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Lugnasad

Dans le festiaire, le calendrier et la Mythologie celtique irlandaise, Ă©cossais et l'Ăźle de Man (GaĂ«ls), LugnĂĄsad (en irlandais moderne LĂșnasa, qui est le nom du mois d’aoĂ»t) est une fĂȘte religieuse dont le nom signifie « assemblĂ©e de Lug », l'une des principales divinitĂ©s des peuples celtiques (paganisme et nĂ©opaganisme). Elle a lieu au dĂ©but du mois d’Elembivios du calendrier de Coligny, approximativement vers le 1er aoĂ»t du calendrier grĂ©gorien, ou Ă  mi-chemin entre le solstice d'Ă©tĂ© et l'Ă©quinoxe d'automne, pendant la pĂ©riode des rĂ©coltes. Cette fĂȘte est, sous certains aspects, comparable Ă  lammas.

Les fĂȘtes gaĂ©lique (de mi-saison) ont une dimension agraire. Samain est Ă  bien des Ă©gards une fĂȘte d’automne, Im(b)olg une sortie de l’hiver, Beltaine une fĂȘte de printemps et LugnĂĄsad une fĂȘte d’étĂ© (fĂȘte de la rĂ©colte). Il s'agit de pĂ©riodes sur la roue de l'annĂ©e.

L’équivalent ancien-celtique continental ou « gaulois » est le Concilium Galliarum : l'« assemblĂ©e des Gaules ».

Description

Françoise Le Roux a vu dans la Lugnasad une fĂȘte royale marquĂ©e par la redistribution des richesses et l’équitĂ©, sous l’autoritĂ© des druides. C'est une trĂȘve militaire qui cĂ©lĂšbre la paix, l’amitiĂ©, l’abondance et la prospĂ©ritĂ© du royaume. Elle est obligatoire et rĂ©unit les trois classes (sacerdotale, guerriĂšre et artisanale) de la sociĂ©tĂ© celtique.

Elle est dĂ©crite comme une foire de commerce, mais aussi une occasion de rĂ©gler les contentieux, de cĂ©lĂ©brer des mariages, d’entendre des poĂštes et des musiciens. S’il n’y a pas de cĂ©rĂ©monie religieuse, on y fait des jeux et des courses, similaires aux Olympiades grecques.

Philippe JouĂ«t indique : « La fĂȘte de LugnĂĄsad au premier aoĂ»t est l'« AssemblĂ©e de Lug », de Lug + nĂĄsad (mdIrl. Lughnasadh, LĂșnasa, Sc-gaĂ©lique LĂčnasdal, manx Launistyn), nom qui a Ă©tĂ© compris comme « noces de Lug »[1]. C'est l'une des grandes fĂȘtes gaĂ©liques, fin de l'Ă©tĂ© et ouverture de l'automne, « solennitĂ© ou jeux de Lug, fils d'Eithne, instituĂ©s par lui au commencement de l'automne » (Glossaire de Cormac, Ă©d. Stokes, TIG 26 ; Ă©d. K. Meyer, Anecdota IV § 796) en souvenir de sa mĂšre adoptive Tailtiu, inhumĂ©e par lui dans la colline qui porte son nom. Le sens d'« assemblĂ©e » pour nĂĄsad donnĂ© avec d'autres par O'Clery est le bon. Le sens reçu de « commĂ©moration » en est dĂ©rivĂ©.

Il prĂ©cise : « Des notices toponymiques, les Dindshenchas de Tailtiu et de Carman, en exposent le fond mythique. À LugnĂĄsad on commĂ©morait par des jeux la mort sacrificielle d'une dĂ©esse de la terre productrice, Tailtiu fille de MagmĂłr et nourrice de Lug. (...) Le sacrifice de Tailtiu « Terre » eut pour consĂ©quence d'assurer la richesse agricole aux Irlandais. À Carman, autre fĂȘte lĂ©gale, on assurait la prospĂ©ritĂ© d'une province. (...) La date de Carman est celle de LugnĂĄsad, mais elle se tient tous les trois ans. (...) Le Concilium Trium Galliarum, « assemblĂ©e des Trois Gaules » (Strabon, IV, 3, 2 ; Tacite, Ann., III, 44 ; SuĂ©tone, Divus Claudius 2 ; Dion Cassius, LIV, 32 et LIX ; JuvĂ©nal, Satire I, 43-44, qui Ă©voque les jeux ; SuĂ©tone, Caligula 20), attestĂ©e aussi par des inscriptions, se tenait « au confluent de la SaĂŽne et du RhĂŽne ». Bien que le concilium fĂ»t une assemblĂ©e provinciale romaine, on peut penser qu’il a succĂ©dĂ© Ă  une fĂȘte celtique cĂ©lĂ©brĂ©e en un lieu consacrĂ© Ă  *Lugus, comme la fĂȘte irlandaise de LugnĂĄsad au premier aoĂ»t. »[1]

Philippe JouĂ«t ajoute que l'Ă©quivalent brittonique de la fĂȘte de *Lugus est goelaoust (gouel eost « fĂȘte d’aoĂ»t ») dans des documents bretons des XIVe et XVe siĂšcles, commentĂ©e par J. Loth, Annales de Bretagne 13, 1898, 260, qui correspond au gallois gwyl awst de mĂȘme sens, fĂȘte du dĂ©but d’aoĂ»t[2]. Giraud de Cambrie fait Ă©tat d'une fĂȘte au tout dĂ©but du moins d'aoĂ»t, sur une montagne du Brycheiniog. En Bretagne aussi la fĂȘte de saint Louan ou Luhan, dont le nom est issu de *lugu- (qu'il s'agisse d'un saint irlandais ou d'un breton), est cĂ©lĂ©brĂ©e en aoĂ»t, soit le 4 ou le dernier dimanche du mois. Les miracles attribuĂ©s Ă  ce Lou(h)an sont caractĂ©ristiques d'un dioscure immortalisĂ© : guĂ©risons d'un feu (ulcĂšre), retour Ă  la vie, allongement de la clartĂ© du jour pour permettre un long voyage (ces donnĂ©es sont indigĂšnes). FĂȘte de sant Louhan : breton Gouel Luhan[1].

Date

Venceslas Kruta avance que la Lugnasad aurait été déterminée par le lever héliaque de Sirius[3].

NĂ©o-religion

La nĂ©o-religion wicca en a fait une fĂȘte (sans rapport avec le contenu celtique traditionnel).

Références

  1. Philippe JouĂ«t, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques, Fouesnant, Yoran, , 1041 p., s.vv. FĂȘtes, Lugnasad, Lug, *Lugus, Dioscures
  2. J. RhĆ·s, Hibbert Lectures, p. 421-422
  3. Venceslas Kruta, « TĂȘtes jumelĂ©es» et jumeaux divins : essai d’iconographie celtique, Études celtiques, AnnĂ©e 2016, 42, pp. 33-57

Articles connexes

Bibliographie

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