Dilma Rousseff
Dilma Vana Rousseff (/ËdÍĄÊiwmÉ ËvÉnÉ ÊuËsÉf(i)/[alpha 2]), nĂ©e le Ă Belo Horizonte (BrĂ©sil), est une Ă©conomiste et femme d'Ătat brĂ©silienne. Membre du Parti des travailleurs (PT), elle est prĂ©sidente de la rĂ©publique fĂ©dĂ©rative du BrĂ©sil du au .
Dilma Rousseff | ||
Portrait officiel de Dilma Rousseff en 2011. | ||
Fonctions | ||
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Présidente de la Nouvelle banque de développement | ||
En fonction depuis le (3 mois et 8 jours) |
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Prédécesseur | Marcos Troyjo | |
Présidente de la république fédérative du Brésil[alpha 1] | ||
â (5 ans, 7 mois et 30 jours) |
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Ălection | 31 octobre 2010 | |
RĂ©Ă©lection | 26 octobre 2014 | |
Vice-président | Michel Temer | |
Gouvernement | Rousseff I et II | |
Prédécesseur | Luiz Inåcio Lula da Silva | |
Successeur | Michel Temer | |
Ministre de la Maison civile | ||
â (4 ans, 9 mois et 10 jours) |
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Président | Luiz Inåcio Lula da Silva | |
Prédécesseur | José Dirceu | |
Successeur | Erenice Guerra | |
Ministre des Mines et de l'Ănergie | ||
â (2 ans, 5 mois et 20 jours) |
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Président | Luiz Inåcio Lula da Silva | |
Prédécesseur | Francisco Luiz Sibut Gomide | |
Successeur | Silas Rondeau | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Dilma Vana Rousseff | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Belo Horizonte (Brésil) | |
Nationalité | brésilienne | |
Parti politique | PDT (1979-2001) PT (depuis 2001) |
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Conjoint | ClĂĄudio Galeno Linhares (1967-1969) Carlos Franklin PaixĂŁo de AraĂșjo (1969-2000) |
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DiplÎmée de | Université fédérale du Rio Grande do Sul |
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Profession | Ăconomiste | |
Religion | Catholicisme romain | |
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Présidents de la république fédérative du Brésil | ||
Ministre des Mines et de l'Ănergie de 2003 Ă 2005 puis ministre de la Maison civile du prĂ©sident Luiz InĂĄcio Lula da Silva Ă partir de 2005, elle est la candidate du PT Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2010, qu'elle remporte au second tour face Ă JosĂ© Serra.
PremiĂšre femme Ă exercer la fonction de chef de l'Ătat au BrĂ©sil, elle est rĂ©Ă©lue de justesse en 2014, face Ă AĂ©cio Neves. Sa prĂ©sidence est marquĂ©e par un dĂ©clin de l'Ă©conomie brĂ©silienne et par des scandales de corruption touchant une grande partie de la classe politique.
Elle est destituée pour maquillage des comptes publics par le Sénat le , au terme d'une procédure controversée. Elle échoue à devenir sénatrice lors des élections parlementaires de 2018.
En 2023, aprÚs le retour de Lula au pouvoir, elle devient présidente de la Nouvelle banque de développement (banque des BRICS).
Situation personnelle
Famille
Dilma Rousseff est la fille de Dilma Jane da Silva (1924-2019) et de l'avocat et homme d'affaires bulgare Pedro Rousseff (Petar Russev, en bulgare ĐĐ”ŃŃŃ Đ ŃŃĐ”ĐČ /pÉtÉ€r rusÉf/), sympathisant du Parti communiste bulgare qui Ă©migre en 1929 en France, oĂč il vit jusqu'Ă la fin de la Seconde Guerre mondiale ; c'est pour cette raison que le nom de famille est transcrit Ă la française. Il s'installe en Argentine en 1944, et, peu aprĂšs, au BrĂ©sil, oĂč il Ă©pouse Dilma Jane da Silva, avec qui il a trois enfants : Igor, Dilma et Zana[1].
Lors de sa campagne présidentielle en 2010, Dilma Rousseff laisse entendre, devant la Confédération israélite du Brésil, que sa grand-mÚre maternelle était cristã-nova[2].
Guérilla sous la dictature
Pendant la dictature militaire, Dilma Rousseff intĂšgre le commando de libĂ©ration nationale, organisation d'extrĂȘme gauche, devenu plus tard le VAR Palmares. ArrĂȘtĂ©e en 1970, elle est torturĂ©e pendant vingt-deux jours, notamment par le colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra[3], puis condamnĂ©e par un tribunal militaire et dĂ©tenue trois ans jusqu'en 1973[4].
à l'époque de sa détention, elle est surnommée la « Jeanne d'Arc de la guérilla », en raison de son implication dans le mouvement[4].
Ă la fin des annĂ©es 1970, elle Ă©pouse un autre membre du mouvement guĂ©rillero, Carlos Franklin PaixĂŁo de AraĂșjo, avec qui elle a une fille, et s'installe avec lui dans l'Ătat du Rio Grande do Sul.
En 1977, elle obtient un diplĂŽme de l'Ăcole de sciences Ă©conomiques de l'universitĂ© fĂ©dĂ©rale du Rio Grande do Sul.
Parcours politique
DĂ©buts
Ă la mĂȘme Ă©poque, elle participait Ă la restructuration du Parti dĂ©mocratique travailliste (PDT). Durant le gouvernement d'Alceu Collares en Rio Grande do Sul, entre 1991 et 1995, elle fut nommĂ©e secrĂ©taire d'Ătat Ă l'Ănergie.
Elle rejoint le Parti des travailleurs (PT) en 2001[5].
Ministre des Mines et de l'Ănergie
Le prĂ©sident Luiz InĂĄcio Lula da Silva, nouvellement Ă©lu, la nomme en ministre des Mines et de l'Ănergie, fonction qu'elle occupe durant deux ans et demi.
Barrages hydroélectriques du bassin amazonien
L'administration Rousseff s'efforce de mener Ă bien un certain nombre de projets de barrages hydroĂ©lectriques dans le bassin de l'Amazone, malgrĂ© les appels des rĂ©sidents locaux des zones touchĂ©es, y compris les tribus autochtones, et les pressions de groupes nationaux et internationaux. Lâopposition aux projets de barrages, en particulier le projet de barrage de Belo Monte, Ă©tait motivĂ©e par des prĂ©occupations environnementales, Ă©conomiques et des droits de lâhomme, Ă la fois pour les personnes dĂ©placĂ©es et pour les travailleurs amenĂ©s dâautres rĂ©gions du BrĂ©sil pour les construire. Le chef des Xingu, Raoni Metuktire, et des membres d'autres tribus touchĂ©es par des projets de barrage hydroĂ©lectrique proposĂ©s ou en cours de construction [6], des ONG brĂ©siliennes et internationales[7], y compris Greenpeace[8] ainsi que des personnalitĂ©s internationales, notamment le rĂ©alisateur James Cameron, l'actrice Sigourney Weaver et le musicien Sting[9] ont tous appelĂ© Ă l'arrĂȘt des projets hydroĂ©lectriques dans le bassin de l'Amazone.
Les conditions de travail des ouvriers des projets étaient dures, alors que les salaires étaient bas malgré le coût de la vie élevé sur les chantiers isolés. Cela a conduit à des grÚves et à d'autres actions de travailleurs dans plusieurs projets hydroélectriques. Au printemps 2012, 17 000 travailleurs du site du barrage de Jirau se sont mis en grÚve pendant plus de trois semaines. Certains ont ensuite commencé à piller les magasins de l'entreprise, incendiant des structures de barrage et détruisant les logements des travailleurs. Les troupes militaires ont finalement été déployées pour réprimer les émeutes et mettre fin à la frappe[10].
Entre-temps, de nombreux tribunaux, bureaux et gouvernements dâĂtats continuent de plaider en faveur de lâarrĂȘt des projets de barrages; le statut du projet de Belo Monte a Ă©tĂ© reportĂ© si souvent par le biais d'injonctions et d'appels qu'il ne restait que la tribunal suprĂȘme fĂ©dĂ©ral du BrĂ©sil[11] - ainsi que, thĂ©oriquement, la Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme (CIDH), l'organe juridictionnel du Organisation des Ătats amĂ©ricains (OEA), qui a Ă©galement appelĂ© le BrĂ©sil Ă mettre fin au projet de Belo Monte et Ă d'autres projets accusĂ©s de violations des droits de l'homme. Cependant, la prĂ©sidente Rousseff avait dĂ©jĂ rappelĂ© l'ambassadeur du BrĂ©sil auprĂšs de l'OEA et avait en outre gelĂ© la contribution annuelle du BrĂ©sil Ă la CIDH, soit environ 800 000 dollars US[12].
Ministre de la Maison civile
Le , elle devient ministre de la Maison civile (le plus haut poste du gouvernement) aprĂšs la dĂ©mission de JosĂ© Dirceu, accusĂ© de corruption. Dans un contexte de scandales de mĂȘme nature ayant touchĂ© plusieurs dirigeants du PT, elle devient alors la « dauphine » de Lula.
Elle annonce qu'elle est atteinte d'un cancer lymphatique le . Elle subit une opération, puis un traitement de chimiothérapie, à l'issue duquel elle est guérie[13] - [14].
Campagne présidentielle de 2010
Lula ne pouvant se représenter aprÚs avoir exercé deux mandats consécutifs, elle apparaßt comme celle ayant ses faveurs. En , elle lance sa campagne en vue de l'élection présidentielle d'octobre suivant. à cette occasion, elle apparaßt totalement « relookée » : elle abandonne ses lunettes pour des lentilles de contact, change de coiffure et reconnaßt avoir eu recours à la chirurgie esthétique pour « adoucir ses traits »[5] - [15]. Lula la soutient activement pendant la campagne électorale, mettant notamment en avant son bilan en matiÚre de lutte contre la pauvreté[16].
Sa coalition Ă©tant formĂ©e de neuf partis politiques, elle bĂ©nĂ©ficie du plus important temps de parole Ă la tĂ©lĂ©vision. DonnĂ©e par plusieurs sondages victorieuse dĂšs le premier tour, elle obtient finalement 46,9 % des voix et est contrainte Ă un second tour face Ă JosĂ© Serra, ancien gouverneur de l'Ătat de SĂŁo Paulo et candidat du Parti de la social-dĂ©mocratie brĂ©silienne (centre droit)[17]. Pendant l'entre-deux tours, elle cherche Ă rallier les voix de l'Ă©vangĂ©liste Marina Silva en s'engageant Ă ne pas lĂ©galiser l'avortement et le mariage homosexuel, ce qui lui attire des critiques[18]. Elle l'emporte avec 56 % des voix au second tour et devient ainsi la premiĂšre femme Ă©lue Ă la prĂ©sidence fĂ©dĂ©rale du BrĂ©sil[19].
Premier mandat (2011-2015)
Son investiture a lieu le . Elle succÚde ainsi au président Lula qui lui passe l'écharpe présidentielle[20], devant les députés et les sénateurs, à Brasilia.
Alors qu'elle s'est engagée à promouvoir les femmes à travers des nominations importantes, celles-ci ne comptent que parmi 24 % des ministres et 21 % des dirigeants de cabinets et de grandes entreprises publiques. La presse moque cependant un gouvernement de « République sur talons hauts »[21].
En 2011 et 2012, Forbes la classe au troisiĂšme rang de la liste des femmes les plus puissantes du monde. Elle occupe en 2013 le deuxiĂšme rang, en 2014, le quatriĂšme et en 2015, le septiĂšme[22].
Protestations et critiques
Elle doit faire face, tout au long de l'année 2013, à un important mouvement protestataire brocardant la politique du gouvernement et en particulier les importantes dépenses liées à l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014. Son gouvernement dépense ainsi 11 milliards d'euros pour héberger la 20e édition de la Coupe du monde de football, alors que plus d'un million de Brésiliens vivent dans la rue. Lors de la compétition, au stade Maracanã, elle se fait huer à chacune de ses apparitions[23].
La premiÚre année de son mandat est notamment marquée par plusieurs scandales, en particulier de corruption, qui conduisent quatre membres de son gouvernement à démissionner entre mai et [24] - [25] - [26], dont le ministre de l'Environnement, qui a refusé de donner son aval au projet de construction du barrage de Belo Monte, contre la volonté de Dilma Rousseff. Elle est trÚs critiquée par de nombreuses associations écologistes et par les Amérindiens, dont le Chef Raoni, depuis qu'elle a accepté la construction de ce groupe de barrages[27].
Questions Ă©conomiques et sociales
En 2013, le gouvernement revoit le statut des domestiques. La loi impose dĂ©sormais une durĂ©e maximale de travail de quarante-quatre heures par semaine, le paiement dâheures supplĂ©mentaires en cas de dĂ©passement, un salaire minimum, la possibilitĂ© de prendre des pauses, une couverture santĂ© aux employĂ©s de maison et rend obligatoires les indemnitĂ©s de licenciement[28].
La situation économique du pays se détériore, la croissance du pays s'établissant à 0,2 % en 2014, contre 7,5 % en 2010[29], tandis que la production industrielle baisse et que le real perd de sa valeur face au dollar[30] - [31]. Le Brésil se fait sanctionner pour sa faible croissance en par l'agence de notation Standard & Poor's, qui abaisse sa note de crédit[32]. Dilma Rousseff est également contestée en raison de l'augmentation de l'inflation, de la pauvreté et de l'écart entre les classes aisées et les classes populaires[32]. Cependant, le chÎmage reste à un niveau relativement faible (5 %)[32].
Espionnage par les Ătats-Unis
Dilma Rousseff annule sa visite aux Ătats-Unis prĂ©vue en octobre 2013 aprĂšs la publication de documents relatifs Ă sa mise sur Ă©coute par la NSA[33]. Washington a Ă©galement espionnĂ© les communications de la compagnie pĂ©troliĂšre Petrobras[34].
La question du pĂ©trole brĂ©silien est source de tensions entre Washington et BrasĂlia depuis la dĂ©signation, par Lula, de Petrobras comme opĂ©rateur de lâexploration de champs pĂ©troliers dĂ©couverts en 2006 au large de Rio de Janeiro. L'administration Obama a tentĂ©, sans succĂšs, de convaincre Dilma Rousseffl dâen confier lâexploitation Ă des multinationales amĂ©ricaines. « Ces tentatives de violation et dâespionnage de donnĂ©es et dâinformations sont incompatibles avec la cohabitation dĂ©mocratique entre des pays amis, a soulignĂ© a prĂ©sidente brĂ©silienne. Nous prendrons toutes les mesures pour protĂ©ger le pays, le gouvernement et les entreprises[35]. »
Droits de l'Homme
Dilma Roussef crĂ©e en 2011 une Commission nationale de la vĂ©ritĂ© (CNV) ayant pour mission dâenquĂȘter sur les violations des droits humains commis pendant la dictature (1964-1985). Ămis le 10 dĂ©cembre 2014, le rapport final de la CNV a conclu que la pratique de la dĂ©tention illĂ©gale et arbitraire, de la torture, des violences sexuelles, des exĂ©cutions et des disparitions forcĂ©es a reprĂ©sentĂ© une politique dâĂtat qui, Ă©tant donnĂ© sa portĂ©e, constitue un crime contre lâhumanitĂ©. Une liste de 377 fonctionnaires responsables Ă diffĂ©rents niveaux a Ă©tĂ© soumise Ă la PrĂ©sidente. La CNV a Ă©tĂ© officiellement dissoute le 16 dĂ©cembre 2014.
à la suite des révélations d'Edward Snowden sur les écoutes de la National Security Agency (NSA), elle fait voter le Marco Civil da Internet, une loi sur Internet qui garantit la protection des données personnelles et la neutralité du net[36].
Ălection prĂ©sidentielle de 2014
Candidate à sa réélection, elle l'emporte de justesse au second tour de scrutin, le , en recueillant 51,64 % des voix face au candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne, Aécio Neves, qui prÎnait une politique économique plus libérale[37]. Lors de l'investiture pour son second mandat, le , elle promet le retour de la croissance au Brésil[38] - [39].
Politique Ă©conomique
Le dĂ©but du second mandat de Dilma Rousseff voit une aggravation de la situation Ă©conomique, en partie en raison de la chute des cours des matiĂšres premiĂšres sur les marchĂ©s mondiaux : croissance nulle puis rĂ©cession, baisse de l'investissement, de la consommation et du commerce extĂ©rieur, hausse du chĂŽmage[40]. Pour assainir les finances publiques, elle dĂ©cide d'un virage austĂ©ritaire, menĂ© par son ministre des Finances, Joaquim Levy, qui coupe dans les dĂ©penses sociales (notamment dans le programme phare de son prĂ©dĂ©cesseur Lula, « Bolsa FamĂlia »), d'Ă©ducation et l'investissement[41]. Ce « tournant de la rigueur » suscite les critiques d'Ă©lus de gauche, qui lui reprochent de dĂ©laisser les classes populaires[42] - [43].
à partir de , alors que le Brésil connait sa plus mauvaise période de croissance en 25 ans (recul du PIB de 3,8 % en 2015)[44], plusieurs agences de notation financiÚre dégradent la note du pays et relÚvent l'échec des mesures d'austérité qui ont été prises[45] - [46] - [47]. Fitch Ratings compare, début , les perspectives économiques du Brésil à celles qui prévalaient en Argentine en 2001, quelques mois avant son défaut de paiement[48].
Scandales de corruption touchant la classe politique
Le scandale de corruption Petrobras, qui met au jour l'existence de commissions versées à des personnalités politiques en échange de leur implication dans des contrats publics surfacturés, touche plusieurs partis politiques, dont des membres de son mouvement, le Parti des travailleurs, ainsi que des membres des partis du centre et de la droite faisant partie de la coalition au pouvoir.
Bien que le nom de Dilma Rousseff ne soit pas citĂ©, une partie de l'opinion la juge partiellement responsable de l'affaire, puisqu'elle prĂ©sidait, en tant que membre du gouvernement, le conseil d'administration de la sociĂ©tĂ© pĂ©troliĂšre publique Petrobras de 2003 Ă 2010[49] - [44] - [50]. Les partis d'opposition, Ă©galement touchĂ©s par l'affaire, Ă©vitent dans un premier temps de prendre position[51] - [52] - [53]. En , environ 500 000 personnes manifestent pour demander la destitution de Dilma Rousseff, qui voit sa cote de popularitĂ© tomber sous les 10 %[54]. Plusieurs de ses soutiens politiques et collaborateurs sont arrĂȘtĂ©s et emprisonnĂ©s[55] - [56].
DelcĂdio do Amaral, sĂ©nateur et ancien chef du Parti des travailleurs au SĂ©nat impliquĂ© dans le scandale Petrobras, affirme, dĂ©but , que Dilma Rousseff a bĂ©nĂ©ficiĂ© de pots-de-vin provenant de contrats surfacturĂ©s liĂ©s Ă la construction du barrage de Belo Monte (Amazonie) ; selon lui, elle « savait tout » du rĂ©seau Petrobras[57] - [58]. Une enquĂȘte judiciaire sur sa campagne prĂ©sidentielle de 2014 est ainsi relancĂ©e et le Tribunal suprĂȘme fĂ©dĂ©ral inclut ces accusations dans le dossier d'enquĂȘte sur Petrobras[59]. De son cĂŽtĂ©, OtĂĄvio Azevedo (pt), ancien PDG de la deuxiĂšme sociĂ©tĂ© du BTP au BrĂ©sil, dĂ©clare aux enquĂȘteurs travaillant sur le scandale Petrobras que des millions de dollars destinĂ©s aux campagnes Ă©lectorales de Dilma Rousseff provenaient en fait de dessous-de-table liĂ©s au groupe pĂ©trolier, via des surfacturations[60]. Si ces accusations sont vĂ©rifiĂ©es, elles pourraient conduire Ă l'annulation de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2014[44].
Le , Dilma Rousseff nomme son prĂ©dĂ©cesseur Lula, qui est accusĂ© de corruption et de blanchiment d'argent, ministre de la Maison civile, la fonction la plus Ă©levĂ©e du gouvernement, ce qui empĂȘcherait celui-ci d'ĂȘtre mis en dĂ©tention[61]. La veille, une Ă©coute tĂ©lĂ©phonique rĂ©alisĂ©e entre elle et Lula, est rendue publique par le juge fĂ©dĂ©ral SĂ©rgio Moro, laisse entendre qu'il y a eu arrangement entre eux pour stopper les poursuites pĂ©nales ordinaires contre Lula[61]. L'impartialitĂ© du juge SĂ©rgio Moro est alors remise en cause par les partisans de Dilma Rousseff ; il se voit dessaisi de l'enquĂȘte sur le scandale Petrobras aprĂšs la publication de cette Ă©coute[62]. Le , le Tribunal suprĂȘme fĂ©dĂ©ral suspend la nomination de Lula pour entrave Ă la justice[61]. En , une enquĂȘte est ouverte Ă l'encontre de Dilma Rousseff pour « entrave Ă la justice » en raison de cette nomination[63].
Elle favorise les enquĂȘtes du Lava Jato en Ă©largissant le dĂ©lit de corruption et les compĂ©tences des juges[64].
Destitution par le Parlement
En , le Tribunal des comptes de l'Union (TCU) appelle les parlementaires brĂ©siliens Ă rejeter les comptes publics de l'Ătat de 2014, annĂ©e de la rĂ©Ă©lection de Dilma Rousseff, au motif qu'ils auraient Ă©tĂ© sciemment entachĂ©s d'irrĂ©gularitĂ©s[42]. Afin de minimiser l'importance des dĂ©ficits publics, la prĂ©sidente a en effet signĂ©, en 2014 et 2015, des dĂ©crets faisant supporter provisoirement Ă des banques publiques des milliards de rĂ©aux de dĂ©penses incombant au gouvernement[65] - [66]. Elle a Ă©galement approuvĂ© des dĂ©penses non inscrites Ă la loi de finances sans demander l'accord prĂ©alable du Parlement[67]. Cependant, le procureur fĂ©dĂ©ral chargĂ© du dossier estime que les procĂ©dures comptables pour lesquelles elle est mise en cause ne constituent pas un dĂ©lit[68].
Face Ă ces accusations de manipulations comptables, le prĂ©sident de la Chambre des dĂ©putĂ©s, Eduardo Cunha, hĂ©site dans un premier temps sur la stratĂ©gie Ă suivre alors qu'il est lui-mĂȘme mis en examen pour corruption passive et blanchiment dâargent[69]. Il lance finalement une procĂ©dure d'impeachment contre la prĂ©sidente le . Dilma Rousseff dĂ©nonce un « coup d'Ătat » et se dĂ©fend dâavoir commis un quelconque « crime de responsabilitĂ© » administrative pouvant justifier sa destitution[70]. Elle affirme que ses prĂ©dĂ©cesseurs avaient Ă©galement recours Ă cette pratique[65] ; des mĂ©dias soulignent cependant le fait que ses prĂ©dĂ©cesseurs s'Ă©taient montrĂ©s plus mesurĂ©s[71] - [72]. En , elle propose un rĂ©fĂ©rendum sur son maintien au pouvoir au cas oĂč elle ne serait pas destituĂ©e[73].
Dans une conversation tĂ©lĂ©phonique enregistrĂ©e Ă son insu, le sĂ©nateur Romero Juca, chef du parti conservateur MDB, explique la constitution d'« un grand accord national » pour remplacer Rousseff par Temer, avec le concours du Tribunal suprĂȘme fĂ©dĂ©ral et des « gĂ©nĂ©raux » de lâarmĂ©e comme garantie[64].
Alors que la majoritĂ© des dĂ©putĂ©s brĂ©siliens font l'objet de poursuites judiciaires, le journal Le Monde indique que les soupçons d'enrichissement pesant sur elle concernent aussi « la grande majoritĂ© des dĂ©putĂ©s » appelĂ©s Ă se prononcer sur sa destitution. Selon certaines analyses, le processus de destitution rĂ©sulterait en rĂ©alitĂ© d'une sanction contre « les fautes diplomatiques, Ă©conomiques et politiques qui ont contribuĂ© Ă faire dâelle la chef dâĂtat la plus impopulaire de lâhistoire de la jeune dĂ©mocratie brĂ©silienne »[72] - [74] - [75].
Les mĂ©dias, pour la plupart concentrĂ©s entre les mains de six grandes familles, militent presque unanimement pour la destitution de Dilma Roussef et contre le Parti des travailleurs[76]. Plus de trois millions et demi de BrĂ©siliens manifestent le pour rĂ©clamer le dĂ©part de la prĂ©sidence de Dilma Rousseff[77], tandis que les Ă©tudes d'opinion indiquent que plus des deux tiers des BrĂ©siliens souhaitent sa destitution[78] - [79]. AprĂšs le Parti du mouvement dĂ©mocratique brĂ©silien (PMDB) du vice-prĂ©sident Michel Temer, le Parti progressiste (PP), le Parti rĂ©publicain brĂ©silien (PRB) et le Parti social dĂ©mocratique (PSD), tous membres de la coalition gouvernementale, donnent pour consigne de voter en faveur de la destitution[80]. Dans le mĂȘme temps, plusieurs ministres quittent le gouvernement[81].
Le , 367 dĂ©putĂ©s se prononcent en faveur de la procĂ©dure de destitution, soit plus que la majoritĂ© des deux tiers (342 voix) qui Ă©tait requise pour la poursuite de la procĂ©dure ; seuls 137 dĂ©putĂ©s s'y opposent[82]. Le vote se fait dans un climat de haine politique, un dĂ©putĂ© dâextrĂȘme droite, Jair Bolsonaro, dĂ©diant son vote en faveur de l'impeachment au colonel Ustra, qui avait torturĂ© en personne Dilma Rousseff sous la junte militaire, tandis qu'un dĂ©putĂ© d'extrĂȘme gauche Ă©voque « des tortionnaires lĂąches, des politiques analphabĂštes et vendus, une farce sexiste »[83] - [84].
Le Sénat, le 12 mai, vote la suspension de ses fonctions pour une durée maximale de 180 jours, par 55 voix contre 22. Le vice-président, Michel Temer, assure la présidence en son absence[85]. La rupture de l'alliance entre le PMDB et le PT permet ainsi à Michel Temer de composer un nouveau gouvernement en coalition avec des partis comme le PSDB (centre-droit). Un second vote du Sénat, avec majorité des deux tiers, doit se tenir pour l'écarter définitivement du pouvoir[72] - [86].
Le 27 juin, un rapport de trois experts du SĂ©nat disculpe la prĂ©sidente des accusations de manĆuvres fiscales portĂ©es Ă son encontre par l'opposition. Il s'agissait pourtant de l'une des principales charges retenues contre elle dans la procĂ©dure de destitution dont elle est la cible[87].
Le 25 aoĂ»t, Ricardo Lewandowski, prĂ©sident du Tribunal fĂ©dĂ©ral suprĂȘme, ouvre son procĂšs[88]. En plus de la destitution, elle risque une peine d'inĂ©ligibilitĂ© de huit ans[89].
Le 31 aoĂ»t, elle est destituĂ©e par 61 voix pour et 20 contre[90]. Cependant, le SĂ©nat ne la dĂ©choit pas de ses droits civiques (42 pour, 30 contre et 3 abstentions)[91] - [92]. Ceci lui permettrait de concourir aux prochaines Ă©lections[93] et notamment Ă la prĂ©sidentielle de 2018[94], ou aux lĂ©gislatives et aux sĂ©natoriales, le cas Ă©chĂ©ant[95]. Le lendemain , elle fait appel de la dĂ©cision auprĂšs de la Cour suprĂȘme[93].
AprÚs la présidence
Le , une semaine aprÚs sa destitution, elle s'installe à Porto Alegre, aprÚs avoir quitté le palais présidentiel et Brasilia[96]. En , elle annonce qu'elle ne se présentera pas à l'élection présidentielle de 2018[97].
Le , le Tribunal suprĂȘme Ă©lectoral rejette, par quatre voix contre trois, l'invalidation de sa campagne de la prĂ©sidentielle de 2014, ce qui lui Ă©vite une peine d'inĂ©ligibilitĂ© de huit ans et permet Ă Michel Temer de rester au pouvoir[98].
Avec Lula, elle est inculpée, le , pour des délits d'organisation criminelle commis entre 2002 et 2016 afin de détourner des fonds de Petrobras[99].
Elle brigue un mandat de sĂ©natrice dans son Ătat natal du Minas Gerais lors des Ă©lections parlementaires de 2018. Alors que les sondages la donnaient largement en tĂȘte du scrutin, elle arrive en quatriĂšme position avec 15,4 % des voix[100] - [101] - [102].
En 2022, lâenquĂȘte de justice portant sur les accusations de manipulations comptables qui avaient servi de base Ă sa destitution est clĂŽturĂ©e, le MinistĂšre public fĂ©dĂ©ral du BrĂ©sil (MPF) n'ayant identifiĂ© aucun crime ou acte d'irrĂ©gularitĂ© administrative[103].
Redevenu président de la République à la suite de l'élection présidentielle de 2022, Lula propose la candidature de Dilma Rousseff pour diriger la Nouvelle banque de développement, fondée en 2015 pour financer des projets d'infrastructures et de développement dans les BRICS. En mars 2023, elle est élue présidente de l'institution pour un mandat de deux ans, lors d'un vote unanime de son directoire[104]. Elle exerce ses fonctions à Shanghai, avec une rémunération s'élevant à 500 000 dollars par an[105].
Notes et références
Notes
- Mandat suspendu du 12 mai au . Le vice-président, Michel Temer, assure l'intérim.
- Prononciation en portugais brésilien retranscrite selon la norme API.
Références
- Who Is Who: Bulgarian Origins and Relatives of Brazil's Dilma Rousseff, Sofia News Agency.
- Dilma defende relação com IrĂŁ em encontro com comunidade israelita, Estado.com.br, 13 septembre 2010 : Sobre sua avĂł, Dilma contou que ela usava o sobrenome Coimbra, uma indicação de que poderia ser uma judia que adotou o Brasil para viver e que mudou de sobrenome ao chegar. "Eu imagino que minha avĂł fosse judia porque ela se chamava Coimbra, era de origem portuguesa e acho que ela tinha todos os traços", afirmou. "Pelas caracterĂsticas fĂsicas, acho que era uma cristĂŁ-nova.". De sa grand-mĂšre Dilma raconte qu'elle utilisait le surnom de Coimbra [ville refuge des Juifs entre 1492 et 1497], indication qu'elle avait pu ĂȘtre une juive ayant adoptĂ© le BrĂ©sil pour vivre et ayant changĂ© de surnom Ă son arrivĂ©e. [âŠ] « Par les caractĂ©ristiques physiques, je dirais qu'elle Ă©tait cristĂŁ-nova. ».
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- https://noticias.uol.com.br/politica/ultimas-noticias/2023/03/25/dilma-rousseff-banco-brics-salario.htm
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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