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Menhir

Un menhir est une pierre dressée, plantée verticalement. Il constitue l'une des formes caractéristiques du mégalithisme.

Le menhir de Kerloas, à Plouarzel (Finistère), plus grand menhir encore dressé de Bretagne.

Les menhirs se rencontrent de façon générale un peu partout en Afrique, Asie et Europe, mais c'est en Europe de l'Ouest qu'ils sont le plus répandus. Dans cette région, ils ont été érigés au Néolithique.

Étymologie

Couchés sur le sol, les quatre morceaux du Grand menhir brisé d'Er Grah, à Locmariaquer (Morbihan).

Le terme « menhir » est construit à partir du breton maen, « pierre », et hir, « longue ». Il semble que ce soit Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret qui, le premier[1], officialise le terme « menhir », dans son ouvrage Origines gauloises. Celles des plus anciens peuples de l'Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-bretons de l'Armorique, pour servir à l'histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796. Cette appellation « menhir » est vite relayée par l'historien Pierre Jean-Baptiste Legrand d'Aussy (1737-1800). Le 7 ventôse de l'an VII (), Legrand d'Aussy fait, à l'Institut, une lecture de son ouvrage, Des Sépultures nationales, publié par la suite en 1824 :

« On m'a dit qu'en bas-breton ces obélisques bruts s'appellent ar-men-ir. J'adopte d'autant plus volontiers cette expression, qu'avec l'avantage de m'épargner des périphrases, elle m'offre encore celui d'appartenir à la France, et de présenter à l'esprit un sens précis et un mot dont la prononciation n'est pas trop désagréable. La nécessité où s'est vue la nation bretonne d'imaginer une expression pour désigner cette sorte de monument, semble annoncer qu'elle en avait chez elle une très grande quantité. [...]

Ar-men-ir, littéralement la pierre longue. Ar, dans la langue bretonne, de même qu'al dans la langue arabe, est l'article défini qui répond à notre le, la; le transporter dans notre langue en y joignant le nôtre, serait une faute, parce que ce serait employer deux articles au lieu d'un. Je dirai donc menir, et non l’almenir; de même qu'on dit le Koran, et non l’alkoran. »

Legrand d'Aussy a ainsi créé un mot de toutes pièces signifiant « pierre longue »[Note 1] car le mot breton utilisé pour désigner ce type de monument est peulvan (peul/paol [pilier] et maen/man/van [pierre])[1]. Dans Le Cheval d'orgueil, Pierre Jakez Hélias évoque le mot breton de peulvan en ces termes :

Le vrai nom breton du monument préhistorique en question est bien peulvan (pieu de pierre ou pierre fitte) et non menhir (pierre longue), terme inusité au moment où parle le petit Louis. Il y a une ferme, sur la route de Plozévet, qui s'appelle Pleuvan[2]

Dans les autres régions de France, avant la généralisation du terme « menhir », on utilise des locutions comme « pierre fichée », « pierre plantée », « pierre levée », « pierre longue », « pierre fiette », « pierre latte », etc.[3] ou leurs équivalents en langue régionale, lesquels ont été conservés par la toponymie (« Pierrefiche », « Pierrefitte », etc.).

En gallois, les pierres dressées sont nommées maen hir, c'est-à-dire « pierre longue ».


Menhir d'Almendres à Évora, Portugal.

Généralités

Histoire

En Europe, les menhirs constituent l'une des formes caractéristiques du mégalithisme durant le Néolithique, jusqu'à la fin du Chalcolithique ; les pierres dressées durant la Protohistoire étant généralement classifiées comme stèles et localement en Europe de l'ouest comme « lechs », plutôt que comme « menhirs ». Jusqu'à récemment, les menhirs sont associés à la culture campaniforme qui occupait l'Europe à la fin du Néolithique et au début de l'âge du bronze, entre 4 500 et 2 500 ans avant notre ère. Certains travaux récents sur les mégalithes de Bretagne suggèrent une origine plus ancienne, jusqu'à 6 000 ou 7 000 ans avant notre ère[4].

Description

Les menhirs sont des pierres dressées verticalement. La pierre utilisée est celle qui correspond au substrat rocheux local ou provient de sites d'extraction plus éloignés (granite, calcaire, grès...). Leur taille varie fortement, de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres de hauteur. La pierre peut avoir été dressée telle quelle, dans son état brut, ou travaillée pour en régulariser les faces (par bouchardage au Néolithique, en employant des outils métalliques durant la Protohistoire) en tenant compte des qualités propres à chaque roche : le granite et le grès peuvent aisément être régularisés par bouchardage, le quartz ou le schiste ne se prêtent pas à la taille, schiste et calcaire se débitent facilement en dalle.

En fonction du sous-sol rocheux, les menhirs sont plus ou moins enfoncés dans le sol (en général, sur environ un dixième ou vingtième de leur longueur totale) dans une fosse de calage creusée préalablement et calés par de petits blocs. Certains spécimens sont parfois très peu enfoncés au regard de leurs proportions imposantes mais dans ce cas leur masse naturelle leur assure la stabilité. La découverte et la fouille d'une fosse de calage est une source très précieuse en archéologie : outre qu'elle peut permettre d’apprendre quelles techniques de construction furent utilisés (préparation du sol, sens du relevage) elle peut aussi être l'occasion de recueillir du matériel archéologique (charbons de bois permettant une datation au carbone 14, objets lithiques, tessons de céramique, fragments métalliques...) qui permettront de dater plus ou moins approximativement la date d'érection du menhir. A contrario, l'absence d'existence d'une fosse de calage est généralement interprétée comme un indice remettant en cause l'authenticité historique d'une pierre dressée ; de même, la présence d'objets irrémédiablement attribuables à des périodes postérieures au Néolithique (romaine, médiévale, contemporaine, moderne) peut indiquer que le site fut fouillé postérieurement ou que le redressement de la pierre fut opéré (ou réopéré) à une période plus récente.

Les menhirs ont été dressés de manière isolée ou en groupe plus ou moins importants. Lorsqu'ils sont alignés en file, ils peuvent former des alignements mégalithiques ou des enceintes mégalithiques de formes variées (circulaire, rectangulaire ellipsoïdale, trapézoïdale) usuellement mais improprement dénommées cromlec'h.

Pour certains chercheurs, il aurait existé au Néolithique, à côté de ces mégalithes, leurs équivalents en bois appelés, faute de terme adéquat pour les désigner, « menhirs en bois »[5].

Décorations et sculptures

L'exposition à la lumière du jour et aux intempéries nuisent à la conservation d'un éventuel décor et on a longtemps considéré que les menhirs n'étaient pas ornés[6]. L'examen attentif de leur surface révèle parfois qu'ils peuvent avoir été gravés[Note 2] de formes abstraites (lignes, spirales, etc.) ou de représentations d'objets plus ou moins identifiables (haches, crosse de bergers, jougs d'attelage...) ; les figurations d'animaux ou d'humains sont extrêmement rares et très abstraites. À l'exception des haches, aucun de ces motifs n'est certain et les noms employés pour les décrire le sont par pure commodité (hache-charrue, crosse, écusson...). La plupart de ces gravures ne sont plus désormais visibles qu'en lumière rasante, soit en raison d'une érosion du matériau support, soit parce qu'elles étaient initialement rehaussées par des couleurs désormais disparues (Espagne).

Au Néolithique final et à l'âge du bronze, les menhirs évoluent progressivement vers des stèles et des statues-menhirs, de taille plus modeste, gravées et/ou taillées en bas-relief ou en ronde-bosse, parfois sur plusieurs faces, avec des représentations de caractères anthropomorphes (visage, seins, bras et mains, jambes et pieds) et/ou d'attributs caractéristiques (colliers, pendeloque, crosse, arme, le baudrier, éléments vestimentaires...).

Destructions

Huelgoat : destruction d'un menhir par des carriers vers 1900.

Dans le cas du menhir d'Er Grah, il a été démontré que sa destruction et sa réutilisation furent très anciennes. L'empereur Charlemagne, dans son Admonitio generalis de 789 renouvelé dans l'article 41 du capitulaire des missi dominici mis au point vers l'an 800, avait ordonné la destruction des pierres païennes que vénéraient les populations. Au Moyen Âge, beaucoup de menhirs furent christianisés par la gravure de croix ou de motifs à caractère religieux et/ou l'installation d'une croix sur leur sommet et d'autres furent purement et simplement détruits pour les mêmes raisons. En dehors du domaine religieux, et d'une manière plus générale, comme pour tous les mégalithes, les destructions de menhirs qu'elles soient involontaires, par négligence, ou volontaires, furent une pratique courante tout au long des siècles mais elles se sont fortement accrues dans la deuxième moitié du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle pour diverses causes successives et cumulatives :

  • le démantèlement à des fins de réutilisation de la pierre pour la construction, l'empierrement des chemins, le pavage des rues ;
  • les fouilles sommaires pratiquées par des pilleurs, à la recherche d'un supposé trésor caché à leur pied, ou des érudits du XIXe siècle, aux méthodes expéditives, ayant entraîné la chute puis la destruction progressive ;
  • lorsqu'ils se situent au-milieu des champs, la gêne supposée pour les cultures, surtout quand celles-ci sont mécanisées ;

En Bretagne, on estime ainsi que l'invention de la dynamite et la généralisation des remembrements du XXe siècle sont responsables des trois-quarts des destructions[7].

On estime que sur les 50 000 mégalithes ayant été érigés en Europe de l'Ouest et du Nord, environ 10 000 subsistent à notre époque[8].

Essai d'interprétation

Jusqu'au XIXe siècle, on ne possède pas une connaissance suffisante de la Préhistoire et toutes les constructions qui semblent être antérieures à l'époque gallo-romaine sont attribuées à des Géants supposés avoir habités sur terre dans des temps très anciens. En France, de nombreux menhirs sont ainsi attribués au facéties du géant Gargantua. Fin XVIIIe siècle, les premiers érudits, pétris de culture classique, suggèrent que les menhirs résultent de cultes druidiques ou de constructions liées à des calendriers primitifs[9]. Tout au long du XIXe siècle, l'essor de la celtomanie contribue à associer immanquablement les menhirs aux Celtes et à développer des théories, plus ou moins complexes, associant les menhirs aux astres et dans le même temps à associer les dolmens à des sacrifices sanglants. De nombreux auteurs, archéologues[Note 3] ou amateurs avertis, entreprennent alors de démontrer que certains menhirs avaient des orientations astronomiques précises[10] et partant de cette constatation, exposent que les menhirs et a fortiori les ensembles de menhirs (alignements, cromlechs) devaient servir à calculer la position des astres, toutes ces théories oubliant implicitement que certains menhirs ont été déplacés depuis leur érection et que beaucoup d'ensembles mégalithiques sont incomplets du fait des destructions antérieures[11]. De même, les blocs erratiques, résultant du glissement des glaciers, ou les chaos naturels, dont l'existence ne pouvait être expliquée en l'état des connaissances scientifiques de l'époque, furent interprétés comme étant des constructions humaines de type mégalithique, et se virent attribuer, à leur tour, selon ces mêmes théories, des caractéristiques astronomiques purement fantaisistes[12].

« La problématique de l'orientation astronomique des menhirs a été constamment embrouillée par des travaux fantaisistes ou imprudents, et un discrédit général en a rejailli sur les travaux sérieux, basés sur des faits moins contestables, sinon toujours rédigés prudemment. On a commencé par discerner d'approximatives orientations solaires calendaires, solsticiales ou équinoxiales, puis des stellaires et des lunaires, un peu au bonheur la chance, et bien entendu on les a retrouvées à peu près, ici ou là. C'est très possible qu'il y ait eu quelque chose de ce genre, mais beaucoup moins précis qu'on ne l'imagine. Dans certaines hypothèses en vogue il y a quelques années, on aurait là divers éléments de grands observatoires destinés à prévoir les éclipses. Malgré des tentatives de démonstrations sophistiquées, rien n'a pu être jusqu'ici valablement démontré. Il en est de même quant à l'utilisation d'unités de longueur, de figures géométriques pythagoriciennes ou autres, ou encore d'arrangements quasi géodésiques. Il est trop facile de trouver des semblants de coïncidences qui ne prouvent rien[13]. »

Pierre-Roland Giot, Préhistoire en Bretagne

Aujourd'hui encore la signification précise des menhirs demeure totalement incertaine, et les pierres levées « demeurent pudiquement enveloppées d'un mystère épais »[13]. Certaines corrélations peuvent au mieux conduire à émettre des hypothèses. Il a été ainsi observé que l'installation d'un menhir correspond souvent, selon les régions, mais sans aucun caractère systématique démontré, à la présence voisine d'un élément naturel ou anthropique notable pour lequel il aurait pu servir de « menhir indicateur »[14] : proximité d'une ressource hydrique (source, rivière, interfluve) qui pourrait avoir eu une signification sacrée ou un usage purement profane, proximité d'une ou de plusieurs tombes mégalithiques (dolmens), implantation près d'un col en zone de moyenne montagne, sur un rebord ou un sommet de plateau, un point élevé de la côte. Dans l'ouest de la France, si l'association apparente avec des sépultures est assez fréquente, elle doit cependant être nuancée car lorsque les fouilles ont permis de dater assez précisément les monuments respectifs un décalage chronologique parfois très important a pu être constaté[14].

Approche culturelle

Mythes et légendes

La forme phallique des menhirs a souvent conduit à leur prêter de nombreuses vertus pour répondre aux problèmes conjugaux et surtout de fécondité et ceci jusqu'au début du XXe siècle. En Bretagne, de nombreuses traditions rapportent des pratiques similaires consistant pour les jeunes femmes à se frotter tout ou certaine partie du corps (le bas-ventre en particulier) contre un menhir pour régler un souci de stérilité, pour avoir des garçons ou se trouver un mari dans les cas désespérés) ou même de guérison[15]. Il se trouve que le granite exposé aux intempéries (pluie, soleil, gel, etc.) subit un phénomène d'amorphisation (il perd son caractère cristallin : le quartz s'hydrate en silice, etc.)[16] - [17]. Les minéraux, la silice et les métaux-traces qui composent le granite deviennent absorbables à travers la peau et les muqueuses et rentrent ainsi dans le métabolisme de l'organisme[18].

D'autres traditions se focalisant sur le caractère spectaculaire des menhirs y voient nécessairement le résultat de l'intervention d'êtres doués de pouvoirs extraordinaires, surnaturels ou religieux : armée d'invasion pétrifiée (alignement de Carnac), individus changés en pierres après avoir tenté de voler un trésor (de lutins, d'une sorcière) ou s'étant comporté de manière incorrecte envers un prêtre dans l'exercice de ses fonctions sacrées (La Noce de Pierres), projectiles lancés par Gargantua au cours d'un jeu ou lors de combats entre le Diable et la Vierge ou un saint, pierres perdues en chemin lors de leur transport par un personnage doué d'une force surhumaine (le Diable, la Vierge Marie, Gargantua) alors qu'elles étaient destinées à un monument remarquable (château, église, pont) en cours de construction.

Bande dessinée

Dans les aventures d'Astérix et Obélix, Obélix exerce la profession de tailleur et livreur de menhirs : il est souvent représenté portant un menhir sur le dos. Cette activité est au centre du scénario de l'album Obélix et compagnie ; une allusion à l'aménagement d'un certain terrain à Carnac est également faite dans les albums Astérix en Hispanie et Le Fils d'Astérix. Cet anachronisme plaisant traduit la persistance jusqu'au milieu du XXe siècle (la bande dessinée a été créée en 1959)[19] de la thèse celtique faute d'explication incontestable[Note 4].

Répartition mondiale

Les menhirs sont présents un peu partout dans le monde, tout particulièrement en Afrique, en Asie et en Europe, mais c'est en Europe de l'Ouest qu'ils sont les plus nombreux. On les retrouve à travers toute l'Europe, de la zone méridionale (Portugal, Espagne, Corse, etc.) au pourtour de l'océan Atlantique (France, Irlande, Grande-Bretagne), et de l'Europe centrale (Suisse, Autriche, Allemagne) à la Scandinavie (Danemark et Suède). La région a compté jusqu'à 50 000 mégalithes[20], tandis que le seul Nord-Ouest de la France en compte 1 200[21]. Sous des formes plus récentes, les menhirs se rencontrent également en Afrique (Sénégal), en Asie (Inde, Indonésie, Corée) et même en Amérique du Sud.

Europe

Extension du mégalithisme préhistorique en Europe de l’Ouest et en Afrique du Nord-Ouest (en marron).

France

En France, la plus forte concentration de menhirs visible est en Bretagne, de formes très diverses. C'est aussi en Bretagne que l'on peut voir le plus grand menhir connu au monde (grand menhir brisé d'Er Grah qui mesurait près de 20 m de hauteur) et où les alignements sont les plus fréquents et les plus spectatculaires, les plus connus étant les alignements de Carnac, où plus de 3 000 menhirs individuels sont arrangés en quatre groupes et alignés en rangées s'étirant sur km[4].

La deuxième concentration de menhirs est située en Lozère sur le site de la Cham des Bondons, qui en compte plus de 150[22], sur une plaine calcaire des Cévennes granitiques. D'autres départements français disposent d'un patrimoine mégalithique méconnu incluant des menhirs tout à fait remarquable (la Vendée, la Seine-et-Marne, l'Essonne) ; le Tarn et la Corse s'illustrent par de fortes concentrations de statues-menhirs.

Grande-Bretagne

Les deux menhirs de Giant’s Grave, en Cumbrie, se dressent au pied du dôme de Black Combe, une montagne dans le Parc national du Lake District. Le plus petit menhir porte trois pétroglyphes en spirale, alors que le plus grand n'en a qu'un. On peut accéder au site par l'A595 via un champ jouxtant le passage à niveau[23].

Le menhir de Longstone est l'unique menhir de l’île de Wight. Le toponyme de Mottistone, qui désigne le village au sud, est une allusion à ce monolithe. C'est en fait un assemblage de deux pierres taillées dans le grès, qui fermaient sans doute à l'origine l'extrémité d'un dolmen disparu de la côte sud-ouest de l’île.

  • Le menhir de Rudston est le plus grand de Grande-Bretagne.
    Le menhir de Rudston est le plus grand de Grande-Bretagne.
  • Giant's Grave, Cumbrie.
    Giant's Grave, Cumbrie.
  • Longstone, île de Wright.
    Longstone, île de Wright.

Allemagne

En Allemagne l'on peut citer le menhir du Gollenstein situé proche de Blieskastel en Sarre. Avec ses six mètres soixante de hauteur il passe pour être l'un des plus hauts d'Europe centrale. L'on peut également citer les menhirs du Spellenstein proche de Rentrisch (commune de Saint-Ingbert) et le Hinkelstein de Walhausen (commune Nohfelden, tous deux également situés dans le Land Sarre. Le Dölauer Jungfrau (aussi appelé Steinerne Jungfrau) est situé près de Halle-sur-Saale dans le Land Saxe-Anhalt. Il mesure cinq mètres cinquante de hauteur.

  • Le menhir du Gollenstein.
    Le menhir du Gollenstein.
  • Le Spellenstein.
    Le Spellenstein.
  • Le menhir Hinkelstein à Walhausen, Sarre.
    Le menhir Hinkelstein à Walhausen, Sarre.
  • Dölauer ou Steinerne Jungfrau.
    Dölauer ou Steinerne Jungfrau.
  • Dolmen et menhir Großsteingrab Langeneichstädt dans la commune de Mücheln (Geiseltal).
    Dolmen et menhir Großsteingrab Langeneichstädt dans la commune de Mücheln (Geiseltal).

Suisse

L'ensemble de menhirs de Clendy, situé près d'Yverdon au bord du lac de Neuchâtel.

Vieux de 6000 ans certains d'entre eux atteignent 4,5 mètres de hauteur pour un poids de 5 tonnes[24].

On a découvert en 2021 à Saint Léonard en Valais un alignement de 13 menhirs ayant au moins 3000 ans[25].

Scandinavie

En Scandinavie, les menhirs sont appelés bautasteiner ou bautastenar et continuèrent à être érigés pendant l'âge de fer pré-romain (Ve au Ier siècle) et même plus tard, généralement au-dessus des cendres des morts. Ils sont érigés à la fois seuls et en formations, comme les bateaux de pierre et quelques cromlech. Parfois, ils sont érigés simplement comme monuments commémoratifs, une tradition qui se poursuit par la suite avec les pierres runiques.

La tradition est la plus forte au Bornholm, au Gotland et au Götaland, et semble s'être poursuivie par les Goths au Ier siècle jusqu'à la rive sud de la mer Baltique (maintenant dans le Nord de la Pologne) où elle est une caractéristique de la culture de Wielbark[26] - [27].

Frostating (Frosta, comté de Nord-Trøndelag, Norvège) est le site d'une assemblée norvégienne primitive. Il est représenté par le menhir de Frostatinget.

En Suède au XIIIe siècle, des menhirs sont érigés comme stèles pour les tombes des guerriers. Dans l'introduction à la saga Heimskringla compilée par Snorri Sturluson (1179-1241), celui-ci écrit :

« Quant aux rites funéraires, le premier âge est appelé Âge du Feu ; car tous les morts étaient consumés par le feu, et sur leurs cendres furent dressées des pierres.

Pour les hommes importants, un tertre devait être dressé en leur mémoire, et pour tous les autres guerriers qui s'étaient distingués par leur virilité, une pierre dressée ; cette coutume demeura longtemps après l'ère d'Odin[28]. »

Dans le même document, Snorri écrit que les Suédois brûlèrent leur roi mort Vanlandi et érigèrent une pierre sur ses cendres près de la rivière Skyt (un affluent de la Fyrisån) :

« Les Suédois prirent son corps et le brûlèrent près de la rivière nommée Skytaa, où une pierre fut dressée sur lui[28]. »

Cette tradition est également mentionnée dans le poème Hávamál.

Amérique du Sud

Des menhirs sont érigés par les U'wa de Colombie sur leur territoire ancestral. Selon les légendes du peuple, il s'agit des anciens des clans U'wa clans transformés en piliers de pierre. On rencontre également des menhirs à Chita et Chiscas, Boyacá. Le parc de los Menhires en Argentine compte 114 menhirs. Les pierres mesurent entre 4 et 5 m de hauteur sur m de largeur. Ils ont été érigés par les Tafí, une culture de la province de Tucumán.

Arménie

L'Arménie compte de nombreux menhirs (appelés en arménien Վիշապաքար, vichapkar, littéralement « dragon de pierre »). Ce sont des pierres en forme de cigare, de 3 à 6 m de haut. On les rencontre souvent dans les montagnes près des sources de rivière ou des lacs. Un grand nombre sont gravés en forme de poisson.

Le plus ancien vichapkar daterait des XVIIIe au XVIe siècle av. J.-C. Une inscription en cunéiforme urartéen gravée sur un vichap du temple de Garni montre qu'ils ont été créés avant l'époque du royaume d'Urartu (avant le VIIIe siècle).

Inde

À Mudumala (district de Mahabubnagar, Andhra Pradesh), un site archéologique compte environ 80 grands menhirs, certains de m de hauteur, et plusieurs centaines de petits menhirs éparpillés dans les champs. Selon le Dr Rao, dont l'équipe a visité le site aux solstices et équinoxes, certains alignements seraient alignés avec le soleil levant et couchant à ces dates[29].

Iran

Les menhirs sont appelés سنگ‌افراشت (sang-afrāsht) en persan. On en trouve dans plusieurs villages et régions d'Azerbaïdjan oriental, et près d'Amlash et Daylam dans le Gilan ; un double menhir est situé à Kharg dans le Golfe Persique.

Notes et références

Notes

  1. En breton, maen est un substantif et hir un adjectif.
  2. On s'intéresse ici au décor réalisé à une période contemporaine de celle de l'érection de la pierre, les ajouts ultérieurs sont eux très fréquents (christianisation,, graffitis de diverses époques...).
  3. Marcel Baudouin qui fut secrétaire général de la Société préhistorique française développera ainsi une « Préhistoire par les étoiles »...
  4. On notera a contrario que les dolmens dont les fouilles ont rapidement révélé le caractère funéraire n'ayant pas conservé cet aspect énigmatique ne sont pas représentés dans cette bande dessinée.

Références

  1. Lehoërff 2016, p. 193.
  2. Pierre Jakez Hélias, Le cheval d'orgueil, Paris, France Loisir, , 568 p. (ISBN 2-7242-0151-5), p. 209
  3. Gustave Flaubert, "Par les champs et par les grèves", 1886.
  4. (en) Elyn Aviva, Gary White, « Mysterious Megaliths: The Standing Stones of Carnac, Brittany, France », World and, vol. 13,
  5. Charles-T. Le Roux et Jean-L. Monnier, « Des menhirs en bois ? », La Recherche, no 360, , p. 21
  6. Le Roux 2006, p. 558.
  7. Victor-Henry Debidour, L'Art de Bretagne, Arthaud, , p. 56.
  8. (en) Brad Olsen, Sacred Places Around the World : 108 Destinations, Consortium of Collective Consciousness, , 288 p. (ISBN 1-888729-10-4, lire en ligne), « Carnac », p. 232
  9. (en) Mark Patton, Statements in Stone : Monuments and Society in Neolithic Brittany, New York, Routledge, , 209 p. (ISBN 978-0-415-06729-4), p. 4
  10. Daniel Lavalette, « Directions astronomiques canoniques des sépultures mégalithiques de Bretagne et de l’Europe atlantique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 106, no 3, , p. 535–551 (DOI 10.3406/bspf.2009.13874)
  11. « Recherches archéologiques en Gaule en 1953 (Généralités, Époque préhistorique) », Gallia, CNRS, vol. 13, no 2, , p. 16-17
  12. Edmond Hue, « Les blocs erratiques : Des environs de Luc-Sur-Mer (Calvados) », Bulletin de la Société préhistorique de France T. 22, No. 8/10 (), pp. 3-38 (44 pages), Société Préhistorique Française, vol. 22, nos 8/10, , p. 3-38
  13. Giot 2004, p. 20.
  14. Le Roux 2006, p. 557.
  15. https://www.bretagne.com/fr/la-bretagne/sa-culture/ses-legendes/le-menhir-de-kerloas-et-ses-legendes
  16. https://rruff.info/rdsmi/V30/RDSMI30_373.pdf
  17. https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1978_num_87_480_17835_t1_0201_0000_2
  18. https://siliciumg5.com/fr/content/21-loic-le-ribault
  19. Catherine Bertho-Lavenir, « Pourquoi ces menhirs ? Les métamorphoses du mythe celtique : Astérix. Un mythe et ses figures », Ethnologie française nouvelle série, Presses Universitaires de France, vol. 28, no 3, , p. 303-311
  20. (en) Janice Greene, Strange But True Stories, Saddleback Pub, , 76 p. (ISBN 978-1-59905-010-2)
  21. (en) Margaret Oliphant, The Atlas of the Ancient World : Charting the Great Civilizations of the Past, Simon & Schuster, (ISBN 978-0-671-75103-6), p. 81
  22. « Préhistoire », Parc national des Cévennes
  23. Julian Cope, The Modern Antiquarian : A Pre-millennial Odyssey Through Megalithic Britain : Including a Gazetteer to Over 300 Prehistoric Sites, Thorsons Pub, , 438 p. (ISBN 978-0-7225-3599-8), p. 249
  24. (en) « The Goths in Greater Poland », Musée archéologique de Poznan
  25. (en) « Jewellry of the Goths », Musée archéologique de Poznan
  26. (en) « The Ynglinga Saga », Sacred Texts
  27. (en) « Signature of the sky in rock », Chennai, Inde, The Hindu,

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre-Roland Giot, Préhistoire en Bretagne : Menhirs et dolmens, Châteaulin, Éditions Jos Le Douaré, , 63 p. (ISBN 9782855432014)
  • Franck Leandri, Michel Maillé et Emmanuel Mens, « Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs », dans Dominique Garcia, La protohistoire de la France, Paris, Hermann, (ISBN 978-2705695941), p.187-203.
  • Anne Lehoërff, Préhistoires d'Europe : De Néandertal à Vercingétorix, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-5983-6), chap. 5 (« Marquer les espaces »)
  • Charles-Tanguy Le Roux, « Pierres dressées dans l'ouest de la France », dans Roger Joussaume, Luc Laporte, Chris Scarre, Origine et développement du mégalithisme de l'ouest de l'Europe : Colloque international du 26 au 30 octobre 2002, vol. 2, Bougon, Musée des Tumulus de Bougon, , 830 p. (ISBN 2911743229), p. 547-567

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