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Imbolc

Imbolc (/ÉȘˈmɒlÉĄ/) est une fĂȘte religieuse celtique irlandaise, qui est cĂ©lĂ©brĂ©e le 1er fĂ©vrier de notre calendrier, soit au dĂ©but du mois d’anagantios selon le calendrier gaulois de Coligny dans la mythologie celtique. C'est la fĂȘte sur laquelle les sources littĂ©raires mĂ©diĂ©vales sont les moins nombreuses.

Description

Le sens du nom est « lustration », il s’agit donc d’une purification qui prend place Ă  la fin de l’hiver.

Elle pourrait avoir pour fondement un culte liĂ© Ă  la fĂ©conditĂ©. Un rapprochement peut aussi ĂȘtre fait avec la fĂȘte romaine des Lupercales, qui avait lieu Ă  la fin de l'hiver[1].

Elle a aussi le sens de « lactation » ou « lait des brebis »[2]. La date d'Imbolc correspond d'ailleurs Ă  la pĂ©riode de l'agnelage, et donc au moment oĂč les brebis commencent Ă  allaiter leurs petits.

De la fĂȘte Imbolc, /imolk/ /imelk/, trĂšs rĂ©guliĂšrement Imolg, au premier fĂ©vrier, Joseph Vendryes a proposĂ© une Ă©tymologie par imb- « autour », prĂ©fixe rĂ©flĂ©chi, et folc « laver, baigner, nettoyer », ce qui faciliterait le rapprochement avec le februārius romain (RC 41 241-244). Pour Christian-J.. Guyonvarc'h « Imbolc est le nom de l’ablution purificatoire ». Partant d’imolg (dans le ms LU) qui est la forme sincĂšre, E. Hamp l’interprĂšte par *molgo- « lactation », ce qui est l’avis du Glossaire de Cormac pour oĂ­melc « lait de brebis » (sheep’s milk suivant M. Dillon dans The Celtic realms, 1961, 141). On peut concilier les deux interprĂ©tations en comparant le terme au Saxon, "im melk" qui signifie simplement "dans le lait". En sus, on peut traduire, la locution en irlandais moderne par "rĂ©serve de beurre" (ĂŹm bĂČlg), littĂ©ralement "ventre, panse, poche, sac" (de beurre).

Philippe JouĂ«t indique que «Tochmarc Emire prĂ©sente oimolc comme « le dĂ©but du printemps, c’est-Ă -dire barriĂšre d’averses, averses du printemps et averses de l’hiver (...) ou le temps oĂč l’on trait les brebis ». Les attestations mythologiques sont rares. TBC fait Ă©tat d’un combat de CĂșchulainn qui dure « du lundi de Samain au mercredi aprĂšs Imbolc », les trois mois les plus sombres de l’annĂ©e, sans aucun repos. (...) Sur l’üle de Man la pluie du 1er fĂ©vrier est bĂ©nĂ©fique mais si le temps est beau la vieille Callaigh ny Groamagh (ou ny Gueshag « des geasa ») se manifeste, ce qui est un mauvais prĂ©sage » C'est une fĂȘte de sortie d'hiver.

Imolc, dont le nom ne se retrouve pas en irlandais moderne, a Ă©tĂ© approximativement remplacĂ©e par la Chandeleur (mais au 2 fĂ©vrier) et recouverte par la « fĂȘte de (sainte) Brigitte », FĂ©il BrĂ­de. Si l’on considĂšre que la Brigit qui a servi Ă  la constitution de la sainte a retenu les traits d’une divinitĂ© aurorale, on peut envisager qu’Imolg inaugurait la pĂ©riode des Aurores de l’annĂ©e (Ă  laquelle correspond le cornique gwantwyn, Ă©tymologiquement la pĂ©riode de la « lumiĂšre », comme Skr. vasantĂĄs, La. vēr, Gr. ear « printemps ») »[3]

Ph. JouĂ«t ajoute : « Une fĂȘte de sortie de l’hiver et d’ouverture du printemps a Ă©tĂ© recouverte par la Chandeleur si l’on se fonde sur le nom breton de cette fĂȘte Deiz ar Goulou « Jour de la lumiĂšre ». » Sainte Brigit (de Kildare) a, Ă  beaucoup de points de vue, pris la suite de la dĂ©esse vIrl. Brigit, mIr. Brighid.

Le nom brittonique de la fĂȘte est alors : gallois Canhwyllau ; breton Goulou(deiz), Gouel Berc'hed[4].

Célébration

Christian-Joseph Guyonvarc'h et Françoise Le Roux citent à ce propos ce quatrain extrait de Hibernica Minora de Kuno Meyer :

Goûter de chaque nourriture selon l'ordre,
voilĂ  ce que l'on doit faire Ă  Imbolc ;
se laver les mains, les pieds, la tĂȘte,
c'est ainsi que je le dis[5]

Il Ă©tait ainsi d'usage de commencer le repas en buvant un bol de lait de brebis (probablement fermentĂ©), mĂ©langĂ© Ă  de l'alcool de grain. Tout au moins Ă©tait-ce le cas quand cette fĂȘte persistait encore au Moyen Âge tardif. Une source, discutable toutefois, suggĂšre que cette pratique Ă©tait en rĂ©alitĂ© pratiquĂ©e Ă  Beltaine et qu'elle faisait Ă©cho Ă  une pratique non documentĂ©e, qui aurait pu se tenir Ă  Imbolc et qui aurait consistĂ© en verser Ă  terre le dernier lait et le dernier grain (libation/oblation) pour s'attirer les faveurs de Cernunnos pour le dĂ©but de l'annĂ©e agraire (mais Cernunnos est une entitĂ© continentale antique, pas un dieu irlandais). Ce quatrain suggĂšre que, pendant la fĂȘte d'Imbolc, on devait faire l'inventaire des nourritures. De maniĂšre tout aussi hypothĂ©tique, cela laisserait Ă  penser qu'Ă  Imbolc, on commençait par boire.

Imbolc Ă©tait une fĂȘte au cours de laquelle on cĂ©lĂ©brait la dĂ©esse celte Brigit : on l'invitait Ă  entrer dans la maison afin de la purifier et de la protĂ©ger jusqu'Ă  la prochaine fĂȘte d'Imbolc. Il s'agissait donc de fĂȘter un renouveau aprĂšs les jours les plus sombres de l'annĂ©e[6].

Survivances

Irlande et Celtique insulaire

En Irlande la cĂ©lĂ©bration de sainte Brigitte Ă  cette date, conduit Ă  penser qu’Imbolc se dĂ©roulait sous le patronage de la dĂ©esse prĂ©chrĂ©tienne Brigit[7].

France

En France, une survivance de cette fĂȘte christianisĂ©e serait la Chandeleur, la fĂȘte correspondant Ă  la prĂ©sentation du Christ au Temple[8].

Suisse

Le Canton de GenĂšve fĂȘte les Failles, dans le hameau de Certoux, sur la commune de Perly-Certoux ainsi que celle de Cartigny au cours du Premier dimanche de carĂȘme[9], tradition consistant Ă  brĂ»ler des perches enrobĂ©es de paille, de sarments[10] et de roseaux le soir Ă  l'apparition de la premiĂšre Ă©toile[11]. À cette occasion, on y mange des merveilles, une sorte de beignet[12]. Cette fĂȘte serait d'origine celtique et constituerait une survivance d'Imbolc[12]. Cette coutume se nomme les brandons ailleurs en Suisse romande[13].

NĂ©o-religions

À l'Ă©poque contemporaine, le nom irlandais a Ă©tĂ© repris dans divers cultes nĂ©o-paĂŻens et wiccans, pour lesquels la fĂȘte vient aprĂšs Yule.

Notes et références

  1. Revue Terre et Peuple, no 6, hiver 2000, p.12 et 13. Nos fĂȘtes celtiques : Imbolc.
  2. Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc'h, La civilisation celtique, Editions Ouest-France,
  3. Philippe JouĂ«t, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques (1re Ă©d.), Fouesnant, Yoran, , 1041 p., s.vv. FĂȘtes, Brigid, Cuchulainn, Rites
  4. Philippe Jouët, Aux sources de la mythologie celtique, Fouesnant, Yoran,
  5. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, page 233, Ouest-France UniversitĂ©, coll. « De mĂ©moire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986 (ISBN 2-85882-920-9).
  6. Mara Freeman, Vivre la tradition celtique au fil des saisons, Guy Trédaniel éditeur,
  7. Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, les Druides, page 399
  8. Revue Terre et Peuple, no 6, hiver 2000, p.12 et 13. Nos fĂȘtes celtiques : Imbolc.
  9. « http://www.jussy.ch/uploads/file/Presse/2012/Ces%20petites%20communes%20qui%20osent%20construire_TDG%2020_02_2012.pdf »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) Tribune de GenĂšve, Failles brĂ»lĂ©es, par C.Z.B, 20 fĂ©vrier 2012, p. 20
  10. « Informations cartiginoises »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  11. http://www.grhc.info/publications/livrecartigny/annotations%20GRHC.pdf
  12. Film documentaire, traditions.ge, SĂ©verin Bolle, 2007, chapitre "hiver"
  13. Éric Eigenmann, « Jeux profanes genevois: les Alouilles, les Failles, le Feuillu », dans le Dictionnaire du thĂ©Ăątre en Suisse en ligne.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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