Domesticité
La domesticité est l'ensemble des employés affectés au service d'une personne ou d'une famille. Un travailleur domestique est une personne qui travaille dans le cadre de la résidence.
Les domestiques se distinguent des serfs ou esclaves des périodes historiques précédentes par le fait qu'ils reçoivent un traitement pour les tùches qu'ils accomplissent, ce qui se traduit par des émoluments ou un salaire régulier (ainsi que l'accÚs à une protection sociale, à la suite des réformes du monde du travail obtenues au XXe siÚcle). Ils sont également libres de quitter leur emploi lorsqu'ils le souhaitent, bien que leur condition sociale constitue un frein à cette mobilité. L'Organisation internationale du travail a adopté la Convention no 189 pour les travailleurs domestiques en juin 2011. Le 26 avril 2012, l'Uruguay était le premier pays à ratifier cette convention[1]. Le nombre de domestiques dans le monde a augmenté de 60 % entre 1995 et 2011, selon l'Organisation internationale du travail[2].
L'emploi de travailleurs domestiques s'est gĂ©nĂ©ralisĂ© dans la sociĂ©tĂ© bourgeoise du XIXe siĂšcle, oĂč un nombre considĂ©rable de « gens de maison » contribuait au niveau de vie et au raffinement des familles bourgeoises composant le capitalisme occidental. Cette remarque trouve un Ă©cho particulier dans l'Angleterre victorienne, qui avait codifiĂ© les rĂŽles des travailleurs domestiques, du simple serviteur au cuisinier, du palefrenier jusquâĂ la gouvernante ou au prĂ©cepteur. Cette rĂ©partition des rĂŽles Ă©tait hĂ©ritĂ©e de celle qui s'Ă©tait mise en place dans les travailleurs domestiques de la noblesse de cour ou de ville au XVIIe siĂšcle.
Histoire du travail domestique en France (et en Europe)
Sous lâAncien rĂ©gime en France, jusquâau XVIIIe siĂšcle, une famille aisĂ©e, noble ou bourgeoise, se doit dâentretenir une domesticitĂ©. Les immeubles dâhabitation sont quelquefois conçus pour faciliter leur activitĂ©, avec par exemple des escaliers dĂ©diĂ©s aux domestiques. Les emplois sont variĂ©s, Ă la fois masculins et fĂ©minins, avec une domesticitĂ© de maison, comme les femmes de chambre ou les valets, une domesticitĂ© dâentretien comme les cuisiniers ou les palefreniers, et mĂȘme une domesticitĂ© intellectuelle avec les secrĂ©taires particuliers, les intendants, les prĂ©cepteurs, les aumĂŽniers, etc. Un tassement de ce type dâemploi est constatĂ© au moment de la RĂ©volution française[3].
Mais au XIXe siĂšcle, la domesticitĂ© sâaccroĂźt Ă nouveau. Lâoffre sur ce type d'emploi devient plus importante avec lâurbanisation et lâimportance prise par la bourgeoisie dans les villes. Et les candidatures augmentent Ă©galement, avec un nombre croissant de jeunes femmes, et de jeunes hommes, quittant les zones rurales pour les villes. La prĂ©sence de domestiques dans un foyer reste considĂ©rĂ©e comme un signe de statut social Ă©levĂ© au sein de la sociĂ©tĂ© et de richesse[4].
Cette domesticitĂ© se fĂ©minise. Pour de nombreuses jeunes femmes, travailler comme bonne est un moyen dâaccĂ©der Ă une activitĂ© rĂ©munĂ©ratrice ne nĂ©cessitant ni formation, ni capital de dĂ©part propre. Ces jeunes femmes peuvent souhaiter aussi, initialement, Ă©chapper au contrĂŽle parental en menant une vie libre et indĂ©pendante dans une grande ville, et prĂ©parer un accĂšs Ă une condition meilleure. Ces jeunes filles habitent souvent dans la famille au service de laquelle elles travaillent, ce qui renforce leur dĂ©pendance et leur isolement. Câest la pĂ©riode, Ă Paris, durant laquelle se crĂ©ent les chambres de bonnes, avec des conditions de vie souvent scandaleuses[4].
Le roman Le Journal dâune femme de chambre, d'Octave Mirbeau, publiĂ© en 1900, Ă©voque cette condition de domestique : la narratrice, CĂ©lestine, est une « soubrette » dâorigine bretonne. De ses diffĂ©rents emplois et situations vĂ©cues, elle tire une conclusion sĂ©vĂšre et sans appel : « [S]i infĂąmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnĂȘtes gens. » Octave Mirbeau a souvent prĂ©sentĂ© dans ses Ćuvres des personnages de domestique et leur triste condition[5]. Les contrats de travail sont oraux ou particuliĂšrement dĂ©sĂ©quilibrĂ©s et les emplois peu stables sur les postes les moins qualifiĂ©s, remplacer une domestique Ă©tant relativement facile[4].
Au dĂ©but du XXe siĂšcle, un pays comme la France compte « prĂšs dâun million dâemplois de maison pour vingt millions dâactifs »[6]. Dans les annĂ©es 1950, en GrĂšce, environ une femme sur trois qui travaille fait partie du groupe des « gens de maison » ; ce qui Ă©tait le cas aux Ătats-Unis dans les annĂ©es 1920[6].
Au XXe siĂšcle, il y a de moins en moins de postes de domestique Ă pourvoir, et de moins en moins de candidats et de candidates pour ces emplois, au fil des dĂ©cennies. Dans les milieux bourgeois, on Ă©voque « la question de la domesticitĂ© », et plus prĂ©cisĂ©ment « la crise de la domesticitĂ© », ou comment faire sans. Cette « crise de la domesticitĂ© » favorise un Ă©quipement des mĂ©nages pour la pallier : machines Ă laver, matĂ©riel de repassage, matĂ©riels dâentretien, etc. La PremiĂšre Guerre mondiale, et le manque dâhommes disponibles sur le marchĂ© du travail (plusieurs gĂ©nĂ©rations masculines Ă©tant mobilisĂ©s sur le front), favorisent lâemploi de femmes, et lâouverture de mĂ©tiers Ă ces femmes, dans de nombreux secteurs : les bureaux, les commerces, les services, mais aussi lâindustrie. La diminution en nombre du personnel domestique se poursuit sans discontinuer jusquâĂ lâaprĂšs-Seconde Guerre mondiale. Seule la crise Ă©conomique des annĂ©es 1930 marque un ralentissement de cette tendance, dĂ» au retour sur le marchĂ© du travail de postulants pour ces emplois[4]. Le siĂšcle voit aussi le vivier de domestiques femmes s'Ă©largir d'abord Ă d'autres rĂ©gions rurales, puis, dans sa seconde moitiĂ©, Ă une main-dâĆuvre originaire d'autres pays[6]. Par ailleurs, aprĂšs la Seconde guerre mondiale, « modĂšle de la bonne hĂ©bergĂ©e au domicile de son employeur disparaĂźt rapidement » et une femme de mĂ©nage, par exemple, va avoir plusieurs employeurs diffĂ©rents en parallĂšle, avec chacun moins d'heures de travail qu'auparavant[6]. De plus, en ce qui concerne les femmes de mĂ©nage, cette seconde moitiĂ© du siĂšcle voit progresser le nombre de contrats informels, qui s'accompagne d'une rĂ©duction du nombre d'emplois dĂ©clarĂ©s[6]. Les annĂ©es 1990 en France voient les emplois liĂ©s Ă la domesticitĂ© recevoir des mesures de soutien par lâĂtat, dans un contexte de chĂŽmage de masse dans le pays[6].
Le vieillissement progressif de la population Ă la fin du XXe siĂšcle et au dĂ©but du XXIe siĂšcle marque Ă nouveau lâessor dâune demande en la matiĂšre. Cependant, ce sont souvent des femmes issues de lâimmigration qui proposent leurs compĂ©tences. Certains pays, comme la Belgique, optent pour des mesures de soutien au secteur, en abaissant les coĂ»ts pour les employeurs (par des rĂ©ductions fiscales, par exemple) ; tandis que dans d'autres pays, l'emploi de travailleurs et en particulier de travailleuses immigrantes, voire l'emploi non dĂ©clarĂ© permettent aux employeurs de ne pas beaucoup payer leur employĂ©[6]. MĂȘme si on tente de ne plus parler de domesticitĂ©, mais de « services Ă la personne », ce type dâemploi souffre dâun soupçon associĂ© Ă la condition des domestiques pendant des dĂ©cennies (avec des notions dâexploitation, de sous-qualification et de dĂ©sĂ©quilibre de la relation entre les employeurs et les salariĂ©s concernĂ©s). Martine Aubry, alors quâelle est ministre du Travail au dĂ©but des annĂ©es 1990, constate ainsi que dans lâesprit des demandeurs ou demandeuses dâemplois, « il y avait plus de subordination Ă s'occuper d'un couple de vieux que dans le fait de serrer des boulons sur une chaĂźne »[4] - [7].
Au XXIe siĂšcle, en ce qui concerne les services Ă la personne, apparaissent des distinctions entre deux grandes catĂ©gories : celle d'aide aux personnes (qui correspond aux soins envers des gens ĂągĂ©s et/ou dĂ©pendants, ou des enfants) et celle du confort (services permettant Ă une personne employeur d'Ă©viter les tĂąches telles que le mĂ©nage, etc.)[8] - [6]. Selon les pays, ces distinctions sont faites ou non dans les aides donnĂ©es par les Ătats : si les pays scandinaves scindent bien les deux catĂ©gories et aident les services d'aide Ă la personne (soin), ils n'aident pas ceux de confort ; les pays du sud europĂ©en, dont la France, ne distinguent pas ces catĂ©gories et aident le tout[6].
Travail domestique et culture par pays
Brésil
En avril 2013, le gouvernement de Dilma Rousseff fait adopter une loi afin de doter les domestiques du pays des mĂȘmes droits que les autres travailleurs. La loi reconnait dĂšs lors aux domestiques une durĂ©e maximale de travail de quarante-quatre heures par semaine avec paiement d'heures supplĂ©mentaires en cas de dĂ©passement, un salaire minimum, le droit de prendre des pauses, une couverture santĂ© et des indemnitĂ©s de licenciement. Toutefois, la loi a entrainĂ© un fort mĂ©contentement des maitres de maison qui ont pour certains licenciĂ© des domestiques[9].
Chili
Les familles chiliennes les plus riches, voire issues de la classe moyenne supĂ©rieure, ont couramment recours Ă des employĂ©s de maison Ă temps plein chez elles. DĂ©but 2020, environ 300 000 personnes travaillent comme employĂ©s de maison au Chili, dont plus de la moitiĂ© sans contrat, mais mĂȘme celles disposant d'un contrat ne bĂ©nĂ©ficient pas nĂ©cessairement de l'assurance chĂŽmage. Le Parlement rĂ©forme finalement la lĂ©gislation durant l'Ă©tĂ© 2020, rendant obligatoires les cotisations chĂŽmage, la pandĂ©mie de Covid-19 ayant dĂ©truit les emplois de 40 % des employĂ©s de maison[10].
CĂŽte d'Ivoire
Les travailleurs domestiques de CĂŽte d'Ivoire sont estimĂ©s Ă plusieurs centaines de milliers, essentiellement des femmes. Le secteur Ă©tant trĂšs peu rĂ©gulĂ©, il n'existe pas de statistiques officielles. Ils sont trĂšs souvent victimes de servitude, voire d'esclavage, et de violences. D'aprĂšs la juriste Sylvia Apata, consultante en droit des femmes, « Ce secteur nâest pas rĂ©glementĂ©, chacun fait ce quâil veut. Tout le monde profite du fait que ces femmes et ces filles ne connaissent pas leurs droits, elles sont piĂ©gĂ©es dans un purgatoire juridique. » La CĂŽte dâIvoire nâa en effet pas ratifiĂ© la convention C189 sur les travailleuses et travailleurs domestiques dĂ©fendue par lâOIT. Par consĂ©quent, le statut des travailleuses domestiques est thĂ©oriquement dĂ©fini par le Code de travail ivoirien, mais celui-ci reste peu respectĂ© par le patronat[11].
Le RĂ©seau ivoirien pour la dĂ©fense des droits de lâenfant et de la femme (Riddef) indique quâune travailleuse sur quatre est victime de violences sexuelles, et que plus dâun tiers dâentre elles (35 %) nâa droit Ă aucun jour de repos, Ă aucun salaire et subit, au quotidien, humiliations, sĂ©questrations et privations de nourriture. Si lâOrganisation internationale du travail (OIT) et les Nations unies qualifient ces situations de « servitude », les associations sur le terrain estiment qu'il s'agit dâesclavage moderne[11].
En outre, environ 25 % des travailleuses domestiques sont mineures. DĂ©scolarisĂ©es, ces filles viennent de zones rurales reculĂ©es du nord et de lâest du pays afin de travailler pour des familles plutĂŽt aisĂ©es, notamment de chefs d'entreprise. DâaprĂšs lâĂ©tude du Riddef, 80 % des employĂ©es de maison perçoivent 22 000 francs CFA par mois (soit 35 euros), ce qui ne reprĂ©sente que le tiers du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de CĂŽte dâIvoire[11].
Ătats-Unis
Aux Ătats-Unis, la proportion de femmes travaillant en qualitĂ© de domestique dĂ©crut fortement dans le dernier tiers du XIXe siĂšcle. En 1870, la profession occupait 50,1 % des femmes salariĂ©es, puis 29,4 % en 1900 et enfin 16,2 % en 1920[12]. La gĂ©nĂ©ralisation de l'eau-courante et du tout-Ă -l'Ă©gout, le dĂ©veloppement du chauffage central et la multiplication des appartements de taille plus rĂ©duite Ă destination d'une classe moyenne Ă©mergente expliquent pour une grande part le dĂ©clin de cette profession[13].
Guatemala
Les travailleuses domestiques sont selon les chiffres officiels prĂšs de 250 000, mais pourraient en rĂ©alitĂ© ĂȘtre le double. Le travail domestique est lâun seuls secteurs dâactivitĂ© concĂ©dĂ© aux femmes indigĂšnes, surreprĂ©sentĂ©es dans la profession. Victimes de violences, dâabus sexuels, payĂ©es parfois 50 dollars par mois (le salaire moyen est de 400 dollars au Guatemala) pour un travail de 5h du matin Ă 23h, souvent mineures, elles constituent une « caste invisible ». Le militantisme syndical est rendu difficile par le contexte politique du pays[14].
Inde
Les domestiques, souvent issus de castes inférieures, ne bénéficient d'aucune législation, d'aucuns droits spécifiques. Selon le Bureau des statistiques indiennes, leur nombre atteindrait quatre millions et demi (dont trois millions de femmes), mais les syndicats et organisations des droits humains les estiment à vingt millions. D'aprÚs le gouvernement indien, 3 511 employés de maison ont porté plainte en 2014 pour violences physiques contre leurs employeurs, mais des dizaines ou centaines de milliers d'entre eux n'osent pas saisir la justice[2].
Seules les violences les plus extrĂȘmes soulĂšvent une rĂ©action de l'opinion publique. En mars 2017, Ă Gurgaon, une employĂ©e de 17 ans aurait Ă©tĂ© jetĂ©e du balcon du onziĂšme Ă©tage d'une tour d'un complexe rĂ©sidentiel par son employeuse, Ă©pouse du vice-prĂ©sident de la branche indienne de Bank of America Merrill Lynch. La police locale retient lâhypothĂšse du suicide malgrĂ© des expertises mĂ©dicales relevant de nombreuses blessures au visage infligĂ©es par des coups. En juillet 2017, une rĂ©volte de domestiques se produit dans la banlieue de New Delhi aprĂšs la sĂ©questration d'une employĂ©e par ses employeurs[2].
Mexique
Les employĂ©es de maison mexicaines, en situation prĂ©caire et souvent exploitĂ©es par leurs patrons, ont Ă©tĂ© particuliĂšrement exposĂ©es Ă la pandĂ©mie de Covid-19 en 2020. DĂ©but aoĂ»t, les femmes au foyer et les domestiques reprĂ©sentaient prĂšs du quart des victimes mexicaines de la pandĂ©mie. « Au-delĂ des transports, les domestiques sâexposent aux contagions, en faisant les courses de leurs employeurs sur des marchĂ©s, par exemple », souligne le sociologue HĂ©ctor HernĂĄndez Bringas. La prĂ©caritĂ© constitue un facteur aggravant : ainsi 99 % des femmes de mĂ©nage nâont-elles ni contrat de travail ni couverture sociale[15].
Oman, KoweĂŻt et Ămirats arabes unis
La majorité des employées de maison dans les monarchies du Golfe sont asiatiques (Philippines, Sri Lanka, Inde). Toutefois, depuis que ces pays ont renforcé la protection de leurs citoyens travaillant à l'étranger, les employées africaines, principalement tanzaniennes, sont de plus en plus nombreuses dans le Golfe. L'écrasante majorité d'entre elles se voient confisquer leur passeport, et sont forcées à travailler jusqu'à 21 heures par jour sans bénéficier de congé.
Selon un rapport de 2017 sur leur condition : « Les travailleuses qui fuient des employeurs ou des agents qui les soumettent Ă des abus nous ont dit que la police ou leurs propres responsables d'ambassade les ont forcĂ©es Ă retourner (chez leur employeur) Elles disent ĂȘtre payĂ©es moins que ce qui a Ă©tĂ© promis, voire pas du tout, ĂȘtre forcĂ©es de manger de la nourriture avariĂ©e ou des restes, se faire crier dessus et ĂȘtre insultĂ©es quotidiennement, et ĂȘtre victimes d'abus physiques et sexuels de la part de leur employeur »[16].
Au Koweït, 93 % des domestiques se voient confisquer leur passeport par leur employeur, ce qui permet à celui-ci de restreindre leurs déplacements. Quelque 2 % sont victimes de sévices sexuels selon des estimations gouvernementales, un chiffre qui serait trÚs inférieur à la réalité[17].
Philippines
Les Philippines sont le pays qui connaĂźt le plus fort taux d'Ă©migration au monde, et sont le premier pays exportateur de main-d'Ćuvre, principalement des femmes domestiques[18]. En 2010, plus de 150 000 Philippines ont Ă©migrĂ© pour devenir domestiques en AmĂ©rique du Nord (41 %), au Proche-Orient (28 %) et en Asie (13 %)[19].
Travail domestique et migration
Le terme « travailleur migrant » dĂ©signe tout migrant international actuellement employĂ©, au chĂŽmage ou Ă la recherche dâun emploi dans son pays de rĂ©sidence actuel[20]. Ă lâĂ©chelle mondiale, les travailleurs domestiques migrants contribuent largement Ă la croissance Ă©conomique de leur pays dâorigine[21].
Depuis plusieurs siĂšcles, le travail domestique est au cĆur des flux migratoires. Selon les estimations de lâOrganisation internationale du travail, il y avait, en 2013, 11,5 millions de travailleurs domestiques migrants dans le monde[22]. Selon lâorganisation, environ 1 travailleur domestique sur 5 dans le monde est un travailleur migrant[23].
LâOIT a par ailleurs estimĂ© quâenviron 83% des travailleurs domestiques Ă©taient des femmes[24]. Pour certaines dâentre elles, le travail Ă lâĂ©tranger est la seule opportunitĂ© de trouver un travail et de subvenir aux besoins du foyer[25]. Les Ătats arabes font cependant figure dâexception puisque dans ces pays, la majoritĂ© des travailleurs domestiques sont des hommes. Si dans certains cas, lâimmigration peut ĂȘtre facteur dâĂ©mancipation et dâautonomisation pour les femmes, elles sont rĂ©guliĂšrement victimes dâabus, sont faiblement rĂ©munĂ©rĂ©es et ne bĂ©nĂ©ficient pas du temps de repos prĂ©vu par la lĂ©gislation nationale[26]. La difficultĂ© majeure rĂ©side dans lâapplication effective du droit du travail en vigueur.
ProblĂšmes liĂ©s Ă lâemploi de travailleurs domestiques migrants
La situation des travailleurs domestiques migrants est trĂšs souvent invisible puisque le lieu de travail est le domicile du particulier employeur, faisant se confondre la sphĂšre professionnelle et la sphĂšre privĂ©e. Les travailleurs domestiques vivent en effet dans lâintimitĂ© du cadre familial du particulier[27]. La protection de la vie privĂ©e et du domicile garantie par lâarticle 12 de la DĂ©claration universelle des droits de lâhomme et lâarticle 8 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des Droits de lâHomme et des libertĂ©s fondamentales font Ă©chec Ă toute ingĂ©rence dans le domicile du particulier. Le contrĂŽle par lâinspection du travail au sein du domicile est alors inopĂ©rant[28]. Le domicile du particulier employeur Ă©tant assimilĂ© au lieu de travail, le respect des dispositions du Code du travail sâavĂšre difficile Ă contrĂŽler.
LâOIT estime quâenviron 30% des travailleurs domestiques dans le monde sont exclus du champ dâapplication de la lĂ©gislation nationale du travail[29]. Les manquements concernent ainsi les jours de repos hebdomadaires, la durĂ©e du travail, le mode de rĂ©munĂ©ration ou encore le salaire minimum[30]. Cette mise Ă lâĂ©cart les rend particuliĂšrement vulnĂ©rables. La rĂ©tention des papiers dâidentitĂ© du travailleur domestique migrant par lâemployeur est une pratique frĂ©quente, aussi bien dans les pays occidentaux que dans les pays en voie de dĂ©veloppement[31]. Cet acte, qui porte directement atteinte aux droits et libertĂ©s fondamentaux de toute personne, contraint le travailleur domestique migrant Ă maintenir les liens contractuels qui le lient avec son employeur, sous peine dâĂȘtre en situation irrĂ©guliĂšre.
Mobilisation des travailleurs domestiques migrants Ă travers le monde
Au-delĂ de ce constat, il convient de prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© de la mobilisation syndicale et associative afin de faire appliquer le droit du travail national de façon uniforme pour ces personnes et pour le reste des travailleurs nationaux. La mobilisation dĂ©signe lâaction de rassembler des forces en vue de prĂ©parer une action concertĂ©e et atteindre un objectif commun. Afin dâĂȘtre effective et de dĂ©boucher sur un rĂ©sultat normatif, la mobilisation doit ĂȘtre mĂ©diatisĂ©e et visible[32].
Pour permettre cette mobilisation, de nombreuses associations et syndicats partout dans le monde tentent dâaller Ă la rencontre de ces femmes et de leur offrir un certain nombre dâinformations, notamment quant au droit du travail en vigueur dans le pays oĂč elles se trouvent. En pratique, cette rencontre sâavĂšre difficile Ă rĂ©aliser car la plupart des travailleuses domestiques migrantes hĂ©bergĂ©es par leur employeur sont isolĂ©es. Les organisations doivent alors faire preuve dâinnovation afin de rencontrer les travailleuses domestiques dans les lieux publics quâelles sont susceptibles de frĂ©quenter. Outre cette action Ă destination des salariĂ©es concernĂ©es, les syndicats se doivent Ă©galement dâinformer et de sensibiliser les employeurs.
Les droits et libertĂ©s fondamentaux garantissent la libertĂ© dâassociation et de rĂ©union, permettant ainsi la mobilisation de chacun. ProclamĂ©e par lâarticle 20 de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme, la libertĂ© de rĂ©union et dâassociation fait en effet partie des droits fondamentaux de tout citoyen. RatifiĂ©e par plus de 150 pays, la convention no 87 de lâOIT consacre de son cĂŽtĂ© la libertĂ© syndicale ainsi que la protection du droit syndical. Dans certains pays, la mobilisation collective est cependant limitĂ©e puisque lâaffiliation Ă un syndicat peut ĂȘtre illĂ©gale au regard du droit interne, bien que le ComitĂ© de lâOIT sur la LibertĂ© dâAssociation ait affirmĂ© le droit de tous les travailleurs, y compris ceux en situation irrĂ©guliĂšre, dâadhĂ©rer au syndicat de leur choix[33].
AdoptĂ©e par la ConfĂ©rence internationale du Travail en 1998, la DĂ©claration relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi oblige de surcroĂźt les Ătats membres, quâils aient ou non ratifiĂ© les conventions correspondantes, Ă respecter et Ă promouvoir les principes et droits universels Ă©noncĂ©s[34]. LâOrganisation internationale du travail souligne que « lâensemble des Membres [âŠ] ont lâobligation, du seul fait de leur appartenance Ă lâOrganisation, de respecter, promouvoir et rĂ©aliser, de bonne foi et conformĂ©ment Ă la Constitution, les principes concernant les droits fondamentaux qui sont lâobjet desdites conventions, Ă savoir :
a) la libertĂ© dâassociation et la reconnaissance effective du droit de nĂ©gociation collective
[âŠ] »
Les principes et droits fondamentaux qui sont Ă©noncĂ©s par la DĂ©claration ont pour objet de donner aux personnes la possibilitĂ© de « revendiquer librement et avec des chances Ă©gales leur juste participation aux richesses quâils ont contribuĂ© Ă crĂ©er, ainsi que de rĂ©aliser pleinement leur potentiel humain »[35].
Les rapports rendus sur lâapplication de la DĂ©claration de lâOIT de 1998 en 2007 et 2012 montrent par ailleurs que lâaction syndicale est essentielle pour dĂ©noncer et agir contre les violations des droits humains[36].
Afin de rendre le droit syndical effectif en France, diffĂ©rents mouvements sont venus en aide aux travailleurs domestiques migrants en leur permettant de jouir des mĂȘmes libertĂ©s et droits syndicaux, dâassociation et de nĂ©gociation collective que les autres travailleurs nationaux[37].
Dans dâautres cas, les organisations peuvent par exemple les aider Ă rĂ©cupĂ©rer leurs documents dâidentitĂ© qui ont Ă©tĂ© confisquĂ©s par leur employeur[38]. Cette tentative dâapproche sâavĂšre bien souvent difficile puisque les travailleuses domestiques sont fragilisĂ©es par lâemprise de leur employeur sur leur vie privĂ©e. Les actions ont donc souvent lieu a posteriori lorsque la rupture de la relation de travail est souhaitĂ©e par la travailleuse.
Mobilisation au niveau international
Au niveau international, lâONG Human Rights Watch[39] soutient les associations de travailleurs domestiques et recommande aux Ătats de lancer des campagnes dâinformation et des programmes dâacquisition de compĂ©tences, permettant de formaliser les emplois occupĂ©s par les travailleurs domestiques Ă travers le monde[40]. De plus, lâorganisation prĂ©conise une meilleure information et un meilleur accueil des travailleurs migrants Ă travers la mise en place dâun personnel adĂ©quat, un service dâaide et dâĂ©coute ou encore un accĂšs aux soins de santĂ©[41].
FondĂ© en 1997, le rĂ©seau WIEGO (Women in Informal Employment: Globalizing and Organizing)[42] est composĂ© dâorganisations de travailleurs informels et de professionnels de la recherche et du dĂ©veloppement. Le rĂ©seau a vocation Ă amĂ©liorer le statut des travailleuses pauvres de lâĂ©conomie informelle. WIEGO se mobilise afin de placer les travailleurs et les organisations de travailleurs au centre des politiques et des processus de dĂ©veloppement et dâidentifier les politiques, rĂšglements et pratiques qui conviennent Ă la gestion et Ă la rĂ©gie des modalitĂ©s dâemploi des travailleurs pauvres de lâĂ©conomie informelle. Lâorganisation supporte en particulier les femmes en situation Ă©conomique prĂ©caire en leur fournissant une information adĂ©quate, des connaissances et des outils mobilisables afin de faire valoir leurs droits[43].
La ConfĂ©dĂ©ration syndicale internationale (CSI)[44], porte-parole de lâensemble des travailleurs dans le monde, mĂšne de nombreuses actions Ă destination des Ătats pour garantir aux travailleurs domestiques les mĂȘmes droits que les autres travailleurs nationaux. Sa mission premiĂšre est de promouvoir et de dĂ©fendre les droits et les intĂ©rĂȘts des travailleurs au travers de la coopĂ©ration internationale entre les syndicats en menant des actions mondiales. Câest ainsi quâen 2012, elle a lancĂ© une campagne « 12 ratifications en 2012 » relative Ă la convention no 189 de lâOIT sur les travailleuses et travailleurs domestiques. Par le biais de cette mobilisation, elle est parvenue Ă encourager de nombreux Ătats Ă ratifier la convention. Depuis cette campagne, on estime en outre que plus de 20 000 travailleurs domestiques se sont syndiquĂ©s[45].
Alors que de nombreuses travailleuses domestiques sâorganisent localement, ce nâest quâen 2006, lors de la confĂ©rence internationale organisĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration syndicale des Pays-Bas, quâune organisation internationale dĂ©diĂ©e aux travailleurs domestiques a Ă©tĂ© initiĂ©e. Formellement crĂ©Ă©e en 2009, la FĂ©dĂ©ration internationale des travailleurs domestiques[46] regroupe plus de 60 adhĂ©rents (associations, syndicats, rĂ©seaux) issus de 53 pays diffĂ©rents. Cela reprĂ©sente environ 500 000 travailleurs domestiques. Le 1er mai 2010, jour de la journĂ©e internationale du travail, une action syndicale organisĂ©e par lâInternational Domestic Workers Federation a eu lieu. Cette mobilisation visait Ă faire ratifier par les pays encore rĂ©fractaires la convention no 189 de lâOIT.
Actuellement, seuls 24 pays ont ratifiĂ© la convention no 189 de lâOIT[47]. On constate une trĂšs faible implication des pays europĂ©ens, et notamment de la France, dans cette perspective.
La crĂ©ation de la FĂ©dĂ©ration internationale des travailleurs domestiques tĂ©moigne, Ă lâopposĂ© de la volontĂ© Ă©tatique, de la montĂ©e en puissance de la mobilisation de ces travailleurs longtemps exclus du champ dâapplication de la lĂ©gislation en matiĂšre de protection sociale ou de droit du travail.
Le CSI, ainsi que la FĂ©dĂ©ration internationale des travailleurs domestiques, contribuent au succĂšs des rĂ©formes juridiques et Ă lâorganisation des travailleurs domestiques en associations ou syndicats[48].
En parallĂšle, le Programme de promotion du genre du BIT (GENPROM) a publiĂ© un guide dâinformation qui permet de prĂ©venir les risques dâexploitation dont pourraient ĂȘtre victimes les travailleuses migrantes. Cette brochure doit Ă©galement permettre de mieux prĂ©parer les migrations des travailleuses en dĂ©taillant toutes les informations pratiques qui peuvent les aider Ă prĂ©parer leur installation dans le pays dâaccueil[49].
Mobilisation en Europe
Lâarticle 12 de la Charte des Droits Fondamentaux de lâUnion europĂ©enne reconnaĂźt aux travailleurs domestiques migrants la libertĂ© de rĂ©union et dâassociation[50].
De plus, lâarticle 13 de la Directive 2009/54/CE impose aux Ătats membres de lâUnion europĂ©enne de prĂ©voir des mĂ©canismes efficaces par lesquels les travailleurs migrants irrĂ©guliers peuvent dĂ©poser une plainte contre leurs employeurs[51].
RĂ©seau R.E.S.P.E.C.T
Comme au niveau international, lâUnion europĂ©enne comprend un grand nombre de travailleurs domestiques migrants. Ă ce titre, un rĂ©seau europĂ©en - dĂ©nommĂ© âR.E.S.P.E.C.Tâ[52] - a Ă©tĂ© fondĂ© en 1998. Il rĂ©unit des organisations crĂ©Ă©es par les migrants, des organisations de soutien aux migrants, des syndicats ainsi que des organisations non-gouvernementales (ONG) qui Ćuvrent pour les droits des travailleurs domestiques migrants dans les pays de lâUnion europĂ©enne.
Le but du rĂ©seau R.E.S.P.E.C.T est dâamĂ©liorer la situation juridique, Ă©conomique et sociale des travailleurs employĂ©s dans le secteur domestique privĂ©. De ce fait, il a notamment pour mission de :
- DĂ©velopper lâautonomie des travailleurs domestiques ainsi que leur facultĂ© de sâorganiser
- Aider les syndicats ou autres organisations à faire campagne et faire pression pour défendre leurs droits.
Afin de rĂ©pondre Ă ces missions, ce rĂ©seau privilĂ©gie la collaboration avec les syndicats nationaux. Ceci a permis au rĂ©seau R.E.S.P.E.C.T dâamĂ©liorer la lĂ©gislation du travail des travailleurs domestiques migrants notamment au Royaume-Uni, en GrĂšce, en Espagne, en Italie ou encore en Irlande.
Le rĂ©seau R.E.S.P.E.C.T a Ă©galement proposĂ© lâĂ©laboration dâune Charte des droits des travailleuses immigrĂ©es employĂ©es de maison. Cette Charte permettrait dâinciter les Ătats membres Ă reconnaĂźtre la dignitĂ© des travailleuses domestiques, notamment en assurant lâaccĂšs Ă leurs droits (par exemple, le droit Ă un statut dâimmigration, droit Ă un statut qui ne lie pas lâemployĂ©e Ă son employeur, droit de voyager librement, ou encore le droit de sâaffilier Ă un syndicat ou Ă une association).
Confédération européenne des syndicats (CES)[53]
CrĂ©Ă©e en 1973, la ConfĂ©dĂ©ration europĂ©enne des syndicats comprend 82 organisations syndicales prĂ©sentes dans 36 pays europĂ©ens. Elle dĂ©fend les intĂ©rĂȘts de tous les travailleurs.
En 2005, la CES a organisĂ© une confĂ©rence internationale intitulĂ©e âSortir de lâombre : Organiser et protĂ©ger les travailleurs domestiques en Europe : Le rĂŽle des syndicatsâ[54] afin dâoffrir un cadre juridique Ă tout employĂ© de maison.
La CES promeut Ă©galement le RĂ©seau UnionMigrantNet[55] qui vise Ă dĂ©fendre les droits collectifs et individuels des travailleurs mobiles notamment en encourageant lâadhĂ©sion syndicale des migrants.
De plus, la CES sâest associĂ©e Ă la ConfĂ©dĂ©ration syndicale internationale dans une campagne â12 by 12â visant Ă inciter 12 nouveaux Ătats Ă ratifier de la convention no 189 de lâOIT.
Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)[56]
LâOrganisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe lutte activement contre la traite des ĂȘtres humains. Quatre piliers fondent cette mission :
- La prévention (sensibilisation et lutte contre les causes profondes)
- Les poursuites (enquĂȘtes et coopĂ©ration avec organismes internationaux chargĂ©s de lâapplication de la loi)
- La protection des droits des victimes (assistance et indemnisation)
- Les partenariats (renforcement de la coopération notamment avec les organisations internationales).
Ă ce titre, lâOSCE a crĂ©Ă© en 2003 le Bureau et le poste de ReprĂ©sentant spĂ©cial et Coordinateur pour la lutte contre la traite des ĂȘtres humains. Ceci vise Ă aider les Ătats participants Ă Ă©laborer et appliquer des politiques efficaces, notamment sur la traite Ă des fins de servitude domestique.
Mobilisations régionales
CrĂ©Ă©e en 1988 en Colombie, la ConfederaciĂłn Latinoamericana y del Caribe de Trabajadoras del Hogar (CONLACTRAHO)[57] rĂ©unit 7 pays latino-amĂ©ricains : Argentine, Bolivie, BrĂ©sil, Colombie, Costa Rica, Chili, et le Guatemala et plus de 13 organisations de travailleurs migrants Ă travers le monde. Il sâagit dâune association dont la mission principale consiste Ă conseiller les travailleuses domestiques en AmĂ©rique latine et dans les CaraĂŻbes. Cette organisation, crĂ©Ă©e par et pour les femmes exerçant un travail domestique, promeut lâamĂ©lioration des conditions de vie des travailleuses par le biais dâactions de formation, de conseil. Elle agit Ă©galement en dĂ©fense des intĂ©rĂȘts et des droits des travailleuses domestiques migrantes devant les tribunaux nationaux. La majoritĂ© des membres de lâassociation sont dâanciennes travailleuses domestiques.
La CONLACTRAHO sâattache Ă©galement Ă renforcer la collaboration avec les syndicats en leur apportant notamment un soutien en matiĂšre de sensibilisation politique.
En Asie, lors de la confĂ©rence Migrant forum in Asia de 2008, sâest formĂ© lâun des plus importants rassemblement dâorganisations venant en aide aux travailleurs domestiques migrants. Il sâagit de lâAsia Migrant Domestic Workers' Alliance (ADWA)[58]. Lâune des missions principales de cette organisation est de promouvoir les droits, lâaide sociale ainsi que lâĂ©mancipation des travailleuses domestiques migrantes. Pour ce faire, lâADWA mĂšne des campagnes en vue de faire reconnaĂźtre le travail domestique comme un vĂ©ritable travail et de faire appliquer la convention no 189 de lâOIT. En parallĂšle, lâAsian Domestic Workers Network[59] regroupe plus gĂ©nĂ©ralement les intĂ©rĂȘts de toutes les travailleuses domestiques de la rĂ©gion Asie-Pacifique, quâelles soient immigrĂ©es ou non.
Mobilisations par pays
Câest davantage au sein des Ătats quâune rĂ©elle mobilisation se rĂ©alise. Dans plusieurs pays, les campagnes et mobilisations publiques organisĂ©es par des Organisations non-gouvernementales et certains syndicats sont devenues un moyen clĂ© de revendication des droits des travailleurs domestiques migrants. Ceci permet aussi dâinformer ces travailleurs domestiques de leurs droits quâils mĂ©connaissent souvent.
Afrique du Sud
En Afrique du Sud, le syndicat SADSAWU[60] a rĂ©ussi Ă syndiquer un nombre important de travailleurs domestiques sud-africains. Ce syndicat a permis aux travailleurs de se mobiliser et de dĂ©battre dans la rue. Lâorganisation tente de rencontrer les travailleuses domestiques migrantes dans les trains des banlieues pauvres, les supermarchĂ©s et autres lieux publics, mais aussi en faisant du porte-Ă -porte[61]. Dâimportantes avancĂ©es concernant lâassurance chĂŽmage ou encore le salaire minimum ont ainsi pu ĂȘtre obtenues grĂące Ă lâaction de ce syndicat[62].
Belgique
LâONG belge OR.C.A[63] est une organisation pour les travailleurs immigrĂ©s clandestins. Par ailleurs, lâOR.CA consacre, depuis 2009, une grande partie de son activitĂ© au personnel domestique (avec ou sans papiers).
Elle met, dâabord, Ă leur disposition un « Helpdesk » . En cas de diffĂ©rends avec leur employeur ou en cas de doutes sur leurs droits du travail, ils peuvent contacter lâOR.CA par tĂ©lĂ©phone, mail ou Facebook. De plus, lâONG organise des activitĂ©s tous les dimanches afin de suivre des cours de langue, une formation sur les droits du travail ou encore diverses activitĂ©s socioculturelles.
Brésil
Câest au BrĂ©sil quâest nĂ©e la premiĂšre forme dâorganisation de travailleuses domestiques en 1936, alors mĂȘme que le droit de sâorganiser collectivement nâest prĂ©vu que depuis 1988 par la constitution brĂ©silienne[64]. Certaines des associations formĂ©es dans les annĂ©es 1960 au BrĂ©sil sont progressivement devenues des syndicats, câest notamment le cas du Syndicat des travailleurs domestiques de la municipalitĂ© de Rio de Janeiro (STDRJ)[65]. Chaque annĂ©e, le STDRJ contribue efficacement Ă sensibiliser aux droits et Ă faciliter lâaccĂšs Ă la justice Ă environ 8 000 travailleurs domestiques. Le syndicat souffre cependant dâun faible nombre dâadhĂ©rents (environ une dizaine) et bĂ©nĂ©ficie dâun faible soutien financier, constituĂ© par les indemnitĂ©s obtenues en justice.
Chine
Actuellement, il y a environ 240 000 travailleurs domestiques immigrĂ©s qui sont syndiquĂ©s Ă Hong-Kong. Dans la rĂ©gion de Hong-Kong, les travailleurs domestiques indonĂ©siens se sont syndiquĂ©s par eux-mĂȘmes et ont formĂ© le Syndicat des travailleurs migrants de lâIndonĂ©sie (IMWU)[66]. Ce syndicat, en coopĂ©ration avec le Syndicat des travailleurs domestiques asiatiques (ADWU) a dĂ©posĂ© plus de 800 plaintes auprĂšs du dĂ©partement du travail pour protester contre lâinsuffisance des salaires entre 2004 et 2007. Le syndicat IMWU mĂšne en outre des actions en vue de conseiller, de former et de sensibiliser les travailleurs domestiques indonĂ©siens. La plupart des travailleurs ignorent en effet la lĂ©gislation dâHong-Kong. Par ses nombreuses actions, le syndicat a Ă©galement enjoint au gouvernement indonĂ©sien dâadopter une loi sur la protection des travailleurs migrants indonĂ©siens Ă lâĂ©tranger.
Le syndicat FADWU[67] de Hong-Kong, composĂ© Ă la fois de travailleurs domestiques migrants et locaux, met en Ćuvre des actions afin d'entrer en contact avec les travailleurs domestiques et les aide Ă sâorganiser entre eux[68].
Espagne
En Espagne, la loi organique no 8 du 22 dĂ©cembre 2000 interdisait aux migrants en situation irrĂ©guliĂšre de rejoindre un syndicat, de constituer une association ou de faire grĂšve[69]. Toutefois, ceci a Ă©tĂ© jugĂ© inconstitutionnel en novembre et dĂ©cembre 2007. Ainsi, la loi n° 2 du 11 dĂ©cembre 2009 a par la suite permis Ă tout migrant de jouir des mĂȘmes droits collectifs.
De plus, lâassociation espagnole SEDOAC (« Servicio DomĂ©stico Activo »)[70] regroupe des travailleuses domestiques de diffĂ©rentes nationalitĂ©s. Elle agit pour lâĂ©galitĂ© des droits (syndicaux, politiques, sociaux et civils) de toutes les employĂ©es de maison, migrantes ou non. Ă ce titre, elle participe Ă de nombreuses manifestations, et effectue diverses actions de visibilitĂ© et de sensibilisation auprĂšs de la sociĂ©tĂ© et du gouvernement espagnol.
Ătats-Unis
FondĂ©e en 2007, lâorganisation National Domestic Workers Alliance (en) (NDWA)[71] crĂ©Ă©e par et pour les travailleuses domestiques est leur porte-parole. Elle lutte notamment contre les discriminations fondĂ©es sur la nationalitĂ© de ces femmes par des campagnes et des actions de mobilisation. Elle promeut en outre le respect de la dignitĂ© et la reconnaissance de la profession[72].
Depuis 2000, lâorganisation Domestic Workers United (DWU)[73], siĂ©geant Ă New-York, rassemble les femmes originaires des CaraĂŻbes, du continent africain ou encore dâAmĂ©rique latine qui sont employĂ©es en tant que travailleuses domestiques. Lâorganisation va Ă la rencontre de ces travailleuses dans les parcs ou les transports publics en repĂ©rant les personnes avec des poussettes[74]. Il est Ă©galement envisageable dâaller Ă leur rencontre dĂšs leur arrivĂ©e dans les aĂ©roports. Lâorganisation DWU met en outre un service concret dâaide en matiĂšre de santĂ© Ă leur disposition. La DWU a dâailleurs Ă©tĂ© lâun des membres fondateurs de la NDWA (supra).
France
Le dĂ©cret de 1848 sur le suffrage universel reconnait aux domestiques (hommes) le droit de vote, mais sans leur accorder le droit d'Ă©ligibilitĂ© ni le droit dâĂȘtre jurĂ©[6].
à Paris, dans les années 1960, les femmes domestiques sont souvent d'origine espagnole[75] - [76].
La France nâa pas ratifiĂ© la convention no 189 de lâOIT sur les travailleuses et travailleurs domestiques.
Les manifestations
De 2007 à 2011, de nombreuses mobilisations ont eu lieu en France pour défendre les travailleurs et travailleuses sans-papier.
Il y a notamment eu les manifestations suivantes :
- Manifestation du 21 décembre 2007[77]
- Manifestations en 2008
En 2008, de nombreuses grĂšves menĂ©es par des travailleurs Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre furent lancĂ©es en France, notamment sous lâimpulsion du syndicat ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail et de lâassociation Droits devant !!. Ce mouvement a durĂ© prĂšs de 9 mois. Il comprenait environ 6 000 travailleurs sans-papier, dont 250 travailleurs domestiques.
- Manifestation du 7 mars 2009 pour le droit des femmes, et notamment la régularisation des travailleuses sans-papier[78].
- Manifestation du 29 novembre 2009[79]
- Manifestation du 13 février 2010[80]
ConcrĂštement, aucune manifestation pour dĂ©fendre directement les droits des travailleurs domestiques nâavait eu lieu en France. Toutefois, le 17 juin 2017, au lendemain de la journĂ©e mondiale des travailleuses domestiques, une manifestation pour ces travailleurs a eu lieu sur la place du TrocadĂ©ro[81]. Cinq organisations syndicales et associations ont appelĂ© Ă rejoindre ce mouvement[82] afin que la France ratifie la convention n° 189 de lâOIT.
Organisations
La France comporte divers groupements pouvant apporter leur soutien aux travailleurs domestiques migrants.
- Association Amicale dâAuxiliaire Parentale et Humanitaire (AAPH)[83]
Il sâagit dâun regroupement dâentraide et de solidaritĂ© entre les auxiliaires parentales.
Fondée en 1995, cette association se mobilise activement pour régulariser la situation des personnes sans-papiers. à la suite des grÚves des travailleurs sans-papiers de 2008, Droits devant !! mÚne une campagne[85] pour dénoncer les abus subis par ces salariés, notamment en collaboration avec le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV 94) et la (CSP93[86]). Cette campagne porte le nom suivant : « Contre le travail dissimulé, régularisation de tous les sans-papiers ».
Cette association a, Ă ce titre, menĂ© de nombreuses manifestations afin de sensibiliser lâadministration et le gouvernement français, les ambassades et consulats des pays dâorigine des sans-papiers aux abus subis notamment par les travailleurs domestiques migrants. Ces actions ont permis la rĂ©gularisation de centaines de milliers de personnes.
- La Confédération générale du travail :
- FĂ©dĂ©ration CGT Commerce et services[87] : la FĂ©dĂ©ration est lâune des organisations Ă lâinitiative du mouvement du 17 juin 2017 Ă Paris, visant Ă interpeller les pouvoirs publics sur les droits des travailleuses domestiques et sur la ratification de la convention n° 189 de lâOIT.
- CGT Travail Emploi Formation Professionnelle[88] : ce syndicat participe Ă la campagne « Contre le travail dissimulĂ©, rĂ©gularisation de tous les sans-papiers! », notamment aux cĂŽtĂ©s des organisations Droits devant !! ou lâUnion des Philippins de France.
- La CFDT des salariés du particulier employeur[89]
Depuis 1965, ce syndicat des employĂ©s de maison agit activement pour dĂ©fendre les droits des travailleurs domestiques. Il a permis lâextension de la Convention collective des entreprises de services Ă la personne, le 30 avril 2014. Ce syndicat a Ă©galement obtenu des avancĂ©es majeures pour ces salariĂ©s, notamment sur leur retraite, prĂ©voyance et formation professionnelle.
De plus, la CFDT a crĂ©Ă© un guide dâinformation et dâaccueil des travailleurs migrants en France en 2012.
Aujourdâhui, il milite activement pour la ratification de la Convention no 189 de lâOIT sur les travailleurs domestiques par la France.
- Le ComitĂ© Contre lâEsclavage Moderne (CCEM)[90]
FondĂ© en 1994, le ComitĂ© Contre lâEsclavage Moderne lutte contre toute forme dâesclavage, de servitude et de traite des ĂȘtres humains Ă des fins dâexploitation par le travail. Il sâest rapidement spĂ©cialisĂ© dans les victimes dâesclavage domestique.
Depuis sa création, le CCEM a apporté son aide à plus de 500 travailleurs domestiques, en leur proposant un accompagnement :
- juridique (juristes et avocats),
- social (hébergement, suivi médical et psychologique, accompagnement socio-éducatif),
- et, administratif (accompagnement auprĂšs de tout service public).
Sur lâaccompagnement juridique, le ComitĂ© est omniprĂ©sent. Il a en effet permis la condamnation de nombreux particuliers (auprĂšs des juridictions françaises ou de la Cour europĂ©enne des droits de lâhomme[91]) pour traite des ĂȘtres humains Ă des fins dâexploitation domestique[92].
Aux cÎtés de ces accompagnements, ses activités comprennent également la mobilisation, la sensibilisation et la formation.
- Le RAJFIRE[93]
CrĂ©Ă© en 1998, le RĂ©seau pour lâautonomie des femmes immigrĂ©es et rĂ©fugiĂ©es est un collectif fĂ©ministe qui lutte pour les droits des femmes Ă©trangĂšres, immigrĂ©es, demandeuses dâasile ou rĂ©fugiĂ©es. Il est situĂ© Ă la Maison des femmes de Paris. En partenariat avec le Collectif ADFEM[94], il Ćuvre notamment pour la rĂ©gularisation des femmes sans-papiers ainsi que lâapplication du droit du travail en effectuant des permanences juridiques et sociales.
- Peuples Solidaires - ActionAid France[95]
Depuis 1971, lâOrganisation non-gouvernementale ActionAid France Ćuvre au service de la solidaritĂ© internationale. ComposĂ©e de militantes bĂ©nĂ©voles, elle soutient notamment la dignitĂ© au travail et le droit des femmes. Ainsi, elle accorde une attention particuliĂšre aux travailleuses domestiques (publication dâinfographie, communiquĂ©s de presse, et sa participation Ă de nombreuses manifestations).
Ce syndicat permet aux travailleurs domestiques dâĂȘtre renseignĂ©s de leurs droits en organisant de nombreuses permanences juridiques, et de les dĂ©fendre en cas de litige avec leur employeur.
Irlande
Lâorganisation « Migrant Rights Centre Ireland » (MRCI)[97] Ćuvre pour la promotion de la justice, lâautonomisation et lâĂ©galitĂ© des migrants et de leurs familles.
En son sein, un Groupe dâAction pour les Travailleurs Domestiques, fondĂ© en 2003, comprend plusieurs centaines dâemployĂ©s de maison. Ce Groupe dâAction a rĂ©alisĂ© de nombreuses campagnes qui ont notamment engendrĂ©es la ratification de la Convention no 189 de lâOIT par le gouvernement irlandais. De plus, ce Groupe dâAction milite activement pour instaurer des inspections dans le secteur des foyers privĂ©s.
Liban et Arabie Saoudite
Au Liban et en Arabie Saoudite, la domination des travailleuses domestiques migrantes est renforcĂ©e par le systĂšme de « Kafala » (tutelle)[98]. Cette tutelle place la travailleuse en situation dâinfĂ©rioritĂ© par rapport Ă son employeur qui confisque ses documents dâidentitĂ©, restreignant ainsi ses possibilitĂ©s de mobilitĂ© et la conduisant Ă une situation dâisolement complet au domicile. Si elles venaient Ă rompre la relation de travail, elles se trouveraient dans une situation dâillĂ©galitĂ©, puisque seuls les employeurs ont le contrĂŽle sur le visa des travailleuses domestiques.
Ainsi, au Liban, le Migrant Workers Task Force[99] (MWTF) a menĂ© une campagne contre cette pratique du « Kafala ». Il sâagit dâune organisation bĂ©nĂ©vole locale qui milite pour lâamĂ©lioration de la situation des travailleurs domestiques migrants. Le MWTF propose notamment des cours de langues, dâinformatique, de cuisine ou encore de sensibilisation Ă la santĂ©. Cependant, ces cours sont uniquement dispensĂ©s le dimanche (unique jour de repos).
Lâorganisation libanaise anti-exploitation KAFA[100] Ćuvre Ă©galement activement, depuis 2005, contre lâexploitation et la traite des femmes, en particulier chez les travailleurs domestiques migrantes.
« Ils nous traitent comme des animaux. Nous ne sommes pas des prisonniers. Certains travailleurs sont enfermés et ne sont pas autorisés à quitter la maison pendant des années ».
« Le systÚme du Kafala tue un travailleur domestique chaque semaine ».
FondĂ©e en 2016, lâAssociation de DĂ©fense des Droits des Africains au Moyen-Orient (ADDAMO)[101] a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e pour dĂ©fendre les travailleurs migrants se trouvant notamment au Liban, et en Arabie Saoudite.
Toutefois, la mobilisation en Arabie Saoudite demeure quasi impossible. Il nâexiste dâailleurs pas de syndicats dans ce pays, seulement des comitĂ©s de travailleurs car le droit syndical n'y est pas reconnu[102].
Mexique
Au Mexique, prĂšs de 2,24 millions de personnes sont employĂ©es en tant que travailleurs domestiques. Cependant, 98 % de ces employĂ©s de maison ne bĂ©nĂ©ficient dâaucune protection sociale[103].
De ce fait, un RĂ©seau national des travailleurs domestiques[104] a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2006 afin quâils puissent bĂ©nĂ©ficier dâun travail dĂ©cent. Il a pour objectif la dĂ©fense des droits syndicaux, humains, culturels et collectifs.
Cinq organisations font partie de ce RĂ©seau :
- Centre de soutien aux travailleurs domestiques intitulĂ© el Centro de Apoyo a la Trabajadora DomĂ©stica (CATDA AC) : dans lâĂtat de Morelos, cette organisation de femmes fĂ©ministes dans la dĂ©fense des droits humains des femmes et des droits du travail des travailleurs domestiques ;
- Colectivo Atabal AC : fondé en 1987 à Mexico, cette organisation vise à former ces travailleurs aux droits du travail ;
- Le RĂ©seau de travailleuses de la maison de Guerrero ;
- Mixe Xaam Cultural Expression : depuis 1995, cette organisation Ćuvre pour les droits des femmes migrantes provenant de divers Ătats de la RĂ©publique du Mexique ;
- Le Collectif des employés de maison des Altos de Chiapas intitulé CEDACH AC.
De plus, un Syndicat national des travailleurs domestiques intitulé Sinacttraho a été créé en 2015[105] par Marcelina Bautista. En 2017, il a mené une campagne visant à formaliser le travail domestique et à promouvoir la négociation collective[106].
PĂ©rou
CrĂ©Ă© en 2008, SINTTRAHOL[107] est un syndicat pĂ©ruvien autonome qui dĂ©fend les droits des travailleurs domestiques et combat les discriminations, lâexploitation et la violation de la lĂ©gislation en matiĂšre de droit du travail dont ils sont victimes[61].
Portugal
Lâassociation SOLIM (« Solidariedade Imigrante »)[108] Ćuvre, depuis 2001, pour la dĂ©fense des droits des migrants.
Une grande partie de ses missions sont consacrĂ©es aux femmes immigrĂ©es, dont la majoritĂ© sont des travailleuses domestiques. DĂšs 2006, cette association a menĂ© le projet « Immigrant Women and Domestic Work », dont lâobjectif Ă©tait de soutenir ces employĂ©es de maison notamment via la diffusion dâinformations et un soutien psychologique.
En 2009, lâassociation SOLIM a soutenu un nouveau projet intitulĂ© « GAMI ». Il sâagit dâun groupe de soutien aux femmes migrantes. Ce projet Ćuvre davantage sur la protection juridique et sociale des travailleuses domestiques. Il leur permet Ă©galement de sâexprimer de maniĂšre autonome et indĂ©pendante. De plus, ce projet a entraĂźnĂ© la publication en 2012 dâune brochure intitulĂ©e « Droits et devoirs dans le travail domestique » afin dâinformer ces employĂ©es.
Suisse
Depuis 2013[109], une campagne nationale dĂ©nommĂ©e « Aucune employĂ©e de maison nâest illĂ©gale » a Ă©tĂ© lancĂ©e pour la rĂ©gularisation des employĂ©s domestiques sans-papiers. En effet, environ 40 000 employĂ©es de maison seraient sans statut lĂ©gal en Suisse[110].
Ce mouvement a Ă©mergĂ© de lâassociation « Valoriser le travail domestique - rĂ©gulariser les sans-papiers ». Une trentaine dâorganisations adhĂ©rentes, la participation dâun grand nombre de personnalitĂ©s ainsi que de nombreuses campagnes cantonales mĂ©diatisĂ©es ont permis lâobtention de 21 875 signatures pour une pĂ©tition prĂ©sentĂ©e au Conseil FĂ©dĂ©ral.
En 2017, la brochure de ce mouvement a été publié par la Plateforme des sans-papiers[111].
Parmi les autres organisations participant Ă ce mouvement, deux jouent Ă©galement un rĂŽle majeur dans le secteur des travailleurs domestiques.
Dâune part, le Contact Centre Swiss Immigrants (CCSI)[112] est une association Ă but non lucratif. Elle dĂ©fend les droits des personnes migrantes, quelle que soit leur nationalitĂ© dâorigine.
Dâautre part, le Syndicat Interprofessionnel des Travailleuses et travailleurs (SIT)[113] effectue de nombreux communiquĂ©s sur les travailleurs domestiques et dĂ©fend de nombreux employĂ©s sans-papiers.
Représentations dans la culture
Romans et piÚces de théùtre
- Les Fourberies de Scapin, de MoliĂšre, 1671.
- Instructions aux domestiques, de Jonathan Swift, 1745.
- Mémoires d'un valet de pied (The Yellowplush Papers), de William Makepeace Thackeray, 1837 ; trad. rééd. Autrement, 1995 ; Ombres, 2007.
- Ruy Blas, de Victor Hugo, 1838.
- Jeanne, de George Sand, 1844.
- Martin l'enfant trouvé ou Mémoires d'un valet de chambre, d'EugÚne Sue, 1846-1847.
- Germinie Lacerteux, de Jules de Goncourt et Edmond de Goncourt, 1865.
- Pot-Bouille, d'Ămile Zola, 1882.
- Le Journal d'une femme de chambre, d'Octave Mirbeau, 1900.
- Jeeves, série de romans de Pelham Grenville Wodehouse, 1919-1974.
- Rebecca de Daphne du Maurier, 1938.
- Les Bonnes, de Jean Genet, 1947.
- The Servant, de Robin Maugham, 1948.
- Pipes de terre et pipes de porcelaine, souvenirs d'une femme de chambre en Suisse romande de 1920 Ă 1940, de Madelaine Lamouille en 1978[114].
- Grosse et bĂȘte, autobiographie d'une domestique de 1946 Ă 1952 en Suisse alĂ©manique, de Rosemarie Buri, en 1990[115].
- Dolores Claiborne, de Stephen King, 1992-1993 ; adapté au cinéma en 1995.
- La Couleur des sentiments (The Help), roman de Kathryn Stockett, 2009.
- Belgravia, de Julian Fellowes, 2016, Paris, Ă©ditions Jean-Claude LattĂšs (ISBN 978-2-286-13432-7).
Romans graphiques et bandes dessinées
- BĂ©cassine, par la scĂ©nariste Jacqueline RiviĂšre et le dessinateur Ămile-Joseph-Porphyre Pinchon, 1905 ; sera adaptĂ©e au cinĂ©ma en 1940, 2011 et 2018.
- Emma, manga de Mori Kaoru, dont le premier tome sort en 2002.
Films
- L'Extravagant Mr Ruggles de Leo McCarey (1935) avec Charles Laughton.
- La RĂšgle du jeu de Jean Renoir (1939), une peinture de mĆurs de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie ainsi que des domestiques qui les servent.
- Rebecca d'Alfred Hitchcock (1940). La gouvernante Mrs. Danvers ne supportant pas que la nouvelle épouse de Maxim de Winter, remplace l'ancienne maßtresse de maison qu'elle vénérait et qui est décédée.
- Umberto D., de Vittorio De Sica (1952). Maria, la servante de la pension oĂč vit Umberto D., interprĂ©tĂ©e par Maria-Pia Casilio. RĂŽle secondaire, mais l'un des plus reprĂ©sentatifs de la vie de domestique Ă cette Ă©poque.
- La Servante, de Kim Ki-young (1960). Myeong-sook, domestique à la personnalité trouble.
- The Servant, film de Joseph Losey (1963) qui décrit les relations inquiétantes entre un aristocrate et son valet interprété par Dirk Bogarde.
- Le Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel (1964) â adaptation du cĂ©lĂšbre roman d'Octave Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre â avec Jeanne Moreau dans le rĂŽle de la femme de chambre CĂ©lestine.
- La Folie des grandeurs, de Gérard Oury (1971), Blaze et Don Salluste. « Il est l'or, l'or de se réveiller... ».
- Les Petites Fugues, film d'Yves Yersin (1979), qui relate les fugues du vieux valet de ferme Pipe.
- Moi et Caterina, (Io e Caterina) d'Alberto Sordi (1980). L'homme d'affaires Enrico Melotti fait l'acquisition d'un humanoïde à l'apparence d'une domestique pour s'occuper de son intérieur, mais peu à peu Caterina fait preuve de sentiments.
- Le Festin de Babette de Gabriel Axel (1987). Le repas français de Babette pour les convives danois des deux sĆurs pour qui elle travaille.
- Tatie Danielle d'Ătienne Chatiliez (1990). Odile puis Sandrine tourmentĂ©es par l'acariĂątre Tatie Danielle.
- Les Vestiges du jour de James Ivory (1993) : avec Anthony Hopkins (le majordome M. Stevens) et Emma Thompson (la gouvernante Miss Kenton).
- Madame Doubtfire de Chris Columbus (1993). Un pĂšre se fait passer pour une gouvernante pour voir ses enfants chez son ex-femme.
- La Cérémonie, de Claude Chabrol (1995) avec Sandrine Bonnaire dans le rÎle d'une bonne à tout faire manipulée.
- Jane Eyre de Franco Zeffirelli (1996) (adaptation du roman de Charlotte Brontë) avec Charlotte Gainsbourg dans le rÎle de la gouvernante Jane Eyre.
- Les Blessures assassines de Jean-Pierre Denis (2000), avec Sylvie Testud dans le rĂŽle d'une des sĆurs Papin.
- Gosford Park de Robert Altman (2001), avec Helen Mirren dans le rĂŽle de l'intendante Mrs. Wilson.
- La Jeune Fille Ă la perle de Peter Webber (2003) avec Scarlett Johansson.
- La Couleur des sentiments de Tate Taylor (2011)
- Les Femmes du 6e Ă©tage de Philippe Le Guay (2011) avec Fabrice Luchini et Natalia Verbeke.
- Le Majordome de Lee Daniels (2013) avec Forest Whitaker.
- Parasite de Bong Joon-ho (2019).
Séries télévisées
- MaĂźtres et Valets, de Jean Marsh et Eileen Atkins (1971-1975).
- Pour l'amour du risque, de Sidney Sheldon (1979-1984). Max et le couple intrépide Jonathan et Jennifer Hart.
- Madame est servie (1984-1992), créée par Martin Cohan et Blake Hunter, avec parmi les personnages principaux l'homme à tout faire Tony Micelli.
- Maguy de Jean-Guy Gingembre et Stéphane Barbier (1985-1994). Rose au service notamment de Maguy.
- Jeeves and Wooster, de Clive Exton (1990-1993).
- Le Prince de Bel-Air, d'Andy Borowitz et Susan Borowitz (1990-1996). Jeffrey, le majordome chez la famille Banks.
- Downton Abbey de Julian Fellowes (2010, 2011, 2012, 2013, 2014).
- Devious Maids de Marc Cherry (2013-2016). Quatre domestiques dâorigine hispanique Ă Beverly Hills.
- Une nounou d'enfer (1993-1999) avec les personnages de Fran Fine, nounou de la famille et personnage principal, et Niles, le majordome.
Notes et références
- IDWN.info, « Uruguay First Country to Ratify C189 ».
- « RĂ©volte des domestiques en Inde », Le Monde diplomatique,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Fabienne Pasau, « Ătre domestique au 18e siĂšcle, c'Ă©tait comment ? », RTBF,â (lire en ligne)
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- « La nouvelle brochure est enfin là : "Aucune employée de maison n'est illégale: droits, contexte, campagne" »,
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- MadeleineLamouille, Dictionnaire historique de la Suisse
- (de)Rosemarie Buri, Schweizer Radio und Fernsehen, 22.07.2014
Voir aussi
Bibliographie
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- Claude PetitfrĂšre, L'Ćil du maĂźtre : maĂźtres et serviteurs de l'Ă©poque classique au romantisme, Bruxelles, Complexe, collection Le temps et les hommes n°20, 1986. (ISBN 2-87027-183-2)
- Valérie Piette, Domestiques et servantes, Des vies sous condition : Essai sur le travail domestique en Belgique au XIXe siÚcle, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 2000. 521 p.
- StĂ©phane Xaysongkham, La maison du cardinal Armand Gaston de Rohan : Officiers, domestiques et courtisans dans l'entourage du prince-Ă©vĂȘque au chĂąteau de Saverne (1704-1749), SociĂ©tĂ© savante d'Alsace, 2014, 255 p.
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- OIT Convention n° 189 Travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques
- RĂ©seau International des Travailleuses Domestiques (anglais)
- RĂ©seau international des travailleuses domestiques: Quâest-ce que câest, quâest-ce quâil fait? (français)