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BĂȘche

La bĂȘche est un instrument aratoire dont la lame quadrangulaire est enfoncĂ©e dans le sol par pression du pied (outil agricole Ă  percussion posĂ©e). Outil manuel du jardinier servant Ă  retourner et Ă  ameublir la terre sur de petites surfaces, il est constituĂ© d'un manche (en bois, en acier, en fibre de verre ou en plastique) sur lequel est fixĂ© un soc (une lame quadrangulaire plate et coupante) en acier au carbone forgĂ©, qui se trouve dans le mĂȘme plan. Sa fonction est d'ameublir en profondeur (de l'ordre de 35 cm) la terre en la retournant. L'opĂ©ration de retournement permet aussi d'enfouir de la fumure pour enrichir le sol en matiĂšre organique. La bĂȘche sert aussi Ă  couper des racines, et Ă  aider Ă  l'arrachage de certains lĂ©gumes (carottes, poireaux). Elle est constituĂ©e d'une piĂšce de travail mĂ©tallique, le « fer », et d'un manche en bois.

Une bĂȘche.

Un manche recourbĂ© permet un travail plus aisĂ© de la terre. Certaines bĂȘches se terminent en T pour avoir plus de force dans le travail.

Histoire

Exemple de bĂȘche.

Les premiers outils datant du dĂ©but de l'agriculture sont essentiellement en bois et en pierre. Le bĂąton Ă  fouir permet d'ensemencer et retourner la partie superficielle du sol sur de petites surfaces. Cependant il n'est pas vraiment efficace pour dĂ©foncer et Ă©mietter la terre en surface. Cet outil trouve sa limite d'emploi dans des sols durablement cultivĂ©s et voit le dĂ©veloppement, dĂšs le NĂ©olithique, de la houe et de la bĂȘche (outils monoxyles ou composites, en bois et en pierre) dont la lame quadrangulaire a une surface plus large, ce qui permet de retourner une proportion de terre plus importante, mais aussi de la soulever pour mieux l'Ă©mietter en la retournant. Lorsque le mĂ©tal de la lame remplace le bois ou le silex carĂ©nĂ© des premiĂšres bĂȘches, les hommes pratiquent l'emmanchement dans une douille perforĂ©e Ă  l'extrĂ©mitĂ© du soc, ce qui donne des bĂȘches et des grandes houes qui constituent les deux principaux outils de « labour Ă  bras » durant l'AntiquitĂ©, car Ă  cette Ă©poque les araires, instruments aratoires attelĂ©s, ne rĂ©alisent pas un vĂ©ritable labour (elles scarifient le sol sans le retourner). Ce labour manuel est long et pĂ©nible, son rendement est si faible qu'il ne peut s'Ă©tendre Ă  la totalitĂ© des jachĂšres et explique qu'il contribue[1] Ă  la crise de subsistance chronique des sociĂ©tĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes et europĂ©ennes de l'AntiquitĂ©. Cette crise « paraĂźt insĂ©parable du dĂ©veloppement de la guerre, de la formation des citĂ©s-États militarisĂ©es, de la colonisation et de l'esclavage qui ont marquĂ© ces sociĂ©tĂ©s jusqu'Ă  la fin du Ier millĂ©naire de l'Ăšre chrĂ©tienne[2] ».

Types

  • La bĂȘche plate : faite d'un fer plat tranchant suffisamment mince et solide. Le fer de bĂȘche a une hauteur variable suivant les utilisations prĂ©vues[N 1].
  • La fourche bĂȘche : le fer de bĂȘche est remplacĂ© par des dents (de 3 Ă  5, 4 dents Ă©tant la fourche normale). Elle est utile dans les terres argileuses collantes (terres lourdes) et dans les terres caillouteuses.
  • Le louchet : une bĂȘche au fer long et Ă©troit, employĂ©e pour un travail plus prĂ©cis que des bĂȘches plus larges ou pour fouiller Ă  une profondeur plus importante. Le louchet est utilisĂ© par les pĂ©piniĂ©ristes pour arracher arbres et arbustes en pĂ©piniĂšre, atteignant les racines profondes.

Mots du français régional ou des langues de France

  1. catalan : fanga, palafanga
  2. occitan : palon, palavĂšrs; andusac, palavessa (Ă  dents), luchet (pointue)
  3. gascon: : palahĂšr; palagrip, pihurc (Ă  pointes)

Utilisation

L'écorché d'Alphonse Lami - 1857

Technique

L'agriculteur se place dos Ă  la surface Ă  bĂȘcher. Il enfonce sa bĂȘche en pesant de tout son corps en appuyant Ă  l’aide de son pied sur le haut du fer de bĂȘche (partie pelle). Une fois le fer enfoncĂ©, il bascule le manche en arriĂšre vers le sol. La motte contenue dans la bĂȘche est ensuite retournĂ©e de maniĂšre que la terre du dessous soit dessus et vice versa. AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© un premier rang, il recule d’un pas et commence un nouveau rang, et ainsi de suite.

RĂ©alisation d'une jauge

Le premier et parfois le deuxiĂšme rang, servent Ă  rĂ©aliser une petite tranchĂ©e, la jauge. La terre est retirĂ©e temporairement de la parcelle Ă  bĂȘcher. Cette tranchĂ©e est comblĂ©e au fur et Ă  mesure que progresse le retournement de la terre du rang suivant qui devient la nouvelle jauge. La jauge suit ainsi la progression du cultivateur.

Le louchet

Le louchet est un outil de 28 ou 30 cm identique Ă  la taille des bĂȘches. Les plus longues, de 36, 38 et 40 cm de hauteur, sont essentiellement destinĂ©es aux pĂ©piniĂ©ristes.

La principale différence vient de la technique de fabrication :

  • la bĂȘche est fabriquĂ©e comme une pelle Ă  partir d'une tĂŽle plate emboutie (le plus souvent Ă  chaud) appelĂ©e « panne » avec une douille ouverte ce qui fait que le manche est en contact avec la terre.
  • Le louchet quant Ă  lui est fabriquĂ© Ă  partir d'une panne comme la bĂȘche, mais on lui ajoute une « plume » soudĂ©e soit derriĂšre, soit devant (et parfois un anneau selon les modĂšles) qui sert de fourreau au manche de façon Ă  rigidifier l'emmanchage et Ă  isoler le bois du manche de tout contact avec la terre (ce qui Ă©vite le pourrissement du bois), ce qui fait qu'on associe souvent le louchet aux pros du jardin. Par ailleurs aprĂšs trempage de l'acier le louchet est gĂ©nĂ©ralement poli entiĂšrement ce qui permet d'obtenir un outil sur lequel les terres grasses ne collent pas.

La France dĂ©tient le record du nombre de modĂšles diffĂ©rents de bĂȘches et de louchets, (plus de 40 en tout sans tenir compte des tailles et des formes de manches). Chaque rĂ©gion possĂšde son modĂšle particulier dont les formes et les dimensions varient. En Bretagne, il existe plus de neuf formes diffĂ©rentes de bĂȘches ayant la dĂ©nomination « Bretagne », ce qui fait compte tenu des tailles et des manches 45 rĂ©fĂ©rences diffĂ©rentes.

Mis au point à la fin du XIXe siÚcle par la Forge Gouvy, le louchet est aujourd'hui produit surtout par la Forge Perrin (21 Til-Chatel), la forge Gouvy (54 Dieulouard) et les forges de Magne (08 Douzy) - on ne parle que des fabricants d'outils étampés à chaud et trempés entiÚrement (contrairement aux outils d'import qui sont généralement emboutis à froid et non trempés).

Symbolique

Calendrier républicain

Dans le calendrier rĂ©publicain / rĂ©volutionnaire français, la bĂȘche, assez importante par sa fonctionnalitĂ© et par son nom, Ă©tait attribuĂ©e au 10e jour du mois de ventĂŽse[3] et correspond gĂ©nĂ©ralement au 28 fĂ©vrier du calendrier grĂ©gorien.

Notes

  1. Certains professionnels de l'horticulture parlent de pelle-bĂȘche par analogie avec la fraie vendĂ©enne ; dans ce cas la bĂȘche dĂ©signe souvent la fourche-bĂȘche.

Références

  1. L'autre facteur expliquant cette crise est « le transport sur bĂąt qui ne permet pas de transfĂ©rer de grandes quantitĂ©s de matiĂšres organiques (fourrage, fumier
) du saltus vers l'ager, et comme les transferts de fertilitĂ© par simple parcage de nuit sont peu efficaces, les terres cĂ©rĂ©aliĂšres sont mal fumĂ©es. Peu Ă©tendues, mal prĂ©parĂ©es et mal fumĂ©es, les terres cultivĂ©es ont donc un rendement et une production globale faibles ; et comme de plus la superficie cultivĂ©e par travailleur est limitĂ©e par la faiblesse de l'outillage, la productivitĂ© du travail est Ă  peine suffisante pour couvrir les besoins de la population ». Cf Mazoyer, op. cit.
  2. Marcel Mazoyer, Laurence Roudart, Histoire des agricultures du monde. Du néolithique à la crise contemporaine, Seuil, , p. 235.
  3. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait Ă  la Convention nationale dans la sĂ©ance du 3 du second mois de la seconde annĂ©e de la RĂ©publique Française, p. 24.

Voir aussi

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