Pour les articles homonymes, voir Orléans (homonymie) et New Orleans (homonymie).
La Nouvelle-Orléans New Orleans | |
Héraldique. |
Drapeau. |
Administration | |
---|---|
Pays | États-Unis |
État | Louisiane |
Paroisse | Orléans |
Maire Mandat |
LaToya Cantrell (D) depuis 2018 |
Démographie | |
Population | 383 997 hab. (2020) |
Densité | 423 hab./km2 |
Population aire urbaine | 1 240 977 hab. (2013) |
Géographie | |
Coordonnées | 29° 57′ nord, 90° 05′ ouest |
Altitude | Min. −2 m Max. 6 m |
Superficie | 90 700 ha = 907 km2 |
· dont terre | 467,6 km2 (51,55 %) |
· dont eau | 439,4 km2 (48,45 %) |
Fuseau horaire | CST (UTC-6) |
Divers | |
Fondation | 1718 |
Surnom | The Crescent City, The Big Easy, The City That Care Forgot, NOLA (acronyme de New Orleans Louisiana) |
Localisation | |
Carte de la paroisse. | |
Géolocalisation sur la carte : Louisiane
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
| |
Liens | |
Site web | nola.gov |
La Nouvelle-Orléans[1] (prononcé : /la nu.vɛ.l‿ɔʁ.le.ɑ̃/[2] ; en anglais : New Orleans /ˈnu ˈɔːl(i)ənz/[3] ) est la plus grande ville de l'État de Louisiane, aux États-Unis. Avec une population de 383 997 habitants et 1 270 530 dans son aire métropolitaine, selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2020)[4], la ville est située sur les bords du Mississippi, non loin de son delta, sur les rives sud du lac Pontchartrain.
Les limites de la paroisse d'Orléans, l'une des 64 paroisses subdivisant l'État de Louisiane, correspondent à celles de la ville. Sa vie culturelle riche, ancienne et vibrante lui vaut le surnom de Big Easy. Berceau du jazz, La Nouvelle-Orléans est marquée par l'héritage colonial français, que l'on retrouve aussi bien dans la toponymie que dans l'architecture ou les traditions locales.
Fondée en 1718 par Jean-Baptiste Le Moyne, sieur de Bienville, et des colons français, son nom est choisi en l'honneur du régent Philippe, duc d'Orléans. Nommée capitale de la Louisiane en 1722, elle est construite ex nihilo selon un plan en damier symétrique. Elle devient peu à peu un centre commercial, exportant vers l'Europe des peaux et fourrures produites par les Amérindiens ainsi que des produits de plantations (indigotier, tabac). Cédée à l'Empire espagnol puis reprise par la France, la ville est définitivement vendue aux États-Unis, avec la Louisiane, par Napoléon Bonaparte en 1803. En 1880, elle perd son statut de capitale d'État au profit de Baton Rouge. Modernisée au début du XXe siècle, grâce à la création de digues et de canaux ainsi que d'un réseau de streetcars, La Nouvelle-Orléans perd 30 % de sa population après le passage de l'ouragan Katrina le , qui entraîne d'importantes inondations et destructions de bâtiments.
Peuplée à plus de 65 % d'Afro-Américains, La Nouvelle-Orléans devient dès 1910 un lieu de bouillonnement artistique et musical. Foyer de la musique afro-américaine, elle voit émerger de nombreux artistes de blues, de jazz, comme Louis Armstrong et Sidney Bechet — tous deux nés dans la ville — mais aussi de musique dite cadienne. En outre, la ville possède un important patrimoine colonial français, notamment dans le Vieux carré français, le Faubourg Marigny et Tremé ainsi que celui de Fontainebleau. Certains de ses habitants, descendants des créoles français[5], parlent encore le français et le Mardi gras est fêté chaque année. L'atmosphère chaleureuse et bruyante de La Nouvelle-Orléans a inspiré beaucoup d'artistes, dont l'écrivain Tennessee Williams qui en fit le théâtre de sa célèbre pièce Un tramway nommé Désir. Enfin, la ville accueille plusieurs équipes sportives, dont les franchises NBA des Pelicans de La Nouvelle-Orléans, et NFL des Saints de La Nouvelle-Orléans.
Sommaire
Géographie
Site
La Nouvelle-Orléans est située à 511 km à l'est de Houston, à 966 km au sud de Saint-Louis et à 1 076 km à l'ouest-nord-ouest de Miami. Elle couvre une superficie de 907 km2, dont 48,45 % en plans d'eau. La ville suit un méandre du Mississippi, d'où son surnom The Crescent City (la ville croissant). La ville est enclavée entre le lac Pontchartrain au nord, le Mississippi qui traverse la ville au sud, la paroisse de Jefferson au sud-ouest et la paroisse de Plaquemine au sud-est. La plus grande partie de son territoire est située en dessous du niveau de la mer (environ 60 cm). Certaines zones se trouvant déjà à 5 m au-dessous du niveau de la mer continuent à s'enfoncer en moyenne de 6 mm et jusqu'à 2,5 cm par an dans certains quartiers. Les barrages et les digues construits pour dompter les crues du Mississippi et faciliter le trafic fluvial ayant privé le delta des dépôts de sédiments et d'alluvions, les zones humides qui protégeaient la ville des eaux déchaînées se retrouvent aujourd'hui sous les vagues.
Climat
D'après la classification de Köppen : la température du mois le plus froid est comprise entre 0 °C et 18 °C (janvier avec 11,7 °C) et la température du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet et août avec 28,2 °C) donc c'est un climat tempéré. Les précipitations sont stables et abondantes, il n'y a pas de saison sèche. C'est donc un climat tempéré chaud sans saison sèche. L'été est chaud, car la température moyenne du mois le plus chaud est supérieure à 22 °C (juillet et août avec 28,2 °C).
Le climat de La Nouvelle-Orléans est donc classé comme Cfa[6],[7] dans la classification de Köppen ; autrement dit, il s'agit d'un climat subtropical humide.
Les hivers sont frais (16 à 25 °C en moyenne la journée). Le printemps est une des meilleures périodes pour visiter la ville pour ses bonnes températures et son humidité encore modérée. L'été, les températures sont très élevées (35 °C), les matins et les débuts d'après-midi sont ensoleillés et des périodes orageuses se font souvent ressentir en fin de journée. L'humidité du climat est particulièrement prégnante en été, à la fin duquel la ville peut être frappée par des ouragans provenant du golfe du Mexique. L'automne reste chaud.
Au cours de son histoire, la ville a été dévastée vingt-neuf fois par des ouragans ou de inondations, soit environ une fois tous les onze ans.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 6,6 | 8,4 | 11,5 | 15,1 | 19,6 | 22,6 | 23,6 | 23,6 | 21,8 | 16,5 | 11,5 | 7,8 | 15,7 |
Température moyenne (°C) | 11,7 | 13,5 | 16,8 | 20,3 | 24,6 | 27,2 | 28,2 | 28,2 | 26,2 | 21,5 | 16,8 | 12,9 | 20,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 16,6 | 18,5 | 22,1 | 25,6 | 29,6 | 31,9 | 32,8 | 32,8 | 30,7 | 26,6 | 22 | 17,9 | 25,6 |
Ensoleillement (h) | 151,9 | 163,9 | 220,1 | 252 | 279 | 273 | 257,3 | 251,1 | 228 | 241,8 | 171 | 158,1 | 2 647,2 |
Précipitations (mm) | 130,3 | 134,6 | 114,3 | 116,1 | 116,8 | 201,9 | 152,1 | 155,4 | 130,6 | 90,9 | 114 | 134,9 | 1 591,9 |
Nombre de jours avec précipitations | 9,3 | 8,8 | 8,2 | 6,9 | 7,6 | 12,9 | 13,6 | 13 | 9,4 | 7,6 | 7,6 | 9,1 | 114 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
16,6 6,6 130,3 | 18,5 8,4 134,6 | 22,1 11,5 114,3 | 25,6 15,1 116,1 | 29,6 19,6 116,8 | 31,9 22,6 201,9 | 32,8 23,6 152,1 | 32,8 23,6 155,4 | 30,7 21,8 130,6 | 26,6 16,5 90,9 | 22 11,5 114 | 17,9 7,8 134,9 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Histoire
Période coloniale
En 1691, les explorateurs français arpentent la région du delta du fleuve Mississippi. Les coureurs des bois et trappeurs français et canadiens parcourent le territoire et troquent la fourrure avec les Amérindiens. En 1701, un premier comptoir de la fin du XVIIe siècle est transformé en poste de traite fortifié sous le nom de Fort Saint-Jean à la confluence du bayou Saint-Jean et du lac Pontchartrain juste au nord de la future cité de La Nouvelle-Orléans.
La ville fut fondée par les Français sous la direction du colon Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, en 1718. Le nom de la ville fut choisi en l'honneur du régent, Philippe, duc d'Orléans. Au départ simple comptoir de la Compagnie du Mississippi, elle devint la capitale de la Louisiane française en 1722[9] (la capitale fut transférée de Biloxi à La Nouvelle-Orléans).
Le site retenu est celui d'un méandre du Mississippi, d'où la forme en croissant de la ville qui lui donne le surnom de Crescent City, la ville en forme de croissant. Des fortifications devaient l'entourer dès le début, mais elles ne furent jamais réalisées. Ce n'est qu'en 1760 qu'une palissade en bois fut construite en urgence.
Les plans de La Nouvelle-Orléans furent dessinés par Adrien de Pauger et Le Blond de la Tour sur le modèle traditionnel des villes nouvelles, c'est-à-dire un damier symétrique, dont la taille maximale devait être de 88 hectares divisés en 66 îlots[10], avec une place où se trouvaient l’église (la future cathédrale Saint-Louis), la maison du gouverneur et des casernes. Sur les quais furent aménagés des magasins, un hôpital et le couvent des Ursulines. C'est notamment Adrien de Pauger qui dessina les plans du Vieux Carré avec ses rues à angle droit. La construction s'avéra très difficile à cause du climat, mais aussi des forêts denses qui occupaient le site : l'ouragan de 1722 causa d'énormes dommages[11]. Le manque de main-d'œuvre, les épidémies et les moustiques ralentirent également les travaux. Le creusement du chenal démarra en 1723.
Le fait que la Louisiane fût dépourvue de structures sociales, politiques et religieuses rigides donnait à tous le sentiment d'une liberté accrue. Selon les registres paroissiaux de l'époque, la moitié des catholiques de La Nouvelle-Orléans ne faisait pas leurs pâques et n'entrait que rarement dans l'église Saint-Louis. La fréquentation des Amérindiens aux mœurs plus libres, notamment en matière sexuelle, a dû contribuer à l'évolution des mentalités. Mais surtout le manque de femmes était un problème majeur. Le royaume de France procéda à l'envoi de contingents de femmes pour la Nouvelle-France et notamment pour la Louisiane française. Des Filles du roi furent envoyées dès la fin du XVIIe siècle.Les cas de bigamie n'étaient pas rares et beaucoup de colons français prenaient de jeunes Amérindiennes et surtout des jeunes femmes noires comme maîtresses, qu'ils installaient dans leur propriété grâce au système du plaçage, le Code noir empêchant tout mariage interracial. Bref, la ville de La Nouvelle-Orléans abritait une communauté cosmopolite, multiraciale et même, par certains aspects, interlope.
De 1726 à 1733, le gouverneur colonial de la Louisiane française est Etienne Perier (1687-1766)[12],[13],[14],[15].
La toute première digue le long du Mississippi est réalisée en 1727.
La même année, à l'instigation du gouverneur Perier[16], arrivèrent les Filles de la cassette, pourvues d'un trousseau fourni sur les deniers de la cassette royale.
Le gouverneur Perier « établi une police bien réglée, il déclare la guerre au vice, il expulse ceux qui mènent une vie scandaleuse, on inflige des châtiments corporels aux filles qui mènent une mauvaise vie, les procès sont terminés en trois ou quatre jours, on pend, on brise sur la roue pour le moindre vol, le Conseil est suprême. Il n'y a pas d'appel, on fait venir des affaires de l'Illinois à quatre cents lieues de distance : cela n'empêche pas qu'il y ait des magistrats dans ces endroits, mais on fait appel ici »[17]. Marie-Madeleine Hachard en parle en ces termes : Les femmes célibataires sont contraintes de déclarer leur grossesse, sous peine de mort[18].
En 1731, Perier décide d'exterminer les Natchez qui avaient commis le massacre de Fort Rosalie en 1729 en représailles de l'expulsion de leurs terres ancestrales.
En 1733, lorsque Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville redevint gouverneur de la Louisiane, La Nouvelle-Orléans avait déjà la réputation d'une ville libre et joyeuse, avec ses fêtes, ses bonnes tables et ses danses. Durant toute cette période, le français demeura la langue officielle de la colonie : c'était la seule langue des Blancs, mais les Noirs parlaient le créole (à base de français) et les Amérindiens, leurs propres langues.
La Nouvelle-Orléans devint la capitale économique de la Louisiane. Elle exportait des peaux venues de l'intérieur ainsi que des produits des plantations (indigo, tabac…).
En 1762, la colonie fut cédée à l'Empire espagnol par un accord secret : le traité de Fontainebleau, qui fut confirmé par le traité de Paris, mais aucun gouverneur espagnol (Antonio de Ulloa) ne vint pour prendre le contrôle de la ville avant 1766. De même, peu d'hispanophones vinrent s'installer dans la capitale louisianaise. Certains des premiers colons français ne furent jamais satisfaits du régime espagnol et firent de multiples pétitions pour retourner sous celui de la France. Le , un groupe de colons créoles tenta de chasser les Espagnols de la ville à la suite de l'établissement de l'exclusif. La reprise en main se fit par une troupe envoyée en . Les meneurs furent arrêtés et neuf d'entre eux furent condamnés à mort[19]. Un conseil municipal fut instauré pour satisfaire les revendications locales.
Un incendie détruisit 856 immeubles de La Nouvelle-Orléans le et un autre 212 en . En conséquence, un règlement d'urbanisme imposa la brique en remplacement du bois pour les maisons à étage, et les tuiles pour les couvertures.
La population de la ville se limite à 4 985 habitants en 1785, avec un total de 32 000 habitants pour toute la Louisiane, alors espagnole et englobant la partie occidentale de la Floride, en particulier le secteur de Biloxi[20]. En 1785, le comte d'Aranda, pour peupler la Louisiane face aux Anglo-Saxons, suggère au roi Charles III d'Espagne d'obtenir du roi Louis XVI de pouvoir y établir les derniers Acadiens qui restaient non assimilés en France. Les transactions avec Charles Gravier de Vergennes aboutissent en : les frais de transport sont payés par l'Espagne, la France règle ses arriérés de pensions aux Acadiens. Sept navires sont armés et partent de Nantes en 1785 vers La Nouvelle-Orléans. En raison des décès au cours du voyage, des naissances et des clandestins, on peut avancer le chiffres de 1 596 Acadiens qui sont transportés ainsi, sur le Bon Papa et le Saint-Rémy armés par Jean Peltier Dudoyer, la Bergère armée par Joseph Monesron Dupin, la Caroline, commandée par Nicolas Baudin, le Beaumont, l'Amitié et la Ville d'Arcangel.
En 1791, le nouveau gouverneur de la Louisiane, Francisco Luis Hector de Carondelet, impulsa une politique culturelle tout en développant l'amélioration et le confort des Louisianais, comme l'installation de l'éclairage des rues. Un théâtre fut construit rue Saint-Pierre, le Théâtre de la Rue Saint-Pierre, qui était un bâtiment construit en bois du pays situé dans le centre-ville de La Nouvelle-Orléans, situé dans le quartier du Vieux carré français. Le directeur du théâtre était un réfugié de Saint-Domingue, Jean Baptiste Le Sueur Fontaine. Il fit jouer des comédiens français tel que Jeanne-Marie Marsan.
En 1795, l'Espagne autorisa les États-Unis à utiliser le port. La ville revint sous le contrôle français en 1800, mais en 1803 Napoléon Bonaparte vendit la Louisiane (qui comprenait un territoire beaucoup plus vaste comprenant le Pays des Illinois, la Nouvelle-France et la Louisiane française) aux États-Unis pour 80 millions de francs. À cette époque, la ville comptait environ huit mille habitants. La même année, le premier maire de la ville, Étienne de Boré, nommé par le gouverneur William C. C. Claiborne, institua une force de police, sous la direction de Pierre Achille Rivery, à la tête de vingt-cinq hommes.
La population souffrit d'épidémies de fièvre jaune, malaria et variole, éradiquées après 1905. 22 épidémies de grande ampleur de fièvre jaune entre, qui ont fait plus de 150 000 victimes au total en ville et autant dans la région sont recensés entre l'achat de la Louisiane et la guerre de Sécession[21].
XIXe siècle
La Louisiane devient l'un des États des États-Unis en 1803. La Nouvelle-Orléans, en 1805, comptait au total 8 475 habitants. Elle reçoit de 1806 jusqu'en un total de 9 059 réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, parmi lesquels 2 731 Blancs, 3 102 Noirs libres et 3 326 esclaves, ce qui fait plus que doubler sa population. En 1810, la ville compte 24 552 habitants, dont seulement 3 200 anglophones[22].
Les historiens ont retrouvé leur trace grâce à la très abondante presse française : parmi laquelle Le Moniteur de la Louisiane, le premier journal publié en Louisiane en 1794 par Louis Duclot et sous la rédaction en chef de Jean Baptiste Le Sueur Fontaine, deux des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, ou L'Ami des Lois (créé en 1809 par Jean-Théophile Leclerc le révolutionnaire français)[23] et L'Abeille de la Nouvelle-Orléans (1825).
La population de la ville fait plus que doubler avec l’arrivée de Créoles français qui quittèrent Saint-Domingue à la fin de la colonie en 1802 et 1803 puis, en une seconde vague en 1809, par ceux qui furent expulsés par les Espagnols de l'île de Cuba où beaucoup s'étaient réfugiés autour de Santiago ; certains vont cultiver le coton dans les quatre États du sud des États-Unis qui représenteront 80 % de la culture du coton en 1860 (Louisiane, Alabama, Mississippi et Georgie). Pendant la guerre anglo-américaine de 1812, les Britanniques envoyèrent une force pour essayer de conquérir la ville, mais ils furent vaincus par les troupes commandées par Andrew Jackson à quelques kilomètres en aval, à Chalmette, le (bataille de La Nouvelle-Orléans).
La population de la ville doubla dans les années 1830. Vers 1840, elle atteint même 100 000 habitants, ce qui en fit la quatrième ville des États-Unis. Selon Brasseaux, près de cinquante mille Français ont pénétré dans les États-Unis par La Nouvelle-Orléans entre 1820 et 1860, tandis que l'autre port, Baton Rouge, assurait le transport des esclaves venus de la côte est. Il fallait désormais le ménager : en 1808, la traite avait été interdite.
La ville est la capitale de l’État de Louisiane jusqu’en 1849, puis de 1865 à 1880. À cette date, Baton Rouge prit le relais. Son port eut un rôle majeur dans la traite des esclaves, alors qu'elle avait la plus grande communauté d'origine servile.
L'histoire de Delphine Lalaurie est probablement la plus connue des faits divers macabres du Vieux carré français. Madame Lalaurie, mondaine respectée, accueillait nombre de grands événements dans son opulent domicile, 1140, rue Royale. Son train de vie somptueux était servi par un grand nombre d'esclaves. Cependant, le mauvais traitement des esclaves étant illégal, la société commença à éviter LaLaurie après qu'un voisin eut surpris cette femme élégante en train de chasser une fille d'esclave avec un fouet. La fille sauta du toit dans un effort désespéré pour fuir LaLaurie et se tua. Le voisin avertit les autorités. Ce fut la fin de la carrière sociale de Lalaurie, rejetée par la bonne société.
Lors de la guerre de Sécession, La Nouvelle-Orléans fut prise par l’Union (les Nordistes) sans combat le [24]. En leur qualité de garde urbaine, les milices des citoyens européens et principalement français empêchent la destruction de la ville voulue par des émeutiers[25].
En 1866, un meeting politique noir est attaqué par la police et d'anciens soldats confédérés : 34 Noirs et trois républicains blancs sont tués par balle ou battus à mort. L'armée intervient finalement et arrête 261 Noirs mais aucun assaillant[26].
Il reste un cachet historique avec la richesse du XIXe siècle au-delà du Vieux carré français. La ville accueillit l’Exposition universelle dite du centenaire du coton.
La ville gagna une réputation de débauche et de tripot à la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle notamment avec le quartier interlope de Storyville.
En , onze Italiens sont lynchés par plusieurs milliers de personnes. Le massacre eut de graves répercussions diplomatiques : l’Italie suspendit ses relations diplomatiques avec les États-Unis après le refus du président Benjamin Harrison d'ouvrir une enquête fédérale. La presse et la rumeur publique propagèrent l'idée que la marine italienne s’apprêtait à attaquer les ports américains et des milliers de volontaires se présentèrent pour faire la guerre à l'Italie[27].
XXe siècle
Une grande partie de la ville est située sous le niveau de la mer. D'autre part, elle est bordée par le fleuve Mississippi et le lac Pontchartrain. Enfin, la cité est confortée et entourée de digues. Jusqu’au début du XXe siècle, les constructions étaient largement limitées à la partie légèrement surélevée sur les digues naturelles et les bayous, car le reste de la région était constitué de marécages soumis à de fréquentes crues. Ce qui donna à la ville, au XIXe siècle, la forme d’un croissant. Dans les années 1910, l’ingénieur A. Baldwin Wood proposa un plan ambitieux de drainage avec des pompes de sa conception qui sont toujours utilisées aujourd'hui.
Dans les années 1920, dans un effort de modernisation de l’aspect de la ville, beaucoup de rambardes des balcons de la rue du Canal, la rue commerçante, furent retirées. Dans les années 1960, les streetcars furent remplacées par des autobus. Ces décisions furent ensuite considérées comme des erreurs et désormais la rue est revenue à son aspect initial, ce qui plaît aux touristes en quête de dépaysement.
XXIe siècle
À la suite du passage de l'ouragan Katrina le , sa population a été, en grande partie, évacuée vers des villes de Louisiane, du Texas et d'autres États de la fédération américaine. Actuellement, la ville est progressivement reconstruite, mais une partie des habitants évacués ne sont jamais revenus[28], La Nouvelle-Orléans a de fait définitivement perdu 30 % de sa population[29].
Les et , la ville est de nouveau évacuée, à la suite de l'annonce de l'approche de l'ouragan Gustav, qui contourne finalement la ville le lendemain.
Population et société
Démographie
Historique des recensements | |||
Ann. | Pop. | %± | |
---|---|---|---|
1810 | 17 242 | — | |
1820 | 27 176 | ▲ +57,62 % | |
1830 | 46 082 | ▲ +69,57 % | |
1840 | 102 193 | ▲ +121,76 % | |
1850 | 116 375 | ▲ +13,88 % | |
1860 | 168 675 | ▲ +44,94 % | |
1870 | 191 418 | ▲ +13,48 % | |
1880 | 216 090 | ▲ +12,89 % | |
1890 | 242 039 | ▲ +12,01 % | |
1900 | 287 104 | ▲ +18,62 % | |
1910 | 339 075 | ▲ +18,1 % | |
1920 | 387 219 | ▲ +14,2 % | |
1930 | 458 762 | ▲ +18,48 % | |
1940 | 494 537 | ▲ +7,8 % | |
1950 | 570 445 | ▲ +15,35 % | |
1960 | 627 525 | ▲ +10,01 % | |
1970 | 593 471 | ▼ −5,43 % | |
1980 | 557 515 | ▼ −6,06 % | |
1990 | 496 938 | ▼ −10,87 % | |
2000 | 484 674 | ▼ −2,47 % | |
2010 | 343 829 | ▼ −29,06 % | |
Est. 2020 | 383 997 | ▲ +11,68 % | |
sources[30],[31] |
Évolution de la population
Après la fondation de la ville en 1718, la colonisation de la Louisiane ne fait pas recette, et le royaume la peuple en y mêlant forçats, « filles de la cassette » dotées par la Régence et « femmes de mauvaise vie »[32], dont l'Amiénoise Marie-Anne Lescau[33] qui inspirera lointainement le personnage de Manon Lescaut. Bien que John Law ait fait envoyer en Louisiane 7 000 personnes (dont 1 500 de force) entre 1717 et 1720, La Nouvelle-Orléans elle-même n'aurait encore compté que :
- 203 habitants en 1723 ;
- 893 habitants en 1726, dont 626 blancs et 267 esclaves ;
- 1 750 habitants (sans les militaires) en 1735, dont 799 blancs, 925 esclaves noirs et 26 esclaves autochtones[32].
Beaucoup de soldats en fin d'engagements s'installaient dans la colonie, d'autant que nombre d'entre eux avaient pris une épouse ou une maîtresse autochtone. Ils furent ainsi 1 500 entre 1731 et 1756, dont 1 000 pour La Nouvelle-Orléans[32].
À partir de 1755, de nombreux Acadiens (4 000 ?), chassés d'Acadie par le Grand dérangement, s'installent en Louisiane, surtout en Acadiane, mais aussi à La Nouvelle-Orléans, conduisant à un accroissement de sa population. Cadiens ou cajuns, ils seront pour beaucoup dans la perpétuation de la langue et de la culture française en Louisiane.
En 1803, lors de la vente de la Louisiane, la ville comptait entre 12 000 et 15 000 habitants[34].
En 1812, la population augmente considérablement, atteignant les 25 000 habitants en raison de l'arrivée massive de Français et de Créoles fuyant l'île de Saint-Domingue (l'ancienne colonie de Saint-Domingue devenue la république d'Haïti)[35].
En 1860, lors de la guerre de Sécession, La Nouvelle-Orléans est la sixième ville par importance des États-Unis. Avec 169 000 habitants, elle était la seule ville du Sud de plus de 100 000 habitants[36].
Sociologie
Groupe | Nouvelle-Orléans | Louisiane | États-Unis |
---|---|---|---|
Afro-Américains | 60,2 | 32,0 | 12,6 |
Blancs | 33,0 | 62,6 | 72,4 |
Asiatiques | 2,9 | 1,6 | 4,8 |
Autres | 1,9 | 1,6 | 6,4 |
Métis | 1,7 | 1,6 | 2,9 |
Amérindiens | 0,3 | 0,7 | 0,9 |
Total | 100 | 100 | 100 |
Latino-Américains | 5,3 | 4,2 | 16,7 |
La Nouvelle-Orléans est une des villes les moins riches des États-Unis. Elle compte l'une des plus importantes populations noires du pays (60 % des habitants de la ville).
Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 27,0 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (15,5 % au niveau national)[39]. Ce taux masque des inégalités importantes, puisqu'il est de 35,0 % pour les Afro-Américains et de 12,2 % pour les Blancs non hispaniques[39]. De plus 41,0 % des personnes de moins de 18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que 24,5 % des 18-64 ans et 16,2 % des plus de 65 ans vivent en dessous de ce taux[39].
Quand le taux national de la criminalité a diminué, celui des homicides a augmenté de manière significative à La Nouvelle-Orléans. Ainsi, une personne résidant à La Nouvelle-Orléans a dix fois plus de risque de se faire assassiner que l'Américain moyen. Le taux d'homicides y est supérieur à ceux d'autres villes plus grandes comme New York, Los Angeles ou Chicago.
Comme de nombreuses autres villes des États-Unis, La Nouvelle-Orléans est confrontée à la faillite de son système de retraites. Les retraites de ses ex-fonctionnaires ne sont désormais pas toujours payées[40].
Langues
Selon l'American Community Survey (en), pour la période 2011-2015, 90,89 % de la population âgée de plus de 5 ans déclarent parler l'anglais à la maison, 4,33 % déclarent parler l'espagnol, 1,78 % le vietnamien, 1,12 % le français, 0,31 % une langue chinoise, et 1,55 % une autre langue[41].