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Martensius

Martensius bromackerensis

Martensius
Description de l'image Defaut 2.svg.

Genre

† Martensius
Berman (d) et al., 2020

EspĂšce

† Martensius bromackerensis
Berman (d) et al., 2020

Martensius est un genre Ă©teint de synapsides Caseidae omnivore ayant vĂ©cu il y a 294 Ă  292 millions d’annĂ©es environ au Permien infĂ©rieur (Sakmarien) dans ce qui est aujourd’hui le centre de l’Allemagne. Le genre n’est reprĂ©sentĂ© que par son espĂšce type, Martensius bromackerensis, qui fut Ă©rigĂ©e en 2020 par Berman et des collĂšgues, Ă  partir de quatre squelettes plus ou moins entiers. Ils appartiennent Ă  trois individus adultes et un juvĂ©nile. Ensemble, ces spĂ©cimens fournissent une connaissance presque complĂšte du squelette de ce taxon qui font de lui l’un des casĂ©idĂ©s les mieux connus avec Cotylorhynchus romeri. ComparĂ© aux casĂ©idĂ©s herbivores plus tardifs, caractĂ©risĂ©s par leur trĂšs grandes narines externes, leur cage thoracique trĂšs large en forme de tonneau, et leurs dents en formes de feuilles ou spatulĂ©es et pourvues de cuspides plus ou moins nombreuses, Martensius se distingue par ses narines externes beaucoup plus petites, sa cage thoracique Ă  peine Ă©largie, et ses dents pointues. Martensius est Ă©galement remarquable par la prĂ©sence d’une denture diffĂ©rente entre les juvĂ©niles et les adultes, indiquant un changement de rĂ©gime alimentaire au cours de la vie de l’animal. Celui-ci passait d’un rĂ©gime insectivore au stade juvĂ©nile Ă  omnivore Ă  l’ñge adulte. Le rĂ©gime alimentaire de Martensius, couplĂ©e Ă  la dĂ©couverte du genre insectivore Eocasea du CarbonifĂšre supĂ©rieur, suggĂšre que les grands caseidĂ©s herbivores de la fin du Permien infĂ©rieur et du Permien moyen ont Ă©voluĂ© Ă  partir d’espĂšces prĂ©datrices de petites tailles[1]. Martensius appartient Ă  un Ă©cosystĂšme permien unique qui s’est dĂ©veloppĂ© dans un environnement montagneux, au centre d’un fossĂ© d’effondrement oĂč les paysages Ă©taient relativement plats. Ces plaines d’altitudes Ă©taient dĂ©pourvues d’animaux franchement aquatiques et Ă©taient dominĂ©s par des tĂ©trapodes terrestres et herbivores (les Diadectidae) et omnivores comme Martensius, tandis que les carnivores comme Dimetrodon Ă©taient particuliĂšrement rares.

Étymologie

Le nom de genre honore le Dr Thomas Martens, dĂ©couvreur des premiers restes squelettiques dans la carriĂšre de Bromacker dans les annĂ©es 1970, et instigateur du programme Ă  long terme d’exploitation du site. L’épithĂšte spĂ©cifique bromackerensis rĂ©fĂšre Ă  la localitĂ© type, la carriĂšre de Bromacker, la seule localitĂ© oĂč l'espĂšce est connue[1].

Description

Silhouettes des casĂ©asaures basaux montrant leur diffĂ©rente taille. Martensius mesurait un peu plus d’un mĂštre de long, dont plus de la moitiĂ© pour la queue.
Diagramme publié en 2016 montrant la comparaison de la taille des caséasaures basaux. Martensius, alors encore non décrit, est désigné « Bromacker form ».

Martensius est reprĂ©sentĂ© par quatre squelettes partiels Ă  presque complets. L’holotype, qui est le plus grand individu connu, ainsi que le plus petit spĂ©cimen, sont les seuls squelettes ayant conservĂ©s tout ou partie du crĂąne.

  • L’holotype MNG 13814 consiste en un squelette presque complet et bien conservĂ©, se prĂ©sentant en plusieurs sections articulĂ©es ou Ă©troitement associĂ©es comprenant le crĂąne presque complet, faiblement dĂ©sarticulĂ© mais Ă©crasĂ© dorsoventralement ; la colonne vertĂ©brale prĂ©sacrĂ©e largement articulĂ©e; les deux premiĂšres vertĂšbres sacrĂ©es Ă  cĂŽtes fusionnĂ©es et l’intercentrum de la troisiĂšme ; trois sections de la sĂ©rie caudale de 26, 6, et 21 vertĂšbres de positions progressivement plus postĂ©rieures dans la queue ; de grandes parties des ceintures scapulaires, mais sans les clavicules ; une plus grande partie de la ceinture pelvienne qui comprend l’ilium droit et des plaques pubo-ischiatiques articulĂ©es et conservĂ©es principalement sous forme d’empreintes ; les membres antĂ©rieurs articulĂ©s presque complets (le bras gauche Ă©tant dĂ©pourvu principalement de l’humĂ©rus et de la partie proximale de l’ulna) ; et le pied gauche complet et articulĂ© avec l’extrĂ©mitĂ© distale de la fibula.
  • MNG 14230 est le plus petit des quatre spĂ©cimens de Martensius et reprĂ©sente un individu juvĂ©nile. Il est composĂ© d'un squelette articulĂ© presque complet qui comprend la partie antĂ©rieure du crĂąne (incluant le prĂ©maxillaire et le maxillaire droit partiels, des restes du palais, une grande partie antĂ©rieure de la mandibule gauche et une partie antĂ©rieure de la mandibule droite) ; une grande section articulĂ©e de la colonne vertĂ©brale s’étendant des trois ou quatre derniĂšres vertĂšbres cervicales jusqu’aux sept premiĂšres caudales, laquelle est suivie de deux sĂ©ries de 6 et 11 vertĂšbres qui sont chacune prĂ©cĂ©dĂ©es de mauvaises empreintes de trois et quatre vertĂšbres respectivement ; les ceintures scapulaires fragmentaires et les ceintures pelviennes complĂštes; un membre antĂ©rieur gauche partiel et les membres antĂ©rieurs et postĂ©rieurs droit en grande partie complets et articulĂ©s.
  • MNG 10552 est un spĂ©cimen adulte lĂ©gĂšrement plus petit que l'holotype. Il est composĂ© d'os postcrĂąniens dĂ©sarticulĂ©s et dispersĂ©s de maniĂšre alĂ©atoire et de quelques Ă©lĂ©ments crĂąniens.
  • MNG 10595 est la plus grande partie d'un squelette postcrĂąnien articulĂ© d'un adulte lĂ©gĂšrement plus petit que l'holotype. Il comprend presque toutes les vertĂšbres dorsales, des membres antĂ©rieurs partiels, un membre postĂ©rieur droit presque complet, et un ensemble presque complet de gastralia[1].

Le crĂąne

ComparĂ©s aux autres casĂ©idĂ©s, le crĂąne de Martensius prĂ©sente plusieurs caractĂšres primitifs qui le distingue clairement des membres plus dĂ©rivĂ©s de la famille. Le crĂąne est proportionnellement plus long et plus Ă©troit. Le museau est beaucoup moins inclinĂ© vers l’avant et les narines externes sont beaucoup plus petites dorsoventralement. Elles forment une ouverture oblongue deux fois plus longue que haute qui occupait une zone rĂ©duite sur le museau. Chez les casĂ©idĂ©s plus dĂ©rivĂ©s, la narine est considĂ©rablement Ă©largie dorsalement en une ouverture subcirculaire qui occupe la majeure partie de la surface latĂ©rale du museau et rivalise en taille avec l’orbite. Les narines de Martensius diffĂšrent Ă©galement de celles des autres casĂ©idĂ©s par l'absence d'extensions mĂ©diales en forme d'Ă©tagĂšre des marges nasales des prĂ©maxillaires, du maxillaire et des lacrymaux, qui forment ensemble une paroi nasale Ă©troite et continue. En vue dorsale, le crĂąne de Martensius montre un contour triangulaire Ă  base large dont les marges latĂ©rales convergent fortement en avant vers un museau pointu. Ceci le distingue des autres casĂ©idĂ©s chez qui la largeur du crĂąne reste inchangĂ©e de l'occiput Ă  environ la mi-longueur du crĂąne avant de se rĂ©trĂ©cir rapidement en un museau pointu. En vue latĂ©rale, le toit crĂąnien est modĂ©rĂ©ment convexe sur toute sa longueur. Le lacrymal est trĂšs caractĂ©ristique par sa grande taille et sa morphologie. D’une part il s’étend postĂ©rieurement pour contribuer Ă  la marge antĂ©roventrale de l’orbite. D’autre part il s’étend antĂ©rieurement bien au-delĂ  de son contact dorsal avec le prĂ©frontal, et se termine par un contact irrĂ©gulier avec la marge postĂ©ro-ventrale du nasal et a une contribution trĂšs Ă©troite Ă  la marge postĂ©ro-dorsale des narines externes. Le squamosal bordant la fenĂȘtre temporale est relativement large avec sa plus grande largeur presque Ă©gale Ă  celle de la fenĂȘtre. La fenĂȘtre temporale est de taille modeste. Elle est allongĂ©e verticalement, de forme lĂ©gĂšrement ovale, avec sa plus grande longueur Ă©gale Ă  environ 40% de la longueur de la rĂ©gion postorbitaire. En comparaison, chez d'autres casĂ©idĂ©s cette mesure peut atteindre 75%, ce qui se reflĂšte chez ces formes dans l’extrĂȘme Ă©troitesse du squamosal bordant la marge postĂ©rieure de l'ouverture. Le crĂąne se caractĂ©rise Ă©galement par la prĂ©sence d’un condyle occipital double. La mĂąchoire infĂ©rieure est caractĂ©risĂ©e par la non participation du splĂ©nial Ă  la symphyse mandibulaire, et par la prĂ©sence d’une Ă©minence coronoĂŻde entiĂšrement formĂ©e par le surangulaire[1].

Les dents

Martensius montre une denture adulte et juvĂ©nile qui diffĂšre l’une de l’autre par le nombre et la morphologie des dents de la mĂąchoire infĂ©rieure. Chez l’adulte, la denture supĂ©rieure est composĂ©e de quatre dents sur les prĂ©maxillaires et 18 dents sur les maxillaires (contre 8 Ă  15 dents maxillaires chez les autres casĂ©idĂ©s). Elles sont Ă©troitement triangulaires et trĂšs lĂ©gĂšrement recourbĂ©es. Les deux premiĂšres dents du prĂ©maxillaire sont les plus grandes de la denture marginale. La taille des dents maxillaires augmente progressivement en sĂ©rie en arriĂšre jusqu'Ă  environ la neuviĂšme dent avant de diminuer progressivement en arriĂšre, les derniĂšres Ă©tant extrĂȘmement petites. Sur la mandibule, le dentaire porte 25 dents, ce qui dĂ©passe de loin ce qui est observĂ© chez les autres casĂ©idĂ©s, dont le nombre de dents varie de 8 Ă  17 ou 18. Elles sont identiques Ă  celles du maxillaire mais sont de taille lĂ©gĂšrement infĂ©rieure. Chez le juvĂ©nile, les dents supĂ©rieures sont similaires Ă  celles de l’adulte. En revanche, la denture de la mandibule se distingue en portant 31 dents qui, bien que reprĂ©sentĂ©es uniquement par leurs bases, sont extrĂȘmement petites et de forme cylindriques ou tubulaires[1].

Le squelette postcrĂąnien

Le squelette postcrĂąnien est caractĂ©risĂ© par ses vertĂšbres cervicales, dorsales et sacrĂ©es dont les marges latĂ©rales des zygapophyses antĂ©rieures se courbent vers le haut pour englober les marges latĂ©rales des zygapophyses postĂ©rieures, ce qui aurait vraisemblablement limitĂ© partiellement la flexion latĂ©rale du tronc. Toutes les vertĂšbres dorsales, Ă  l'exception peut-ĂȘtre des deux premiĂšres, possĂšdent une petite excavation en forme de fossette bien dĂ©finie dans l'angle formĂ© entre la zygapophyse antĂ©rieure et la marge antĂ©rieure du processus transverse. Il n'y a pas d'encoche ovale profonde sur la marge antĂ©rieure de la lame scapulaire, comme cela est observĂ© chez certains genres de casĂ©idĂ©s et qui marquerait l'Ă©tendue dorsale du contact de la clavicule. De maniĂšre unique chez les casĂ©idĂ©s, chez Martensius l’avant-derniĂšre phalange des doigts II Ă  V de la main et du pied est plus longue que l’antĂ©pĂ©nultiĂšme phalange, et l’avant-derniĂšre phalange du doigt I du pied est plus longue que le mĂ©tatarse I. Les unguĂ©aux sont exceptionnellement longs, massifs, fortement incurvĂ©s, Ă©troits distalement, et possĂšdent un grand processus basal triangulaire ou rĂ©tracteur. Martensius a conservĂ© une formule phalangienne[N 1] primitive de 2-3-4-5-3 pour les mains et 2-3-4-5-4 pour les pieds[1].

Évolution du rĂ©gime alimentaire des casĂ©idĂ©s

Martensius occupe une position temporelle et phylogĂ©nĂ©tique intermĂ©diaire entre Eocasea du CarbonifĂšre supĂ©rieur (qui est le casĂ©idĂ© le plus ancien et le plus primitif connu) et les casĂ©idĂ©s de la fin du Permien infĂ©rieur et du Permien moyen. Les casĂ©idĂ©s furent longtemps tous considĂ©rĂ©s comme des herbivores se nourrissant de vĂ©gĂ©taux Ă  hautes teneurs en fibre et possĂ©dant un corps de taille moyenne Ă  grande, comme en tĂ©moignent les caractĂ©ristiques distinctives d'un tronc en forme de tonneau trĂšs Ă©largi et leurs dents spatulĂ©es ou en forme de feuilles, et pourvu de cuspides. Cette vision des casĂ©idĂ©s a Ă©tĂ© quelque peu modifiĂ©e par la dĂ©couverte d’Eocasea, et par la rĂ©identification des genres Datheosaurus et Callibrachion comme des casĂ©idĂ©s basaux. Ces animaux ne possĂ©daient pas les caractĂ©ristiques des casĂ©idĂ©s herbivores et avait plutĂŽt une cage thoracique non expansĂ©e et une denture composĂ©e de trĂšs petites dents coniques simples suggĂ©rant un rĂ©gime alimentaire insectivore[2] - [3] - [4]. Martensius, lui, possĂšde un tronc en forme de tonneau lĂ©gĂšrement Ă©largi ainsi qu’une denture dans laquelle des dents indiquant un rĂ©gime insectivore chez le juvĂ©nile ont Ă©tĂ© remplacĂ©es ontogĂ©nĂ©tiquement chez l’adulte par des dents suggĂ©rant un rĂ©gime omnivore. Bien qu’un Martensius adulte Ă©tait toujours capable de se nourrir d’insectes, il possĂšde Ă©galement une amorce des spĂ©cialisations Ă  un rĂ©gime alimentaire herbivore prĂ©sentes chez les casĂ©idĂ©s plus tardifs, comme un museau relativement court et faiblement inclinĂ© vers l’avant, et une denture qui est presque homodonte sur la mĂąchoire supĂ©rieure et qu’il est totalement sur la mandibule. De plus, il existe une corrĂ©lation entre le rĂ©gime alimentaire des synapsides basaux et la longueur du crĂąne par rapport Ă  la longueur museau/cloaque. Chez Martensius, ce rapport indique plutĂŽt un rĂ©gime alimentaire herbivore chez l’adulte. Une autre indication possible d’un rĂ©gime herbivore que l'adulte partage avec d’autres casĂ©idĂ©s plus dĂ©rivĂ©s, concerne ses pieds exceptionnellement grands aux griffes massives, allongĂ©es et fortement recourbĂ©es, dont les traces d’insertions pour les tendons indiquent qu’elles Ă©taient mus par de puissants muscles flĂ©chisseurs. Chez les casĂ©idĂ©s, la prĂ©sence de membres disproportionnellement grands et puissants (en particulier les phalanges unguĂ©ales) suggĂšre une capacitĂ© Ă  creuser notamment pour trouver de la nourriture vĂ©gĂ©tale. Un autre comportement spĂ©cialisĂ© de recherche de nourriture de Martensius est suggĂ©rĂ© par sa possession de trois grandes vertĂšbres sacrĂ©es massives avec de grandes cĂŽtes qui sont considĂ©rablement Ă©tendues distalement et contactent indĂ©pendamment l’ilium. Cette structure a peut-ĂȘtre fourni le support sacro-lombaire nĂ©cessaire pour adopter une posture semi-verticale, lui permettant d’atteindre avec ses membres antĂ©rieurs les branches des plantes situĂ©es Ă  une certaine hauteur[1].

La sĂ©quence d’acquisition des traits dentaires chez Martensius suggĂšre Ă©galement que le traitement intestinal de la vĂ©gĂ©tation a prĂ©cĂ©dĂ© le traitement oral dans l’évolution de l’herbivorie des casĂ©idĂ©s. Un rĂ©gime insectivore juvĂ©nile aurait permis l’introduction initiale dans l’intestin de micro-organismes capables de cellulolyse endosymbiotique, en particulier s’il s’agissait d’insectes herbivores lesquels abritent de tels micro-organismes dans leur viscĂšres. Le changement ontogĂ©nĂ©tique de la denture corrĂ©lĂ© Ă  un changement alimentaire chez Martensius suggĂšre une chronologie probable en trois Ă©tapes des changements Ă©volutifs de la denture et des rĂ©gimes alimentaires associĂ©s des casĂ©idĂ©s: le stade initial de la denture Ă©tait reprĂ©sentĂ© par le type strictement insectivore prĂ©sent chez Eocasea du CarbonifĂšre supĂ©rieur; cela a Ă©tĂ© suivi d’une denture similaire Ă  celle de Martensius du milieu du Permien infĂ©rieur dans laquelle il y avait un remplacement ontogĂ©nĂ©tique d’une denture insectivore juvĂ©nile par une denture adulte omnivore; enfin, la denture trĂšs modifiĂ©e des casĂ©idĂ©s de la fin du Permien infĂ©rieur et du Permien moyen, adaptĂ©e Ă  un rĂ©gime exclusivement riche en fibres. La derniĂšre Ă©tape expliquerait la diversification et l’expansion des casĂ©idĂ©s Ă  la fin du Permien infĂ©rieur et au Permien moyen, car elle leur a permis d’exploiter une ressource vĂ©gĂ©tale riche en fibres qui Ă©tait alors devenue abondante et rĂ©pandue[1].

Phylogénie

Berman et des collĂšgues ont publiĂ© deux cladogrammes dans lesquels Martensius bromackerensis est identifiĂ© comme l’un des casĂ©idĂ©s les plus basaux, et est positionnĂ© juste au-dessus d’Eocasea martini du CarbonifĂšre supĂ©rieur. Dans le premier cladogramme, la position des casĂ©idĂ©s restant est mal rĂ©solue. Dans le second cladogramme, Casea broilii est positionnĂ© au-dessus de Martensius bromackerensis, et est suivie d'une polytomie entre Oromycter dolesorum, Trichasaurus texensis et un clade de casĂ©idĂ©s restants. Au sein de ces taxons restants, une sĂ©quence de taxons ramifiĂ©s commence par Casea nicholsi, suivi par Euromycter rutenus, puis Ennatosaurus tecton, puis Angelosaurus romeri, puis un clade apical des trois espĂšces de Cotylorhynchus plus Alierasaurus ronchii. Dans ce clade final, Cotylorhynchus hancocki et Cotylorhynchus bransoni sont des taxons frĂšres et le clade forme une polytomie avec Cotylorhynchus romeri et Alierasaurus ronchii[1].

Ci-dessous, les deux cladogrammes des Caseidae publié par Berman et des collÚgues en 2020[1].



Ci-dessous, le cladogramme publié par Werneburg et des collÚgues en 2022[5].

Répartition géographique et stratigraphique

Vue de la carriĂšre de Bromacker oĂč affleure les strates de la formation de Tambach.
Vue de la carriĂšre de Bromacker oĂč affleure les strates de la formation de Tambach.

Tous les spĂ©cimens de Martensius proviennent de la carriĂšre de Bromacker, situĂ©e prĂšs du village de Tambach-Dietharz, Ă  environ 20 km au sud de la ville de Gotha, dans le centre de l’Allemagne (Land de Thuringe). Les roches exposĂ©es dans la carriĂšre de Bromacker appartiennent au Membre du grĂšs de Tambach, correspondant Ă  la partie centrale de la Formation de Tambach, et sont constituĂ©es de deux successions stratigraphiques superposĂ©es et caractĂ©risĂ©es par leur faciĂšs d’association de chenaux alluviaux et d’inondations en nappes (constituant les lits infĂ©rieurs) et de dĂ©pĂŽts lacustres en suspension (formant les lits supĂ©rieurs). La quasi-totalitĂ© des squelettes dĂ©couverts dans la Formation de Tambach proviennent des lits infĂ©rieurs et plus prĂ©cisĂ©ment de deux couches massives de grĂšs Ă  grains fins et de siltites brun-rouge sĂ©parĂ©es l’une de l’autre par 50 cm de roche, le tout Ă©tant localisĂ© dans un intervalle stratigraphique de 1,20 m d’épaisseur. L’holotype et les paratypes de Martensius proviennent du dĂ©pĂŽt infĂ©rieur d’inondation en nappe. Les vertĂ©brĂ©s fossiles trĂšs bien conservĂ©s, articulĂ©s et dĂ©sarticulĂ©s, indiquent des temps d’expositions subaĂ©riennes de courte durĂ©e et de remaniement limitĂ©. Dans le cas des spĂ©cimens articulĂ©s, la mort et l’enfouissement Ă©taient des Ă©vĂ©nements contemporains, trĂšs probablement causĂ©s par des inondations[1].

Aucune datation radiomĂ©trique n’est disponible pour la Formation de Tambach. Les estimations de l’ñge de cette formation reposent principalement sur la biostratigraphie qui a fourni des rĂ©sultats variables, la formation Ă©tant datĂ©e alternativement du Sakmarien, de l’Artinskien, ou du Kungurien[6]. Dans une Ă©tude publiĂ©e en 2022, Menning et des collĂšgues considĂšrent que l’ñge de la formation de Tambach est probablement compris entre 294 et 292 Ma, ce qui correspond au Sakmarien[6]. Cette estimation est basĂ©e principalement sur l’ñge radiomĂ©trique de 295,8 ± 0,4 Ma (AssĂ©lien terminal) de la formation de Rotterode qui sous-tend en discordance la formation de Tambach, et sur l’estimation que la durĂ©e gĂ©ologique non reprĂ©sentĂ©e entre les deux formations est infĂ©rieure Ă  2 millions annĂ©es[6] - [7]. De plus, la comparaison de l’assemblage d’empreintes de pas de la formation de Tambach avec des assemblages d’empreintes de pas du Permien de France et d’Italie datĂ©s radiomĂ©triquement suggĂšre Ă©galement un Ăąge Sakmarien[6] - [8].

Paléoenvironnements

Les affleurements de la Formation de Tambach sont limitĂ©s Ă  une superficie d'environ 50 kmÂČ. La formation a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e dans un petit graben, appelĂ© bassin de Tambach, dont l'Ă©tendue d'origine Ă©tait d'environ 250 kmÂČ. L’écosystĂšme de la Formation de Tambach est inhabituel en raison de l’absence totale de poissons (comme les requins xenacanthiformes) et d’amphibiens franchement aquatiques qui sont habituellement communs dans les lits rouges du Permien infĂ©rieur. Cela s'explique par la situation gĂ©ographique particuliĂšre du bassin de Tambach qui se situait Ă  une altitude Ă©levĂ©e durant le Permien infĂ©rieur. Ces hautes terres Ă©taient situĂ©es loin en amont des vastes plaines cĂŽtiĂšres et alluviales d’oĂč proviennent la majoritĂ© des fossiles de tĂ©trapodes du Permien. Bien que se trouvant Ă  une altitude Ă©levĂ©e et entourĂ© par les montagnes de la chaĂźne varisque, le paysage du bassin de Tambach Ă©tait lui relativement plat et parsemĂ© de petits ruisseaux, de lacs, et d'Ă©tangs, tous temporaires[9]. Au Permien infĂ©rieur, le bassin de Tambach Ă©tait plus proche de l’équateur qu’il ne l’est aujourd’hui, Ă  une palĂ©olatitude comprise entre le 10e et le 20e parallĂšle nord[10]. A partir de l’analyse des sĂ©diments, David E. Eberth et des collĂšgues ont proposĂ© que le climat de la Formation de Tambach Ă©tait chaud toute l’annĂ©e avec des cycles saisonniers de sĂ©cheresse et d’épisodes de fortes prĂ©cipitations. Les pĂ©riodes de sĂ©cheresse Ă©taient suffisamment sĂ©vĂšres pour Ă©vaporer en quelques jours les lacs Ă©phĂ©mĂšres induits par les inondations du bassin, limitant fortement les possibilitĂ©s d’installation d'une faune aquatique permanente. Les nombreuses racines fossiles orientĂ©s horizontalement (plutĂŽt que verticalement) indique toutefois que le climat Ă©tait gĂ©nĂ©ralement suffisamment humide pour que les plantes indigĂšnes n’aient pas besoin de dĂ©velopper un systĂšme racinaire profond, ou d’autres adaptations xĂ©rophytiques. Pour cette raison, Eberth et al. considĂšrent que le climat de la Formation de Tambach Ă©tait probablement comparable Ă  l’actuel climat tropical de savane (malgrĂ© l’absence d'herbe au Permien), dont les Ă©quivalents climatiques modernes incluent la savane nord-africaine et les Llanos du Venezuela et de la Colombie[9]. Cependant, Ă  partir de la gĂ©ochimie des sĂ©diments du Membre des GrĂšs de Tambach, Scholze et Pint ont proposĂ© une tempĂ©rature annuelle moyenne de seulement 10,9 Ă  15°C (12,7°C en moyenne)[11]. Par ailleurs, la prĂ©sence de structures sĂ©dimentaires identifiĂ©es comme des marques de cristaux de glace indique l’existence de variations quotidiennes de la tempĂ©rature avec des pĂ©riodes de gel temporaire se produisant la nuit, probablement en raison de la haute altitude du bassin[10] - [11].

Holotype du Diadectidae Orobates pabsti découvert dans la carriÚre de Bromacker.
Holotype du Diadectidae Orobates pabsti découvert dans la carriÚre de Bromacker.

Le bassin de Tambach abritait une faune diversifiĂ©e d'amphibiens composĂ©e uniquement de formes adaptĂ©es Ă  un mode vie terrestre, notamment des dissorophoĂŻdes comme Georgenthalia, Rotaryus, et Tambachia, des seymouriamorphes comme Seymouria, mais aussi le microsaure Tambaroter. On y trouvait aussi le parareptile Eudibamus et le Captorhinidae Thuringothyris. Mais les spĂ©cimens les plus nombreux Ă©taient le Caseidae Martensius et les Diadectidae herbivores Diadectes et Orobates. En revanche, les synapsides carnivores comme le Varanopidae Tambacarnifex et le petit Sphenacodontidae Dimetrodon teutonis sont relativement rares dans cet assemblage. Cela contraste avec les environnements nord-amĂ©ricains du Permien infĂ©rieur, oĂč les fossiles de carnivores tels que Dimetrodon sont plus nombreux que les fossiles d'herbivores. Les conditions environnementales de la Formation de Tambach ont probablement crĂ©Ă© un rĂ©seau trophique trĂšs diffĂ©rent de celui des basses terres. Les plantes les plus courantes Ă©taient des types rĂ©sistants adaptĂ©s Ă  la sĂ©cheresse tels que les conifĂšres, tandis que les fougĂšres Ă  graines et autres plantes de plaine Ă©taient beaucoup plus rares. Les plantes terrestres fibreuses ont encouragĂ© la colonisation du bassin par des animaux terrestres herbivores, mais le climat plus sec a empĂȘchĂ© le dĂ©veloppement d'une chaĂźne alimentaire aquatique dont dĂ©pendaient certains animaux comme les grandes espĂšces de Dimetrodon[9] - [12] - [1].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La formule phalangienne correspond au nombre de phalanges constituant chaque doigt des mains et des pieds des tĂ©trapodes. Elle s’énumĂšre en partant du doigt I (correspondant chez l’homme au pouce et au gros orteil) jusqu’au doigt V (l’équivalent de l’auriculaire et du petit orteil).

Références

  1. (en) D.S. Berman, H.C. Maddin, A.C. Henrici, S.S. Sumida, D. Scott et R.R. Reisz, « New primitive Caseid (Synapsida, Caseasauria) from the Early Permian of Germany », Annals of Carnegie Museum, vol. 86, no 1,‎ , p. 43-75 (DOI 10.2992/007.086.0103)
  2. (en) R.R. Reisz et J. Fröbisch, « Oldest caseid synapsid from the late Pennsylvanian of Kansas, and the evolution of herbivory in terrestrial vertebrates », PLoS One, vol. 9 (4): e94518,‎ (PMID 24739998, PMCID 3989228, DOI 10.1371/journal.pone.0094518)
  3. (en) F. Spindler, J. Falconnet et J. Fröbisch, « Callibrachion and Datheosaurus, two historical and previously mistaken basal caseasaurian synapsids from Europe », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 361 (3),‎ , p. 597-616 (DOI 10.4202/app.00221.2015)
  4. (en) N. Brocklehurst, R.R. Reisz, V. Fernandez et J. Fröbisch, « A Re-Description of ‘Mycterosaurus’ smithae, an Early Permian Eothyridid, and Its Impact on the phylogeny of Pelycosaurian-Grade Synapsids », PLoS ONE, vol. 11(6),‎ , e0156810 (DOI 10.1371/journal.pone.0156810)
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