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Supermarché

Un supermarché, souvent appelé épicerie au Canada francophone, est un établissement de vente au détail proposant, en libre-service, des produits alimentaires et de grande consommation.

Présentation classique d'un rayon alimentaire en supermarché.
Autre présentation classique d'un rayon de supermarché, à Recife, au Brésil. Décembre 2016.

Significations nationales de l'appellation

Le terme « supermarché » recouvre des réalités qui peuvent varier selon les pays :

De 400 m2 Ă  1 000 m2, la catĂ©gorie des « petits supermarchĂ©s »[5] rĂ©unit des magasins plutĂ´t urbains et axĂ©s sur l'alimentaire. Les enseignes principales comportant ce type de points de vente sont les groupes Carrefour, Casino, Colruyt, IntermarchĂ© et Système U.
De 1 000 m2 Ă  2 500 m2, la catĂ©gorie des « grands supermarchĂ©s » rĂ©unit des points de vente plutĂ´t ruraux, offrant un assortiment essentiellement alimentaire avec cependant un complĂ©ment non-alimentaire plus dĂ©veloppĂ© en fonction des attentes de la clientèle incluse dans la zone de chalandise.
  • Au Danemark, en Espagne, en Italie et au Luxembourg, la fourchette de surface règlementaire des supermarchĂ©s est de 400 Ă  4 000 m2 (bien qu'un supermarchĂ© ne dĂ©passe pas en moyenne les 3 000 m2, au-delĂ  on parle plus d'hypermarchĂ©).
  • Au Canada, on parle de supermarchĂ© quand il s'agit d'un magasin d'alimentation Ă  grande surface, de grand magasin quand il s'agit d'un commerce qui tombe dans la catĂ©gorie des hypermarchĂ©s en France, de dĂ©panneurs pour les supĂ©rettes et d'Ă©picerie pour une Ă©picerie fine. On dit faire son Ă©picerie quand on va magasiner dans un supermarchĂ© ou dans une Ă©picerie fine.

Historique

Concept d'origine

On trouve la trace des premiers supermarchés aux États-Unis dans les années 1920, peu après l'invention du libre-service. Ces magasins ont une allure dépouillée et sont aménagés dans de vieilles granges, des usines ou des patinoires désaffectées. Les produits sont disposés à même le sol ou sur de simples planches de bois, avec à la clef des prix 20 à 50 % moins élevés que dans les épiceries traditionnelles.

Le premier magasin Piggly-wiggly Ă  Memphis (Tennessee), en 1917.
  • Clarence Saunders (1881-1953) est un entrepreneur amĂ©ricain, pionnier du magasin de vente au dĂ©tail en libre-service. DĂ©tenteur du brevet d'un magasin libre-service dĂ©posĂ© en 1917[6], il va incarner et dĂ©velopper cette formule vĂ©ritablement rĂ©volutionnaire. En , il ouvre Ă  Memphis un magasin-pilote Ă  l’enseigne Piggly Wiggly (Petit cochon Ă  perruque). Saunders n’y propose que des marchandises prĂ©emballĂ©es et « prĂ©vendues » par la publicitĂ©. Il est l’un des premiers Ă  Ă©tiqueter tous ses articles, posĂ©s bien en vue sur des Ă©tagères et des gondoles, Ă  portĂ©e de main des clients.

Avec près de 3 000 magasins, il devient en 1929 la deuxième enseigne amĂ©ricaine d’épicerie.

  • Michael Cullen est considĂ©rĂ© par d'autres comme le « père » du supermarchĂ©[7]. En aoĂ»t 1930, cet ancien employĂ© de Kroger ouvre son premier supermarchĂ© King Kullen Ă  New-York, dans un ancien garage louĂ© dans le Queens. Il y amasse des tonnes de marchandises avancĂ©es par un ami grossiste. Il reprend aussi Ă  bon compte les stocks que ne parviennent pas Ă  Ă©couler des fabricants, pris Ă  la gorge par la crise Ă©conomique.

Le premier supermarché du Canada ouvre en 1934 au Québec, sous la bannière Steinberg's à Montréal[8].

En 1948, le phĂ©nomène arrive Ă  Londres puis Ă  Bâle en 1951. En Belgique, la famille Delhaize inaugure un premier supermarchĂ© de 400 m2 en 1957, place Flagey Ă  Bruxelles, lequel existe toujours[9]. Tout a dĂ» ĂŞtre importĂ© des États-Unis, rayonnages, chariots et caisses enregistreuses. Les premiers clients dĂ©sorientĂ©s face au libre-service attendent que l'on vienne s'occuper d'eux, il faudra plusieurs jours pour les persuader de prendre un chariot et de choisir eux-mĂŞmes la marchandise et vaincre leur rĂ©ticence vis-Ă -vis de la viande prĂ©emballĂ©e[10].

En France

En France, en 1931, s'ouvre rue Caumartin à Paris, le premier Prisunic, ancêtre du supermarché : le concept est celui d'un commerce populaire vendant des produits de grande série à des prix bas. Le , Goulet-Turpin ouvre un magasin en libre-service en France, rue André Messager à Paris, dans le quartier de Montmartre.

En 1949, Édouard Leclerc transforme son épicerie en magasin discount à Landerneau (Finistère). Le magasin pratique la vente en gros avec l'objectif avoué de faire chuter les prix non sur une poignée d'articles mais sur l'ensemble de l'assortiment : l'alimentation et le bazar sont vendus avec des rabais de 20 à 35 %.

En France, une autre ébauche de supermarché est l'œuvre de la Grande épicerie Bardou en mai 1957 à Paris[7] - [11] - [12]. Le premier véritable supermarché avec parking ouvre le dans la nouvelle cité de Rueil plaine à Rueil-Malmaison, en région parisienne. Il s'agit de l'Express-Marché de la société Goulet-Turpin[13] - [14].

En rĂ©action Ă  E. Leclerc, 1959/1960 voit le dĂ©marrage d'un premier magasin Carrefour Ă  Annecy, au carrefour de l'avenue du Parmelan et de l'avenue AndrĂ©-Theuriet. En 1963, Carrefour ouvre un second supermarchĂ© Ă  Cran-Gevrier avant d'en ouvrir un 3e, le , au carrefour du Donjon Ă  Sainte-Geneviève-des-Bois, qui est en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  un hypermarchĂ© (> 2 500 m2 selon la norme française)[15]. GĂ©rard Mulliez ouvre son premier supermarchĂ© Auchan en 1961 Ă  Roubaix, dans le quartier des Hauts-Champs. Le magasin est installĂ© dans une ancienne usine Phildar[16].

Au cours des années 2000, en France, le concept de supermarché doit se repositionner face au hard-discount qui se trouve en plein déploiement. Plus souples, les supermarchés, plutôt implantés en zone urbaine ou périurbaine, privilégient désormais les services et la fidélisation, entre autres au moyen de cartes de fidélité et de points cadeaux[17].

Avec le développement d'Internet apparaît le concept de drive : la plupart des grandes enseignes proposent désormais un site marchand où il est possible de commander ses achats, qui seront ensuite préparés et prêts à être chargés dans son véhicule.

Principales enseignes en France

En France, les six principaux groupes présents sur le marché sont tous d'origine française (Carrefour, Leclerc, Auchan, Casino, Intermarché et Système U) et détiennent près de 85 % de parts de marché[18]. Le mode d'organisation de la filière tourne autour de deux modèles : le coopératif et l'intégré.

  • Les groupes Leclerc, IntermarchĂ© et Système U, reposent sur le modèle coopĂ©ratif, Ă  savoir une association d'entrepreneurs juridiquement et financièrement indĂ©pendants les uns des autres. Le groupement est gĂ©rĂ© comme une coopĂ©rative, avec des actionnaires adhĂ©rents, qui sont aussi propriĂ©taires de leurs points de vente. Chacun est donc son propre responsable, mais ce système prĂ©sente l'avantage de crĂ©er un lien de solidaritĂ© entre les adhĂ©rents et aussi de pouvoir mutualiser les moyens et les services.
  • Parmi les groupes intĂ©grĂ©s, on retrouve les enseignes Carrefour, Casino et Auchan. C'est le groupe qui est le propriĂ©taire du point de vente, dont la gestion courante est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  un responsable localement. Ainsi, ce n'est pas ce dernier qui dĂ©cide de la politique Ă  mettre en Ĺ“uvre pour assurer la pĂ©rennitĂ© de son point de vente, mĂŞme si une plus grande indĂ©pendance peut ĂŞtre accordĂ©e dans le cas d'une franchise par exemple[19].

Le supermarché dans l'espace français

Le succès des supermarchés a accompagné la modification des mobilités ayant au lieu lors des Trente Glorieuses. L'élargissement de la classe moyenne et la démocratisation de la voiture ont en effet modifié l'urbanisme commercial. La nécessité d'un accès routier s'est substituée à celle d'un accès piéton, si bien que des entités commerciales telles que les supermarchés ont pu voir le jour dans des zones plus distantes des centres-villes. Cette distance a permis aux commerces variés des centres d'être concurrencés par un bâtiment à forte emprise spatiale, rassemblant alors dans un édifice unique tous les produits et services qui y étaient proposés. L'aménagement d'un parking autour du supermarché garantit enfin l'accès aux automobilistes[20].

Depuis les années 1990, les géographes ont coutume d'identifier les supermarchés comme les avatars de la désertification des centres-villes, particulièrement en ce qui concerne les petites et moyennes villes françaises. L'avantage économique que constitue pour une commune l'accueil d'une telle structure en fait un bien convoité par les maires. Ainsi, les supermarchés sont au cœur d'une concurrence intercommunale qui a pour conséquence d'affaiblir les commerces du centre. Ceux-ci disposent d'une accessibilité routière privilégiée par les populations, de même que la concentration de leurs produits présente des avantages fonctionnels, largement hérités de la philosophie consumériste des Trente Glorieuses[21].

On assiste alors de plus en plus Ă  des initiatives de la part des villes ou des habitants eux-mĂŞmes, qui visent Ă  endiguer la construction de supermarchĂ©s dans les communes pĂ©riphĂ©riques de petites villes. Les habitants et commerçants de la ville de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne) ont par exemple Ă©tĂ© Ă  l'origine d'un mouvement de contestation contre l’implantation d’un Lidl et d’un Grand Frais Ă  Écuelles, par peur du dĂ©clin des commerces du centre de la petite ville de 12 000 habitants[22].

Le supermarché vu par les artistes

  • En 1958, Italo Calvino lui jette un regard ironique dans Marcovaldo ou les saisons en ville. Il dĂ©voile la folie de ce lieu avec la mĂŞme poĂ©sie que son hĂ©ros Marcovaldo, qui veut « courber les surfaces carrĂ©es » de la ville.
  • Dans son roman Bruits de fond (1985), Don DeLillo dĂ©crit le supermarchĂ© comme le lieu de matĂ©rialisme total et en fait le symbole absolu de la sociĂ©tĂ© de consommation.
  • Les auteurs des Requins Marteaux dĂ©noncent de façon parodique le mauvais goĂ»t de la grande distribution en montant de fausses grandes surfaces, animĂ©es par des comĂ©diens, avec des stands remplis de produits bas de gamme au packaging aussi repoussant que leur contenu supposĂ©.
  • Michel Musolino, dans une aventure du « Poulpe » (Plus dur sera le chiite, 1998), donne une analyse percutante de l'hypermarchĂ© Rond Point d'Aulnay-sous-Bois .
  • La sĂ©rie amĂ©ricaine Superstore (2015) raconte de façon dĂ©capante et parfois loufoque la vie quotidienne des employĂ©s d’une enseigne de la grande distribution.
  • Une valse dans les allĂ©es (2018) est un film allemand dont les personnages sont les employĂ©s d'un supermarchĂ©.

Notes et références

  1. « Secteur alimentaire - Statistiques & Analyses », sur statbel.fgov.be (consulté le )
  2. http://archives.dgcis.gouv.fr/2012/www.pme.gouv.fr/economie/onc/chap12.html
  3. « Distripedie.com - l'expert de la distribution », sur distripedie.com (consulté le ).
  4. « Laurent La Gamba. », sur laurentlagamba.free.fr (consulté le ).
  5. Encyclopédie de la Distribution, [http:// www.distripedie.com]
  6. (en) Brevet du 9/10/1917 no 126988 déposé au United States Patent and Trademark Office [lire en ligne]
  7. F. Carluer-Lossouarn, L'Aventure des premiers supermarchés, un livre Linéaires, 2006.
  8. « Steinberg Inc » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ). « Samuel Steinberg » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  9. Supermarché d’Europe 1957-2007 - CIVA, Bruxelles.
  10. « Super ? Le super a 50 ans », La Libre Belgique, 21 décembre 2007.
  11. [PDF]« Distribution des biens de consommation et usage de la voiture particulière pour motif « achats » (…) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Ministère de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer - Direction de la Recherche et des Affaires Scientifiques et Techniques - Rapport final (BEAUVAIS CONSULTANTS - 2003)] (p. 16).
  12. [PDF] 50 ans de grandes surfaces en France : entre croissance débridée et contraintes légales 7TH INTERNATIONAL CONGRESS, MARKETING TRENDS VENICE, ITALY, JANUARY 2008, 17-19.
  13. Mathilde Visseyrias, « À 50 ans, le supermarché a la vie devant lui », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  14. « Il y a 50 ans naissait le premier supermarché », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  15. Histoire du groupe Carrefour
  16. Histoire du groupe Auchan.
  17. Ducrocq, Cédric., La nouvelle distribution : marketing, management, développement : des modèles à réinventer, Éditions Dunod, , 205 p. (ISBN 978-2-10-049785-0, OCLC 833429734)
  18. Source : TNS Worlpanel 2009.
  19. Les grandes surfaces alimentaires en Île-de-France : de nouvelles stratégies face au changement, Enjeux no 148, CROCIS, juin 2012
  20. Mathieu Flonneau, « Rouler dans la ville. Automobilisme et démocratisation de la cité : surprenants équilibres parisiens pendant les « Trente Glorieuses » », Articulo, no Special issue 1,‎ (ISSN 1661-4941, DOI 10.4000/articulo.1076, lire en ligne, consulté le ).
  21. Thierry Paquot, DĂ©sastres urbains : les villes meurent aussi, Paris, La DĂ©couverte, , 262 p. (ISBN 978-2-348-04171-6 et 2348041715, OCLC 1123100704).
  22. Faustine LéoLe, « Les commerçants de Moret décidés à se battre contre le projet de supermarchés », Le Parisien, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • FrĂ©dĂ©ric Carluer-Lossouarn, L'Aventure des premiers supermarchĂ©s, LinĂ©aires, 2006.
  • Rapport d’information dĂ©posĂ© par la Commission de la production et des Ă©changes sur l’évolution de la distribution, prĂ©sentĂ© par Jean-Yves Le DĂ©aut, AssemblĂ©e nationale, .
  • M.-L. Allain et C. Chambolle, Les Relations entre la grande distribution et ses fournisseurs : bilan et limites de trente ans de rĂ©gulation, Cahiers du laboratoire d'Ă©conomĂ©trie de l'École polytechnique, 2002-7.
  • P. Bovet, « L'HypermarchĂ©, le Caddie et le congĂ©lateur » in Le Monde diplomatique, .
  • Robert Malsagne, Magasins en libre-service de grandes et moyennes surfaces, Seliser, 1964, 412 pages
  • Ducrocq, CĂ©dric., La nouvelle distribution : marketing, management, dĂ©veloppement : des modèles Ă  rĂ©inventer, Éditions Dunod, , 205 p. (ISBN 978-2-10-049785-0, OCLC 833429734)

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