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Datheosaurus

Datheosaurus macrourus, Haptodus macrourus

Datheosaurus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Reconstitution de Datheosaurus macrourus par Dmitry Bogdanov

Genre

† Datheosaurus
Schroeder, 1905

EspĂšce

† Datheosaurus macrourus
Schroeder, 1905

Synonymes

  • †Haptodus macrourus

Datheosaurus est un genre Ă©teint de synapsides Caseidae ayant vĂ©cu dans le sud-ouest de la Pologne durant le CarbonifĂšre supĂ©rieur (GzhĂ©lien). Il fut nommĂ© en 1904 par H. Schroeder Ă  partir d’un squelette presque complet dĂ©couvert prĂšs de la ville de Nowa Ruda[N 1] en VoĂŻvodie de Basse-SilĂ©sie[1]. L’holotype et unique spĂ©cimen connu (MB.R.1015.1-2) reprĂ©sente un individu subadulte mesurant environ 1 m de long. Datheosaurus fut longtemps considĂ©rĂ© comme un synonyme du genre Haptodus et classĂ© parmi les pĂ©lycosaures sphĂ©nacodontidĂ©s. En 2015, une nouvelle Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© que Datheosaurus Ă©tait un animal diffĂ©rent d’Haptodus et qu’il appartenait aux casĂ©asaures plutĂŽt qu’aux sphĂ©nacodontidĂ©s[2]. Ceci a Ă©tĂ© confirmĂ© en 2016 par une analyse cladistique qui a rĂ©cupĂ©rĂ© Datheosaurus comme un casĂ©idĂ© basal[3]. Avec le genre Eocasea, Datheosaurus est l'un des rares Caseidae identifiĂ©s dans les terrains du CarbonifĂšre.

Description

Empreinte et contre-empreinte du squelette de Datheosaurus macrourus
Holotype du Datheosaurus macrourus.

Le squelette de Datheosaurus est presque complet mais est mal conservĂ©. Il est prĂ©servĂ© sur deux plaques de grĂšs exposant l’empreinte et la contre-empreinte du squelette. Ce dernier se compose d’un crĂąne presque complet, de la cage thoracique, la queue, des Ă©lĂ©ments des Ă©paules et du bassin, et une partie des membres antĂ©rieurs et postĂ©rieurs. Bien que presque complet, aucun caractĂšre autapomorphique ne peut ĂȘtre identifiĂ© chez Datheosaurus en raison de l’état de conservation trĂšs mĂ©diocre du spĂ©cimen. Il est simplement dĂ©fini par une combinaison de caractĂšres tels qu’une longue queue, la prĂ©sence sur l’humĂ©rus d’un foramen ectĂ©picondylien fermĂ©, et une formule phalangienne non rĂ©duite. Le crĂąne et la main sont proportionnellement moins robustes que chez Callibrachion, un casĂ©idĂ© basal similaire stratigraphiquement plus jeune[2].

Le mauvais Ă©tat de conservation du squelette de Datheosaurus rĂ©sulte d’une altĂ©ration diagĂ©nĂ©tique prĂ©coce au cours de la fossilisation qui a fortement dĂ©gradĂ© le tissu osseux lequel est Ă  peine conservĂ©. De plus, les contours originaux de certains os sont obscurcis par de la peinture blanche et des rayures datant au moins de 1904. Peu de dĂ©tails anatomiques sont ainsi conservĂ©s. Le crĂąne de Datheosaurus prĂ©sente de nombreux caractĂšres typiques des casĂ©asaures. Il est plus large que haut, court antĂ©ropostĂ©rieurement, de forme subtriangulaire en vue dorsale, et possĂšde un foramen pinĂ©al plus grand que celui des Ă©daphosauridĂ©s et positionnĂ© plus antĂ©rieurement que chez les Sphenacodontia. La prĂ©sence d’une large Ă©chancrure arrondie entre les processus maxillaire dorsal et antĂ©rieur montre Ă©galement que Datheosaurus avait probablement de grandes narines externes arrondies. Les proportions et la forme gĂ©nĂ©rale du crĂąne rappelle les Ă©othyrididĂ©s. Toutefois, le maxillaire de Datheosaurus semble avoir Ă©tĂ© plus haut que celui des eothyrididĂ©s et plus bas et plus arrondi que celui des autres casĂ©idĂ©s. PostĂ©rieurement, le maxillaire forme une grosse branche avec une marge dorsale lĂ©gĂšrement concave qui marque trĂšs probablement le bord ventral de l’orbite, ressemblant plus Ă  Eothyris qu’à Oedaleops et aux casĂ©idĂ©s. La table du crĂąne est une surface large et plate largement Ă©marginĂ©e par les orbites. SurplombĂ©es par une expansion latĂ©rale des prĂ©frontaux et des postfrontaux, les orbites Ă©taient donc orientĂ©es dorsolatĂ©ralement Ă  mi-longueur du crĂąne. La denture n’est pas conservĂ©e (ou visible) Ă  l’exception d’un petit Ă©lĂ©ment situĂ© Ă  gauche de la symphyse mandibulaire, provenant Ă©ventuellement de la mĂąchoire supĂ©rieure, et qui pourrait reprĂ©senter la seule dent (incomplĂšte) conservĂ©e de Datheosaurus. Elle prĂ©sente une morphologie Ă©lancĂ©e en forme de bĂątonnet mais dont la pointe n’est pas conservĂ©e[2].

Silhouettes des caséasaures basaux montrant leur différente taille. Datheosaurus mesurait environ un mÚtre de long, dont la moitié pour la queue.
Comparaison de la taille des caséasaures basaux incluant Datheosaurus macrourus.

La colonne vertĂ©brale est presque complĂšte et entiĂšrement articulĂ©e, mais sa conservation est extrĂȘmement mauvaise. Seuls quelques dĂ©tails anatomiques des vertĂšbres elles-mĂȘmes peuvent ĂȘtre observĂ©s. L’articulation complĂšte du spĂ©cimen permet toutefois de prĂ©ciser le nombre de vertĂšbres prĂ©sacrĂ©es qui s’élĂšve Ă  26 en incluant l’atlas, non prĂ©servĂ©, mais reconstruit par Spendler et des collĂšgues pour reprĂ©senter l’état plĂ©siomorphe des synapsides et de tous les amniotes. La taille de la ceinture pelvienne suggĂšre un nombre de deux ou trois vertĂšbres sacrĂ©es, mais une Ă©valuation certaine n’est pas possible car la lame iliaque n’est pas conservĂ©e. Sur la base de la position de la premiĂšre cĂŽte caudale, le sacrum Ă©tait trĂšs probablement composĂ© de deux vertĂšbres seulement. Cette condition, Ă©galement observĂ©e chez Eocasea et d’autres synapsides basaux, contraste avec le nombre plus Ă©levĂ© de trois Ă  quatre vertĂšbres sacrĂ©es des casĂ©idĂ©s plus dĂ©rivĂ©s. La queue est trĂšs longue et comporte au moins 75 vertĂšbres caudales. La cage thoracique est composĂ©e de cĂŽtes plutĂŽt larges prĂ©sentant une Ă©paisseur constante[2].

Les membres antĂ©rieurs sont fragmentaires. Dans l’ensemble, la ceinture scapulaire est massivement construite, mĂȘme si elle n’est pas co-ossifiĂ©e. L’humĂ©rus possĂšde un foramen ectĂ©picondylien fermĂ©. Les zeugopodes ne sont pas conservĂ©s Ă  l’exception d’un probable fragment de radius. Une main droite partielle est conservĂ©e en vue ventrale. Elle est relativement robuste comparĂ© Ă  la taille du corps. Seules les extrĂ©mitĂ©s distales des mĂ©tacarpiens II Ă  V sont exposĂ©es et rien ne peut ĂȘtre dit sur leurs longueurs relatives. Les doigts respectifs montrent la formule phalangienne ?-3-3+-5-1+, avec les doigts II et IV incluant leurs phalanges terminales. Cela indique la prĂ©sence probable d’une formule phalangienne[N 2] plĂ©siomorphe non rĂ©duite de 2-3-4-5-3. Toutes les phalanges non terminales sont modĂ©rĂ©ment Ă©largies, seule la phalange mĂ©diane du doigt IV Ă©tant considĂ©rablement raccourcie[2].

Le bassin de Datheosaurus n’est reprĂ©sentĂ© que par le pubis et l’ischion tous deux bien ossifiĂ©s. Le pubis est plus court que l’ischion, un caractĂšre plĂ©siomorphe chez les synapsides qui contraste avec la condition inverse observĂ© chez certains casĂ©idĂ©s[2].

Les membres postĂ©rieurs sont plus complets que les membres antĂ©rieurs. Le fĂ©mur a une longueur minimale de 59 mm. Le fĂ©mur droit montre une courbure sigmoĂŻde distincte, avec la tĂȘte proximale faiblement courbĂ©e dorsalement et la tĂȘte distale fortement courbĂ©e ventralement. Il existe Ă©galement un quatriĂšme trochanter distinct et fort, Ă  environ un tiers du fĂ©mur, qui se poursuit apparemment dans une haute crĂȘte de l’adducteur. Le tibia mesure 41 mm de long. Il est lĂ©gĂšrement courbĂ© et montre des articulations terminales bien dĂ©veloppĂ©es. La fibula est lĂ©gĂšrement plus mince et plus fortement recourbĂ©e. La fibula gauche montre une ossification terminĂ©e par des facettes articulaires distales, indiquant un Ă©tat mature de l’ossification dans cette zone. Les pieds sont reprĂ©sentĂ©s par quelques os du tarse et des mĂ©tatarses et sont trop incomplets pour dĂ©terminer leur formule phalangienne[2].

Paléoécologie

L’holotype de Datheosaurus est conservĂ© dans un grĂšs brun rougeĂątre provenant de la Formation de Ludwikowice qui atteint 400 m d’épaisseur. Cette formation est principalement composĂ©e de grĂšs gris ou rouges et de conglomĂ©rats qui se sont accumulĂ©s dans des milieux alluvionnaires et fluviaux. Ces sĂ©diments Ă  grains grossiers Ă  moyens passent vers le haut Ă  des mudstones et des claystones comprenant de minces intercalations de calcaires bitumineux. Cette partie supĂ©rieure de la formation s’est dĂ©posĂ©e dans des environnements lacustres. Les rares macro-fossiles dĂ©couverts dans cette formation (plantes et bivalves d’eau douce) ne permettent pas de la dater prĂ©cisĂ©ment. Un Ăąge englobant la fin du CarbonifĂšre supĂ©rieur et la base du Permien infĂ©rieur fut un temps avancĂ© mais des donnĂ©es palynostratigraphiques suggĂšrent un Ăąge exclusivement CarbonifĂšre terminal (GzhĂ©lien)[4] - [5] - [2].

Taphonomie

Dessin explicatif des deux plaques prĂ©servant l’holotype du Datheosaurus macrourus incluant les probable traces de mouvement de la queue.
Dessin explicatif des deux plaques prĂ©servant l’holotype du Datheosaurus macrourus incluant les probable traces de mouvement de la queue.

La surface de la roche environnant la queue de Datheosaurus prĂ©sente une texture modifiĂ©e par rapport au reste de la gangue qui pourrait correspondre aux traces des derniers mouvements d’un animal subitement enseveli et Ă©ventuellement en train de suffoquer. Celui-ci aurait Ă©tĂ© surpris par une inondation soudaine qui l’aurait instantanĂ©ment recouvert de sable alors qu’il Ă©tait au repos ou en train de se dĂ©placer. Sa posture de marche exagĂ©rĂ©e suggĂšre qu’il a tentĂ© de s’échapper jusqu'Ă  la mort subite. Le spĂ©cimen en question peut reprĂ©senter l’un des rares cas oĂč un ichnofossile est conservĂ© avec son producteur[2].

Classification

Datheosaurus fut diversement considĂ©rĂ© comme proche d’animaux classĂ©s aujourd’hui parmi les Sphenacodontidae, les Captorhinidae, ou les Seymouriamorphes. Certains auteurs pensaient Ă©galement qu’il ne reprĂ©sentait pas un genre Ă  part entiĂšre et qu’il pouvait reprĂ©senter un des stades ontogĂ©nĂ©tiques du genre Haptodus. Ce n’est qu’en 2015 que l’animal fut rĂ©Ă©tudiĂ© par Spindler et des collĂšgues et identifiĂ© comme un casĂ©asaure sur la base de ses proportions globales et de plusieurs caractĂšres ostĂ©ologiques qui l’excluent de tout autre clade de synapside. Au sein des casĂ©asaures, Spindler et des collĂšgues estimaient que Datheosaurus semblait plus proche des Eothyrididae que des Caseidae[2]. Toutefois, une Ă©tude phylogĂ©nĂ©tique des casĂ©asaures publiĂ©e en 2016 a rĂ©cupĂ©rĂ© Datheosaurus comme un casĂ©idĂ© basal proche d’Eocasea et Callibrachion.

Ci-dessous, l’analyse phylogĂ©nĂ©tique publiĂ©e par Neil Brocklehurst et des collĂšgues en 2016[3].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. En 1904 la ville de Nowa Ruda s’appelait Neurode et faisait partie de l’Empire allemand.
  2. La formule phalangienne correspond au nombre de phalanges constituant chaque doigt des mains et des pieds des tĂ©trapodes. Elle s’énumĂšre en partant du doigt I (correspondant chez l’homme au pouce et au gros orteil) jusqu’au doigt V (l’équivalent de l’auriculaire et du petit orteil).

Références

  1. (de) H. Schroeder, « Datheosaurus macrourus nov. gen. nov. sp. Aus dem Rotliegenden von Neurode », Jahrbuch der Königlich Preussischen Geologischen Landesanstalt und Bergakademie, vol. 25, no 2,‎ , p. 282-294
  2. (en) F. Spindler, J. Falconnet et J. Fröbisch, « Callibrachion and Datheosaurus, two historical and previously mistaken basal caseasaurian synapsids from Europe », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 361, no 3,‎ , p. 597-616 (DOI 10.4202/app.00221.2015)
  3. (en) N. Brocklehurst, R.R. Reisz, V. Fernandez et J. Fröbisch, « A Re-Description of ‘Mycterosaurus’ smithae, an Early Permian Eothyridid, and Its Impact on the phylogeny of Pelycosaurian-Grade Synapsids », PLoS ONE, vol. 11, no 6,‎ , e0156810 (DOI 10.1371/journal.pone.0156810)
  4. (en) G.J. Nowak, « Microscopic identification and classification of organic matter of the Upper Carboniferous Anthracosia Shales, Intra-Sudetic Depression, southwestern Poland », Geological Quarterly, vol. 42(1),‎ , p. 41-58 (lire en ligne)
  5. (en) M. Awdankiewicz, L. Kurowski, K. Mastalerz et P. RaczyƄski, « The Intra-Sudetic Basin ̶ a Record of Sedimentary and Volcanic Processes in Late ̶ to Post-Orogenic Tectoning Setting », GeoLines, vol. 16,‎ , p. 165-183 (lire en ligne)
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