Druide
Le druide est un chef religieux de la religion des Celtes. Membre de la classe supĂ©rieure dans les cultures celtiques antiques, câest un personnage trĂšs important, au point quâil est Ă la fois ministre du culte, thĂ©ologien, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerriĂšre[1]. Il est en premier lieu lâintermĂ©diaire entre les dieux et les hommes, et correspond Ă la premiĂšre fonction de l'idĂ©ologie tripartite des Indo-EuropĂ©ens mise en lumiĂšre par Georges DumĂ©zil[2].
Néanmoins cette conception est aujourd'hui contestée par Jean-Louis Bruneaux[3] - [4]qui montre que les auteurs antiques ayant rencontré les druides au IVe siÚcle avant notre Úre, les considéraient comme devins et non comme officiants religieux, et propres à la société gauloise : l'hypothÚse qui rapporte les traditions irlandaises tardives à la totalité du monde celte n'est pas probante.
Il existait également des druidesses chez les Celtes. Les plus célÚbres d'entre elles sont Velléda et Cartimandua.
Bien que trĂšs instruits, ils ne croyaient pas en la transcription de leurs connaissances sous forme Ă©crite. Leurs croyances et leurs pratiques sont attestĂ©es en dĂ©tail par leurs contemporains dâautres cultures, comme les Romains et les Grecs.
Dans le rĂ©cit TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des vaches de Cooley), le druide Cathbad provoque la mort d'un Ă©missaire qui a parlĂ© sans permission, car « Nul ne parle avant le roi, mais le roi ne parle pas avant son druide. »
Il est chargé de la célébration des cérémonies sacrées et lui seul a le droit de pratiquer certains types de sacrifices.
Plusieurs noms de druides historiques sont connus : par exemple Diviciacos et Dumnorix, dont Jules CĂ©sar nous apprend quâils furent des vergobrets des Ăduens. CicĂ©ron dont il fut l'hĂŽte, nous renseigne sur la qualitĂ© des druides dont les textes font mention dans la mythologie celtique.
Sources et Ă©tymologie
Comme pour tout ce qui concerne la civilisation celtique, il nâexiste aucun texte dâorigine interne. Les druides eux-mĂȘmes sont Ă lâorigine de ce fait : considĂ©rant que la parole Ă©crite est morte, ils ont privilĂ©giĂ© lâoralitĂ© et la mĂ©moire pour la transmission du Savoir[5]. Les Celtes connaissaient pourtant lâĂ©criture (ils utilisaient le grec) et lâont utilisĂ©e de façon marginale. De plus, les peuples de culture gaĂ©lique ont inventĂ© l'Ă©criture oghamique dont trois cents inscriptions Ă vocation funĂ©raire subsistent gravĂ©es dans la pierre.
L'Ă©tymologie du mot « druide » â latin pluriel druidĂŠ (non attestĂ© au singulier) â est discutĂ©e. Si tous les spĂ©cialistes s'accordent pour reconnaĂźtre dans le second terme de ce composĂ© la racine *weid- â « savoir, voir » â, le premier terme est souvent interprĂ©tĂ© comme le prĂ©fixe intensif indo-europĂ©en dru- (ÎŽÏῊÏ, « durs, forts comme le chĂȘne »[6]), d'oĂč la traduction courante : « les trĂšs savants ». Cette explication a Ă©tĂ© critiquĂ©e, notamment par le linguiste Ămile Benveniste, qui part de la base *der-w/dr-ew, « ferme, solide ». Selon cette Ă©tymologie, le druide serait « celui qui sait fidĂšlement, celui qui a une vision vraie, certaine »[7] - [8].
Depuis les Romains â notamment Pline l'Ancien et Lucain â, on a longtemps pensĂ© que le mot « druide » Ă©tait associĂ© au chĂȘne (en grec : ÎŽÏÏ Ï, drus), Ă cause des rites associĂ©s Ă cet arbre. Les linguistes et philologues ont maintenant Ă©tabli que ce terme spĂ©cifiquement celtique, prĂ©sent tant dans le texte de Jules CĂ©sar que ceux du Moyen Ăge, provenait de dru-wid-es qui signifie « trĂšs savants »[9]. On remarquera toutefois que, curieusement, « chĂȘne » se dit derw (ou derv/dero) en breton et que sur une racine semblable se forme en gallois le mot derwydd qui signifie « druide »[10], ce qui a pu mener Ă une certaine confusion sur l'origine du mot ; cette thĂšse est catĂ©goriquement rĂ©futĂ©e par Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux pour qui « il nâexiste aucune possibilitĂ© immĂ©diate de relier le nom des druides Ă celui du chĂȘne dans la religion gauloise dervo-, irlandais daur, dar, gallois derw, breton derv) »[11]. Le linguiste Xavier Delamarre (CNRS) se fonde sur le terme indo-europĂ©en *dĂłru/*dru-, « arbre, bois », pour y voir Ă©galement « ceux qui connaissent l'Arbre », par extension « les savants »[12], non au sens botanique du terme mais cosmogonique de l'Arbre du monde[13] - [14].
Sources littéraires
Deux types de sources permettent dâapprĂ©hender le sujet : les tĂ©moignages antiques et la consignation, par des clercs, de traditions orales au Moyen Ăge en Irlande. Pour la premiĂšre catĂ©gorie, il faut citer notamment Diodore de Sicile (BibliothĂšque historique), Strabon (GĂ©ographie), Pomponius Mela (De Chorographia), Lucain (La Pharsale), Pline l'Ancien (Histoire naturelle), DiogĂšne LaĂ«rce, et surtout CĂ©sar qui, avec ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, apporte de nombreuses et importantes informations sur la sociĂ©tĂ© gauloise ainsi que sur la religion et ceux qui en ont la conduite. Jean-Louis Brunaux insiste, pour sa part, sur l'apport de Posidonios d'ApamĂ©e, dont nombre d'auteurs anciens se seraient inspirĂ©s, parfois trĂšs directement[15].
Une deuxiĂšme source documentaire vient corroborer la premiĂšre et lâenrichir dâune origine diffĂ©rente : il sâagit dâun ensemble important et incontournable de textes irlandais, pour lâessentiel, Ă©crits du VIIIe au XVe siĂšcle. Ils retranscrivent les mythes et Ă©popĂ©es de lâIrlande celtique qui se sont transmis oralement de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Les collecteurs transcripteurs les ont affublĂ©s dâun vernis chrĂ©tien, sous lequel lâĂ©tude dĂ©couvre lâoriginal. De cette littĂ©rature, on peut citer : le Cath Maighe Tuireadh (Bataille de Mag Tured), le Tochmarc ĂtaĂne (en) (Courtise dâĂtain), le TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des Vaches de Cooley), le Lebor GabĂĄla Ărenn (Livre des ConquĂȘtes) et les Mabinogion gallois.
Jules CĂ©sar Ă©crit :
« Les premiers [les druides] s'occupent des choses de la religion, ils président aux sacrifices publics et privés et rÚglent les pratiques religieuses ; les jeunes gens viennent en foule s'instruire auprÚs d'eux, et on les honore grandement[12]. »
Le dĂ©calage gĂ©ographique et chronologique entre les sources continentales et les sources insulaires semble poser problĂšme Ă certains auteurs. Ainsi, lâarchĂ©ologue Jean-Louis Brunaux prend le parti dâĂ©carter les sources irlandaises pour ne considĂ©rer que les auteurs grecs et latins et Ă©tudier les druides gaulois[15]:14 - [α 1]. Mais la plupart, comme Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux par exemple, considĂšrent pour les sources galloises et irlandaises, que câest la retranscription qui est tardive, mais que le fond est archaĂŻque[16]. Albert Grenier note, quant Ă lui : « Toute cette littĂ©rature n'est vraiment Ă©tudiĂ©e que depuis une soixantaine dâannĂ©es. On nâen mĂ©connaĂźt plus aujourdâhui la valeur ni lâintĂ©rĂȘt. Si mĂȘlĂ©e quâelle soit dâĂ©lĂ©ments divers, elle n'en plonge pas moins ses racines dans un passĂ© lointain dont lâisolement de lâIrlande a conservĂ© la tradition. Tandis que le continent subissait le bouleversement des invasions barbares, le celtisme insulaire sâest dĂ©veloppĂ©, conservant une image de lâancienne civilisation[17]. » Miranda Jane Green rappelle l'importance des druides dans la mythologie de lâIrlande et note la confirmation des textes classiques par les rĂ©cits mythiques en ce qui concerne l'existence de trois types de membres de la classe sacerdotale[18].
Archéologie
Si lâarchĂ©ologie renseigne sur les sanctuaires et certaines pratiques cultuelles, elle nâapporte rien sur le statut et la fonction. Selon Venceslas Kruta, « L'identification archĂ©ologique des druides est difficile et mĂȘme les cas qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les plus vraisemblables restent incertains[19].
- Dans la nĂ©cropole de Pogny (dĂ©partement de la Marne), la sĂ©pulture dâun guerrier renfermait des instruments (une patĂšre en bronze et deux cuillĂšres plates - musĂ©e de ChĂąlons-en-Champagne) que lâon suppose ĂȘtre mĂ©dicaux. La mĂ©decine Ă©tant exclusivement du ressort des druides, il est possible que lâhomme inhumĂ© dans cette tombe fĂ»t lâun dâeux[19]:779.
- Ă Pottenbrunn (Basse-Autriche), lâune des nĂ©cropoles, utilisĂ©e au Ve et au IVe siĂšcle av. J.-C., contient quarante deux tombes dont lâune (no 520), pourrait ĂȘtre celle dâun druide. Un instrument qui semble ĂȘtre une sonde chirurgicale et un pendule en os ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, entre autres objets, Ă cĂŽtĂ© du squelette dâun guerrier, ĂągĂ© de 45-55 ans[20].
- En Grande-Bretagne, Camulodunum, lâoppidum du puissant peuple des Trinovantes Ă©tait installĂ© Ă lâemplacement de lâactuelle ville de Colchester (comtĂ© dâEssex). Dans ce site archĂ©ologique important, on a dĂ©couvert en fĂ©vrier 2008 une sĂ©pulture contenant des instruments de divination et des instruments chirurgicaux (scalpels, scie, aiguilles, sondes, etc.), qui pourraient laisser supposer qu'il sâagit, lĂ aussi, de la tombe dâun druide[21].
Origines
CĂ©sar Ă©voque une origine insulaire du druidisme (« On croit que leur doctrine est nĂ©e en Bretagne, et a Ă©tĂ© apportĂ©e de cette Ăźle dans la Gaule ; de nos jours encore ceux qui veulent en faire une Ă©tude approfondie vont le plus souvent sâinstruire lĂ -bas »[12]), mais cette thĂšse n'est absolument pas confirmĂ©e[22]. Il existe plusieurs thĂšses sur lâĂ©mergence de lâinstitution druidique.
- une origine fondamentale et spécifique de la civilisation celtique
- une origine pré-celtique issue du néolithique
- une création tardive des derniers siÚcles du Ier millénaire av. J.-C., avec l'apparition d'intellectuels, notamment des savants versés en astronomie, se distinguant de la classe guerriÚre sur le pourtour de la Méditerranée[15].
Druides et Pythagore
DĂšs l'AntiquitĂ©, « Pythagore apparaĂźt comme un maitre des druides », celui qui les a initiĂ© Ă une sagesse ancestrale qu'il n'a pas lui-mĂȘme Ă©laborĂ©, mais reçu lui aussi par initiation grĂące aux sages de l'Ăgypte et de l'Inde[15]:170.
Néanmoins, il est impossible de vérifier si cette thÚse est historiquement réelle ou seulement apocryphe, du fait de l'absence de preuves archéologiques concernant l'origine premiÚre de l'ordre druidique (la civilisation celtique n'étant pas portée à mettre par écrit ses connaissances sacrées, la tradition orale étant la plus divine à ses yeux) ; néanmoins « les contacts entre Celtes (...) et pythagoriciens de deuxiÚme et troisiÚme générations sont envisageables », du fait que des rapports commerciaux entre la Gaule ancienne et la GrÚce (et la Grande GrÚce) sont amplement prouvés, et qui ne peuvent que sous-entendre d'autres rapports, comme l'échange de savoirs, de mythologies, de spiritualités[15]:173.
L'univers religieux des Gaulois, de toute façon, n'Ă©tait pas Ă©loignĂ© de celui des Grecs (ou des Ăgyptiens ou des Hindous), tant dans le domaine esthĂ©tique que social : « Chaque peuple gaulois a ses dieux, (...) dieux Ă figure d'animaux, dĂ©esses-mĂšres issues des temps les plus anciens », Ă©crin culturel ne pouvant que faciliter l'installation de croyances philosophiques religieusement Ă©laborĂ©es comme l'incarnaient le pythagorisme (au niveau philosophique) et l'orphisme (au niveau cultuel) des anciens Grecs[15]:181 ; correspondance spirituelle qui Ă©tait un truisme Ă l'Ă©poque mĂȘme des Gaulois et des autres peuples celtes :
« Ce qui, dÚs l'Antiquité, a rendu légitime la comparaison entre druides et Pythagore, ce sont, à l'évidence, un certain nombre de croyances métaphysiques. Celle en la réincarnation ou métempsychose occupe la premiÚre place[15]:176. »
Ainsi, on retrouve de nombreux points communs entre les croyances des druides et celles des pythagoriciens[15] :
- Croyance en la réincarnation, à la mort de l'homme, et dont l'ùme va se réincarner en diverses destinées de végétaux et d'animaux, de maniÚre toujours cyclique, jusqu'à retrouver une matrice humaine ;
- L'abstinence de consommation d'animaux, alliĂ©e Ă un rejet global des rituels sanglants (les rituels, mettant Ă mort des hommes, Ćuvres sacrificielles de guerriers celtes sans scrupule ou assoiffĂ©s de pouvoirs et de prestiges macabres, Ă©tant considĂ©rĂ©s comme une dĂ©rive que rejetait absolument les druides) ;
- La prééminence du statut de druides, ou d'initiés orphistes (pour les pythagoriciens), sur les autres corps de la société, permettant la préservation du savoir sacré, voulu parfaitement secret ou seulement réservé aux hommes capables d'incarner ses sagesses (attitude qui rapproche les druides des brùhmanes de l'hindouisme, et de leurs divers yogis ou saddhus).
- La volontĂ© d'incarner la science sacrĂ©e par le biais des priĂšres, de la connaissance, des rites, de la vertu, de la mĂ©ditation, de la communion avec les Ă©lĂ©ments et les ĂȘtres par le biais de la magie bienveillante et de la sacralisation de la Nature (le statut de druide Ă©tant, par lĂ , trĂšs proche de celui de barde, le poĂšte sacrĂ© Ă©tant trĂšs important dans la civilisation celte).
Ordre sacerdotal
Structure de la société celtique
La sociĂ©tĂ© celtique est divisĂ©e en trois ordres sociaux. CĂ©sar, relatant ses opĂ©rations militaires, avait notĂ© que les Gaulois (la plĂšbe) Ă©taient dirigĂ©s par deux classes dâhommes, l'ordre sacerdotal et les chevaliers (equites) : « Dans toute la Gaule, il n'y a que deux classes d'hommes qui soient comptĂ©es pour quelque chose et qui soient honorĂ©es ; car la multitude n'a guĂšre que le rang des esclaves, n'osant rien par elle-mĂȘme, et n'Ă©tant admise Ă aucun conseil. [âŠ] Des deux catĂ©gories sociales privilĂ©giĂ©es, l'une est celle des druides, l'autre celle des chevaliers »[23]. On retrouve cette hiĂ©rarchie dans la structure de la sociĂ©tĂ© divine des Tuatha DĂ© Danann, les dieux de lâIrlande, qui reproduit le schĂ©ma de lâidĂ©ologie tripartite des Indo-europĂ©ens, telle quâelle a Ă©tĂ© exposĂ©e par Georges DumĂ©zil.
- L'ordre sacerdotal qui possÚde le savoir et fait la loi ; elle administre le sacré et le religieux ;
- L'ordre des guerriers qui gĂšre les affaires militaires sous le commandement du roi ;
- L'ordre des producteurs (artisans, agriculteurs, Ă©leveurs, etc.) qui doit subvenir aux besoins de lâensemble de la sociĂ©tĂ© et en prioritĂ© ceux des deux autres classes.
Hiérarchie et structure de l'ordre sacerdotal
L'ordre sacerdotal est lui-mĂȘme hiĂ©rarchisĂ©, et ses membres possĂšdent des « spĂ©cialitĂ©s ». Strabon fut lâun des premiers auteurs Ă dĂ©crire cette catĂ©gorie sociale :
« Chez tous les peuples gaulois sans exception se retrouvent trois classes d'hommes qui sont l'objet d'honneurs extraordinaires, à savoir les Bardes, les Vates et les Druides : les Bardes, autrement dit les chantres sacrés, les Vates, autrement dit les devins qui président aux sacrifices et interrogent la nature, enfin les Druides, qui, indépendamment de la physiologie ou philosophie naturelle, professent l'éthique ou philosophie morale. »
â Strabon, GĂ©ographie, IV, 4.
- le mot « druide » est un terme gĂ©nĂ©rique qui sâapplique Ă tous les membres de l'ordre sacerdotal, dont les domaines dâattribution sont la religion, le sacrifice, la justice, lâenseignement, la poĂ©sie, la divination, etc. Mais il dĂ©finit aussi ceux que l'on appelle les druides « thĂ©ologiens ».
- le barde est spécialisé dans la poésie orale et chantée, son rÎle est de faire la louange, la satire ou le blùme[24].
- le vate est un devin ; il sâoccupe plus particuliĂšrement du culte, de la divination et de la mĂ©decine. Les femmes participent Ă cette fonction de prophĂ©tie (telles les Gallisenae de lâĂźle de Sein)[24]:441.
Dans la tradition irlandaise, le file (pl. filid) est un devin ; il a remplacĂ© le barde dont il possĂ©dait aussi les attributions. En fonction de leurs spĂ©cialitĂ©s, les filid sont sencha (historien, professeur), brithem (juge et juriste), scelaige (conteur), cainte (satiriste), liaig (mĂ©decin), dorsaide (portier), cruitire (harpiste), deogbaire (Ă©chanson). Le devin est le faith, la prophĂ©tesse est banfaith ou banfile. Ollamh est le titre le plus Ă©levĂ© (le sens du mot est « docteur, savant ») devant lâanruth (brillant). L'oblaire Ă©tant l'Ă©tudiant. (voir HiĂ©rarchie des filid)
RÎle du druide dans la société
« IdĂ©alement, tout pouvoir est rattachĂ© aux druides et Ă lâautoritĂ© de leur science divine. Le roi est un noble investi dâun mandat de gestion temporel sur la noblesse et les classes laborieuses qui se partagent les devoirs sociaux : respectivement la protection et la satisfaction des besoins de tous[25]. »
â Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 54, Marabout, Paris, 2009, (ISBN 978-2-501-05410-2)
En tant que ministre de la religion, le druide procĂšde Ă tous les rites cultuels, et en particulier aux sacrifices. Si les sacrifices humains de prisonniers de guerre sont attestĂ©s, il semble cependant quâils Ă©taient rĂ©servĂ©s Ă des circonstances exceptionnelles, les sacrifices animaux (chevaux, taureaux, porcs, moutons) ou symboliques Ă©taient plus courants[26].
Lâenseignement, câest-Ă -dire la transmission orale du savoir, fait aussi partie de ses responsabilitĂ©s. Il se charge notamment de l'instruction des enfants de l'aristocratie dont certains deviendront druides Ă leur tour. Câest encore CĂ©sar qui Ă©crit quâ« quâun grand nombre de jeunes gens viennent sâinstruire chez eux » et que les Ă©tudes peuvent durer vingt ans ; on cite le chiffre de cent cinquante Ă©lĂšves pour le druide mythique Cathbad, dans la tradition irlandaise. En contrepartie de cette longue initiation, les druides sont exemptĂ©s d'impĂŽts et n'ont pas Ă porter les armes. Ils peuvent cependant participer Ă la guerre, il nây a pas dâinterdit ni dâobligation. Le druide-guerrier est un personnage assez courant. Ainsi, Ă titre dâexemple, le druide Cathbad, dont le nom signifie « tueur au combat[27] ».
Les druides sont peut-ĂȘtre chirurgiens, comme le suggĂšrent certains sites archĂ©ologiques contenant des instruments mĂ©talliques tels que des scies, scalpels, pinces, sondes, couteaux en bronze ainsi que des os ressoudĂ©s, crĂąnes trĂ©panĂ©s[26].
Dans le contexte celtique, le domaine juridique fait partie de la thĂ©ologie et relĂšve donc de la religion. Câest donc tout naturellement que les druides sont Ă la fois juristes et juges. Magistrats, ils tranchent aussi bien pour les conflits graves entre les tribus gauloises que pour les litiges entre particuliers. Le non-respect dâun contrat est sanctionnĂ© par des peines qui sont codifiĂ©es selon la nature de la faute et le rang des parties dans la hiĂ©rarchie sociale. Si câest le roi qui prononce la sanction, câest le druide qui conseille. Compte tenu de la primautĂ© de son statut, du prestige attachĂ© Ă sa fonction, et aussi de sa qualitĂ© de juriste, il a aussi la charge des relations diplomatiques pour prĂ©venir la guerre ou rĂ©gler les compensations aprĂšs lâagression. Tenant leur assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle dans la mythique forĂȘt des Carnutes, prĂšs de l'actuelle ville de Chartres[28], selon CĂ©sar, les druides sont des acteurs de l'unitĂ© gauloise et considĂ©rĂ©s comme l'Ăąme de la rĂ©sistance Ă la prĂ©sence romaine[29].
En tant que savant et garant du savoir, il est logique que les domaines de la philosophie, lâhistoire, de la gĂ©nĂ©alogie, de la toponymie soient de son ressort, Ă©tant entendu que ce que lâon appelle mythologie avait une rĂ©alitĂ© Ă cette Ă©poque. Pour des raisons de lĂ©gitimitĂ© et de souverainetĂ©, ces disciplines se devaient dâĂȘtre les plus prĂ©cises possibles. Voyageant pour bĂ©nĂ©ficier d'Ă©changes intellectuels, il maĂźtrise plusieurs langues (grec, Ă©trusque, romain)[15].
Les Tuatha DĂ© Danann (Gens de la dĂ©esse Dana â les dieux de lâIrlande) ont un dieu-mĂ©decin, Diancecht qui est un expert dans la magie et la mĂ©decine, il soigne et rĂ©tablit les blessĂ©s, il ressuscite les morts en les immergeant dans la Fontaine de SantĂ©, il fabrique une prothĂšse au roi Nuada qui a eu le bras arrachĂ©. Les Ă©popĂ©es sont pleines de ces guĂ©risons, oĂč les plantes, les incantations et les breuvages magiques sont utilisĂ©s.
Leur grande connaissance de l'astronomie leur aura permis de conceptualiser le temps, dont donne une idĂ©e le calendrier de Coligny, qui date de lâĂ©poque gallo-romaine et dont les inscriptions constituent un calendrier en langue gauloise[30].
Le roi ne prend pas la parole avant le druide, mais ils forment une sorte de binĂŽme indispensable et antagoniste. Si le roi exerce la souverainetĂ©, il le fait sous lâinspiration du druide qui lui doit le conseil, il y a dĂ©pendance du pouvoir politique au spirituel.
Pratiques
Certains textes irlandais font Ă©tat de lâintervention des druides au moment de la naissance, pour donner un nom Ă lâenfant et pratiquer une lustration, que lâon assimile Ă une forme de baptĂȘme[31]:17.
Lâattention portĂ©e aux prĂ©sages est gĂ©nĂ©rale, car ils sont lâexpression des volontĂ©s divines et donc les prĂ©sages et la divination ne peuvent relever que du religieux dans la mesure oĂč le druide est lâintermĂ©diaire et sa parole sacrĂ©e. Câest donc un domaine illimitĂ© dĂšs lâinstant quâil est question de lâavenir.
Le mot irlandais geis (pluriel geasa) dĂ©signe un interdit qui peut ĂȘtre nĂ©gatif (sens dâinterdiction) ou positif (sens dâobligation) ; la geis a force de loi. Elle sâadresse principalement au roi et aux membres de la classe guerriĂšre et recouvre lâensemble des activitĂ©s de la vie quotidienne.
La magie, dont la mĂ©decine est un prolongement, fait appel Ă des techniques rituelles. Les plantes mĂ©dicinales en sont un Ă©lĂ©ment important, il faut aussi noter lâĂ©lixir dâoubli qui affecte la mĂ©moire, la musique, la Fontaine de SantĂ© qui guĂ©rit les blessĂ©s dans les batailles et ressuscite les morts, la pomme, symbole celtique par excellence de lâimmortalitĂ© et du savoir, la cueillette du gui sur un chĂȘne (rituel du chĂȘne et du gui (en)), accompagnĂ©e du sacrifice de taureaux, et bien dâautres.
Les Ă©lĂ©ments aussi participent Ă cette religion : lâeau par son pouvoir de lustration, le feu qui sert aux sacrifices ou Ă la purification des troupeaux, le vent qui a le pouvoir dâĂ©garer ou dâanĂ©antir, le brouillard qui permet de se dĂ©placer de maniĂšre invisible.
Les incantations sont aussi une pratique trĂšs usitĂ©e. La littĂ©rature irlandaise parle notamment du glam dicinn qui est une malĂ©diction suprĂȘme qui entraĂźne la mort, de lâimbas forosnai qui a le sens dâillumination, et du dichetal do chennaib cnĂąime, dont la signification est incertaine : ce « chantĂ© de la prophĂ©tie »[32] serait une improvisation. La louange est de la responsabilitĂ© du barde, c'est une forme de poĂ©sie qui consiste Ă mettre en valeur les qualitĂ©s dâun personnage. Le blĂąme est de mĂȘme nature avec lâobjectif contraire, Ă ne pas confondre avec la satire qui est une incantation religieuse et lĂ©gale qui entraĂźne gĂ©nĂ©ralement la mort. La geis est une incantation constituĂ©e d'obligations et d'interdits que les membres de la classe des guerriers doivent respecter, sous peine de mort.
FĂȘtes religieuses
LâannĂ©e celtique, marquĂ©e par une saison sombre et une saison claire[31]:18, comporte quatre grandes fĂȘtes religieuses au caractĂšre obligatoire, lâabsence Ă©tant punie de mort.
- Samain ou Samonios en celtique ancien (gaulois), dont le sens est « rĂ©union », a lieu aux alentours du 1er novembre. C'est la fĂȘte la plus importante du calendrier celtique. Elle inaugure une pĂ©riode de noirceur et d'Ă©preuves. Plus que le nouvel an, câest le passage de la saison claire Ă la saison sombre[31]. Sa cĂ©lĂ©bration dure une semaine, qui est hors du temps, ce qui favorise les contacts avec l'« Autre Monde », le moment oĂč les vivants et les morts se rapprochent. Elle se caractĂ©rise par des festins et des beuveries rituelles.
- Imbolc ou Imbiuolcaia, qui signifie « lustration », a lieu aux alentours du 1er fĂ©vrier. Câest la purification qui marque la fin de la pĂ©riode hivernale. Cette fĂȘte Ă©voque l'Ă©veil, le printemps, temps de la rĂ©gĂ©nĂ©ration.
- Beltaine ou Belotepnia â les « feux de Bel » â, aux alentours du 1er mai, est une fĂȘte sacerdotale en rapport avec Belenos et de sa parĂšdre Belisama, et marque le passage de la saison sombre Ă la saison claire, avec le changement dâactivitĂ©s que cela implique. Les druides allument de grands feux pour protĂ©ger le bĂ©tail, essence mĂȘme de la richesse. C'est la deuxiĂšme date la plus importante du calendrier.
- Lugnasad ou Lugnaissatis, l'« assemblĂ©e de Lug », est cĂ©lĂ©brĂ©e aux alentours du 1er aoĂ»t. Cette fĂȘte, associĂ©e Ă la moisson, aux bĂ©nĂ©fices, Ă l'abondance, Ă©tait consacrĂ©e au roi dans son rĂŽle de redistributeur des richesses et de protecteur. Câest lâoccasion de conclure des contrats de toutes sortes (commerciaux, matrimoniaux, juridiques) et de se mesurer dans des compĂ©titions (joutes littĂ©raires, sports), des jeux, ainsi que des chants et des danses.
Druidisme
Selon le Lebor Gabala (Livre des ConquĂȘtes), le druidisme a Ă©tĂ© inventĂ© par les Partholoniens, arrivĂ©s en Irlande trois cent douze ans aprĂšs le dĂ©luge et qui vont lâoccuper pendant cinq mille ans. CĂ©sar aussi pense que le druidisme est originaire de lâĂźle de Bretagne, puis sâest rĂ©pandu en Gaule ; dâailleurs il affirme que nombre dâĂ©tudiants vont se perfectionner lĂ -bas[33].
Tout ce que lâon peut dire Ă ce propos ne peut ĂȘtre quâune Ă©manation de ce que nous savons de ses ministres. Plus quâune religion, au sens oĂč nous le comprenons aujourdâhui, le druidisme est le fondement mĂȘme de la civilisation celtique, et le rĂšglement de lâensemble de la sociĂ©tĂ©. Toute la vie des Celtes est sous le contrĂŽle des druides.
Les Celtes Ă©taient convaincus de lâimmortalitĂ© de lâĂąme[34], câest la raison pour laquelle les guerriers nâĂ©prouvaient aucune peur de la mort lors des batailles (c'est du moins la conclusion que tirent les Romains face au courage des guerriers celtes au combat. Rien ne prouve qu'il existait pour les celtes un au delĂ bĂ©nĂ©fique). Des confusions dans la lecture des textes ont suggĂ©rĂ© la notion de rĂ©incarnation, mais celle-ci est inexistante. On a le plus souvent confondu la rĂ©incarnation et la mĂ©tamorphose : les dieux changent facilement de forme et ils ont des symboles zoomorphes, ours, corbeau, sanglier, cygne, etc[35].
Le Sidh est le nom gaĂ©lique qui dĂ©signe l'« Autre Monde » celtique. Il se situe Ă lâouest, au-delĂ de lâhorizon de la mer, dans des Ăźles magnifiques : sous la mer, dans les lacs et les riviĂšres oĂč se situent de somptueux palais de cristal aux entrĂ©es mystĂ©rieuses ; sous les collines et les tertres. Câest le sĂ©jour des dieux.
Le culte se pratiquait dans des aires sacrĂ©es appelĂ©es Nemeton en langue gauloise (et nemed en gaĂ©lique), dont on trouve la trace, par exemple, dans le toponyme de la forĂȘt de Nevet prĂšs de Locronan (FinistĂšre), dont la TromĂ©nie, procession chrĂ©tienne, perpĂ©tue le souvenir dâune cĂ©rĂ©monie druidique. Il est fort probable que des monuments mĂ©galithiques, tels Carnac ou Stonehenge, aient Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par les druides. Si, Ă lâorigine, le Nemeton fut probablement un endroit ouvert, il a considĂ©rablement Ă©voluĂ©, pour devenir un enclos, de forme gĂ©nĂ©ralement quadrangulaire, comprenant des Ă©difices en bois et un puits Ă offrandes.
Les filid irlandais ont Ă©laborĂ© un systĂšme de notation, les ogams (systĂšme parfois appelĂ© « Ă©criture oghamique »), qui nâa jamais servi Ă la rĂ©daction de textes, mais Ă des inscriptions funĂ©raires (dont trois cents nous sont parvenues), ou incantatoires, gravĂ©es dans la pierre ou le bois. AttribuĂ© par la tradition Ă Ogme, le dieu de la magie et de lâĂ©loquence, cet alphabet composĂ© dâencoches et dĂ©rivĂ© de lâalphabet latin en association avec des noms dâarbres, resta cantonnĂ© Ă lâIrlande, lâĂcosse et le Pays de Galles.
La thĂšse dâune origine chamanique prĂ©historique fut avancĂ©e, mais elle ne rĂ©sista pas Ă lâanalyse, et fut rapidement abandonnĂ©e[36]. Par ailleurs, si le sanglier est lâanimal emblĂ©matique de la classe sacerdotale, la notion de totĂ©misme est totalement Ă exclure, ne correspondant pas dans sa dĂ©finition aux conceptions celtiques.
Le druidisme fut une exclusivitĂ© de la civilisation celtique et ne rĂ©sista pas Ă la romanisation des zones oĂč il Ă©tait implantĂ© en Europe, ni Ă la christianisation de lâIrlande. Pour Philippe JouĂ«t, « Lâillusion dâune continuitĂ© doctrinale, mĂȘme partielle, entre druidisme et christianisme repose sur une interprĂ©tation erronĂ©e ou tendancieuse de quelques textes d'Ă©laboration rĂ©cente[37] ».
Mythologie
Dieu-druide
Dagda signifie le « dieu bon ». Il Ă©tait un des dieux les plus importants de la mythologie irlandaise et Ă©tait gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ© comme un homme rustique traĂźnant une Ă©norme massue montĂ©e sur roues. Dagda Ă©tait considĂ©rĂ© comme un dieu sage, Ă©rudit et trĂšs versĂ© dans l'art de la magie. Il fut un des chefs des Tuatha de Danann. Dagda Ă©tait Ă©galement un puissant combattant et l'amant de Morrigane (la dĂ©esse de la guerre). MalgrĂ© sa force destructrice, il Ă©tait aussi associĂ© Ă l'abondance, pouvant assouvir la faim de tous grĂące Ă son chaudron au contenu inĂ©puisable. C'est lui qui installa les Tuatha de Danann sous terre aprĂšs leur dĂ©faite face aux fils de Milesius (les ancĂȘtres des Irlandais)[38].
Druides mythiques
Liste non exhaustive.
- Adnae Mac Uthidir est un « file » important dâUlster, qui a le rang dâOllam (un docteur en savoir). Il est le pĂšre de NĂ©dĂ©, lâun des protagonistes de lâImmacallam in Da TĂ»araid (Dialogue des deux Sages).
- Aithirne Ailgesach est un druide despotique, qui apparaßt dans plusieurs récits du Cycle d'Ulster, dont la Courtise de Luaine et le SiÚge de Howth. Il est connu pour exiger des choses impossibles et se venger en se servant de sa « magie », notamment de la satire mortelle du glam dicinn.
- Amorgen Glungel est le file primordial des Milesiens, les premiers colons Gaels en Irlande. Outre ses fonctions bardiques, câest aussi un juge, selon le Lebor GabĂĄla Ărenn (Livre des ConquĂȘtes dâIrlande).
- Armogen Mac Eccit, fils de Eccet Salach, est le druide-poĂšte du roi dâUlster Conchobar Mac Nessa, câest aussi un redoutable guerrier, dans le Cycle d'Ulster.
- AĂfĂ© est une druidesse et une guerriĂšre qui rĂ©side en Ăcosse. En conflit avec ScĂĄthach, elle fait la paix avec sa rivale selon la demande de CĂșchulainn, avec qui elle a un fils, Conla.
- Cathbad est lâun des druides les plus connus de la mythologie celtique irlandaise. Il a pour Ă©pouse la reine Ness, avec laquelle il a deux enfants, le futur roi Conchobar Mac Nessa et une fille FindchĂłem. Cathbad est aussi le pĂšre des druides Genann Gruadhsolus et Imrinn et le grand-pĂšre du hĂ©ros CĂșchulainn. Dans le rĂ©cit TĂĄin BĂł CĂșailnge (Razzia des vaches de Cooley), il provoque la mort de lâĂ©missaire Sualtam qui a parlĂ© sans permission, car selon une geis, il est interdit de parler avant le roi et le roi ne parle pas avant son druide.
- Coirpre est un file qui apparaĂźt notamment dans le rĂ©cit Cath Maighe Tuireadh (La Bataille de Mag Tured). Il est le premier druide Ă composer et prononcer une satire en Irlande, contre Bres, roi provisoire des Tuatha DĂ© Danann, pendant lâinfirmitĂ© de Nuada.
- Corann est le druide du roi Conn CĂ©tchathach. Dans le rĂ©cit Echtra Conle (les Aventures de Conle), il doit user de toute sa magie pour affronter une Banshee qui a jetĂ© son dĂ©volu sur Conle, le fils du roi. Mais les messagĂšres de lâAutre Monde ont une magie plus puissante que celle des druides pour les affaires d'amour.
- Dubthach DĂłel Ulad est un autre druide de la cour du roi Conchobar Mac Nessa. Il est cĂ©lĂšbre pour semer systĂ©matiquement la zizanie et de profĂ©rer des injures gratuitement. AprĂšs lâassassinat des trois fils dâUsnech par Conchobar et la fin tragique de Deirdre, il quitte la cour avec dâautres guerriers Ulates et se rĂ©fugie en Connaught Ă la cour de la reine Medb et du roi Ailill. Il est entraĂźnĂ© dans la Razzia des vaches de Cooley, oĂč il combat lâarmĂ©e dâUlster, aux cĂŽtĂ©s des souverains du Connaught.
- Esras Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Gorias, une des quatre « Ăles au nord du Monde », avant lâinstallation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien dâun talisman, la lance de Lug Samildanach, arme mortelle Ă chaque coup, insĂ©parable du Chaudron du Dagda, dans lequel elle doit plonger pour Ă©viter qu'elle ne dĂ©truise tout autour d'elle.
- Fingen est un autre druide de Conchobar Mac Nessa, particuliĂšrement rĂ©putĂ© pour sa connaissance et sa pratique de la magie et de la mĂ©decine. Il est expert dans les trois formes de la mĂ©decine : magique, vĂ©gĂ©tale et sanglante. Sa science est telle quâil peut dĂ©terminer le nombre des occupants dâune maison et dire de quelles maladies ils sont atteints, en examinant la fumĂ©e qui sâĂ©chappe du toit.
- Fintan est un druide primordial, associĂ© Ă lâĂ©popĂ©e du peuple de Cesair. AprĂšs le DĂ©luge, il subit diverses mĂ©tamorphoses animales qui doivent lui permettre de traverser les millĂ©naires, pour transmettre sa science et son histoire aux Irlandais.
- Tuan Mac Cairill est également un druide primordial qui a vécu plusieurs millénaires, depuis le Déluge jusqu'à saint Patrick et ses successeurs immédiats à qui il a transmis son savoir[35].
- Gwydion, dĂ©crit comme un puissant magicien dans les Mabinogion gallois, est une reprĂ©sentation altĂ©rĂ©e des druides de lâAntiquitĂ©[39].
- Ladra, tout comme Fintan, est un druide primordial, de lâĂ©popĂ©e de Cesair. Premier amant et premier mort (abus de femmes) de lâĂźle dâIrlande, il reprĂ©sente la fertilitĂ© et la mort.
- Mog Ruith, surnommĂ© le « Serviteur Ă la Roue » (la roue cosmique), est une reprĂ©sentation du dieu-druide le Dagda, dont lâune des particularitĂ©s est la cĂ©citĂ© qui lui donne don de voyance. Druide-guerrier, câest lâun des plus puissants de la mythologie, sa « magie » peut donner la victoire, comme le narre le Forbuis Droma Damhghaire (le SiĂšge de Druim Damhghaire). Les premiers chrĂ©tiens irlandais en firent l'instigateur de l'exĂ©cution de saint Jean Baptiste, afin de dĂ©truire sa rĂ©putation.
- Morfessa Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Falias, une des quatre «ßles au nord du Monde », avant lâinstallation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien dâun autre talisman, la « pierre de Fal » qui symbolise le pouvoir lĂ©gitime et la SouverainetĂ©. Elle est placĂ©e Ă Tara, le centre mythique de lâIrlande, rĂ©sidence des Ard rĂ Ărenn.
- NĂ©dĂ© est un druide redoutable qui, dans lâImmacallam in Da TĂ»araid (Dialogue des deux Sages), prĂ©tend au grade dâollam dans une dispute scientifique face Ă un autre druide Ferchertne. Il meurt pour avoir commis les trois fautes irrĂ©parables du druide : lâadultĂšre avec une reine, lâusurpation de la souverainetĂ© royale et la satire abusive (le glam dicinn).
- Semias Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Murias, une des quatre « Ăźles au nord du Monde », avant lâinstallation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien du chaudron et de la massue du Dagda, autres talismans des dieux dâIrlande.
- Tlachtga, fille de Mog Ruith, est une druidesse (bandrui, ce qui signifie « femme-druide »), réputée pour la puissance de ses pouvoirs. Elle est initiée par son pÚre.
- Uiscias Ă©tait le druide qui gouvernait l'Ăźle de Findias, une des quatre « Ăźles au nord du Monde », avant lâinstallation des Tuatha DĂ© Danann en Irlande. Il Ă©tait le gardien de lâĂpĂ©e de Nuada, talisman qui reprĂ©sente la SouverainetĂ© et la Guerre, arme infaillible aux blessures mortelles.
VĂȘtement rituel du druide
Dans le néo-druidisme
Le vĂȘtement rituel du druide contemporain est typiquement la saie (longue tunique blanche), un voile en forme de demi-cercle (autrefois, une grande Ă©charpe), un bandeau de tĂȘte (simple ou ornĂ© de trois traits jaunes ou dorĂ©s) et un ornement de poitrine brodĂ© de la croix druidique (torque autrefois)[40].
Dans la culture populaire
Les druides font partie, dĂ©sormais, de la culture populaire. Ils peuvent se retrouver dans plusieurs mĂ©dias, comme les livres, les jeux vidĂ©o, les bandes dessinĂ©es (âŠ).
Dans la littérature :
- La série romanesque Shannara de Terry Brooks, met en scÚne Allanon, le dernier membre d'un ordre disparu: les druides. Ils sont savants, sages et puissants et assurent la protection des Quatre-Terres contre les forces du mal. Ils connaissent l'histoire du monde et des peuples, les sciences et exercent la magie: c'est notamment Bremen qui fera forger et qui enchantera l'Epée de Shannara (qui donnera son nom au premier roman de la série des "Shannara"), seule arme capable de défaire le Roi-Sorcier, un ancien druide ayant basculé du mauvais cÎté. Ces romans présentent également le Dagda Mor (Dagda étant le Dieu-Druide chez les Celtes) principal antagoniste du second volume de la série de romans "Shannara", les Pierres Elfiques de Shannara.
- Dans la sĂ©rie romanesque les Messagers du temps dâĂvelyne Brisou-Pellen, il est plusieurs fois fait mention des druides, notamment au premier volume.
à la télévision :
- Dans la série télévisée Les Chroniques de Shannara (adapté du second volume) la saison 2 (totalement inédite) dévoile une nouvelle druidesse en la personne de Mareth.
- En 2001, un film fut créé : Vercingétorix : La Légende du druide roi. Dans ce film, Vercingétorix est élevé par des druides et plusieurs éléments de la mythologie celtiques sont repris.
Dans la bande dessinée :
- Le plus connu reste Panoramix, des bandes dessinées "Astérix", druide d'un petit village résistant encore et toujours à l'envahisseur, chargé de la potion magique. Cependant on peut apercevoir d'autres druides comme dans le film Astérix et Obélix contre César.
- De mĂȘme les Druides, une sĂ©rie de bandes dessinĂ©es, retracent l'histoire de Gwenc'hlan le dernier des druides bretons et de son apprenti, Taran.
Dans les jeux vidéos :
- On peut retrouver les druides comme Ă©tant une classe dans "World of Warcraft" qui peuvent ĂȘtre guĂ©risseur, Tank ou spĂ©cialiste des dĂ©gĂąts. Ils sont dĂ©crits comme Ă©tant les gardiens de la nature, trĂšs liĂ©s Ă la nature et avec la capacitĂ© de se mĂ©tamorphoser.
Autres
- Merlin dans la légende arthurienne (mythologie brittonique).
- Panoramix dans AstĂ©rix, l'Ćuvre d'Uderzo et Goscinny.
- Druide, polar fantasy d'Olivier Peru.
- Le conseil des druides dans la trilogie de la MoĂŻra, romans fantastiques de Henri LĆvenbruck.
- Allanon, Bremen, Galaphile, Brona (entre autres) sont des druides dans la série de roman Shannara de Terry Brooks.
Notes et références
Notes
- J.-L. Brunaux reproche à F. Le Roux et C.J. Guyonvarc'h un parti-pris idéologique et une méthode discutable, se contentant d'évoquer « le celtisme le plus étroit, le plus idéologique » (op. cit., p. 93-95).
Références
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. V Définitions et distinctions ; Joseph Vendryes, La Religion des Celtes, ch. III Le clergé et le culte.
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. V LâIdĂ©ologie tripartie en Irlande et en Gaule ; La SociĂ©tĂ© celtique, ch. II Classes et fonctions & ch. IV Quelques applications de lâidĂ©ologie tripartie dans la sociĂ©tĂ© celtique.
- Jean-Louis Brunaux, Les druides, Des philosophes chez les barbares, Paris, Ăditions du Seuil, 2009 [2006], 381 p. (ISBN 978-2-7578-1324-9), p. 85 et sv.
- Yoann Labroux-Satabin, « Qui étaient vraiment les druides ? », sur Géo, Histoire 51, (consulté le )
- Georges Dumézil, « La tradition druidique et l'écriture : le vivant et le mort », Revue d'histoire des religions, 122, 1940, p. 125-133.
- Druide, TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé (1971-1994).
- G. Pinault, r Yezh revue, no 46, décembre 1965, p. 23 et suivantes.
- Philippe JouĂ«t, LâAurore celtique dans la mythologie, l'Ă©popĂ©e et les traditions, Fouesnant, Yoran Embanner, , 22 cm (ISBN 978-2-914855-33-4, lire en ligne), p. 44-45.
- Informations lexicographiques et étymologiques de « druide » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Francis Faverau, Geriadur ar Brezhoneg a-vremañ, p. 130 et 209 - Skol Vreizh 2000
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, ch. IV « Sens et valeur du mot "Druide" », p. 31. Voir aussi « Annexes étymologiques - Le nom du druide », p. 425.
- Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Wikisource, Livre VI, 13.
- Xavier Delamarre, Une généalogie des mots : De l'indo-européen au français : introduction à l'étymologie lointaine, Errance, , 231 p. (ISBN 978-2-87772-634-4), p. 58.
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- British Archeology.
- Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 75.
- Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VI.
- :454 ; Guyonvarcâh & Le Roux, Les Druides, p. 432.
- En Gaule, cette situation a pris fin avec la suppression de la royautĂ© et lâavĂšnement dâune magistrature sĂ©culiĂšre. Voir Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, p. 55.
- (en) Miranda Jane Aldhouse-Green, Dying for the gods : human sacrifice in Iron Age & Roman Europe, Tempus, , p. 8.
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- Le terme doit ĂȘtre ici compris comme principe vital de toute entitĂ© douĂ©e de vie.
- « Duides », sur universalis.fr.
- Guyonvarcâh & Le Roux, Les Druides, p. 420.
- Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Fouesnant, Yoran Embanner, , 445 p., 22 cm (ISBN 978-2-91485-537-2, OCLC 470670569, lire en ligne), p. 378.
- Arthur Cotterell, Mythologie celtique : les mythes et les légendes du monde celtique, Paris, CELIV, , 96 p., 31 cm (ISBN 978-2-86535-336-1, OCLC 319801796).
- Georges Dumézil, Esquisses de mythologie, GLM (Gallimard), Paris, 2003, (ISBN 2-7028-8243-9), ch. 59 « La quatriÚme branche du Mabinogi », p. 616.
- Viviane Le Moullec, FĂȘtes et rituels du druidisme, Dauphin, , p. 78.
Bibliographie
Sources
- Textes mythologiques
- Anonyme, Le Dialogue des deux Sages présenté et annoté par Christian-Joseph Guyonvarc'h, BibliothÚque scientifique Payot, Paris, 1999, (ISBN 2228892149)
- Salomon Reinach, Cultes, Mythes et Religions, Robert Laffont collection Bouquins, Le culte de Halae et le druidisme, p. 265-84, (ISBN 978-2-22107-348-3).
Travaux universitaires
- Jean-Louis Brunaux, Les Druides : des philosophes chez les barbares, Paris, Seuil, , 381 p., 24 cm (ISBN 978-2-02079-653-8, OCLC 783391145).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France UniversitĂ©, coll. « De mĂ©moire dâhomme : lâhistoire », Rennes, 1986 (ISBN 978-2-85882-920-0).
Liens
Articles connexes
Liens externes
- Jean Loicq, « Les Druides dans lâancienne sociĂ©tĂ© celtique », sur FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve), (consultĂ© le ).
- Laurence Dionigi, « Reines guerriÚres et druidesses chez les Celtes », (consulté le ).