Ruthenosaurus
Ruthenosaurus russellorum
RĂšgne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Super-classe | Tetrapoda |
â non classĂ© â | Amniota |
Sous-classe | Synapsida |
â non classĂ© â | â Caseasauria |
Famille | â Caseidae |
Reisz et al., 2011
Reisz et al., 2011
Ruthenosaurus est un genre de synapsides Caseidae ayant vĂ©cu dans le sud de la France durant le Permien infĂ©rieur (Artinskien supĂ©rieur), il y a environ 285 millions d'annĂ©es. Lâholotype et unique spĂ©cimen connu (MNHN.F.MCL-1) est un squelette postcrĂąnien articulĂ© et incomplet. Il fut collectĂ© en 1970 par Denise Sigogneau-Russell et Donald E. Russell au sommet du Membre M2 du Groupe du GrĂšs Rouge, prĂšs de la commune de Valady dans le nord de lâAveyron (bassin permien de Rodez).
Il fut nommé par Robert R. Reisz, Hillary C. Maddin, Jörg Fröbisch et Jocelyn Falconnet en 2011, et son espÚce type est Ruthenosaurus russellorum[1].
Ătymologie
Le nom de genre est composĂ© de Ruthenie, le nom dâune tribu gauloise locale, qui a Ă©galement donnĂ© son nom aux RuthĂ©nois, les habitants de la ville de Rodez ; et du grec sauros, âlĂ©zardâ. LâespĂšce honore les palĂ©ontologues D. Sigogneau-Russell et D.E. Russell, qui ont dĂ©couvert et collectĂ© le spĂ©cimen type[1].
DĂ©couverte
Lâholotype de Ruthenosaurus fut dĂ©couvert durant lâĂ©tĂ© 1970 par les palĂ©ontologues Denise Sigogneau-Russel et Donald Eugene Russell, au cours dâune prospection conduite dans les grĂšs rouges permiens affleurant en badlands sur le flanc ouest de la colline du Cayla (commune de Valady prĂšs de Rodez). Une vertĂšbre Ă©rodĂ©e ramassĂ©e sur la pente ouest de la colline conduisit les scientifiques Ă explorer les canyons environnants oĂč fut trouvĂ© un grand squelette articulĂ© encore en place dans les sĂ©diments. Ce squelette avait toutefois souffert de lâĂ©rosion, celle-ci ayant dĂ©jĂ emportĂ© le crĂąne, le cou, la plus grande partie des membres et de la queue[2]. Le matĂ©riel rĂ©cupĂ©rĂ© inclut de nombreuses cĂŽtes et vertĂšbres (18 prĂ©sacrales, trois sacrales, et 12 caudales antĂ©rieures), les scapulocoracoĂŻdes et lâinterclavicule incomplets, lâhumĂ©rus droit mal conservĂ© et endommagĂ©, lâhumĂ©rus gauche en deux morceaux (la diaphyse Ă©tant endommagĂ©e, mais les deux extrĂ©mitĂ©s bien conservĂ©es), lâulna gauche complet, le radius gauche presque complet, le fĂ©mur et le tibia droit complets, une portion proximale de la fibula droite, et la partie droite complĂšte du bassin recouverte par la colonne vertĂ©brale[1]. Sur le flanc sud-est de la mĂȘme colline, mais dans des strates plus anciennes, la mĂȘme Ă©quipe dĂ©couvrit la partie antĂ©rieure dâun squelette (incluant le crĂąne) dâun animal plus petit. Ce spĂ©cimen fut dâabord attribuĂ© Ă une nouvelle espĂšce du genre Casea, Casea rutena[2]. Mais il est aujourdâhui considĂ©rĂ© comme un genre distinct nommĂ© Euromycter, avec la nouvelle combinaison Euromycter rutenus[1]. Le plus grand squelette, trouvĂ© stratigraphiquement 120 mĂštres au-dessus du niveau Ă Euromycter, est restĂ© largement non prĂ©parĂ© jusquâen 2003. Les quelques os pouvant ĂȘtre comparĂ©s Ă Euromycter ont montrĂ© quâils appartenaient Ă un taxon diffĂ©rent nommĂ© en 2011 Ruthenosaurus russellorum[1].
Description
Ruthenosaurus est diagnostiquĂ© par plusieurs autapomorphies telles que des vertĂšbres dorsales avec une Ă©pine neurale inclinĂ©e antĂ©rieurement et avec une section transverse en losange, une premiĂšre cĂŽte sacrĂ©e avec une tĂȘte distale Ă©largie dorsoventralement et une lame iliaque basse avec un processus antĂ©rieur mal dĂ©veloppĂ©. Il peut ĂȘtre distinguĂ© dâEuromycter, provenant de roches plus anciennes de la mĂȘme localitĂ©, par la forme de la partie distale de lâhumĂ©rus (comprenant une encoche ectĂ©picondylaire plutĂŽt quâun foramen complĂštement enclos), la forme spĂ©cifique de lâulna et la robustesse gĂ©nĂ©rale du spĂ©cimen[1].
Lâabsence de fusion des arcs neuraux Ă leur centra vertĂ©bral respectif et lâossification incomplĂšte des extrĂ©mitĂ©s des Ă©lĂ©ments des membres, dont lâabsence dâun olĂ©crĂąne ossifiĂ© sur lâulna, montrent clairement que ce spĂ©cimen appartient Ă un individu juvĂ©nile. Cependant, il est nettement plus grand que le spĂ©cimen complĂštement mature dâEuromycter, ce qui suggĂšre une trĂšs grande taille pour les Ruthenosaurus adultes[1].
RĂ©partition stratigraphique
Lâholotype de Ruthenosaurus provient du sommet des couches rouges pĂ©litiques du Membre M2, appartenant au Groupe du GrĂšs Rouge, qui est une sĂ©quence sĂ©dimentaire subdivisĂ©e en cinq membres hectomĂ©triques (M1 Ă M5) situĂ©s dans lâouest du bassin permien de Rodez. Comme les roches du Membre M1 (qui ont livrĂ© Euromycter), les dĂ©pĂŽts du Membre M2 correspondent Ă dâanciens sĂ©diments dĂ©posĂ©s dans un environnement de playa ou de sebkha, sous un climat chaud et semi-aride[1]. LâĂąge du Groupe du GrĂšs Rouge est incertain mais il est considĂ©rĂ© comme contemporain du Groupe Saxonien du bassin de LodĂšve, distant dâune centaine de kilomĂštres, oĂč des donnĂ©es radiomĂ©triques et magnĂ©tostratigraphiques ont suggĂ©rĂ© un Ăąge entre le Sakmarien supĂ©rieur (milieu du Permien infĂ©rieur) et le Lopingien infĂ©rieur (dĂ©but du Permien supĂ©rieur)[3] - [1]. Cependant, de nouvelles donnĂ©es chronostratigraphiques et magnĂ©tostratigraphiques pour le Groupe Saxonien indiquent un Ăąge entre lâArtinskien (pour la Formation de RabĂ©jac et le Membre dâOcton de la Formation du Salagou) et le Roadien supĂ©rieur-Wordien et possiblement le Capitanien infĂ©rieur (pour la Formation de La Lieude)[4] - [5]. Une corrĂ©lation stratigraphique plus prĂ©cise du bassin permien de Rodez avec celui de LodĂšve a Ă©tĂ© proposĂ©e en 2022 par Werneburg et des collĂšgues. Dans le bassin de Rodez, la Formation FII du Groupe de Salabru, sous-jacent au Groupe du GrĂšs Rouge, a fourni des palynomorphes, des conchostracĂ©s, et un assemblage dâempreintes de tĂ©trapodes Ă©quivalent Ă celui de la Formation du Viala du bassin de LodĂšve[6]. La partie infĂ©rieure de la Formation du Viala a fourni un Ăąge radiomĂ©trique de 290,96 ± 0,19 Ma correspondant au Sakmarien terminal[5]. Il a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© que les mĂ©gasĂ©quences M1 et M2 du bassin de Rodez sont des Ă©quivalents de la Formation de RabĂ©jac du bassin de LodĂšve (et aussi du Membre de Combret de la Formation de Saint-Pierre du bassin de Saint-Affrique dans le sud-Aveyron)[6]. Au-dessus de la Formation de RabĂ©jac, les deux tiers infĂ©rieurs du Membre dâOcton de la Formation du Salagou ont fourni quatre niveaux de cinĂ©rite datĂ©s radiomĂ©triquement. Le plus ancien a donnĂ© un Ăąge de 284,40 ± 0,07 Ma correspondant Ă lâArtinskien supĂ©rieur[5]. Sur la base de cette datation, la Formation de RabĂ©jac et les mĂ©gasĂ©quences corrĂ©latives M1 et M2 du Groupe du GrĂšs Rouge peuvent ĂȘtre datĂ©es de lâArtinskien supĂ©rieur[6]. Une conclusion concordante avec la magnĂ©tostratigraphie qui suggĂšre que lâensemble du Groupe du GrĂšs Rouge (membres M1 Ă M5) aurait un Ăąge compris entre lâArtinskien supĂ©rieur et le Wordien infĂ©rieur[6].
Classification
La premiĂšre analyse phylogĂ©nĂ©tique des Caseidae incluant Ruthenosaurus fut rĂ©alisĂ©e par Romano & Nicosia en 2015. Dans leur analyse la plus parcimonieuse incluant presque tous les Caseidae (Ă lâexception dâAlierasaurus ronchii de Sardaigne jugĂ© trop fragmentaire), Ruthenosaurus est identifiĂ© comme trĂšs proche du Cotylorhynchus dâAmĂ©rique du Nord, et plus particuliĂšrement de lâespĂšce gĂ©ante Cotylorhynchus hancocki. Cependant, Romano & Nicosia ont conclu que, Ă©tant donnĂ© la grande taille des deux taxa et considĂ©rant lâabsence de matĂ©riel crĂąnien chez Ruthenosaurus, il est possible que leurs proches similitudes ne soient liĂ©es quâĂ leur grandes tailles[7].
Ci-dessous, le cladogramme des Caseidae utilisant le principe de parcimonie publié par Romano et Nicosia en 2015[7].
Une analyse phylogénétique publiée en 2022 par Werneburg et des collÚgues suggÚre une possible parenté étroite entre Ruthenosaurus et Caseopsis. Ruthenosaurus est également récupéré comme le taxon frÚre d'un clade contenant les genres Alierasaurus, Cotylorhynchus et Lalieudorhynchus[6].
Ci-dessous, le cladogramme publié par Werneburg et des collÚgues en 2022[8].
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
Notes et références
- (en) R.R. Reisz et H.C. Maddin, « A new large caseid (Synapsida, Caseasauria) from the Permian of Rodez (France), including a reappraisal of "Casea" rutena Sigogneau-Russell & Russell, 1974 », Geodiversitas, vol. 33, no 2,â , p. 227â246 (lire en ligne)
- D. Sigogneau-Russell et D.E. Russell, « Ătude du premier casĂ©idĂ© (Reptilia, Pelycosauria) d'Europe occidentale », Bulletin du MusĂ©um national d'Histoire naturelle SĂ©rie 3, vol. 38, no 230,â , p. 145-215 (lire en ligne)
- (en) M. Lopez, G. Gand, J. Garric, F. Körner et J. Schneider, « The playa environments of the LodĂšve Permian Basin (Languedoc-France) », Journal of Iberian Geology, vol. 34, no 1,â , p. 29â56 (lire en ligne)
- (en) M.E. Evans, V. Pavlov, R. Veselovsky et A. Fetisova, « Late Permian paleomagnetic results from the LodĂšve, Le Luc, and Bas-Argens Basins (southern France): magnetostratigraphy and geomagnetic field morphology », Physics of the Earth and Planetary Interiors, vol. 237,â , p. 18â24 (DOI 10.1016/j.pepi.2014.09.002)
- (en) L.A. Michel, N.J. Tabor, I.P. Montañez, M. Schmitz et V.I. Davydov, « Chronostratigraphy and paleoclimatology of the LodĂšve Basin, France: evidence for a pan-tropical aridification event across the Carboniferous-Permian boundary », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 430,â , p. 118-131 (DOI 10.1016/j.palaeo.2015.03.020)
- (en) R. Werneburg, F. Spindler, J. Falconnet, J.-S. Steyer, M. Vianey-Liaud et J.W. Schneider, « A new caseid synapsid from the Permian (Guadalupian) of the LodĂšve basin (Occitanie, France) », Palaeovertebrata, vol. 45 (2)-e2,â , p. 1-36 (DOI 10.18563/pv.45.2.e2)
- (en) M. Romano et U. Nicosia, « Cladistic analysis of Caseidae (Caseasauria, Synapsida): using the gap-weighting method to include taxa based on incomplete specimens », Palaeontology, vol. 58, no 6,â , p. 1109â1130 (DOI 10.1111/pala.12197)
- (en) R. Werneburg, F. Spindler, J. Falconnet, J.-S. Steyer, M. Vianey-Liaud et J.W. Schneider, « A new caseid synapsid from the Permian (Guadalupian) of the LodĂšve basin (Occitanie, France) », Palaeovertebrata, vol. 45 (2)-e2,â , p. 1-36 (DOI 10.18563/pv.45.2.e2).