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Lucarne

Une lucarne est une baie verticale placée en saillie sur la pente d’une toiture pour éclairer et aérer le comble ou pour y accéder. La lucarne est composée d'une façade verticale, de deux côtés (appelés « joues » ou « jouées ») et d'une couverture généralement à deux ou trois pentes (croupe) formant des noues avec le pan de toiture principal. La lucarne est un ouvrage de charpente qui dépend de la toiture, même si sa façade peut être élevée en maçonnerie.

Une lucarne du XVIIe siècle à Richelieu (Indre-et-Loire).

Les lucarnes peuvent prendre de l'ampleur. La grande-lucarne réunit plusieurs fenêtres et peut être le couronnement d'un corps de bâtiment. Une lucarne à plusieurs niveaux éclaire plusieurs étages de comble.

En spéléologie, par analogie, on appelle « lucarne » une petite ouverture qu'on peut trouver assez haut dans le toit ou la paroi d'une cavité souterraine[1].

Histoire

Selon l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, la lucarne apparaît au début de l'époque gothique : durant la période romane, les toitures sont planes et les combles perdus. Au XIIIe siècle, les toits deviennent plus pentus et les combles sont aménagés en de grandes salles lambrissées des logis des grandes demeures (palais, château, manoir), ces salles nécessitant d'être éclairées et aérées[2]. Les premières lucarnes recouvertes de plomb ou d’ardoises dans ces édifices sont en bois et à gable ajouré (souvent en arc tréflé emboîté dans deux potences), les tailleurs de pierre empruntant par la suite cette forme aux charpentiers pour construire des lucarnes en pierre à gable et pinacle. Leur fonction décorative se développe au gothique flamboyant et surtout à la Renaissance pour redevenir plus simple aux siècles suivants[3].

  • Lucarne en bois Ă  arc trĂ©flĂ© Ă  gauche, Ă  arc polylobĂ© Ă  droite.
    Lucarne en bois à arc tréflé à gauche, à arc polylobé à droite.
  • Lucarne en pierre Ă  gable et pinacle.
    Lucarne en pierre Ă  gable et pinacle.
  • Lucarne cintrĂ©e et encadrĂ©e de volutes du XVIIe siècle.
    Lucarne cintrée et encadrée de volutes du XVIIe siècle.

Typologie des lucarnes

Les lucarnes[4] ont de très nombreuses formes ; leur dénomination varie selon les régions.

Selon leur usage, on distingue deux types de lucarnes :

  • les lucarnes d'accès servent Ă  faire entrer les objets lourds ou encombrants (p.ex. sacs de grains) dans les combles (lucarne-poulie, lucarne-porte) ;
  • les lucarnes Ă  fenĂŞtre servent Ă  rendre habitable (Ă©clairage et ventilation) l'Ă©tage de comble.
  • Lucarne d'accès : lucarne-poulie Ă  Lagny-sur-Marne.
    Lucarne d'accès : lucarne-poulie à Lagny-sur-Marne.
  • Lucarnes Ă  fenĂŞtre.
    Lucarnes Ă  fenĂŞtre.

Selon leur position par rapport au mur gouttereau, on distingue :

  • la lucarne de façade dont la façade repose sur le mur gouttereau. Elle peut ou non interrompre l'avant-toit ;
  • la lucarne rentrante dont la fenĂŞtre est presque entièrement sous la pente du toit et en retrait par rapport au nu du mur gouttereau, dont elle est sĂ©parĂ©e par une terrasse. La lucarne rentrante a des jouĂ©es rentrantes. Elle peut poser des problèmes d'Ă©tanchĂ©itĂ© ;
  • la lucarne de versant est posĂ©e sur le cours d'un versant du toit. Elle peut servir Ă  Ă©clairer un deuxième Ă©tage de comble.
  • Lucarne de façade.
    Lucarne de façade.
  • Lucarne rentrante place Saint-Michel Ă  Paris.
    Lucarne rentrante place Saint-Michel Ă  Paris.
  • Lucarnes sur le versant sur plusieurs niveaux.
    Lucarnes sur le versant sur plusieurs niveaux.

Lucarnes de petites dimensions :

  • l'Ĺ“il-de-bĹ“uf est une lucarne dont l’ouverture est circulaire ou ovale ;
  • l'outeau ou lucarne pointue[5], lucarne sur le versant Ă  deux pentes, recouvrant une ouverture triangulaire ou plus rarement rectangulaire ;
  • le chien-assis dĂ©signait Ă  l'origine une petite lucarne destinĂ©e Ă  la ventilation.

Lucarnes.

  1. Lucarne jacobine
  2. Lucarne rampante
  3. Lucarne Ă  toit plat
  4. Lucarne Ă  la capucine
  5. Lucarne bombée
  6. Lucarne Ă  chapiteau
  7. Lucarne Ă  tourelle
  8. Lucarne de façade
  9. Lucarne hollandaise
  10. Lucarne demoiselle
  11. Lucarne meunière
  12. Lucarne en chapeau de gendarme
  13. Outeau
  14. Lucarne faîtière

Dénominations se rapportant à la façade :

  • la lucarne fronton se caractĂ©rise par son fronton triangulaire ou curviligne ;
  • la lucarne historiĂ©e se caractĂ©rise par son tympan ornĂ© de sculptures d'armoiries ou de bas reliefs et son couronnement dĂ©coupĂ© en arcatures ou terminĂ© en pinacles ;
  • la lucarne flamande est construite en maçonnerie de pierre ou de brique et couronnĂ©e d’un fronton Ă  multiples redents dissimulant la vue de la toiture ;
  • la lucarne pendante, appelĂ©e aussi lucarne meunière ou gerbière, placĂ©e Ă  l’aplomb de la façade et dont la baie descend en dessous de la toiture.

DĂ©nominations se rapportant Ă  la couverture :

  • la lucarne jacobine, appelĂ©e aussi « lucarne Ă  deux pans », « lucarne bâtière » ou « lucarne Ă  chevalet », a une couverture Ă  deux pans dont le faĂ®tage est perpendiculaire Ă  la toiture principale et a un pignon ou un fronton en façade ;
  • la lucarne demoiselle[6] (ou lucarne en chien-assis, retroussĂ©e) est placĂ©e en partie supĂ©rieure d’un comble et terminĂ©e par une toiture triangulaire voire conique ;
  • la lucarne rampante (ou en chien couchĂ©) dont la toiture est Ă  une seule pente lĂ©gère ;
  • la lucarne en forme de trapèze ou lucarne hollandaise : lucarne rampante dont les jouĂ©es sont inclinĂ©es ;
  • la lucarne en chapeau de gendarme aux jouĂ©es galbĂ©es ;
  • la lucarne Ă  la capucine, appelĂ©e aussi « lucarne capucine » ou « lucarne Ă  croupe », est couverte d’un toit Ă  trois pentes dont une croupe sur le devant ;
  • la lucarne normande, appelĂ©e aussi « lucarne Ă  demi-croupe », dont la toiture comporte une demi-croupe frontale qui dĂ©borde largement des jouĂ©es ;
  • la lucarne bombĂ©e ou lucarne cintrĂ©e, dont la toiture suit la forme d’un arc de cercle, une ferblanterie en zinc ou en cuivre permettant une exĂ©cution des plus modernes ;
  • la lucarne carrĂ©e, dont la toiture est le plus souvent Ă  deux pentes et Ă  faĂ®tière horizontale, est dĂ©nommĂ©e chien-assis dans les constructions modernes ;
  • la lucarne faĂ®tière ou lanterneau de toit est placĂ©e en partie supĂ©rieure d’un comble et qui termine le faĂ®te d'une toiture Ă  pignon ;
  • la lucarne Ă  la Mansart est percĂ©e dans le brisis des toits mansardĂ©s. Elle doit son nom Ă  l'architecte François Mansart.

Photos

Autres baies dans la toiture

Certaines baies percées dans une toiture ne sont pas des lucarnes :

  • le châssis Ă  tabatière est un châssis vitrĂ© ayant la mĂŞme pente que le toit dans lequel il est fixĂ©. Le fabricant le plus connu de châssis Ă  tabatière est Velux.

Notes et références

  1. « Définition de la lucarne sur wikispeleo.mondeenimage.com »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  2. Lucarne dans le Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, tome 6.
  3. Eugène Lefèvre-Pontalis, « Les origines des gâbles », Bulletin Monumental de Caen, t. LXXI,‎ , p. 20-23.
  4. Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos, Architecture. Vocabulaire typologique, 1972.
  5. Petite lucarne de ventilation à l'origine, elle comporte une charpente à la différence de la chatière.
  6. En référence aux demoiselles portant des coiffes triangulaires au Moyen Âge.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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