Préhistoire du Loiret
La Préhistoire du Loiret est la période comprise entre les premiÚres traces laissées par les Hommes sur le territoire du département du Loiret et les premiers documents écrits. Elle commence vers 550 000 ans avant le présent et se termine à la fin du Néolithique, vers 2000 av. J.-C.
Les premiÚres traces d'occupation humaine de l'actuel Loiret remontent au Paléolithique inférieur. De nombreux bifaces de type acheuléen ont été trouvés dans le val de Loire sur les plateaux de Briare et Gien et sur les sabliÚres de Chùteauneuf-sur-Loire et de Saint-Denis-de-l'HÎtel, mais aussi dans l'Est du département aux abords du Loing, par exemple sur Nargis ou sur Dordives. Le Paléolithique supérieur est bien représenté dans le Loiret. Les chasseurs-cueilleurs du Magdalénien se concentrent sur la vallée du Loing, avec par exemple les gisements de la Pierre-aux-Fées et des Pùtures Blanches à Cepoy, ou du Choiseau et de La Maison Blanche à Fontenay-sur-Loing.
AprĂšs les derniers chasseurs-cueilleurs du MĂ©solithique de la station des Hauts-de-Lutz de Beaugency, les hommes vont vers 5000 av. J.-C. passer Ă l'agriculture, ouvrant ainsi le NĂ©olithique. Les premiers agriculteurs n'occupent d'abord que les bords de riviĂšre en terrasses, fertiles et faciles Ă cultiver, puis dĂ©frichent les forĂȘts. Le site du Vieux Chemin dâĂtampes, Ă Pithiviers, constitue aujourd'hui l'un des habitats nĂ©olithiques les plus anciens de la rĂ©gion Centre-Val de Loire. Dans ces villages des premiĂšres communautĂ©s agricoles de la France, on fabrique des outils et des armes en silex mais aussi en os. Plusieurs ateliers de production de haches ont Ă©tĂ© trouvĂ©s comme ceux de Corquilleroy et Fontenay-sur-Loing, Ă l'occasion des fouilles de l'autoroute A19.
Les pratiques et rites funéraires évoluent tout au long du Néolithique. Les sépultures sont d'abord individuelles, comme celle trouvée à La Chapelle-Saint-Mesmin, puis sous dalle comme à Malesherbes ou Orville, puis à incinérations comme la nécropole des Canas à Varennes-Changy et enfin collectives avec les dolmens. De nombreux autres mégalithes, des menhirs, sont localisés dans le Nord-Est du département. Leur fonction, a priori cultuelle, n'a pas encore été formellement déterminée.
Paléolithique (1 200 000 à 11 700 AP)
L'histoire évolutive des primates conduit à l'apparition des hominidés (grands singes sans queue) au MiocÚne inférieur il y a 20 Ma en Afrique et 17 Ma en Europe, c'est-à -dire longtemps aprÚs l'assÚchement du lac de Beauce ; la sous-famille des homininés (gorilles, chimpanzés et humains) s'établit il y a environ 15 Ma. Tandis que les homininés d'Europe s'éteignent à la fin du MiocÚne, on assiste en Afrique à l'apparition des bipÚdes hominina il y a 7 Ma et du genre humain (homo) il y a 2,8 Ma, poursuivant l'histoire évolutive de la lignée humaine aux époques géologiques du PliocÚne et du PléistocÚne. Les premiers outils lithiques apparaissent il y a 3,3 Ma en Afrique et vers 1,6-1,2 Ma en Europe méditerranéenne caractérisant la premiÚre période de la préhistoire : le Paléolithique, subdivisé en trois ou quatre grandes périodes selon les auteurs : le Paléolithique inférieur, le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur[1].
Paléolithique inférieur (1 200 000 à 350 000 AP)
Les premiÚres traces d'occupation humaine de l'actuel Loiret remontent au Paléolithique inférieur. En Europe de l'Ouest, le Paléolithique inférieur concerne une phase de plus de 800 000 ans (d'environ 1 200 000 à 350 000 avant le présent), caractérisée par l'établissement progressif des Hommes dans le nord à partir du Bassin méditerranéen. Les successions de périodes glaciaires et tempérées modifient alors profondément les paysages et rendent cette implantation de l'homme plus ou moins précaire suivant les régions[2].
Dans le val de Loire, des bifaces de type acheuléen ont été trouvés en abondance sur les plateaux de Briare et Gien et sur les sabliÚres de Chùteauneuf-sur-Loire et de Saint-Denis-de-l'HÎtel. Deux bifaces trouvés à Chùteauneuf-sur-Loire et à Chécy mesurent respectivement 25 cm et 19 cm de longueur[3]. Plus sporadiquement, d'autres spécimens ont été trouvés dans les communes de Nevoy, Ouzouer-sur-Loire, Bray-en-Val, Saint-Aignan-des-Gués, Saint-Martin-d'Abbat, Germigny-des-Prés, Mardié, Chécy, Orléans[3].
Dans l'est du département, de nombreux bifaces ont également été trouvés aux abords du Loing, par exemple sur Nargis ou sur Dordives (Les Bois d'Haies)[4].
- Biface, Gabereau, Chateauneuf-sur-Loire
- Biface hachereau (ou biface Ă tranchant transversal), Gabereau, Chateauneuf-sur-Loire.
- Biface, Donnery.
- Biface, Orléans
- Biface, La Source, Orléans.
- Biface, Ouzouer-le-Marché (limite Loiret).
Paléolithique moyen (350 000 à 45 000 AP)
Cette période qui couvre environ 300 000 ans (d'environ 350 000 à 45 000 avant le présent) est caractérisée par la présence de l'Homme de Néandertal en Europe. Cette espÚce humaine, parfaitement adaptée aux conditions climatiques rigoureuses de cette période, se caractérise par sa culture matérielle appelée Moustérien[5].
Un riche gisement datant du MoustĂ©rien a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1922 par AurĂšle Chevillon sur la commune de TriguĂšres, au nord-est du lieu-dit la Garenne, dans un terrain constituĂ© d'une mince couche de terre arable recouvrant un sous-sol d'argile mĂȘlĂ© de silex. Les outils trouvĂ©s vont du MoustĂ©rien de tradition acheulĂ©enne (de 50 000 Ă 30 000 ans avant notre Ăšre - couteaux quadrangulaires Ă dos naturel ou abattu, pointes triangulaires de type abri Audi) au MoustĂ©rien final (pointes triangulaires avec retouches marginales alternĂ©es sur faces opposĂ©es, pointes Ă pĂ©doncules et burins)[6].
Dans l'Est du département, plusieurs stations moustériennes jalonnent le Loing, par exemple à Cepoy, station signalée par l'abbé Nouel en 1938 ou à Dordives, découverte de J.-P. Robin[4]. En rive sud de la Loire, divers objets moustériens ont également été trouvés à Pierrefitte-Ús-Bois, Poilly-lez-Gien et Olivet[3].
- Biface, Les Pasliers, Pierrefitte-Ăšs-Bois.
- Ăclat Levallois, Les Sables, Pierrefitte-Ăšs-Bois.
- Nucleus Levallois, Les Pasliers, Pierrefitte-Ăšs-Bois.
- Nucleus Levallois, Les Pasliers, Pierrefitte-Ăšs-Bois.
- Pointes, Les Sables, Pierrefitte-Ăšs-Bois.
Paléolithique supérieur (45 000 à 11 700 AP)
Le Paléolithique supérieur voit le dernier maximum glaciaire du PléistocÚne supérieur. Il débute sur tous les continents aux alentours de 45 000 et perdure jusque vers 11 700 AP. Il est caractérisé par l'expansion de l'Homme moderne à travers le monde[7]. Il se subdivise en plusieurs cultures marquées par des changements techniques et des innovations. Dans le Sud-Ouest de l'Europe, on trouve successivement, du plus ancien au plus récent, le Chùtelperronien, l'Aurignacien, le Gravettien, le Solutréen et le Magdalénien[8].
Les développements récents des recherches en archéologie préventive dans le centre et le sud du Bassin parisien, particuliÚrement dans le Tardiglaciaire, ont permis de dresser un nouveau bilan en 2005. Celui-ci montre que la partie nord-est de la région, le paléolac miocÚne, qui a conduit à la mise en place du plateau de Beauce, ne livre toujours pas d'occupation importante, en dehors de la vallée de la Loire[9].
Paléolithique supérieur ancien
Le PalĂ©olithique supĂ©rieur ancien peut ĂȘtre dĂ©coupĂ© en deux pĂ©riodes : l'Aurignacien (42 000 â 29 000 ans) et le Gravettien (31 000 â 21 000 ans) qui se caractĂ©rise par lâapparition dâune retouche abrupte particuliĂšre, permettant de crĂ©er un dos sur les lames, une surface plane plus facile Ă encoller sur une sagaie avec de la glu ou du mastic[10].
Le PalĂ©olithique supĂ©rieur ancien reste rare. Un seul site lui est attribuĂ© dans le Loiret : Ă MĂ©ziĂšres-lez-ClĂ©ry oĂč trois concentrations trĂšs denses et Ă©tendues ont Ă©tĂ© prospectĂ©es par S. Jesset en 1994 et 1996. L'identification des industries gravettiennes se base d'abord sur la dĂ©couverte d'une petite pointe de la Font-Robert, puis sur une Ă©tude technologique rĂ©alisĂ©e Ă partir d'une des concentrations. Les autres concentrations semblent prĂ©senter des ressemblances, notamment dans l'emploi abondant d'un matĂ©riau spĂ©cifique, l'opalite, pourtant non repĂ©rĂ© Ă l'affleurement Ă proximitĂ© Ă l'heure actuelle. Si en l'Ă©tat l'attribution du site au Gravettien semble la meilleure hypothĂšse, ceci serait Ă confirmer par la fouille de niveaux en place[11].
Solutréen
Le SolutrĂ©en, (21 000 â 18 000 ans), seulement identifiĂ© Ă l'ouest du RhĂŽne, en France[12] n'est pas prĂ©sent dans le Loiret.
Badegoulien
Le Badegoulien, connu seulement en France et en Suisse, correspond à l'ancienne dénomination « Magdalénien ancien » et se développe sur la période allant de - 19 000 à - 17 000). Il se différencie nettement du Magadalénien stricto sensu du point de vue technique (débitage d'éclats) et typologique (abondance des grattoirs et des outils archaïques, rareté des burins et des lamelles à dos)[13].
Pour la premiÚre fois au cours du Paléolithique supérieur, un gisement se localise au nord de la Loire. Deux stations représentent en effet ce niveau dans le Loiret, toutes deux situées dans la commune de La Chapelle-Saint-Mesmin : Monteloup découverte par André Nouel en 1935 et dont l'étude a été publiée en 1937[14], poursuivie en 1970 par Allain, et le Coteau prospectée par Allain en 1970 puis Richard en 1972. Ont ainsi été découverts, des burins, des grattoirs, des perçoirs, des racloirs, des raclettes et des microlithes, soit prÚs de 300 outils ou piÚces et prÚs de 1 200 lames ou lamelles.
Magdalénien
Le MagdalĂ©nien est la derniĂšre culture du PalĂ©olithique supĂ©rieur. Il court de 17 000 Ă 14 000 AP[15] - [16]. Le MagdalĂ©nien du Bassin parisien a encore lâimage dâune sociĂ©tĂ© principalement fondĂ©e sur la chasse en masse du renne. Les mammouths, les rennes, les chevaux et les bisons sont en effet des composantes fondamentales des communautĂ©s animales de la « steppe Ă mammouth » au PalĂ©olithique supĂ©rieur en Eurasie. Pourtant, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, plusieurs gisements situĂ©s en dehors du Loiret, Ă Marolles-sur-Seine en particulier, tendent Ă relativiser cette vision en mettant en avant une probable subsistance axĂ©e sur la chasse des chevaux[17].
Dans le Loiret, le gisement de Cepoy la Pierre-aux-FĂ©es, situĂ© Ă 4 km au nord de Montargis, dans la vallĂ©e du Loing, est probablement le gisement magdalĂ©nien le plus remarquable pour le Loiret. DĂ©couvert en 1972 au cours d'extraction de sable, des sondages rĂ©alisĂ©s sous la direction de J. Allain apportent la preuve d'une occupation du PalĂ©olithique supĂ©rieur avec la prĂ©sence d'un fragment de plaque de calcaire gravĂ©e reprĂ©sentant une tĂȘte de cheval. Plusieurs campagnes de fouilles rĂ©alisĂ©es de 1972 Ă 1977 ont permis de bien documenter le site. Une Ă©tude de la tĂȘte de cheval a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1996 et celle de pointes Ă cran dĂ©couvertes sur le mĂȘme gisement en 2000. Il accrĂ©dite la thĂšse d'une subsistance grĂące Ă la chasse des chevaux[18]. Il peut Ă©galement laisser supposer l'existence de pratiques rituelles, sans toutefois en apporter formellement la preuve[19]. Une Ă©tude complĂ©mentaire a Ă©tĂ© publiĂ©e en 2005 visant Ă rĂ©viser les informations archĂ©ologiques anciennes recueillies sur ce site. Celui-ci Ă©tait supposĂ© rĂ©vĂ©ler la superposition dâun niveau magdalĂ©nien (environ â13 000 ans) (couche IV) dont lâindustrie originale a donnĂ© son nom au faciĂšs « Cepoy-Marsangy », et dâun autre niveau (couche V) dont lâindustrie est plus banale pour la rĂ©gion. Cette Ă©tude conclut Ă la bonne stratification des couches, mais ne tranche pas sur l'attribution de la couche V[18] - [20] - [4].
Dans un rayon de moins de 2 km, cinq autres occupations tardiglaciaires, relevant du Magdalénien, ont été repérées dans les autres graviÚres. Parmi celles-ci, il faut évoquer les stations trÚs riches du Choiseau et de La Maison Blanche à Fontenay-sur-Loing ainsi que celle des Pùtures Blanches à Cepoy[18] - [21].
Dans le sud du GĂątinais, Ă l'extrĂ©mitĂ© est de la forĂȘt d'OrlĂ©ans, se trouve la station de la Jouanne, sur la commune des Choux, canton de Gien. Elle a Ă©tĂ© prospectĂ©e en 1946 par Fardet et en 1995 par Valentin. Ă un kilomĂštre Ă l'Est du chĂąteau de La Jouanne, un coteau allongĂ© en direction N-E domine faiblement la vallĂ©e du ruisseau du Moulin du GuĂ©, qui devient en aval la riviĂšre du Puiseau. Bien qu'il ne s'agisse que d'un habitat temporaire, un campement saisonnier, au moins 2 000 piĂšces ont Ă©tĂ© trouvĂ©es. La superposition des piĂšces est caractĂ©ristique des dĂ©placements saisonniers des chasseurs-cueilleurs magdalĂ©niens. Quittant leurs grottes au retour de l'Ă©tĂ© pour aller Ă la poursuite du gibier, ils regagnaient pour l'hiver leurs abris rocheux, mais ils revenaient volontiers sur les lieux oĂč ils avaient trouvĂ© une subsistance abondante[22].
Aux abords de la Loire, à l'Est du département, sur la commune de Saint-Brisson-sur-Loire, ont été découverts en 1981 deux gisements magdaléniens : Mancy et le Rousson[9]. Des incertitudes subsistent toutefois sur l'attribution de ces gisements. Le niveau du Magdalénien supérieur avait été retenu dans les années 1980 par certains auteurs du fait des caractéristiques du débitage laminaire. Aujourd'hui, la reconnaissance de plusieurs microgravettes et de nombreux burins-nucléus à partir desquels les supports des microgravettes semblent extraits indiquerait toutefois qu'une partie de l'industrie est attribuable au Gravettien. Le contexte de découverte de l'industrie de Mancy (ramassage de surface) ne permet par ailleurs pas d'écarter l'hypothÚse d'une double composante, l'une magdalénienne et l'autre gravettienne[23].
Enfin deux autres sites ont Ă©tĂ© attribuĂ©s au niveau magdalĂ©nien : les Couches BĆufs Ă Poilly-lez-Gien, prospectĂ© par Valentin en 1995 et du 125, rue George Sand Ă Chalette-sur-Loing, analysĂ© par sondage par Allain en 1981[9].
- Plus anciens ossements humains dans le Loiret
En 2012, un ensemble dâossements humains dĂ©couverts en 1967 a Ă©tĂ© identifiĂ© comme remontant au magdalĂ©nien supĂ©rieur, devenant ainsi les plus anciens ossements humains dĂ©couverts dans le Loiret.
La dĂ©couverte remonte au printemps 1967, lors de la construction dâun lotissement sur le plateau de Monteloup, situĂ© Ă lâest de la commune de La Chapelle-Saint-Mesmin, qui domine la Loire dâune vingtaine de mĂštres. Cette situation a favorisĂ© lâimplantation de lâhomme Ă diffĂ©rentes Ă©poques de la prĂ©histoire comme en tĂ©moignent les vestiges dĂ©couverts depuis de nombreuses annĂ©es (comme la sĂ©pulture nĂ©olithique dite âla dame de Monteloupâ). Le mobilier rĂ©coltĂ© est constituĂ© dâune sĂ©rie lithique, de quelques restes faunistiques et dâossements humains[24].
Les vestiges osseux dâorigine humaine sont composĂ©s de 21 fragments, provenant de deux individus adultes. 7 dâentre eux appartiennent Ă la tĂȘte osseuse et 14 au squelette post-crĂąnien. Par ailleurs 205 fragments osseux dĂ©terminables (sur un total de 976), appartenant Ă des espĂšces sauvages, ont Ă©tĂ© dĂ©nombrĂ©s, dont 30 % appartenant Ă des rennes. Cette sĂ©rie est caractĂ©ristique dâune faune de climat froid. Enfin Le corpus lithique, conservĂ© au musĂ©um dâOrlĂ©ans, est composĂ© de 150 silex. Lâanalyse de ces matĂ©riaux fait apparaĂźtre deux tendances dâappartenance : le badegoulien et le magdalĂ©nien supĂ©rieur[24].
Toutefois jusqu'en 2012, rien ne permettait de rattacher formellement les ossements humains au palĂ©olithique. Deux de ces fragments osseux dâorigine humaine ont fait lâobjet dâanalyses 14C en 2012 par le Centre de datation par le radiocarbone de Villeurbanne (RhĂŽne). Les rĂ©sultats ont donnĂ© des valeurs sâĂ©chelonnant entre [12860 ± 50 BP (13932 - 13042 cal BC)] et [12540 ± 50 BP (13170 - 12288 cal BC)], faisant ainsi de ces vestiges les plus anciens ossements humains dĂ©couverts dans le Loiret[24].
Paléolithique supérieur indéterminé
Si la majorité appartient bien au Magdalénien supérieur, plusieurs ramassages de surface importants sont difficiles à attribuer, les séries étant souvent hétérogÚnes et les découvertes plutÎt anciennes. Il s'agit de Trocadéro, Trocadéro ouest et Trocadéro nord à Gien, prospections de Fardet en 1953 puis de Valentin en 1995 ; rue Chariot à Chùteaurenard, sondage d'Allain en 1981 ; Chatillon-sur-Loire, prospection de Halley ; les Prés de la rue Creuse à Montbouy, prospection de Rey en 1986 et les Muids à Sully-sur-Loire, prospection de Bourlon en 1906 puis Valentin en 1995[9].
La pĂ©riode comprise entre 12 000 et 9 700 av. J.-C. est souvent dĂ©signĂ©e sous le nom d'ĂpipalĂ©olithique.
MĂ©solithique (9 700 Ă 5 000 av. J.-C.)
Au MĂ©solithique, les tempĂ©ratures et les saisons sont semblables Ă celles d'aujourd'hui. La calotte glaciaire qui s'Ă©tendait alors jusqu'au nord de la Grande-Bretagne rĂ©gresse. En France, les plaines steppiques sont lentement remplacĂ©es par des forĂȘts oĂč domine d'abord le pin (pendant le MĂ©solithique ancien de -9600 Ă -8030) puis le noisetier (MĂ©solithique moyen de -8030 Ă -6900) et enfin une chĂȘnaie mixte (de -6900 Ă -5000). Les animaux qui peuplaient la steppe, comme le mammouth et le renne, disparaissent de nos rĂ©gions au profit d'espĂšces qui vivent dans des environnements tempĂ©rĂ©s : le cerf, le chevreuil, le sanglier et l'aurochs. On assiste au dĂ©veloppement du genĂ©vrier, puis des forĂȘts de bouleaux et de pins et enfin au retour des herbacĂ©es steppiques[25].
Dans le Loiret les gisements de la GabilloniĂšre Ă Saint-Martin-sur-Ocre et de la Grande piĂšce du Saule et du Moulin du Saule Ă Autry-le-ChĂątel sont attribuĂ©s au MĂ©solithique ancien au mĂȘme titre que ceux de Beauchamps-sur-Huillard et Quiers-sur-Bezonde[26] ou d'Attray[27] - [28]. Une place particuliĂšre est attribuĂ©e au gisement du Moulin du Saule Ă Autry-le-Chatel. En effet avec le matĂ©riel rencontrĂ©, on pourrait avoir affaire Ă un nouveau systĂšme de lancer des traits de chasse et surtout de nouvelles armatures. Les pointes Ă cran trouvĂ©es sont trĂšs spĂ©cifiques, trĂšs acĂ©rĂ©es avec deux bords parallĂšles, une troncature rectiligne et un cran bien dĂ©gagĂ©. Les lamelles Ă dos qui armaient les sagaies magdalĂ©niennes sont par ailleurs remplacĂ©es par des pointes Ă dos courbe (placĂ©es en extrĂ©mitĂ© des projectiles). Ces pointes sont Ă©galement rencontrĂ©es sur la façade atlantique. Des Ă©tudes comparatives ont ainsi permis de rapprocher ce gisement aux industries du MĂ©solithique ancien du sud-nantais, ce qui a conduit Ă les qualifier de « mĂ©solithique ancien ligĂ©rien », en prĂ©cisant du sud-nantais ou d'Autry-le-ChĂątel, les deux secteurs Ă©tant sĂ©parĂ©s par plus de 300 km[29] - [30].
Pour la période du Mésolithique moyen, le site de Tigy est un important gisement étudié récemment et qui a fait l'objet d'une publication en 2002. Il a été occupé par des groupes (pointes à bas retranchées type Beaugency) et est à rapprocher du site d'Autry-le-Chùtel[31]. Dans la région de Pithiviers, plusieurs gisements ont également été découverts dont celui de Sébouville[32] - [33].
Au MĂ©solithique final enfin, la station des Hauts-de-Lutz de Beaugency et ses abords fait rĂ©fĂ©rence. DĂ©couverte en 1950, elle a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par AndrĂ© Nouel qui en a publiĂ© une monographie en 1963[34]. Cette agglomĂ©ration semble avoir Ă©tĂ© d'une densitĂ© exceptionnelle pour l'Ă©poque. La station se rĂ©vĂšle comme un atelier de taille important et non pas comme le vestige d'une simple halte de dĂ©coupe rapide. Les objets sont pour la plupart en silex gris translucide foncĂ© ou clair, blond translucide ou blanc opaque, matĂ©riau qui n'a rien d'original, provenant assurĂ©ment de galets de Loire. En revanche, une sĂ©rie (67 sur les 745 objets trouvĂ©s) est en silex beige bigarrĂ© (ou rubanĂ©), matĂ©riau tout Ă fait typique et rare dont l'origine n'est pas Ă©lucidĂ©e. Une grande partie du mobilier est constituĂ©e de pointes du Tardenois. Le plus souvent, elles portent une retouche abrupte sur un bord ; une retouche inverse Ă la base amincit le talon et facilite la fixation de la flĂšche sur la hampe. Parmi les outillages non gĂ©omĂ©triques, des grattoirs, des burins et des pics-planes ont Ă©tĂ© trouvĂ©s. La prĂ©sence de pics semblables a dĂ©jĂ Ă©tĂ© signalĂ©e dans des milieux tardenoisiens, comme Ă FlĂ©ty (NiĂšvre), qui peut laisser supposer qu'il s'agit du mĂȘme groupe qui est venu s'installer Ă Beaugency[34].
Jusque trÚs récemment, le val d'Orléans était considéré comme ne recelant aucune trace du Mésolithique. Cette absence n'était pas expliquée par les chercheurs. S'agissait-il d'un hiatus culturel, d'un recouvrement, d'une érosion par migration latérale de chenaux[35] ? Or les opérations d'archéologie préventive conduites depuis 2007 ont mis en évidence la présence de groupes mésolithiques dans le val d'Orléans à Bray-en-Val[36] et dans le quartier Saint-Marceau d'Orléans[37].
NĂ©olithique (5 000 Ă 2 000 av. J.-C.)
Hameaux néolithiques
Ă partir de 5 000 av. J.-C., se produit une transformation fondamentale du mode de vie des hommes. En effet les derniers chasseurs-cueilleurs de la PrĂ©histoire commencent Ă cultiver des plantes et Ă©lever des animaux. Ils dĂ©frichent la forĂȘt pour amĂ©nager des champs cultivables et pratiquent l'Ă©levage. On voit les premiers villages construits par ces nouveaux paysans. Leurs maisons sont Ă©difiĂ©es Ă partir d'une charpente en bois dont les poteaux sont enfoncĂ©s dans le sol. Les toitures sont en chaume et les murs sont recouverts de torchis.
Le site du Vieux Chemin dâĂtampes, constitue en 2013 l'un des habitats nĂ©olithiques le plus ancien de la rĂ©gion Centre. Cette occupation a Ă©tĂ© dĂ©couverte Ă l'occasion dâun diagnostic archĂ©ologique rĂ©alisĂ© dans le cadre du projet dâamĂ©nagement du contournement nord de la ville de Pithiviers en 2008. La cĂ©ramique et les fragments de bracelets en schiste, mis au jour dans trois fosses-dĂ©potoirs, permettent de rattacher cet habitat Ă la culture « Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain » (-5100 Ă -4700)[38].
Les premiers agriculteurs n'occupent d'abord que les bords de riviĂšre en terrasses, fertiles et faciles Ă cultiver. Puis les rebords de plateaux sont Ă leur tour investis, comme Ă Ăchilleuses, Ă la frontiĂšre de la Beauce et du GĂątinais, dĂ©couvert en 1977 et prospectĂ© de 1982 Ă 1989[39]. Le site comprend six maisons longues d'environ 35 m regroupĂ©es sur un terrain limoneux favorable aux cultures et Ă proximitĂ© immĂ©diate de sources. Des outils en silex destinĂ©s au dĂ©frichement et aux travaux agricoles ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s aux abords des habitats. La fouille a montrĂ© que seules deux maisons, datĂ©es par radiocarbone entre -4900 et -4800, ont existĂ© simultanĂ©ment. Les quatre autres correspondent Ă des reconstructions Ă proximitĂ© immĂ©diate, la derniĂšre datant d'environ 4600 avant notre Ăšre. Il apparaĂźt donc que plusieurs gĂ©nĂ©rations successives ont occupĂ© l'endroit, dĂ©plaçant rĂ©guliĂšrement leurs maisons et sans doute leurs jardins et leurs champs au fur et Ă mesure de la dĂ©gradation des habitations et de l'Ă©puisement des sols. On peut estimer que la colonisation de l'ensemble de la rĂ©gion est totalement achevĂ©e par les populations nĂ©olithiques vers -4500. Ă cette Ă©poque des enceintes palissadĂ©es sont Ă©difiĂ©es aux bords mĂȘmes des riviĂšres. Leur fonction n'a toutefois pas encore formellement Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e[40].
Agriculture et artisanat
Dans ces villages des premiĂšres communautĂ©s agricoles de la France, on fabrique des outils et des armes en silex mais aussi en os. On consomme des cĂ©rĂ©ales (blĂ© et orge) sous forme de galettes et de bouillies, ainsi que des lĂ©gumes cultivĂ©s prĂšs des habitations comme des pois, des lentilles et des lĂ©gumineuses. Les moissons sont rĂ©alisĂ©es Ă l'aide de faucilles faites de petits Ă©lĂ©ments de silex emmanchĂ©s dans une armature de bois arquĂ©e (Ăchilleuses, Dadonville) qui seront remplacĂ©es Ă la fin du NĂ©olithique par des « poignards » en silex du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire)[41].
Les habitants domestiquent des animaux sauvages et les Ă©lĂšvent pour leur viande et leur lait. Les animaux domestiques sont apparus progressivement au fil du temps. D'abord le chien, puis le bĆuf, la chĂšvre, le mouton et le porc. Le cheval n'est domestiquĂ© que plus tard. La plupart ont Ă©tĂ© introduites sur le territoire au moment des grands mouvements de population. Ainsi le chat n'a Ă©tĂ© introduit qu'avec la colonisation romaine et le dindon aprĂšs la conquĂȘte du Nouveau Monde. Les sites archĂ©ologiques du Loiret qui ont livrĂ© des ossements permettant d'identifier les espĂšces sont encore rares, en partie Ă cause des conditions dĂ©favorables de conservation[42].
Les haches en pierre polie sont utilisĂ©es au dĂ©frichage des champs et des aires domestiques. Initialement taillĂ©es en roches vertes et importĂ©es dans le Loiret, Ă partir du NĂ©olithique moyen (vers -4300) elles sont fabriquĂ©es dans des ateliers rĂ©gionaux Ă proximitĂ© des gisements de silex, comme c'est le cas dans la vallĂ©e du Loing. Le polissage se faisait Ă partir de blocs de grĂšs de toutes tailles, depuis le morceau de quelques centaines de grammes Ă quelques kilos (le polissoir portatif) jusquâau rocher bien implantĂ© dans le sol et pesant quelques centaines de kilos, voire des dizaines de tonnes (le polissoir mĂ©galithique). Le travail de polissage des haches en silex a laissĂ© sur ces derniers blocs diverses sortes de traces : cuvettes ovales de profondeur variable, rainures au profil en V, plages plus ou moins discrĂštes. Dans tous les cas, la surface de ces traces est lisse et parfois brillante. Leur profil est rĂ©guliĂšrement courbĂ© et leur fond ne prĂ©sente pas dâaspĂ©ritĂ©s, ce qui permet de les distinguer des cavitĂ©s et fissures naturelles, frĂ©quentes sur les grĂšs. De nombreux polissoirs ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans le GĂątinais dont quelques-uns dans le Loiret[43] : le polissoir de Coinche Ă Chantecoq, classĂ© monument historique en 1986[44], celui des Davaux Ă La Selle-sur-le-Bied, classĂ© en 1987[45], celui de FerriĂšres-en-GĂątinais[46] et enfin celui de MĂ©rĂ©ville[47].
Lors des fouilles de l'autoroute A19 deux ateliers de fabrication de haches ont Ă©tĂ© mis au jour Ă Corquilleroy et Fontenay-sur-Loing. Les archĂ©ologues ont mis au jour des concentrations appelĂ©es « amas de taille » contenant des milliers dâĂ©clats correspondant aux diffĂ©rentes phases de fabrication des haches, qui ont permis de bien analyser les diffĂ©rentes phases de la fabrication : approvisionnement, transport sur site, dĂ©bitage et polissage des fragments[48] - [49].
Une autre nouveauté, la poterie fait son apparition. Elle est montée à la main à partir d'une boule d'argile ou de colombins. Elle est modelée et souvent décorée[50]. Les populations du Néolithique fabriquent également des tissus ainsi que des bijoux en pierre comme les bracelets en schiste.
- Hache taillĂ©e, prĂȘte au polissage, Girolles.
- Hache semi-polie, Préfontaines.
- Hache polie, Quartier de l'Argonne, Orléans.
- Hache polie, Vienne-en-Val.
Pratiques et rites funéraires
SĂ©pultures en fosses
La sĂ©dentarisation des populations nĂ©olithiques oblige Ă gĂ©rer les dĂ©cĂšs en relation avec l'habitat et Ă organiser le monde des morts. Au NĂ©olithique ancien (5200-4700 av. J.-C.), l'inhumation individuelle en simple fosse est privilĂ©giĂ©e. Lâindividu est gĂ©nĂ©ralement en position repliĂ©e sur le cĂŽtĂ©, mais plus rarement dâautres positions sont possibles[51]. De telles inhumations sont attestĂ©es pour cette pĂ©riode en Seine-et-Marne. Elles sont connues dans le Loiret pour la pĂ©riode suivante (4700-3500 av. J.-C.) avec la sĂ©pulture double, une femme et un enfant, de La Chapelle-Saint-Mesmin[52]. Cette sĂ©pulture double du NĂ©olithique a Ă©tĂ© dĂ©couverte en octobre 1988 lors de travaux de terrassement. Le premier squelette est celui dâune femme, ĂągĂ©e dâenviron 20 ans, couchĂ©e sur le dos. Son bras gauche passe sous un deuxiĂšme squelette, celui dâun enfant dâenviron 18 mois. L'Ă©tude de l'ADN mitochondrial effectuĂ©e en 2010 a permis de dĂ©couvrir qu'il s'agissait d'une jeune mĂšre et de son propre fils. AprĂšs analyse au carbone 14, la sĂ©pulture a pu ĂȘtre datĂ©e entre â4493 et â4345 av. J.-C.[53]
SĂ©pultures sous dalles
Entre 4500 et 4300, les sĂ©pultures sous dalles apparaissent avec en particulier dans le Loiret les gisements de « Marsaules » et « La Chaise » Ă Malesherbes. Du fait de leur originalitĂ©, elles constituent un type funĂ©raire spĂ©cifique et uniquement localisĂ© dans le Bassin parisien. Elles sont constituĂ©es d'une (ou quelques) tombe(s) en fosse, trĂšs ordinaire, recouverte dâun bloc de pierre mĂ©galithique pouvant peser de 7 Ă 20 tonnes, ce qui est beaucoup moins ordinaire[54].
Ă Orville, le site des « Fiefs » est constituĂ© d'un ensemble de sĂ©pultures individuelles dont une sous dalle et diverses structures. La dalle de grĂšs recouvrant une sĂ©pulture mesurait prĂšs de 4 m de longueur pour 2 Ă 2,30 m de large et 1 m d'Ă©paisseur et pesait environ 15 tonnes. La fosse est creusĂ©e en grandes parties dans le substratum calcaire, possĂšde un fond relativement plat et des parois subverticales et atteint 1,20 m de profondeur. La nĂ©cropole a livrĂ© les restes d'une douzaine d'individus dont des enfants. Lorsque les restes n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s par des animaux fouisseurs, on a pu constater que l'individu est approximativement orientĂ© est-ouest, tĂȘte Ă l'est et le visage tournĂ© vers le sud, les jambes fortement repliĂ©es[55].
Sépultures à incinérations
Des sépultures à incinérations apparaissent entre 3500 et 2800 av. J.-C. Dans le monument de Montigny, une grande fosse aménagée en bois accueille les restes incinérés, puis des murets de pierres sÚches sont élevés autour de la fosse[56].
La nécropole à incinérations du Néolithique récent des Canas à Varennes-Changy a été découverte à l'occasion de la construction de l'autoroute A77 en 1998. Elle comprend treize fosses à incinération identique, alignées en trois bandes et réguliÚrement espacées. La datation de cette nécropole, apportée par l'industrie lithique laminaire et une datation au Carbone 14 de deux prélÚvements, ressort à une fourchette de 3476-3056 av. J.-C. pour le premier échantillon et de 3323 à 2931 av. J.-C. pour le second. Ces éléments permettent d'attester la contemporanéité de la nécropole des Canas avec celle de Maison-Rouge, distante d'environ 45 km. Il s'agit là d'un ensemble ordonné et original, inconnu jusqu'alors. Cependant, une certaine homogénéité dans les pratiques funéraires est observée, malgré des particularités propres chaque groupe, dont certaines tombes atteignent une profondeur exceptionnelle qui suppose la présence d'un contenant en matériau périssable dans le fond de la fosse sépulcrale. Le rite de l'incinération n'est pas courant pendant cette période, mais il n'y est pas non plus isolé comme en témoignent les sépultures collectives à incinérations distribuées dans le Bassin parisien, seule l'organisation de ces nécropoles ou des sépultures collectives diffÚre[57].
Sépultures collectives mégalithiques
Ces incinĂ©rations sont toutefois rares au regard de la gĂ©nĂ©ralisation des sĂ©pultures collectives mĂ©galithiques Ă partir de â3500.
Un dolmen peut accueillir plusieurs dizaines de défunts, comme celui de « Mailleton » à Malesherbes. Au moment de sa découverte les restes d'une cinquantaine d'individus étaient groupés dans la chambre, en plusieurs amas d'os brisés. Des éléments de parures, des armatures de flÚches, différents outils en silex ainsi qu'un gobelet en céramique constituaient le mobilier funéraire. Il ressort des observations qu'une partie de la population inhumée a été réduite, puis la sépulture a été ensevelie sous plusieurs tonnes de pierre et enfin couverte par une dalle. La premiÚre utilisation du monument est datée entre -3450 et -3050. L'étude a montré que la condamnation n'est intervenue qu'aprÚs -2800[58] - [59].
Neuf sites mĂ©galithiques sont classĂ©s Ă l'inventaire des monuments historiques dans le Loiret. Il s'agit des dolmens de la Pierre clouĂ©e Ă Andonville, de la MouĂŻse Ă Baccon, de Coulmiers Ă Ăpieds-en-Beauce, de Mailleton Ă Malesherbes, de la Pierre Luteau Ă Ruan, du Ver, du Vert-Galant et de la Pierre tournante Ă Tavers et enfin du tumulus de Baccon.
Pratiques et lieux cultuels
Les menhirs apparaissent au Néolithique, parallÚlement au développement du mégalithisme funéraire. Il s'agit de blocs de pierre taillés dans des roches locales (grÚs dans la vallée de l'Essonne, poudingue dans la vallée du Gùtinais) qui sont ensuite dressés et calés dans une fosse aménagée à cet effet.
Vingt-cinq de ces monuments sont encore érigés dans le Loiret. Leur fonction (bornage, rituelle, etc.) n'est pas encore vraiment définie[19].
Principales découvertes préhistoriques faites en archéologie préventive
L'obligation de la conservation des donnĂ©es archĂ©ologiques produites par les fouilles et de leur exploitation dans le cadre dâune recherche organisĂ©e et rĂ©glementĂ©e est entrĂ©e dans la lĂ©gislation française depuis la loi de 1941. Mais c'est la loi du [60] relative Ă l'archĂ©ologie prĂ©ventive qui a fait faire un bond dans la connaissance archĂ©ologique. Elle impose en effet « la dĂ©tection, la conservation ou la sauvegarde par l'Ă©tude scientifique des Ă©lĂ©ments du patrimoine archĂ©ologique affectĂ©s ou susceptibles d'ĂȘtre affectĂ©s par les travaux publics ou privĂ©s concourant Ă l'amĂ©nagement ». Ainsi des redevances d'archĂ©ologie prĂ©ventive sont dues par les personnes publiques ou privĂ©es projetant d'exĂ©cuter des travaux qui sont soumis Ă autorisation prĂ©alable (chantiers routiers, ferroviaires, amĂ©nagements urbanistiques, etc.), de mĂȘme lorsque des fouilles sont prescrites, une partie est financĂ©e par l'amĂ©nageur[61].
Dans le Loiret, les principales dĂ©couvertes faites en archĂ©ologie prĂ©ventive pour la pĂ©riode prĂ©historique (PalĂ©olithique Ă NĂ©olithique) l'ont Ă©tĂ© dans le cadre des chantiers de l'autoroute A19 (diagnostics entre juillet 2005 et aoĂ»t 2007, fouilles entre avril 2006 et avril 2009) et de la rocade nord de Pithiviers (diagnostic en 2008, fouilles en 2010). L'autoroute A19, qui rĂ©alise la jonction entre l'autoroute A10 (Paris-OrlĂ©ans) et l'autoroute A6 (Paris-Lyon), ouverte au public le , a Ă©tĂ© lâoccasion dâune campagne d'archĂ©ologie prĂ©ventive sans prĂ©cĂ©dent Ă lâĂ©chelle nationale sur un projet autoroutier. L'intĂ©gralitĂ© du tracĂ©, soit 101 km, a Ă©tĂ© sondĂ©e. 30 sites remarquables ont ensuite Ă©tĂ© fouillĂ©s. Trois sites remarquables ont fait l'objet de fouilles[62].
Aménagement | Année fouille | Commune | Site | Nature | Période | Responsable de fouille | Publication |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Autoroute A19 | 2006-2009 | Beaune-la-Rolande | La Justice | Occupation nĂ©olithique (fosses) et vaste agglomĂ©ration antique le long de la voie romaine OrlĂ©ans-Sens (maisons avec cours et arriĂšre-cours, fosses, fossĂ©s dâenclos, voirie, activitĂ© mĂ©tallurgique. | NĂ©olithique et antique | Christian Cribellier | L'agglomĂ©ration de La Justice : Beaune-la-Rolande (Loiret)[63]. |
Autoroute A19 | 2006-2009 | Corquilleroy | La Couleuvre | Atelier de taille de silex (façonnage de hache). | NĂ©olithique | StĂ©phane Bourne | Le NĂ©olithique sur lâautoroute A19 - Deux ateliers de fabrication de haches dans la vallĂ©e du Loing[64]. |
Autoroute A19 | 2006-2009 | Fontenay-sur-Loing | La Plaine du Bois des Courillons | Atelier de façonnage de haches en silex. | Néolithique | Marie-France Creusillet | |
Rocade nord de Pithiviers | 2010 | Pithiviers | Vieux Chemin dâĂtampes | Partie dâun Ă©tablissement rural. | NĂ©olithique + TĂšne | Thierry Massat, Christian Cribellier | Bois MĂ©dor et Vieux Chemin dâĂtampes[38]. |
Notes et références
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