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Tumulus de Bougon

Les tumulus de Bougon sont un groupe de cinq tumulus constituant une nécropole néolithique située sur la commune de Bougon dans le département des Deux-Sèvres. Les premiers monuments ont été construit au Ve millénaire av. J.-C. mais le site fut utilisé jusqu'au milieu du IIIe millénaire av. J.-C.. Un musée de la Préhistoire, abritant de riches collections archéologiques issues des fouilles de la région, a été construit par le Conseil départemental des Deux-Sèvres à l'intérieur du parc archéologique englobant le site.

Tumulus de Bougon
Image illustrative de l’article Tumulus de Bougon
Le tumulus A.
Présentation
Nom local Les Chirons
Type Tumulus
PĂ©riode NĂ©olithique moyen Ă  final, Bronze ancien
Faciès culturel Chasséen, Culture de Peu-Richard
Fouille 1840 : Charles Arnault
1968 : Claude Burnez
1972 Ă  1987 : Jean-Pierre Mohen, Chris Scarre
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1960)
Site internet https://tumulus-de-bougon.fr
Caractéristiques
Matériaux calcaire
DĂ©cor crochets (tumulus A et F2)
Inhumations oui
Mobilier oui
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 46° 22′ 26″ nord, 0° 04′ 03″ ouest
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Nouvelle-Aquitaine
Département Deux-Sèvres
Commune Bougon
Géolocalisation sur la carte : Deux-Sèvres
(Voir situation sur carte : Deux-Sèvres)
Tumulus de Bougon
GĂ©olocalisation sur la carte : Poitou-Charentes
(Voir situation sur carte : Poitou-Charentes)
Tumulus de Bougon
GĂ©olocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Aquitaine)
Tumulus de Bougon
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Tumulus de Bougon

Historique d'une découverte

Les tumulus[Note 1], qui n'ont pas encore été reconnus comme tels, figurent sur le plan cadastral de 1819 au lieu-dit « les Chirons »[Note 2]. Le tertre, ultérieurement dénommé tumulus C, est alors partagé entre les parcelles voisines pour servir de pacage aux chèvres et le site est cultivé dans ses parties basses[1]. En 1840, Charles Arnault, accompagné de M. Baugier et de Ch. Sauzé, entreprend une fouille par le haut du tertre le plus occidental (ultérieurement dénommé tumulus A) pour le compte de la Société de Statistique, Sciences, Lettres et Arts du département des Deux-Sèvres[1]. Des comptes rendus de cette fouille sont publiés par Sauzé (en 1840 et 1845) et par Arnauld (illustrations par Baugier) en 1843[1]. Le retentissement de cette fouille est tel que la parcelle contenant tous les édifices sera dès lors rebaptisée « Le Tumulus » sur la plan cadastral[2]. Dès 1840, Chambardel et de Lambardiouze, membres de la Société des antiquaires de l'Ouest entreprennent de fouiller sommairement un tertre voisin (ultérieurement dénommé tumulus C). La fouille du site fait alors l'objet d'une rivalité entre les deux sociétés savantes[3]. Des fouilles sont aussi pratiquées à l'extrémité sud du tumulus E et à l'angle nord-est du tumulus F[4]. En 1841, le propriétaire du tumulus F, croyant y trouver un trésor, creuse les remblais et contribue à l'affaissement de la table de couverture du dolmen F2[5]. En mai-juin 1845, Sauzé reprend la fouille du tumulus C et y découvre le mur de parement et le petit dolmen[5]. Entre 1845 et 1875, des cantonniers entament le tumulus C pour y récupérer des matériaux destinés à l’empierrement de la voirie[4].

La fonction funéraire du site étant dès lors admise, le Conseil général des Deux-Sèvres met en place une « commission des tumuli de Bougon », qui publiera ses conclusions en 1875[Note 3], et achète toutes les parcelles de terrain correspondantes entre 1874 et 1879[4]. Le site est clôturé et un gardien en assure désormais l'entretien et la surveillance. En 1892, B. Ruptes publie un « guide d'une visite au Tumulus de Bougon » où les tertres sont désignés sous les lettres A à F[2], dénomination qu'ils ont conservé depuis.

Le renom des tumuli de Bougon génère un intérêt pour l'exploration de plusieurs autres tumuli régionaux, à Salles et à Pamproux[4] notamment. Dans le catalogue illustré des collections du Musée des Antiquités nationales de 1921, Salomon Reinach cite par deux fois les objets découverts à Bougon[6]. A la suite d'une visite au musée du Pilori de Niort, Jean Arnal, impressionné par la richesse du mobilier funéraire découvert à Bougon, publie en 1955 un article dans la revue archéologique[7] qui contribue à attirer à nouveau l'attention sur l'importance du site, importance reconnue y compris à l'étranger[Note 4].

Les tumulus sont classés au titre des monuments historiques par décret du 8 février 1960[8].

Les fouilles du site ne reprennent qu'en 1968, elles sont d'abord conduites par Claude Burnez, puis Ă  partir de 1972 et jusqu'en 1986 par Jean-Pierre Mohen.

La nécropole

Plan des tumulus de Bougon[Note 5].

La nécropole a été érigée, dans une boucle de la rivière Bougon, sur un plateau calcaire. Répartis sur moins de deux hectares, elle comporte cinq tumulus renfermant huit chambres sépulcrales et une sixième structure, le tumulus « D », atypique et énigmatique qui sépare la nécropole en deux parties[6]. Cette bipartition de la nécropole se traduit aussi dans l'architecture : dans la partie orientale, les couloirs des dolmens E et F sont orientés à l'est ou au nord alors que dans la partie occidentale, les couloirs des dolmens A, B et C sont orientés au sud ou à l'est[9]. Elle pourrait correspondre à deux communautés différentes qui se défièrent au cours du temps par la réalisation de tumulus monumentaux[9].

Le tumulus A

Il mesure 40 m de diamètre[10]. Le tumulus est ceinturĂ© par trois murets de parement[Note 6]concentriques en pierres sèches. La chambre funĂ©raire mesure 7,80 m de long sur m de large et 2,25 m de hauteur. Elle est recouverte d'une unique table de couverture, d'une Ă©paisseur d'environ m et dont le poids est estimĂ© Ă  90 tonnes, reposant sur des piliers disposĂ©s obliquement (15°), en position de contrefort, permettant une meilleure rĂ©partition de la charge. Tous les piliers Ă  l'exception de deux, ont conservĂ© sur leur sommet des petites pierres destinĂ©es au calage de la dalle de couverture. Deux piliers ont Ă©tĂ© dressĂ©s au centre de la chambre, la divisant en deux compartiments. Les piliers pĂ©riphĂ©riques ont Ă©tĂ© rĂ©gularisĂ©s par bouchardage. L'angle du pilier sud-est de la première sous-chambre comporte une Ă©chancrure identifiĂ©e comme « une fenĂŞtre » par C. Burnez qui a Ă©tĂ© soigneusement bouchardĂ©e.[11]. Selon Roger Joussaume, il s'agit d'un dolmen de type angoumoisin comportant des caractĂ©ristiques propres aux dolmens de type angevin[10].

Le pilier central comporte une gravure fine, interprĂ©tĂ©e comme Ă©tant une reprĂ©sentation d'oiseau, reconnue dès 1840 mais dont le style ne semble pas ĂŞtre d'Ă©poque nĂ©olithique[11]. La chambre ouvre sur l'extĂ©rieur par un long couloir de m de longueur orientĂ© selon un axe lĂ©gèrement nord-ouest/sud-est. Les murs du couloir comportent, près de l'entrĂ©e de la chambre, sur 2,50 m de longueur deux orthostates de chaque cĂ´tĂ© ; le reste des parois est constituĂ© de murets en pierres sèches. Le couloir, dont la plus grande partie Ă©tait demeurĂ©e ignorĂ©e des fouilleurs du XIXe, fut dĂ©couvert en 1979 soigneusement comblĂ© de pierres plates jusqu'au mur de parement extĂ©rieur, cet amĂ©nagement d'origine Ă©tant vraisemblablement destinĂ© Ă  masquer l'accès Ă  la chambre[11].

  • Tumulus A
  • ExtĂ©rieur, vue de l'ouest.
    Extérieur, vue de l'ouest.
  • Couloir d'accès Ă  la chambre. Le bord de la table de couverture (dalle grise) est visible au centre de la photo.
    Couloir d'accès à la chambre. Le bord de la table de couverture (dalle grise) est visible au centre de la photo.
  • Couloir d'accès depuis l'entrĂ©e de la chambre : orthostates de part et d'autre du couloir.
    Couloir d'accès depuis l'entrée de la chambre : orthostates de part et d'autre du couloir.
  • IntĂ©rieur de la chambre, premier compartiment : pilier en position oblique Ă  gauche, piliers centraux Ă  droite.
    Intérieur de la chambre, premier compartiment : pilier en position oblique à gauche, piliers centraux à droite.
  • IntĂ©rieur de la chambre, deuxième compartiment : piliers centraux Ă  gauche.
    Intérieur de la chambre, deuxième compartiment : piliers centraux à gauche.

D'après Sauzé, la chambre comportait trois couches archéologiques, les couches étant séparées par un dallage de pierres. La première couche renfermait des squelettes humains et un mobilier funéraire. Elle était composée d'humus et de débris osseux. La troisième couche était en contact direct avec le sol rocheux. Sauzé estime que les vestiges osseux correspondent à 200 squelettes. L'un des crânes comportait les traces d'une double trépanation qui avait cicatrisée. Un squelette de chien accompagnait celui d'un enfant. La céramique se composait de « vases supports »[Note 7] assez complets et bien conservés, à fond plat ou rond, décorés et de divers tessons décorés correspondant à des poteries datées du Chasséen. Le reste du matériel archéologique retrouvé comportait deux haches en silex partiellement polies, un pic en roche dure, des outils en silex (scie, lame, éclats), divers instruments en os (poinçons, ciseaux) et des éléments de parure (coquilles perforées, perles en nacre et calcaire, os perforé, canine de loup perforée, un oursin fossile)[12]. La fouille de 1978 a permis de recueillir une partie de la troisième couche archéologique demeurée en place, la plus ancienne, qui conservait des restes de mobilier confirmant une utilisation de la chambre au Chasséen ou au Néolithique moyen[13].

Le tumulus B

C'est une longue (35 m) levĂ©e de terre, large de m et haute de 0,80 m, orientĂ©e est-ouest, dont la nature ne fut reconnue que lors des fouilles de 1978[5]. Elle comporte au sud une facade rectiligne constituĂ©e d'un mur de parement formĂ© de deux ou trois assises de pierres alors que le cĂ´tĂ© nord du tumulus n'est qu'un simple empilement de pierrailles. A l'est, le sommet de la levĂ©e renferme deux structures distantes d'environ deux mètres, assimilĂ©es Ă  des coffres mais aucune dĂ©couverte de mobilier, hormis deux silex taillĂ©s, n'a permis de dĂ©finir leur fonction prĂ©cise. Dans sa partie ouest, Ă  environ m du coffre le plus occidental, le tumulus renferme deux dolmens dĂ©nommĂ©s B1 et B2[14] de type angoumoisin[15].

Le dolmen B1 est une chambre rectangulaire de m de long sur 1,50 m entièrement dĂ©limitĂ©e par des orthostates. La chambre est accessible par un couloir de 2,20 m de long, orientĂ© nord-sud, dĂ©centrĂ© vers l'ouest, l'ensemble dessinant un « P »[16]. La dalle ouest a Ă©tĂ© entièrement bouchardĂ©e et elle comporte un dĂ©cor sculptĂ© en forme de crochet. La fouille du dolmen B1 a livrĂ© un matĂ©riel archĂ©ologique abondant constituĂ© de perles en variscite, d'Ă©pingles en os, de haches votives en fibrolithe, de fragments de vases carĂ©nĂ©s datĂ©s du NĂ©olithique moyen, de tessons de cĂ©ramique Ă  cannelures datĂ©s du Peu-Richardien et une pointe de flèche en silex Ă  ailerons et pĂ©doncules caractĂ©ristique du NĂ©olithique final[17].

  • Tumulus B
  • Dolmen B2 Ă  gauche et dolmen B1 Ă  droite.
    Dolmen B2 Ă  gauche et dolmen B1 Ă  droite.
  • Dolmen B2.
    Dolmen B2.
  • Dolmen B1.
    Dolmen B1.
  • Premier coffre.
    Premier coffre.
  • Deuxième coffre.
    Deuxième coffre.

Le dolmen B2 a été découvert arasé. C'est une chambre de forme trapézoïdale dont les parois étaient constituées de murets en pierres sèches complétés par des orthostates dont les rainures de calage ont été retrouvées au sol[17]. Elle est précédée d'un couloir, l'ensemble dessinant un « Q »[16]. L'entrée de la chambre est marqué par une belle dalle de seuil. L'intérieur de la chambre comportait deux couches archéologiques distinctes. La couche supérieure renfermait trois inhumations séparées les unes des autres et la couche inférieure, au contact du sol rocheux, une série d'ossements (huit calottes crâniennes, deux à trois os longs, deux mandibules, vertèbres et côtes) dont la disposition suggère une inhumation secondaire. Le mobilier funéraire d'accompagnement était constitué de trois haches polies en fibrolithe, de pointes de flèches tranchantes, et d'une quinzaine de perles en calcaire et d'épingles en os[17].

Le tumulus C

Tumulus C façade ouest.
Tumulus C façade sud-est.

Il avait Ă©tĂ© très rapidement Ă©tĂ© explorĂ© par Chambardel et de Lambardiouze dès 1840 puis par SauzĂ© en 1845. Plus tard, il fut endommagĂ© dans sa partie est par l'exploitation d'une carrière pour l'empierrement de la voirie. C'est l'un des plus grands tumulus de la nĂ©cropole, il fut d'ailleurs baptisĂ© « le grand tumulus » par SauzĂ©. Il mesure un peu plus de 40 m d'est en ouest et un peu plus de 35 m du nord au sud, pour une hauteur de 4,50 Ă  5 m. Le volume des matĂ©riaux utilisĂ©s est ainsi Ă©valuĂ© Ă  2 000 m3[18]. Les fouilles des annĂ©es 1980 ont permis de comprendre que le monument visible actuellement rĂ©sulte d'une construction en trois phases. Dans une première phase, un premier cairn, baptisĂ© « tumulus C1 », de forme circulaire (24 m de diamètre sur m de hauteur)[19] fut construit. Il est ceinturĂ© d'un mur de parement d'environ m de hauteur[20]. Il renferme une petite chambre rectangulaire (m de long sur 1,40 m de large et m de hauteur)[19], dĂ©centrĂ©e vers l'ouest, dĂ©limitĂ©e par six dalles soigneusement jointes : 4 pour les cĂ´tĂ©s mesurant un peu plus d'un mètre de hauteur, 1 dalle recouvrant le sol et 1 dalle formant la couverture. Toutes les dalles s'ajustent parfaitement entre elles au niveau des angles par un système de rainurage. Les dalles ont Ă©tĂ© entièrement bouchardĂ©es et la dalle situĂ©e au nord comportait trois crochets sculptĂ©s dont un seul est dĂ©sormais visible. Cette chambre funĂ©raire s'apparente de fait Ă  un ciste, d'ailleurs il n'y avait Ă  l'origine aucun accès Ă  la chambre. L'ouverture en entonnoir actuellement visible sur la façade occidentale du tumulus fut amĂ©nagĂ©e au XIXe pour en faciliter la visite[20] - [Note 8].

Les matĂ©riaux utilisĂ©s pour la construction du tumulus C1 proviennent d'une carrière situĂ©e immĂ©diatement Ă  l'est du cairn. Dans une seconde phase, cette carrière fut remblayĂ©e pour construire le tumulus C2, massif, de forme rectangulaire, accolĂ© au tumulus C1, mesurant 37 m de long cĂ´tĂ© est et 19 Ă  20 m cĂ´tĂ©s nord et sud. Dans une troisième phase, les tumulus C1 et C2 furent recouverts par un nouveau cairn de forme conique, sans parement extĂ©rieur, rĂ©alisĂ© pour en condamner dĂ©finitivement l'accès, appelĂ© tumulus C3. L'ensemble fut construit sur une partie haute du site et le creusement de carrières Ă  l'est du monument pour en extraire des matĂ©riaux de construction contribua Ă  en renforcer l'aspect monumental[21].

En 1845, Sauzé rapporte avoir découvert des ossements humains dans le tumulus C1 correspondant à 6 squelettes humains : quatre individus dans la chambre, un adulte et un enfant dans le cairn sans plus de précision. Les fouilles des années 1980 permirent de recueillir un petit matériel archéologique en trois endroits différents du tumulus C1 : devant l'entrée de la chambre, dans le remblai et contre la face externe du parement. Il comprend des fragments osseux (vertèbres, dents, phalange) et des tessons de poterie à surface noire. Les emplacements de leur découverte laissent penser qu'il pourrait s'agir de résidus issus des fouilles de Sauzé plutôt que de dépôts intentionnels datés du Néolithique[22]. La sépulture d'un enfant âgé de 7 à 8 ans dans le parement méridional du tumulus C2 et deux à trois sépultures ont été retrouvées dans l'angle nord-est du tumulus C3[23].

Le tumulus D

Cette structure Ă©nigmatique n'est pas Ă  proprement parler un tumulus. C'est une levĂ©e artificielle, mĂ©lange de terre et de pierres, enserrĂ©e par deux murs de parement non rigoureusement parallèles. Elle ne fut fouillĂ©e qu'en 1981. Elle mesure environ 100 m de longueur sur 1 Ă  1,50 m de largeur et 0,50 Ă  1 m de hauteur, orientĂ©e nord-ouest/sud. Elle a Ă©tĂ© construite sur un vestige du socle rocheux sous-jacent, oĂą furent creusĂ©es les carrières de construction du tumulus C (Ă  l'ouest) et celles des tumulus E et F (Ă  l'est)[24]. La prĂ©sence de ces carrières renforce un peu plus le caractère sĂ©parateur du tumulus D au sein de la nĂ©cropole[9]. Le mobilier archĂ©ologique qui y fut recueilli se limite Ă  quelques tessons de cĂ©ramique, un percuteur en chaille et un embout d'outil (pic ?) en bois de cerf. On ne connaĂ®t aucune structure similaire sur un autre site mĂ©galithique. La seule certitude concernant le tumulus D est que sa construction est contemporaine ou postĂ©rieure au creusement de la carrière du tumulus C2[24].

Le tumulus E

Le tumulus est de forme approximativement rectangulaire. Il mesure 22 m de long sur 10 m de large[25]. Il est dĂ©limitĂ© par deux murs de parement. Sa forme est lĂ©gèrement arquĂ©e. Il a Ă©tĂ© Ă©difiĂ© directement sur une petite butte et les pierres utilisĂ©es proviennent de petites fosses d'extraction qui ont Ă©tĂ© identifiĂ©es autour du tumulus. Le tumulus renferme deux chambres, baptisĂ©es E1 et E2, ouvrant Ă  l'est par deux couloirs parallèles[26].

La plus méridionale, la chambre E1, est de forme circulaire et mesure environ m de diamètre. Les parois de la chambre étaient formées d'orthostates, onze selon les observations de Sauzé effectuées en 1840 qui le conduisirent à y voir un « cromlech », dont la base était calée dans une rainure creusée dans le sol. Seules deux des dalles d'origine ont subsisté, d'une hauteur de m, les manquantes ont été remplacées lors de la restauration du monument. Le mode de couverture de la chambre et celui du couloir d'accès demeurent inconnus. Le matériel archéologique découvert lors des fouilles est très fragmenté mais homogène. Il correspond à des ossements humains (dont 4 crânes), des tessons d'une poterie de mauvaise qualité à fond rond, des outils en silex (grattoirs, couteau, perçoir, flèche tranchante) et à quelques éléments de parure (dents perforées de chien et bovidé, perle en variscite)[26].

La chambre E2 est de forme rectangulaire mais elle pourrait avoir Ă©tĂ© circulaire Ă  l'origine avant d'ĂŞtre remaniĂ©e. Elle mesure 3,30 m de long sur 2,65 m de large. Les parois sont en pierres sèches. Elles Ă©taient initialement doublĂ©es par des dalles verticales, suffisamment solides pour permettre de soutenir une table de couverture, seule une dalle fut retrouvĂ©e intacte. Le mobilier dĂ©couvert confirme l'hypothèse d'une première chambre ultĂ©rieurement remaniĂ©e avec un premier ensemble d'objets de mĂŞme nature que celui de la chambre E1 (cĂ©ramique, flèche, perles, haches votives en fibrolithe) et un second ensemble plus tardif comprenant des flèches en silex Ă  pointe tranchante et des vases Ă  fond plat[26].

  • Tumulus E
  • Chambre E1 Ă  gauche, chambre E2 Ă  droite (vue dĂ©formĂ©e, courbĂ©e).
    Chambre E1 à gauche, chambre E2 à droite (vue déformée, courbée).
  • Chambre circulaire E1.
    Chambre circulaire E1.
  • Tumulus E, vue depuis le nord.
    Tumulus E, vue depuis le nord.

Architecture

Le tumulus F est de forme trapĂ©zoĂŻdale. Il mesure 72 m de long pour une largeur comprise entre 12 m au sud et 16 m au nord pour une hauteur moyenne de m[27]. Il est constituĂ© de trois parties, dĂ©nommĂ©es F0 Ă  F2 depuis le sud vers le nord, tout en conservant une unitĂ© architecturale certaine. Sa construction a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d'une habile rĂ©flexion visant Ă  exploiter la topographie des lieux. En effet, il a Ă©tĂ© Ă©difiĂ© sur une pente ascendante vers l'ouest et son grand axe correspond Ă  la courbe de niveau du sol naturel. La pente naturelle a Ă©tĂ© remarquablement utilisĂ©e pour accentuer le relief de la construction. Ainsi pour un observateur situĂ© Ă  l'est du monument, celui-ci paraĂ®t avoir 5 Ă  6 m de hauteur alors qu'il n'en mesure que m et, cĂ´tĂ© occidental, la large fosse de la carrière a Ă©tĂ© partiellement remblayĂ©e donnant ainsi l'impression que le mur de parement extĂ©rieur est harmonieusement situĂ© Ă  mi-pente de chaque cĂ´tĂ© monument[28].

Le tumulus F0 fut Ă©difiĂ© en premier. Il est formĂ© d'un cairn circulaire d'un diamètre de 10 m Ă  triple parement concentrique. Il renferme une chambre circulaire d'environ 2,50 m de diamètre entièrement en pierre sèche et couverte en encorbellement[29]. Elle ouvre Ă  l'est par un couloir[30]. Le tumulus F1 lui fut ultĂ©rieurement accolĂ© au nord. Le tumulus F1 constitue la partie centrale, la plus longue, du tumulus F. Il ne contient aucune chambre. Les fouilles ont mis en Ă©vidence qu'il est constituĂ© d'une sĂ©rie de sept massifs quadrangulaires, de 6 Ă  9 m de longueur, juxtaposĂ©s et s'emboĂ®tant les uns aux autres cĂ´tĂ© nord, construits sur le mĂŞme modèle. Chaque unitĂ© se compose d'un massif central large de m environ avec une arĂŞte axiale et des parements extĂ©rieurs. Au fur et Ă  mesure que l'arĂŞte centrale s'Ă©lève, les murs de parements sont confortĂ©s par de grosses pierres placĂ©es obliquement en contrefort et le tout est complĂ©tĂ© par un remplissage interne retenu par un nouveau mur de parement extĂ©rieur lui mĂŞme calĂ© par de grosses pierres obliques. Au final, chaque unitĂ© comprend quatre ou cinq degrĂ©s de part et d'autre de l'axe central et toutes les unitĂ©s sont alignĂ©es par le parement le plus extĂ©rieur s'Ă©tirant sur toute la longueur du monument[31].

Le tumulus F2 fut accolĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord du tumulus F1. Il comporte une chambre funĂ©raire carrĂ©e d'environ m de cĂ´tĂ©[32], recouverte d'une unique dalle de m de long sur 3,50 m de large et 1,30 m de hauteur dont le poids est estimĂ© Ă  32 tonnes[33]. Elle ouvre sur l'extĂ©rieur par un couloir au nord. Bien que la chambre du tumulus F2 fut très endommagĂ©e par l'effondrement de sa table de couverture, les fouilles de 1973 ont permis d'en reconnaĂ®tre le plan. La chambre Ă©tait dĂ©limitĂ©e par des orthostates appuyĂ©es sur un parement qui maintenait la masse du tumulus. Il s'agit d'un dolmen de type angoumoisin typique[34]. Deux orthostates de 2,20 m de hauteur furent retrouvĂ©es en place et intactes. Elles Ă©taient entièrement bouchardĂ©es et comportaient des rainures latĂ©rales d'encastration identiques Ă  celles observĂ©es sur les piliers des dolmens A, B1 et C1. La dalle de l'angle sud-est comporte une figure bouchardĂ©e en forme de crochet, une seconde figure du mĂŞme type conservĂ©e au MusĂ©e des AntiquitĂ©s Nationales pourrait provenir de la mĂŞme dalle[35] - [Note 9].

  • Tumulus F
  • Tumulus F, vue du nord-ouest.
    Tumulus F, vue du nord-ouest.
  • Tumulus F, vue du sud.
    Tumulus F, vue du sud.
  • Tumulus F0, vue de l'est.
    Tumulus F0, vue de l'est.
  • Tumulus F2, vue du nord.
    Tumulus F2, vue du nord.
  • Tumulus F2, intĂ©rieur de la chambre.
    Tumulus F2, intérieur de la chambre.

Mobilier archéologique

Les fouilles du tumulus F0 ont permis d'y reconnaĂ®tre deux couches archĂ©ologiques distinctes. Dans la première couche, le mobilier Ă©tait alignĂ© selon un axe est-ouest et se composait d'un vase entier Ă  fond plat dĂ©couvert Ă©crasĂ©, d'un second vase et des ossements d'un enfant (thorax en connexion anatomique). La seconde couche a Ă©tĂ© retrouvĂ©e sous une dalle probablement effondrĂ©e de la voĂ»te. Épaisse de 0,70 Ă  1 m, elle renfermait de nombreux ossements humains Ă  l'Ă©tat fragmentaire correspondant Ă  environ une dizaine d'individus, dont la moitiĂ© sont des enfants[36]. Les datations au C14 indiquent deux pĂ©riodes de dĂ©pĂ´t dont la plus ancienne se situerait vers 4700 av. J.-C., soit les plus anciens ossements humains trouvĂ©s dans une chambre funĂ©raire nĂ©olithique en Europe de l'Ouest[37]. Le matĂ©riel archĂ©ologique d'accompagnement Ă©tait assez pauvre : vase entier Ă  fond rond, petit bol Ă  bouton latĂ©ral, 4 Ă©pingles en os, 1 silex taillĂ©, 1 broyeur en roche dure, 1 dent de loup percĂ©e. Tout ce mobilier reposait sur une couche de dallage en plaquettes d'environ 0,30 m d'Ă©paisseur reposant elle-mĂŞme sur une couche d'argile rouge recouvrant le sol naturel. Dans cette couche d'argile, on dĂ©couvrit deux pointes de flèche tranchante d'un type archaĂŻque[36].

Le tumulus F1 ne contenait aucune sépulture collective mais trois sépultures individuelles y ont été découvertes (deux le long du parement extérieur ouest, une entre les tumulus F1 et F0[38]). Deux d'entres-elles contenaient les squelettes d'un jeune enfant[30]. Le mobilier recueilli se limite à un fragment de vase à fond plat, un tesson de céramique daté du Peu-Richardien et un micro-burin en silex[38].

Des percuteurs en chaille et des bois de cerf utilisés comme pics ont été recueilli dans la carrière située à l'ouest du tumulus F2[39]. Ces bois de cerf ont pu être datés au C14 dans une fourchette comprise entre 4357 et 4046 av. J.-C[38]. Le tumulus F2 était ruiné et il avait été utilisé comme abri par les bergers durant de nombreuses années durant. Le monument a livré peu de matériel archéologique et 735 fragments d'ossements humains attribués à un minimum de trois adultes et deux enfants. Ces échantillons ont été datés au radiocarbone de la seconde moitié du (IVe millénaire av. J.-C. mais le dolmen fut construit au (Ve millénaire av. J.-C.) comme l'atteste la découverte dans la chambre de trois flèches tranchantes et de tessons d'une céramique fine et noire à dégraissant micacé[39] de type « pot de fleur »[32]. Les lamelles en silex trouvées dans le couloir d'accès dateraient de la période la plus ancienne mais une ébauche de hache en silex et un fragment de vase à fond plat dateraient d'une phase de réutilisation[39]. Le même mélange temporel de mobilier fut découvert, dans le couloir qui était fermé par un remplissage de pierres (une mandibule humaine non datée, un talon de hache en jadéite, des éléments plus récents en silex) et le long du parement extérieur (céramique noire lissée, fragments de vases supports et perle en variscite)[39] - [32].

Datation et chronologie relative

Les datations au carbone 14 à partir des fragments osseux humains et d'un charbon de bois retrouvés dans des contextes archéologiques précis indiquent que les premières constructions furent réalisées au (Ve millénaire av. J.-C.)[9] mais le site fut utilisé jusqu'au milieu du IIIe millénaire av. J.-C.. Les vingt datations au C14 réalisées par l'université de Lyon ont permis d'identifier six phases d'aménagement et d'utilisation du site[40] :

PhaseUtilisationDatations au C14
(av. J.-C.) / monument[41]
PĂ©riode
1construction des chambres rondesentre 4940 et 4530 (F0)
entre 4940 et 4395 (E1)
NĂ©olithique moyen I
2utilisation des chambres rondesentre 4720 et 4400 (F0)
entre 4500 et 4050 (F0)
entre 4225 et 3985 (F0)
entre 4040 et 3975 (F0)
NĂ©olithique moyen I et II
3construction des dolmens quadrangulairesentre 4334 et 4043 (A)Néolithique moyen II (Chasséen)
4utilisation des dolmens quadrangulairesentre 4357 et 4046 (F2)
entre 4130 et 4060 (B2)
entre 4030 et 3975 (B1)
entre 4040 et 3975 (A)
Néolithique moyen II (Chasséen)
5dépôts autour des tumulus ou réutilisation des dolmens quadrangulairesentre 3985 et 3785 (A)
entre 3970 et 3530 (C2)
entre 3970 et 3535 (C1)
entre 3620 et 3580 (A)
entre 3640 et 3340 (E2)
entre 3790 et 3350 (F2)
entre 3505 et 2890 (F2)
Néolithique récent (Peu-Richardien)
6sépulture individuelle
condamnation et abandon du site
entre 2580 et 2340 (F0, F1)NĂ©olithique final
Bronze ancien

Le musée préhistorique et le parc archéologique

Musée des Tumulus de Bougon

Le musée et la chapelle du prieuré Cistercien.

Le musée des Tumulus de Bougon, créé à l'initiative du Conseil départemental des Deux-Sèvres propriétaire du site, a été construit en 1992-1993 par l'architecte Jean-François Milou[Note 10] et inauguré en juin 1993.

SituĂ© Ă  500 m au nord des tumulus, sur l'emplacement d'un ancien prieurĂ© cistercien dont il englobe la chapelle, le musĂ©e est consacrĂ© Ă  la PrĂ©histoire, en mettant l'accent sur le NĂ©olithique et le mĂ©galithisme. Cet ensemble s'ouvre sur une mise en perspective depuis l'origine de la vie sur terre constituĂ©e de documents vidĂ©os, de fossiles (salle Évolution) et d'outils comparĂ©s datĂ©s du PalĂ©olithique, MĂ©solithique et NĂ©olithique (galerie archĂ©ologique). Les salles prĂ©sentent dans un ensemble de vitrines et de documents vidĂ©o un large panorama de l'Ă©poque nĂ©olithique (outils et les pratiques, types de constructions) couvrant la rĂ©gion Centre-Ouest de la France (restitution partielle de la chambre Ă  couloir du Cairn de Gavrinis, dalles gravĂ©es) et incluent une reconstitution du sanctuaire de Çatal HöyĂĽk.

La salle de la nécropole de Bougon présente les séries d'objets découverts sur place lors des fouilles de 1840 (ancienne collection du musée de Niort) et un important dépôt du Musée d'Archéologie nationale comprenant la collection Souché (sites archéologiques de Pamproux et de Salles), les céramiques découvertes au camp Chez Reine à Sémussac, des pièces de la collection Favre, des maquettes du XIXe de monuments mégalithiques et des collections régionales issues des fouilles de différents sites néolithiques (camp des Loups à Échiré, site de la Sauzaie, Tumulus du Montioux, Motte des Justices, Tumuli de Champ Châlon, Pointe du Payré à Jard-sur-Mer, dolmens de Thorus...)[42].


  • Le contexte : la PrĂ©histoire, le NĂ©olithique, etc.
  • Évolution des outils de pierre taillĂ©e au PalĂ©olithique infĂ©rieur (av. 300 000 ans). 1: galet amĂ©nagĂ© sur deux faces, silex ; 2: biface, quartz (h = 30 cm env.).
    Évolution des outils de pierre taillée au Paléolithique inférieur (av. 300 000 ans). 1: galet aménagé sur deux faces, silex ; 2: biface, quartz (h = 30 cm env.).
  • Outils de pierre taillĂ©e du MĂ©solithique. La Pointe du PayrĂ©, Jard-sur-Mer (VendĂ©e). Microlithes (chaque numĂ©ro: h = 1 cm).
    Outils de pierre taillée du Mésolithique. La Pointe du Payré, Jard-sur-Mer (Vendée). Microlithes (chaque numéro: h = 1 cm).
  • NĂ©olithique: Principe d'emmanchement d'une hache en pierre polie.
    NĂ©olithique: Principe d'emmanchement d'une hache en pierre polie.
  • NĂ©olithique: Proposition de reconstitution d'une maison du Ve millĂ©naire.
    Néolithique: Proposition de reconstitution d'une maison du Ve millénaire.
  • NĂ©olithique: Un intĂ©rieur (proposition) : meule fixe et son broyeur pour le grain, cĂ©ramiques et tressages.
    Néolithique: Un intérieur (proposition) : meule fixe et son broyeur pour le grain, céramiques et tressages.
  • NĂ©olithique: MĂ©tier Ă  tisser vertical Ă  pesons de pierre.
    NĂ©olithique: MĂ©tier Ă  tisser vertical Ă  pesons de pierre.
  • NĂ©olithique: Reconstitution partielle de la chambre funĂ©raire Ă  couloir de Gavrinis (Morbihan).
    Néolithique: Reconstitution partielle de la chambre funéraire à couloir de Gavrinis (Morbihan).
  • Salles de la nĂ©cropole de Bougon et des sites NĂ©olithiques des Deux-Sèvres
  • Crâne ayant Ă©tĂ© trois fois trĂ©panĂ©, couloir du tumulus A, niveau supĂ©rieur, IVe millĂ©naire.
    Crâne ayant été trois fois trépané, couloir du tumulus A, niveau supérieur, IVe millénaire.
  • Coquillages perforĂ©s, perles de calcaire et de variscite. Tumulus A, niveau supĂ©rieur, IVe millĂ©naire.
    Coquillages perforés, perles de calcaire et de variscite[43]. Tumulus A, niveau supérieur, IVe millénaire.
  • Tessons, NĂ©olithique moyen. Tumulus A dolmen II. Ensemble de cĂ©ramiques type ChassĂ©en atlantique.
    Tessons, Néolithique moyen. Tumulus A dolmen II. Ensemble de céramiques type Chasséen atlantique.
  • CĂ©ramiques, nĂ©cropole de Bougon.NĂ©olithique ancien et moyen, Ve millĂ©naire : 1, 2, 3. NĂ©olithique rĂ©cent, fin IVe millĂ©naire: 4, 5, 6.
    Céramiques, nécropole de Bougon[44].Néolithique ancien et moyen, Ve millénaire : 1, 2, 3. Néolithique récent, fin IVe millénaire: 4, 5, 6.
  • Outils du NĂ©olithique rĂ©cent, Ă©chelle : H. d'un numĂ©ro : 1 cm. Tumulus du Montabout, Pamproux (Deux-Sèvres).
    Outils du Néolithique récent[45], échelle : H. d'un numéro : cm. Tumulus du Montabout, Pamproux (Deux-Sèvres).

Parc archéologique

Le parc archéologique qui intègre la nécropole contient aussi plusieurs espaces pédagogiques destinés à évoquer la construction des mégalithes, au travers des expérimentations réalisées entre 1979 et 1998 à Exoudun-Bougon, et le grand habitat collectif néolithique du Fief Baudouin découvert à Airvault.

Expérimentations de 1979

Ces expérimentations ont été dirigées par Jean-Pierre Mohen.

La première expĂ©rimentation concernait l'extraction d'une grande dalle mĂ©galithique de m sur 2,50 m depuis un Ă©peron rocheux situĂ© sur le plateau des Chaumes Ă  Exoudun. Le bloc Ă©tait entourĂ© sur trois cĂ´tĂ©s de larges fissures. Le quatrième cĂ´tĂ© a Ă©tĂ© creusĂ© par trois personnes munies de percuteurs en chaille. Des entailles plus larges ont Ă©tĂ© creusĂ©es avec ces mĂŞmes percuteurs et des pics en bois de cerf, dans les failles pour y enfoncer des coins en bois. Les coins en bois ont Ă©tĂ© mouillĂ©s pour les faire gonfler de volume et la dalle s'est dĂ©tachĂ©e après une heure de travail. Elle a alors Ă©tĂ© soulevĂ©e avec des leviers en bois pour pouvoir glisser des rouleaux de bois d'environ 10 cm de diamètre destinĂ©s Ă  la dĂ©placer[46].

La seconde expĂ©rimentation visait Ă  tester un système de transport dune dalle monumentale du type de celle retrouvĂ©e dans le tumulus F2. Devant l'impossibilitĂ© de disposer d'une dalle naturelle de ce type, une copie en bĂ©ton de la dalle du tumulus F2 a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e (poids et volume identique). Un chemin de transport dĂ©montable a Ă©tĂ© construit avec des rouleaux en bois non Ă©corcĂ© de 40 cm de diamètre. Les cordages ont Ă©tĂ© confectionnĂ© Ă  partir de fibres de viorne et de lierre par un artisan selon une tradition encore en vigueur dans les fermes locales au dĂ©but du XXe. Le bloc, recouvert d'un filet tressĂ© en corde, reposait sur les rouleaux de bois disposĂ©s perpendiculairement aux deux rails du chemin de roulement[Note 11]. Le 28 juillet 1979, 230 personnes tirant sur des cordes et 20 autres poussant le bloc sont parvenus Ă  le dĂ©placer sur 40 m de distance. L'Ă©lĂ©vation du bloc Ă  0,50 m de hauteur avec trois leviers a ensuite Ă©tĂ© testĂ©e avec succès[47].

  • ArchĂ©ologie expĂ©rimentale : matĂ©riel utilisĂ©
  • Chemin de bois.
    Chemin de bois.
  • Dalle test sur son chemin de bois.
    Dalle test sur son chemin de bois.
  • DĂ©tail du système de « proto-roue ».
    Détail du système de « proto-roue ».
  • Dalle de l'expĂ©rimentation de 1998.
    Dalle de l'expérimentation de 1998.

Expérimentation de 1997

En 1997, F. Collin et B. Poisonnier ont expérimenté sur site un nouveau système de traction de type « proto-roue » avec le bloc test de 32 tonnes. Dans ce système, le principe du chemin démontable est conservé mais chaque rouleau est transformé en moyeu après y avoir aménagé quatre évidements à chaque extrémité. Ces évidements sont destinés à recevoir des leviers disposés radialement pour entraîner le mouvement du rouleau. L'expérimentation a permis de déplacer le bloc avec seulement une trentaine de personnes en faisant l'économie de la plupart des cordages et des tireurs. Aucun mécanisme de ce genre n'est cependant attesté à l'époque néolithique[48].

Expérimentation de 1998

En 1998, B. Poisonnier et R. Joussaume ont expĂ©rimentĂ© la construction d'un trilithe Ă  1,50 m de hauteur en utilisant des leviers et des cales en bois[48].

Notes et références

Notes

  1. Quoique d'origine latine, le mot « tumulus », pluriel latin « tumuli », peut être employé sans pluriel distinct du singulier.
  2. Dans la région Poitou-Charentes, on appelle chiron un affleurement granitique ou pierreux, un chaos granitique (ex : jardin des Chirons), ou un monticule résultant de l'épierrement des champs.
  3. Dans la revue de la Société de Statistique, Sciences, Lettres et Arts du département des Deux-Sèvres.
  4. L'archéologue anglais Glyn Daniel souligne l’importance du site dans son ouvrage consacré aux dolmens français.
  5. Sur le plan, les dolmens B1 et B2 ont été inversés.
  6. Le terme « parement » désigne ici des pierres calcaires relativement plates (h = 10 à 20 cm), souvent larges et profondes (L et P. : 30 à 50 cm), extraites dans la carrière attenante.
  7. Un vase support est une poterie cylindrique peu profonde, qui semble avoir servi dans certains cas de « brûle-parfum ».
  8. En 1980, lors des fouilles une pièce de monnaie à l'effigie de Napoléon III datée de 1855 fut trouvée à l’intérieur de la chambre.
  9. Ce second crochet aurait prélevé lors des fouilles du XIXe.
  10. Ce cabinet d'architecture est connu pour ses réalisations intégrant des bâtis anciens et moderne, il a notamment réalisé le nouveau Carreau du Temple à Paris et la National Gallery de Singapour.
  11. Voir le dispositif similaire présenté dans l'animation 3D : [vidéo] La construction du dolmen de Manga, Mantequera (Malaga) sur YouTube.

Références

  1. Mohen et Scarre 2002, p. 17.
  2. Mohen et Scarre 2002, p. 11.
  3. Mohen et Scarre 2002, p. 41.
  4. Mohen et Scarre 2002, p. 20.
  5. Mohen et Scarre 2002, p. 19.
  6. Mohen et Scarre 2002, p. 21.
  7. Arnal, BĂ©guin et Riquet 1955.
  8. « Notice n°PA00101197 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. Mohen et Scarre 2002, p. 59.
  10. Joussaume 2016, p. 151.
  11. Mohen et Scarre 2002, p. 56-57.
  12. Mohen et Scarre 2002, p. 18.
  13. Mohen et Scarre 2002, p. 57.
  14. Mohen et Scarre 2002, p. 54-56.
  15. Joussaume 2016, p. 156.
  16. Joussaume 2016, p. 155.
  17. Mohen et Scarre 2002, p. 56.
  18. Mohen et Scarre 2002, p. 40.
  19. Joussaume 2016, p. 156-157.
  20. Mohen et Scarre 2002, p. 48-49.
  21. Mohen et Scarre 2002, p. 51-54.
  22. Mohen et Scarre 2002, p. 45.
  23. Mohen et Scarre 2002, p. 52-53.
  24. Mohen et Scarre 2002, p. 39.
  25. Joussaume 2016, p. 158.
  26. Mohen et Scarre 2002, p. 37-39.
  27. Joussaume 2016, p. 158-1159.
  28. Mohen et Scarre 2002, p. 37.
  29. Joussaume 2016, p. 158-159.
  30. Mohen et Scarre 2002, p. 34.
  31. Mohen et Scarre 2002, p. 32-34.
  32. Mohen et Scarre 2002, p. 32.
  33. Mohen et Scarre 2002, p. 200.
  34. Joussaume 2016, p. 160.
  35. Mohen et Scarre 2002, p. 31.
  36. Mohen et Scarre 2002, p. 35-36.
  37. Joussaume 2016, p. 158-160.
  38. Mohen et Scarre 2002, p. 69.
  39. Mohen et Scarre 2002, p. 67.
  40. Mohen et Scarre 2002, p. 61.
  41. Mohen et Scarre 2002, p. 101.
  42. Mohen et Scarre 2002, p. 232-233.
  43. Antoine Chancerel, Jean Vaquer, Jean-Jacques Cleyet-Merle (commissaires) et Paul Ambert, Florian Balestro, Sandrine Bonnardin, Serge Cassen, Jean Vaquer, Estelle Gauthier, Nicole Mallet, Laure-Anne Millet-Richard, Pierre Pétrequin, Anne Marie Pétrequin, et al., Signes de richesse : Inégalités au Néolithique ; [exposition], Musée national de préhistoire, Les Eyzies de Tayac, 27 juin-15 novembre 2015, Musée des confluences, Lyon, 1er décembre 2015-17 avril 2016, Réunion des Musées Nationaux, , 125 p. (ISBN 978-2-7118-6296-2), bibliogr. p. 119-125. : Sur la variscite (p.: 64-69) , les coquillages percés (en colliers ou brodés : colombelles, multicolores, à l'origine)(p.: 20-24) et leur circulation au Néolithique, parmi d'autres objets et matières rares ou précieuses.
  44. Guide du musée des tumulus de Bougon, 2016, p. 46-47 et notices du musée : Céramiques, salle de la nécropole de Bougon. 1 : Néolithique ancien atlantique. La plus ancienne céramique du site, abords du tumulus B. Terre mal cuite, à basse température, dégraissant siliceux abondant. Tessons de 2 vases en forme d’écuelle. Impressions au doigt. 2 : Néolithique moyen atlantique. Première moitié du Ve millénaire. Formes d’écuelle ou de bol, à épaulement et carènes. Terre mal cuite, à basse température, de couleur brune parfois ocrée. 3 : Néolithique moyen atlantique. Chambre F0, 4700 AEC. Tesson de bol à bouton allongé, ocre rouge. 4 et 5 gauche: Néolithique récent. Vases à fond rond. 5 droit : Néolithique récent. Vase tronconique à fond plat à quatre boutons de préhension. 6 : Néolithique récent, fin IVe millénaire. Vase à fond rond à deux boutons perforés pour le passage d’une corde. Décor à deux lignes incisées.
  45. Outils du Néolithique récent: 1: série de pointes de flèches à ailerons pédonculés ; 2: petite gaine d'outil en bois de cerf ; 3: poinçon en os ; 6: grattoir ; 7: armature trapézoïdale à tranchant transversal ; 8: armature foliacée. Tumulus du Montabout, Pamproux (Deux-Sèvres). Ce tumulus aurait contenu une cinquantaine de corps, déposés sur deux couches séparées par un dallage. Collection Souché 1878.
  46. Mohen et Scarre 2002, p. 197.
  47. Mohen et Scarre 2002, p. 197-205.
  48. Mohen et Scarre 2002, p. 206.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Arnal, Maurice BĂ©guin et Raymond Riquet, « Les tumulus de Bougon », Revue archĂ©ologique,‎ , p. 129-164 (JSTOR 41753464)
  • Collectif, Guide du musĂ©e des tumulus de Bougon, Deux Sèvres, Ă©diteur: 3008 l'Agence, , 54 p., 23 x 23 cm (ISBN 978-2-911743-25-2)
  • Roger Joussaume, Palets et minches de Gargantua : MĂ©galithisme dans le Centre-Ouest de la France, Association des Publications Chauvinoises, , 388 p. (ISBN 979-10-90534-39-1), p. 149-160
  • Jean-Pierre Mohen et Chris Scarre (avec la participation de F. Bouin, E. Cariou, P. Chambon), Les tumulus de Bougon (Deux-Sèvres) : Complexe mĂ©galithique du Ve au IIIe millĂ©naire, Paris, Errance, , 256 p., 30 cm. (ISBN 2-87772-240-6 et 978-2-87772-240-7)
  • (fr + en) Luc Laporte, ElĂ­as LĂłpez-Romero et RĂ©gis Bernard, « Les tumulus allongĂ©s du Centre-Ouest de la France : nĂ©cropoles, espaces, paysages : Colloque, », PrĂ©histoires mĂ©diterranĂ©ennes,‎ 2014, mis en ligne le 05 dĂ©cembre 2014 (lire en ligne, consultĂ© le )

Articles connexes

Reconstitution par photogrammétrie des tumuli de Bougon

Autres liens

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