Italo Calvino
Italo Calvino, né le à Santiago de Las Vegas (Cuba) et mort le à Sienne (Italie), est un écrivain italien du XXe siècle.
Naissance |
Santiago de Las Vegas, Cuba |
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Décès |
Sienne, Italie |
Activité principale |
Langue d’écriture | Italien |
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Mouvement | Néoréalisme, Oulipo |
Genres |
Ĺ’uvres principales
Rattaché au réalisme italien, voire à l'un de ses théoriciens, il n'en demeure pas moins aux yeux du grand public un fabuliste plein d'humour.
Si sa trilogie Nos ancêtres, qui comprend Le Vicomte pourfendu (1952), Le Baron perché (1957) et Le Chevalier inexistant (1959), mêle fable et allégorie, il peut prendre pour cadre de ses récits la réalité quotidienne, tel qu'avec Marcovaldo, roman en deux parties paru en 1958 et 1963.
Calvino était également membre de l'Oulipo[1] et a aussi collaboré à divers scénarios pour le cinéma.
Biographie
Italo Calvino naît à Cuba où son père Mario (1875-1951), d'origine ligurienne, travaille comme agronome, et sa mère Eva Mameli Calvino (1886-1978), native de Sardaigne, est biologiste. En 1925, la famille rentre en Italie, alors mussolinienne, où le jeune Italo grandit (à Sanremo) et reçoit une éducation laïque et antifasciste.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il interrompt ses études d'agronomie ; en 1943, il rejoint les partisans des brigades Garibaldi. En 1945, il se retrouve à Turin où il participe à plusieurs journaux, s'inscrit au Parti communiste italien et entreprend des études de lettres qu'il conclut par un mémoire de littérature anglaise sur Joseph Conrad. À cette époque, il fait la connaissance de Cesare Pavese qui l'encourage à écrire.
En 1947, il publie son premier roman, Le Sentier des nids d'araignées, qui évoque son expérience de résistant. L'œuvre rencontre un certain succès. En 1949 paraît Le Corbeau vient le dernier. Ces deux œuvres naissent dans l'atmosphère néoréaliste. En 1952, sur les conseils de son éditeur, il abandonne sa manière néo-réaliste pour se tourner vers le conte fantastique, à travers Le Vicomte pourfendu qui formera, avec Le Baron perché et Le Chevalier inexistant, la célèbre trilogie Nos ancêtres, vision allégorique de la condition humaine moderne. Entre 1950 et 1956, il entreprend la compilation et la traduction des Contes populaires italiens à partir de contes folkloriques du XIXe siècle.
Après l'invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques en 1956, Calvino se détourne du parti communiste et, progressivement, de l'engagement politique.
Au début des années 1960, il défend, à travers deux articles, « La mer de l'objectivité » et « Le défi au labyrinthe », sa propre poétique dans un monde, y compris littéraire, de plus en plus complexe et indéchiffrable.
Il publie en 1963 La Journée d'un scrutateur. En 1967[2], il s'installe à Paris où il entre en contact avec les membres de l'Oulipo, dont il devient formellement l'un des membres en 1973[3]. Il rencontre Roland Barthes, Georges Perec, Claude Lévi-Strauss[2], ouvrant sur une période de redécouverte des classiques, parmi lesquels Honoré de Balzac, Ludovico Ariosto, Dante, Cervantès, Shakespeare, Giacomo Leopardi[2], tout autant que d'intérêt pour les sciences, naturelles et humaines, que l'on retrouve également dans ses récits, même sous forme de contes fantastiques comme Cosmicomics (1965).
En 1964, Calvino se marie et sa fille naît l'année suivante.
Le Château des destins croisés (1969), Les Villes invisibles (1972), Si par une nuit d'hiver un voyageur (1979) appartiennent au « système combinatoire des récits et des destins humains », système à l'aide duquel Calvino construisait ses récits. Les figures du tarot constituent par exemple la structure du Château des destins croisés. Ce « systématisme » traduit l'influence de l'Oulipo et le goût de ses membres pour toutes les formes d'écriture à contraintes[4].
En 1978 et 1984, il écrit les livrets de deux "actions musicales" de Luciano Berio: La Vera Storia et Un re in Ascolto. Le premier est constitué de deux actes dans lequel les paroles sont identiques. Le second est une variation autour de La Tempête de Shakespeare.
Il meurt en 1985 d'une hémorragie cérébrale, alors qu'il préparait pour l'université de Harvard les Leçons américaines, qui paraissent après sa mort.
L'esthétique de Calvino
« Dans l’art de Calvino et dans ce qui transparaît de l’homme en ce qu’il écrit, il y a – employons le mot ancien, c’est un mot du XVIIIe siècle – une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n’était pas trop lourd à porter : c’est-à -dire qu’il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. »
— Roland Barthes
L'expérience néoréaliste
Le néoréalisme fut, davantage qu'une école, une façon de ressentir les choses partagées par les jeunes écrivains de l'après-guerre, qui se sentaient dépositaires d'une réalité sociale nouvelle.
Calvino, faisant référence à son récit de la résistance en Italie, déclare qu'après la guerre il avait tenté – sans obtenir de résultat probant – de raconter, à la première personne, son expérience de résistant. C'est seulement après qu'il a adopté un point de vue extérieur, et donc un certain détachement, que son travail lui a donné entière satisfaction. C'est ainsi qu'il conçut Le Sentier des nids d'araignées. En adoptant le point de vue de Pin, le jeune narrateur, il confère un caractère fabuleux ou fantastique au récit. Par ce moyen détourné, l'écrivain parvient à parer la réalité des attributs du rêve sans pour autant lui faire perdre sa réalité.
Ainsi Calvino amorce-t-il un procédé qui lui deviendra propre : alléger la narration afin de rendre l'œuvre – selon le niveau d'interprétation adopté – accessible à tous, y compris aux lecteurs non avertis. Ce choix, motivé au départ par des raisons idéologiques faciles à comprendre, permettra par la suite à Calvino de multiplier les niveaux de lecture de ses œuvres. Ainsi Le Corbeau vient le dernier, est-il un récit, construit à partir du point de vue d'un enfant, écrit dans un style néo-réaliste mais qui appartient tout autant au registre fabuleux.
La période fantastique
Calvino a toujours été attiré par la littérature populaire, l'univers de la fable, en particulier. Dans Le Vicomte pourfendu, premier volume de la trilogie Nos ancêtres, la narration se fait à deux niveaux : récit fabuleux, mais aussi allégorique et symbolique. Calvino reprend ainsi le genre du conte philosophique (avec les oppositions entre réalité et illusion, idéologie et éthique, etc.) mais avec une morale qui est une invitation à la nuance, puisqu'il apparaît que la vérité absolue est une chimère.
Les deux autres romans de cette trilogie obéissent au même principe de fonctionnement. Le héros du Baron perché est un alter ego de Calvino, désormais débarrassé de ses anciennes conceptions et qui ne voit plus la littérature comme porteuse d'un message politique. Le dernier tome, Le Chevalier inexistant, est plus sombre.
Parallèlement à ces contes, Calvino continue à traiter dans ses œuvres de la réalité quotidienne, comme Marcovaldo. Si la première partie (1958) peut encore se rapporter à la manière de la fable, la seconde (1963) aborde des thèmes urbains sur un ton satirique. La même année paraît La Journée d'un scrutateur dans lequel il raconte la journée électorale d’un militant communiste, scrutateur pendant les élections italiennes dans un bureau de vote dans l'asile Piccola Casa della Divina Provvidenza ; l'homme est profondément troublé par son contact imprévu avec un monde irrationnel.
Visualisations interactives de l’œuvre complète
Le projet « Atlante Calvino, letteratura e visualizzazione »[5], soutenu par le Fonds national suisse, propose quatre visualisations interactives de l’œuvre complète du romancier. Francesca Serra, professeure au Département des langues et littératures romanes de la Faculté des lettres de l'Université de Genève est à l'origine de ce projet, qui propose de « rendre littéralement visible l'œuvre d'Italo Calvino à travers des infographies interactives »[6]. Elle explique que la première visualisation est « un tableau de tous ses écrits organisés par décennie. La deuxième présente l’intégralité de ses récits et leur histoire éditoriale. La troisième montre un nuage de points répertoriant les milliers de personnes qu’il cite. La dernière, enfin, trace une ligne du temps montrant les dates d’écriture et celles de publication »[6]. Le site est accessible en italien et en anglais.
Ĺ’uvres
Fictions et essais
- Le Sentier des nids d'araignées (Il Sentiero dei nidi di ragno, 1947)
- Le Corbeau vient le dernier (Ultimo viene il corvo, 1949)
- Le Vicomte pourfendu (Il visconte dimezzato, 1952) - (ISBN 2-253-02985-8)
- Un général dans la bibliothèque (Il generale in biblioteca, 1953) (paru dans l’Unità du )
- Contes italiens (Fiabe italiane, 1956)
- Le Baron perché (Il barone rampante, 1957) - (ISBN 2-02-055147-0)
- Le Chevalier inexistant (Il cavaliere inesistente, 1959) - (ISBN 2-02-049046-3)
- Marcovaldo ou Les saisons en ville (Marcovaldo ovvero le Stagioni in cittĂ , 1963)
- La Journée d'un scrutateur (La giornata di uno scrutatore, 1963), prix Veillon
- La Spéculation immobilière (La speculazione edilizia, 1963)
- Aventures (Gli amori difficili, 1964)
- Cosmicomics (Le cosmicomiche, 1965)
- Temps zéro (Ti con zero, 1968)
- Les Villes invisibles (Le cittĂ invisibili, 1972)
- Le Château des destins croisés (Il castello dei destini incrociati, 1973)
- Si par une nuit d'hiver un voyageur (Se una notte d'inverno un viaggiatore, 1979) - (ISBN 2-02-025157-4)
- Monsieur Palomar (Palomar, 1983) (ISBN 978-2072787263)
- La Machine littérature (1984)
- Collection de sable (Collezione di sabbia, 1984)
- Leçons américaines : six propositions pour le prochain millénaire (Lezioni americane. Sei proposte per il prossimo millennio, 1988)
- Sous le soleil jaguar (Sotto il sole giaguaro, 1988)
- La route de San Giovanni (La strada di san Giovanni, 1990)
- Forêt-Racine Labyrinthe (Seghers) illustré par Bruno Mallart (1991)
- Pourquoi lire les classiques (Perché leggere i classici, 1991) - (ISBN 2-02-025910-9)
- Ermite Ă Paris (Eremita a Parigi, 1994)
- La grande bonace des Antilles (1995) : nouvelles
Autres textes d'Italo Calvino
- Roland furieux d'Arioste : texte choisi, présenté et raconté par Italo Calvino et traduit de l'italien par Nino Frank, Gallimard, 2015
- Défis aux labyrinthes : textes et lectures critiques. Le tome 1 contient textes critiques (1995-1978) et Collection de sable, édition relue et préfacée par Mario Fusco, Éditions du Seuil, 2003. - (Collection Bibliothèque Calvino).
- Défis aux labyrinthes : textes et lectures critiques. Le tome 2 contient Leçons américaines, Les classiques, Sur les contes, Lire, écrire, traduire, Chroniques italiennes, édition relue et préfacée par Mario Fusco, Éditions du Seuil, 2003. - (Collection Bibliothèque Calvino).
- Adami pour la revue Derrière le miroir, n° 239, chez Aimé Maeght, 1980. Sur le peintre italien Valerio Adami.
- Steinberg pour la revue Derrière le miroir, n° 224, chez Aimé Maeght, 1977. Sur le dessinateur américain Saul Steinberg.
- Tarots : Le jeu de cartes Visconti de Bergame et New York (Les Signes de l'homme), texte d'Italo Calvino, Franco Maria Ricci editore, 1974.
Filmographie (scénariste)
- 1962 : Les Amours difficiles (L'Amore difficile) (coréalisation), récit du segment L'Aventure d'un soldat (L'avventura di un soldato) de Nino Manfredi.
- 1962 : Boccace 70 (Boccaccio '70) (coréalisation), récit du segment Renzo et Luciana (Renzo e Luciana) de Mario Monicelli.
- 1964 : Ti-Koyo et son requin (Ti-Koyo e il suo pescecane) de Folco Quilici, récit.
- 1969 : Le Chevalier inexistant (Il cavaliere inesistente) de Pino Zac, scénario d'après sa nouvelle.
- 1983 : Amores dificiles d'Ana Luisa Liguori, récit.
Livrets d'opéra
- 1978: La vera storia, Luciano Berio
- 1984 : Un re in ascolto, Luciano Berio
Notes et références
- En 1967, Calvino « traduit Les Fleurs bleues de Raymond Queneau qu’il fréquente à Paris et qui lui présente d’autres membres de l’Oulipo. » Manganaro, Jean-Paul (2000). Italo Calvino. Paris : Seuil, 7.
- Martin Mac Laughlin, Italo Calvino, Edinburgh University Press, Édimbourg, 1998, p. 15 (ISBN 9780748609178).
- Page d'Italo Calvino sur le site officiel de l'Oulipo
- Sergio Cappello, Les années parisiennes d'Italo Calvino (1964-1980) : Sous le signe de Raymond Queneau, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, coll. « Jalons », , 363 p. (ISBN 978-2-84050-525-9, lire en ligne).
- (it) Francesca Serra, UniGe, « Atlante Calvino », sur Atlante Calvino, (consulté le ).
- « Italo Calvino relu à la lumière des humanités digitales - - UNIGE », sur www.unige.ch, (consulté le ).
Bibliographie
- Aurore Frasson-Marin, Italo Calvino et l'imaginaire, Genève (Suisse) : Slatkine, 1986. (ISBN 9782051011815).
- « Dossier Italo Calvino », coordonné par Jean-Paul Manganaro, dans Magazine littéraire, n° 274, , pp 16-51.
- Philippe Daros, Italo Calvino, Paris, Hachette, coll. « Portraits littéraires », 1994.
- « Dossier Italo Calvino », dans Europe, n° 814, .
- Italo Calvino : le défi au labyrinthe : actes de la journée d'études de Caen, , sous la direction de Paolo Grossi, Silvia Fabrizio-Costa, Presses universitaires de Caen, 1998.
- Jean-Paul Manganaro, Italo Calvino : romancier et conteur, Seuil, 2000 (ISBN 9782020214421).
- Les années parisiennes d'Italo Calvino (1964-1980) : sous le signe de Raymond Queneau, Sergio Cappello, PU Paris-Sorbonne, 2007 (ISBN 9782840505259).
- La Plume et le crayon. Calvino, l’écriture, le dessin, l’image, Aix-en-Provence, 2011. Actes du colloque sur Italo Calvino ; centre d'études romanes de l'université de Provence.
Filmographie
- Italo Calvino d'Edgardo Cozarinsky, no 46 de la collection Un siècle d’écrivains (diffusé le )
- Damian Pettigrew, Dans la peau d'Italo Calvino (2012, 52 min), docu-fiction pour Arte France en coproduction avec l'Office national du film du Canada et le Ministero per i Beni e le Attività Culturali à Rome, avec Neri Marcorè dans le rôle-titre (résumé en ligne)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
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