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Cotylorhynchus

Cotylorhynchus est un genre Ă©teint de synapsides Caseidae herbivore ayant vĂ©cu Ă  la fin du Permien infĂ©rieur (Kungurien) et possiblement au dĂ©but du Permien moyen (Roadien) dans ce qui est aujourd’hui le Texas et l’Oklahoma aux États-Unis. Le grand nombre de spĂ©cimens dĂ©couverts fait de lui le casĂ©idĂ© le mieux connu. Comme tous les grands casĂ©idĂ©s herbivores, Cotylorhynchus avait un museau court inclinĂ© vers l’avant et pourvu de trĂšs grandes narines externes. La tĂȘte Ă©tait trĂšs petite comparĂ©e Ă  la taille du corps. Ce dernier Ă©tait massif, en forme de tonneau, et terminĂ© par une queue allongĂ©e. Les membres Ă©taient courts et robustes. Les mains et les pieds avaient des doigts courts et larges aux griffes puissantes. Le corps en forme de tonneau devait abriter des intestins volumineux suggĂ©rant que l’animal devait se nourrir d’une grande quantitĂ© de vĂ©gĂ©taux Ă  faible valeur nutritive. Un mode de vie semi-aquatique chez Cotylorhynchus et d’autres grands casĂ©idĂ©s a Ă©tĂ© proposĂ© par divers auteurs sur la base de la structure spongieuse (ostĂ©oporotique) de son squelette postcrĂąnien. Une thĂ©orie contestĂ©e par d’autres chercheurs Ă  partir de donnĂ©es palĂ©ontologiques et taphonomiques combinĂ©es Ă  l’absence chez cet animal d’adaptations morphologiques Ă  un mode vie aquatique. Le genre Cotylorhynchus est reprĂ©sentĂ© par trois espĂšces dont la plus grande pouvait atteindre m de longueur. Cependant, une Ă©tude publiĂ©e en 2022 suggĂšre que le genre pourrait ĂȘtre paraphylĂ©tique, deux des trois espĂšces appartenant peut-ĂȘtre Ă  un ou des genres distincts.

Cotylorhynchus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Squelette de Cotylorhynchus romeri exposé au Muséum d'histoire naturelle d'Oklahoma.

Genre

† Cotylorhynchus
Stovall, 1937

EspÚces de rang inférieur

  • † C. romeri, Stovall, 1937 (type)
  • † C. hancocki, Olson & Beerbower, 1953
  • † C. bransoni, Olson & Barghusen, 1962

Étymologie

Le nom de genre Cotylorhynchus vient du Grec kotyle, coupe, creux, et de rhynchos, bec, ou museau. Le genre a été nommé ainsi en raison de l'ouverture nasale qui est entourée d'une surface osseuse déprimée en forme de coupe[1].

Description

Squelette composite de Cotylorhynchus romeri (AMNH FARB 7517). Le crĂąne est un moulage du spĂ©cimen OMNH 04329 et la queue semble provenir d’un autre individu.
 Crùne de Cotylorhynchus romeri (spécimen OMNH 04329) en vues dorsale et ventralele
Cotylorhynchus romeri, spécimen OMNH 04329. Crùne en vues dorsale (permettant de voir le grand foramen foramen pinéal) et ventrale.

Le crĂąne de Cotylorhynchus montre la morphologie typique des casĂ©idĂ©s avec un museau inclinĂ© vers l’avant, de trĂšs grandes narines externes, un toit crĂąnien ornĂ© de nombreuses petites dĂ©pressions, et un trĂšs grand foramen pinĂ©al. Ce dernier est plus large que long comme chez Ennatosaurus et diffĂšre ainsi de celui d’Euromycter qui est subcirculaire[2]. Le nombre de dents des mĂąchoires supĂ©rieure et infĂ©rieure varie de 16 Ă  20. Sur la mĂąchoire supĂ©rieure, les dents antĂ©rieures sont longues et minces alors que celles qui suive dĂ©croient en taille postĂ©rieurement et sont lĂ©gĂšrement spatulĂ©es. Toutes les dents marginales ont leur extrĂ©mitĂ© distale lĂ©gĂšrement inclinĂ© vers l’intĂ©rieur de la bouche et leur couronne portent chacune trois petites cuspides disposĂ©es longitudinalement. Ces dents montrent Ă©galement un Ă©largissement de la partie centrale de la couronne[3]. Sur la mĂąchoire infĂ©rieure, les dents antĂ©rieures, possiblement non denticulĂ©es d’aprĂšs Olson, sont plus courtes et sont lĂ©gĂšrement inclinĂ©es vers l’avant. Les dents suivantes sont similaires Ă  celles de la mĂąchoire supĂ©rieure.

Le squelette postcranien est massif. Les cÎtes sont trÚs longues, lourdes et incurvées pour former un corps bulbeux. Les cÎtes sont présentes sur toutes les vertÚbres pré-sacrées et les premiÚres vertÚbres caudales. Les cinq cÎtes présacrées postérieures sont fusionnées aux apophyses transverses des vertÚbres. Le sacrum contient trois vertÚbres. Les épines neurales des vertÚbres des plus gros spécimens deviennent proportionnellement plus hautes, en particulier dans la région pelvienne. Les membres sont courts et robustes. Le fémur est caractérisé par son extrémité proximale ayant un large plateau marqué par une marge surplombant légÚrement la surface dorsale du fémur. Les mains et les pieds sont larges et courts, et se terminent par des phalanges unguéales fortes, acérées, et recourbées qui devaient soutenir des griffes puissantes. Les cicatrices musculaires et tendineuses sont largement développées[3].

EspĂšces

Le genre Cotylorhynchus contient trois espĂšces qui diffĂšrent par leurs tailles et leurs proportions : C. romeri (l’espĂšce type), C. hancocki, et C. bransoni. Chez C. romeri il existe deux groupes de taille correspondant peut ĂȘtre Ă  un dimorphisme sexuel. Il n'y a pas de chevauchement de taille entre les adultes de C. romeri et C. hancocki, mais les plus gros spĂ©cimens de C. bransoni ont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes dimensions que les petits spĂ©cimens de C. romeri[3]. En 2022, Ralf Werneburg et des collĂšgues ont suggĂ©rĂ© que les espĂšces C. hancocki et C. bransoni pourraient ne pas appartenir au genre Cotylorhynchus. Ces auteurs considĂšrent qu’une rĂ©vision dĂ©taillĂ©e de ces deux taxons est nĂ©cessaire pour clarifier leur statut[4].

Cotylorhynchus romeri

Crùne incomplet de Cotylorhynchus romeri (holotype) en vues latérale et médiale droite, trouvé prÚs de Navina, Comté de Logan, Oklahoma.
Cotylorhynchus romeri (Holotype OMNH 00637) de Navina, Comté de Logan : crùne en vues latérale et médiale droite. Abréviations : an, angulaire ; co, coronoïde ; d, dentaire ; j, jugal ; l, lacrimal ; m, maxillaire ; n, nasal ; pm, prémaxillaire ; po, postorbitaire ; pra, préarticulaire ; prf, préfrontal ; qj, quadratojugal ; sp, splénial ; su, surangulaire.

L’espĂšce type Cotylorhynchus romeri est l’espĂšce la mieux connue du genre. Elle fut Ă©rigĂ©e en 1937 par John Willis Stovall Ă  partir de l’holotype OMNH 00637, composĂ© du cĂŽtĂ© droit d'un crĂąne, une interclavicule incomplĂšte, et une paire de mains droite et gauche, trouvĂ©s dans les mudstones rouges de la partie infĂ©rieure de la formation de Hennessey, prĂšs de la localitĂ© de Navina, dans le ComtĂ© de Logan, Oklahoma[1] - [3]. Le nom de l’espĂšce honore le palĂ©ontologue AmĂ©ricain Alfred Sherwood Romer[1]. Peu aprĂšs la dĂ©couverte de l’holotype, de trĂšs nombreux spĂ©cimens furent dĂ©couverts dans une vingtaine de sites entourant la ville de Norman, dans le ComtĂ© de Cleveland, toujours dans la formation de Hennessey. Plusieurs squelettes assez complets et de nombreux autres plus fragmentaires, totalisent environ 40 individus[3]. Les spĂ©cimens des deux rĂ©gions sont plus ou moins contemporains et ne sont connus que dans un intervalle stratigraphique de 30 m d’épaisseur. À Navina, l’holotype provient d’un niveau situĂ© environ 60 m au-dessus de la base de la formation de Hennessey. Les nombreux exemplaires de la rĂ©gion de Norman ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans plusieurs couches situĂ©es entre 45 et 76 m au-dessus de la base de la formation[3]. L’holotype de C. romeri possĂšde 20 dents sur les mĂąchoires supĂ©rieures (3 sur le prĂ©maxillaire et 17 sur le maxillaire) et 19 dents sur les mĂąchoires infĂ©rieures. Les C. romeri de la rĂ©gion de Norman montrent un nombre de dents plus rĂ©duit. Quatre crĂąnes oĂč le comptage des dents Ă©tait possible possĂšdent 15 ou 16 dents sur les mĂąchoires supĂ©rieures (3 sur le prĂ©maxillaire et jusqu’à 13 sur le maxillaire). Certains auteurs ont ainsi envisagĂ© que l’holotype de C. romeri et les spĂ©cimens rĂ©fĂ©rĂ©s de Norman reprĂ©sentaient deux espĂšces diffĂ©rentes. Cependant, le manque d’échantillons de la localitĂ© type (l’holotype de C. romeri y Ă©tant le seul fossile connu) et le nombre de dents Ă©tant la seule diffĂ©rence avec les spĂ©cimens de Norman, il fut dĂ©cidĂ© de maintenir tous ces spĂ©cimens dans la mĂȘme espĂšce[1] - [3].

C. romeri est une espĂšce de grande taille pouvant dĂ©passer 3,60 m de longueur et peser 330 kg selon Romer et Price[5] ou 4,50 m de longueur selon Stoval et des collĂšgues[6]. Robert Reisz et des collĂšgues ont identifiĂ© chez cette espĂšce plusieurs autapomorphies crĂąniennes. C. romeri se distinguerait par des postpariĂ©taux transversalement larges qui entrent en contact avec les supratemporaux latĂ©ralement, un grand supratemporal qui limite le contact entre le pariĂ©tal et le postorbitaire, un stapes dotĂ© d’une courte diaphyse distale massive et d’un processus ventral qui s’appuie contre la branche carrĂ© du ptĂ©rygoĂŻde, des vomers portant trois grandes dents le long du bord mĂ©dial de l’os, la prĂ©sence de dents sur le parasphĂ©noĂŻde, et un surangulaire recouvrant la pointe postĂ©ro-dorsale du dentaire et l’exclut de l’éminence coronoĂŻde. Cependant, Reisz et des collĂšgues soulignent le fait que ces autapomorphies sont ambiguĂ«s car elles reposent, Ă  quelques exceptions prĂšs (quelques os du palais), sur des parties du crĂąne encore inconnues chez les autres espĂšces du genre limitant ainsi les comparaisons[2].

CrĂąne de Cotylorhynchus romeri (spĂ©cimen OMNH 04329) en vues latĂ©rale et occipitale. Bien qu’étant un peu Ă©crasĂ© dorsoventralement, ce spĂ©cimen est le crĂąne de Cotylorhynchus romeri le plus complet et le mieux conservĂ© de la localitĂ© de Norman, ComtĂ© de Cleveland, Oklahoma.
Cotylorhynchus romeri, spĂ©cimen OMNH 04329. CrĂąne en vues latĂ©rale et occipitale. Il s’agit du crĂąne de C. romeri le mieux conservĂ© de la localitĂ© de Norman, dans le ComtĂ© de Cleveland.
Trois illustrations montrant, de haut en bas, la reconstitution du crùne de Cotylorhynchus romeri en vue latérale gauche, et de sa mandibule en vues latérale et médiale.
Cotylorhynchus romeri. Reconstitution du crùne en vue latérale gauche, et vues latérale et médiale de la mandibule.

Comme chez les deux autres espĂšces de Cotylorhynchus, la denture se compose de dents tricuspides. Toutefois, C. romeri est l’espĂšce oĂč les cuspides sont le moins dĂ©veloppĂ©es[3]. D’aprĂšs Everett Claire Olson, les dents prĂ©maxillaires ne portaient pas de cuspides[3]. Ces derniĂšres ont toutefois Ă©tĂ© signalĂ©es sur les dents prĂ©maxillaires par Robert Reisz et des collĂšgues[2]. Toutes les dents marginales ont leur extrĂ©mitĂ© distale recourbĂ©e lingualement. De nombreuses dents sont Ă©galement prĂ©sentes sur plusieurs os du palais. Une courte rangĂ© de trois grandes dents lĂ©gĂšrement recourbĂ©es sont prĂ©sentes sur chaque vomers. Elles sont plus hautes que toutes les autres dents du palais. Les palatins portent 10 dents subconiques situĂ©es sur une rĂ©gion de l’os lĂ©gĂšrement Ă©paissie adjacente Ă  la partie mĂ©diane de la suture partagĂ©e avec le ptĂ©rygoĂŻde. Ce dernier, de forme triangulaire, porte de nombreuses dents rĂ©parties en quatre groupes distincts : une rangĂ©e mĂ©diale bordant la vacuitĂ© interptĂ©rygoĂŻde, un groupe de dents plus petites qui contribue au groupe de dents ptĂ©rygo-palatines, un amas postĂ©rolatĂ©ral de trĂšs petites dents sur la branche transversale du ptĂ©rygoĂŻde, et derriĂšre cet amas une rangĂ©e de grandes dents qui borde la marge postĂ©rieure de la branche transversale et s'Ă©tend mĂ©dialement Ă  la rĂ©gion basicrĂąnienne[2]. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le ptĂ©rygoĂŻde porte des dents plus nombreuses, plus petites et plus fines que celles prĂ©sentes sur le ptĂ©rygoĂŻde de C. bransoni[3]. Quelques dents sont Ă©galement prĂ©sentes sur le parasphĂ©noĂŻde. Plusieurs dents du palais ont leur extrĂ©mitĂ© bien conservĂ©e qui montre la mĂȘme morphologie distale que les dents marginales avec trois petites cuspides. Sur la mandibule, le dentaire porte entre 16 et 19 dents, lesquelles prĂ©sentent la mĂȘme morphologie que les dents de la mĂąchoire supĂ©rieure. Chez C. romeri, la rangĂ© dentaire ne montre pas d’espaces pour les dents de remplacement ce qui pourrait ĂȘtre liĂ© Ă  des taux rĂ©duits de remplacement des dents et une longĂ©vitĂ© accrue des dents fonctionnelles[2].

La colonne vertĂ©brale comprend 25 ou 26 vertĂšbres prĂ©sacrĂ©es, 3 vertĂšbres sacrales et environ 55 vertĂšbres caudales[6]. C. romeri se distingue par ses postzygapophyses largement espacĂ©es sur les vertĂšbres dorsales, alors que chez C. hancocki et C. bransoni, elles se contactent gĂ©nĂ©ralement le long de la ligne mĂ©diane[7]. Les membres, relativement courts, Ă©taient plus robustes que ceux de C. bransoni mais moins massifs que ceux de C. hancoki[8]. Les mains et les pieds montrent une formule phalangienne[N 1] de 2-2-3-3-2[6] - [3]. Les squelettes de la rĂ©gion de Norman montrent deux groupes de tailles au sein des spĂ©cimens adultes. L’un de ces groupes est composĂ© d’individus environ 20 % plus petits que ceux de l’autre groupe. Cette diffĂ©rence de taille fut interprĂ©tĂ©e comme une possible diffĂ©rentiation spĂ©cifique ou plus probablement comme l’expression d’un dimorphisme sexuel[6] - [3].

Cotylorhynchus hancocki

Silhouette de Cotylorhynchus hancocki comparĂ© Ă  un celle d’un humain.
Cotylorhynchus hancocki comparé à un Homo sapiens.

Cotylorhynchus hancocki fut nommĂ© en 1953 par Everett C. Olson et James R. Beerbower, Ă  partir d’un humĂ©rus droit et d’une extrĂ©mitĂ© proximale de tibia (constituant l’holotype FMNH UR 154) dĂ©couverts dans la partie supĂ©rieure de la formation de San Angelo, prĂšs de la Pease River, dans le ComtĂ© de Hardeman au Texas[9]. L’espĂšce porte le nom de J. Hancock grĂące auquel l'exploration d'une grande partie de la localitĂ© de Pease River fut possible[9]. Par la suite, plus d’une soixantaine de spĂ©cimens, allant de l’os isolĂ© au squelette presque complet, furent dĂ©couverts dans plusieurs gisements du ComtĂ© de Knox, la majoritĂ© provenant toutefois de la carriĂšre de Kahn. Ce site a livrĂ© les spĂ©cimens les plus complets de l’espĂšce tels FMNH UR 581, un squelette presque complet auquel ne manque que le crĂąne, quelques vertĂšbres cervicales, un scapulo-coracoĂŻde et certains os des membres ; FMNH UR 622, un squelette partiel composĂ© d’une partie de la boĂźte crĂąnienne et du palais, diverses vertĂšbres, des cĂŽtes, des os des membres, une clavicule, et des os du pied ; et FMNH UR 703, une partie du squelette d'un trĂšs grand individu incluant des vertĂšbres dorsales, lombaires, sacrales, et caudales, le bassin, un fĂ©mur, un radius, un ulna, et des cĂŽtes. D’autres spĂ©cimens notables incluent plusieurs os crĂąniens isolĂ©s. Tous les os crĂąniens connus chez cette espĂšce proviennent de la carriĂšre de Kahn[10] - [3].

Avec une taille pouvant dĂ©passer les m de longueur et un poids de plus de 500 kg[3], C. hancocki est de trĂšs loin la plus grande espĂšce du genre, et est l’un des plus grands casĂ©idĂ©s connus avec le genre Alierasaurus[11] - [12] - [13] - [14]. Ses dimensions font Ă©galement de lui l’un des plus grands synapsides non-mammalien. On ne connaĂźt pas de crĂąne complet de C. hancocki. Les divers Ă©lĂ©ments connus (maxillaires, dentaires, boĂźte crĂąnienne, os du palais), indique un crĂąne similaire Ă  celui de C. romeri en lĂ©gĂšrement plus grand. La denture supĂ©rieure n’est pas connue en totalitĂ©. Plusieurs mandibules isolĂ©es montrent que la denture infĂ©rieure comptait jusqu’à 18 dents lĂ©gĂšrement spatulĂ©es et tricuspides. Les cuspides des dents supĂ©rieures Ă©taient moins fortes que celles des dents infĂ©rieures. Les cuspides dentaires de C. hancocki sont plus prononcĂ©es que celles de C. romeri mais moins dĂ©veloppĂ©es que celles de C. bransoni[10] - [3].

Le squelette postcrĂąnien se distingue par la morphologie et les proportions des membres, des vertĂšbres, et du bassin. Le scapulo-coracoĂŻde est caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence d’un foramen supraglĂ©noĂŻdien sur la lame scapulaire. Un tel foramen est absent chez les deux autres espĂšces de Cotylorhynchus et chez les casĂ©idĂ©s en gĂ©nĂ©ral[7] mais est prĂ©sent chez le genre Lalieudorhynchus[4]. La scapula possĂšde une marge antĂ©romĂ©diane bombĂ©e en forme de processus comme chez Lalieudorhynchus[4]. L’humĂ©rus possĂšde un Ă©picondyle plat, trĂšs large et mince, et un foramen entepicondylien complĂštement fermĂ©[10]. La colonne vertĂ©brale la plus complĂšte est celle du spĂ©cimen FMNH UR 581 dans laquelle il y a dix-sept vertĂšbres prĂ©sacrĂ©es et trente-neuf vertĂšbres caudales en articulation[10]. Une caractĂ©ristique liĂ©e Ă  la trĂšs grande taille de cette espĂšce est la prĂ©sence d’un hyposphene proĂ©minent sur les postzygapophyses des vertĂšbres dorsales[7], un caractĂšre partagĂ© avec Lalieudorhynchus[4]. Cette articulation intervertĂ©brale supplĂ©mentaire renforçait et stabilisait davantage la colonne vertĂ©brale pour soutenir le poids important de l’animal. L’épine neurale de la premiĂšre vertĂšbre caudale et de la premiĂšre vertĂšbre sacrĂ©e est trĂšs allongĂ©e dorsalement comme chez Lalieudorhynchus[4]. Les os des membres sont trĂšs robustes. Le fĂ©mur notamment est trĂšs massif avec une diaphyse relativement courte et un trochanter interne trĂšs dĂ©veloppĂ©[10] - [8], un autre caractĂšre partagĂ© avec Lalieudorhynchus[4]. L’os dans son ensemble est proportionnellement plus court et plus large que le fĂ©mur des deux autres espĂšces de Cotylorhynchus[8]. Le bassin est caractĂ©risĂ© par une projection antĂ©rolatĂ©rale du pubis nettement plus grande que chez C. romeri, et un sacrum prĂ©sentant une trĂšs grande cĂŽte sacrale antĂ©rieure, tandis que les deuxiĂšme et troisiĂšme cĂŽtes sacrales sont petites et moins spĂ©cialisĂ©es[10]. Un pied incomplet est conservĂ© chez FMNH UR 581. L’astragale de C. hancocki diffĂšre de celui des deux autres espĂšces de Cotylorhynchus et ressemble Ă  celui de Lalieudorhynchus en Ă©tant presque aussi large que long[4]. Le doigt IV est complet et compte trois Ă©lĂ©ments. La position des Ă©lĂ©ments conservĂ©s des doigts II et III suggĂšre une formule phalangienne de ?-2-2-3-?[10] - [15].

Cotylorhynchus bransoni

Cotylorhynchus bransoni fut nommĂ©e en 1962 par Everett C. Olson et Herbert Barghusen Ă  partir de nombreux ossements trouvĂ©s dans la carriĂšre d’OmĂ©ga, dans le ComtĂ© de Kingfisher en Oklahoma. Ses restes furent initialement dĂ©crits comme provenant de la partie centrale de la formation de Flowerpot[15]. Plus tard, Olson a corrigĂ© cette attribution en prĂ©cisant que ces restes appartiennent Ă  une langue de la formation de Chickasha (Groupe d’El Reno) dont les dĂ©pĂŽts s’imbriquent par endroit avec ceux des formations de Flowerpot, de Blaine, et de Dog Creek[16] - [3]. Le nom de l’espĂšce honore le Dr. Carl C. Branson qui, Ă  l’époque de la description de l’espĂšce, Ă©tait le directeur de l’Oklahoma Geological Survey, et qui a soutenu le programme de recherche sur la faune de la formation de Chickasha[15]. L’holotype FMNH UR 835, se compose du cĂŽtĂ© gauche du bassin, d’un fĂ©mur gauche, et plusieurs cĂŽtes sacrales partielles. D’autres spĂ©cimens sont reprĂ©sentĂ©s par FMNH UR 836, un tibia et une fibula droit, des tarses, des mĂ©tatarses, et des phalanges sauf les unguĂ©ales ; FMNH UR 837, un radius et l’ulna gauche, et une partie du carpe ; FMNH UR 838, un astragale gauche aplati ; FMNH UR 839, un tibia gauche immature ; FMNH UR 840, une fibula gauche mal conservĂ© d’un individu immature ; FMNH UR 841, un fragment de maxillaire gauche avec deux dents ; FMNH UR 842, deux fragments de phalanges unguĂ©ales ; et FMNH UR 843, une phalange unguĂ©ale[15]. D’autres fouilles effectuĂ©es dans la carriĂšre d’OmĂ©ga ont permis de dĂ©couvrir de nombreux ossements supplĂ©mentaires, dont plusieurs Ă©lĂ©ments inĂ©dits du squelette. Ce matĂ©riel additionnel inclut FMNH UR 905, un pied partiel; FMNH UR 910, des cĂŽtes cervicales; FMNH UR 912, une clavicule; FMNH UR 913, un chevron; FMNH UR 915, une sĂ©rie de vertĂšbres; FMNH UR 918 et 919, deux scapulo-coracoĂŻdes; FMNH UR 923, des vertĂšbres sacrĂ©es; FMNH UR 929, un ptĂ©rygoĂŻde; et FMNH UR 937, des vertĂšbres caudales[16] - [3]. Enfin, trois sites de la rĂ©gion d’Hitchcock, dans le comtĂ© de Blaine, ont fourni les spĂ©cimens FMNH UR 972, des vertĂšbres caudales; FMNH UR 982, 4 vertĂšbres dorsales; FMNH UR 983, des vertĂšbres dorsales; FMNH UR 984, un humĂ©rus incomplet; et FMNH UR 988, une partie du bassin et un pied complet et articulĂ© encore associĂ© Ă  une partie du tibia et de la fibula[16] - [3].

C. bransoni est la plus petite espĂšce connue du genre Cotylorhynchus, avec ses plus gros reprĂ©sentant de taille comparable aux plus petits individus de C. romeri[3]. Le crĂąne est trĂšs mal connu et n’est reprĂ©sentĂ© que par deux os dentifĂšres : un fragment de maxillaire et un ptĂ©rygoĂŻde. Les dents prĂ©sentes sur ces Ă©lĂ©ments distinguent C. bransoni des deux autres espĂšces du genre. Les deux dents tricuspides prĂ©servĂ©es sur le maxillaire montrent des cuspides plus dĂ©veloppĂ©es que celles observĂ©es chez C. romeri et C. hancocki. Le ptĂ©rygoĂŻde porte des dents moins nombreuses, plus grandes et plus robustes que celles prĂ©sentes sur le ptĂ©rygoĂŻde de C. romeri[10] - [3].

Le scapulo-coracoĂŻde possĂšde une lame scapulaire proportionnellement moins large que chez les deux autres espĂšces. La cavitĂ© glĂ©noĂŻde est un peu plus longue proportionnellement Ă  sa largeur que chez les deux autres espĂšces, et la partie antĂ©rieure de la plaque coracoĂŻde est moins Ă©tendue en avant[3]. Le radius et l’ulna sont relativement minces et courts. Le bassin est caractĂ©risĂ© par le fort dĂ©veloppement de l’ilion, qui s’élĂšve en lame au-dessus de l’acetabulum. Le fĂ©mur est gracile avec une diaphyse Ă©lancĂ©e et un quatriĂšme trochanter se trouvant loin sur la diaphyse. Les condyles distaux sont largement espacĂ©s. L’astragale est caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence d’un trĂšs gros foramen, absent chez les deux autres espĂšces[10] - [3]. Olson & Barghusen pensaient que la formule phalangienne du pied de C. bransoni Ă©tait 2-2-2-3-2, soit une formule plus rĂ©duite que celle des deux autres espĂšces de Cotylorhynchus[15] - [3]. Toutefois, Romano et Nicosia ont montrĂ© en 2015 que le doigt III comptait bien trois phalanges et non deux comme le croyait Olson et Barghusen. Ainsi, la formule phalangienne du pied de C. bransoni Ă©tait 2-2-3-3-2 comme chez C. romeri et probablement aussi chez C. hancocki[7].

RĂ©partition stratigraphique

Aucune datation radiomĂ©trique n’est disponible pour les formations gĂ©ologiques contenant des fossiles de Cotylorhynchus. L’espĂšce la plus ancienne est C. romeri de la formation de Hennessey en Oklahoma. Cette formation est considĂ©rĂ©e comme contemporaine de la partie supĂ©rieure du Groupe de Clear Fork (formation de Choza) du Texas[17]. Des faunes d’ammonoĂŻdes trouvĂ©es dans des strates marines prĂ©sentes Ă  la base et au sommet du Groupe de Clear Fork indiquent que les trois formations qui le composent (Arroyo, Vale, et Choza) sont entiĂšrement incluses dans l’étage Kungurien[18] - [19].

Les deux autres espĂšces de Cotylorhynchus sont plus rĂ©centes et proviennent des formations de San Angelo et de Chickasha. L’estimation de l’ñge gĂ©ologique de ces deux formations a fait l’objet de nombreuses interprĂ©tations, celles-ci leur attribuant alternativement un Ăąge Cisuralien terminal (Kungurien) et/ou Guadalupien basal (Roadien)[20].

Au Texas, l’espĂšce Cotylorhynchus hancocki provient de la formation de San Angelo. Cette formation surmonte le Groupe de Clear Fork et est recouverte par la formation de Blaine. D’aprĂšs Spencer G. Lucas et d’autres auteurs, des fusulines trouvĂ©es dans une intercalation marine de la formation de San Angelo, ainsi que des ammonoĂŻdes prĂ©sentes Ă  la base de la formation de Blaine sus-jacente, indiquaient un Ăąge Kungurien. De plus, selon ces auteurs, la base de la formation de San Andres, situĂ©e plus Ă  l’ouest et considĂ©rĂ©e comme un Ă©quivalent latĂ©ral de la formation de Blaine, se trouve dans la zone de conodontes de Neostreptognathodus prayi, la seconde des trois biozones de conodontes du Kungurien. La base de la formation de Blaine appartiendrait donc Ă  cette biozone du Kungurien, ce qui suggĂšre que la formation de San Angelo sous-jacente et C. hancocki seraient lĂ©gĂšrement plus anciens que la zone de conodonte Ă  N. prayi avec un Ăąge Kungurien infĂ©rieur[18] - [21] - [19]. Cependant, Michel Laurin et Robert W. Hook ont fait valoir que l’intercalation marine Ă  fusulines citĂ©e plus haut n’appartient pas Ă  la formation de San Angelo dans laquelle elle fut incluse par erreur, et ne peut pas ĂȘtre utilisĂ©e pour dater cette derniĂšre. Le nom de formation de San Angelo a Ă©tĂ© incorrectement appliquĂ© Ă  une grande variĂ©tĂ© de roches dans divers bassins sĂ©dimentaires situĂ©s dans l’ouest du Texas, alors que la Formation de San Angelo est limitĂ©e au plateau oriental et est exclusivement continentale et dĂ©pourvue de fossiles marins[20]. Par ailleurs, la rĂ©vision taxonomique des ammonoĂŻdes de la base de la formation de Blaine indique un Ăąge Roadien plutĂŽt que Kungurien[N 2] - [20]. La formation de San Angelo a quant Ă  elle livrĂ© une flore fossile dominĂ©e par les conifĂšres voltziens, un assemblage plutĂŽt caractĂ©ristique du Guadalupien et du Lopingien. Ainsi, selon Laurin et Hook la formation de San Angelo pourrait dater du Kungurien terminal ou du Roadien basal, ou plus probablement pourrait chevaucher la limite Kungurien/Roadien[20].

C. bransoni est l’espĂšce la plus rĂ©cente du genre et provient de la formation de Chickasha en Oklahoma. Cette formation fut longtemps considĂ©rĂ©e comme contemporaine de la formation de San Angelo. Cependant, Laurin et Hook ont dĂ©montrĂ© que la formation de Chickasha est lĂ©gĂšrement plus rĂ©cente car elle est intercalĂ©e dans la partie centrale de la formation de Flowerpot, laquelle recouvre la formation du grĂšs de Duncan qui est en fait l’équivalent latĂ©ral de la formation de San Angelo en Oklahoma[20]. Des donnĂ©es magnĂ©tostratigraphiques suggĂšrent que la formation de Chickasha date probablement du Roadien infĂ©rieur[20]. Un Ăąge Roadien fut Ă©galement suggĂ©rĂ© sur la base de la prĂ©sence dans la faune de Chickasha du parareptile Nycteroleteridae Macroleter, un genre qui n’était connu que dans le Permien moyen de Russie d’Europe[22] - [23]. Toutefois, Sigi Maho et des collĂšgues ont mis en avant le fait que plusieurs genres de tĂ©trapodes du Permien avaient une large distribution temporelle, tels Dimetrodon et Diplocaulus, et que la prĂ©sence du genre Macroleter Ă  la fois en Russie et en Oklahoma (reprĂ©sentĂ© par des espĂšces diffĂ©rentes) ne garantissait pas un Ăąge Permien moyen pour la formation de Chickasha[24]. Les mĂȘmes auteurs soulignent Ă©galement l’exemple du Varanopidae Mesenosaurus, lequel est prĂ©sent Ă  la fois dans le Permien moyen de Russie et par une espĂšce distincte en Oklahoma dans des terrains datĂ©s radiomĂ©triquement du milieu du Permien infĂ©rieur (Artinskien)[24]. De plus, de probables empreintes de pas de Nycteroleteridae, nommĂ©es Pachypes ollieri, provenant de roches cisuraliennes d'Europe et d'AmĂ©rique du Nord et du Guadalupien d'Europe, montrent que la distribution stratigraphique des Nycteroleteridae ne se limitait pas au Permien moyen et supĂ©rieur mais incluait Ă©galement le Permien infĂ©rieur[25]. Les occurrences cisuraliennes de P. ollieri proviennent des formations d’Hermit (Arizona), de RabĂ©jac (France) et de Peranera (Espagne) toutes d’ñge Artinskien, et Ă©galement de la formation de San Angelo[25]. Ainsi, dans l’état actuel des connaissances, l’ñge de la formation de Chickasha peut difficilement ĂȘtre Ă©valuĂ©e Ă  partir de la faune qu’elle contient. Cependant, la position stratigraphique de la formation de Chickasha comparĂ©e Ă  celle de la formation de San Angelo, et son probable Ăąge Roadien infĂ©rieur infĂ©rĂ© par la magnĂ©tostratigraphie, indiquent que la faune de Chickasha reprĂ©sente l’assemblage faunique le plus rĂ©cent du Permien d’AmĂ©rique du Nord.

Paléoenvironnements

À gauche : carte palĂ©ogĂ©ographique de la Terre Ă  la fin du PalĂ©ozoĂŻque montrant la rĂ©partition connue des synapsides casĂ©idĂ©s. À droite : gros plan sur la localisation palĂ©ogĂ©ographique des gisements Ă  casĂ©idĂ©s. 1 et 2 Ennatosaurus tecton, Oblast d’Arkhangelsk, Russie, Roadien supĂ©rieur – Wordien infĂ©rieur ; 3 Phreatophasma aenigmaticum, Bashkortostan, Russie, Roadien infĂ©rieur ; 4 Datheosaurus macrourus, VoĂŻvodie de Basse-SilĂ©sie, Pologne, GzhĂ©lien ; 5 Martensius bromackerensis, Thuringe, Allemagne, Sakmarien ; 6 Callibrachion gaudryi, SaĂŽne-et-Loire, France, AssĂ©lien ; 7 Euromycter rutenus et Ruthenosaurus russellorum, Aveyron, France, Artinskien supĂ©rieur ; 8 Lalieudorhynchus gandi, HĂ©rault, France, Wordien supĂ©rieur – Capitanien infĂ©rieur ; 9 Alierasaurus ronchii, Nurra, Sardaigne, Italie, Roadien ; 10 Eocasea martini, ComtĂ© de Greenwood, Kansas, Pennsylvanien supĂ©rieur ; 11 Angelosaurus romeri et Cotylorhynchus bransoni, ComtĂ© de Kingfisher, Oklahoma, Roadien infĂ©rieur ; 12 Cotylorhynchus bransoni, ComtĂ© de Blaine, Oklahoma, Roadien infĂ©rieur ; 13 Cotylorhynchus romeri, ComtĂ© de Logan, Oklahoma, Kungurien moyen-supĂ©rieur ; 14 Cotylorhynchus romeri, ComtĂ© de Cleveland, Oklahoma, Kungurien moyen-supĂ©rieur ; 15 Oromycter dolesorum et Arisierpeton simplex, ComtĂ© de Comanche, Oklahoma, Artinskien infĂ©rieur ; 16 Cotylorhynchus hancocki, ComtĂ© de Hardeman, Texas, Kungurien supĂ©rieur – Roadien infĂ©rieur ; 17 Cotylorhynchus hancocki, Angelosaurus dolani, A. greeni, Caseoides sanangeloensis, et Caseopsis agilis, ComtĂ© de Knox, Texas, Kungurien supĂ©rieur – Roadien infĂ©rieur ; 18 Casea broilii, ComtĂ© de Baylor, Texas, Kungurien moyen-supĂ©rieur.

Au Permien, la plupart des terres Ă©mergĂ©es Ă©taient rĂ©unies en un seul supercontinent, la PangĂ©e. Celui-ci avait alors grossiĂšrement la forme d’un C : ses parties nord (la Laurasia) et sud (le Gondwana) Ă©taient reliĂ©s Ă  l'ouest mais sĂ©parĂ©s Ă  l'est par une trĂšs vaste baie ocĂ©anique - la mer de TĂ©thys[26]. Un long chapelet de microcontinents, regroupĂ©s sous le nom de CimmĂ©rie, divisait la TĂ©thys en deux : la Paleo-Tethys au nord, et la Neo-Tethys au sud[27]. Les formations de Hennessey, de San Angelo, et de Chickasha correspondent principalement Ă  des sĂ©diments fluviatiles et/ou Ă©oliens dĂ©posĂ©s dans une vaste plaine deltaĂŻque parsemĂ©e de lacs et de lagunes. Cette plaine cĂŽtiĂšre Ă©tait bordĂ©e Ă  l’ouest par une mer qui occupait ce qui est maintenant le Golfe du Mexique et la partie la plus mĂ©ridionale de l'AmĂ©rique du Nord. Les cours d’eau alimentant le delta se dirigeaient depuis des reliefs modestes situĂ©s plus Ă  l’est et correspondant aux soulĂšvements ancestraux des montagnes Ouachita, Arbuckle et Wichita. Le climat Ă©tait subtropical avec des pluies modĂ©rĂ©es et saisonniĂšres. Il existait une mousson d’étĂ© ainsi qu’une saison sĂšche hivernale. La mousson Ă©tait relativement faible en raison de la taille limitĂ©e de la mer et du faible diffĂ©rentiel entre les tempĂ©ratures d’étĂ© et d’hiver. La prĂ©sence d’évaporites indique une ariditĂ© importante interrompue par des inondations saisonniĂšres[9] - [10] - [17] - [28] - [29] - [30] - [19].

Formation de Hennessey

Everett C. Olson pensait que la formation de Hennessey Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par plusieurs faciĂšs sĂ©dimentaires correspondant Ă  plusieurs types d’environnements. Selon lui, une partie de la formation se serait dĂ©posĂ©e dans un milieu franchement marin tandis que d’autres parties reprĂ©senteraient des dĂ©pĂŽts cĂŽtiers et continentaux. Le faciĂšs continental est surtout composĂ© de mudstones rouges, accompagnĂ© localement de lentilles et de bancs de grĂšs et de siltites interprĂ©tĂ©s comme des dĂ©pĂŽts fluviaux et de plaines inondables[17]. Cependant, des analyses de faciĂšs dĂ©taillĂ©es ont rĂ©vĂ©lĂ© par la suite que ces roches avaient plus probablement une origine Ă©olienne, correspondant Ă  des limons, argiles, et sables dĂ©posĂ©s sous forme de loess et parfois piĂ©gĂ©s dans des vasiĂšres plus ou moins salines, des lacs salĂ©s peu profonds, ou des cours d’eau Ă©phĂ©mĂšres de type oued[30]. Les fossiles de Cotylorhynchus romeri ne se rencontre que dans les mudstones rouges. Cette espĂšce se prĂ©sente en partie sous forme de squelettes quasi complets mais Ă©galement sous forme de squelettes disloquĂ©s et de segments articulĂ©s de squelettes. D’aprĂšs la position des squelettes articulĂ©s, Stovall et des collĂšgues estimaient que les animaux s’étaient probablement enlisĂ©s dans des marais oĂč ils furent ensevelis. Les squelettes disloquĂ©s ou partiellement articulĂ©s indiquent Ă©galement que d’autres spĂ©cimens ont subi un certain transport avant leur enfouissement[17]. D’aprĂšs Markus Lambertz et des collĂšgues, il est Ă©galement possible que les animaux se soient embourbĂ©s lors de l’assĂšchement du point d’eau dans lequel ils vivaient, dans l’hypothĂšse d’un mode de vie semi-aquatique chez Cotylorhynchus[31]. Mis Ă  part C. romeri, les autres vertĂ©brĂ©s connus dans la formation de Hennessey sont les captorhinidĂ©s Captorhinikos chozaensis[32] et Rhodotheratus parvus[33], le dipneuste Gnathorhiza[17] - [2] et les amphibiens Diplocaulus, Brachydectes[34] - [35], Rhynchonkos, Aletrimyti, et Dvellacanus[36]. Gnathorhiza et Brachydectes Ă©taient capables d’estiver dans des terriers lors des pĂ©riodes prolongĂ©es d’ariditĂ©s[17]. De rares pistes de vertĂ©brĂ©s ont Ă©tĂ© attribuĂ© aux ichnogenres Amphisauropus et Dromopus, considĂ©rĂ©s respectivement comme des empreintes d’amphibiens seymouriamorphes et de reptiles araeoscelides[37]. Les pistes d’Amphisauropus de la formation de Hennessey ont toutefois Ă©tĂ© reclassĂ© dans l’ichnogenre Hyloidichnus[38] lequel correspond Ă  des empreintes de pas d’eureptiles captorhinidĂ©s[39] - [40].

Formation de San Angelo

La formation de San Angelo est composĂ©e Ă  sa base de grĂšs dur, vert, gris et bruns, et de conglomĂ©rats fins, non fossilifĂšres. La partie centrale de la formation est principalement constituĂ©e de mudstones rouges interprĂ©tĂ©s comme des boues argileuses et limoneuses dĂ©posĂ©es dans les plaines cĂŽtiĂšres lors d’épisodes d’inondations pĂ©riodiques. Ces mudstones rouges sont intercalĂ©s d’un mince niveau de grĂšs vert, de mudstones sableux, et d’évaporites. Ceux-ci correspondraient Ă  un empiĂštement mineur et de courte durĂ©e des estuaires, des lagunes, et des mers trĂšs peu profondes sur la partie terrestre du delta. Les casĂ©idĂ©s Angelosaurus dolani et Caseoides sanangeloensis sont prĂ©sents dans les mudstones rouges de cette partie de la formation[N 3]. La partie supĂ©rieure de la formation de San Angelo est caractĂ©risĂ©e par la prĂ©pondĂ©rance des sĂ©diments grossiers tels que grĂšs et conglomĂ©rats, mais incluant aussi Ă  sa base des mudstones sableux et Ă  son sommet des mudstones rouges purs. D’aprĂšs Olson, ces sĂ©diments furent dĂ©posĂ©s par des riviĂšres plus larges et aux courants plus puissants que celles de la partie centrale de la formation[10]. Cependant, en Oklahoma, les strates Ă©quivalentes Ă  la formation de San Angelo, qui Ă©taient elles aussi considĂ©rĂ©es comme des dĂ©pĂŽts fluviaux-deltaĂŻques et fluviaux cĂŽtiers, ont Ă©tĂ© rĂ©interprĂ©tĂ© comme Ă©tant d’origine Ă©olienne[41]. La partie supĂ©rieure non sommitale de la formation de San Angelo est caractĂ©risĂ©e par l’absence du casĂ©idĂ© Angelosaurus et l’abondance de Cotylorhynchus hanckoki. Ce dernier est reprĂ©sentĂ© le plus souvent par un seul individu dans chaque gisement, Ă  l’exception de la carriĂšre de Kahn. Ce site a livrĂ© de nombreux spĂ©cimens rĂ©partis dans plusieurs niveaux stratigraphiques. Le niveau le plus riche, composĂ© de mudstones sableux verts, parfois bruns, a fourni les restes d’au moins 15 individus. Plusieurs Ă©taient partiellement articulĂ©s alors que d’autres Ă©taient reprĂ©sentĂ©s par des os isolĂ©s. AprĂšs leur transport sur le site, certains os sont restĂ©s exposĂ©s Ă  la surface un certain temps comme l’indique la prĂ©sence, sur certains d’entre eux, d’une fine couche de limon bien diffĂ©rente du reste de la roche encaissante. Plusieurs ossements indiquent que certaines carcasses furent dĂ©vorĂ©es sur place. La taphonomie du site indique donc que les cadavres de C. hancocki furent transportĂ©s lors d’un Ă©pisode d’inondation, dĂ©posĂ©s au fur et Ă  mesure que les eaux se retiraient, soumis Ă  l’action des prĂ©dateurs et des charognards, puis enterrĂ©s ultĂ©rieurement peut-ĂȘtre lors d’une nouvelle crue. Un processus qui se serait rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois. De grandes masses de vĂ©gĂ©tation ont Ă©galement Ă©tĂ© transportĂ©es et se trouvent en association directe avec les vertĂ©brĂ©s[10]. Tout au sommet de la formation de San Angelo, les mudstones rouges sont Ă  nouveau le faciĂšs sĂ©dimentaire dominant. Le genre Angelosaurus est Ă  nouveau prĂ©sent (avec l’espĂšce A. greeni), accompagnĂ© par le casĂ©idĂ© Caseoides cf. agilis[9] - [10] - [3]. Ainsi, la faune de la partie supĂ©rieure de la formation de San Angelo comprend, entre autres[N 4], les casĂ©idĂ©s Caseopsis agilis et Angelosaurus greeni, le sphĂ©nacodontidĂ© Dimetrodon angelensis, les captorhinidĂ©s Rothianiscus multidonta, et Kahneria seltina, et le dvinosaure Tupilakosauridae Slaugenhopia[9] - [10]. Quelques pistes de tĂ©trapodes indiquent Ă©galement la prĂ©sence de parĂ©iasauromorpha nycteroleteridĂ©s (ichnotaxon Pachypes ollieri)[25], dont un squelette partiel est connu dans les dĂ©pĂŽts lĂ©gĂšrement plus rĂ©cents de la formation de Chickasha[22] - [25]. Une flore inhabituelle a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans les chenaux de la partie supĂ©rieure de la formation de San Angelo. Elle est dominĂ©e par les gymnospermes et est remarquable par sa composition unique incluant Ă  la fois des taxons typiques du Permien infĂ©rieur tels Walchia ou Culmitzschia mais aussi des formes qui n’étaient jusque-lĂ  connus que dans le Permien moyen ou supĂ©rieur comme diverses espĂšces d’Ulmannia, Pseudovoltzia liebeana, et le taxon d’affinitĂ© incertaine Taeniopteris eckardtii, ou dans les strates du MĂ©sozoĂŻque comme la bennettitale Podozamites et le cycadidĂ© putatif Dioonitocarpidium. Le reste de la flore est reprĂ©sentĂ©e par le ginkgoale Dicranophyllum, la cordaitale Cordaites, et l’équisetale cf. Neocalamites[42] - [43].

Formation de Chickasha

La formation de Chickasha correspond Ă  la partie centrale de la formation de Flowerpot dans laquelle elle s’intercale localement. Les sĂ©diments qui la composent sont variĂ©s et comportent des shales rouges, des grĂšs, des mudstones, des conglomĂ©rats, et des Ă©vaporites, dĂ©posĂ©s dans les plaines inondables et les chenaux bordant la mer et les lagunes cĂŽtiĂšres. Dans la carriĂšre d’OmĂ©ga, tous les fossiles proviennent de grĂšs, de mudstones et de conglomĂ©rats durs et siliceux, disposĂ©s en lentilles. Ils correspondent Ă  des dĂ©pĂŽts d’un ancien chenal d’environ 1,50 m d’épaisseur et 4,6 m de largeur oĂč se sont accumulĂ©s les squelettes de Cotylorhynchus bransoni, mais aussi ceux d’un second casĂ©idĂ©, Angelosaurus romeri, et ceux du captorhinidĂ© Rothianiscus robustus[15] - [16] - [20]. Ailleurs dans cette formation sont connus le Xenacanthiforme Orthacanthus, le Nectridea Diplocaulus[20], le temnospondyle Dissorophidae Nooxobeia[44], le pareiasauromorpha Nycteroleteridae Macroleter[22] - [23], et les varanopidĂ©s Varanodon et Watongia[16] - [45]

Paléobiologie

RĂ©gime alimentaire

La cage thoracique trĂšs dĂ©veloppĂ©e et en forme de tonneau indique la prĂ©sence d’un systĂšme digestif massif adaptĂ© Ă  l’ingestion d’une grande quantitĂ© de plantes Ă  faible valeur nutritive. La denture de Cotylorhynchus montre Ă©galement que celui-ci Ă©tait clairement herbivore. Les dents de devant, plus longues et lĂ©gĂšrement recourbĂ©es, servaient probablement Ă  rassembler la vĂ©gĂ©tation dans la bouche. Les dents marginales Ă©taient bien adaptĂ©es pour trancher et couper la vĂ©gĂ©tation. L’appareil hyoĂŻde retrouvĂ© chez d’autres casĂ©idĂ©s (Euromycter et Ennatosaurus), indique l’existence d’une langue massive relativement mobile qui devait travailler de concert avec les dents palatines lors de la dĂ©glutition[3] - [2]. La langue devait presser les morceaux de plantes contre le palais afin de perforer la nourriture avec les grandes dents palatines, une action qui peut avoir servi Ă  amĂ©liorer la fermentation cellulolytique des aliments dans l'intestin[2]. Le faible nombre de cuspides (trois) sur les dents de Cotylorhynchus indique que ce genre Ă©tait adaptĂ© Ă  un type de fourrage (ou gamme de fourrage) diffĂ©rent de celui des autres genres de casĂ©idĂ©s herbivores ayant un plus grand nombre de cuspides (Angelosaurus, Euromycter et Ennatosaurus ayant respectivement 5, 5 Ă  8, et 5 Ă  7 cuspides)[2].

Mode de vie terrestre vs semi-aquatique

Cotylorhynchus et les casĂ©idĂ©s en gĂ©nĂ©ral sont habituellement considĂ©rĂ©s comme des animaux principalement terrestres. Olson notamment considĂ©rait que le degrĂ© d’ossification du squelette, les pieds et les mains relativement courts, les griffes massives, les membres aux muscles extenseurs trĂšs puissants, et le sacrum solide, suggĂ©raient fortement un mode de vie terrestre. Olson n’excluait pas que les casĂ©idĂ©s aient passĂ© quelque temps dans l’eau, mais il considĂ©rait que ces animaux devaient Ă©voluer le plus souvent sur la terre ferme[3]. Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que les membres antĂ©rieurs trĂšs puissants, avec des muscles extenseurs forts et trĂšs tendineux, ainsi que des griffes trĂšs massives, pouvaient servir Ă  dĂ©terrer des racines ou des turbercules[3]. Toutefois, le cou trĂšs court impliquait une faible amplitude de mouvements verticaux de la tĂȘte qui interdisait Ă  l’animal de se nourrir au ras du sol[31]. Une autre hypothĂšse suggĂšre que Cotylorhynchus aurait pu se servir de ses puissants membres antĂ©rieurs pour rabattre vers lui de grandes plantes qu’il aurait arrachĂ©es avec ses griffes puissantes[3]. D’autres hypothĂšses suggĂšrent que Cotylorhynchus se servaient de ses membres aux griffes puissantes comme moyen de dĂ©fense contre les prĂ©dateurs, ou lors d’activitĂ©s intra spĂ©cifiques liĂ©s notamment Ă  la reproduction. Un Ă©lĂ©ment intĂ©ressant Ă  ce sujet est que presque tous les spĂ©cimens de C. hancocki prĂ©sentent une Ă  dix fractures costales guĂ©ries au cours de la vie de l’animal[10] - [3]. Enfin, pour certains auteurs, Cotylorhynchus Ă©tait un animal semi-aquatique qui se servait de ses mains aux larges griffes comme des pagaies, lesquelles pouvaient Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©es pour manipuler les plantes dont il se nourrissait[31].

En effet, en 2016, Markus Lambertz et des collĂšgues remirent en cause le mode de vie terrestre des grands casĂ©idĂ©s comme Cotylorhynchus. Ces auteurs ont montrĂ© que la microstructure osseuse de l’humĂ©rus, du fĂ©mur, et des cĂŽtes de spĂ©cimens adultes et immatures de Cotylorhynchus ressemblait davantage Ă  celle d’animaux aquatiques plutĂŽt qu’à celle d’animaux terrestres, avec un os Ă  la structure trĂšs spongieuse, au cortex extrĂȘmement fin, et Ă  l’absence de canal mĂ©dullaire distinct. Selon ces auteurs, cette faible densitĂ© osseuse aurait Ă©tĂ© un handicap pour des animaux pesant plusieurs centaines de kilos au mode de vie strictement terrestre. Lambertz et al. ont Ă©galement estimĂ© que les articulations entre les vertĂšbres et les cĂŽtes dorsales ne permettaient que de faibles amplitudes de mouvement de la cage thoracique, limitant ainsi la ventilation costale. Pour pallier cela, ils ont proposĂ© qu'un proto-diaphragme devait ĂȘtre prĂ©sent pour faciliter la respiration, en particulier dans un milieu aquatique. Ces auteurs estiment Ă©galement que les palĂ©oclimats arides auxquels correspondent les gisements fossilifĂšres Ă  casĂ©idĂ©s ne sont pas incompatibles avec un mode de vie aquatique de ces animaux. Ces palĂ©oenvironnements incluaient en fait un nombre non nĂ©gligeable de plans d’eau (cours d’eau, lacs et lagunes). Les conditions arides auraient pu ĂȘtre la raison pour laquelle les animaux se seraient parfois rassemblĂ©s et seraient finalement morts. De plus, les environnements arides prĂ©sentent une faible densitĂ© de plantes, ce qui exigerait encore plus d'efforts locomoteurs pour satisfaire les demandes Ă©nergĂ©tiques de ces animaux. Ainsi pour Lambertz et al., les grands casĂ©idĂ©s comme Cotylorhynchus Ă©taient des animaux principalement aquatiques qui ne devaient s’aventurer sur terre qu’à des fins de reproduction ou de thermorĂ©gulation[31].

Cette hypothĂšse est toutefois contestĂ©e par Kenneth Angielczyk et Christian Kammerer ainsi que par Robert Reisz et des collĂšgues Ă  partir de donnĂ©es palĂ©ontologiques et taphonomiques combinĂ©es Ă  l’absence chez ces grands casĂ©idĂ©s d’adaptations morphologiques Ă  un mode vie aquatique. Selon Angielczyk et Kammerer, la faible densitĂ© osseuse des casĂ©idĂ©s identifiĂ©e par Lambertz et al. ne ressemble pas Ă  celle d’animaux semi-aquatiques, lesquels tendent Ă  avoir un squelette plus fortement ossifiĂ© pour assurer un contrĂŽle passif de la flottabilitĂ© et une stabilitĂ© accrue contre l'action du courant et des vagues. La microstructure osseuse de Cotylorhynchus ressemble davantage Ă  ce qui est observĂ© chez les animaux vivant en haute mer, comme les cĂ©tacĂ©s et les pinnipĂšdes, qui mettent l'accent sur une maniabilitĂ© Ă©levĂ©e, une accĂ©lĂ©ration rapide et un contrĂŽle hydrodynamique de la flottabilitĂ©. Toutefois, la morphologie des casĂ©idĂ©s Ă©tait totalement incompatible avec un mode de vie pĂ©lagique. Ainsi, en raison de ces donnĂ©es inhabituelles, Angielczyk et Kammerer considĂšrent que les Ă©lĂ©ments disponibles sont encore insuffisants pour remettre en question le mode de vie terrestre plus largement supposĂ© des casĂ©idĂ©s[46]. D’aprĂšs Reisz et des collĂšgues la prĂ©sence de nombreux squelettes de l’amphibien Brachydectes conservĂ©s en estivation et du dipneuste Gnathorhiza, un autre estivateur bien connu, combinĂ© Ă  l’absence de vertĂ©brĂ©s obligatoirement aquatiques suggĂšrent fortement que la faune de Hennessey vivait dans un habitat sec pĂ©riodiquement ponctuĂ© de moussons. ConjuguĂ© au fait que Cotylorhynchus ne montre aucune adaptation morphologique Ă  un mode de vie aquatique, ces auteurs le considĂšrent comme un animal terrestre qui a dĂ» endurer les pluies de mousson, certains individus succombant occasionnellement Ă  des inondations majeures[2].

En 2022, Werneburg et des collĂšgues ont proposĂ© un mode de vie semi-aquatique un peu diffĂ©rent, dans lequel les grands casĂ©idĂ©s comme Lalieudorhynchus (dont la texture osseuse est encore plus ostĂ©oporotique que celle de Cotylorhynchus) seraient des Ă©quivalents Ă©cologiques des hippopotames actuels, passant une partie de leur temps dans l’eau (en Ă©tant des marcheurs subaquatiques plutĂŽt que des animaux nageurs) mais venant sur terre pour se nourrir[4].

Phylogénie

Toutes les Ă©tudes phylogĂ©nĂ©tiques des casĂ©idĂ©s considĂšrent Cotylorhynchus comme un taxon proche des genres Ennatosaurus et Angelosaurus. Dans la premiĂšre analyse phylogĂ©nĂ©tique des casĂ©idĂ©s publiĂ©e en 2008, l’espĂšce Cotylorhynchus romeri est rĂ©cupĂ©rĂ©e comme le groupe frĂšre de Angelosaurus dolani[47].

Ci-dessous le premier cladogramme des Caseidae publié par Maddin et al. en 2008[47].



Une autre analyse phylogénitique réalisée en 2012 par Benson identifie Cotylorhynchus romeri comme le groupe frÚre des deux espÚces C. Hancocki et C. bransoni[48].


Ci-dessous, le cladogramme des Caseasauria publié par Benson en 2012[48].


En 2015, Romano et Nicosia ont publiĂ© la premiĂšre Ă©tude cladistique incluant presque tous les Caseidae, Ă  l’exception de taxons trĂšs fragmentaires comme Alierasaurus ronchii et Angelosaurus greeni. Dans cette analyse, les trois espĂšces de Cotylorhynchus forme un clade avec le genre Ruthenosaurus, et ce clade est le groupe frĂšre d’un clade contenant les genres Angelosaurus et Ennatosaurus[7]


Ci-dessous, le cladogramme des Caseidae publié par Romano et Nicosia en 2015[7].


En 2020, deux cladogrammes publiĂ©s par Berman et des collĂšgues rĂ©cupĂšrent Ă©galement Cotylorhynchus comme l’un des casĂ©idĂ©s les plus dĂ©rivĂ©s. Dans le premier cladogramme, les trois espĂšces de Cotylorhynchus forment avec Angelosaurus et Alierasaurus, une polytomie non rĂ©solue. Dans le second cladogramme, Cotylorhynchus hancocki et C. bransoni sont des taxons frĂšres et forment une polytomie avec Cotylorhynchus romeri et Alierasaurus[49].


Ci-dessous, les deux cladogrammes des Caseidae publié par Berman et des collÚgues en 2020[49].



Une analyse phylogĂ©nĂ©tique publiĂ©e en 2022 par Werneburg et des collĂšgues suggĂšre que le genre Cotylorhynchus serait paraphylĂ©tique. Selon ces auteurs, les espĂšces Cotylorhynchus hancocki et C. bransoni n'appartiendrait pas Ă  ce genre et nĂ©cessiteraient une rĂ©vision dĂ©taillĂ©e pour clarifier leur statut, ces taxons n'ayant pas Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s depuis les annĂ©es 1960. Dans cette analyse, l’espĂšce type C. romeri est positionnĂ©e juste au-dessus du genre Angelosaurus, et forme une polytomie avec un clade contenant Ruthenosaurus et Caseopsis et un autre clade contenant Alierasaurus, les deux autres espĂšces de Cotylorhynchus et Lalieudorhynchus. Au sein de ce dernier clade, Alierasaurus est le groupe frĂšre de “Cotylorhynchus” bransoni et d’un clade plus dĂ©rivĂ© incluant Lalieudorhynchus et “Cotylorhynchus” hancocki[4].

Ci-dessous, le cladogramme publié par Werneburg et des collÚgues en 2022[50].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La formule phalangienne correspond au nombre de phalanges constituant chaque doigt des mains et des pieds des tĂ©trapodes. Elle s’énumĂšre en partant du doigt I (correspondant chez l’homme au pouce et au gros orteil) jusqu’au doigt V (l’équivalent de l’auriculaire et du petit orteil).
  2. Pris individuellement les sept genres d’ammonoĂŻdes de cette faune ont une distribution temporelle s’étendant du Cisuralien au Lopingien : trois sont connus dans les gisements du Cisuralien et du Guadalupien, deux s'Ă©tendent du Cisuralien au Lopingien, et deux sont enregistrĂ©s dans les roches du Guadalupien au Lopingien infĂ©rieur. Cependant, le Roadien (= base du Guadalupien) est le seul Ă©tage durant lequel les sept genres coexistent.
  3. De ces niveaux proviennent Ă©galement les genres trĂšs fragmentaires Steppesaurus et Mastersonia. En 1953, Olson et Beerbower classĂšrent d’abord Steppesaurus parmi les pĂ©lycosaures Sphenacodontidae. Puis en 1962 Olson le considĂ©ra comme un thĂ©rapside Phtinosuchidae. Dans le mĂȘme article Olson dĂ©crivit Mastersonia qu’il considĂ©rait comme un thĂ©rapside « Ă©odinocĂ©phalien ». Dans une courte note publiĂ©e en 1995, Sidor et Hopson ont rejetĂ© la nature thĂ©rapside de ces deux taxons, leurs restes appartenant selon eux Ă  des pĂ©lycosaures. Laurin et Hook (2022) souligne toutefois la nĂ©cessitĂ© de rĂ©Ă©tudier ces spĂ©cimens avec les mĂ©thodes modernes.
  4. Olson et Beerbower (1953), puis Olson (1962), ont nommĂ©s d’autres taxons fragmentaires provenant de la carriĂšre de Kahn et de localitĂ©s voisines de mĂȘme Ăąge qu’ils attribuĂšrent Ă  divers groupes de thĂ©rapsides, comme Knoxosaurus, Gorgodon, Dimacrodon, Eosyodon, Driveria, et Tappenosaurus. En 1995 Sidor et Hopson ont rĂ©interprĂ©tĂ© les fossiles de tous ces taxons comme des restes de pĂ©lycosaures casĂ©idĂ©s et sphĂ©nacodontidĂ©s plus ou moins dĂ©terminables. Cependant, une nouvelle Ă©tude de ces spĂ©cimens par des mĂ©thodes modernes serait nĂ©cessaire (Laurin et Hook, 2022).

Références

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