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Druide

Le druide est un chef religieux de la religion des Celtes. Membre de la classe supĂ©rieure dans les cultures celtiques antiques, c’est un personnage trĂšs important, au point qu’il est Ă  la fois ministre du culte, thĂ©ologien, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerriĂšre[1]. Il est en premier lieu l’intermĂ©diaire entre les dieux et les hommes, et correspond Ă  la premiĂšre fonction de l'idĂ©ologie tripartite des Indo-EuropĂ©ens mise en lumiĂšre par Georges DumĂ©zil[2].

Deux druides, d'aprĂšs une illustration de Antiquitas explanatione et schematibus illustrata (Bernard de Montfaucon, 1719).

Néanmoins cette conception est aujourd'hui contestée par Jean-Louis Bruneaux[3] - [4]qui montre que les auteurs antiques ayant rencontré les druides au IVe siÚcle avant notre Úre, les considéraient comme devins et non comme officiants religieux, et propres à la société gauloise : l'hypothÚse qui rapporte les traditions irlandaises tardives à la totalité du monde celte n'est pas probante.

Il existait également des druidesses chez les Celtes. Les plus célÚbres d'entre elles sont Velléda et Cartimandua.

Bien que trĂšs instruits, ils ne croyaient pas en la transcription de leurs connaissances sous forme Ă©crite. Leurs croyances et leurs pratiques sont attestĂ©es en dĂ©tail par leurs contemporains d’autres cultures, comme les Romains et les Grecs.

Dans le rĂ©cit TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des vaches de Cooley), le druide Cathbad provoque la mort d'un Ă©missaire qui a parlĂ© sans permission, car « Nul ne parle avant le roi, mais le roi ne parle pas avant son druide. »

Il est chargé de la célébration des cérémonies sacrées et lui seul a le droit de pratiquer certains types de sacrifices.

Plusieurs noms de druides historiques sont connus : par exemple Diviciacos et Dumnorix, dont Jules CĂ©sar nous apprend qu’ils furent des vergobrets des Éduens. CicĂ©ron dont il fut l'hĂŽte, nous renseigne sur la qualitĂ© des druides dont les textes font mention dans la mythologie celtique.

Sources et Ă©tymologie

Comme pour tout ce qui concerne la civilisation celtique, il n’existe aucun texte d’origine interne. Les druides eux-mĂȘmes sont Ă  l’origine de ce fait : considĂ©rant que la parole Ă©crite est morte, ils ont privilĂ©giĂ© l’oralitĂ© et la mĂ©moire pour la transmission du Savoir[5]. Les Celtes connaissaient pourtant l’écriture (ils utilisaient le grec) et l’ont utilisĂ©e de façon marginale. De plus, les peuples de culture gaĂ©lique ont inventĂ© l'Ă©criture oghamique dont trois cents inscriptions Ă  vocation funĂ©raire subsistent gravĂ©es dans la pierre.

L'Ă©tymologie du mot « druide » – latin pluriel druidĂŠ (non attestĂ© au singulier) – est discutĂ©e. Si tous les spĂ©cialistes s'accordent pour reconnaĂźtre dans le second terme de ce composĂ© la racine *weid- – « savoir, voir » –, le premier terme est souvent interprĂ©tĂ© comme le prĂ©fixe intensif indo-europĂ©en dru- (ÎŽÏáżŠÏ‚, « durs, forts comme le chĂȘne »[6]), d'oĂč la traduction courante : « les trĂšs savants ». Cette explication a Ă©tĂ© critiquĂ©e, notamment par le linguiste Émile Benveniste, qui part de la base *der-w/dr-ew, « ferme, solide ». Selon cette Ă©tymologie, le druide serait « celui qui sait fidĂšlement, celui qui a une vision vraie, certaine »[7] - [8].

Depuis les Romains – notamment Pline l'Ancien et Lucain –, on a longtemps pensĂ© que le mot « druide » Ă©tait associĂ© au chĂȘne (en grec : Ύρυς, drus), Ă  cause des rites associĂ©s Ă  cet arbre. Les linguistes et philologues ont maintenant Ă©tabli que ce terme spĂ©cifiquement celtique, prĂ©sent tant dans le texte de Jules CĂ©sar que ceux du Moyen Âge, provenait de dru-wid-es qui signifie « trĂšs savants »[9]. On remarquera toutefois que, curieusement, « chĂȘne » se dit derw (ou derv/dero) en breton et que sur une racine semblable se forme en gallois le mot derwydd qui signifie « druide »[10], ce qui a pu mener Ă  une certaine confusion sur l'origine du mot ; cette thĂšse est catĂ©goriquement rĂ©futĂ©e par Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux pour qui « il n’existe aucune possibilitĂ© immĂ©diate de relier le nom des druides Ă  celui du chĂȘne dans la religion gauloise dervo-, irlandais daur, dar, gallois derw, breton derv) »[11]. Le linguiste Xavier Delamarre (CNRS) se fonde sur le terme indo-europĂ©en *dĂłru/*dru-, « arbre, bois », pour y voir Ă©galement « ceux qui connaissent l'Arbre », par extension « les savants »[12], non au sens botanique du terme mais cosmogonique de l'Arbre du monde[13] - [14].

Sources littéraires

Deux types de sources permettent d’apprĂ©hender le sujet : les tĂ©moignages antiques et la consignation, par des clercs, de traditions orales au Moyen Âge en Irlande. Pour la premiĂšre catĂ©gorie, il faut citer notamment Diodore de Sicile (BibliothĂšque historique), Strabon (GĂ©ographie), Pomponius Mela (De Chorographia), Lucain (La Pharsale), Pline l'Ancien (Histoire naturelle), DiogĂšne LaĂ«rce, et surtout CĂ©sar qui, avec ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, apporte de nombreuses et importantes informations sur la sociĂ©tĂ© gauloise ainsi que sur la religion et ceux qui en ont la conduite. Jean-Louis Brunaux insiste, pour sa part, sur l'apport de Posidonios d'ApamĂ©e, dont nombre d'auteurs anciens se seraient inspirĂ©s, parfois trĂšs directement[15].

Une deuxiĂšme source documentaire vient corroborer la premiĂšre et l’enrichir d’une origine diffĂ©rente : il s’agit d’un ensemble important et incontournable de textes irlandais, pour l’essentiel, Ă©crits du VIIIe au XVe siĂšcle. Ils retranscrivent les mythes et Ă©popĂ©es de l’Irlande celtique qui se sont transmis oralement de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Les collecteurs transcripteurs les ont affublĂ©s d’un vernis chrĂ©tien, sous lequel l’étude dĂ©couvre l’original. De cette littĂ©rature, on peut citer : le Cath Maighe Tuireadh (Bataille de Mag Tured), le Tochmarc ÉtaĂ­ne (en) (Courtise d’Étain), le TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des Vaches de Cooley), le Lebor GabĂĄla Érenn (Livre des ConquĂȘtes) et les Mabinogion gallois.

Jules CĂ©sar Ă©crit :

« Les premiers [les druides] s'occupent des choses de la religion, ils président aux sacrifices publics et privés et rÚglent les pratiques religieuses ; les jeunes gens viennent en foule s'instruire auprÚs d'eux, et on les honore grandement[12]. »

Le dĂ©calage gĂ©ographique et chronologique entre les sources continentales et les sources insulaires semble poser problĂšme Ă  certains auteurs. Ainsi, l’archĂ©ologue Jean-Louis Brunaux prend le parti d’écarter les sources irlandaises pour ne considĂ©rer que les auteurs grecs et latins et Ă©tudier les druides gaulois[15]:14 - [α 1]. Mais la plupart, comme Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux par exemple, considĂšrent pour les sources galloises et irlandaises, que c’est la retranscription qui est tardive, mais que le fond est archaĂŻque[16]. Albert Grenier note, quant Ă  lui : « Toute cette littĂ©rature n'est vraiment Ă©tudiĂ©e que depuis une soixantaine d’annĂ©es. On n’en mĂ©connaĂźt plus aujourd’hui la valeur ni l’intĂ©rĂȘt. Si mĂȘlĂ©e qu’elle soit d’élĂ©ments divers, elle n'en plonge pas moins ses racines dans un passĂ© lointain dont l’isolement de l’Irlande a conservĂ© la tradition. Tandis que le continent subissait le bouleversement des invasions barbares, le celtisme insulaire s’est dĂ©veloppĂ©, conservant une image de l’ancienne civilisation[17]. » Miranda Jane Green rappelle l'importance des druides dans la mythologie de l’Irlande et note la confirmation des textes classiques par les rĂ©cits mythiques en ce qui concerne l'existence de trois types de membres de la classe sacerdotale[18].

Archéologie

Si l’archĂ©ologie renseigne sur les sanctuaires et certaines pratiques cultuelles, elle n’apporte rien sur le statut et la fonction. Selon Venceslas Kruta, « L'identification archĂ©ologique des druides est difficile et mĂȘme les cas qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les plus vraisemblables restent incertains[19].

  • Dans la nĂ©cropole de Pogny (dĂ©partement de la Marne), la sĂ©pulture d’un guerrier renfermait des instruments (une patĂšre en bronze et deux cuillĂšres plates - musĂ©e de ChĂąlons-en-Champagne) que l’on suppose ĂȘtre mĂ©dicaux. La mĂ©decine Ă©tant exclusivement du ressort des druides, il est possible que l’homme inhumĂ© dans cette tombe fĂ»t l’un d’eux[19]:779.
  • À Pottenbrunn (Basse-Autriche), l’une des nĂ©cropoles, utilisĂ©e au Ve et au IVe siĂšcle av. J.-C., contient quarante deux tombes dont l’une (no 520), pourrait ĂȘtre celle d’un druide. Un instrument qui semble ĂȘtre une sonde chirurgicale et un pendule en os ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, entre autres objets, Ă  cĂŽtĂ© du squelette d’un guerrier, ĂągĂ© de 45-55 ans[20].
  • En Grande-Bretagne, Camulodunum, l’oppidum du puissant peuple des Trinovantes Ă©tait installĂ© Ă  l’emplacement de l’actuelle ville de Colchester (comtĂ© d’Essex). Dans ce site archĂ©ologique important, on a dĂ©couvert en fĂ©vrier 2008 une sĂ©pulture contenant des instruments de divination et des instruments chirurgicaux (scalpels, scie, aiguilles, sondes, etc.), qui pourraient laisser supposer qu'il s’agit, lĂ  aussi, de la tombe d’un druide[21].

Origines

CĂ©sar Ă©voque une origine insulaire du druidisme (« On croit que leur doctrine est nĂ©e en Bretagne, et a Ă©tĂ© apportĂ©e de cette Ăźle dans la Gaule ; de nos jours encore ceux qui veulent en faire une Ă©tude approfondie vont le plus souvent s’instruire lĂ -bas »[12]), mais cette thĂšse n'est absolument pas confirmĂ©e[22]. Il existe plusieurs thĂšses sur l’émergence de l’institution druidique.

  • une origine fondamentale et spĂ©cifique de la civilisation celtique
  • une origine prĂ©-celtique issue du nĂ©olithique
  • une crĂ©ation tardive des derniers siĂšcles du Ier millĂ©naire av. J.-C., avec l'apparition d'intellectuels, notamment des savants versĂ©s en astronomie, se distinguant de la classe guerriĂšre sur le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e[15].

Druides et Pythagore

DĂšs l'AntiquitĂ©, « Pythagore apparaĂźt comme un maitre des druides », celui qui les a initiĂ© Ă  une sagesse ancestrale qu'il n'a pas lui-mĂȘme Ă©laborĂ©, mais reçu lui aussi par initiation grĂące aux sages de l'Égypte et de l'Inde[15]:170.

Néanmoins, il est impossible de vérifier si cette thÚse est historiquement réelle ou seulement apocryphe, du fait de l'absence de preuves archéologiques concernant l'origine premiÚre de l'ordre druidique (la civilisation celtique n'étant pas portée à mettre par écrit ses connaissances sacrées, la tradition orale étant la plus divine à ses yeux) ; néanmoins « les contacts entre Celtes (...) et pythagoriciens de deuxiÚme et troisiÚme générations sont envisageables », du fait que des rapports commerciaux entre la Gaule ancienne et la GrÚce (et la Grande GrÚce) sont amplement prouvés, et qui ne peuvent que sous-entendre d'autres rapports, comme l'échange de savoirs, de mythologies, de spiritualités[15]:173.

L'univers religieux des Gaulois, de toute façon, n'Ă©tait pas Ă©loignĂ© de celui des Grecs (ou des Égyptiens ou des Hindous), tant dans le domaine esthĂ©tique que social : « Chaque peuple gaulois a ses dieux, (...) dieux Ă  figure d'animaux, dĂ©esses-mĂšres issues des temps les plus anciens », Ă©crin culturel ne pouvant que faciliter l'installation de croyances philosophiques religieusement Ă©laborĂ©es comme l'incarnaient le pythagorisme (au niveau philosophique) et l'orphisme (au niveau cultuel) des anciens Grecs[15]:181 ; correspondance spirituelle qui Ă©tait un truisme Ă  l'Ă©poque mĂȘme des Gaulois et des autres peuples celtes :

« Ce qui, dÚs l'Antiquité, a rendu légitime la comparaison entre druides et Pythagore, ce sont, à l'évidence, un certain nombre de croyances métaphysiques. Celle en la réincarnation ou métempsychose occupe la premiÚre place[15]:176. »

Ainsi, on retrouve de nombreux points communs entre les croyances des druides et celles des pythagoriciens[15] :

  1. Croyance en la réincarnation, à la mort de l'homme, et dont l'ùme va se réincarner en diverses destinées de végétaux et d'animaux, de maniÚre toujours cyclique, jusqu'à retrouver une matrice humaine ;
  2. L'abstinence de consommation d'animaux, alliĂ©e Ă  un rejet global des rituels sanglants (les rituels, mettant Ă  mort des hommes, Ɠuvres sacrificielles de guerriers celtes sans scrupule ou assoiffĂ©s de pouvoirs et de prestiges macabres, Ă©tant considĂ©rĂ©s comme une dĂ©rive que rejetait absolument les druides) ;
  3. La prééminence du statut de druides, ou d'initiés orphistes (pour les pythagoriciens), sur les autres corps de la société, permettant la préservation du savoir sacré, voulu parfaitement secret ou seulement réservé aux hommes capables d'incarner ses sagesses (attitude qui rapproche les druides des brùhmanes de l'hindouisme, et de leurs divers yogis ou saddhus).
  4. La volontĂ© d'incarner la science sacrĂ©e par le biais des priĂšres, de la connaissance, des rites, de la vertu, de la mĂ©ditation, de la communion avec les Ă©lĂ©ments et les ĂȘtres par le biais de la magie bienveillante et de la sacralisation de la Nature (le statut de druide Ă©tant, par lĂ , trĂšs proche de celui de barde, le poĂšte sacrĂ© Ă©tant trĂšs important dans la civilisation celte).

Ordre sacerdotal

Structure de la société celtique

La sociĂ©tĂ© celtique est divisĂ©e en trois ordres sociaux. CĂ©sar, relatant ses opĂ©rations militaires, avait notĂ© que les Gaulois (la plĂšbe) Ă©taient dirigĂ©s par deux classes d’hommes, l'ordre sacerdotal et les chevaliers (equites) : « Dans toute la Gaule, il n'y a que deux classes d'hommes qui soient comptĂ©es pour quelque chose et qui soient honorĂ©es ; car la multitude n'a guĂšre que le rang des esclaves, n'osant rien par elle-mĂȘme, et n'Ă©tant admise Ă  aucun conseil. [
] Des deux catĂ©gories sociales privilĂ©giĂ©es, l'une est celle des druides, l'autre celle des chevaliers »[23]. On retrouve cette hiĂ©rarchie dans la structure de la sociĂ©tĂ© divine des Tuatha DĂ© Danann, les dieux de l’Irlande, qui reproduit le schĂ©ma de l’idĂ©ologie tripartite des Indo-europĂ©ens, telle qu’elle a Ă©tĂ© exposĂ©e par Georges DumĂ©zil.

  • L'ordre sacerdotal qui possĂšde le savoir et fait la loi ; elle administre le sacrĂ© et le religieux ;
  • L'ordre des guerriers qui gĂšre les affaires militaires sous le commandement du roi ;
  • L'ordre des producteurs (artisans, agriculteurs, Ă©leveurs, etc.) qui doit subvenir aux besoins de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© et en prioritĂ© ceux des deux autres classes.

Hiérarchie et structure de l'ordre sacerdotal

L'ordre sacerdotal est lui-mĂȘme hiĂ©rarchisĂ©, et ses membres possĂšdent des « spĂ©cialitĂ©s ». Strabon fut l’un des premiers auteurs Ă  dĂ©crire cette catĂ©gorie sociale :

« Chez tous les peuples gaulois sans exception se retrouvent trois classes d'hommes qui sont l'objet d'honneurs extraordinaires, à savoir les Bardes, les Vates et les Druides : les Bardes, autrement dit les chantres sacrés, les Vates, autrement dit les devins qui président aux sacrifices et interrogent la nature, enfin les Druides, qui, indépendamment de la physiologie ou philosophie naturelle, professent l'éthique ou philosophie morale. »

— Strabon, GĂ©ographie, IV, 4.

  • le mot « druide » est un terme gĂ©nĂ©rique qui s’applique Ă  tous les membres de l'ordre sacerdotal, dont les domaines d’attribution sont la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poĂ©sie, la divination, etc. Mais il dĂ©finit aussi ceux que l'on appelle les druides « thĂ©ologiens ».
  • le barde est spĂ©cialisĂ© dans la poĂ©sie orale et chantĂ©e, son rĂŽle est de faire la louange, la satire ou le blĂąme[24].
  • le vate est un devin ; il s’occupe plus particuliĂšrement du culte, de la divination et de la mĂ©decine. Les femmes participent Ă  cette fonction de prophĂ©tie (telles les Gallisenae de l’üle de Sein)[24]:441.

Dans la tradition irlandaise, le file (pl. filid) est un devin ; il a remplacĂ© le barde dont il possĂ©dait aussi les attributions. En fonction de leurs spĂ©cialitĂ©s, les filid sont sencha (historien, professeur), brithem (juge et juriste), scelaige (conteur), cainte (satiriste), liaig (mĂ©decin), dorsaide (portier), cruitire (harpiste), deogbaire (Ă©chanson). Le devin est le faith, la prophĂ©tesse est banfaith ou banfile. Ollamh est le titre le plus Ă©levĂ© (le sens du mot est « docteur, savant ») devant l’anruth (brillant). L'oblaire Ă©tant l'Ă©tudiant. (voir HiĂ©rarchie des filid)

RÎle du druide dans la société

Les druides, représentation fantaisiste de Neuville au XIXe siÚcle.

« IdĂ©alement, tout pouvoir est rattachĂ© aux druides et Ă  l’autoritĂ© de leur science divine. Le roi est un noble investi d’un mandat de gestion temporel sur la noblesse et les classes laborieuses qui se partagent les devoirs sociaux : respectivement la protection et la satisfaction des besoins de tous[25]. »

— Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 54, Marabout, Paris, 2009, (ISBN 978-2-501-05410-2)

En tant que ministre de la religion, le druide procĂšde Ă  tous les rites cultuels, et en particulier aux sacrifices. Si les sacrifices humains de prisonniers de guerre sont attestĂ©s, il semble cependant qu’ils Ă©taient rĂ©servĂ©s Ă  des circonstances exceptionnelles, les sacrifices animaux (chevaux, taureaux, porcs, moutons) ou symboliques Ă©taient plus courants[26].

L’enseignement, c’est-Ă -dire la transmission orale du savoir, fait aussi partie de ses responsabilitĂ©s. Il se charge notamment de l'instruction des enfants de l'aristocratie dont certains deviendront druides Ă  leur tour. C’est encore CĂ©sar qui Ă©crit qu’« qu’un grand nombre de jeunes gens viennent s’instruire chez eux » et que les Ă©tudes peuvent durer vingt ans ; on cite le chiffre de cent cinquante Ă©lĂšves pour le druide mythique Cathbad, dans la tradition irlandaise. En contrepartie de cette longue initiation, les druides sont exemptĂ©s d'impĂŽts et n'ont pas Ă  porter les armes. Ils peuvent cependant participer Ă  la guerre, il n’y a pas d’interdit ni d’obligation. Le druide-guerrier est un personnage assez courant. Ainsi, Ă  titre d’exemple, le druide Cathbad, dont le nom signifie « tueur au combat[27] ».

Les druides sont peut-ĂȘtre chirurgiens, comme le suggĂšrent certains sites archĂ©ologiques contenant des instruments mĂ©talliques tels que des scies, scalpels, pinces, sondes, couteaux en bronze ainsi que des os ressoudĂ©s, crĂąnes trĂ©panĂ©s[26].

Dans le contexte celtique, le domaine juridique fait partie de la thĂ©ologie et relĂšve donc de la religion. C’est donc tout naturellement que les druides sont Ă  la fois juristes et juges. Magistrats, ils tranchent aussi bien pour les conflits graves entre les tribus gauloises que pour les litiges entre particuliers. Le non-respect d’un contrat est sanctionnĂ© par des peines qui sont codifiĂ©es selon la nature de la faute et le rang des parties dans la hiĂ©rarchie sociale. Si c’est le roi qui prononce la sanction, c’est le druide qui conseille. Compte tenu de la primautĂ© de son statut, du prestige attachĂ© Ă  sa fonction, et aussi de sa qualitĂ© de juriste, il a aussi la charge des relations diplomatiques pour prĂ©venir la guerre ou rĂ©gler les compensations aprĂšs l’agression. Tenant leur assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle dans la mythique forĂȘt des Carnutes, prĂšs de l'actuelle ville de Chartres[28], selon CĂ©sar, les druides sont des acteurs de l'unitĂ© gauloise et considĂ©rĂ©s comme l'Ăąme de la rĂ©sistance Ă  la prĂ©sence romaine[29].

En tant que savant et garant du savoir, il est logique que les domaines de la philosophie, l’histoire, de la gĂ©nĂ©alogie, de la toponymie soient de son ressort, Ă©tant entendu que ce que l’on appelle mythologie avait une rĂ©alitĂ© Ă  cette Ă©poque. Pour des raisons de lĂ©gitimitĂ© et de souverainetĂ©, ces disciplines se devaient d’ĂȘtre les plus prĂ©cises possibles. Voyageant pour bĂ©nĂ©ficier d'Ă©changes intellectuels, il maĂźtrise plusieurs langues (grec, Ă©trusque, romain)[15].

Les Tuatha DĂ© Danann (Gens de la dĂ©esse Dana – les dieux de l’Irlande) ont un dieu-mĂ©decin, Diancecht qui est un expert dans la magie et la mĂ©decine, il soigne et rĂ©tablit les blessĂ©s, il ressuscite les morts en les immergeant dans la Fontaine de SantĂ©, il fabrique une prothĂšse au roi Nuada qui a eu le bras arrachĂ©. Les Ă©popĂ©es sont pleines de ces guĂ©risons, oĂč les plantes, les incantations et les breuvages magiques sont utilisĂ©s.

Leur grande connaissance de l'astronomie leur aura permis de conceptualiser le temps, dont donne une idĂ©e le calendrier de Coligny, qui date de l’époque gallo-romaine et dont les inscriptions constituent un calendrier en langue gauloise[30].

Le roi ne prend pas la parole avant le druide, mais ils forment une sorte de binĂŽme indispensable et antagoniste. Si le roi exerce la souverainetĂ©, il le fait sous l’inspiration du druide qui lui doit le conseil, il y a dĂ©pendance du pouvoir politique au spirituel.

Pratiques

Rassemblement de néo-druides à Saint-Brieuc en 1906.

Certains textes irlandais font Ă©tat de l’intervention des druides au moment de la naissance, pour donner un nom Ă  l’enfant et pratiquer une lustration, que l’on assimile Ă  une forme de baptĂȘme[31]:17.

L’attention portĂ©e aux prĂ©sages est gĂ©nĂ©rale, car ils sont l’expression des volontĂ©s divines et donc les prĂ©sages et la divination ne peuvent relever que du religieux dans la mesure oĂč le druide est l’intermĂ©diaire et sa parole sacrĂ©e. C’est donc un domaine illimitĂ© dĂšs l’instant qu’il est question de l’avenir.

Le mot irlandais geis (pluriel geasa) dĂ©signe un interdit qui peut ĂȘtre nĂ©gatif (sens d’interdiction) ou positif (sens d’obligation) ; la geis a force de loi. Elle s’adresse principalement au roi et aux membres de la classe guerriĂšre et recouvre l’ensemble des activitĂ©s de la vie quotidienne.

La magie, dont la mĂ©decine est un prolongement, fait appel Ă  des techniques rituelles. Les plantes mĂ©dicinales en sont un Ă©lĂ©ment important, il faut aussi noter l’élixir d’oubli qui affecte la mĂ©moire, la musique, la Fontaine de SantĂ© qui guĂ©rit les blessĂ©s dans les batailles et ressuscite les morts, la pomme, symbole celtique par excellence de l’immortalitĂ© et du savoir, la cueillette du gui sur un chĂȘne (rituel du chĂȘne et du gui (en)), accompagnĂ©e du sacrifice de taureaux, et bien d’autres.

Les Ă©lĂ©ments aussi participent Ă  cette religion : l’eau par son pouvoir de lustration, le feu qui sert aux sacrifices ou Ă  la purification des troupeaux, le vent qui a le pouvoir d’égarer ou d’anĂ©antir, le brouillard qui permet de se dĂ©placer de maniĂšre invisible.

Les incantations sont aussi une pratique trĂšs usitĂ©e. La littĂ©rature irlandaise parle notamment du glam dicinn qui est une malĂ©diction suprĂȘme qui entraĂźne la mort, de l’imbas forosnai qui a le sens d’illumination, et du dichetal do chennaib cnĂąime, dont la signification est incertaine : ce « chantĂ© de la prophĂ©tie »[32] serait une improvisation. La louange est de la responsabilitĂ© du barde, c'est une forme de poĂ©sie qui consiste Ă  mettre en valeur les qualitĂ©s d’un personnage. Le blĂąme est de mĂȘme nature avec l’objectif contraire, Ă  ne pas confondre avec la satire qui est une incantation religieuse et lĂ©gale qui entraĂźne gĂ©nĂ©ralement la mort. La geis est une incantation constituĂ©e d'obligations et d'interdits que les membres de la classe des guerriers doivent respecter, sous peine de mort.

FĂȘtes religieuses

L’annĂ©e celtique, marquĂ©e par une saison sombre et une saison claire[31]:18, comporte quatre grandes fĂȘtes religieuses au caractĂšre obligatoire, l’absence Ă©tant punie de mort.

  • Samain ou Samonios en celtique ancien (gaulois), dont le sens est « rĂ©union », a lieu aux alentours du 1er novembre. C'est la fĂȘte la plus importante du calendrier celtique. Elle inaugure une pĂ©riode de noirceur et d'Ă©preuves. Plus que le nouvel an, c’est le passage de la saison claire Ă  la saison sombre[31]. Sa cĂ©lĂ©bration dure une semaine, qui est hors du temps, ce qui favorise les contacts avec l'« Autre Monde », le moment oĂč les vivants et les morts se rapprochent. Elle se caractĂ©rise par des festins et des beuveries rituelles.
  • Imbolc ou Imbiuolcaia, qui signifie « lustration », a lieu aux alentours du 1er fĂ©vrier. C’est la purification qui marque la fin de la pĂ©riode hivernale. Cette fĂȘte Ă©voque l'Ă©veil, le printemps, temps de la rĂ©gĂ©nĂ©ration.
  • Beltaine ou Belotepnia – les « feux de Bel » –, aux alentours du 1er mai, est une fĂȘte sacerdotale en rapport avec Belenos et de sa parĂšdre Belisama, et marque le passage de la saison sombre Ă  la saison claire, avec le changement d’activitĂ©s que cela implique. Les druides allument de grands feux pour protĂ©ger le bĂ©tail, essence mĂȘme de la richesse. C'est la deuxiĂšme date la plus importante du calendrier.
  • Lugnasad ou Lugnaissatis, l'« assemblĂ©e de Lug », est cĂ©lĂ©brĂ©e aux alentours du 1er aoĂ»t. Cette fĂȘte, associĂ©e Ă  la moisson, aux bĂ©nĂ©fices, Ă  l'abondance, Ă©tait consacrĂ©e au roi dans son rĂŽle de redistributeur des richesses et de protecteur. C’est l’occasion de conclure des contrats de toutes sortes (commerciaux, matrimoniaux, juridiques) et de se mesurer dans des compĂ©titions (joutes littĂ©raires, sports), des jeux, ainsi que des chants et des danses.

Druidisme

Selon le Lebor Gabala (Livre des ConquĂȘtes), le druidisme a Ă©tĂ© inventĂ© par les Partholoniens, arrivĂ©s en Irlande trois cent douze ans aprĂšs le dĂ©luge et qui vont l’occuper pendant cinq mille ans. CĂ©sar aussi pense que le druidisme est originaire de l’üle de Bretagne, puis s’est rĂ©pandu en Gaule ; d’ailleurs il affirme que nombre d’étudiants vont se perfectionner lĂ -bas[33].

Tout ce que l’on peut dire Ă  ce propos ne peut ĂȘtre qu’une Ă©manation de ce que nous savons de ses ministres. Plus qu’une religion, au sens oĂč nous le comprenons aujourd’hui, le druidisme est le fondement mĂȘme de la civilisation celtique, et le rĂšglement de l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. Toute la vie des Celtes est sous le contrĂŽle des druides.

Les Celtes Ă©taient convaincus de l’immortalitĂ© de l’ñme[34], c’est la raison pour laquelle les guerriers n’éprouvaient aucune peur de la mort lors des batailles (c'est du moins la conclusion que tirent les Romains face au courage des guerriers celtes au combat. Rien ne prouve qu'il existait pour les celtes un au delĂ  bĂ©nĂ©fique). Des confusions dans la lecture des textes ont suggĂ©rĂ© la notion de rĂ©incarnation, mais celle-ci est inexistante. On a le plus souvent confondu la rĂ©incarnation et la mĂ©tamorphose : les dieux changent facilement de forme et ils ont des symboles zoomorphes, ours, corbeau, sanglier, cygne, etc[35].

Le Sidh est le nom gaĂ©lique qui dĂ©signe l'« Autre Monde » celtique. Il se situe Ă  l’ouest, au-delĂ  de l’horizon de la mer, dans des Ăźles magnifiques : sous la mer, dans les lacs et les riviĂšres oĂč se situent de somptueux palais de cristal aux entrĂ©es mystĂ©rieuses ; sous les collines et les tertres. C’est le sĂ©jour des dieux.

Le culte se pratiquait dans des aires sacrĂ©es appelĂ©es Nemeton en langue gauloise (et nemed en gaĂ©lique), dont on trouve la trace, par exemple, dans le toponyme de la forĂȘt de Nevet prĂšs de Locronan (FinistĂšre), dont la TromĂ©nie, procession chrĂ©tienne, perpĂ©tue le souvenir d’une cĂ©rĂ©monie druidique. Il est fort probable que des monuments mĂ©galithiques, tels Carnac ou Stonehenge, aient Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par les druides. Si, Ă  l’origine, le Nemeton fut probablement un endroit ouvert, il a considĂ©rablement Ă©voluĂ©, pour devenir un enclos, de forme gĂ©nĂ©ralement quadrangulaire, comprenant des Ă©difices en bois et un puits Ă  offrandes.

Les filid irlandais ont Ă©laborĂ© un systĂšme de notation, les ogams (systĂšme parfois appelĂ© « Ă©criture oghamique »), qui n’a jamais servi Ă  la rĂ©daction de textes, mais Ă  des inscriptions funĂ©raires (dont trois cents nous sont parvenues), ou incantatoires, gravĂ©es dans la pierre ou le bois. AttribuĂ© par la tradition Ă  Ogme, le dieu de la magie et de l’éloquence, cet alphabet composĂ© d’encoches et dĂ©rivĂ© de l’alphabet latin en association avec des noms d’arbres, resta cantonnĂ© Ă  l’Irlande, l’Écosse et le Pays de Galles.

La thĂšse d’une origine chamanique prĂ©historique fut avancĂ©e, mais elle ne rĂ©sista pas Ă  l’analyse, et fut rapidement abandonnĂ©e[36]. Par ailleurs, si le sanglier est l’animal emblĂ©matique de la classe sacerdotale, la notion de totĂ©misme est totalement Ă  exclure, ne correspondant pas dans sa dĂ©finition aux conceptions celtiques.

Le druidisme fut une exclusivitĂ© de la civilisation celtique et ne rĂ©sista pas Ă  la romanisation des zones oĂč il Ă©tait implantĂ© en Europe, ni Ă  la christianisation de l’Irlande. Pour Philippe JouĂ«t, « L’illusion d’une continuitĂ© doctrinale, mĂȘme partielle, entre druidisme et christianisme repose sur une interprĂ©tation erronĂ©e ou tendancieuse de quelques textes d'Ă©laboration rĂ©cente[37] ».

Mythologie

Dieu-druide

Dagda signifie le « dieu bon ». Il Ă©tait un des dieux les plus importants de la mythologie irlandaise et Ă©tait gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ© comme un homme rustique traĂźnant une Ă©norme massue montĂ©e sur roues. Dagda Ă©tait considĂ©rĂ© comme un dieu sage, Ă©rudit et trĂšs versĂ© dans l'art de la magie. Il fut un des chefs des Tuatha de Danann. Dagda Ă©tait Ă©galement un puissant combattant et l'amant de Morrigane (la dĂ©esse de la guerre). MalgrĂ© sa force destructrice, il Ă©tait aussi associĂ© Ă  l'abondance, pouvant assouvir la faim de tous grĂące Ă  son chaudron au contenu inĂ©puisable. C'est lui qui installa les Tuatha de Danann sous terre aprĂšs leur dĂ©faite face aux fils de Milesius (les ancĂȘtres des Irlandais)[38].

Druides mythiques

Liste non exhaustive.

  • Adnae Mac Uthidir est un « file » important d’Ulster, qui a le rang d’Ollam (un docteur en savoir). Il est le pĂšre de NĂ©dĂ©, l’un des protagonistes de l’Immacallam in Da TĂ»araid (Dialogue des deux Sages).
  • Aithirne Ailgesach est un druide despotique, qui apparaĂźt dans plusieurs rĂ©cits du Cycle d'Ulster, dont la Courtise de Luaine et le SiĂšge de Howth. Il est connu pour exiger des choses impossibles et se venger en se servant de sa « magie », notamment de la satire mortelle du glam dicinn.
  • Amorgen Glungel est le file primordial des Milesiens, les premiers colons Gaels en Irlande. Outre ses fonctions bardiques, c’est aussi un juge, selon le Lebor GabĂĄla Érenn (Livre des ConquĂȘtes d’Irlande).
  • Armogen Mac Eccit, fils de Eccet Salach, est le druide-poĂšte du roi d’Ulster Conchobar Mac Nessa, c’est aussi un redoutable guerrier, dans le Cycle d'Ulster.
  • AĂ­fĂ© est une druidesse et une guerriĂšre qui rĂ©side en Écosse. En conflit avec ScĂĄthach, elle fait la paix avec sa rivale selon la demande de CĂșchulainn, avec qui elle a un fils, Conla.
  • Cathbad est l’un des druides les plus connus de la mythologie celtique irlandaise. Il a pour Ă©pouse la reine Ness, avec laquelle il a deux enfants, le futur roi Conchobar Mac Nessa et une fille FindchĂłem. Cathbad est aussi le pĂšre des druides Genann Gruadhsolus et Imrinn et le grand-pĂšre du hĂ©ros CĂșchulainn. Dans le rĂ©cit TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des vaches de Cooley), il provoque la mort de l’émissaire Sualtam qui a parlĂ© sans permission, car selon une geis, il est interdit de parler avant le roi et le roi ne parle pas avant son druide.
  • Coirpre est un file qui apparaĂźt notamment dans le rĂ©cit Cath Maighe Tuireadh (La Bataille de Mag Tured). Il est le premier druide Ă  composer et prononcer une satire en Irlande, contre Bres, roi provisoire des Tuatha DĂ© Danann, pendant l’infirmitĂ© de Nuada.
  • Corann est le druide du roi Conn CĂ©tchathach. Dans le rĂ©cit Echtra Conle (les Aventures de Conle), il doit user de toute sa magie pour affronter une Banshee qui a jetĂ© son dĂ©volu sur Conle, le fils du roi. Mais les messagĂšres de l’Autre Monde ont une magie plus puissante que celle des druides pour les affaires d'amour.
  • Dubthach DĂłel Ulad est un autre druide de la cour du roi Conchobar Mac Nessa. Il est cĂ©lĂšbre pour semer systĂ©matiquement la zizanie et de profĂ©rer des injures gratuitement. AprĂšs l’assassinat des trois fils d’Usnech par Conchobar et la fin tragique de Deirdre, il quitte la cour avec d’autres guerriers Ulates et se rĂ©fugie en Connaught Ă  la cour de la reine Medb et du roi Ailill. Il est entraĂźnĂ© dans la Razzia des vaches de Cooley, oĂč il combat l’armĂ©e d’Ulster, aux cĂŽtĂ©s des souverains du Connaught.
  • Esras Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Gorias, une des quatre « Îles au nord du Monde », avant l’installation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien d’un talisman, la lance de Lug Samildanach, arme mortelle Ă  chaque coup, insĂ©parable du Chaudron du Dagda, dans lequel elle doit plonger pour Ă©viter qu'elle ne dĂ©truise tout autour d'elle.
  • Fingen est un autre druide de Conchobar Mac Nessa, particuliĂšrement rĂ©putĂ© pour sa connaissance et sa pratique de la magie et de la mĂ©decine. Il est expert dans les trois formes de la mĂ©decine : magique, vĂ©gĂ©tale et sanglante. Sa science est telle qu’il peut dĂ©terminer le nombre des occupants d’une maison et dire de quelles maladies ils sont atteints, en examinant la fumĂ©e qui s’échappe du toit.
  • Fintan est un druide primordial, associĂ© Ă  l’épopĂ©e du peuple de Cesair. AprĂšs le DĂ©luge, il subit diverses mĂ©tamorphoses animales qui doivent lui permettre de traverser les millĂ©naires, pour transmettre sa science et son histoire aux Irlandais.
  • Tuan Mac Cairill est Ă©galement un druide primordial qui a vĂ©cu plusieurs millĂ©naires, depuis le DĂ©luge jusqu'Ă  saint Patrick et ses successeurs immĂ©diats Ă  qui il a transmis son savoir[35].
  • Gwydion, dĂ©crit comme un puissant magicien dans les Mabinogion gallois, est une reprĂ©sentation altĂ©rĂ©e des druides de l’AntiquitĂ©[39].
  • Ladra, tout comme Fintan, est un druide primordial, de l’épopĂ©e de Cesair. Premier amant et premier mort (abus de femmes) de l’üle d’Irlande, il reprĂ©sente la fertilitĂ© et la mort.
  • Mog Ruith, surnommĂ© le « Serviteur Ă  la Roue » (la roue cosmique), est une reprĂ©sentation du dieu-druide le Dagda, dont l’une des particularitĂ©s est la cĂ©citĂ© qui lui donne don de voyance. Druide-guerrier, c’est l’un des plus puissants de la mythologie, sa « magie » peut donner la victoire, comme le narre le Forbuis Droma Damhghaire (le SiĂšge de Druim Damhghaire). Les premiers chrĂ©tiens irlandais en firent l'instigateur de l'exĂ©cution de saint Jean Baptiste, afin de dĂ©truire sa rĂ©putation.
  • Morfessa Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Falias, une des quatre «ßles au nord du Monde », avant l’installation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien d’un autre talisman, la « pierre de Fal » qui symbolise le pouvoir lĂ©gitime et la SouverainetĂ©. Elle est placĂ©e Ă  Tara, le centre mythique de l’Irlande, rĂ©sidence des Ard rĂ­ Érenn.
  • NĂ©dĂ© est un druide redoutable qui, dans l’Immacallam in Da TĂ»araid (Dialogue des deux Sages), prĂ©tend au grade d’ollam dans une dispute scientifique face Ă  un autre druide Ferchertne. Il meurt pour avoir commis les trois fautes irrĂ©parables du druide : l’adultĂšre avec une reine, l’usurpation de la souverainetĂ© royale et la satire abusive (le glam dicinn).
  • Semias Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Murias, une des quatre « Ăźles au nord du Monde », avant l’installation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien du chaudron et de la massue du Dagda, autres talismans des dieux d’Irlande.
  • Tlachtga, fille de Mog Ruith, est une druidesse (bandrui, ce qui signifie « femme-druide »), rĂ©putĂ©e pour la puissance de ses pouvoirs. Elle est initiĂ©e par son pĂšre.
  • Uiscias Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Findias, une des quatre « Ăźles au nord du Monde », avant l’installation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien de l’ÉpĂ©e de Nuada, talisman qui reprĂ©sente la SouverainetĂ© et la Guerre, arme infaillible aux blessures mortelles.

VĂȘtement rituel du druide

Dans le néo-druidisme

Le vĂȘtement rituel du druide contemporain est typiquement la saie (longue tunique blanche), un voile en forme de demi-cercle (autrefois, une grande Ă©charpe), un bandeau de tĂȘte (simple ou ornĂ© de trois traits jaunes ou dorĂ©s) et un ornement de poitrine brodĂ© de la croix druidique (torque autrefois)[40].

Dans la culture populaire

Les druides font partie, désormais, de la culture populaire. Ils peuvent se retrouver dans plusieurs médias, comme les livres, les jeux vidéo, les bandes dessinées (
).

Dans la littérature :

  • La sĂ©rie romanesque Shannara de Terry Brooks, met en scĂšne Allanon, le dernier membre d'un ordre disparu: les druides. Ils sont savants, sages et puissants et assurent la protection des Quatre-Terres contre les forces du mal. Ils connaissent l'histoire du monde et des peuples, les sciences et exercent la magie: c'est notamment Bremen qui fera forger et qui enchantera l'EpĂ©e de Shannara (qui donnera son nom au premier roman de la sĂ©rie des "Shannara"), seule arme capable de dĂ©faire le Roi-Sorcier, un ancien druide ayant basculĂ© du mauvais cĂŽtĂ©. Ces romans prĂ©sentent Ă©galement le Dagda Mor (Dagda Ă©tant le Dieu-Druide chez les Celtes) principal antagoniste du second volume de la sĂ©rie de romans "Shannara", les Pierres Elfiques de Shannara.
  • Dans la sĂ©rie romanesque les Messagers du temps d’Évelyne Brisou-Pellen, il est plusieurs fois fait mention des druides, notamment au premier volume.

À la tĂ©lĂ©vision :

  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Les Chroniques de Shannara (adaptĂ© du second volume) la saison 2 (totalement inĂ©dite) dĂ©voile une nouvelle druidesse en la personne de Mareth.
  • En 2001, un film fut crĂ©Ă© : VercingĂ©torix : La LĂ©gende du druide roi. Dans ce film, VercingĂ©torix est Ă©levĂ© par des druides et plusieurs Ă©lĂ©ments de la mythologie celtiques sont repris.

Dans la bande dessinée :

  • Le plus connu reste Panoramix, des bandes dessinĂ©es "AstĂ©rix", druide d'un petit village rĂ©sistant encore et toujours Ă  l'envahisseur, chargĂ© de la potion magique. Cependant on peut apercevoir d'autres druides comme dans le film AstĂ©rix et ObĂ©lix contre CĂ©sar.
  • De mĂȘme les Druides, une sĂ©rie de bandes dessinĂ©es, retracent l'histoire de Gwenc'hlan le dernier des druides bretons et de son apprenti, Taran.

Dans les jeux vidéos :

  • On peut retrouver les druides comme Ă©tant une classe dans "World of Warcraft" qui peuvent ĂȘtre guĂ©risseur, Tank ou spĂ©cialiste des dĂ©gĂąts. Ils sont dĂ©crits comme Ă©tant les gardiens de la nature, trĂšs liĂ©s Ă  la nature et avec la capacitĂ© de se mĂ©tamorphoser.

Autres

Notes et références

Notes

  1. J.-L. Brunaux reproche à F. Le Roux et C.J. Guyonvarc'h un parti-pris idéologique et une méthode discutable, se contentant d'évoquer « le celtisme le plus étroit, le plus idéologique » (op. cit., p. 93-95).

Références

  1. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. V Définitions et distinctions ; Joseph Vendryes, La Religion des Celtes, ch. III Le clergé et le culte.
  2. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. V L’IdĂ©ologie tripartie en Irlande et en Gaule ; La SociĂ©tĂ© celtique, ch. II Classes et fonctions & ch. IV Quelques applications de l’idĂ©ologie tripartie dans la sociĂ©tĂ© celtique.
  3. Jean-Louis Brunaux, Les druides, Des philosophes chez les barbares, Paris, Éditions du Seuil, 2009 [2006], 381 p. (ISBN 978-2-7578-1324-9), p. 85 et sv.
  4. Yoann Labroux-Satabin, « Qui étaient vraiment les druides ? », sur Géo, Histoire 51, (consulté le )
  5. Georges Dumézil, « La tradition druidique et l'écriture : le vivant et le mort », Revue d'histoire des religions, 122, 1940, p. 125-133.
  6. Druide, TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé (1971-1994).
  7. G. Pinault, r Yezh revue, no 46, décembre 1965, p. 23 et suivantes.
  8. Philippe JouĂ«t, L’Aurore celtique dans la mythologie, l'Ă©popĂ©e et les traditions, Fouesnant, Yoran Embanner, , 22 cm (ISBN 978-2-914855-33-4, lire en ligne), p. 44-45.
  9. Informations lexicographiques et étymologiques de « druide » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  10. Francis Faverau, Geriadur ar Brezhoneg a-vremañ, p. 130 et 209 - Skol Vreizh 2000
  11. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. IV « Sens et valeur du mot "Druide" », p. 31. Voir aussi « Annexes étymologiques - Le nom du druide », p. 425.
  12. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Wikisource, Livre VI, 13.
  13. Xavier Delamarre, Une généalogie des mots : De l'indo-européen au français : introduction à l'étymologie lointaine, Errance, , 231 p. (ISBN 978-2-87772-634-4), p. 58.
  14. Xavier Delamarre, « Cosmologie indo-europĂ©enne : C"Rois du Monde" celtiques et le nom des druides », Historische sprachforsschung, no 112,‎ , p. 32-38.
  15. Jean-Louis Brunaux, Les Druides : des philosophes chez les barbares, Paris, Seuil, , 381 p., 24 cm (ISBN 978-2-02079-653-8, OCLC 783391145).
  16. Voir La Civilisation celtique, p. 103 et suiv.
  17. Albert Grenier, Les Gaulois, Paris, Payot, , 495 p. (ISBN 978-2-22889-478-4, lire en ligne), p. 278.
  18. Miranda Jane Green, Mythes celtiques, Paris, Seuil, coll. « Points sagesse », , 160 p. (ISBN 978-2-02-022046-0), p. 128-9.
  19. Venceslas Kruta, Les Celtes : histoire et dictionnaire : des origines Ă  la romanisation et au christianisme, Paris, Robert Laffont, , 1005 p. (ISBN 978-2-22105-690-5, lire en ligne), p. 583.
  20. :785. Consulter aussi le catalogue de l'exposition européenne d'archéologie celtique au Palazzo Grassi à Venise, Les Celtes (p. 296-297), EDDL, Paris, 2001, (ISBN 2-23700-484-6).
  21. British Archeology.
  22. Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 75.
  23. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VI.
  24. :454 ; Guyonvarc’h & Le Roux, Les Druides, p. 432.
  25. En Gaule, cette situation a pris fin avec la suppression de la royautĂ© et l’avĂšnement d’une magistrature sĂ©culiĂšre. Voir Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 55.
  26. (en) Miranda Jane Aldhouse-Green, Dying for the gods : human sacrifice in Iron Age & Roman Europe, Tempus, , p. 8.
  27. Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, Les druides, Ogam-Celticum, , p. 103.
  28. Hector Dulac de la Tour d'Aurec, Précis historique et statistique du département de la Loire, vol. 1, Le Puy, impr. J. B. La Combe, .
  29. Lucien BĂ©ly, Histoire de France, Editions Jean-paul Gisserot, , p. 20.
  30. F. Dupuy-Pacherand & G. A. Mathis, « Le Calendrier celtique de Coligny », Atlantis, no 247, juillet/août 1968 Les calendriers Luni-solaires antiques.
  31. Sandrine Adso, Mythes celtiques, BoD - Books on Demand, , 88 p., 22 cm x 17 cm (ISBN 978-2-32238-303-0, OCLC 1262746432, lire en ligne), P18.
  32. (en) Nora K. Chadwick, « Imbas forosnai », Scottish Gaelic Studies, Paris, Oxford University Press, vol. 4, part. 2,‎ (lire en ligne sur Gallica, consultĂ© le ).
  33. De Bello Gallico, VI, 13.11.
  34. Le terme doit ĂȘtre ici compris comme principe vital de toute entitĂ© douĂ©e de vie.
  35. « Duides », sur universalis.fr.
  36. Guyonvarc’h & Le Roux, Les Druides, p. 420.
  37. Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Fouesnant, Yoran Embanner, , 445 p., 22 cm (ISBN 978-2-91485-537-2, OCLC 470670569, lire en ligne), p. 378.
  38. Arthur Cotterell, Mythologie celtique : les mythes et les légendes du monde celtique, Paris, CELIV, , 96 p., 31 cm (ISBN 978-2-86535-336-1, OCLC 319801796).
  39. Georges Dumézil, Esquisses de mythologie, GLM (Gallimard), Paris, 2003, (ISBN 2-7028-8243-9), ch. 59 « La quatriÚme branche du Mabinogi », p. 616.
  40. Viviane Le Moullec, FĂȘtes et rituels du druidisme, Dauphin, , p. 78.

Bibliographie

Sources

Textes mythologiques
  • Anonyme, Le Dialogue des deux Sages prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Christian-Joseph Guyonvarc'h, BibliothĂšque scientifique Payot, Paris, 1999, (ISBN 2228892149)
  • Salomon Reinach, Cultes, Mythes et Religions, Robert Laffont collection Bouquins, Le culte de Halae et le druidisme, p. 265-84, (ISBN 978-2-22107-348-3).


Travaux universitaires

  • Jean-Louis Brunaux, Les Druides : des philosophes chez les barbares, Paris, Seuil, , 381 p., 24 cm (ISBN 978-2-02079-653-8, OCLC 783391145).
  • Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France UniversitĂ©, coll. « De mĂ©moire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986 (ISBN 978-2-85882-920-0).

Liens

Articles connexes

Liens externes

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