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Lupercales

Les Lupercales (en latin, Lupercalia) sont, dans la Rome antique, des fĂȘtes annuelles cĂ©lĂ©brĂ©es par les luperques du 13 au 15 fĂ©vrier, prĂšs d'une grotte nommĂ©e le Lupercal (situĂ©e au pied du mont Palatin et peut-ĂȘtre dĂ©couverte en novembre 2007), en l'honneur de Faunus, dieu de la forĂȘt et des troupeaux.

Lupercales
Andrea Camassei, Les Lupercales (vers 1635), Madrid, musée du Prado.
Andrea Camassei, Les Lupercales (vers 1635), Madrid, musée du Prado.

Nom officiel Lupercalia
Observé par Rome antique
Type Célébration religieuse
Signification FĂȘte de purification, cĂ©lĂ©bration de la fertilitĂ© et de Faunus.
Commence 13 février
Finit 15 février
CĂ©lĂ©brations Sacrifice d’un bouc.
Observances Flagellation par les Luperques.
Lié à Religion de la Rome antique

DĂ©roulement

L'allaitement par la louve de Romulus et Remus.

La fĂȘte des Lupercales est une fĂȘte de purification qui avait lieu Ă  Rome du 13 au 15 fĂ©vrier, c’est-Ă -dire Ă  la fin de l’annĂ©e romaine, qui commençait le 1er mars.

Les luperques, prĂȘtres de Faunus, sacrifiaient un bouc Ă  leur dieu dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin) oĂč, selon la lĂ©gende, la louve avait allaitĂ© Romulus et RĂ©mus, aprĂšs avoir dĂ©couvert les deux jumeaux sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situĂ© devant l'entrĂ©e de celle-ci, avant qu'ils ne soient recueillis et Ă©levĂ©s par le berger Faustulus et son Ă©pouse Acca Larentia, une prostituĂ©e surnommĂ©e lupa (en latin la « louve ») par les autres bergers de la rĂ©gion. Il est Ă  noter que le terme de « figuier sauvage » ne s'applique qu'au figuier commun mĂąle, appelĂ© aussi « caprifiguier » (caprificus c'est-Ă -dire « figuier de bouc »).

Deux jeunes hommes, vĂȘtus uniquement d'un pagne en peau de bouc, assistaient Ă  la cĂ©rĂ©monie. Le prĂȘtre sacrificateur leur touchait le front de son couteau. Le sang ainsi rĂ©pandu Ă©tait essuyĂ© par un flocon de laine trempĂ© dans du lait. À ce moment-lĂ , les jeunes gens devaient rire aux Ă©clats, puis courir dans toute la ville de Rome. Ils Ă©taient armĂ©s de laniĂšres, taillĂ©es dans la peau du bouc sacrifiĂ©, avec lesquelles ils fouettaient les femmes rencontrĂ©es sur leur passage et qui souhaitaient avoir un enfant dans l’annĂ©e, afin de les rendre fĂ©condes[1].

Significations

Le Festival lupercalien Ă  Rome (vers 1578–1610), dessin du cercle d'Adam Elsheimer, montrant les Luperci dĂ©guisĂ©s en chiens et chĂšvres, avec Cupidon et des personnifications de la fertilitĂ©

La fĂȘte des Lupercales est une fĂȘte de purification, en dĂ©but d’annĂ©e. Les luperques figuraient les esprits de la nature dont Faunus, dieu de la fĂȘte, Ă©tait le chef de file[2]. Il s'agissait d'un rite trĂšs ancien, attribuĂ© au roi lĂ©gendaire Évandre qui aurait rĂ©gnĂ© sur la rĂ©gion avant la fondation de Rome.

C’est aussi une fĂȘte de passage : le sacrifice dans la grotte est symbolique de la mort ; le rire aux Ă©clats, qui survient aprĂšs la purification, symbolise le retour du souffle vital, et donc la rĂ©surrection, pour Varron.

Le bouc, symbole de fécondité, associé à Faunus est lié à la protection des troupeaux par Ovide.

Certains considĂšrent qu’avec les Liberalia et les Mamuralia, qui avaient lieu du 15 fĂ©vrier au 15 mars, elles font partie d’un cycle de rites initiatiques marquant la fin de l’enfance pour les Romains.

Le collĂšge des Luperques

En 44 avant notre Ăšre Jules CĂ©sar tenta de rĂ©former ce collĂšge et de donner un sens nouveau Ă  cette rĂ©jouissance populaire, souhaitant ĂȘtre un nouveau Romulus sans mettre en scĂšne le symbole de la royautĂ©. Sa tentative Ă©choua, mais la fĂȘte perdura.

Fin de la tradition

MalgrĂ© l’édit de Milan de l’empereur ThĂ©odose Ier en fĂ©vrier 391, qui interdit les pratiques paĂŻennes, les Lupercales sont toujours cĂ©lĂ©brĂ©es sous le rĂšgle de l’empereur Anastase Ier, Ă  la fin du Ve siĂšcle. Devenues une occasion festive, sans sacrifice rituel, chrĂ©tiens comme non-chrĂ©tiens y participent[3] - [4].

En 494, le pape GĂ©lase Ier s’élĂšve contre cette fĂȘte dans une lettre aux chrĂ©tiens, avec pour objectif une rĂ©solution de querelles politiques avec l'aristocratie plus que la lutte contre une fĂȘte paĂŻenne [3]. Le SĂ©nat romain y rĂ©pondant que cette cĂ©lĂ©bration Ă©tait essentielle au bien-ĂȘtre des Romains, le pape lui dĂ©clare : « Puisque vous affirmez que ce rite a une force salutaire, cĂ©lĂ©brez-le vous-mĂȘmes selon l’antique façon : courrez vous-mĂȘmes nus, afin de pouvoir accomplir comme il se doit cette stupiditĂ©[5]. » MalgrĂ© cela, GĂ©lase n’a pas rĂ©ellement aboli les Lupercales, pas plus qu’il ne les aurait remplacĂ©es par une autre fĂȘte comme la fĂȘte de la PrĂ©sentation de JĂ©sus au Temple[4]. C'est la conquĂȘte byzantine sous Justinien, au VIe siĂšcle, qui provoque la fin des festivitĂ©s[3].

Le rapprochement entre les Lupercales et la Saint-Valentin remonte, quant à lui, au XIVe siùcle, avec le poùte anglais Geoffrey Chaucer et l’amour courtois[6] - [7] - [8].

Possible découverte archéologique de la grotte des Lupercales

Le ministre italien de la Culture a annoncé en novembre 2007 la découverte, par les archéologues chargés des fouilles du Palatin, de la grotte qui abritait les cérémonies des lupercales[9], et qui aurait, selon le récit traditionnel de la fondation de Rome, accueilli la louve et les jumeaux Romulus et Rémus.

Ce sont des recherches portant sur les fondations des édifices du palais impérial qui ont révélé fortuitement une grotte dont le plafond se trouve à sept mÚtres de la surface. Remplie de déchets, celle-ci n'a été accessible qu'à une sonde. D'une hauteur d'environ neuf mÚtres, la grotte est dotée d'une voûte de 7 mÚtres de diamÚtre environ, et est décorée de mosaïques et de coquillages. La représentation d'un aigle au sommet de la voûte laisse penser à une réfection à l'époque d'Auguste. La décoration de la voûte est une des mieux conservées que l'on connaisse.

Si, selon l'archĂ©ologue Andrea Carandini, l'identification de la grotte avec le Lupercale est certaine, elle a dĂ©jĂ  fait l'objet de critiques : ainsi, selon l'archĂ©ologue Fausto Zevi, la grotte pourrait n'ĂȘtre qu'un nymphĂ©e dĂ©pendant du palais impĂ©rial[10].

Notes et références

  1. S. E, « Les Lupercales », dans : Archéologia, no 582, , p. 37.
  2. Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987, p. 352 et suiv.
  3. Neil B. McLynn, « Lupercales : la fĂȘte continue ! », L'Histoire, no 481,‎ .
  4. (en) William M. Green, « The Lupercalia in the Fifth Century », Classical Philology, vol. 26, no 1,‎ , p. 60–69 (DOI 10.1086/361308, JSTOR 264682, S2CID 161431650)
  5. GĂ©lase Ier, Lettre Ă  Andromaque, in Green 1931, p. 65.
  6. (en) Henry Ansgar Kelly, Chaucer and the Cult of Saint Valentine, Leyde, Brill, , p. 58-63
  7. (en) Michael Matthew Kaylor, Secreted Desires: The Major Uranians: Hopkins, Pater and Wilde, Masaryk University (re-published in electronic format), , electronic Ă©d. (ISBN 978-80-210-4126-4, lire en ligne), footnote 2 in page 235
  8. (en) Jack B. Oruch, « St. Valentine, Chaucer, and Spring in February », Speculum, The University of Chicago Press, vol. 56, no 3,‎ , p. 534-565 (DOI 10.2307/2847741 AccĂšs limitĂ©, JSTOR 2847741)
  9. La Repubblica 21 novembre 2007
  10. La Repubblica 23 novembre 2007

Dans la culture

  • Lupercal, surnom du maĂźtre de guerre Horus dans la saga de science-fiction L'HĂ©rĂ©sie d'Horus, se dĂ©roulant dans l'univers de Warhammer 40000.
  • Ovide, Fastes (2,243-474)
  • Dans la sĂ©rie Netflix Les Nouvelles Aventures de Sabrina les sorciers et sorciĂšres du coven de Greendale fĂȘtent les lupercales, qui s'apparentent plus Ă  une cĂ©lĂ©bration tournant autour de l'Ă©rotisme.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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