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Gwydion

Dans la mythologie celtique brittonique, Gwydion est un magicien qui apparaît principalement dans la Quatrième branche du Mabinogi et dans un poème faussement attribué à Taliesin, le Kat Godeu (le « Combat des « arbrisseaux »).

Gwydion tue Pryderi en combat singulier.Dessin de E. Wallcousins.

Parenté

Gwydion est le fils de la déesse suprême Dôn, il est le frère de Amaethon, Gilfaethwy, Gofannon, Arianrhod. Selon Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux[1], ils correspondent aux principaux dieux de la mythologie celtique irlandaise, les Tuatha Dé Danann, Gwydion étant l’équivalent du Dagda et Arianrhod celui de Brigit.

Il est le neveu de Math ap Mathonwy.

DĂ´n
Gwydion
Eveydd
Gilfaethwy
Amaethon
Gofannon
Arianrhod
Hyddwn
« faon »
Hychtwn
« marcassin »
Bleiddwn
« louveteau »
Dylan Eil Ton
« fils de la vague »
Llew Llaw Gyffes
« a la main rapide »

Exploits mythologiques

Dans la Quatrième Branche du Mabinogi, Gwydion aide son frère Gilfaethwy à violer Goewin, la « porte-pieds » de Math[2]. Pour ce faire, il va voir Pryderi de Dyfed et lui demande des cochons que celui-ci a reçu de l'Autre-Monde. Pryderi refuse, car il a promis à son peuple de ne jamais les vendre ni les donner. Gwydion offre alors de les échanger contre de magnifiques chevaux. Pryderi accepte, mais les chevaux ne sont qu'une illusion et disparaissent bientôt. Furieux, Pryderi déclare la guerre. Math part en campagne, laissant libre la vierge porte-pieds. Gwydion et Gilfaethwy rentrent alors discrètement à la cour de Math où Gilfaethwy couche de force avec Goewin. De retour sur le champ de bataille, Gwydion et Pryderi s'affrontent en combat singulier, dont le premier sort vainqueur grâce à sa magie.

De retour de guerre, Math apprend le viol de Goewin. Usant lui aussi de sa magie, il transforme les coupables en couples de différents animaux. Gwydion devient un cerf pendant une année, puis une truie l’année suivante et finalement un loup ; Gilfaethwy, quant à lui, est transformé en biche, en sanglier puis en louve. De ces métamorphoses naissent un faon (Hyddwn, de hydd, « cerf »), un marcassin (Hychtwn, de hych ) et un louveteau (Bleiddwn, de blaidd, « loup »). Au bout de trois ans, Math relève ses neveux de leur châtiment.

La « porte-pieds » de Math devant impérativement être vierge, Goewin doit être remplacée. Gwydion suggère sa sœur Arianrhod. Math vérifie sa virginité en la faisant passer sous sa baguette magique ; Arianrhod donne naissance à deux « enfants », Dylan Eil Ton et une tache informe qui deviendra Llew Llaw Gyffes, l'avatar du dieu Lug.

Interprétations modernes

Pour Georges DumĂ©zil, Gwydion est le « digne hĂ©ritier de ces druides magiciens, savants et philosophes, conseillers des rois mais volontiers internationaux ». Le savoir et l’intelligence qui le caractĂ©risent ressortent de la première fonction des Indo-EuropĂ©ens[3]. Philippe JouĂ«t considère que Gwydion se rapproche du dieu germanique Ă“Ă°inn : « son nom a la mĂŞme Ă©tymologie *wet- ; sans scrupule, il suscite des guerres pour une fin supĂ©rieure, comme Ă“Ă°inn qui accroĂ®t le nombre des guerriers tuĂ©s au combat (Hárbarzlióð str. 24) ; il est responsable de la classe d'âge des guerriers « animaux » ; comme Ă“Ă°inn il explore les espaces sombres et a pouvoir de guĂ©rison. Son exclusion de la sociĂ©tĂ© rappelle l'Ă©loignement temporaire du trĂ´ne qui a frappĂ© Odin (Othinus) Ă  deux reprises (Saxo Grammaticus, Gesta Danorum). Mais la soumission de Gwydion au roi juridique Math est dĂ©finitive (Mabinogi) Â»[4].

Sources

  • Les Quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Ă‚ge traduit du gallois, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Pierre-Yves Lambert, Éditions Gallimard, collection « L'aube des peuples », Paris, 1993, (ISBN 2-07-073201-0).

Bibliographie


Notes

  1. Les Druides, page 397, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986, (ISBN 2-85882-920-9).
  2. En période de paix, Math doit constamment avoir les pieds sur le giron d'une vierge : « […] si l’on se rappelle que le pied est un substitut phallique bien connu, nous sommes là évidemment dans une nouvelle expression de l’union nécessaire entre le roi et son royaume, d’autant que la vierge en question est appelée Aranrhod « la Grande Roue », une des formes attestées de la Terre-mère ». Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, page 247.
  3. Georges Dumézil, Esquisses de mythologie, GLM (Gallimard), Paris, 2003, (ISBN 2-7028-8243-9), ch. 59 « La quatrième branche du Mabinogi », page 616.
  4. Ph. Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtique, et Supplément., Fouesnant, Yoran emb., , s.vv. Odin, Cosmologie, Gwydion, Lugus, Lug, Dioscures.
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