MĂ©galithe
Un mĂ©galithe (en grec ancien ÎĽÎγας / mĂ©gas, « grand » et λίθος / lĂthos, « pierre ») est une construction monumentale liĂ©e au mĂ©galithisme (au sens strict et archĂ©ologique du terme), constituĂ©e d’une ou de plusieurs pierres brutes de grandes dimensions peu ou pas taillĂ©es, Ă©rigĂ©es sans mortier ni ciment pour fixer la structure. L'usage a toutefois conduit progressivement Ă regrouper sous l'unique terme de « mĂ©galithe » tout un ensemble de constructions (en pierres principalement) ou de monuments, avec des architectures très variĂ©es et des fonctions distinctes (souvent funĂ©raires mais pas uniquement), Ă©rigĂ©es partout dans le monde Ă des Ă©poques diverses. Le terme est donc utilisĂ© de manière très gĂ©nĂ©rique et dĂ©signe des rĂ©alitĂ©s archĂ©ologiques très divergentes.
DĂ©finitions et typologie
Le terme est utilisé pour la première fois par Algernon Herbert en 1849 et admis au Congrès de Préhistoire de Paris en 1867[1].
Étymologiquement, un mĂ©galithe (du grec ÎĽÎγας / mĂ©gas, « grand », et λίθος / lĂthos, « pierre ») dĂ©signe une construction faite de grandes pierres mais cette dĂ©finition est Ă la fois trop large, car par dĂ©faut elle engloberait toutes les constructions cyclopĂ©ennes (pyramides d'Égypte, temples incas) qui « sont exclues de la famille des monuments mĂ©galithiques et ce, quelle que soit la dimension des blocs en question »[2], et trop restrictive puisque par convention, on inclut aussi dans les mĂ©galithes des monuments qui ne sont pas construits uniquement avec de grandes pierres, voire uniquement avec des pierres de dimensions très rĂ©duites. De mĂŞme, l'association frĂ©quente entre un type de structure mĂ©galithique (dolmens, allĂ©es couvertes...), et sa fonction (funĂ©raire) peut aussi conduire Ă restreindre l'usage du terme « mĂ©galithe » « non plus pour dĂ©signer une structure de morphologie spĂ©cifique mais une structure funĂ©raire de grande taille »[2]. Selon les cas les plus communĂ©ment admis, un mĂ©galithe peut tout aussi bien ĂŞtre dĂ©fini par les modalitĂ©s de sa construction (utilisation d'une ou plusieurs pierres de grandes dimensions, Ă©rigĂ©es ou utilisĂ©es dans une construction sans l'aide de mortier ou de ciment pour en fixer la structure) que par sa fonction (sĂ©pulture individuelle ou collective, Ă©difice Ă vocation astronomique ou religieuse).
On classe ainsi généralement parmi les mégalithes les monuments en pierre suivants :
- les pierres dressées[3] plantées verticalement en terre, constituées d'un seul bloc à l'état brut ou retravaillées, qu'elles soient isolées (menhirs, stèles, statues-menhirs, taulas), alignées selon une direction approximative (alignement mégalithique), disposées de manière à constituer des enceintes plus ou moins complètes (improprement appelées cromlechs), associées à des terrassements spécifiques (henges) ;
- les constructions préhistoriques à vocation funéraire intégrant dans leur architecture des pierres de grande taille : dolmens, coffres mégalithiques, chambres sous tumulus, navetas des îles Baléares, tombe des géants de Sardaigne, bateaux de pierre de Scandinavie ;
- des sépultures préhistoriques (hypogées, grottes, abris, sépultures sous dalle) dites « mégalithiques » uniquement en raison de l'utilisation de dalles pour en obturer l'accès[2] ;
- divers monuments préhistoriques, parfois uniques en leur genre, construit avec des pierres monumentales ou avec une accumulation de pierres : Göbekli Tepe, temples mégalithiques de Malte, Rujm el-Hiri, Atlit Yam, Stonehenge... ;
- les polissoirs constitués par des rochers naturels non mobiles, et donc laissés en place, utilisés durant le Néolithique.
Ainsi l'usage est venu d'appeler « mégalithes » des monuments qui ne méritent pas exactement cette qualification, bien que se rattachant au même ensemble de civilisation, et qu'au fond la masse totale des matériaux accumulés soit du même ordre de grandeur[4].
La terminologie utilisée est assez variée, quelquefois ancienne, mêlant la forme, les matériaux et parfois la signification. Elle souligne les liens entre l'histoire de l'archéologie et ces monuments, depuis les prémices les plus anciennes, jusqu'aux découvertes les plus récentes de l'archéologie contemporaine[5].
Dans nombre de publications, le terme « mégalithisme » est donc utilisé de manière très générique et désigne des réalités archéologiques très divergentes[6].
Hors Europe, où l'utilisation du terme est généralement utilisé pour désigner uniquement des constructions datées de la Préhistoire (du Néolithique à l'âge du bronze), l'usage du terme « mégalithe » peut aussi être employé pour désigner diverses constructions édifiées avec de grandes pierres mais à des périodes très postérieures à la Préhistoire : cercles mégalithiques de Sénégambie en Afrique de l'Ouest, site de Nan Madol en Micronésie, statues de l’île de Pâques, cercle mégalithe de Calçoene au Brésil...
- Dolmen de Volkonka en Russie européenne
- Tombe des géants de Sedda sa Caudeba en Sardaigne
Dolmen de Monte BubbonĂa en Sicile
Certains chercheurs pensent qu'au Néolithique existent, à côté de ces mégalithes, leurs équivalents en bois appelés, faute de terme créé pour les désigner « dolmens et menhirs en bois »[7] - [2], ou par l'expression parallèle « mégaxyle » (du grec xylon, « bois »)[8].
Distribution géographique dans le monde
Des mégalithes ont été érigés dans de nombreux endroits du monde à des époques très différentes.
Europe de l'Ouest
En Europe où subsistent aujourd'hui quelque 50 000 mégalithes, les estimations se répartissent comme suit pour les monuments mégalithiques funéraires : « 5 500 à 6 000 au Danemark ; 700 à 800 en Suède (auxquels il faut ajouter 30 monuments détruits) ; un petit nombre en Norvège ; 1 300 à 1 400 en Allemagne ; 55 aux Pays-Bas (auxquels il faut ajouter 30 monuments détruits) ; quelques-unes en Belgique et en Suisse ; 6 000 à 6 500 en France ; 1 200 à 1 500 en Irlande ; 1 500 à 2 000 en Grande-Bretagne, îles de la Manche comprises ; 6 000 à 7 000 dans la Péninsule ibérique (Portugal, Espagne et Baléares) ; et un millier en Italie et dans les îles de la Méditerranée. Les chiffres concernant les autres catégories de monuments — pierres levées (menhirs), allées de pierres (alignements) et cercles de pierres levées — sont encore plus vagues ». Quelques milliers en Europe atlantique, avec notamment la Bretagne « qui compte à elle seule plus d'une centaine d'alignements connus, totalisant plus de 3 000 pierres levées, tandis que le nombre de menhirs subsistant de nos jours est estimé entre 1 000 et 1 200, 180 d'entre eux étant classés aux termes de la loi[9] ».
En Europe de l'Ouest, la néolithisation des régions côtières atlantiques coïncide avec les premières constructions de la côte de l’Atlantique et le début du mouvement mégalithique à l'origine des 35 000 mégalithes connus dans cette région[10] - [11].
Les mégalithes seraient des lieux cérémoniels de rassemblement pour célébrer des événements ou fêter des membres du village, érigés sur la façade ouest de la France (entre 4 700 ans et 4 000 ans avant notre ère, avec la Bretagne qui serait la région d’origine du phénomène mégalithique), avant de devenir des lieux de sépultures (premiers dolmens 4 300 ans avant notre ère)[10].
En Angleterre, on ne peut ignorer le site de Stonehenge, exceptionnel par son Ă©tat de conservation.
Sur le territoire français, on peut citer le tumulus de Bougon ou le cairn de Barnenez, datés du Ve millénaire av. J.-C., soit plus de 2 000 ans avant la première pyramide égyptienne. Ces constructions extrêmement nombreuses datent généralement du Néolithique ou du Chalcolithique (4700 à ), comme Stonehenge en Angleterre. Mais le tumulus F de Bougon a fourni la date de dans sa partie Fo[12]. Les alignements de Carnac datent d'environ [13].
En Belgique, plus de cent vingt sites de mégalithes, dolmens et menhirs sont relevés, dont les alignements de Weris avec les dolmens et cromlechs qui leur font cortège, les pierres de Mousny-lez-Ortho, Gozée, Sart-lez-Spa, Neerwinden, Manderfeld, la tombelle de Tourinnes-Saint-Lambert[14] - [15] - [16] et jusque dans Bruxelles où des toponymes (Tomberg, Plattesteen, etc.) témoignent de l'existence d'anciens monuments mégalithiques.
Le mégalithisme de Malte (Ggantija, ) constitue un cas particulier et culturellement assez indépendant.
En Sicile on trouve sur le plateau de l'Argimusco près de la ville de Montalbano Elicona plusieurs mégalithes de forme très singulière dont l'origine est encore incertaine.
Afrique
En Égypte, le site de Nabta Playa est le seul site mégalithique connu. Au Soudan, des pierres ont été dressées dans le bassin de Kerma dès 4600 av. J.-C.[18] et les pierres dressées de la frontière soudano-erythréenne peuvent être mises en relation avec les stèles du Royaume d'Aksoum. Dans la corne de l'Afrique, des pierres dressées ont été signalées à Djibouti, au Somaliland et il existe une longue tradition de pierres dressées au sud de l'Éthiopie et au nord du Kenya[19] (Kalokol).
C'est en Éthiopie que se trouve encore aujourd'hui la plus grande concentration de mégalithes de tout le continent africain[20]. Ils sont de trois types : des cistes dolméniques, des tumulus sans chambre et des stèles, qui se comptent par milliers dans le Choa et le Sidamo. Dans le district (wereda) du Soddo au sud d'Addis-Abeba, quelque cent soixante sites archéologiques ont été découverts jusqu'à présent, dont celui de Tiya, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO[21].
En Afrique du Nord, des pierres dressées et des monuments paramégalithiques sont visibles dans tout le Sahara[19]. Au Maroc, Gabriel Camps a signalé un dolmen aux environs d'Oudja[22]; le site mégalithique le plus connu est le cromlech de M'zora, site unique en son genre. En Algérie et en Tunisie, on peut voir des concentrations regroupant des milliers de monuments dans de vastes nécropoles (Bou-Nouara, Roknia, Gastel, djebel Gorra...). Les dimensions des dolmens nord-africains sont assez variables mais sans commune mesure avec les dolmens européens[23] bien qu'il existe aussi des monuments assimilables à des allées couvertes au nord de l'Algérie (Aït Raouna, Aït Garet)[24].
En Afrique centrale (région de Djohong au Cameroun, région de Bouar en République centrafricaine), les monuments mégalithiques se caractérisent par des tumulus de faible envergure, parfois de simples plateformes de pierres, surmontés de pierres dressées. Au Mali, des ensembles mégalithiques sont connus dans différentes régions, les plus spectaculaires étant ceux de Tondidarou. Au moins 200 sites mégalithiques ont été recensés en Sénégambie, dans un espace limité entre les fleuves Gambie au sud et Saloum au nord, dont plusieurs classés au patrimoine mondial de l'UNESCO (Siné Ngayène, Wanar, Wassu, Ker Batch)[19]. Ils sont datés d'une période qui s'étend du IIIe siècle av. J.-C. au XIVe voire peut-être au XVIe siècle de notre ère[25] - [26] - [27]. Au Burkina Faso, il existe des tombes en hypogée surmontées d'un tertre supportant des pierres sculptées (dont certaines présentant une silhouette anthropomorphe)[19]. Dans la province d'Ogoja au sud-est du Nigeria plus de 300 pierres gravées, appelées localement akwanshi, ont été inventoriées[19].
Asie
Au Proche-Orient, les mégalithes correspondent très majoritairement à des monuments de type dolmens et chambres sous tumulus et sont généralement concentrés dans des nécropoles pouvant comporter des centaines de monuments (Syrie, Liban, Jordanie, Israël). Les pierres levées monumentales sont peu fréquentes (un peu plus d'une trentaine de menhirs sur une dizaine de sites différents)[28]. Il existe aussi des sites uniques en leur genre (Atlit Yam, Rujm el-Hiri).
En Asie centrale, en Sibérie et en Mongolie, les pierres de cerf sont datées de la fin du IIe millénaire av. J.-C. et du Ier millénaire av. J.-C.. Elles sont attribuées à des cultures indo-européennes comme la culture d'Andronovo et à des peuples de la steppe, comme les Scythes, qui élevèrent de nombreuses stèles anthropomorphes. En Inde, les monuments mégalithiques datent du IIe millénaire av. J.-C. jusqu'au milieu du Ier millénaire av. J.-C.. En Extrême-Orient, les dolmens de Corée sont datés du Ier millénaire, et ceux du Japon du VIIe au IIe siècle av. J.-C..
En Indonésie, l'érection de mégalithes, parfois très décorés, faisait encore partie des traditions culturelles de l'île de Nias au siècle dernier. Des mégalithes étaient aussi érigés pour la commémoration des défunts d'origine noble afin qu'ils puissent rejoindre leurs ancêtres dans l'au-delà . L'érection de ces monuments préludait à un festin rituel.
Amérique
En Colombie, des mégalithes ont été découverts sur deux sites principaux, San Augustin et d'Alto de los Idolos, distants de quelques kilomètres. Leur édification s'étale du VIe siècle av. J.-C. jusqu'au XVe siècle. Au Brésil, une équipe d'archéologues brésiliens a découvert sur le site de Calçoene (État amazonien d'Amapá), un site mégalithique qui pourrait correspondre à un observatoire astronomique daté de 2 000 ans.
Interprétations historiques
Au Moyen Âge : l'hypothèse surnaturelle
En raison des matériaux utilisés, pierres principalement, beaucoup de constructions mégalithiques ont malgré les destructions traversé les âges alors même que leur signification originelle était perdue. Durant l'Antiquité et les débuts de l'Europe chrétienne, elles ne se rattachent à aucune référence connue, alors même que leur nature imposante ne les rend pas invisibles elles demeurent énigmatiques[29]. Dès lors, les mégalithes vont inspirer les légendes populaires[30] qui leur donnent les origines les plus diverses. Leur caractère monumental ne peut s'expliquer que si leurs bâtisseurs disposaient de pouvoirs surnaturels : œuvres de saints chrétiens ou de la Vierge Marie, ou au contraire du Diable, constructions réalisées par des géants (dont Gargantua), des fées, des nains, des lutins... ou toute autre créature surnaturelle du folklore local[Note 1].
À l'époque moderne : l'hypothèse celte
Fin XVIIe siècle/début XVIIe siècle, la redécouverte de l'Antiquité entraîne l'essor des premières fouilles archéologiques. Là où la civilisation gallo-romaine a été moins présente, les monuments qui semblaient les plus anciens étaient les mégalithes[29]. Pétris de culture classique, les érudits de l'époque attribuèrent naturellement l'origine des mégalithes aux seuls peuples connus avant les Romains, c'est-à -dire aux Celtes. En Angleterre, William Stukeley publie en 1725 un ouvrage Itinerarium curiosum, où il s'intéresse tout particulièrement au site de Stonehenge, et développe l'idée que les mégalithes sont liés aux druides celtes. En France, plusieurs érudits bretons lui emboîtent le pas selon la même logique : de Robien en 1753-1754 avec sa Description historique, topographique et naturelle de l'ancienne Armorique ou Petite Bretagne, Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret en 1792 avec ses Nouvelles recherches sur la langue, l'origine et les antiquités des Bretons pour servir l'histoire de ce peuple[Note 2], Jacques Cambry en 1805 avec un ouvrage au titre explicite Monuments celtiques ou recherches sur le culte de pierres. L'hypothèse celte va prospérer tout au long du XIXe siècle, atteindre son paroxysme à la fin du XIXe siècle sous la forme d'une véritable celtomanie et perdurer jusqu'au début du XXe siècle alors même que l'essor des études préhistoriques démontre l'existence de manifestations anthropiques encore plus anciennes[31]. Ultime avatar de cette théorie passée, dans la célèbre bande dessinée Astérix, publiée au début des années 1950, mais riche en anachronismes, Obélix est un tailleur / livreur de menhirs.
Études contemporaines
Si l'on considère le grand nombre de monuments mégalithiques que l'on peut observer à travers le monde, et qui ont survécu aux multiples facteurs de destruction (notamment ceux de l'homme lui-même) auxquels ils ont été confrontés au cours des siècles, il semble bien que l'on puisse considérer que les motifs qui ont abouti à leur construction aient eu une importance considérable pour l'humanité, tant aux premières époques de son développement qu'à l'heure actuelle.
Origine et diffusion
Différentes hypothèses ont été émises quant à leur origine. De la fin du XIXe jusqu'aux 2/3 du XXe siècle, on a pensé qu'ils avaient été construits d'abord en un lieu particulier tel le Moyen-Orient. Montelius (1905) opte pour une origine dans le Proche-Orient ; Childe (1925,1940, 1950, 1958) reprend la position de Montelius et prône une diffusion par voie maritime ; Daniel (1960) imagine une expansion par le biais d'une élite de prêtres itinérants, depuis la Méditerranée vers le nord-ouest et l'Atlantique en passant par l'isthme pyrénéen puis de là vers la Grande-Bretagne, et plus tard par mer en contournant l'Espagne et le Portugal[32].
L'émergence de la datation au carbone 14 dans les études préhistoriques, et donc sur les mégalithes, contredit ce schéma de diffusion : les dates suggèrent une apparition plus ou moins simultanée dans plusieurs cultures, indépendamment les unes des autres. Renfrew (1977) bâtit sur ces nouvelles données une hypothèse selon laquelle cinq centres originels auraient été à l'origine des mégalithes : Portugal, Andalousie, Bretagne, sud-ouest de l'Angleterre, Danemark et peut-être Irlande[32].
En 2019 l'étude de l'archéologue suisse Bettina Schulz Paulsson, basée sur une approche statistique bayésienne sur 2 410 sites mégalithiques européens, avance que le berceau du mégalithisme en Europe serait la Bretagne : les mégalithes les plus anciens y auraient été assemblés vers 4 700 AEC, cette région abritant les premières structures monumentales pré-mégalithiques (tombes sans chambre mégalithique) ainsi que des structures dites « transitionnelles » (tumulus ronds recouvrant des sépultures à fosses, des cistes de pierre et des chambres sèches sans accès, quelques pierres étant agencées au-dessus d’un monticule de terre) issues d'une civilisation de chasseurs-cueilleurs[33]. Le mégalithisme armoricain se serait ensuite diffusé à travers l’Europe puis les côtes africaines, par voie maritime, lors de trois vagues successives jusqu'à 3 000 AEC (vagues déterminées selon les datations et les similitudes techniques et architecturales)[32]. Cette hypothèse devrait être confirmée ou infirmée par des études de paléogénétique[34] et d'autres preuves archéologiques[35].
Approche holistique
L'approche typologique qui a prévalu depuis les débuts des études modernes du phénomène mégalithique et jusqu'à la fin du XXe siècle a progressivement cédée la place à une approche plus holistique qui s'attache à étudier les monuments mégalithiques dans un ensemble de dispositifs architecturaux plus vastes[36].
La plupart des chercheurs concernés s'accorde aujourd'hui à leur reconnaître un rôle multiple, soit, par ordre d'importance, social, culturel (religieux et funéraire, les archéologues ne pouvant plus toujours mettre en évidence ce dernier rôle en raison de l'absence totale d'ossements disparus dans les régions de roches anciennes, aux sols trop acides[37]), astronomique, astrologique, artistique, agricole, etc. Si toutes ces constructions ne possédaient pas toutes ces fonctions, elles révèlent une société organisée « sous la direction d'élites dirigeantes, princes ou prêtres, sachant organiser et inciter de gré ou de force des populations importantes, peut-être renforcées à l'occasion des cérémonies et des travaux religieux par des éléments exogènes »[38]. Ces constructions créent ou maintiennent la cohésion du groupe, en indiquant aux nouveaux arrivés et aux gens de passage une capacité technique et humaine importante.
Prolongeant la conception de la petra genetrix de Mircea Eliade, Ina Mahlstedt, spécialiste en histoire des religions, considère que les pierres levées ont eu pour fonction d'accueillir les puissances estivales de la vie pendant la latence hivernale, d'après une conception selon laquelle entre la mort et la renaissance, la vie se conserve dans la pierre[39] Selon elle, le phénomène du mégalithisme est étroitement lié aux problématiques engendrées par les débuts de l'agriculture et de la sédentarisation : la dépendance par rapport au cycle des saisons conduit à l'observation du ciel, puis à la détermination des points cardinaux et à la sacralisation des repères utilisés qui peuvent être des pierres levées ou d'autres constructions de pierre[39].
Approche paléogénétique
L'important mouvement culturel et démographique caractérisé par la construction de mégalithes est associé aux populations néolithiques. Une étude publiée en 2019 qui a séquencé le génome de 24 individus datés entre 3800 et 2600 av. J.C. appartenant à cinq tombes mégalithiques d'Europe du Nord en Irlande, dans les îles Orcades en Écosse et dans l'île de Gotland (Suède) montre que ceux-ci sont caractéristiques des fermiers néolithiques d'Europe, possédant une large proportion d'ascendance des premiers fermiers néolithiques venant d'Anatolie et une faible proportion d'ascendance de chasseur-cueilleurs de l'ouest de l'Europe (WHG) qui les ont précédés[40].
L'étude montre que les fermiers des différents sites mégalithiques depuis la péninsule Ibérique jusqu'à la Scandinavie présentent entre eux une affinité génétique plus importante qu'avec les fermiers néolithiques d'Europe centrale, ce qui suggère des mouvements de population le long de la façade atlantique pendant cette période[40].
Les résultats montrent également des haplogroupes mitochondriaux variés : K, H, HV, W, U5b, T et J alors que tous les hommes appartiennent à l'haplogroupe du chromosome Y I2a typique des chasseurs-cueilleurs européens du Mésolithique. Ce résultat pourrait faire penser à un processus de mélange génétique entre fermiers et chasseurs-cueilleurs biaisé avec plus d'hommes chasseurs-cueilleurs et plus de femmes fermiers pendant le néolithique moyen[40]. Enfin, les résultats révèlent que ces tombes mégalithiques abritaient des familles patrilinéaires[40].
Construction, destructions, conservation
Passé prémégalithique
L'analyse des blocs utilisés pour construire un monument mégalithique renseigne sur leur origine et sur leur passé prémégalithique (types de blocs rocheux employés, opposition entre une face d'arrachement et une face d'affleurement[Note 3], micromodelés d'érosion prémégalithique)[41].
Les blocs prémégalithiques peuvent être classés en plusieurs catégories : blocs sans face d'affleurement (dalles de forme géométrique, aux contours anguleux), blocs à face d'arrachement et à face d'affleurement opposées (bloc à coupole, bloc à coupole et à encoche, bloc sans face d'arrachement[42].
Les mégalithes présentent à leur surface deux types de microformes : les formes d’érosion postmégalithiques et prémégalithiques. Les premières « comprennent deux séries de marques, assez communes : des marques de météorisation superficielle (surfaces désagrégées, plaques de desquamation) et des formes d’évidement mineures, creusées à partir du sommet des menhirs (vasques, sillons, cannelures, pseudolapiés) ; elles fournissent un marqueur de la vitesse de l’érosion des granites en milieu tempéré[43] ; elles fournissent également des arguments pour interpréter comme un ancien mégalithe un bloc rocheux renversé et isolé dans son état actuel. Les formes d’érosion prémégalithiques correspondent, pour leur part, à des vasques latérales, actuellement disposées à la verticale le long des menhirs, mais antérieurement creusées à l’horizontale, au sommet des blocs rocheux prémégalithiques utilisés comme menhirs[44] ».
Extraction, transport, Ă©rection
Sur le plan géologique, la cristallisation et le refroidissement d'intrusions de roche plutonique crée des fissures d'origine tectonique (réseau de failles de retrait à l'origine de chaos, réseau conjugué de plusieurs plans de diaclases) qui peuvent former, sous l'effet de l'érosion qui fait affleurer la roche, un débit de cette roche en forme de lames plus ou moins arrondies facilement extractible et donnant un mégalithe[45].
« Sauf pour l'exploitation des roches en carrières, la fouille apporte peu d'indications sur la façon dont furent jadis construits les monuments mégalithiques. On est réduit à des démarches indirectes qui sont d'ailleurs suggestives, ne serait-ce que sur le plan des structures sociales concernées. »[46].
« En Bretagne, tout au moins, la densité des menhirs et des tombes mégalithiques est directement fonction de la nature du sol ou de la proximité des matériaux »[4].
En ce qui concerne l'extraction, des bois de cerf aménagés[Note 4] en pics[47] ont pu permettre l'extraction des blocs en élargissant les fissures naturelles ou les plans de stratification. Des percuteurs en silex ou en chaille ont pu servir à enfoncer les pics dans la roche ou à la mettre en forme par bouchardage, tandis que les omoplates de bovidés ont pu être utilisées comme pelles[48]. L'emploi de coins en pierre et de coins en bois[Note 5], mouillés, permettait de gonfler et déliter le banc rocheux, l'élargissement des fissures étant complété par l'action de leviers[49]. Le néolithique final, vers le milieu du IIIe millénaire av. J.-C., est marqué en Bretagne par une révolution technique avec « l'utilisation systématique du feu pour le débitage. De grands brasiers sont allumés au front de taille pour aider à la rupture des joints[50]. ».
En ce qui concerne le transport et l'érection, les techniques sont diverses : pour le transport par voie d'eau pour les grandes distances (transport maritime puis fluvial), les apports de l'archéologie expérimentale plus significatifs que la grande rareté des principaux témoins archéologiques en bois, suggèrent que les embarcations en charpente de bois de type barge sont plus aptes que les pirogues monoxyles et les radeaux à transporter les grands menhirs en mer[51]. Le transport terrestre sur le continent peut se faire par roulage sur des chemins de ripage en rondins voire en troncs pour les blocs de plus de 100 tonnes, par glissement sur sol gelé, par des traîneaux ou des sortes de rails en troncs de chêne, par la technique du panglong en Asie du Sud-Est[Note 6]. Des coins, perches et cordages (cordes en fibre végétale tressée, en racines souples de sapin, de lierre et de viorne, qui sont trempées, martelées puis tressées) permettent de manipuler et d'élever ces blocs[52]. Cependant, ces théories appuyées par l'archéologie expérimentale[Note 7] ne permettent d'expliquer le transport de blocs que de faible tonnage et que sur des pentes très faibles[53].
La mise en place des dalles de couverture sur des piliers verticaux peut se réaliser à l'aide de rampes ou plans inclinés, voire d'échafaudages[54]. Après basculement du menhir dans sa fosse, ce mégalithe peut être relevé à l'aide d'une chèvre de levage, puis solidement maintenu par des « blocs de calage »[Note 8].
Il ne semble pas que les bœufs aient été employés pour tracter, bien que le joug ait été connu au Néolithique[55]. Les chercheurs pensaient que le transport et l'érection des mégalithes nécessitaient une main-d'œuvre importante réunie au cours de festivités ou cérémonies. Mais l'expérience, largement médiatisée en 1979, réalisée par Jean-Pierre Mohen à Bougon dans les Deux-Sèvres, a bousculé plusieurs idées reçues sur les investissements en temps et en main-d'œuvre, sur l'usure, ou sur la densité des populations qui auraient participé aux travaux. Poussé par vingt hommes et tiré par cent soixante-dix autres à l'aide de cordes en lin sur un train de rondins, eux-mêmes installés sur des rails de bois, un bloc de 32 tonnes a parcouru une quarantaine de mètres avant d'être élevé d'un mètre au moyen de trois leviers[56]. Des expériences similaires ont montré que des effets importants peuvent aussi être accomplis avec peu de personnes, bien que lentement[57] - [58].
Destructions et conservation
On estime que sur les 50 000 mégalithes ayant été érigés en Europe de l'Ouest et du Nord, environ 10 000 subsistent à notre époque[59].
Si la dégradation des édifices mégalithiques est en partie imputable aux outrages du temps, les destructions résultent le plus souvent d'une action humaine volontaire, parfois très ancienne. Dès le Néolithique, dès lors qu'un site n'avait plus d'usage funéraire, ses blocs de pierre pouvaient être récupérés ou détruits symboliquement[60]. Au cours des siècles, les monuments ont pu connaître des agrandissements, des utilisations plus ou moins continues[Note 9], des destructions naturelles (chute des menhirs, phénomène d'érosion progressive) ou anthropiques (lutte de l'Église chrétienne contre le culte païen des pierres, enfouissement et destruction quand les mégalithes gênaient les cultures, prélèvements et réemploi des pierres dans des constructions contemporaines (édifices militaires, églises, maisons, clôtures, voirie...).
Beaucoup de monuments funéraires furent pillés dès l'Antiquité. Émile Cartailhac évoque un passage de Cassiodore qui attribue aux Goths l'habitude de faire ouvrir les tombeaux anciens, pour en voler les trésors supposés y être cachés tout en veillant à respecter la cendre des morts[61].
Dans sa volonté de faire disparaître toute trace de paganisme, l'Église chrétienne fut l'une des plus grandes destructrices de monuments mégalithiques. L'histoire du christianisme est en effet marquée à ses débuts par la lutte des premiers évangélisateurs et prédicateurs qui proscrivent le culte des pierres, considéré comme une forme d'idolâtrie, sous peine d'anathème. Du Ve au IXe siècle, des lois romaines (Code de Théodose en 438) puis les canons de conciles et des édits royaux fulminent contre le culte des pierres (et aussi des autres éléments naturels comme les arbres, les sources et les fontaines, à l'instar des idoles)[62]. Ces textes ordonnent de renverser celles auxquelles on rend hommage, de les détruire ou, devant cette tâche quasi impossible, de les enfouir de façon que les fidèles ne puissent les retrouver[Note 10]. Dès 452, le concile d'Arles condamne comme sacrilège toute personne allumant des flambeaux ou rendant un culte quelconque près de ces pierres. En 567, le concile de Tours renouvelle cette condamnation. En 658, le concile de Nantes ordonne aux évêques de faire démolir les édifices qui font encore l'objet d'un culte et d'en faire transporter les pierres dans des endroits perdus où nul ne les retrouvera. En 789, un décret de Charlemagne exècre devant Dieu ceux qui leur rendent un culte[63]. Par la suite, l'Église adopte des méthodes moins violentes, comme la christianisation des menhirs qui sont ainsi intégrés au culte par syncrétisme religieux[Note 11], ou le déplacement des pierres, redressées auprès de chapelles ou réemployées dans des sanctuaires chrétiens[Note 12] - [64].
En dehors d'une volonté délibérée de destruction, diverses actions humaines contribuent à une dégradation inexorable, notamment dans le cas des dolmens : destruction des tumulus qui protègent les édifices mais gênent les cultures, récupération partielle des pierres pour la construction et les travaux de voiries… Ces destructions s'accroissent considérablement avec le développement du machinisme agricole à partir du milieu du XXe siècle[65]. L'utilisation de la dynamite au XIXe siècle et les remembrements agricoles du XXe siècle seraient responsables des trois quarts des destructions des mégalithes bretons[66].
Autant de facteurs qui expliquent que le touriste ou promeneur pense à tort que les mégalithes d'un site reflètent une physionomie immuable alors qu'ils ne constituent pas toujours un ensemble figé[67] - [68] - [69].
Dès la fin du XIXe siècle sont établis des cartes archéologiques et des inventaires qui permettent de recenser le patrimoine mégalithique et conduisent les autorités administratives à protéger certains édifices au titre des monuments historiques.
Dans l'imaginaire collectif européen
À partir du XIXe siècle, de nombreux écrivains et peintres ont consacré une partie de leur œuvre à la représentation des mégalithes. Flaubert dans son récit de voyage en Bretagne Par les champs et par les grèves évoque toutes sortes d'hypothèses sur les menhirs de Carnac[Note 13]. Victor Hugo, en revanche, voyait dans les mégalithes des signes d'une présence poétique, bien antérieure aux civilisations antiques[Note 14]
À l'époque moderne, on assiste à un renouveau inattendu du mégalithisme dans les pays développés consistant à dresser un nombre considérable de grosses pierres dans les ronds-points, dans les parcs, et dans les jardins. Il n'y a là aucune volonté explicitement religieuse. Il s'agit de poser des signes forts dans l'espace public ou dans l'espace privé. La référence au mégalithisme ancien peut être évidente (comme en Bretagne, en Irlande, et en bien d'autres lieux). Pour autant, une étude sociologique de ce retour au mégalithisme reste à faire.
Notes et références
Notes
- Sous une forme plus littéraire, Robert de Boron dans son roman Merlin attribue l'érection de Stonehenge au célèbre enchanteur, pour commémorer la victoire par laquelle Uther a retrouvé la royauté.
- On lui attribue généralement la création des mots « dolmen » et « menhir ».
- Les dalles en provenance d'un affleurement rocheux présentent une forme composée généralement de deux grandes faces principales : la face d'arrachement ou d'éclatement, souvent plane (parfois concave), correspond à la partie initialement engagée dans le rocher ; la face d'affleurement, de forme plane ou convexe (convexité liée à un bombement rocheux, donnant un bloc à coupole), correspond à la partie souvent opposée à la face d’arrachement puisqu'elle se trouve exposée à l'air libre avant l'exploitation du bloc rocheux.
- Par sciage à la lame de silex des andouillers postérieurs.
- L'emploi de coins en bois est attesté par les traces de « boîtes de débitage », trous relativement peu profonds creusés pour y glisser les coins.
- Panglong : traîneau sur deux lignes parallèles de troncs d'arbres sommairement ébranchés.
- Expériences de traction de Richard J. C. Atkinson avec ses étudiants à Stonehenge dans les années 1950, 1960 et 1970 ; expérience de traction et élévation d'un bloc de 32 tonnes (issu d'une tombe du tumulus de Bougon) par Jean-Pierre Mohen en 1979 sur le plateau des Chaumes à Exoudun (deux cents personnes l'ont transporté à l'aide de rouleaux de bois et de cordes végétales tressées, et soixante l'ont levé) ; expérience améliorée en 1997 par l'équipe de Bertrand Poissonnier qui, en utilisant un système de moyeu à rayons encadrant le bloc de 32 tonnes, nécessite 10 personnes dans le sens de la pente, et 20 à 25 dans le sens de la montée. Cf Jean-Pierre Mohen, Pierres vives de la préhistoire. Dolmens et menhirs, Odile Jacob, (lire en ligne), p. 36-38, 238
- Le , le relevage du grand menhir de Prat-Lédan à Plabennec devant 10 000 spectateurs est une démonstration politique (Claude Masset et Philippe Soulier, Les dolmens, Errance, , p. 79) mais aussi d'archéologie expérimentale, mettant en œuvre, non des techniques attestées au Néolithique, mais des techniques plausibles. L'association Kroaz-Hent choisit un portique d'où partent les cordes de traction (cordes industrielles au lieu de cordes artisanales) et des cordes tirées par 400 hommes qui permettent de corriger l'inclinaison du mégalithe. cf. Levage du menhir.
- Par exemple le site du Petit Mont utilisé jusqu'à la période gallo-romaine, comme l'atteste un autel votif et le dépôt de statuettes en terre blanche de Vénus et de déesses-mères. Cf. Joël Lecornec , « Réutilisation des monuments mégalithiques à l'époque gallo-romaine », Le Roux C.- T. (dir.), Du monde des chasseurs à celui des métallurgistes, hommage scientifique à la mémoire de Jean L’Helgouac’h et mélanges offerts à Jacques Briard, Revue archéologique de l'Ouest, suppl. n° 9, 2001 p. 289-294
- De plus, « on se heurtait à la force d'inertie des populations. Il a suffi qu'un homme meure, très peu de temps après avoir participé à la destruction d'un dolmen ou d'un menhir, qu'une période de sécheresse survienne, qu'un orage de grêle s'abatte sur les récoltes, qu'une épidémie exerce ses ravages sur un hameau, pour que les populations attribuent ces malheurs à la vengeance des dieux des pierres ». Cf Fernand Niel, La Civilisation des mégalithes, Plon, , p. 62
- Hautement spiritualisés, certains menhirs sont révérés, et aujourd'hui encore nombre d'autochtones et de touristes viennent les toucher comme pour se laisser pénétrer de la puissance tellurique qu'ils dégageraint. L'exemple le plus éloquent en France est le menhir de Saint-Uzec sur lequel dès le VIe siècle saint Samson, selon la Vita prima sancti Samsonis, aurait fait graver une croix pour contrer des rites ancestraux associés à la fertilité.
- Exemples en France : les calvaires mégalithiques de (Louisfert), de Sion-les-Mines ou de Saint-Just, de dolmens (cathédrales de Chartres et du Puy, tombeau de saint Ethbin, d'Hervé de Landeleau), des allées couvertes (crypte-dolmen de la chapelle Sept-Saints)
- Très déçu, il conclut que « les pierres de Carnac sont de grosses pierres ».
- Il écrit ainsi l'avant-dernier poème des Contemplations — « Ce que dit la Bouche d'ombre » — près du dolmen qui domine Rethel et dans les Les Travailleurs de la mer la présence des pierres ancestrales dans les îles anglo-normandes fait l'objet de longues méditations.
Références
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Voir aussi
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- Claude Masset, « Construction et destruction des monuments mégalithiques », Techniques et Cultures, nos 54-55 « Cultures matérielles »,‎ , p. 453-469 (ISSN 1952-420X, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
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