Trait d'union
Le trait d'union « - » est un signe de ponctuation utilisĂ© pour joindre des mots, ou les prĂ©noms d'un acte de naissance et pour sĂ©parer les syllabes d'un mĂȘme mot. Il est distinct du tiret et du signe moins. Il peut ĂȘtre considĂ©rĂ©, pour ce qui concerne son codage ou son apparence, comme un tiret court[1]. Il est parfois nommĂ© (plus ou moins justement) : tiret, signe moins, voire, selon les typographes division, tiret quart de cadratin[2].
Histoire
En grec ancien, lâĂ©notikon (ou hyphen) est utilisĂ© dans certains textes pour marquer lâunion de deux lettres ou de deux mots, celui-ci a la forme dâun arc renversĂ© comme le tirant souscrit : âż[3]. En latin, ce signe iphen est dĂ©fini par le grammairien Priscien dans De arte grammatica comme signe marquant lâunion de deux mots.
En hĂ©breu, le macaph ou maqqeph est utilisĂ© pour relier plusieurs mots brefs entre eux et a la forme dâun trait horizontal : ÖŸ, selon Nina Catach câest Ă lui que nous devons la forme actuelle du trait dâunion[3] - [4].
Le trait dâunion est dĂ©jĂ prĂ©sent dans certains manuscrits français du XIIIe siĂšcle, sous la forme dâune double barre oblique : âž[5]. Ă lâĂ©poque, certains scribes utilisent encore la barre oblique simple pour indiquer la demi-pause (celle-ci a Ă©tĂ© remplacĂ©e par la virgule)[5]. Il est utilisĂ© par Johannes Gutenberg vers 1455, toujours sous la forme dâune double barre oblique, dans sa Bible Ă quarante-deux lignes[5], pour indiquer la division, câest-Ă -dire la coupure de mot en fin de ligne.
En français, dans la troisiĂšme Ă©dition de la Briefve Doctrine par Pierre de Sainte-Lucie de 1538, on peut voir le trait dâunion, Ă la place de lâaccent enclitique (lâapostrophe) des versions prĂ©cĂ©dentes, entre le verbe et le pronom personnel sujet[6]. Cet usage se rĂ©pand durant la seconde partie du xvie siĂšcle[6]. Le premier dictionnaire utilisant le trait dâunion comme moyen de former des mots composĂ©s est le Thresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne de Jean Nicot, alors que ce trait dâunion Ă©tait absent du dictionnaire français-latin de Robert Estienne.
Dans sa premiĂšre Ă©dition de 1694, le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française sĂ©pare beaucoup de mots, composĂ©s jusque-lĂ en un seul mot, par des traits dâunion, parfois sans cohĂ©rence (certains mots soudĂ©s sont conservĂ©s, comme arrieremain tandis que dâautres non, comme chauve-souris ou passe-port ; les mots composĂ©s avec entre- sont Ă©crits avec lâapostrophe tandis que les mots composĂ©s avec contre- ou passe- sont Ă©crits avec le trait dâunion). Selon Catach, en dehors des marques des pluriels qui ont changĂ© au cours des siĂšcles, la premiĂšre Ă©dition Ă©tablit lâusage (et lâabsence de cohĂ©rence) du trait dâunion concernant les mots composĂ©s[7].
Utilisation dans la langue française
Le trait d'union sert Ă unir deux mots ou prĂ©noms pour une une identitĂ©, dits composĂ©s, comme dans « brise-roche », « demi-sĆur », « belle-mĂšre », « chassĂ©-croisĂ© », etc. Jean-pierre, Jean-marie, Marie-france, etc.
Il apparaĂźt Ă©galement dans les noms de fusion de genres musicaux : pop-rap, jazz-funk, etc.
Il est en outre utilisĂ© pour marquer la prĂ©sence dâune ancienne enclise pour les pronoms sous leur forme conjointe ; câest le cas dans des syntagmes comme « dis-tu », « dis-moi », « dis-le-moi », « vas-y », etc. Quand apparaĂźt le phonĂšme Ă©phelcystique (« phonĂšme de liaison ») /t/ aprĂšs un verbe et un pronom conjoint, ce phonĂšme est reprĂ©sentĂ© par un « t » sĂ©parĂ© par des traits dâunion : « donne-t-il », « y a-t-il » et non par une apostrophe comme on peut souvent le lire (« * donne-tâil », « y-a-tâil » ; dans ce dernier syntagme, il ne peut y avoir ni apostrophe ni trait dâunion entre y et « a », qui sont naturellement liĂ©s dans la prononciation).
Enfin, câest la marque de la coupure de mot ou cĂ©sure en fin de ligne.
AprÚs un préfixe
En français, il y a parfois un trait dâunion aprĂšs un prĂ©fixe[8]. Câest le prĂ©fixe qui dĂ©termine sâil faut un trait dâunion ou pas.
Les prĂ©fixes suivants rĂ©clament toujours un trait dâunion : aprĂšs-, mi-, non- (sauf dans nonchalance, nonobstant, nonpareil, et dans le cas oĂč non est suivi dâun adjectif : non linĂ©aire)[9], quasi-[10], sous-.
Le trait d'union est conservé si le mot qui suit le préfixe est un nom propre (post-Renaissance, pro-Suisse), un sigle (pro-ONU), un nombre (pré-500e), un mot déjà composé (mini-sous-marin).
Il ne faut pas de trait dâunion aprĂšs les prĂ©fixes suivants : anti- (sauf lorsque le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment commence par i, dans des mots composĂ©s comportant dâautres traits dâunion et dans les noms gĂ©ographiques), archi-, auto- (sauf lorsque le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment commence par i ou u), bi-, bio-, brachy-, ferro- (sauf lorsque le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment commence par i ou u), co- (sauf devant u : co-usufruitier. Mais devant un i, ce i prend un trĂ©ma : coĂŻnculpĂ©, coĂŻncidence), inter-, intra- (sauf lorsque le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment commence par i ou u), macro-, mĂ©ta-, micro- (sauf lorsque le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment commence par i ou u), mono-, multi-, prĂ©-, tri-.
Mots composés avec « grand »
La forme « grandâ » est fautive : elle a disparu de la huitiĂšme Ă©dition du Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française publiĂ©e entre 1932 (A-G) et 1935 (H-Z) pour ĂȘtre remplacĂ©e par « grand- ». La forme « grandâ » Ă©tait en effet un adjectif Ă©picĂšne et donc invariable ; on trouvait donc Ă©crit dans la septiĂšme Ă©dition du Dictionnaire (1877-1878) « grands-pĂšres » et « grandâmĂšres ». On reprochait Ă lâAcadĂ©mie française le caractĂšre trompeur de ce groupe dâ qui pouvait faire croire que le d Ă©tait Ă prononcer (comme dans aujourdâhui). Et puis lâapostrophe sert Ă noter lâĂ©lision en français : or en ancien français grand Ă©tait la forme commune au masculin et au fĂ©minin (donc une forme Ă©picĂšne) qui continuait le latin grandis (ou plus exactement son accusatif grandem) forme commune au masculin et au fĂ©minin ; le fĂ©minin grande est analogique et plus rĂ©cent dans la langue française.
LâAcadĂ©mie a aussi Ă©tĂ© critiquĂ©e pour nâavoir pas prĂ©cisĂ© la graphie des pluriels qui avaient troquĂ© leur apostrophe pour un trait dâunion dans cette huitiĂšme Ă©dition de 1932-1935.
Concernant les mots masculins composĂ©s avec « grand- », leur pluriel sâaccorde. Exemple : « des grands-pĂšres ».
Pour les mots fĂ©minins, selon lâAcadĂ©mie française[11], « dans les noms fĂ©minins composĂ©s, grand ne sâaccordant pas en genre, ne sâaccorde pas non plus en nombre. ». On Ă©crira donc, par exemple, « des grand-mĂšres » pour suivre lâAcadĂ©mie. Mais cette recommandation ne datant que de 2005, il reste difficile dâĂ©tablir si elle a eu le moindre impact sur la doctrine ou sur lâusage qui jusque-lĂ accordait Ă©galement les pluriels fĂ©minins. Exemples : « les grands-pĂšres et les grands-mĂšres », « la fĂȘte des grands-mĂšres », « les mĂšres-grands », « les grands-papas et les grands-mamans », « les grands-messes », « les grands-tantes », « les grands-voiles », etc.
Un piĂšge « acadĂ©mique » : le mot « grand-croix », fĂ©minin lorsquâil dĂ©signe la dĂ©coration, sâĂ©crit « grand-croix » au pluriel (en suivant lâAcadĂ©mie). Mais il devient traditionnellement masculin lorsquâil dĂ©signe le rĂ©cipiendaire et sâĂ©crit alors « grands-croix » au pluriel ; exemple : « la liste des grands-croix de l'ordre national du MĂ©rite ».
ConformĂ©ment au sens, « grand- » reste toujours invariable dans les adjectifs : « grand-ducal » (voir lâarticle Grand-duc), « grand-maternel », « grand-paternel ».
Orthographe en usage avant les rectifications orthographiques de 1990
Pour les nombres composĂ©s infĂ©rieurs Ă 100, les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont reliĂ©s entre eux par des traits dâunion, sauf quand ils sont liĂ©s par la conjonction et[12].
- 28 = vingt-huit
- 31 = trente et un
- 71 = soixante et onze ou septante et un
- 92 = quatre-vingt-douze ou nonante-deux
- 124 = cent vingt-quatre
- 651 = six cent cinquante et un
- 19 077 = dix-neuf mille soixante-dix-sept ou dix-neuf mille septante-sept
Ces anciennes rĂšgles ne devraient plus ĂȘtre utilisĂ©es dans les nouveaux documents. Voir le paragraphe ci-dessous et les rectifications orthographiques de 1990.
Rectifications orthographiques de 1990
La nouvelle orthographe, application des rectifications orthographiques de 1990, est enseignĂ©e en Belgique, en France et aussi au Canada oĂč elle est enseignĂ©e en Alberta, au QuĂ©bec et en Saskatchewan et acceptĂ©e dans dâautres provinces. Les numĂ©raux composĂ©s ont des traits dâunion entre tous les Ă©lĂ©ments.
- trente-et-un
- six-cent-cinquante-et-un
- vingt-et-un-mille-trois-cents
« Million » et « milliard » peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des numĂ©raux entrant dans la composition de nombres parfois complexes[13].
Cependant, « million » et « milliard » ne sont pas concernés par les rectifications de 1990 lorsque, comme « millier », ils sont clairement des substantifs[17], ce qui est souvent le cas en pratique, quand on préfÚre une écriture en toutes lettres à une écriture en chiffres.
- La dette s'Ă©lĂšverait Ă un milliard et demi.
- « Sept-cents millions de Chinois, et moi, et moi, et moi. »
La nouvelle orthographe est non ambigĂŒe ; ainsi distingue-t-on :
- mille-cent-vingt-septiĂšme (1127e),
- de mille-cent-vingt septiĂšmes (1120/7),
- de mille-cent vingt-septiĂšmes (1100/27),
- de mille cent-vingt-septiĂšmes (1000/127).
Ou encore :
- vingt et un tiers (20 + 1/3),
- de vingt-et-un tiers (21/3).
Contexte francophone Ă controverse depuis l'informatisation des Ă©tats civils et l'expansion de l'utilisation informatique
Le trait dâunion est utilisĂ© entre les noms de famille français ou francisĂ©s composĂ©s de deux noms de famille, comme Strauss-Kahn, ou composĂ©s en lâhonneur dâune personne avec son prĂ©nom et son nom de famille, comme Firmin-Didot, Louis-Dreyfus ou Casimir-Perier.
Anciennement, les diffĂ©rents prĂ©noms dâune personne Ă©taient joints par des traits dâunion[18], par exemple Louis-Charles-Alfred de Musset dans le Larousse du xxe siĂšcle. Cette tradition nâest plus dans lâusage, spĂ©cialement dans les actes dâĂ©tat civil et dans les textes officiels[18], et les prĂ©noms sont actuellement sĂ©parĂ©s par des espaces. Le trait dâunion est mis entre les Ă©lĂ©ments dâun prĂ©nom double usuel : Jean-Jacques Rousseau, Jean-Pierre Dupont. Il nâest pas utilisĂ© dans les noms propres et les surnoms prĂ©cĂ©dĂ©s dâun article : Alexandre le Grand, Charles le TĂ©mĂ©raire, NapolĂ©on le Petit[18] - [19]. Cet usage permettait dâidentifier les noms de famille contenant un prĂ©nom, par exemple Bertrand de Beauvoir.
Une tradition typographique, encore recommandĂ©e par le Lexique de lâImprimerie nationale ou le Dictionnaire des rĂšgles typographiques de Louis GuĂ©ry[20], imposait lâusage des traits dâunion entre prĂ©noms, lâitalique servant Ă distinguer lâappellation usuelle, par exemple « Louis-Charles-Alfred de Musset »[21]. Gouriou indique que cette rĂšgle, en dĂ©pit de sa simplicitĂ© et dâĂȘtre rĂ©pandue, nâa jamais fait lâunanimitĂ© et que la tendance moderne est de suivre les usages de lâĂ©tat civil[22]. Jean-Pierre Lacroux dĂ©conseille de la respecter, au motif quâelle engendrerait des ambiguĂŻtĂ©s[23]. Dans les cas oĂč deux vocables sont usuels, forment-ils un prĂ©nom composĂ© ou sont-ils deux prĂ©noms, par exemple Jean-Pierre Lacroux a-t-il un prĂ©nom composĂ© ou deux prĂ©noms ? Pour Aurel Ramat et Romain Muller, le trait dâunion est utilisĂ© dans les prĂ©noms composĂ©s mais pas entre les prĂ©noms distincts[24]. ClĂ©ment indique que les prĂ©noms composĂ©s, quâils soient Ă©crits en toutes lettres ou abrĂ©gĂ©s, doivent ĂȘtre reliĂ©s entre eux par un trait dâunion ; mais que les prĂ©noms multiples proprement dit ne sont jamais sĂ©parĂ©s ni par un trait dâunion, ni par une virgule mais par une espace[25].
LâĂ©tat civil a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1792 en France. En 1911, le Formulaire gĂ©nĂ©ral des actes de lâĂ©tat civil indique quâ«âŻil ne devra y avoir de trait dâunion entre deux prĂ©noms que sâils forment par leur rĂ©union un prĂ©nom uniqueâŻÂ» selon « la volontĂ© formelle du dĂ©clarantâŻÂ»[26]. Lâinstruction ministĂ©rielle relative Ă lâĂ©tat civil du Ă©tablit lâusage officiel du trait dâunion dans les prĂ©noms composĂ©s limitĂ©s Ă deux vocables[27] - [28]. Lâinstruction gĂ©nĂ©rale relative Ă l'Ă©tat civil dispose que « [l]es prĂ©noms simples sont sĂ©parĂ©s par une virgule, les prĂ©noms composĂ©s comportent un trait dâunion. »[29]. Exemple : Jacques, Jean-Paul, François Dupont. Depuis la circulaire du , les prĂ©noms composĂ©s peuvent aussi comporter une espace, seule la virgule sĂ©pare les prĂ©noms[30].
Au QuĂ©bec, le Directeur de lâĂ©tat civil recommande de limiter Ă quatre le nombre des prĂ©noms et indique que « si lâun des prĂ©noms est composĂ©, il est prĂ©fĂ©rable de lier les deux parties par un trait dâunion », cependant celui-ci nâest pas obligatoire et les prĂ©noms sont chacun sĂ©parĂ©s par une virgule sur la dĂ©claration de naissance[31].
En Belgique, les prĂ©noms composĂ©s doivent avoir un trait dâunion entre les diffĂ©rentes parties, sinon ils sont considĂ©rĂ©s comme des prĂ©noms diffĂ©rents Ă lâĂ©tat civil[32].
Certains francophones nâemploient pas de traits dâunion pour lier les deux parties de leurs prĂ©noms composĂ©s, tel le Français Jean-Michel Jarre (son nom Ă lâĂ©tat civil) qui signe ses disques Jean Michel Jarre.
On est donc confronté au choix entre trois possibilités :
- Arielle-Laure-Maxime Sonnery ;
- Arielle, Laure, Maxime Sonnery ;
- Arielle Laure Maxime Sonnery.
Le nom de famille est parfois Ă©crit en lettres capitales pour le distinguer des autres noms, ou mĂȘme parfois en petites capitales avec la capitale initiale plus grande que les autres lettres[33] :
- Arielle, Laure, Maxime SONNERY ;
- Victor Henri-Joseph Brahain Ducange.
Le Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă l'Imprimerie nationale confirme cet usage dans le cas de bibliographies[34] :
- Domenach (Jean-Luc) et Richier (Philippe), La Chine, 1949-1985 Paris ;
- Bornecque (Pierre et Jacques-Henry), La France et sa littérature (1958), éd. A. Desvignes.
Le trait dâunion peut aussi ĂȘtre ajoutĂ© pour former les pseudonymes comme Alain-Fournier.
Transcription du chinois et coréen
Dans certaines transcriptions de noms chinois ou corĂ©ens[35], le nom personnel (postnom ou prĂ©nom) peut avoir ces deux syllabes sĂ©parĂ©es par le trait dâunion, souvent utilisĂ© bien qu'optionnel : Sun Yat-sen, Lee Myung-bak. Dâautres transcriptions utilisent le trait dâunion et la majuscule (Sun Yat-Sen, Lee Myung-Bak), ou encore lâespace et la majuscule pour la deuxiĂšme syllabe (Sun Yat Sen, Lee Myung Bak).
Transcription de lâarabe
Le trait dâunion est aussi utilisĂ© dans certaines transcriptions de noms arabes entre lâarticle et le nom propre : Moubarak al-Shamikh. MĂȘme si le trait dâunion et la minuscule sont utilisĂ©s avec lâarticle al dans certaines transcriptions, celles-ci font parfois la diffĂ©rence avec la particule nobiliaire Äl sans trait dâunion et avec majuscule comme dans Al Saud.
RÚgles typographiques traditionnelles françaises
Le Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă lâImprimerie nationale[36] et le Dictionnaire des rĂšgles typographiques de Louis GuĂ©ry[37] indiquent que dans une dĂ©nomination composĂ©e, « tous les Ă©lĂ©ments, Ă lâexception de lâarticle initial, sont liĂ©s par des traits dâunion ». Le Code typographique de la CGC indique[38] que « dans une dĂ©nomination formĂ©e de plusieurs mots, ceux-ci prennent la capitale et sont rĂ©unis par un trait dâunion ». Les noms de voies sâĂ©crivent donc sous la forme :
- lâavenue de la Grande-ArmĂ©e (nommĂ©e en souvenir de la Grande ArmĂ©e),
- lâavenue de New-York (portant le nom de New York),
- la place de lâAbbĂ©-Jean-Lebeuf (portant le nom de lâabbĂ© Jean Lebeuf),
- la place de la Bataille-de-Stalingrad (perpétuant le souvenir de la bataille de Stalingrad),
- la place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon (ces cinq martyrs du lycée Buffon furent fusillés par les Allemands en 1942),
- la place Jean-Paul-Sartre-et-Simone-de-Beauvoir (portant les noms de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir),
- la rue du Chat-qui-PĂȘche (ce chat qui pĂȘche devait ĂȘtre une enseigne),
- la rue de lâĂcole-Polytechnique (menant Ă lâĂcole polytechnique),
- la rue du Faubourg-Saint-Honoré (tirant son nom du faubourg Saint-Honoré),
- le square des Ăcrivains-Combattants-Morts-pour-la-France (honorant les Ă©crivains combattants morts pour la France durant la Grande Guerre), etc.
Et aussi les ouvrages dâart situĂ©s en ville ou non :
- la passerelle LĂ©opold-SĂ©dar-Senghor (portant le nom de LĂ©opold SĂ©dar Senghor),
- le tunnel du Cap-Nord (tirant son nom du cap Nord),
- le tunnel du Mont-Blanc (tirant son nom du mont Blanc), etc.
Prennent une capitale les substantifs, les adjectifs et les verbes.
Ceci sâapplique Ă©galement Ă tout organisme, bĂątiment ou monument public portant le nom dâune personne notamment :
- la basilique Saint-Pierre (placĂ©e sous lâinvocation de lâapĂŽtre saint Pierre),
- la forteresse Pierre-et-Paul (placée sous la protection des saints apÎtres Pierre et Paul),
- lâInstitut Max-Planck dâhistoire des sciences (portant le nom de Max Planck),
- le lycée Henri-IV (portant le nom de Henri IV),
- le lycĂ©e Louis-le-Grand (portant le nom de « Louis le Grand » câest-Ă -dire Louis XIV),
- le lycée Pierre-MendÚs-France (portant le nom de Pierre MendÚs France),
- le musée Jean-Jacques-Rousseau (consacré à Jean-Jacques Rousseau),
- le stade Roland-Garros (portant le nom de Roland Garros),
- le théùtre des Variétés-Amusantes (consacré aux variétés amusantes).
La localitĂ© oĂč se trouve un lieu de culte ne fait pas partie du nom du lieu de culte :
- la basilique Notre-Dame-du-Rosaire de Lourdes (Ă Lourdes),
- lâĂ©glise Notre-Dame-de-Lourdes (Ă Paris),
- lâĂ©glise Notre-Dame-de-Lourdes de Romans (Ă Romans-sur-IsĂšre et non Ă Lourdes).
Pour les ordres, trait dâunion uniquement au nom de saint, on Ă©crit donc « lâordre de l'Aigle noir », « lâordre de l'Ătoile rouge » mais :
- lâordre de Saint-Patrick (saint Patrick),
- lâordre de Sainte-Ursule (sainte Ursule),
- lâordre des Saints-Maurice-et-Lazare.
On supprime « et » pour les paroisses et les églises :
- la paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul (dédiée à saint Pierre et à saint Paul),
- lâĂ©glise Saint-EugĂšne-Sainte-CĂ©cile (dĂ©diĂ©e Ă saint EugĂšne et Ă sainte CĂ©cile),
Ces appellations sont parfois abrĂ©gĂ©es : Roland-Garros (le stade Roland-Garros et plus souvent encore les Internationaux de France de tennis) ne se confondant pas graphiquement avec Roland Garros (lâaviateur). Aurel Ramat fournit les exemples suivants[39] : « Jâaime Louis le Grand (lui-mĂȘme) » et « Jâaime Louis-le-Grand (le lycĂ©e) » et « Il a parlĂ© Ă Jean Bouin (lui-mĂȘme) » et « Il a parlĂ© Ă Jean-Bouin (le stade) ».
Usages et acceptation des rĂšgles typographiques traditionnelles
Les opinions sont partagĂ©es sur cet usage du trait dâunion entre les Ă©lĂ©ments de dĂ©nominations prĂ©conisĂ© dans certains guides typographiques, Ă une Ă©poque par lâadministration des Postes[40] - [41] - [42] - [43], par certains grammairiens dont Adolphe Thomas dans le Dictionnaire des difficultĂ©s de la langue française[43] - [44] (position reprise par Chantal Lambrechts dans le Grand Dictionnaire des difficultĂ©s & piĂšges du français[45]) et Jean-Paul Colin dans Dictionnaire des difficultĂ©s du français[46], et utilisĂ© dans des ouvrages de rĂ©fĂ©rence comme le Petit Larousse â avec son entrĂ©e « Charles-de-Gaulle (place) »[47] â ou les encyclopĂ©dies Larousse, Robert ou Universalis. Pour Jean-Pierre ClĂ©ment, la majoritĂ© des grammairiens sont contre cet usage[43]. Dans la pratique celui-ci peut varier selon les pays ou selon les dĂ©cisions des autoritĂ©s toponymiques. ClĂ©ment, parlant des opinions partagĂ©es sur cette pratique, dit « On agira donc selon son goĂ»t »[43].
Lâauteur belge Joseph Hanse (1902-1992) indique, dans le Nouveau dictionnaire des difficultĂ©s du français moderne[48], que pour les « Noms de rues, de places, etc. On ne met pas de devant les noms propres de personnes : rue Victor Hugo (plutĂŽt que rue Victor-Hugo, prĂ©fĂ©rĂ© par un certain usage français non habituel), rue du Vingt-Neuf-Juillet, rue du Bois-Le-Vent, mais rue La BoĂ©tie. » Hanse et Blampain indiquent quâen France, mais avec des exceptions, on Ă©crit rue Victor-Hugo, rue Charles-Nodier, rue de lâHĂŽtel-de-Ville, lâallĂ©e du Champ-de-Mars, la gare Anatole-France, le lycĂ©e Louis-le-Grand, et ils ajoutent que « cet usage a Ă©tĂ© critiquĂ©, mais est bien installĂ© et conservĂ© dans certains guides. On nâest pas tenu de le suivre cependant. On peut comme en Belgique, Ă©crire rue Victor Hugo et classer cette rue Ă Hugo, et avenue du Bois de la Cambre »[49].
Selon Le Bon Usage de Maurice Grevisse (1895-1980) et AndrĂ© Goosse (1926-2019), le linguiste français Albert Dauzat (1877-1955) a lui aussi jugĂ© fautif les traits dâunion dans les noms de rues[50] - [40]. Grevisse et Goosse prĂ©cisent quâ« en France (mais non en Belgique), lâadministration des Postes met le trait dâunion, dans les noms de rues, entre le prĂ©nom ou le titre et le nom de famille »[40]. Nina Catach note que cet usage du trait dâunion se trouve dans « les noms de rue dans lâannuaire des Postes (rue Paul-Bert) »[41]. Selon lâEncyclopĂ©die du bon français de Paul DuprĂ©, citant Le Figaro LittĂ©raire du 17 novembre 1962, lâadministration des Postes et TĂ©lĂ©graphes est Ă lâorigine de cette initiative, et lâOffice de la langue française (Ă ne pas confondre avec lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française) sâest Ă©levĂ© contre cet usage en le dĂ©clarant inutile[42] - [51]. Cet office reconnait lâutilitĂ© de cette pratique pour les facteurs, facilitant et dans certains cas permettant le tri des lettres, mais considĂšre quâelle peut ĂȘtre ignorĂ©e par lâadministration municipale et qu'elle est inutile pour les « usagers »[51].
Comme le notent plusieurs de ces auteurs, lâusage belge est de ne pas lier titre, prĂ©nom et nom par un trait dâunion, par exemple, la place EugĂšne Flagey et non la place EugĂšne-Flagey, lâInstitut Lucien Cooremans et non lâInstitut Lucien-Cooremans[52] ou encore boulevard GĂ©nĂ©ral Jacques[49] et non boulevard GĂ©nĂ©ral-Jacques[53], ni non plus de lier les Ă©lĂ©ments dâautres noms propres, par exemple avenue du Bois de la Cambre et non avenue du Bois-de-la-Cambre[49].
Lâexception (qui nâen est pas une selon lâusage rĂ©putĂ© « français ») concerne les saints ; on met toujours une majuscule et un trait dâunion :
- dans les noms dâĂ©glises, de monastĂšres, de temples, de cathĂ©drales, de basiliques, etc., par exemple la cathĂ©drale Saint-Paul ;
- quand saint figure dans le nom dâune ville, dâun lieu, dâun Ă©difice, dâune rue, par exemple les halles Saint-GĂ©ry, les cliniques universitaires Saint-Luc.
Cet usage nâest pas celui prĂ©conisĂ© par le typographe belge Jean Dumont (1853-1927) qui pour lâessentiel suit les rĂšgles traditionnelles pour les odonymes[54] : cet auteur omet le trait dâunion dans les odonymes uniquement aprĂšs un prĂ©nom ou un titre, suivi du nom de famille.
Aujourdâhui, lâusage belge est diffĂ©rent de celui prĂ©conisĂ© par Jean Dumont, et suit en gĂ©nĂ©ral lâavis des grammairiens belges, lâusage dans la presse ou quelques marches typographiques propres Ă certains Ă©diteurs tels que Brepols[55].
Le français canadien utilise aussi le trait dâunion entre le titre, le qualificatif, le prĂ©nom, les initiales et le nom de famille, mais contrairement Ă la norme française, la norme quĂ©bĂ©coise ne lâutilise jamais aprĂšs la particule nobiliaire[56] - [57]. Par exemple, il existe Ă MontrĂ©al une place Jacques-Cartier et un pont Jacques-Cartier portant tous deux le nom de Jacques Cartier, avec trait dâunion, mais il existe une rue Sieur-De Beaucours Ă QuĂ©bec portant le nom de JosuĂ© Dubois Berthelot de Beaucours[58] ou une rue Charles-De Gaulle Ă Sainte-Julie portant le nom de Charles de Gaulle[59], avec trait dâunion sauf aprĂšs la particule nobiliaire (qui prend la majuscule, indiquant quâelle fait partie du nom) ou simplement en guise de sĂ©parateur entre le prĂ©nom et le groupe nominal[60] ; cet usage est aussi appliquĂ© pour les toponymies de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, par exemple la municipalitĂ© rĂ©gionale de comtĂ© Pierre-De Saurel portant le nom de Pierre de Saurel. Cette norme est recommandĂ©e par la Commission de toponymie du QuĂ©bec[57] - [61] et le Bureau de la traduction du Canada[62].
En français en Suisse, cet usage des traits dâunion entre les divers Ă©lĂ©ments des noms propres est recommandĂ© par lâOffice fĂ©dĂ©ral de topographie, par exemple, Rue Henri-Dunant ou rue du GĂ©nĂ©ral-Dufour. Mais contrairement aux autres usages, la particule nobiliaire est aussi liĂ©e par un trait dâunion, par exemple, avenue de-Gallatin et non avenue de Gallatin[63].
En France, les codes typographiques sâen tiennent Ă ces rĂšgles dâemploi du trait dâunion (graphie « place Charles-de-Gaulle ») : le Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă l'Imprimerie nationale[36], Louis GuĂ©ry[37], Serge Aslanoff[64], Jean-Pierre Lacroux[65], etc. Mais il est vrai que Jean-Pierre ClĂ©ment[43] tolĂšre des divergences dans lâusage ; quant Ă Aurel Ramat et Romain Muller[66], ils rappellent que lâusage nâest pas constant et quâil est conseillĂ© de se renseigner sur lâorthographe officielle en particulier pour les documents officiels ; Charles Gouriou reprend la rĂšgle[67] mais rappelle que certains usages officiels français nâutilisent pas les traits dâunion, se tenant Ă lâorthographe de lâĂ©tat civil, et admet quâun auteur peut lĂ©gitimement prĂ©fĂ©rer cet usage administratif[68].
En France, les codes typographiques ont connu une large diffusion avec le dĂ©veloppement de lâinformatique mais aucune autoritĂ© nâindique les ouvrages qui peuvent se qualifier de codes typographiques.
Les recommandations dâinsertion du trait dâunion des codes typographiques ne sont pas utilisĂ©es systĂ©matiquement[49] et auraient mĂȘme tendance Ă disparaĂźtre dans les noms propres devenus noms de rue[69]. LâInstitut national de l'information gĂ©ographique et forestiĂšre (Institut gĂ©ographique national jusquâen 2011) nâutilise pas non plus cet usage dans sa Charte de toponymie, notamment dans les exemples Place du ou Parc Henri IV[70]. La Poste française proscrit dâailleurs et paradoxalement lâusage du tiret (ou trait dâunion), en plus de toute ponctuation comme le point, la virgule ou mĂȘme lâapostrophe, dans les adresses postales pour faciliter les traitements automatiques[71] - [72].
Globalement les autres langues nâutilisent pas ou moins souvent le trait dâunion dans les dĂ©nominations. Par exemple, en anglais, « St. John St. » Ă lire « Saint John Street » correspondant au français « rue Saint-Jean ».
Noms des entités politiques et administratives
Les mĂȘmes rĂšgles que pour les noms de rues s'appliquent aux unitĂ©s administratives et politiques françaises ou dont le nom a Ă©tĂ©, partiellement ou totalement, francisĂ© (on Ă©crit New York par exemple, en l'absence de francisation). La rĂšgle s'applique Ă©galement Ă nombre de noms du domaine de la gĂ©ographie physique.
L'« unionisation » entraßne l'apparition d'une majuscule dans tous les noms et adjectifs unis dans l'expression. Trait d'union et majuscule sont donc les outils d'élaboration des noms composés des unités administratives et politiques.
Exemples : la Loire-Atlantique, Scey-sur-SaĂŽne-et-Saint-Albin, la Basse-Normandie, les CĂŽtes-d'Armor, la RhĂ©nanie-du-Nord-Westphalie, la Virginie-Occidentale, Chanteloup-les-Vignes, le Cap-Vert, la BohĂȘme-du-Sud, les Ătats-Unis, etc.
La partie du nom qui sera « unionisée » est ce qu'on appelle le spécifique (le nom « propre »), par opposition au générique (nom « commun »).
Ainsi, dans « département du Pas-de-Calais », « département » est générique, « Pas-de-Calais » est spécifique. Dans « pas de Calais », « pas » est un générique (synonyme de détroit), « Calais » est spécifique. Le cas du « département du Puy-de-DÎme » et du « puy de DÎme » est analogue ainsi que celui du « département des Alpes-Maritimes » et des « Alpes maritimes ».
De mĂȘme, on fera la diffĂ©rence entre :
- la province de l'Ăle-du-Prince-Ădouard et l'Ăźle du Prince-Ădouard qui donne son nom Ă la province ;
- la commune de L'Ăle-Saint-Denis et l'Ăźle Saint-Denis qui donne son nom Ă la commune ;
- le massif du Mont-Blanc et le mont Blanc ;
- la RĂ©publique du Cap-Vert et le cap Vert.
Les rectifications orthographiques du Rapport de 1990 entraĂźnent des diffĂ©rences inattendues, notĂ©es par Aurel Ramat : ce Rapport ne concernant pas les noms propres, il faut Ă©crire « la province de l'Ăle-du-Prince-Ădouard » (avec un accent circonflexe conservĂ©) et « lâile du Prince-Ădouard » (sans accent circonflexe) pour s'y conformer[73].
Cette rĂšgle simple n'est pas toujours respectĂ©e. On ne fait pas la diffĂ©rence entre l'Afrique du Sud comme synonyme d'« Afrique australe » et l'Afrique du Sud, l'Ătat (tout comme « Timor oriental » et « Timor-Oriental », « Ăźles Salomon » et « Ăles-Salomon »). On rencontre moins souvent « Irlande-du-Nord ». De mĂȘme, les formes avec tiret Provence-Alpes-CĂŽte-d'Azur, Mecklembourg-PomĂ©ranie-Occidentale ou Frioul-VĂ©nĂ©tie-Julienne ne sont pas les plus courantes.
L'usage ne différencie pas le Pays basque, région humaine et historique, et le Pays basque, unité administrative constituée par la communauté autonome du Pays basque. En France, la volonté de conseils régionaux comme celui du Nord-Pas-de-Calais qui écrivait son nom Nord-Pas de Calais, ajoute de la confusion[alpha 1].
Sur les entorses à cette rÚgle, voir les notes de Jean-Pierre Lacroux : Pays et territoires administrativement organisés [PDF] (à partir de la page 156 du PDF, à partir de la page 132 dans la numérotation des feuillets de l'auteur).
Ăchappent Ă©galement au trait d'union : la CorĂ©e du Nord, la CorĂ©e du Sud, la CĂŽte d'Ivoire (volontĂ© politique de ce pays, qui refuse Ă©galement toute traduction de son nom)[75], la GuinĂ©e Ă©quatoriale et le Saint-Empire romain germanique (pour Le Petit Robert, le Dictionnaire Hachette et Le Petit Larousse).
Jacques-Cartier (portant le nom de Jacques Cartier) et René-Lévesque (portant le nom de René Lévesque) sont des circonscriptions électorales situées au Québec.
Trait d'union avec pronom personnel ou démonstratif
- Les tournures interrogatives demandent des traits d'union avec les pronoms personnels (ou le pronom démonstratif ce) : est-on fatigué ? viendrez-vous avec nous ? comment allez-vous ? habite-t-il prÚs d'ici ? est-ce qu'il s'en ira bientÎt ?
- L'impĂ©ratif non nĂ©gatif nĂ©cessite l'usage d'un trait d'union entre le verbe et le pronom personnel complĂ©ment (direct ou non) qui le suit : donne-lui tout de mĂȘme Ă boire ! ; prends-la ! ; rendez-les ! ; excusez-moi ! ; laisse-moi, laisse-moi donc tranquille ! Il en est de mĂȘme avec l'impĂ©ratif des verbes pronominaux qui nĂ©cessite l'usage d'un trait d'union entre le verbe et le pronom personnel qui le suit : lĂšve-toi ! ; dĂ©pĂȘchons-nous ! ; asseyez-vous !
Il existe des tournures analogues avec les pronoms en et y : prends-en un peu et allons-y ! va-t'en d'ici ! laisses-en un peu ou retournes-y (avec dans ce dernier exemple un s euphonique avant chacun des traits d'union). Toutefois, si en ou y sont suivis d'un infinitif, ils s'Ă©crivent sans s euphonique et sans trait d'union : va y mettre bon ordre !
Dans le cas de forme négative, on ne met pas de trait d'union devant le pronom car celui-ci précÚde le verbe au lieu de le suivre : ne vous fatiguez surtout pas ! ; ne me dérangez pas ! n'en prenez plus !
- Double trait d'union :
L'impératif non négatif permet aussi des tournures avec deux pronoms personnels successifs précédés chacun d'un trait d'union : donne-la-lui ! ; redis-le-moi ! ; rappelle-le-toi ! ; chantez-la-nous ! ; tiens-le-toi pour dit ! ; tenons-le-nous pour dit ; parlez-nous-en ! ; menez-nous-y ! . Mais on écrit avec un seul trait d'union lorsque le deuxiÚme pronom personnel est le complément du verbe à l'infinitif: laisse-moi le lire ! ; faites-le nous parvenir ! ; fais-toi les couper ! ; laissez-moi en acheter ! .
Confusion avec le tiret
En raison de son accessibilitĂ© sur les dispositions de clavier (sur le pavĂ© numĂ©rique et en accĂšs direct sous la touche « 6 » sur lâazerty français), le trait dâunion, qui sert aussi parfois de signe moins, est fautivement utilisĂ© de plus en plus frĂ©quemment Ă la place du tiret (moins accessible[76]) ; or, autant leur Ćil que leur fonction diffĂšrent voire sont opposĂ©s : le trait dâunion unit, le tiret divise. Ainsi, les Ă©noncĂ©s suivants sont mal Ă©crits :
- - Bonjour, dit-il.
- - Au revoir, répondit-elle.
- Une chose - ou plutĂŽt un machin - en forme de poire.
On attendrait en effet un tiret cadratin pour le dialogue et demi-cadratin pour lâincise :
- â Bonjour, dit-il.
- â Au revoir, rĂ©pondit-elle.
- Une chose â ou plutĂŽt un machin â en forme de poire.
Dates et intervalles d'années
Contrairement à la typographie anglophone, dans la typographie française, les années sont séparées par un trait d'union (et sans espaces) pour indiquer un intervalle d'années[77] - [78]. Exemple : Victor Hugo (1802-1885).
Codage informatique
nom | glyphe | code HTML | code ASCII | Windows-1252 | MacRoman | ISO/CEI 8859-1 | Unicode |
---|---|---|---|---|---|---|---|
trait dâunion-signe moins c'est-Ă -dire tiret, trait dâunion, signe moins, Ă©galement appelĂ© « division » par les typographes | Oo - Oo | - | 45 (0x2d) | 45 (0x2d) | 45 (0x2d) | 45 (0x2d) | U+002d |
trait d'union conditionnel c'est-Ă -dire trait dâunion virtuel | Oo - Oo | ­ ou­ | â impossible â | 135 (0xad) | â impossible â | 135 (0xad) | U+00ad |
trait dâunion | Oo â Oo | ‐ | â impossible â | â impossible â | â impossible â | â impossible â | U+2010 |
trait dâunion insĂ©cable | Oo â Oo | ‑ | â impossible â | â impossible â | â impossible â | â impossible â | U+2011 |
puce trait dâunion | Oo â Oo | ⁃ | â impossible â | â impossible â | â impossible â | â impossible â | U+2043 |
- note : 0x ⹠⹠indique un code hexadécimal ; les codes Unicode sont toujours indiqués en hexadécimal.
Notes et références
Notes
- Le Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă l'Imprimerie nationale indique[74] les formes Nord - Pas-de-Calais et Provence - Alpes - CĂŽte d'Azur alors que l'Insee Ă©crit Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur.
Références
- Il s'agit d'un tiret « court ». En tant que trait d'union, il n'est jamais séparé des mots qu'il unit par des espaces.
- Commande C0 et latin de base [PDF], Unicode.
- Mathieu-Colas 1994, p. 16-18.
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- Holmes et Schutz 1938, p. 78.
- Catach 2001, p. 133.
- Catach 2001, p. 204.
- Le trait dâunion dans les termes mĂ©dicaux.
- Non peut aussi ĂȘtre adverbe, il ne prend alors pas de trait dâunion.
- Quasi peut aussi ĂȘtre adverbe, il ne prend alors pas de trait dâunion.
- Article « Grand », Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, Tome 2 (Ăoc - Map), 2e Ă©d., Ă©d. Imprimerie nationale/Fayard, Paris, 2005, (ISBN 2-21362-143-8).
- Lexique 2002, p. 127, s. v. Nombres en lettres.
- Dominique Dupriez, La Nouvelle Orthographe en pratique, De Boeck, 2018, p. 66.
- Chantal Contant et Romain Muller, Les Rectifications de lâorthographe du français : La Nouvelle Orthographe accessible, De Boeck, , p. 29.
- « Numéraux composés », Orthographe-recommandée.info.
- « Rectifications liĂ©es au trait dâunion et soudure : numĂ©raux », sur le site de la Banque de dĂ©pannage linguistique de l'Office quĂ©bĂ©cois de la langue française.
- « Les rectifications de lâorthographe : principes et rĂšgles », « Les rectifications de lâorthographe â Le trait dâunion â Ăcriture des nombres en lettres, p.12 », sur academie-francaise.fr.
- Grevisse 1998, p. 121.
- ClĂ©ment 2005, p. 242, § 892, s. v. Trait dâunion C. 2.
- GuĂ©ry 2010, p. 223, s.v. Trait dâunion.
- Lexique 2002, p. 151, s. v. Prénoms.
- Gouriou 2006, p. 18â19, s.v. 56.
- Lacroux 2008, s.v. Prénom :
« La tradition typographique, qui impose le trait dâunion entre tous les prĂ©noms composĂ©s français ou francisĂ©s, engendre des ambiguĂŻtĂ©s : il est dĂ©conseillĂ© de la respecter. »
- Ramat et Muller 2009, p. 102, s. v. Trait dâunion dans les prĂ©noms :
« On met le trait dâunion sâil sâagit dâun prĂ©nom composĂ©. Sâil sâagit de deux prĂ©noms, distincts, on ne met pas de trait dâunion. »
- Clément 2005, p. 202, § 745, s.v. Prénoms.
- LâIntermĂ©diaire volume LXIX, 1914, no 1395, colonne 399
- Journal officiel de la République française, 3 mai 1966
- Castex 2010
- MinistÚre de la Justice de la République française 1999
Dans cette rĂ©vision intĂ©grale de 1999 (il y a eu des rĂ©visions ultĂ©rieures, en raison de modification lĂ©gislatives sur d'autres points), on se reportera au paragraphe 111 (page 68 dans le document PDF), qui contient notamment cette phrase : « Les prĂ©noms simples sont sĂ©parĂ©s par une virgule, les prĂ©noms composĂ©s comportent un trait dâunion. »
- « En présence d'un prénom composé, le déclarant devra indiquer à l'officier de l'état civil s'il souhaite que les vocables le composant soient séparés par un tiret ou un simple espace. » - (MinistÚre de la justice de la République française 2011, p. 37)
- Directeur de lâĂ©tat civil du QuĂ©bec, 2013, Naissance, s.v. PrĂ©noms de lâenfant
- La Chambre des représentants du Royaume de Belgique 2004
- Lacroux 2008, s.v. Petite capitale lire en ligne.
- Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă l'Imprimerie nationale, >Ă©d. 2002, p. 31-36.
- Isabelle Fournier, NomPersonne 1.0, Description des Noms de personnes 12/12/2002.
- Lexique 2002, p. 155, s. v. Rue (noms de).
- Guéry 2000, p. 229-229, s. v. Voie publique.
- Code typographique 1993, p. 56, 40 (1er)
- Ramat 1994, p. 63.
- Grevisse et Goose 2008, § 109, b, 6°.
- Catach 1994, p. 91.
- Dupré 1972, tome 3, p. 2312, s. v. rue. noms de rues. :
« Cette initiative vient des P. et T. et des plaques officielles qui indiquent les noms des rues. LâOffice de la Langue française sâest Ă©levĂ© contre cet usage en le dĂ©clarant inutile. Cependant lâautoritĂ© quâil a prise provient du fait quâil simplifie la recherche des noms propres quâil soude dans les nombreuses listes alphabĂ©tiques oĂč ils figurent.
Aristide (Le Figaro LittĂ©raire, 17 novembre 1962) » - ClĂ©ment 2005, p. 251, § 940, s. v. Voies (Noms de) 4. Trait dâunion.
- Thomas 2007.
- Lambrechts 2004, p. 546, s. v. rue.
- Colin 2006, p. 616 et 621, s.v. Guide typographique 4-11 et 6-32.
- Le Petit Larousse illustré 2012
- Hanse 1994, page 591, s. v. Noms.
- Hanse et Blampain 2000, p. 578, s. v. Trait dâunion, 3. Noms de rues, de bĂątiments, etc.
- Dauzat 1947, p. 43
« On lie aussi par le trait dâunion les prĂ©noms doubles (Jean-Claude) et les noms de lieux composĂ©s (Pont-lâEvĂȘque), les noms de familles doubles (Durand-Chauvin). Pour le prĂ©nom et nom dans les noms de rues (rue François-CoppĂ©e) lâusage administratif du trait dâunion est fautif. »
- Le Figaro du 2 juillet 1938, p. 5 lire en ligne.
- André Goosse, Commission royale de dialectologie et de toponymie
- Lacroux 2008, s. v. Grade. lire en ligne.
- Dumont 1915, p. 88 :
« Il faut mettre un trait dâunion
1° Entre les mots composĂ©s qui servent Ă dĂ©signer une rue, une place, une commune, un dĂ©partement, un pays, une Ă©glise ou un Ă©tablissement dâenseignement :
Rue Remparts-aux-Moines
Rue Montagne-aux-Herbes-potagĂšres
Rue de lâHĂŽtel-de-Ville
Rue Godefroid-de-Bouillon
Rue des LavandiĂšres-Sainte-Opportune
[...]
Ăglise des Saints-Michel-et-Gudule
Ăglise Saint-François-de-Salles
[...]
Dans les cas suivants, le trait dâunion nâa pas de raison dâĂȘtre :
Boulevard du Nord
Rue de lâAbbĂ© GrĂ©goire
Avenue Paul Janson
Rue Paul Devaux
Rue Charles Buls
Avenue de la Brabançonne » - Directives pour les auteurs des publications en langue française.
- texte Gazette officielle du Québec, 31 mars 1982
- texte Dugas, Commission de toponymie du Québec
- Commission de toponymie, Gouvernement du Québec, Fiche descriptive : Rue Sieur-De Beaucours, version du 5 juillet 2012.
- Commission de toponymie, Gouvernement du Québec, Fiche descriptive : Rue Charles-De Gaulle, version du 5 juillet 2012.
- Dans l'exemple « Charles de Gaulle », qui donne « rue Charles-De Gaulle », « de » n'est pas une particule nobiliaire, malgré les apparences.
- Commission de toponymie, « Adresses... ou maladresses? »
- Bureau de la traduction du Canada, Le guide du rédacteur s. v. 3.3.7 Noms géographiques lire en ligne.
- Office fédéral de topographie, Recommandations
- Aslanoff 1986, p. 208-209, § 557.13.
- Lacroux 2008, p. 347 et 348, s. v. Voie et espace public. lire en ligne.
- Ramat et Muller 2009, p. 26, s. v. Spécifique des toponymes :
« On met gĂ©nĂ©ralement un trait dâunion entre les Ă©lĂ©ments du spĂ©cifique. [...] Toutefois, en ce qui concerne lâemploi du trait dâunion, lâusage nâest pas constant. [...] En cas de doute, en particulier dans les documents officiels, il est conseillĂ© de se renseigner sur lâorthographe officielle du toponyme. »
- Gouriou 2006, p. 41, § 105.
- Gouriou 2006, p. 20, § 57, note 1 :
« Les usages administratifs diffĂšrent de la typographie en ce que les arrĂȘtĂ©s fixant la dĂ©nomination dâune rue, dâune avenue, etc. se rĂ©fĂšrent Ă lâĂ©tat civil, lequel nâaccepte les traits dâunion que dans les noms composĂ©s rĂ©els. Câest toujours vrai pour les rues de Paris, oĂč lâofficielle Nomenclature des voies publiques et privĂ©es sâabstient de tous traits dâunion, sauf pour les composĂ©s rĂ©els. Un auteur peut lĂ©gitimement prĂ©fĂ©rer la coutume administrative aux habitudes typographiques. Câest, dâailleurs, la tendance actuelle : « avenue du MarĂ©chal de Lattre de Tassigny ». »
- Guide pĂ©dagogique pour lâĂ©criture et la disposition des textes, version no 5, janvier 1998, tableau 6.
- Institut géographique national, Charte de toponymie : Toponymie du territoire français, février 2003.
- Service national de lâAdresse, Bien gĂ©rer les adresses de vos fichiers.
- Les avantages dâavoir une bonne adresse, PostĂ©o Auvergne, numĂ©ro 25, Ă©tĂ© 2010.
- Ramat 2008, : voir plusieurs exemples choisis au Canada Ă la page 79.
- Lexique 2002, p. 155, s. v. RĂ©gions administratives.
- La forme « CÎte-d'Ivoire » reste utilisée dans certains articles du quotidien Libération ; la cÎte d'Ivoire désigne une portion du littoral ouest-africain ; le pays est parvenu à l'indépendance sous le nom de « CÎte-d'Ivoire »
- Le Alt code pour insérer un tiret cadratin (tiret de réplique) est le
A-0151
. Ainsi, pour insérer ce caractÚre, il faut :
1/ rester appuyé sur la touche Alt
2/ appuyer successivement sur 0, 1, 5 puis 1
3/ relùcher la touche Alt - Typographie : écrire correctement les dates - Clavier et style par Alpha et Oméga Nantes, 6 avril 2011
- Typographie > Années, dates, nombres et pages - Marc-André Roberge, Université Laval, 2018
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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- Lucien Castex, « uB, droit de la famille - nom et prénom »,
- Nina Catach, Orthographe et lexicographie : les mots composés, Paris, Nathan, , 196 p. (ISBN 978-2-7433-0482-9)
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- « Bulletin n° : B022 - Question et réponse écrite n° : 0149 - Législature : 51 », sur La Chambre des représentants du Royaume de Belgique,
- Jean-Pierre Clément, Dictionnaire typographique : petit guide du tapeur : à l'usage de ceux qui tapent, saisissent ou composent textes, thÚses ou mémoires à l'aide d'un micro-ordinateur, Paris, Ellipses, , 255 p. (ISBN 2-7298-1998-3)
- Jean-Paul Colin, Dictionnaire des difficultés du français, Paris, Dictionnaires Le Robert, (ISBN 2-84902-354-X)
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- Jean-Pierre Lacroux, Orthotypo : orthographe & typografie françaises. Dictionnaire raisonné, Paris, Quintette, (ISBN 978-2-86850-147-9, lire en ligne)
- Le Petit Larousse illustré 2012, Paris, Larousse, , XXXII pages + 1972 (ISBN 978-2-03-584097-4)
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- Aurel Ramat, Le Ramat typographique, Ă©ditions Charles Corlet, , 127 p. (ISBN 978-2-85480-468-3)
- Aurel Ramat, Le Ramat de la typographie, Aurel Ramat Ă©diteur, , 9e Ă©d., 224 p. (ISBN 978-2-922366-04-4)
- Aurel Ramat et Romain Muller, Le Ramat européen de la typographie, Dijon, De Champlain, , 224 p. (ISBN 978-2-9534965-0-5)
- RĂ©publique française, « Instruction du 12 avril 1966 modifiant lâinstruction gĂ©nĂ©rale relative Ă lâĂ©tat civil », Journal officiel,â , p. 3516-3531 (lire en ligne)
- Adolphe Thomas, Dictionnaire des difficultés de la langue française, Paris, Larousse, , 435 p. (ISBN 978-2-03-583711-0).
Annexes
Articles connexes
- Emploi du trait d'union pour les préfixes en français
- Comparatif des différents codes typographiques francophones
- Rectifications orthographiques du français en 1990
- Guerre du trait d'union (qui divisa la République fédérale tchéco(-)slovaque)
- Trait d'union conditionnel (c'est-Ă -dire virtuel) indique oĂč une coupure de mot est permise
- Double tiret
- CĂ©sure, syllabe
Liens externes
- « Les rectifications de l'orthographe » : Rapport devant le Conseil supĂ©rieur de la langue française - Journal officiel, (AcadĂ©mie française. Quelques gĂ©nĂ©ralitĂ©s sur le trait dâunion Ă propos des rectifications orthographiques du français en 1990) [PDF]
- Orthotypo : Orthographe & typographie françaises - Jean-Pierre Lacroux [PDF] (voir également la version HTML de l'ouvrage sous licence Creative Commons).
- Tirets et parenthÚses, ou le for intérieur - Pedro Uribe Echeverria, L'Express,