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Aire urbaine

Une aire urbaine (terminologie officielle française) est une notion utilisĂ©e en gĂ©ographie humaine, en urbanisme, en amĂ©nagement du territoire et dans d'autres disciplines. Elle reçoit des noms diffĂ©rents selon le pays ; ainsi est-elle appelĂ©e « rĂ©gion mĂ©tropolitaine » dans la nomenclature statistique du recensement canadien[1] ou encore « aire d'attraction d'une ville » depuis 2020 en France. Les dĂ©finitions et appellations d'une aire urbaine — zone d'attraction d'un pĂŽle urbain tissant des relations d'activitĂ© professionnelle, commerciale et administrative — varient selon les pays. L'aire urbaine peut ĂȘtre transfrontaliĂšre si elle s'Ă©tend sur plusieurs pays.

Banlieue ouest de Tokyo, Japon.

DĂ©finitions

Les instituts statistiques de nombreux pays définissent la ville ou l'urbain sur un ensemble variable de critÚres. Ils distinguent en général :

  • La commune, unitĂ© administrative, loin de toujours correspondre Ă  la rĂ©alitĂ© d'un regroupement humain - et qui peut ĂȘtre aussi bien urbaine que rurale ; la diffĂ©rence considĂ©rable de leur taille selon les pays et les rĂ©gions ne permet d'ailleurs pas d'utiliser la commune comme base d'analyse ou de comparaison ;
  • La communautĂ© de communes, regroupement administratif de communes pour des services ou intĂ©rĂȘts communs, avec les mĂȘmes rĂ©serves.
  • L'agglomĂ©ration, ou unitĂ© urbaine, fondĂ©e sur la continuitĂ© du bĂąti ;
  • L'aire urbaine, aire fonctionnelle fondĂ©e sur la mobilitĂ©, notamment les dĂ©placements domicile-travail, qui dessinent des bassins d'emploi[2], l'extension de ceux-ci pouvant toutefois ĂȘtre plus vaste ou plus Ă©troite que celle d'une aire urbaine.

Différences entre pays

Si on comprend bien qu'une des fonctions du regroupement en unitĂ©s urbaines est de fournir un cadre statistique aux politiques publiques, et donc peut diffĂ©rer d'un pays Ă  l'autre, il n'en va pas de mĂȘme de leur dĂ©finition du point de vue de la gĂ©ographie et plus gĂ©nĂ©ralement des sciences humaines : un objet scientifique se doit de viser Ă  une dĂ©finition universelle.

Il est actuellement difficile d'Ă©tablir des donnĂ©es comparables entre aires urbaines dans le monde, les dĂ©finitions et mĂ©thodes de calcul variant d'un pays Ă  l'autre. Ainsi, l'aire urbaine française peut ĂȘtre vue comme l'Ă©quivalent des metropolitan areas amĂ©ricaines, mais une urban area anglo-saxonne se rapproche plus d'une unitĂ© urbaine française. Qui plus est, les unitĂ©s de base sur lesquelles sont rĂ©alisĂ©s les calculs diffĂšrent : aux États-Unis, les comtĂ©s sont souvent utilisĂ©s, tandis qu'en France, les communes remplissent cet office, ce qui conduit Ă  un maillage plus fin.

Ces difficultés épistémologiques ont donné naissance au concept de zone urbaine élargie, dont l'objectif est d'harmoniser les données sur le plan international, et plus particuliÚrement au sein de l'Union européenne.

États-Unis d’AmĂ©rique

Carte des aires mĂ©tropolitaines aux États-Unis.

Les États-Unis utilisent le terme de metropolitan area (« aire mĂ©tropolitaine »), dont la dĂ©finition a variĂ© au cours des derniers recensements, mais qui englobe une agglomĂ©ration et les zones pĂ©riphĂ©riques qui lui sont liĂ©es du point de vue professionnel et commercial (notamment BosWash). Le terme urban area (littĂ©ralement « aire urbaine », urbanized area aux États-Unis) est Ă©galement utilisĂ© par plusieurs pays anglo-saxons mais il correspond Ă  l'unitĂ© urbaine française :

  • Aux États-Unis, il s'agit d'un groupe d'unitĂ©s de recensement d'une densitĂ© de population d'au moins 1 000 habitants par mile carrĂ© et les unitĂ©s adjacentes d'une densitĂ© d'au moins 500 habitants par mille carrĂ©.
  • En Australie, la densitĂ© minimale est fixĂ©e Ă  200 hab./km2.
  • Au Royaume-Uni, il s'agit de zones dont l'Ă©cart entre habitations ne dĂ©passe pas 200 m.

Canada

Au Canada, une rĂ©gion urbaine est un territoire ayant une population minimale de 1 000 habitants et une densitĂ© minimale de 400 hab./km2[3]. Si une rĂ©gion urbaine atteint 10 000 habitants, elle forme alors le noyau urbain d'une agglomĂ©ration de recensement et comprend alors les municipalitĂ©s voisines ayant un niveau d'intĂ©gration Ă©levĂ©. Si une agglomĂ©ration de recensement dĂ©passe 100 000 habitants et que son noyau urbain dĂ©passe 50 000 habitants, elle sera reconnue comme rĂ©gion mĂ©tropolitaine de recensement[4].

Colombie

La loi colombienne dĂ©finit depuis 1994 des aires mĂ©tropolitaines (ĂĄreas metropolitanas)[5]. Un critĂšre majeur de leur dĂ©finition est qu’une grande partie de ses habitants se dĂ©placent quotidiennement pour aller travailler dans le centre urbain. En thĂ©orie, cette dĂ©finition correspond assez bien Ă  celle d’une aire urbaine. En pratique, ce n’en est pourtant qu’une approximation trĂšs grossiĂšre :

  • il s’agit avant tout d’une communautĂ© de communes, regroupement administratif dĂ©positaire d’une autoritĂ© sur ses domaines de compĂ©tence (transports, etc.). C’est mĂȘme le second niveau administratif de l’organisation territoriale en milieu urbain, entre le dĂ©partement et la municipalitĂ© (municipio)[6] ;
  • les aires mĂ©tropolitaines sont dĂ©terminĂ©es dans le cadre une procĂ©dure prĂ©Ă©tablie, mais la dĂ©cision relĂšve des municipios qui peuvent ou non se regrouper[7] : ceux-ci s’entendent pour des raisons pratiques, et non dans une visĂ©e statistique ou de gĂ©ographie humaine, et il n’y a pas d’homogĂ©nĂ©itĂ© entre les diffĂ©rentes aires mĂ©tropolitaines ;
  • la crĂ©ation des aires mĂ©tropolitaines est pour la mĂȘme raison alĂ©atoire, elles ne sont pas dĂ©finies partout ; Ă  l’heure actuelle, six aires disposent d'ailleurs de la personnalitĂ© juridique (dont celle de Valle de AburrĂĄ, la plus ancienne et la plus importante), et dix-huit aires n’en disposent pas (dont celle de BogotĂĄ, ainsi que trois aires transfrontaliĂšres) ;
  • enfin, la taille des municipios colombiens (en moyenne 65 fois celle des communes françaises) rendrait nĂ©cessaire, pour dĂ©finir tant les aires urbaines que les unitĂ©s urbaines, de s’appuyer sur les unitĂ©s plus fines qui constituent tant leurs zones urbaines (comunas) que leurs zones rurales (corregimientos et veredas).

Autriche

En Autriche, depuis 1975, les Stadtregionen (rĂ©gions urbaines) sont constituĂ©es d'un pĂŽle central, appelĂ© Kernraum, regroupant 15 000 habitants au moins dans des zones dont l'Ă©cart entre habitations ne dĂ©passe pas 500 m, ainsi que les communes dont au moins 30 % de la population rĂ©sidente active travaille dans le pĂŽle central. On compte 39 rĂ©gions urbaines regroupant 5,2 millions d'habitants, soit 65,8 % de la population autrichienne en 2000.

France

En France, l'aire d'attraction d'une ville remplace l'ancien dĂ©coupage en aires urbaines. Cette derniĂšre Ă©tait, selon la dĂ©finition de l'Insee[8], un ensemble continu et sans enclave formĂ© par un pĂŽle urbain (unitĂ© urbaine offrant plus de 10 000 emplois) et par sa couronne pĂ©riurbaine, c'est-Ă -dire les communes dont 40 % de la population active y rĂ©sidant, travaille dans le pĂŽle urbain[9] ou dans une commune fortement attirĂ©e par celui-ci.

Portugal

Au Portugal, la tipologia de Áreas Urbanas, Ă©tablie en 1998 et appliquĂ©e depuis 2000 par l'Office statistique national (INE) et la Direction gĂ©nĂ©rale de l'AmĂ©nagement du territoire et DĂ©veloppement urbain (DGOTDU), Ă©tablit des « aires Ă  prĂ©dominance urbaine » (APU) sur la base des freguesias. Les APU sont dĂ©limitĂ©es sur des critĂšres minimaux de taille (5 000 habitants agglomĂ©rĂ©s), de densitĂ© (500 habitants par kilomĂštre carrĂ©) ou de croissance de la population de la freguesia, mais aussi selon les fonctions administratives de la localitĂ© ou son voisinage d'une autre freguesia urbaine. Les APU regroupent ainsi 68 % de la population portugaise.

Slovénie

En SlovĂ©nie, les aires urbaines regroupent depuis 2003 un pĂŽle urbain (mestna naselja), c'est-Ă -dire une ou plusieurs localitĂ©s sĂ©lectionnĂ©es en fonction de leur taille, de leur rĂŽle administratif et/ou d'un excĂšs d'emplois par-rapport au nombre des actifs rĂ©sidents, ainsi que des localitĂ©s sous influence urbaine (naselja en mestnih obmocjih), c'est-Ă -dire situĂ©es Ă  proximitĂ© d'un pĂŽle de 5 000 habitants et plus, avec une proportion de pendulaires significative et un nombre limitĂ© d'exploitations agricoles. On compte ainsi 104 aires urbaines regroupant 49,5 % de la population slovĂšne.

Notes et références

  1. John Miron, Habitations et Milieu de Vie: L’Évolution du logement au Canada, 1945-1986, McGill-Queen's Press - MQUP, (ISBN 9780773583511, lire en ligne), p. 321.
  2. Jean-Pierre Le GlĂ©au, Denise Pumain et ThĂ©rĂšse Saint-Julien, « Villes d'Europe : Ă  chaque pays sa dĂ©finition », Économie et statistique, vol. 294, no 1,‎ , p. 9–23 (DOI 10.3406/estat.1996.6079, lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. Dictionnaire de recensement de 2006 - Région urbaine, Statistiques Canada, consulté le .
  4. Dictionnaire de recensement de 2006 - Région métropolitaine de recensement et agglomération de recensement, Statistiques Canada, consulté le .
  5. Loi 128 du 23 février 1994, modifiée par la loi 1625 du 29 avril 2013.
  6. División político administrativa: Conceptos båsicos, DANE, lire en ligne, consulté le 14/10/2020.
  7. « Wayback Machine », sur elabedul.net, (consulté le ).
  8. DĂ©finition, sur le site de l'Insee.
  9. « Définition pÎle urbain Insee », sur insee.fr (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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