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Le Festin de Babette

Le Festin de Babette (Babettes Gæstebud) est un film danois réalisé par Gabriel Axel et sorti en 1987. Il est inspiré d'une nouvelle de Karen Blixen, extraite du recueil Skæbne-Anekdoter (Anecdotes du destin). Le film a obtenu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1988.

Le Festin de Babette

Titre original Babettes Gæstebud
RĂ©alisation Gabriel Axel
Scénario Gabriel Axel
Acteurs principaux
Sociétés de production Panorama Film A/S
Det Danske Filminstitut
Nordisk Film
Rungstedlundfonden
Pays de production Drapeau du Danemark Danemark
Genre Drame, historique
DurĂ©e 102 minutes
Sortie 1987

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Dans un petit village au Danemark, au XIXe siècle, un pasteur luthérien autoritaire et possessif a deux jolies filles, Martine et Filippa. Chacune d'elles aura une histoire d'amour naissante mais sans lendemain : Martine avec Lorens, un jeune officier de passage ; Filippa avec Achille, un chanteur d'opéra en villégiature. Trente-cinq ans plus tard, les deux sœurs sont toujours célibataires et ont pris la suite de leur père à la tête de la petite communauté. Sur recommandation d'Achille, elles accueillent comme servante Babette, une Française ayant fui la guerre civile à Paris. Babette apprend le danois et la cuisine locale et servira humblement Martine et Filippa pendant quinze années, jusqu'au jour où elle apprend avoir gagné à la loterie.

Synopsis

Au XIXe siècle, dans un petit village luthérien du Jutland, au Danemark, un pasteur charismatique et autoritaire dirige sa communauté par une vie pieuse et austère. Il a deux jolies filles, Martine et Filippa, dont il ne veut se séparer à aucun prix au grand dam des jeunes hommes du village. Lorens, un jeune officier envoyé trois mois dans la région pour punition, tombera follement amoureux de Martine, mais malgré tous ses efforts pour intégrer le cercle familial il repartira seul. Le cœur brisé, il jurera de se consacrer uniquement à sa carrière militaire. Filippa sera, quant à elle, repérée par Achille Papin, un baryton français en villégiature, qui voit immédiatement en elle une future diva qui pourrait avoir tout Paris à ses pieds. Après plusieurs mois de cours particuliers et malgré les progrès, c'est Filippa qui met fin à leur relation naissante, à la grande satisfaction du pasteur.

Trente-cinq ans plus tard, le pasteur est mort et les deux sœurs sont toujours célibataires. Un soir de tempête, une femme frappe à leur porte, exténuée. C'est Babette, une Française qui leur demande refuge en proposant ses services de servante. Elle est recommandée par une lettre d'Achille Papin qui explique qu'ayant échappé à la répression du général Galliffet, elle a dû fuir la guerre civile de la Commune de Paris et qu'elle « sait faire la cuisine ». Martine et Filippa acceptent, même si elles n'ont pas les moyens de la payer. Babette a gardé, pour unique lien avec la France, un billet de loterie qu'une amie lui achète chaque année. Elle apprend le danois et la cuisine locale. Durant quinze années, elle va servir avec humilité les deux sœurs qui pourront ainsi se consacrer pleinement à l'aide des pauvres de la région.

Mais un jour, Babette reçoit une lettre de France : elle a remportĂ© le gros lot, 10 000 francs. Elle propose alors de prĂ©parer elle-mĂŞme un grand repas Ă  la française pour la soirĂ©e anniversaire du centenaire du dĂ©funt pasteur. Il y aura douze convives, dont un invitĂ© de passage, Lorens, devenu gĂ©nĂ©ral. Babette s'absente plusieurs jours pour prĂ©parer et faire venir les denrĂ©es nĂ©cessaires par bateau. Mais Ă  quelques jours du dĂ®ner, Martine et Filippa rĂ©alisent que ce repas n'est pas du tout conforme Ă  leur vie d'ascètes et en font des cauchemars. Il est trop tard pour reculer, alors la communautĂ© dĂ©cide unanimement que durant tout le repas, ils ne feront aucune remarque, ne diront aucun mot sur la nourriture absorbĂ©e. Une fois Ă  table, Lorens dĂ©couvre avec stupĂ©faction et Ă©motion la qualitĂ© exceptionnelle des mets et des vins qu'on lui sert, et se permet d'exprimer pleinement et librement son Ă©merveillement. Il raconte qu'autrefois, au CafĂ© Anglais Ă  Paris, il a pu dĂ©guster exactement les mĂŞmes plats, pourtant des crĂ©ations originales d'une chef cuisinière renommĂ©e, lui avait-on dit.

Malgré leur réticence initiale, les convives apprécient vite le repas et sont peu à peu envahis de bien-être, le mélange des alcools aidant. Au moment du café, les tensions sont apaisées et tous se réconcilient. Lorens, lui, verra dans ce repas un message de grâce divine après toutes ces années où il pensait que ses choix avaient conduit sa vie entière à un échec.

Les deux sĹ“urs remercient Babette du fond du cĹ“ur. Elles se sont prĂ©parĂ©es Ă  son dĂ©part. Mais Babette leur annonce qu'elle reste : elle n'a plus d'attaches Ă  Paris, et plus d'argent non plus, car elle a tout dĂ©pensĂ© dans cet unique repas. 10 000 francs, c'est en effet le prix d'un repas pour douze au CafĂ© Anglais, oĂą elle a travaillĂ© comme chef, jadis.

Fiche technique

Distribution

  • StĂ©phane Audran : Babette Hersant
  • Bodil Kjer : Filippa
  • Birgitte Federspiel : Martine
  • Jarl Kulle : le gĂ©nĂ©ral Lorens Löwenhielm
  • Jean-Philippe Lafont : Achille Papin
  • Gudmar Wivesson (sv) : Lorens Löwenhielm (jeune)
  • Ghita Nørby : la narratrice
  • Erik PetersĂ©n : Erik, le jeune garçon qui sert le festin
  • Ebbe Rode : Christopher « allĂ©luia ! »
  • Gert Bastian (da) : l'homme pauvre
  • Viggo Bentzon : un pĂŞcheur sur le bateau
  • Hanne Stensgaard (da) : Filippa (jeune)
  • Vibeke Hastrup (da) : Martine (jeune)
  • Therese Hojgaard Christensen : Martha
  • Pouel Kern (da) : le pasteur
  • Cay Kristiansen (da) : Poul
  • Lars Lohmann (da) : un pĂŞcheur
  • Tina Miehe-Renard : la femme de Löhenhielm
  • Bibi Andersson : une dame de la cour suĂ©doise
  • Asta Esper Andersen (da) : Anna
  • Thomas Antoni (da) : le lieutenant suĂ©dois
  • Lisbeth Movin : la veuve
  • Finn Nielsen (da) : Kobmand
  • Holger Perfort (da) : Karlsen
  • Else Petersen (da): Solveig
  • Bendt Rothe (da) : le vieux Nielsen
  • Preben Lerdorff Rye (da) : le capitaine
  • Axel Strøbye : le cocher
  • Ebba With (da) : la tante de Löwenhielm
  • Tina Kiberg : Filippa (voix chantĂ©e)

Le menu

Le menu et les plats sont décrits dans la nouvelle de Karen Blixen, mais sans préciser ni la préparation ni les temps de cuisson. Pour le tournage, la préparation en a été confiée à Jan Cocotte-Pedersen, chef de cuisine du restaurant La Cocotte, à Copenhague. Les recettes ont été publiées[1] par la suite, et plusieurs plats sont devenus des classiques internationaux[2].

Selon le scénario du film, Babette arrive au Danemark en 1871, année des événements de la Commune de Paris, et il s'écoule au moins quinze ans avant le fameux dîner qui se situerait donc vers 1886. Ceci permet de conclure que le Clos-Vougeot servi avait environ 41 ans.

Plats Boissons
Soupe de tortue géante Xérès amontillado
Blinis Demidoff (au caviar et à la crème) Champagne Veuve Clicquot 1860
Cailles en sarcophage au foie gras et sauce aux truffes Clos de Vougeot 1845[3] (41 ans d'âge)
Salade d'endives aux noix
Fromages
Savarin et salade de fruits glacés
Fruits frais (raisins, figues, ananas...) Eau
Baba au rhum Café
Vieux marc Fine Champagne
  • Blinis Demidoff
    Blinis Demidoff
  • Cailles en sarcophage
    Cailles en sarcophage
  • Baba au rhum
    Baba au rhum

Distinctions

Commentaires

Le cinéaste, en allongeant la scène du festin, atténue la critique de l'auteur de la nouvelle envers le rigorisme des luthériens[5]. Ce repas va réconcilier les membres, déchirés par les conflits et les rivalités, de la petite communauté luthérienne où Babette a été accueillie. Il va aussi réconcilier des convives avec leur vie et guérir leur regret d'être passés à côté d'un grand amour. L'un d'eux aura le mot de la fin : « J'ai compris ce soir que tout était possible. »

Le pape François se réfère au film dans l'exhortation apostolique Amoris lætitia : « Il faut rappeler la joyeuse scène du film Le Festin de Babette, où la généreuse cuisinière reçoit une étreinte reconnaissante et un éloge : “Avec toi, comme les anges se régaleront !” »[6].

Notes et références

  1. « Karen Blixen - Le Festin de Babette »
  2. Florence Fabricant, « In 'Babette,' A Great Feast For the Palate And the Eye », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « de chez Philippe rue Montorgueil »
  4. Babettes Gaestebud (Le Festin de Babette) sur le site officiel du festival de Cannes
  5. « Le festin de Babette de Gabriel Axel », sur www.cineclubdecaen.com
  6. Exhortation apostolique post-synodale Amoris lætitia du Saint-Père François aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées, aux époux chrétiens et à tous les fidèles laïcs sur l'amour dans la famille, § 129.

Voir aussi

Bibliographie

  • Karen Blixen, « Anecdotes du destin », in: Les contes, [Paris] : Gallimard, 2007, collection Quarto, (ISBN 978-2-07-078235-2)
Contient Ă©galement : Sept contes gothiques ; Contes d'hiver ; Derniers contes [Nouveaux contes gothiques et nouveaux contes d'hiver] ; Cinq contes posthumes ; Ehrengarde
  • Rubem Alves, Le Mangeur de paroles, traduction de l'anglais par Dominique Barrios-Delgado, Paris : Cerf, 1993
Contient un commentaire sur Le Festin de Babette.
  • Pierre BĂĽhler, « Le repas, parabole du Royaume ? Lecture thĂ©ologique du Festin de Babette de Karen Blixen », in: Le GoĂ»t [actes du colloque, Dijon, les 12 et , campus universitaire : troisième colloque transfrontalier], [Dijon] : [UniversitĂ© de Bourgogne], 1998 (ISBN 2-905965-33-9)

Articles connexes

Liens externes

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