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Rue du Faubourg-Saint-Honoré

La rue du Faubourg-Saint-Honoré est une voie du 8e arrondissement de Paris qui le traverse d'est en ouest, au travers des quartiers de la Madeleine et du Faubourg-du-Roule.

8e arrt
Rue du
Faubourg-Saint-Honoré
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La rue du Faubourg-Saint-Honoré.
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Situation
Arrondissement 8e
Quartier Madeleine
Faubourg-du-Roule
DĂ©but 15-19, rue Royale
Fin 46, avenue de Wagram et 2, place des Ternes
Morphologie
Longueur 2 070 m
Largeur Entre les rues Royale
et La Boétie : 14,50
ensuite : 13,80 m
Historique
Dénomination Décret ministériel du
Ancien nom Chaussée du Roule
rue du Bas-Roule
rue du Haut-Roule
rue du Faubourg-du-Roule
GĂ©ocodification
Ville de Paris 3542
DGI 3518
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue du Faubourg-Saint-Honoré
GĂ©olocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 8e arrondissement de Paris)
Rue du Faubourg-Saint-Honoré
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Situation et accès

Elle commence rue Royale et se termine place des Ternes. Elle est longue de 2 070 mètres.

Il s'agit de l'une des rues les plus luxueuses de la capitale. Outre le palais de l'Élysée, résidence officielle du président de la République française, la rue du Faubourg-Saint-Honoré est l'adresse d'ambassades, de magasins de luxe et de haute couture ainsi que de galeries d'art et d'antiquités prestigieuses.

Elle est desservie à proximité par la ligne (M) (9) à la station Saint-Philippe du Roule, ainsi que par les lignes de bus RATP 52 83 93, à l'arrêt Saint-Philippe du Roule.

Origine du nom

La rue du Faubourg-Saint-Honoré doit son nom au fait qu'elle traversait le hameau et prolongeait la rue Saint-Honoré à l'extérieur du mur d'enceinte qui desservait l'église Saint-Honoré[1]. Le faubourg est primitivement un quartier « fors le bourg » (de l'ancien français « fors », issu du latin foris, « en dehors » et de borc, bourg, forsborc vers 1200, forbours vers 1260[2]).

Le faubourg Saint-Honoré vers 1780.

Historique

Au Moyen Âge, c'était la voie qui, en prolongement de la rue Saint-Honoré, allait de l'église Saint-Honoré, aujourd'hui disparue et qui était située entre les rues Croix-des-Petits-Champs et des Bons-Enfants, au pont du Roule. Elle s'appelait déjà « rue du Faubourg-Saint-Honoré ».

Ă€ partir de 1633, cette appellation est rĂ©servĂ©e Ă  la rue situĂ©e Ă  l'ouest de la nouvelle porte Saint-HonorĂ© reconstruite en 1631[3] « Ă  400 toises de l'ancienne », Ă  peu près au niveau de la rue Royale et qui va jusqu'au faubourg du Roule après avoir traversĂ© le Grand Égout, qui se situait approximativement au carrefour avec la rue du ColisĂ©e. On parle alors de « nouveau faubourg Saint-HonorĂ© ». Au-delĂ  de celui-ci, au niveau du village du Roule (voir « Quartier du Faubourg-du-Roule »), la voie devint « chaussĂ©e du Roule ». Cette section prit par la suite successivement les noms de « rue du Bas-Roule », « rue du Haut-Roule » et « rue du Faubourg-du-Roule ». Elle est citĂ©e sous le nom de « ChaussĂ©e du faulxbourg Saint HonnorĂ© », dans un manuscrit de 1636.

Le quartier du faubourg Saint-HonorĂ© se dĂ©veloppe rapidement Ă  partir de la fin du XVIIe siècle sous l'impulsion de riches financiers qui y font construire des hĂ´tels particuliers dont tĂ©moignent ceux qui ont Ă©tĂ© conservĂ©s entre la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ© et l'avenue Gabriel. Plusieurs phĂ©nomènes concourent Ă  ce dĂ©veloppement : la pression dĂ©mographique au centre de Paris — la capitale dĂ©passe 500 000 habitants dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle —, le dĂ©clin du quartier du Marais et l'installation du rĂ©gent Philippe d'OrlĂ©ans au Palais-Royal proche Ă  partir de 1715.

Les déclarations royales de 1724 et 1726 donnent un coup d'arrêt à la spéculation en interdisant de percer de nouvelles rues et de bâtir dans les faubourgs des maisons à porte cochère[4], mais les habitants du faubourg Saint-Honoré s'insurgent et réclament un traitement privilégié[5].

En 1733, avec l'extension de la ville jusqu'au mur des Fermiers généraux, la porte Saint-Honoré est supprimée et l'octroi est transféré au Roule. La limite d'interdiction de bâtir est reportée en 1740 jusqu'à la rue des Saussaies et, le , jusqu'à la rue de Chaillot (actuelle rue de Berri). La création de la place Louis-XV (actuelle place de la Concorde) en 1757 relance la spéculation[3].

L'impératrice Eugénie, sans doute superstitieuse, fit supprimer le no 13 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, qui n'a jamais été rétabli[6].

Plaque du jumelage avec la Cinquième Avenue à New York.

En 1964, sous l'égide du Comité du Faubourg Saint-Honoré, la rue est jumelée avec la Cinquième Avenue de New York[7]. La rue du Faubourg-Saint-Honoré est aussi jumelée avec la Via Condotti à Rome[8].

Une partie de la voie délimitait la ZAC Beaujon[9].

En 2016, à la suite de la mise en place du plan Vigipirate à la suite des nombreux attentats islamistes qui frappent le territoire français, la rue est définitivement fermée au public entre la rue de Duras et la place Beauvau. Cela affecte la fréquentation des magasins situés sur cette portion de rue, jusque-là visités par une clientèle fortunée[10].

Description

Du côté impair, le début de la rue est bordé par des hôtels particuliers entre cour et jardin dont les parcelles vont jusqu'à l'avenue Gabriel, c'est-à-dire qu'elles donnent sur les Champs-Élysées. Ce sont aujourd'hui pour la plupart des bâtiments officiels, tels que l'hôtel de Pontalba, résidence de l'ambassadeur des États-Unis, ou l'hôtel de Charost, siège de l'ambassade du Royaume-Uni.

« Encore au début de ce siècle, écrit le dramaturge André de Fouquières en 1956, la différence entre le côté des numéros impairs et le côté des numéros pairs du faubourg était immédiatement perceptible. On trouvait, d'une part, une suite de façades aveugles, hauts murs masquant des demeures isolées par des cours et donnant sur jardins joignant les Champs-Élysées ; d'autre part, c'étaient des immeubles locatifs, où les fournisseurs des gens d'en face avaient choisi d'avoir boutique à proximité de leur clientèle. Cette division n'est plus guère sensible aujourd'hui parce que les grands hôtels patriciens ont changé de destination. La société qui devait attirer en cette voie parisienne une certaine forme de négoce a disparu, mais par un phénomène de persistance moins rare qu'on ne le supposerait, le commerce de luxe reste l'apanage du faubourg Saint-Honoré[11]. »

Au premier quart de la rue se trouve la place Beauvau, où est sis l'hôtel de Beauvau, qui abrite le ministère de l'Intérieur. Entre la place Beauvau et l'avenue Matignon, outre l'hôtel Le Bristol, se trouvent de nombreuses galeries de peintures et marchands d'art et d'antiquités de grande qualité.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Les premières maisons de la rue du Faubourg-Saint-Honoré ont été incendiées par les communards en 1871, avec une partie de la rue Royale.

  • No 3 : Ă  cette adresse se trouvait en 1928 la galerie d'art Ecalle[12] dans laquelle exposa, entre autres, Adrien Karbowsky.
  • No 6 : immeuble qui fut habitĂ© par l'Ă©crivain Henry Monnier, crĂ©ateur du personnage de Monsieur Prudhomme.
  • No 9 : c'Ă©tait, Ă  l'enseigne Aux Montagnes russes, une maison acquise en 1832 par le fils d'un mĂ©decin d'Auteuil, Chardon-Lagache[Note 1] - [13]. La femme d'un pair de France qui fut ambassadeur auprès du tsar, la baronne de Barante[Note 2], introduisit son fournisseur auprès de la haute sociĂ©tĂ© de la monarchie de Juillet et les Montagnes russes devinrent un magasin Ă  la mode en une Ă©poque qui fut dĂ©cisive pour le destin du faubourg Saint-HonorĂ©[14].
  • No 14 : immeuble construit Ă  la fin du XVIIIe siècle, occupĂ© entre 1811 et 1835 par la mairie de l'ancien 1er arrondissement. Salle des fĂŞtes au rez-de-chaussĂ©e.
  • No 19 : immeuble construit Ă  la fin du XVIIIe siècle, occupĂ© au rez-de-chaussĂ©e par la parfumerie crĂ©Ă©e par Jean-François Houbigant en 1775. Maurice Étienne Legrand, dit Franc-Nohain (1872-1934), Ă©crivain et poète y a habitĂ© au no 71[15].
Plaque au no 20.
  • No 20 : magasin de l'antiquaire Yvonne de Bremond d'Ars jusqu'en 1968. Une plaque commĂ©morative lui rend hommage.
  • Nos 21-23 : immeubles de rapport construits en 1776 pour le fermier gĂ©nĂ©ral Le Roy de Senneville.
  • No 22 : en 1889, la couturière Jeanne Lanvin[16] (1867-1946) ouvre sa première boutique de chapeaux dans l’entresol du 16, rue Boissy-d’Anglas[17] et, quatre ans plus tard, inaugure sa maison au 22 de la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©[18]. On peut observer sur la façade un cartouche portant la date de 1886. L’entresol, oĂą dĂ©buta la couturière française, n’existe plus et a Ă©tĂ© remplacĂ© par les hautes vitrines de la maison Lanvin.
  • No 24 : immeuble du XVIIIe siècle, très remaniĂ©, qui abrite la maison Hermès depuis 1879. Le toit-terrasse du bâtiment est occupĂ© par un petit jardin privatif. Durant la Seconde Guerre mondiale, la famille Hermès y avait d'abord amĂ©nagĂ© un potager, transformĂ© en espace vert Ă  la LibĂ©ration. Depuis 1987 est installĂ©e sur le rebord la statue d'un cheval et de son cavalier, brandissant des carrĂ©s de la marque. Il s'agit autant d'une rĂ©fĂ©rence Ă  l'histoire d'Hermès, dĂ©diĂ© Ă  l'origine Ă  la sellerie, que du souvenir de la descente de l'avenue des Champs-ÉlysĂ©es par un cavalier solitaire muni de feux d'artifice, le 14 juillet 1801 ; voulant cĂ©lĂ©brer la RĂ©publique en plein Consulat, il fut arrĂŞtĂ©[19].
  • No 25 : rĂ©sidence parisienne des princes de Monaco jusqu'Ă  ce que le prince Albert Ier la transfère dans l'hĂ´tel de l'avenue Georges-Mandel[20]. Igor Stravinsky y a habitĂ© de 1934 Ă  1939[21].
  • No 27 : un hĂ´tel se trouve au fond de la cour[22]. Ă€ la fin du XIXe siècle, l'immeuble appartenait Ă  l'agent de change Adolphe Abeille (nĂ© en 1848) dont la maĂ®tresse, Alphonsine Demay, habitait au no 66 : « Il Ă©tait un Ă©picurien convaincu. Il Ă©tait riche ; mais il n'avait pas le souci du faste. Il dĂ©pensait sans compter, voilĂ  tout. Il n'avait pas le goĂ»t du monde et il Ă©tait dĂ©pourvu, Ă  cet Ă©gard, d'ambitions. Il vivait entre Nice, Paris et Lamorlaye, près de Chantilly, oĂą il surveillait ses Ă©curies de course, car il aimait le cheval et l'atmosphère des hippodromes. […] Faubourg Saint-HonorĂ©, il disposait d'une charmante garçonnière, dont les fenĂŞtres donnaient sur le jardin, vers l'avenue Gabriel. Mme Demay aidait le maĂ®tre de maison Ă  y recevoir des amis choisis. La chère Ă©tait dĂ©licate et la cave Ă©tait sans pareille[23]. »
  • No 29 : hĂ´tel de Rohan-Montbazon, construit en 1719 par Pierre Cailleteau dit Lassurance. remaniĂ© au XIXe siècle, un salon a conservĂ© un dĂ©cor Empire. Anciennement, une boutique Chanel[24].
  • No 30 : citĂ© du Retiro.
  • No 31 : hĂ´tel Pillet-Will, ancien hĂ´tel Marbeuf, ayant appartenu Ă  Jean-Hyacinthe Davasse de Saint-Amarand (Albi, –Paris, ), fermier gĂ©nĂ©ral ayant contribuĂ©, comme les 64 autres fermiers gĂ©nĂ©raux, aux frais de l'Ă©dition dite des fermiers gĂ©nĂ©raux des Fables de La Fontaine Ă©tablie par Barbou Ă  Paris en 1762. Actuelle rĂ©sidence de l'ambassadeur du Japon en France.
  • L'hĂ´tel Chevalier (au premier plan) et l'hĂ´tel de Charost abritent la chancellerie de l'ambassade et la rĂ©sidence du Royaume-Uni en France.
    L'hôtel Chevalier (au premier plan) et l'hôtel de Charost abritent la chancellerie de l'ambassade et la résidence du Royaume-Uni en France.
  • No 39 : hĂ´tel de Charost, construit en 1720-1722 par Antoine Mazin pour Armand de BĂ©thune, deuxième duc de Charost. En 1760, le comte de La Marck y fait rĂ©aliser un dĂ©cor intĂ©rieur nĂ©o-classique par l'architecte Pierre Patte. D'importantes transformations sont effectuĂ©es pour Pauline Bonaparte, princesse Borghèse, propriĂ©taire entre 1803 et 1815, notamment la construction d'une galerie en retour sur le jardin pour prĂ©senter les tableaux de la cĂ©lèbre collection Borghèse et les dĂ©cors intĂ©rieurs. Acquis en 1814, avec la totalitĂ© du mobilier Ă  l'exception des tableaux, par le Royaume-Uni pour y installer son ambassade : l'ambassadeur Lord Granville fait construire une aile symĂ©trique pour servir de salle de bal et relie les deux ailes par une galerie vitrĂ©e construite par Louis Visconti en 1825 (l'un des premiers exemples des jardins d'hiver qui se multiplieront sous le Second Empire) ; la chambre d'apparat est transformĂ©e en salle du trĂ´ne Ă  l'occasion de la visite en France de la reine Victoria. Abrite aujourd'hui la rĂ©sidence de l'ambassadeur du Royaume-Uni. C'est dans cet hĂ´tel que fut cĂ©lĂ©brĂ© en 1833 le mariage du compositeur Hector Berlioz avec la tragĂ©dienne Harriet Smithson[6].
  • No 41 : hĂ´tel de Pontalba, construit entre 1842 et 1855 par Louis Visconti pour la baronne Michaela de Pontalba sur l'emplacement de l'ancien hĂ´tel d'Aguesseau, qu'elle avait achetĂ© en 1836. Le baron Edmond de Rothschild l'achète en 1876 et le fait presque entièrement reconstruire par son architecte FĂ©lix Langlais, qui n'a laissĂ© intacts que le hall et le portail d'entrĂ©e, mais a respectĂ© le plan en « H » de l'Ă©difice. Le fronton de la façade sur jardin, ornĂ© d'une statue de Flore due au sculpteur RenĂ© Charpentier, provient de l'ancien hĂ´tel du Maine, rue de Lille, que le baron de Pontalba avait achetĂ© en 1838 et fait raser[25]. C'est Edmond de Rothschild qui a fait remonter Ă  l'hĂ´tel de Pontalba le cabinet de laques de Chine provenant du mĂŞme hĂ´tel du faubourg Saint-Germain[26]. L'hĂ´tel de Pontalba fut acquis en 1948 par les États-Unis pour y loger des bureaux de son ambassade. RestaurĂ© entre 1966 et 1971, il abrite aujourd'hui la rĂ©sidence de l'ambassadeur des États-Unis.
  • Nos 43 Ă  53 : l'Ă®lot situĂ© entre le no 43 et la rue de l'ÉlysĂ©e fut loti dans le cadre d'une opĂ©ration de promotion immobilière rĂ©alisĂ©e dans le troisième quart du XVIIIe siècle par le financier Étienne-Michel Bouret (1708-1777). Il abrita six hĂ´tels particuliers. L'un (hĂ´tel de Brunoy), fut bâti par Étienne-Louis BoullĂ©e ; la construction des cinq autres fit intervenir, parfois successivement, et dans des proportions qui ne sont pas faciles Ă  dĂ©terminer, Mathurin Cherpitel, Guillaume-Martin Couture et Jean-Baptiste Louis Élisabeth Le Boursier. Bouret avait acquis des hĂ©ritiers de Julien de La Faye en plusieurs transactions, entre 1767 et 1769, de vastes terrains qui s'Ă©tendaient entre la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ© au nord, l'avenue des Champs-ÉlysĂ©es au sud, le palais de l'ÉlysĂ©e Ă  l'ouest et ce qui est aujourd'hui l'hĂ´tel de Pontalba, et qui Ă©tait alors l'hĂ´tel de Poyanne, Ă  l'est :
    • un premier terrain, correspondant Ă  un lot adjugĂ© Ă  Julien de la Faye sur le Sr Le Bouteux par sentence du , et correspondant aux actuels nos 43 Ă  47, fut partagĂ© en trois lots sur lesquels se construisirent trois hĂ´tels :
      • no 43 : hĂ´tel Bouret, puis hĂ´tel d'Andlau (ancien no 16). C'est dans cet hĂ´tel que Bouret se suicida en s'empoisonnant Ă  l'arsenic en 1777. Après sa mort, l'hĂ´tel fut achetĂ© le par le comte et la comtesse d'Andlau. Le comte d'Andlau y fit placer des panneaux peints par Jean-Baptiste Oudry pour le château de VorĂ© ;
      • no 45 : hĂ´tel de Brunoy (ancien no 16 bis). HĂ´tel Ă©difiĂ© en cĹ“ur d'Ă®lot sur une parcelle donnant sur les Champs-ÉlysĂ©es, accessible par un passage s'ouvrant au no 45 entre les hĂ´tels d'Andlau et de Sabran, vendue en 1774 par Bouret Ă  la commanditaire, Jeanne Françoise Émilie de PĂ©russe des Cars (vers 1745-1823), marquise de Brunoy. Construit entre 1775 et 1779 par l'architecte Étienne-Louis BoullĂ©e, l'hĂ´tel de Brunoy, souvent appelĂ© le « temple de Flore », fut considĂ©rĂ© par les contemporains comme le chef-d'Ĺ“uvre de l'architecte. Il a Ă©tĂ© dĂ©truit en 1930 ;
      • no 47 : hĂ´tel de Sabran (ancien no 17), contigu Ă  l'hĂ´tel d'Andlau et achevĂ© par Mathurin Cherpitel dans les annĂ©es 1770 Ă  partir d'un hĂ´tel vendu inachevĂ© par le financier Bouret. Il tient son nom de sa propriĂ©taire, Françoise ÉlĂ©onore de Jean de Mandeville (1750-1827), comtesse de Sabran-Grammont par son mariage avec le comte ElzĂ©ar Joseph de Sabran-Grammont, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es navales, plus âgĂ© qu'elle d'un demi-siècle et qui la laissa veuve Ă  25 ans avec deux enfants : ElzĂ©ar (1774-1846) et Delphine (1771-1826), future marquise de Custine et maĂ®tresse de François-RenĂ© de Chateaubriand ;
    • un second Ă®lot, correspondant aux actuels nos 49 Ă  53, qui comprenait, lorsque Bouret en fit l'acquisition, un seul hĂ´tel Ă©difiĂ© du cĂ´tĂ© du palais de l'ÉlysĂ©e, fut Ă©galement partagĂ© en trois lots selon le mĂŞme principe (deux hĂ´tels sur la rue et un troisième en cĹ“ur d'Ă®lot) :
      • no 49 (ancien no 18) : ancien hĂ´tel de Villemorien. Sa construction fut sans doute confiĂ©e par Bouret Ă  Le Boursier. Elle Ă©tait en cours en 1772. Avec l'hĂ´tel du no 20, avec lequel il communiquait par un passage souterrain permettant d'avoir en commun certains services[27], il fut vendu par le promoteur Ă  son gendre, Philippe Charles Legendre de Villemorien (1717-1789), fermier gĂ©nĂ©ral, le . Celui-ci ne l'occupa jamais mais loua le bâtiment sur rue[Note 3] puis en vendit l'usufruit le Ă  Charlotte OrĂ©, veuve du comte de Vassy[28]. Le , alors veuve en secondes noces de Louis Charles Joseph Le Tonnelier de Breteuil, elle cĂ©da son usufruit Ă  Henry GĂ©dĂ©on Ignace de Paulian, dĂ©putĂ© de Saint-Domingue. La maison Ă©tait alors louĂ©e, depuis 1792, Ă  Mme de La Tour du Pin, veuve de François David Bollioud de Saint-Julien, ancien receveur du clergĂ© de France. Ă€ la mort de Mme de Breteuil le , l'usufruit s'Ă©teignit et l'intĂ©gralitĂ© de la propriĂ©tĂ© se trouva rĂ©unie entre les mains de la vicomtesse de BĂ©renger[29]. Son fils, Antoine Raymond de BĂ©renger, la vendit le Ă  Maria Assunta Leonida Butini, veuve d'Edmond, comte de Bourke, ministre plĂ©nipotentiaire du roi du Danemark. L'hĂ´tel Ă©tait alors louĂ© depuis 1816 au marĂ©chal Marmont, duc de Raguse. Après la mort de la comtesse de Bourke en 1845, son fils vendit la maison en 1847 au duc de GalliĂ©ra, important spĂ©culateur immobilier dans le quartier, qui la revendit rapidement Ă  Charles Tavernier, qui y vĂ©cut jusqu'en 1851. L'hĂ´tel fut alors acquis par Émile Pereire, le , qui le fit dĂ©molir pour construire l'immeuble de rapport qui fait l'angle de la rue de l'ÉlysĂ©e ;
      • no 51 (ancien no 19) : l'ancien hĂ´tel de Vergès, puis hĂ´tel de Saxe, ensuite hĂ´tel Sebastiani, se situait Ă  l'emplacement oĂą a Ă©tĂ© ouverte la rue de l'ÉlysĂ©e. Sur le faubourg Saint-HonorĂ©, une porte cochère cintrĂ©e flanquĂ©e de deux colonnes d'ordre dorique et surmontĂ©e d'un entablement s'ouvrait entre les deux hĂ´tels de Villemorien. Derrière la porte cochère, une allĂ©e d'une soixantaine de mètres de longueur menait Ă  l'hĂ´tel particulier Ă©levĂ© au fond d'une vaste cour et dont le jardin, sur l'arrière, s'Ă©tendait jusqu'Ă  l'avenue Gabriel oĂą il donnait par une double grille. Cet hĂ´tel appartenait au marĂ©chal Horace SĂ©bastiani (1771-1851), fidèle de Louis-Philippe Ier et plusieurs fois ministre. Il fut le théâtre, le , d'un des principaux scandales de la monarchie de Juillet : l'assassinat par le duc de Praslin de sa femme, Fanny, fille du marĂ©chal ;
      • no 53 (ancien no 20) : un second hĂ´tel de Villemorien, ultĂ©rieurement hĂ´tel de Castellane, a Ă©tĂ© dĂ©truit et incorporĂ© dans le palais de l'ÉlysĂ©e lors de la construction de la cour de service orientale et des bâtiments qui l'entourent, au XIXe siècle. Lorsque Bouret fit l'acquisition des terrains, cet emplacement comportait dĂ©jĂ  un hĂ´tel que le financier avait commencĂ© par donner Ă  bail Ă  vie, le , Ă  Charles-Maurice de Monaco (1727-1798), comte de Valentinois. Le projet Ă©tait alors de transformer une partie du bâtiment sur rue pour y crĂ©er un bel appartement comprenant un beau salon crĂ©Ă© en Ă©tendant le bâtiment du cĂ´tĂ© du passage du futur hĂ´tel de Vergès, une vaste bibliothèque, un cabinet des mĂ©dailles, d'utiliser une aile Ă©difiĂ©e en retour Ă  droite sur la cour et de bâtir au fond de celle-ci un petit corps de logis neuf entre cour et jardin comprenant au premier Ă©tage antichambre, salon et chambre Ă  coucher. Mais ce projet ne fut pas mis Ă  exĂ©cution et le comte de Valentinois continua d'habiter le faubourg Saint-Germain[Note 4]. Le bail Ă  vie qui lui avait Ă©tĂ© consenti fut annulĂ© le . Bouret dĂ©cida alors de vendre les hĂ´tels des nos 18 et 20 Ă  son gendre, Philippe Charles Legendre de Villemorien. Ce dernier habita l'hĂ´tel du no 20, lĂ©gèrement plus spacieux que l'autre, et qui bĂ©nĂ©ficiait d'un accès aux jardins des Champs-ÉlysĂ©es grâce Ă  un Ă©troit passage, crĂ©Ă© le long du mur d'enceinte du palais de l'ÉlysĂ©e, simple chemin herbeux de deux mètres de large reliant le faubourg Ă  l'avenue Gabriel, qui Ă©tait louĂ©, en 1847, Ă  la femme Poiriot, marchande de lait de chèvre, qui y faisait paĂ®tre ses animaux. Au dĂ©bouchĂ© de ce passage fut amĂ©nagĂ© un petit pavillon du cafĂ© bĂ©nĂ©ficiant d'une vue imprenable et qui devint, après la dĂ©molition de l'hĂ´tel, un cafĂ© de l'avenue Gabriel. Lors de la vente le , l'hĂ´tel du no 20, sans doute commencĂ© par Le Boursier, n'Ă©tait pas encore achevĂ©, les glaces et les boiseries devaient encore ĂŞtre posĂ©es. Les amĂ©nagements furent sans doute terminĂ©s sous la direction de l'architecte Guillaume-Martin Couture, dont le frère, Joseph-Abel, avait travaillĂ© pour Legendre de Villemorien dans son château de Valençay. Après la mort de Legendre de Villemorien, sa veuve se remaria avec le baron Grimaldi et quitta l'hĂ´tel. Sa fille, la vicomtesse de BĂ©renger, qui occupait dĂ©jĂ  avec son mari l'appartement du second Ă©tage, hĂ©rita de l'hĂ´tel tandis que son frère recevait le château de Valençay. Elle quitta le faubourg Saint-HonorĂ© et loua l'appartement principal, le , au gĂ©nĂ©ral de Gouvion-Saint-Cyr. Ă€ la mort de la vicomtesse de BĂ©renger, en 1818, la propriĂ©tĂ© revint Ă  son fils aĂ®nĂ©, Antoine Raymond de BĂ©renger, pair de France, qui la vendit le Ă  la marĂ©chale de Castellane nĂ©e Greffulhe, qui y demeura jusqu'Ă  sa mort en 1847 et transmit ensuite l'hĂ´tel Ă  l'une de ses filles, Ă©pouse du comte Maximilien de Hatzfeld, ministre de Prusse Ă  Paris. En exĂ©cution d'une loi du , l'hĂ´tel fut acquis par l'État pour agrandir le palais de l'ÉlysĂ©e. Après avoir reçu quelques transformations, il fut dĂ©moli en 1854. Certains Ă©lĂ©ments de dĂ©cor furent alors remployĂ©s au palais de l'ÉlysĂ©e tandis que six toiles peintes commandĂ©es en 1774 Ă  Jean-Pierre HouĂ«l Ă©taient envoyĂ©es au musĂ©e du Louvre[Note 5].
  • No 46 : l'antiquaire Nathan Wildenstein (1851-1934) y installa sa galerie en 1890 avant de dĂ©mĂ©nager en 1905 pour le 57, rue La BoĂ©tie. C'Ă©tait en ces lieux qu'en 1950 la galerie des Beaux-Arts tenait le Salon de la Jeune Peinture.
  • No 48 : Edme-Bonaventure Courtois, y a habitĂ©[30].
  • No 49 : ambassade de Colombie en France (entrĂ©e et adresse : 22, rue de l'ÉlysĂ©e).
  • No 53 : Georges Eugène Haussmann est nĂ© Ă  ce numĂ©ro de la rue du Faubourg-du-Roule (intĂ©grĂ©e depuis lors dans la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©), dans une maison que ses propres travaux amenèrent Ă  dĂ©truire.
  • No 55 : le palais de l'ÉlysĂ©e, la rĂ©sidence officielle et le lieu de travail du prĂ©sident de la RĂ©publique française. C'est l'ancien hĂ´tel d'Évreux, du nom de son premier propriĂ©taire, Louis-Henri de La Tour d'Auvergne, comte d'Évreux. Construit en 1720 par l'architecte Armand Claude Mollet Ă  la demande du comte d'Évreux, le palais de l'ÉlysĂ©e a connu une histoire très riche : propriĂ©tĂ© royale, il fit office de rĂ©sidence d'ambassadeur, puis de salon d'exposition. Joachim Murat, beau-frère de l'empereur NapolĂ©on Ier, en fit sa rĂ©sidence personnelle avant d'en faire don Ă  l'empereur, qui y signa son acte d'abdication en 1815 en faveur de son fils NapolĂ©on II. Devenue rĂ©sidence officielle du prĂ©sident de la RĂ©publique sous le mandat de Patrice de Mac Mahon, tous les prĂ©sidents de la RĂ©publique française ont fait de l'ÉlysĂ©e leur lieu de travail, une majoritĂ© de prĂ©sidents l'ayant habitĂ©.
  • Boutique Azzaro aux nos 65-67.
    Boutique Azzaro aux nos 65-67.
  • Galerie d'Art Saint-HonorĂ© au no 69.
    Galerie d'Art Saint-Honoré au no 69.
  • No 71 : Maurice Étienne Legrand, dit Franc-Nohain (1872-1934), Ă©crivain et poète y a habitĂ©[15]. Il a habitĂ© Ă©galement au no 19.
  • No 71 : ValĂ©ry Giscard d'Estaing y a vĂ©cu et sa famille Ă  partir de 1935[31].
  • No 73 :
  • No 75 : petit hĂ´tel de la fin du XVIIIe siècle en fond de cour abritant le siège français du constructeur Boeing (2002). AndrĂ© Arbus y habitait en 1954.
  • No 76 : l'immeuble de la galerie Charpentier, cĂ©lèbre galerie de peinture, abrite dĂ©sormais la maison de ventes Sotheby's, Ă  l'angle de la rue de Duras.
  • No 85 : hĂ´tel de La Vaupalière, construit par Louis-Marie Colignon en 1768 sur un terrain lui appartenant et aussitĂ´t louĂ© au marquis de La Vaupalière. La façade sur jardin (visible depuis le 25, avenue Matignon) est caractĂ©ristique du style Louis XVI. L'hĂ´tel a Ă©tĂ© occupĂ© sous la Restauration par le comte Roederer, puis par le comte MolĂ©, qui fit remanier la façade sur cour. La demi-mondaine Laure Hayman y habite en 1873[34]. Il abrite aujourd'hui le siège de la sociĂ©tĂ© Axa, qui y a fait installer des pastiches de dĂ©cors anciens.
  • Nos 89-91 : immeuble moderne Ă©difiĂ© Ă  l'emplacement de deux hĂ´tels :
    • au no 91 : un hĂ´tel entièrement reconstruit en 1864 ;
    • au no 89 : l'hĂ´tel de Coigny (devenu en 1867 l'hĂ´tel de Preaulx[35]) construit au XVIIIe siècle puis profondĂ©ment remaniĂ© au XIXe siècle. Ă€ la mort du duc de Coigny, il fut vendu par ses filles Ă  la marquise de Preaulx pour 2 millions de francs. La duchesse de Coigny dĂ©mĂ©nagea dans un appartement au no 135 du faubourg, oĂą elle mourut en 1869.
  • No 100 : en 1925, le couturier et parfumeur Marcel Rochas crĂ©e sa première maison de couture Ă  cette adresse[36].
  • No 101 : maison de gastronomie Dalloyau.
  • No 104 : domicile et lieu de dĂ©cès du mĂ©decin-homĂ©opathe MĂ©lanie Hahnemann.
  • No 107 (et 26, avenue d'Antin) : emplacement de l'ancien hĂ´tel du Gouverneur des pages (XVIIIe siècle) dont le jardin s'Ă©tendait jusqu'Ă  l'avenue d'Antin[37]. PropriĂ©tĂ© acquise, en 1909, par le couturier Paul Poiret (1879-1944) qui confia Ă  l'architecte et dĂ©corateur ensemblier Louis SĂĽe (1875-1968) son amĂ©nagement en lieu de vie familiale et de travail, et en siège de sa maison de couture[38]. Le , Poiret y donna la somptueuse fĂŞte costumĂ©e persane La mille & deuxième nuit[39]. HĂ´tel et jardin dĂ©truits et remplacĂ©s par un immeuble moderne.
  • No 109 : ancien emplacement de la galerie Barbazanges, de 1910 Ă  1928[40], devenue la galerie Georges-Bernheim (1929-1936).
  • No 112 : hĂ´tel Le Bristol. Il s'agit de l'un des palaces parisiens les plus rĂ©putĂ©s situĂ© Ă  quelques pas du palais prĂ©sidentiel.
  • L'entrĂ©e du Bristol.
    L'entrée du Bristol.
  • Les jardins du Bristol.
    Les jardins du Bristol.
  • No 116 : de 1919 Ă  1928, l'architecte et dĂ©corateur Louis SĂĽe et son associĂ©, le peintre AndrĂ© Mare, amĂ©nagent les locaux de leur nouvelle sociĂ©tĂ© : la Compagnie des Arts français[41].
  • No 118 : hĂ´tel particulier de la fin du XVIIIe siècle.
  • No 120 : hĂ´tel de Chastenaye, datant de la fin du XVIIIe siècle, qui a abritĂ© la maison de couture Worth, l'institut de beautĂ© Harriet Hubbard Ayer et le salon de coiffure Alexandre.
  • No 124 : en 1914, domicile de l'architecte, dĂ©corateur et artiste peintre Louis SĂĽe (1875-1968), qui dĂ©mĂ©nagea en 1928 pour s'installer au 22, avenue de Friedland.
  • No 127 : consulat du PĂ©rou dans les annĂ©es 1920[42].
  • No 128 : ancien siège du Rassemblement national populaire (RNP)[43].
  • No 130 : lĂ©gation de Bolivie dans les annĂ©es 1900[44].
Ambassade du Canada en France et Centre culturel canadien.
  • No 134 : hĂ´tel de style Empire construit pour le mathĂ©maticien Joseph-Louis Lagrange et acquis en 1846 par la famille du banquier Alexandre Aguado.
  • No 135 : hĂ´tel de Rigny, dit Ă©galement hĂ´tel de Fels (rĂ©sidence de l'ambassadeur du Canada) :
    • le , Auguste de TalhouĂ«t-Roy se rendit adjudicataire pour une somme de 1 865 305 francs des anciennes Ă©curies du comte d'Artois, Ă©rigĂ©es sur une parcelle de 10 347 m2 entre la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ© et la rue d'Artois. Les terrains furent aussitĂ´t partagĂ©s entre quatre bĂ©nĂ©ficiaires. Le terrain correspondant au no 135, d'une superficie de 2 735 m2 et d'une largeur de façade de 30 mètres, revint Ă  la belle-mère du marquis de TalhouĂ«t, la comtesse de Rigny. Adèle Narcisse Defontaine (1803-1875) avait Ă©pousĂ© en premières noces Florent François Daniel Honnorez (1780-1830), riche homme d'affaires belge, et en secondes noces l'amiral-comte de Rigny qui lui laissa une fille posthume, AmĂ©lie Gaultier de Rigny (1836-1868), par son mariage devenue baronne de Verneaux. La comtesse de Rigny menait grand train entre son château de Ris Ă  Ris-Orangis et l'hĂ´tel particulier qu'elle fit bâtir Faubourg-Saint-HonorĂ©. L'architecte n'en est pas connu, mais il faut sans doute le rechercher parmi ceux qui travaillaient ordinairement dans le cercle du marquis de TalhouĂ«t : on peut penser notamment Ă  ClĂ©ment Parent, qui construisit le château de Bonnelles pour le duc d'Uzès, oncle du marquis de TalhouĂ«t ; Ă  son frère, Henri Parent, ou Ă  son fils, Louis Parent, qui restaura le château du Lude pour les TalhouĂ«t-Roy[45]. Après la mort de la comtesse de Rigny, son hĂ´tel passa Ă  ses filles, la duchesse de Padoue[46] et la marquise de TalhouĂ«t-Roy. Mais la première mourut un an après sa mère, si bien que la marquise de TalhouĂ«t resta seule propriĂ©taire. Ă€ sa mort, en 1892, elle transmit la demeure Ă  sa fille Marie Adèle, marquise de JuignĂ© qui, devenue veuve, la vendit le pour 1 880 000 francs Ă  Jeanne Lebaudy (1865-1943), très riche hĂ©ritière des Sucres Lebaudy, Ă©pouse d'Edmond Frisch (1858-1951), comte de Fels, prince de Heffingen. En 1919, ils firent amĂ©nager le vestibule et l'escalier d'honneur par l'architecte RenĂ© Sergent. Ă€ la mort du comte de Fels en 1951, l'hĂ´tel a Ă©tĂ© vendu par son hĂ©ritière, la duchesse de La Rochefoucauld, Ă  l'État du Canada, reprĂ©sentĂ© par le gĂ©nĂ©ral Georges Vanier, qui y a Ă©tabli la rĂ©sidence de son ambassadeur en France. Des travaux de dĂ©coration ont alors Ă©tĂ© effectuĂ©s par les maisons Jansen et Carlhian ;
    • l'hĂ´tel, bâti en pierre de taille, est un pastiche du style des grandes demeures parisiennes de la fin du XVIIe siècle. Deux pavillons en rez-de-chaussĂ©e, couverts de combles Ă  la Mansart, encadrent les deux grilles d'entrĂ©e sur la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©. Le principal corps de logis est construit entre cour et jardin. La façade sur la cour d'honneur est cantonnĂ©e de deux pavillons dont celui de gauche renferme l'escalier principal. Le rez-de-chaussĂ©e surĂ©levĂ© est percĂ© de fenĂŞtres rectangulaires ornĂ©es d'agrafes. Le premier Ă©tage est ornĂ© de pilastres d'ordre ionique entre lesquels s'ouvrent des baies rectangulaires ornĂ©es de mascarons alternativement fĂ©minins ou masculins. Au-dessus d'une corniche Ă  modillons, le comble est percĂ© de lucarnes flanquĂ©es de volutes et sommĂ©es de frontons arrondis. L'Ă©lĂ©vation sur le jardin est similaire avec pour principale variante un grand balcon bordĂ© d'une balustrade en fer forgĂ© et soutenu par quatre consoles qui se dĂ©veloppe le long des trois fenĂŞtres centrales. Le jardin, qui va jusqu'Ă  la rue d'Artois, Ă©tait originellement traitĂ© Ă  l'anglaise. La demeure Ă©tait complĂ©tĂ©e par un bâtiment de communs comprenant notamment une remise pour quatre voitures et une Ă©curie pouvant recevoir cinq chevaux, qui fut dĂ©molie en 1895 ;
    • au rez-de-chaussĂ©e sur le jardin, un grand salon aux boiseries blanc et or de style Louis XV provient de l'hĂ´tel Dupille, 71, rue de Turenne[47]. Les dessus de portes reprĂ©sentant les arts libĂ©raux sont attribuĂ©s Ă  l'un des Van Loo. Dans la salle Ă  manger, les lambris sont copiĂ©s d'après le grand salon de la maison du financier Nicolas Beaujon Ă  Issy.
  • HĂ´tel de Rigny.
    HĂ´tel de Rigny.
  • No 137 : hĂ´tel Schneider, dit Ă©galement hĂ´tel de Talhouet-Roy. HĂ´tel particulier de 3 450 m2 construit en 1860 pour le marquis Auguste de TalhouĂ«t-Roy. Il passe en 1881 Ă  Henri Schneider (1840-1898), de la cĂ©lèbre dynastie de maĂ®tres de forges. Abrite la sociĂ©tĂ© de production du cinĂ©aste Luc Besson, EuropaCorp, qui sous-loue le rez-de-chaussĂ©e au restaurant Apicius (chef de cuisine : Jean-Pierre Vigato).
  • Nos 139-141 : emplacement des Ă©curies que le comte d'Artois avait fait construire par son architecte François-Joseph BĂ©langer sur les terrains de l'ancienne pĂ©pinière royale[48]. Elles furent transformĂ©es en caserne (militaire) sous le nom de caserne du Roule. DĂ©molies Ă  la fin du.
  • No 140 : s'y trouvait la Galerie des Beaux-Arts, propriĂ©tĂ© de Georges Wildenstein. Elle accueillit entre autres le Salon des moins de trente ans Ă  partir de 1945.
  • No 153 : emplacement d'un hĂ´tel de la fin du XVIIIe siècle qui avait appartenu Ă  la duchesse du Berry, dĂ©truit et remplacĂ© dans les annĂ©es 1960 par un immeuble de bureaux[49].
  • No 154 : Ă©glise Saint-Philippe-du-Roule construite de 1772 Ă  1784 par l'architecte Jean-François Chalgrin (1739-1811).
  • No 157 : CLVII Store, magasin de vĂŞtements.
  • No 165 : une plaque commĂ©morative rend hommage Ă  l'Ă©crivain Jean de La Varende (1887-1959), qui y vĂ©cut.
  • No 170 : hĂ´tel de Saint-Priest.
  • Nos 183-189 : ensemble de petits immeubles du XVIIIe siècle rappelant l'ancien village du Roule.
  • Plaque au no 165.
    Plaque au no 165.
  • Plaque au no 185.
    Plaque au no 185.
  • No 185 : le peintre Henri Harpignies (1819-1916) a vĂ©cu dans cet immeuble. Une plaque commĂ©morative lui rend hommage.
  • No 208 : hospice et maison d'Ă©ducation construits en 1784 par Nicolas-Claude Girardin pour le financier Nicolas Beaujon. DirigĂ©e par les sĹ“urs de la CharitĂ©, il s'agissait Ă  l'origine d'une institution destinĂ©e Ă  recevoir vingt-quatre orphelins pauvres de la paroisse mais, dès 1795, elle accueille des malades et devient au dĂ©but du XIXe siècle un hĂ´pital dĂ©pendant de l'Assistance publique. Ce dernier est transfĂ©rĂ© dans de nouveaux bâtiments Ă  Clichy-sur-Seine en 1935 en conservant le nom d'hĂ´pital Beaujon tandis que le bâtiment du faubourg Saint-HonorĂ© est transformĂ© en commissariat de police. Aujourd'hui, le bâtiment abrite Ă©galement diverses activitĂ©s culturelles de la mairie du 8e arrondissement. D'un nĂ©oclassicisme austère, l'ensemble comprenait Ă  l'origine quatre corps de bâtiments Ă  trois niveaux autour d'une cour Ă  laquelle on accĂ©dait par un portique voĂ»tĂ© fermĂ© par une grille[50] - [51]. Alphonse GuillorĂ© (1896-1963) y est nĂ©.
  • L'hĂ´tel Beaujon au no 208.
    L'hĂ´tel Beaujon au no 208.
  • No 218 : synagogue Élie-Dray, dont les travaux ont Ă©tĂ© financĂ©s par son fils, l'homme d'affaires Claude Dray, en 1999[52] - [53].
  • No 222 : derrière l'immeuble se trouvent le couvent des Dominicains et l'Ă©glise de l'Annonciation[54], de style nĂ©o-byzantin, fondĂ©s en 1874. Adrien Rougier tint les orgues dans cette Ă©glise dans les annĂ©es 1920[55]. Le couvent[56] comporte un hĂ´tel particulier du XIXe siècle, un cloĂ®tre de 1925 et un espace contemporain construit en 2008 par l'architecte Jean-Marie Duthilleul.
  • Le cloĂ®tre du couvent de l'Annonciation.
    Le cloître du couvent de l'Annonciation.
  • Le cloĂ®tre du couvent de l'Annonciation.
    Le cloître du couvent de l'Annonciation.
  • L'atrium du couvent.
    L'atrium du couvent.
  • L'atrium du couvent.
    L'atrium du couvent.

Notes et références

Notes

  1. Pierre-Alfred Chardon (1809-1893) amassa une grande fortune qui lui permit de fonder une maison de retraite à Auteuil en 1857 avec sa femme Amélie Lagache. En hommage, la rue de la Municipalité où est construit l'établissement (au no 1) a pris le nom de rue Chardon-Lagache.
  2. NĂ©e CĂ©sarine d'Houdetot (1794-1877), femme de Prosper de Barante, ambassadeur de France Ă  Saint-PĂ©tersbourg en 1835.
  3. Watin fils, dans l’État actuel de Paris, ou le Provincial à Paris (1788), mentionne Le Camus de Neuville et le fermier général François-Jules Duvaucel.
  4. Il louait une maison aux Incurables de la rue du Bac. Sa belle-sœur, la princesse de Monaco, qui vivait alors à l'hôtel de Lassay avec le prince de Condé, lui offrit le d'emménager dans son hôtel de la rue Saint-Dominique.
  5. Inv. MI265 à MI270 : deux grandes toiles d'un format presque carré qui avaient été placées au fond de la pièce, face aux fenêtres, et quatre autres plus étroites en hauteur de part et d'autre des trumeaux de glace.

Références

  1. L'église Saint-Honoré, aujourd'hui disparue, était située entre les rues Croix-des-Petits-Champs et des Bons-Enfants.
  2. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 3e édition, 3 vol., 2006.
  3. Sabine Drilhon-Codet, « Saint-Philippe-du-Roule », p. 328.
  4. E.-T. Lemaire, « Le développement du faubourg Saint-Honoré au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société historique de Paris et de l'Île-de-France,‎ 1957-1959.
  5. Arch. nat., K 982.
  6. [Collectif], Paris, Guides vert, 2007, p. 273.
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  9. Projets urbains et Ă©quipements publics
  10. Louis Heidsieck, « La rue du Faubourg-Saint-Honoré, vitrine du luxe au bord de l'asphyxie », sur Le Figaro, (consulté le ).
  11. Fouquières, op. cit., p. 12-13.
  12. Beaux-arts : chronique des arts et de la curiosité, volume 9, 1931.
  13. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 1 (« A-K »), « Rue Chardon-Lagache », p. 310-313.
  14. Fouquières, op. cit., p. 13.
  15. Fouquières, op. cit., p. 16-18.
  16. « Jeanne Lanvin, l’artiste couturière », Gallica.
  17. « Jeanne Lanvin (1867-1946) », musée des Arts décoratifs.
  18. Olivier Saillard, Le Bouquin de la mode, 2019.
  19. « L'histoire du jardin secret d'Hermès », sur arcanum.paris (consulté le ).
  20. Fouquières, op. cit., p. 22.
  21. Théodore Strawinsky et Denise Strawinsky, Au cœur du foyer Catherine et Igor Strawinsky 1906-1940, Bourg-la Reine, Aug. Zurfluh, , 183 p. (ISBN 2-87750-085-3), p. 136-139.
  22. Fouquières, op. cit., p. 24.
  23. Fouquières, op. cit., pp. 24-25.
  24. « Star Academy », Vanity Fair, no 28, , p. 174.
  25. Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris. Du Moyen Âge à la Belle Époque, 2008, Éditions Parigramme, 2008, 327 p., p. 251.
  26. Alexandre Gady, op. cit., p. 252.
  27. Passage bouché avant 1821 et transformé en caves.
  28. Archives nationales, MCN, CXIII, 568, 5 juillet 1786.
  29. Voir le no 20.
  30. Liste générale des représentants du Peuple composant le corps législatif.
  31. Claude Lelièvre et Christian Nique, L'école des présidents : de Charles de Gaulle à François Mitterrand, Éditions Odile Jacob, , 382 p. (ISBN 978-2-7381-0298-0, lire en ligne)
  32. Béatrice de Andia et Dominique Fernandès, Rue du Faubourg Saint-Honoré, Édition de la Délégation artistique de la ville de Paris, 1994.
  33. Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris : contenant les noms anciens et nouveaux des rues, ruelles, culs-de-sac, passages, places, quais, ports, ponts, avenues, boulevards, etc., et la désignation des arrondissements dans lesquels ils sont situés ; accompagné d'un…, , 489 p. (lire en ligne).
  34. Registre, Cabinet du préfet, 1re division, 2e bureau : service des mœurs, Archives de la préfecture de police de Paris (cote BB 1).
  35. Béatrice de Andia et Dominique Fernandès, La Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, 1994, 430 p. (ISBN 9782905118493), p. 287.
  36. Élisabeth de Feydeau, Dictionnaire amoureux du parfum, Plon, 2021.
  37. Façade sur jardin, 107 rue du faubourg Saint-Honoré, le , photographie de Charles Lansiaux, Paris, musée Carnavalet, (en ligne) sur le site Les Musées de la Ville de Paris parismuseescollections.paris.fr.
  38. Jess Berry, House of fashion : Haute couture and the modern interior, p. 37 (en ligne).
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Bibliographie

  • BĂ©atrice de Andia (dir.) et Dominique Fernandès (dir.), La Rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©, Paris, DĂ©lĂ©gation Ă  l'action artistique de la ville de Paris, , 430 p. (ISBN 2-905118-49-0), chap. 154.
  • AndrĂ© de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. Le Faubourg Saint-HonorĂ©, Paris, Pierre Horay, 1956, vol. 4.

Annexes

Articles connexes

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