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Phreatophasma

Phreatophasma aenigmaticum

Phreatophasma
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Moulage du fémur holotypique en vue ventrale (a) et dorsale (b).

Genre

† Phreatophasma
Efremov, 1954

EspĂšce

† Phreatophasma aenigmaticum
Efremov, 1954

Phreatophasma est un genre Ă©teint de synapside Caseidae ayant vĂ©cu au dĂ©but du Permien moyen (Roadien infĂ©rieur) dans ce qui est aujourd’hui l’est de la Russie europĂ©enne. Il ne comporte qu'une seule espĂšce, Phreatophasma aenigmaticum, qui n'est elle-mĂȘme connue que par un unique fĂ©mur dĂ©couvert dans une mine de cuivre prĂšs de la ville de BelebeĂŻ en Bachkirie. En raison de la nature trĂšs incomplĂšte de ce taxon la classification de Phreatophasma au sein des tĂ©trapodes est longtemps restĂ©e incertaine. Il fut successivement considĂ©rĂ© comme un synapside thĂ©rapside, un synapside Caseidae, et un amphibien seymouriamorphe. Une Ă©tude publiĂ©e en 2017 et intĂ©grant les connaissances Ă  jour sur l’anatomie des synapsides a identifiĂ©e Phreatophasma comme un casĂ©idĂ© basal. Il est le deuxiĂšme casĂ©idĂ© de la rĂ©gion palĂ©o-tempĂ©rĂ©e de Russie, et il n’est pas Ă©troitement apparentĂ© au premier (Ennatosaurus tecton), impliquant au moins deux Ă©vĂ©nements distincts de dispersion depuis les latitudes palĂ©oĂ©quatoriales (oĂč vivaient la majoritĂ© des casĂ©idĂ©s) vers les latitudes tempĂ©rĂ©es. Cela implique Ă©galement qu’un certain nombre de caractĂ©ristiques plĂ©siomorphes des casĂ©idĂ©s, y compris une petite taille corporelle et un fĂ©mur relativement long, ont Ă©tĂ© conservĂ©es jusqu’au Permien moyen, une Ă©poque oĂč les casĂ©idĂ©s Ă©taient principalement reprĂ©sentĂ©s par de grands taxons herbivores[1].

Description

Le seul fossile de Phreatophasma est un fĂ©mur droit isolĂ© qui a par la suite Ă©tĂ© perdu. Seul un moulage est aujourd’hui disponible pour Ă©tude. Ce fĂ©mur est trĂšs petit avec une longueur de 6,2 cm. La surface ventrale de la diaphyse est fortement altĂ©rĂ©e, mais les extrĂ©mitĂ©s proximales et distales sont mieux conservĂ©es. La diaphyse fĂ©morale est droite, mais en vue antĂ©rieure son extrĂ©mitĂ© proximale se courbe dorsalement. Le monticule rugueux prĂ©sent sur la surface dorsale du fĂ©mur de nombreux synapsides pĂ©lycosauriens est bas et lisse chez Phreatophasma. La fosse intertrochantĂ©rienne est profonde et proximo-distalement longue. Elle ne semble pas ĂȘtre entourĂ©e distalement par une crĂȘte longitudinale, une morphologie que l’on retrouve chez la plupart des casĂ©idĂ©s et aussi chez Dimetrodon. Malheureusement, en raison de la surface altĂ©rĂ©e, la morphologie du quatriĂšme trochanter ne peut pas ĂȘtre dĂ©terminĂ©e, bien que ce qui est conservĂ© semble ĂȘtre grand et proĂ©minent. De mĂȘme, la proĂ©minence et l’étendue de la crĂȘte de l’adducteur ne peuvent ĂȘtre confirmĂ©es, bien que l’extrĂ©mitĂ© distale du fĂ©mur soit suffisamment bien conservĂ©e pour montrer qu’elle n’a pas atteint une grande expansion distale. La diaphyse du fĂ©mur est relativement courte et robuste, semblable en proportion Ă  Cotylorhynchus. Les condyles distaux sont distincts et largement espacĂ©s et ne montrent presque aucune diffĂ©rence dans leur Ă©tendue distale, contrairement aux casĂ©idĂ©s plus dĂ©rivĂ©s oĂč le condyle postĂ©rieur s’étend considĂ©rablement plus distalement. Le condyle postĂ©rieur est trĂšs massif, similaire en proportion Ă  la plupart des casĂ©idĂ©s. Le condyle antĂ©rieur est dorso-ventralement plus Ă©lancĂ© mais ne prĂ©sente pas la compression extrĂȘme observĂ©e chez les Edaphosauridae et les casĂ©idĂ©s dĂ©rivĂ©s. En rĂ©sumĂ©, le fĂ©mur de Phreatophasma diffĂšre de celui des autres casĂ©idĂ©s par l’absence d’un monticule rugueux proĂ©minent sur sa face dorsale, et par ses deux condyles distaux prĂ©sentant une extension distale presque identique (au lieu d’avoir un des deux condyles s’étendant plus loin que l’autre)[1].

Répartition géographique et stratigraphique

Le fĂ©mur de Phreatophasma fut dĂ©couvert dans la mine de cuivre de Santagulov situĂ©e sur les berges de la riviĂšre Dema, dans la RĂ©publique du Bachkortostan (ou Bachkirie), dans le sud-est de la Russie europĂ©enne. Dans cette localitĂ© les fossiles sont conservĂ©s dans un calcaire cuprifĂšre Ă  brachiopodes et bryozoaires dĂ©posĂ© dans une mer peu profonde, la mer Kazanienne. Les ossements de vertĂ©brĂ©s terrestres provenant de ce site correspondent Ă  des os isolĂ©s transportĂ©s du continent jusqu’à la mer par des riviĂšres. La mine de Santagulov appartient Ă  un ensemble de sites fossilifĂšres formĂ©s dans des environnements marins, laguno-cĂŽtiers, et deltaĂŻques, constituant l’assemblage de Golyusherma. Les couches gĂ©ologiques livrant la faune de Golyusherma appartiennent au Kazanien infĂ©rieur de l’échelle stratigraphique Russe qui a Ă©tĂ© corrĂ©lĂ©e avec le Roadien infĂ©rieur (= base du Permien moyen, il y a environ 270 millions d‘annĂ©es) de l’échelle stratigraphique internationale[2] - [3] - [4].

Taxonomie

Le palĂ©ontologue soviĂ©tique Ivan Efremov, qui nomma Phreatophasma en 1954, l’a interprĂ©tĂ© comme un synapside « thĂ©romorphe » Ă©nigmatique (d'oĂč son nom d'espĂšce aenigmaticum) qu’il plaça avec deux autres genres mal connus, Phreatosuchus et Phreatosaurus, dans la famille des Phreatosuchidae[5]. Ces derniers sont aujourd’hui considĂ©rĂ©s comme des thĂ©rapsides. Phreatophasma a ensuite Ă©tĂ© dĂ©crit comme un thĂ©rapside incertae sedis par l'AmĂ©ricain Alfred Romer en 1956[6]. Au cours des annĂ©es 1960, Everett C. Olson l’a identifiĂ© comme un synapside plus basal et l’a attribuĂ© avec quelques rĂ©serves Ă  la famille des Caseidae[7] - [8]. Le classement d'Olson fut suivi avec la mĂȘme rĂ©serve par le Canadien Robert Reisz (en) en 1986[9] et par l'AmĂ©ricain Robert L. Carroll en 1988[10]. Par la suite, Ivachnenko et des collĂšgues l’ont exclu des Caseidae et l’ont considĂ©rĂ© comme appartenant Ă  une famille indĂ©terminĂ©e[11]. Une classification suivie par Maddin et des collĂšgues[12]. En 2000, une brĂšve note de V.K. Golubev a mis en doute les affinitĂ©s de Phreatophasma avec les casĂ©idĂ©s et a suggĂ©rĂ©e qu’il pourrait s’agir d'un parareptile Kotlassiidae Leptorophinae (les kotlassides sont considĂ©rĂ©s aujourd'hui comme des seymouriamorphes et non comme des parareptiles), bien qu’aucune discussion sur les caractĂšres morphologiques spĂ©cifiques n’ait Ă©tĂ© fournie[2] - [1]. En 2017, le rĂ©examen et l’analyse phylogĂ©nĂ©tique du spĂ©cimen par Neil Brocklehurst et Jörg Fröbisch a rejetĂ© les affinitĂ©s thĂ©rapsides et seymouriamorphes de Phreatophasma. Ce dernier est classĂ© parmi les casĂ©idĂ©s sur la base de la prĂ©sence d’une fosse intertrochantĂ©rienne profonde, des condyles distaux largement espacĂ©s, une diaphyse fĂ©morale courte et robuste, et l’absence d’une crĂȘte longitudinale entourant la marge postĂ©rieure de la fosse intertrochantĂ©rienne[1].

Phylogénie

Plusieurs analyses phylogĂ©nĂ©tiques rĂ©alisĂ©es par Brocklehurst et Fröbisch ont rĂ©cupĂ©rĂ© Phreatophasma comme un casĂ©idĂ© basal. Phreatophasma est plus basal que l’autre casĂ©idĂ© de Russie, Ennatosaurus, et n’est pas apparentĂ© Ă  ce dernier. Ceci indique qu’il y a eu au moins deux Ă©vĂ©nements de dispersion des casĂ©idĂ©s depuis les latitudes palĂ©oĂ©quatoriales euramĂ©ricaines (partie sud-centrale des États-Unis, centre et sud de l’Europe) vers les latitudes palĂ©otempĂ©rĂ©es de Russie. Ceci, combinĂ© au fait que les casĂ©idĂ©s europĂ©ens sont largement dispersĂ©s Ă  travers l’arbre phylogĂ©nĂ©tique et ne forment pas un seul groupe d’espĂšces Ă©troitement liĂ©es, implique une dispersion relativement libre entre les diffĂ©rents environnements. Bien que Phreatophasma soit d’ñge Roadien, sa position basale dans la phylogĂ©nie implique une lignĂ©e fantĂŽme[N 1] remontant au moins aussi loin que le dĂ©but de l’Artinskien, et peut-ĂȘtre mĂȘme plus tĂŽt selon sa position prĂ©cise. La position d’Ennatosaurus implique Ă©galement une lignĂ©e fantĂŽme remontant au dĂ©but du Permien, mais pas aussi loin. L’absence en Russie de gisements de vertĂ©brĂ©s terrestres antĂ©rieurs au Kungurien ne permet pas de connaitre le moment prĂ©cis de l’arrivĂ© des casĂ©idĂ©s dans cette rĂ©gion du monde[1].

La position phylogĂ©nĂ©tique de Phreatophasma implique Ă©galement la survie d’une gamme plus large de casĂ©idĂ©s dans le Permien moyen qu’on ne le pensait auparavant. Les donnĂ©es palĂ©ontologiques indiquaient jusqu'ici que les casĂ©idĂ©s qui traversaient la limite Kungurien-Roadien Ă©taient tous de grands herbivores dĂ©rivĂ©s. Cependant, Phreatophasma dĂ©montre que de petits casĂ©idĂ©s basaux ont Ă©galement pu survivre jusqu’au Permien moyen. Les taxons les plus proches de Phreatophasma, tels que Datheosaurus et Oromycter, semblent avoir Ă©tĂ© des omnivores ou des carnivores de taille moyenne plutĂŽt que des herbivores. Il est possible que Phreatophasma ait eu un rĂ©gime alimentaire similaire, ce qui augmenterait la diversitĂ© Ă©cologique des casĂ©idĂ©s du Permien moyen[1].

Notes et références

Notes

  1. Le terme lignĂ©e fantĂŽme dĂ©signe une lignĂ©e Ă©volutive (phylogĂ©nĂ©tique) qui est censĂ©e exister mais qui est inconnue des archives fossiles. Par exemple, une lignĂ©e fantĂŽme de 75 Ă  70 millions d’annĂ©es sĂ©pare le cƓlacanthe actuel Latimeria du Latimeriidae fossile le plus rĂ©cent, Megalocoelacanthus, du Campanien supĂ©rieur-Maastrichtien infĂ©rieur d'AmĂ©rique du Nord. Des cƓlacanthes latimĂ©riidĂ©s ont forcĂ©ment existĂ© entre il y a 70 millions d’annĂ©es et nos jours mais ils demeurent encore inconnus du registre fossile.

Références

  1. (en) N. Brocklehurst et J. Fröbisch, « A re-examination of the enigmatic Russian tetrapod Phreatophasma aenigmaticum and its evolutionary implications », Fossil Record, vol. 20, no 1,‎ , p. 87-93 (DOI 10.5194/fr-20-87-2017)
  2. (en) V.K. Golubev, « The faunal assemblages of Permian terrestrial vertebrates from Eastern Europe », Paleontological Journal, vol. 34, no Suppl. 2,‎ , S211–S224 (lire en ligne)
  3. (en) V.K. Golubev, « Event Stratigraphy and Correlation of Kazanian Marine Deposits in the Stratotype Area », Stratigraphy and geological Correlation, vol. 9, no 5,‎ , p. 454-472 (lire en ligne)
  4. (en) V.K. Golubev, « Dinocephalian Stage in the History of the Permian Tetrapod Fauna of Eastern Europe », Paleontological Journal, vol. 49, no 12,‎ , p. 1346-1352 (DOI 10.1134/S0031030115120059)
  5. (ru) I.A. Efremov, « [Fauna of terrestrial vertebrates in the Permian copper sandstones of the Western Cis-Urals] », Trudy Paleontologicheskogo Instituta AN SSSR, vol. 54,‎ , p. 1-416
  6. (en) Romer, A.S., Osteology of the Reptiles, Chicago and London, The University of Chicago Press, , 772 p.
  7. (en) E.C. Olson, « Late Permian terrestrial vertebrates, U.S.A. and U.S.S.R. », Transactions of the American Philosophical Society, New Series, vol. 52,‎ , p. 1-224 (DOI 10.2307/1005904)
  8. (en) E.C. Olson, « The family Caseidae », Fieldianna (Geology), vol. 17, no 3,‎ , p. 280–281
  9. (en) R.R. Reisz, « Pelycosauria », dans Wellenhofer, P., Handbuch der PalÀoherpetologie, Volume 17A, Stuttgart and New York, Gustav Fischer Verlag, (ISBN 978-3-89937-032-4), p. 62
  10. (en) Carroll, R.L., Vertebrate Paleontology and Evolution, New York, W.H. Freeman and Company, , 698 p. (lire en ligne)
  11. (en) Ivachnenko, M.F., Golubev, V.K., Gubin, Y.M., Kalandadze, N.N., Novikov, A.G., Sennikov, A.G. et Rautian, A.S., Permian and Triassic tetrapods of Eastern Europe [« ĐŸĐ”Ń€ĐŒŃĐșОД Đž Ń‚Ń€ĐžĐ°ŃĐŸĐČŃ‹Đ” Ń‚Đ”Ń‚Ń€Đ°ĐżĐŸĐŽŃ‹ Đ’ĐŸŃŃ‚ĐŸŃ‡ĐœĐŸĐč ЕĐČŃ€ĐŸĐżŃ‹ »], Moscow, GEOS,‎ (ISBN 5-89118-029-4)
  12. (en) H. C. Maddin, C. A. Sidor et R. R. Reisz, « Cranial anatomy of Ennatosaurus tecton(Synapsida: Caseidae) from the Middle Permian of Russia and the evolutionary relationships of Caseidae », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 28,‎ , p. 160 (DOI 10.1671/0272-4634(2008)28[160:CAOETS]2.0.CO;2)

Liens externes

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