire semble avoir assuré à cette région une période de prospérité agricole jusqu'au début de notre ère, allant de pair avec l'essor de la notabilité urbaine et l'expansion des échanges. Certains vont même jusqu'à envisager une forme de croissance économique à cette période[134], idée rejetée par les substantivistes[135]. La question des causes économiques et écologiques des crises est souvent posée mais les causes profondes de ces phénomènes sont souvent difficiles à analyser[136].
La question de la rentabilité de l'économie mésopotamienne pour ses acteurs peut aussi se poser, au moins pour ceux qui disposaient d'une capacité d'investissement et de production appréciable, donc les grands organismes et les notables, puisqu'ils ont été mus par la recherche de surplus voire d'une forme de « profit ». Cela a notamment été étudié pour le Ier millénaire[75]. Il semble qu'en dépit de la grande productivité la céréaliculture n'ait pas été l'activité la plus rentable, car elle nécessitait un investissement matériel lourd et une disponibilité en main-d’œuvre humaine et animale importante, ce qui était couteux. Parfois il est sans doute plus rentable de louer des terres céréalières pour en tirer un revenu régulier plutôt que de les exploiter de façon directe, même si cette dernière solution permet d'assurer un meilleur suivi des cultures et des éventuels procédés de bonification. Il se pourrait aussi que la solution la plus profitable ait été de prêter les céréales issues de la récolte, car en raison des taux d'intérêts élevés (33 % en général à l'époque paléo-babylonienne), cette pratique semble assurer un retour sur investissement plus rapide que la vente de la récolte[137]. Les cultures arboricoles semblent plus recherchées pour des buts spéculatifs, notamment les palmeraies-jardins du sud et peut-être les vignobles du nord. La possession des terres situées dans les abords des grandes villes est aussi déterminante pour réaliser des profits plus élevés, car l'acheminement de leur production dans les grands marchés urbains est moins coûteux, et que les terres périurbaines sont souvent les mieux irriguées[138] - [98]. La spécialisation des grands domaines dans une production précise (dattes, laine des moutons) semble aussi être une stratégie possible pour dégager des surplus permettant ensuite d'obtenir d'autres productions[139].
Pour la majorité des maisonnées, dans les strates moyennes et basses de la société, ces préoccupations sont assurément bien éloignées de leurs réalités, puisqu'elles cherchent avant tout à assurer leur subsistance. Il est difficile d'estimer les revenus et le coût de la vie de ces personnes, mais il est probable que ceux qui ne disposaient pas de terres et se reposaient uniquement sur leur labeur pour obtenir des revenus avaient en général une existence précaire, tandis que ceux qui possédaient une terre suffisamment importante pouvaient subsister plus aisément dans le cadre d'une agriculture vivrière, en dehors des années de mauvaises récolte. Ces conditions expliquent l'importance des prêts de céréales dans la documentation cunéiforme[140].
Utilisation et débouchés des produits agricoles
Les différentes productions agricoles sont utilisées de différentes manières : elles sont principalement destinées à la consommation alimentaire humaine, animale ou divine, ou encore sont dirigées vers des ateliers artisanaux pour y être transformées. Ces finalités ne peuvent être réalisées à une grande échelle que grâce à des mécanismes de stockage et de circulation des produits agricoles plus ou moins complexes, qui sont essentiels à l'efficacité de l'économie agricole mésopotamienne et son utilité sociale.
Les formes de consommation des produits agricoles
Les produits agricoles pouvaient faire l'objet d'une consommation finale directe sous forme alimentaire[141], ou bien être utilisés dans le processus de production artisanale[142]. Ils occupaient donc une place essentielle dans la vie des anciens Mésopotamiens. Leur utilisation concernait de façon privilégiée les élites, qui avaient accès à une plus grande quantité et à une plus grande diversité de produits pour leur alimentation et pour faire réaliser des produits par les artisans à leur service. Cette place élevée concerne aussi les dieux, dont les offrandes égalaient en somptuosité ce à quoi avaient accès les rois.
Les céréales, avant tout l'orge, étaient les denrées alimentaires de base. Ils pouvaient être cuisinées sous forme de bouillie, de galettes de pain pour les hommes après avoir été réduit en farine, ou consommés sans transformation par les animaux pour les animaux. L'orge pouvait aussi être transformée en bière (KAŠ, šikaru(m)), la boisson alcoolisée la plus consommée en Mésopotamie. Les grains d'orge ont un rôle crucial dans l'économie mésopotamienne, qui va au-delà de leur fonction alimentaire : en tant que produit très abondant, très demandé et facile à transporter et à peser, a aussi été un intermédiaire des échanges important, au moins durant les premiers siècles de l'histoire mésopotamienne, même si l'argent reste plus utilisé ; l'orge est le principal mode de paiement via le système des rations alimentaires ; elle est le type de bien qui fait l'objet du plus grand nombre de contrats de prêt ; il en a découlé son rôle en tant qu'étalon de valeur, c'est donc quasiment une forme de monnaie ; l'orge est également essentielle pour l'alimentation du gros bétail et parfois du petit bétail[143].
Le palmier-dattier fournissait une grande variété de produits. Pour l'alimentation, il donne des dattes qui constituent alors l'un des éléments de base de l'alimentation des habitants de la Mésopotamie, et dont le noyau pouvait servir de combustible, ou bien, concassé, d'aliment pour le bétail. On peut de plus en tirer une boisson forte, du vin de palme. Cet arbre fournissait également des matériaux utiles : son bois servait pour des constructions, il pouvait être vidé pour former des canalisations, et les différentes parties de ses palmes pouvaient être utilisées pour confectionner des paniers, des nattes, des cordages, etc.[45]
Les autres productions des champs, des jardins et des vergers étaient généralement destinées à l'alimentation humaine, notamment les légumineuses. Le vin était peu courant, considéré comme une denrée de luxe. Le sésame fournissait l'huile alimentaire, utilisée aussi comme combustible pour lampes ou bien pour les soins corporels et les parfums[144]. Le lin était cultivé pour ses fibres qui étaient utilisées dans l'industrie textile.
Les produits de l'élevage servaient en partie à l'alimentation humaine, mais la viande restait peu consommée, réservée surtout aux élites et aux dieux[145]. Du reste la chasse et la pêche fournissent une part appréciable de l'alimentation carnée. Le lait et les produits laitiers (babeurre, petit-lait, fromage) étaient également présents dans l'alimentation[146]. Le miel semble surtout attesté en Haute Mésopotamie, et la domestication des abeilles étant tardive et peu répandue l'essentiel du miel consommé provient de ruches sauvages[58].
Les produits fournis par les animaux étaient particulièrement importants dans l'artisanat, en premier lieu la laine des moutons qui constituait la base des vêtements des anciens Mésopotamiens. Les poils des chèvres était également utilisé dans le textile, et surtout le cuir de divers animaux qui servait en particulier pour la confection de sacs, outres, éléments de mobilier et armement. La graisse animale pouvait servir de lubrifiant et le fumier de combustible ou de matériau de construction. Plusieurs réalisations artistiques utilisent des produits animaux, mais surtout issus de bêtes chassées (ivoire, corne, os)[147].
Stockage
La sécurité alimentaire des anciens Mésopotamiens et aussi l'efficacité de l'artisanat et du commerce dépendaient de la capacité à conserver diverses productions agricoles dans des espaces de stockage. Ces derniers pouvaient être des silos à grains, des greniers, ou bien des magasins. Si nombre d'entre eux ont été dégagés aux périodes proto-historiques, ils sont en revanche peu attestés sur les sites des périodes historiques[148]. En revanche les textes sont très diserts à leur propos, et dans un cas, celui de Shuruppak, sources architecturales et épigraphiques se conjuguent. Il s'agit d'une trentaine de silos à grains semi-enterrés ayant la capacité de contenir de quoi nourrir 20 000 personnes pendant 6 mois suivant les estimations de G. Visicato[149]. Les magasins et autres entrepôts dépendaient surtout des institutions, et étaient regroupés suivant le type de produits qui y étaient stockés. Il était nécessaire de veiller à la bonne conservation des produits, et d'éviter qu'ils ne soient consommés par des bêtes ou dégradés par l'humidité. Les magasins étaient fermés, surveillés et leurs portes et contenants étaient scellés par les administrateurs, qui enregistraient la circulation des produits.
Modalités de circulation
L'utilisation des produits agricoles se faisait suivant différents procédés impliquant leur circulation, dont la part respective dans l'économie mésopotamienne fait débat.
L'autoconsommation est généralement considérée comme très importante, et sans doute dominante[150]. Les producteurs consommaient eux-mêmes une grande partie de leur production agricole, qu'il s'agisse des petits exploitants, des groupes nomades ou biens des grands domaines, jusqu'aux animaux sacrifiés dans les temples qui proviennent des troupeaux de celui-ci. Cela passait si besoin par une transformation des produits au sein de l'unité économique. Mais l'autoconsommation ne pouvait couvrir les besoins d'aucune institution, même les plus diversifiées, et il convenait d'échanger des produits avec d'autres acteurs économiques. Le troc et le don semblent limités, de même que les pratiques d'échange réciproques. La redistribution des produits par une institution est en revanche très importante. Elle implique que celui qui la coordonne dispose de surplus abondants, d'espaces de stockage, de moyens de gestion et de répartition élaborés. Elle passe essentiellement par le système des rations d'entretien typique de la Mésopotamie antique, qui voit une institution fournir à ses dépendants des produits de base, notamment des céréales, de la laine et de l'huile, mais aussi d'autres denrées (bière, dattes, etc.), les plus élevés dans la hiérarchie de l'institution ayant droit à une part plus importante[151]. Dans les temples, les produits des offrandes aux dieux sont également redistribués aux plus hauts dignitaires. Parmi les modalités non marchandes de circulation des produits, il convient également de mentionner les transferts forcés, comme le tribut ou le pillage.
En tout état de cause, le système redistributif n'a jamais couvert les besoins vitaux de ceux qui les recevaient, parce que les quantités étaient insuffisantes ou bien parce que les produits donnés ne permettaient pas une alimentation assez diversifiée. Les institutions avaient également recours au marché, par le biais des marchands, pour écouler leurs surplus et obtenir des produits dont elles avaient besoin, notamment ceux issus d'échanges internationaux. Le recours au marché semble doit avoir été une nécessité, surtout pour les habitants des villes dont la maisonnée ne produisait aucune denrée alimentaire. Cela se faisait dans des lieux d'échanges dont la nature est difficile à déterminer car les sources ne les évoquent quasiment pas : les rues, les portes des villes semblent avoir joué ce type de rôle, mais cela reste difficile à déterminer. Quoi qu'il en soit, il y avait au moins à une échelle locale (une ville et son arrière-pays agricole) des mécanismes de marché influant sur les prix des denrées agricoles de base en fonction de leur disponibilité sur le marché, qui varient généralement selon les saisons et la conjoncture agricole. Si les autorités tentent parfois de légiférer sur les prix, il s'agit surtout de mesures indicatives, vu qu'elles ne sont probablement pas en mesure d'assurer une fixité des prix[152] - [153].
La circulation des produits agricoles pouvait se faire par voie de terre, à dos d'animaux ou bien sur des chariots, et par voie navigable, les canaux étant un moyen essentiel d'approvisionnement des villes, surtout au sud[152]. Les denrées agricoles circulaient essentiellement au niveau local en raison du coût élevé de leur transport, et du fait que les villes disposaient en général d'un arrière-pays agricole suffisant à leur approvisionnement de base. Cela se faisait beaucoup dans le cadre du système redistributif des institutions : l'administration du palais du gouverneur de Nuzi organise ainsi des déplacements de cargaisons de grains entre divers lieux du royaume d'Arrapha, pour des trajets excédant rarement cinq jours[154]. Mais cette circulation pouvait aussi se faire par le biais du commerce comme dans le cas de certains notables urbains de la Babylonie récente achetant les produits agricoles à des producteurs ruraux n'ayant pas les moyens de les écouler eux-mêmes pour ensuite les amener sur les marchés urbains[155]. Certains produits ont pu avoir occasionnellement une circulation à une échelle régionale, notamment les dattes et le sésame, ou bien les animaux qui étaient amenés vivants sur un lieu d'abattage éloigné. Le commerce à longue distance concerne surtout des produits se conservant longtemps et de qualité, dont le prix élevé couvre les frais de transport : le vin, l'huile d'olive, ou le miel (surtout des importations du point de vue mésopotamien). Ils sont avant tout destinés aux palais et aux temples[156]. Les produits de l'élevage pouvaient circuler plus aisément sur de longues distances, mais il n'était que rarement nécessaire de le faire, la laine étant produite à côté des lieux de consommation, de même que le cuir et les peaux en général[157].
Agriculture et religion
Activité majeure de la Mésopotamie antique, l'agriculture était placée sous le patronage d'une grande diversité de dieux de premier et de second plan qui l'avaient organisée ou assuraient son bon déroulement. Elle était vue comme essentielle pour ceux-ci puisqu'elle servait à leur entretien par le biais des offrandes qui leur étaient faites. Des fêtes et des rituels accompagnaient les différents travaux des champs. Mais dans cette civilisation urbaine dans laquelle les lettrés forgent leur vision depuis les temples des villes, la place symbolique de l'agriculture semble s'être réduite au cours du temps. Si à la fin du IIIe millénaire les dieux agraires et fertilisateurs ainsi que les grandes fêtes liées au cycle agricole occupent un rôle majeur, au Ier millénaire ils sont devenus marginaux[158].
L'agriculture et l'élevage dans la mythologie mésopotamienne
Suivant les conceptions développées dans les mythes de la Mésopotamie antique, les hommes auraient été créés par les dieux pour les servir, en particulier en assurant leur entretien alimentaire. En leur présentant les productions de l'agriculture et de l'élevage, ils leur montrent qu'ils ont fait prospérer les terres qu'ils leur ont confiées. Ces produits sont donc couramment mobilisés pour les offrandes faites aux dieux, notamment les sacrifices alimentaires, qui dans les principaux centres cultuels peuvent s'élever au quotidien à des dizaines d'animaux, de galettes et des hectolitres de bière. Ce sont souvent les meilleures productions qui sont réservées à la table des dieux. In fine, elles sont redistribuées entre les différents prêtres participant au culte et aux rois[159].
Suivant ce principe qui est resté immuable durant toute l'histoire mésopotamienne, les différentes traditions relatives à la création de l'homme et à l'organisation du monde et des activités par les dieux mettent en avant le fait que les dieux sont les véritables créateurs de la civilisation qu'ils ont transmise aux hommes pour assurer leur service. L'activité agricole, vue comme une caractéristique essentielle de la civilisation (aux côtés de l'écriture, la ville, les règles juridiques et différentes autres techniques), est donc d'origine divine. Cela est en particulier visible dans la tradition mythologique sumérienne, qui rapporte plusieurs récits relatifs aux origines de l'agriculture, les mythes de création plus tardifs (comme Enuma Elish) ne faisant pas de place spécifique à l'agriculture parmi les autres techniques liées à la civilisation[160]. Le prologue du combat littéraire sumérien entre Ashnan la déesse du grain et Lahar la déesse du bétail raconte comment elles furent envoyées sur terre par les dieux et y apportèrent les techniques de l'agriculture et de l'élevage aux hommes qui auparavant vivaient nus, broutant l'herbe comme les moutons et buvant l'eau dans les fossés[161]. Un autre mythe évoque le rôle des deux dieux secondaires Ninazu et Ninmada dans l'introduction des céréales à Sumer[162]. Le prologue de la liste des rois de Lagash évoque un même état antérieur à l'agriculture dans lequel les hommes sont soumis à la famine, puis les dieux leur apportent les instruments nécessaires à l'agriculture et à l'irrigation (bêche, houe, panier et araire) et un roi pour qu'ils développent l'agriculture et le reste des éléments caractéristiques de la civilisation[163].
Le rôle organisateur des dieux est plus développé dans le cas du mythe d'Enki et l'ordre du monde, dans lequel le dieu de la sagesse et des techniques Enki organise le monde en assignant des tâches aux différents dieux. Plusieurs passages concernent les activités agricoles et dressent un tableau des divinités sumériennes liées à l'agriculture : Enbilulu est chargé des fleuves qu'Enki a donné de sa puissance fertilisatrice pour nourrir le pays de Sumer, Ishkur doit assurer la fertilité des champs, Enkimdu patron les techniques agricoles, Ashnan la céréaliculture, Shakan la vie pastorale, Dumuzi les bergeries, et le dieu de la justice Utu assure un juste partage des terres[164].
De nombreux dieux sont donc liés de près ou de loin à l'agriculture[165]. Coexistent des divinités majeures dont un des aspects a trait à cette activité, et d'autres qui y sont spécifiquement dédiées. Parmi le premier groupe, le Dieu-Lune Nanna/Sîn est par exemple couramment associé à l'élevage du bétail, la forme du croissant de lune rappelant celle des cornes de ces animaux, et un beau poème sumérien décrit le magnifique troupeau dont il dispose. Ninurta/Ningirsu, surnommé le « fermier d'Enlil », est quant à lui lié à la culture des champs irrigués et son culte a des aspects agraires marqués. Enki/Ea, dieu de l'Abîme et des eaux douces souterraines, est peut-être plus spécifiquement associé aux zones marécageuses, tandis qu'Enlil semble lié aux activités culturales. Le grand dieu babylonien Marduk, dont le symbole est la bêche, a peut-être une origine agraire. Quant au second groupe, on y trouve une divinité comme Ashnan qui n'est rien d'autre que le Grain divinisé. Une autre catégorie de divinités liées à l'agriculture et à l'élevage est celle des « dieux mourants » symbolisant la mort puis la résurrection de la végétation, en particulier Dumuzi, ou encore Ninazu et Ningishzida[166].
Rituels liés à l'agriculture
Les rituels liés à l'agriculture peuvent être regroupés en deux catégories : les grandes fêtes religieuses commémorant des moments du cycle agricole mais qui avec le temps s'en éloignent ; un ensemble de petits rituels pratiqués par les agriculteurs et les éleveurs pour assurer la réussite de leur travail.
Les calendriers cultuels des villes et pays de la Mésopotamie antique, notamment celui de Nippur qui sert de référence, renvoient au cycle agraire même si cela est assez effacé pour une civilisation dont l'activité principale est l'agriculture, surtout aux périodes tardives. Les grandes fêtes agraires sont surtout connues pour la période de la seconde moitié du IIIe millénaire, en particulier celle d'Ur III, et semblent inexistantes aux périodes récentes. Le printemps, période du renouveau de la végétation et de la récolte, est le moment principal de l'année liturgique, jusqu'aux rituels du Nouvel An (en général vers la mi-mars) qui voient le mandat des rois être renouvelés à Babylone et en Assyrie récentes, même si l'aspect politique de ces fêtes semble alors primer sur leur lien avec la fertilité. Les dieux se voient couramment offrir les prémices des récoltes. Certaines cérémonies semblent marquer le début du battage et du foulage des céréales. La période des semailles voit également de nombreux rituels être accomplis. À la période d'Ur III, un rituel voit le roi conduire lui-même un araire. D'autres fêtes ont lieu au moment des crues de l'Euphrate en mai[167].
Les rituels accompagnant les travaux de l'agriculture et de l'élevage sont divers, et visent à se protéger de différents risques. Certains semblent se dérouler dans les champs mêmes au moment de différentes opérations critiques (mise en eau, labours, semailles, récolte, battage). Les Instructions du Fermier insistent sur cet aspect des choses que tout bon agriculteur doit faire, et prescrivent par exemple de faire une prière à la déesse Ninkilim, maîtresse des animaux nuisibles (surnommés les « chiens de Ninkilim ») qui pourraient manger les cultures, afin de les éloigner. Des rituels exorcistiques, comme ceux contenus dans la série Zu-buru-dabbeda (« Pour immobiliser le criquet-dent »), poursuivent les mêmes buts de protection des champs et des animaux d'élevage contre différentes espèces nuisibles et maladies[168].
Notes et références
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- Van de Mieroop 1999, p. 111-114 - Graslin-Thomé 2009, p. 106-109. (it) C. Zaccagnini, « Modo di produzione asiatico e Vicino Oriente antico. Appunti per una discussione », dans Dialoghi di archeologia NS 3/3, 1981, p. 3-65.
- Van de Mieroop 1999, p. 115 - Graslin-Thomé 2009, p. 102-106
- Van de Mieroop 1999, p. 120-123 - Graslin-Thomé 2009, p. 119-131
- Sur les apports de Polanyi aux études assyriologiques, voir les articles de P. Clancier, F. Joannès, P. Rouillard et A. Tenu (dir.), Autour de Polanyi, Vocabulaires, théories et modalités des échanges. Nanterre, 12-14 juin 2004, Paris, 2005
- Van de Mieroop 1999, p. 116-118 - Graslin-Thomé 2009, p. 110-118
- Cf. par exemple ses synthèses suivantes : (en) J. Renger, « Trade and Market in the Ancient Near East: Theoretical and Factual Implications », dans C. Zaccagnini (dir.), Mercanti e politica nel mondo antico, Rome, 2003, p. 15-40 et (en) Id., « Economy of Ancient Mesopotamia: A General Outline », dans Leick (dir.) 2007, p. 187-197
- Van de Mieroop 1999, p. 120-121
- A. L. Oppenheim, La Mésopotamie, Portrait d'une civilisation, Paris, 1970, p. 108-122
- (en) G. van Driel, « The Mesopotamian North: Land Use, An Attempt », dans Jas (dir.) 2000, p. 282-285
- Lafont 1999 col. 160-162
- (en) J. F. Robertson, « The Social and Economic Organization of Ancient Mesopotamian Temples », dans Sasson (dir.) 1995, p. 443-454 - Postgate 1992, p. 109-136 - F. Joannès, « Administration des temples », dans Joannès (dir.) 2001, p. 9-11
- Voir plus largement les réflexions posées dans (en) G. van Driel, « Capital Formation and Investment in an Institutional Context in Ancient Mesopotamia », dans J. G. Dercksen, Trade and Finance in Ancient Mesopotamia, Istanbul, 1999, p. 25-42
- (en) J. N. Postgate, « Land Tenure in the Middle Assyrian Period: A Reconstruction », dans Postgate 2007, p. 14-18
- Charpin 2003, p. 249-269
- (en) W. Sallaberger, « The Palace and the Temple in Babylonia », dans Leick (dir.) 2007, p. 265-275
- Pour Joannès 2000, p. 112, il s'agit des « véritable(s) moteur(s) de l'économie babylonienne ».
- Cf. (en) G. van Driel, « Private or not so Private?: Nippur Ur III Files », dans H. Gasche (dir.), Cinquante-deux réflexions sur le Proche-Orient Ancien' offertes en hommage à Léon de Meyer, Louvain, 1995, p. 181–191 ; (en) P. Steinkeller, « Toward a Definition of Private Economic Activity in Third Millennium Babylonia », dans R. Rollinger et C. Ulf (dir.), Commerce and Monetary Systems in the Ancient World: Means of Transmission and Cultural Interaction, Stuttgart, 2004, p. 91-111.
- Postgate 1992, p. 183-184 - Lafont 1999 col. 185-187 - Charpin 2003, p. 259-261
- Lafont et al. 2017, p. 3378-381
- Cf. par exemple (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 183-185. Sur les biens communaux voir notamment D. Charpin, « Chroniques bibliographiques 5. Économie et société à Sippar et en Babylonie du Nord à l'époque paléo-babylonienne », dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale 2005/1 (Vol. 99), p. 134-145.
- Mais cela concerne surtout l'espace syrien, cf. entre autres M. Liverani, « Communautés rurales dans la Syrie du IIe millénaire a.C. », dans Les communautés rurales — Rural Communities II: Antiquité — Antiquity, Recueils de la Société Jean Bodin pour l'Histoire comparative des Institutions 41, Paris, Dessain et Tolra, 1983, p. 147-185.
- Lafont 1999 col. 178 - Charpin 2003, p. 269-270 - H. Reculeau, « Tell Hariri, V. II. Les sédentaires », dans Supplément au dictionnaire de la Bible 14, 2009, col. 333-337. Sur le concept de maisonnée appliqué plus largement au Proche-Orient ancien, voir (en) J. D. Schloen, The House of the Father as Fact and Symbol: Patrimonialism in Ugarit and the Ancient Near East, Winona Lake, 2001.
- Voir cependant les mises au point utiles suivantes : F. Joannès, « Hiérarchie sociale », dans Joannès (dir.) 2001, p. 384-388 - Lafont 1999 col. 187-193 - (en) P. Charvát, « Social Configurations in Early Dynastic Babylonia (c. 2500-2334 B.C.) », dans Leick (dir.) 2007, p. 251-264.
- Charpin 2003, p. 223. R. Westbrook, « Old Babylonian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 377-379
- (en) S. Lafont, « Middle Assyrian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 531-532
- Voir à ce sujet : S. Démare-Lafont, « Les inégalités sociales en Mésopotamie : quelques précautions de vocabulaire », dans Droit et cultures 69/1, 2015, p. 75-87 lire en ligne
- (en) S. Lafont, « Middle Assyrian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 532-533
- F. Joannès, « Oblats », dans Joannès (dir.) 2001, p. 600-601 ; id., « La dépendance rurale en Babylonie, VIIe-IVe siècle av. J.-C. », dans Menu (dir.) 2004, p. 239-251
- F. Joannès, « Esclaves », dans Joannès (dir.) 2001, p. 306-310
- (en) C. Wunsch, « The Egibi Family », dans Leick (dir.) 2007, p. 236-247
- F. Joannès et N. Ziegler, « Nomades », dans Joannès (dir.) 2001, p. 587-590. (en) J. N. Postgate, « The Economic Structure of the Assyrian Empire », dans Postgate 2007, p. 75-76 pour un modèle utile des relations entre nomades, agriculteurs sédentaires et villes.
- Postgate 1992, p. 186-187 - Lafont 1999, col. 180-182
- (en) B. Lafont, « Irrigation Agriculture in Mari », dans Jas (dir.) 2000, p. 139-140
- (en) F. A. M. Wiggerman, « Agriculture in the Northern Balikh Valley, The Case of Middle Assyrian Tell Sabi Abyad », dans Jas (dir.) 2000, p. 179-183
- (en) M. Jursa, « The Babylonian Economy in the First Millennium B.C. » dans Leick (dir.) 2007, p. 225-227
- S. Lafont, « Ilku », dans Joannès (dir.) 2001, p. 408-409
- Joannès 2000, p. 149-151
- (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 187-188
- F. Joannès, « Prébendes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 677-679
- Postgate 1992, p. 184-185 - S. Lafont, « Fermage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 331-333
- À partir de (en) M. Roth, Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Atlanta, 1997, p. 93.
- F. Joannès, « Les droits sur l'eau en Babylonie récente », dans Annales, Histoire, Sciences Sociales 57/3, 2002, p. 589
- (en) W. Heimpel, « Plow animal inspection records from Ur III Girsu and Umma », dans BSA 8, 1995, p. 101-102. L'absence des peaux ne permet pas de justifier que les animaux aient disparu pour des raisons naturelles ou accidentelles impliquant leur remplacement par l'institution, et laisse la possibilité qu'ils aient disparu pour cause négligence ou usage pour un intérêt personnel par les agents de l'institution (vente, utilisation sur leurs exploitations familiales). La compensation pour ces disparitions est donc à la charge du scribe gérant le domaine.
- B. Lion et C. Michel, « Élevage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 276-279
- Postgate 1992, p. 92-96
- S. Lafont, « Vente », dans Joannès (dir.) 2001, p. 907-908
- S. Lafont, « Donations royales », dans Joannès (dir.) 2001, p. 245-246 ; B. Lion, « Kudurru », dans Joannès (dir.) 2001, p. 451-452
- S. Lafont, « Prêt », dans Joannès (dir.) 2001, p. 679-681
- (en) P. Steinkeller, « Lending Practices in Ur III Babylonia: The Issue of Economic Motivation », dans M. Hudson and M. Van De Mieroop (dir.), Debt and Economic Renewal in the Ancient Near East,Bethesda, 2002, p. 109-37.
- D. Charpin, « Andurâru », dans Joannès (dir.) 2001, p. 48-49
- F. Joannès, « Location », dans Joannès (dir.) 2001, p. 478-480
- S. Lafont, « Corvée », dans Joannès (dir.) 2001, p. 205
- (en) G. van Driel, « Land in Ancient Mesopotamia: “That What Remains Undocumented Does Not Exist” », dans B. Haring et R. de Maaijer (dir.), Landless and Hungry? Access to Land in Early and Traditional Societies, Leyde, 1998, p. 19-49
- Potts 1997, p. 73-79
- X. Faivre, « Outils », dans Joannès (dir.) 2001, p. 608
- S. Lafont, « Taxes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 833-835
- S. Lafont, « Franchises », dans Joannès (dir.) 2001, p. 343-344
- (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 189-192
- J.-M. Durand, Les Documents épistolaires du palais de Mari, Tome II, Paris, 1998, p. 601-602
- B. Lafont, « Eau, pouvoir et société dans l'Orient ancien : approches théoriques, travaux de terrain et documentation écrite », dans M. Mouton et M. Dbiyat (dir.), Stratégies d'acquisition de l'eau et société au Moyen-Orient depuis l'Antiquité : études de cas, Beyrouth, 2009, p. 11-23 https://books.openedition.org/ifpo/1256
- K. A. Wittfogel, Le Despotisme oriental, Étude comparative du pouvoir total, Paris, 1964
- J.-D. Forest, « Le rôle de l'irrigation dans la dynamique évolutive en Mésopotamie », dans Archéo-Nil 5, 1995, p. 67-77 [lire en ligne]. Plusieurs contributions sur le sujet dans Annales, Histoire, Sciences Sociales 57/3, 2002, intitulée Politiques et contrôle de l'eau dans le Moyen-Orient ancien.
- Postgate 1992, p. 188-190 - Lafont 1999 col. 196-197
- (en) B. Hruška, « Agricultural Techniques », dans Leick (dir.) 2007, p. 62-63 - (en) F. A. M. Wiggermann, « Agriculture in the Northern Balikh Valley, The Case of Middle Assyrian Tell Sabi Abyad », dans Jas (dir.) 2007, p. 229.
- (en) H. Reculeau, « On Some Metrological Issues Affecting Yield Estimates in Second-Millennium BCE Upper Mesopotamia », dans Journal of Cuneiform Studies 70, 2018, p. 87-114.
- Par exemple (en) G. Algaze, Ancient Mesopotamia at the Dawn of Civilization, The Evolution of an Urban Landscape, Chicago, 2008, p. 40-49
- (en) R. McC. Adams, Heartland of Cities, Surveys of Ancient Settlement and Land Use on the Central Floodplain of the Euphrates, Chicago, 1981, p. 243
- Cf. par exemple (en) K. Radner, « How did the Neo-Assyrian King Perceive his Land and its Resources ? », dans Jas (dir.) 2000, p. 233-246
- (en) T. J. Wilkinson, J. Ur, E. Barbanes Wilkinson et M. Altaweel, « Landscape and Settlement in the Neo-Assyrian Empire », dans Bulletin of the American Schools of Oriental Research 340, 2005, p. 27-32 et 41-44
- N. Ziegler, « Famine », dans Joannès (dir.) 2001, p. 329-330
- (en) M. Jursa, « Babylonia in the first millennium BCE - economic growth in times of empire », dans L. Neal et J. G. Williamson (dir.), The Cambridge History of Capitalism, Volume 1. The Rise of Capitalism: From Ancient Origins to 1848, Cambridge, 2014, p. 24-42
- (en) J. Renger, « Economy of Ancient Mesopotamia: A General Outline », dans Leick (dir.) 2007, p. 194
- Par exemple : C. Kuzucuoğlu et C. Marro (dir.), Sociétés humaines et changement climatique à la fin du troisième millénaire: une crise a-t-elle eu lieu en Haute Mésopotamie ? Actes du Colloque de Lyon (5-8 décembre 2005), Istanbul, coll. « Varia Anatolica » (no 19), (lire en ligne)
- (en) H. Farber, « Was land in Babylonia during the reign of Hammu-rabi a good investment? », dans NABU 2022/2, n°54, p. 118-119.
- Joannès 2000, p. 109-110
- Graslin-Thomé 2009, p. 147
- (en) H. Farber, « Cost of living », dans NABU 2022/3, n°96, p. 209-212.
- Voir à ce sujet les mises au point de (en) F. Reynolds, « Food and Drink in Babylonia », dans G. Leick (dir.), The Babylonian World, Londres et New York, 2007, p. 179-180 ; J. Bottéro, La plus vieille cuisine au monde, Paris, 2002
- Potts 1997, p. 91-121 présente les différentes matières premières utilisés dans l'artisanat provenant de Mésopotamie, animales, végétales ou minérales.
- (en) J. M. Renfrew, « Vegetables in the Ancient Near Eastern Diet », dans Sasson (dir.) 1995, p. 195-199 - B. Lion et C. Michel, « Céréales », dans Joannès (dir.) 2001, p. 174
- C. Michel, « Huile », dans Joannès (dir.) 2001, p. 395-396
- F. Joannès, « Viande », dans Joannès (dir.) 2001, p. 911-913
- C. Michel, « Lait et produits laitiers », dans Joannès (dir.) 2001, p. 458-459
- E. Vila, « Un élevage à grande échelle », dans P. Bordreuil, F. Briquel-Chatonnet et C. Michel, Les débuts de l'Histoire, le Proche-Orient, de l'invention de l'écriture à la naissance du monothéisme, Paris, 2008, p. 28-29
- M. Sauvage, « Entrepôt », dans Joannès (dir.) 2001, p. 288-289
- G. Visicato, « Archéologie et documents écrits: les « silos » et les textes sur l'orge de Fara », dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale 87, 1993, p. 83-85
- Graslin-Thomé 2009, p. 132-148
- F. Joannès, « Rations d'entretien », dans Joannès (dir.) 2001, p. 707-709
- (en) M. Van de Mieroop, The Mesopotamian City, Oxford, 1997, p. 143-158
- Graslin-Thomé 2009, p. 148-163. Voir aussi P. Vargyas, « La monétisation de l'économie rurale en Babylonie et en Égypte pendant le Ier millénaire av. J.-C. », dans Menu (dir.) 2004, p. 109-120
- (en) J. C. Fincke, « Transport of Agricultural Produce in Arrapḫe », dans Jas (dir.) 2007, p. 147-169
- Joannès 2000, p. 111
- Graslin-Thomé 2009, p. 271-276
- Graslin-Thomé 2009, p. 204-205 et 211-212
- Wiggerman 2011, p. 682-683
- F. Joannès, « Sacrifice », dans Joannès (dir.) 2001, p. 743-744 et id., « Offrandes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 601-603
- Wiggerman 2011, p. 668-673
- Bottéro et Kramer 1989, p. 511-514
- Bottéro et Kramer 1989, p. 515-517
- Bottéro et Kramer 1989, p. 520-525
- Bottéro et Kramer 1989, p. 174-178 - Wiggerman 2011, p. 674-676
- (en) W. G. Lambert, « Patron gods of agriculture in the Sumero-Babylonian pantheon », dans Klengel et Renger (dir) 1999, p. 355-359
- Wiggerman 2011, p. 677-678
- Wiggerman 2011, p. 679-682 - (de) W. Sallaberger, « Riten und Feste zum Ackerbau in Sumer », dans Klengel et Renger (dir) 1999, p. 291-299.
- Wiggerman 2011, p. 682. (en) A. R. George, « The dogs of Ninkilim: magic against field pests in ancient Mesopotamia », dans Klengel et Renger (dir) 1999, p. 291-299 - (en) N. Wassermann, « Eqlam naṣārum : pests and pest prevention in Old-Babylonian sources », dans Klengel et Renger (dir) 1999, p. 341-354 - A. Cavignaux et F. al-Rawi, « Liturgies exorcistiques agraires (Textes de Tell Haddad IX) », dans Zeitschrift für Assyriologie 92, 2002, p. 1-59 - (en) A. R. George et J. Tanikuchi, « The Dogs of Ninkilim, part two: Babylonian rituals to counter field pests », dans Iraq 72, 2010, p. 79-148.
Bibliographie
Introductions et outils de travail
- (en) J. M. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near East, New York,
- F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris,
- (en) D. T. Potts, Mesopotamian Civilization: The Material Foundations, Londres,
- V. Grandpierre, Histoire de la Mésopotamie, Paris,
Généralités sur les périodes de l'histoire mésopotamienne
- J.-L. Huot, Les Sumériens, entre le Tigre et l'Euphrate, Paris,
- (en) J. N. Postgate, Early Mesopotamia, Society and Economy at the Dawn of History, Londres et New York,
- P. Garelli, J.-M. Durand, H. Gonnet et C. Breniquet, Le Proche-Orient asiatique, tome 1 : Des origines aux invasions des peuples de la mer, Paris,
- (en) R. K. Englund, « Texts from the Late Uruk Period », dans J. Bauer, R. K. Englund et M. Krebernik (dir.), Mesopotamien, Späturuk-Zeit und Frühdynastische Zeit, Fribourg et Göttingen, , p. 15-233
- B. Lafont, « Sumer, II. La société sumérienne, 1. Institutions, économie et société », Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 72, 1999 col. 77-359
- F. Joannès, La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Paris,
- P. Garelli et A. Lemaire, Le Proche-Orient Asiatique, tome 2 : Les empires mésopotamiens, Israël, Paris,
- D. Charpin, Hammu-rabi de Babylone, Paris,
- Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis Joannès, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 1040 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8)
Articles synthétiques sur l'agriculture mésopotamienne
- (en) Hervé Reculeau, « Farming in Ancient Mesopotamia (And How the Oriental Institute Helped Us Understand It) », News and Notes. The Oriental Institute's Quarterly Newsletter, vol. 232, , p. 4-13 (lire en ligne)
- (en) Michael Jursa, « Agriculture in Bronze Age Mesopotamia », dans David Hollander et Timothy Howe (dir.), A Companion to Ancient Agriculture, Hoboken, Wiley-Blackwell, , p. 151-172
- (en) Michael Kozuh, « Agriculture in Iron Age Mesopotamia », dans David Hollander et Timothy Howe (dir.), A Companion to Ancient Agriculture, Hoboken, Wiley-Blackwell, , p. 539-563
Recueils d'articles
- (en) J. N. Postgate et M. Powell (dir.), Bulletin of Sumerian Agriculture, Cambridge, 1984-1995 (8 volumes)
- (de) H. Klengel et J. Renger (dir.), Landwirtschaft im Alten Orient, Berlin,
- (en) R. M. Jas (dir.), Rainfall and agriculture in Northern Mesopotamia, Istanbul,
- (en) R. Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law, Leyde,
- (en) G. Leick (dir.), The Babylonian World, Londres et New York,
- (en) J. N. Postgate, The Land of Assur & The Yoke of Assur, Studies on Assyria 1971-2005, Oxford,
- B. Menu (dir.), La dépendance rurale dans l’Antiquité égyptienne et proche-orientale, Le Caire,
Autres études
- P. Sanlaville, Le Moyen-Orient arabe, Le milieu et l'homme, Paris,
- (en) M. Van de Mieroop, Cuneiform Texts and the Writing of History, Londres et New York,
- L. Graslin-Thomé, Les échanges à longue distance en Mésopotamie au Ier millénaire : une approche économique, Paris,
- (en) F. A. M. Wiggerman, « Agriculture as Civilization: Sages, Farmers and Barbarians », dans K. Radner et E. Robson (dir.), The Oxford Handbook of Cuneiform Culture, Oxford et New York,
- J. Bottéro et S. N. Kramer, Lorsque les Dieux faisaient l'Homme, Paris,
Voir aussi
Liens externes
- « Irriguer la Mésopotamie, quand l'eau rugit entre le Tigre et l'Euphrate (Podcast) », sur Radio France, (consulté le ) : émission Le Cours de l'histoire animée par Xavier Mauduit, invités Bertrand Lafont et Dominique Charpin.