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René Bousquet

René Bousquet, né le à Montauban (Tarn-et-Garonne) et mort assassiné le à Paris, est un haut fonctionnaire français, collaborateur avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.

René Bousquet
Illustration.
René Bousquet durant son procès devant la Haute Cour de justice en 1948.
Fonctions
Secrétaire général de la police du régime de Vichy
–
(1 an, 8 mois et 13 jours)
Chef de l'État Philippe Pétain
Chef du gouvernement Pierre Laval
Gouvernement Laval VI
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Montauban (Tarn-et-Garonne, France)
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Nature du décès Assassinat
Nationalité Français
Diplômé de Faculté de droit de Toulouse
Profession Haut fonctionnaire
Homme d'affaires

Signature de René Bousquet

Du au , sous le sixième gouvernement de Pierre Laval, il est secrétaire général de la police du régime de Vichy. Antisémite convaincu, il applique la politique du régime. Il est l'organisateur principal de la rafle du Vélodrome d'Hiver de et de celles d' en zone sud. Il dirige également la police française aux côtés de l'occupant lors de la rafle de Marseille, en .

Au total, durant ses fonctions Ă  ce poste, et parfois Ă  son initiative, plus de 60 000 Juifs sont arrĂŞtĂ©s par ou avec le concours de la police française pour ĂŞtre remis aux autoritĂ©s nazies qui en organisent la « dĂ©portation vers l'Est », expression allemande de l'Ă©poque dĂ©signant la dĂ©portation vers le camp d’extermination d'Auschwitz. Vichy n'ignore pas la finalitĂ© rĂ©elle des dĂ©portations ; RenĂ© Bousquet ne montre alors aucun intĂ©rĂŞt pour le sort des Juifs dĂ©portĂ©s.

À la Libération, il parvient à passer à travers l'épuration, ayant opportunément donné des gages à la Résistance lorsqu'il était en fonction. Il peut dès lors faire, à partir des années 1950, une florissante carrière d'homme d'affaires et d'influence — il fait notamment partie des fréquentations de François Mitterrand — avant d'être rattrapé par son passé à la fin des années 1980. Une plainte est déposée contre lui pour crimes contre l'humanité mais, alors que l'instruction est en cours, il est abattu à la porte de son domicile par Christian Didier.

Biographie

Début de carrière

Fils d'un notaire radical-socialiste de Montauban, titulaire de deux DES de la faculté de droit de Toulouse, il prend ses premières fonctions comme chef de cabinet du préfet de Tarn-et-Garonne[1]. « René Bousquet doit à deux éléments sa carrière au sommet de l’État, puis après guerre dans la finance : sa témérité durant la plus importante inondation dans le pays () et les relations de son père[2] ».

En , lors de terribles inondations qui ravagent le Sud-Ouest, il devient un héros national quand, avec un ami (qui périt), Adolphe Poult, il sauve de la noyade plusieurs dizaines de personnes. Le président Gaston Doumergue lui décerne alors le titre de chevalier de la Légion d'honneur (déchu par l'ordre de la Légion d'honneur après sa condamnation de 1949, puis rétabli en 1957 par le Conseil d'État) et la médaille d'or des belles actions[1].

Haut fonctionnaire parrainé par le sénateur radical-socialiste Maurice Sarraut, patron de presse (La Dépêche de Toulouse), et par son frère Albert Sarraut, député, président du Conseil et ministre sous la IIIe République, il est détaché à la Présidence du Conseil afin de diriger le service technique chargé de la reconstruction des départements sinistrés du Midi[1].

En 1931, à 22 ans, il est chef adjoint de cabinet de Pierre Cathala (radical indépendant), sous-secrétaire d’État à l'Intérieur dans le premier gouvernement Laval — qui travaille toujours avec des fidèles, qu'il conserve et place tout au long de son parcours —, dont il deviendra un très proche collaborateur[3] et qu'il suivra jusqu'à la fin[1]. Cela marque le début de sa « longue carrière lavalienne[4] ».

En 1933, il est sous-préfet[1]. En 1935, il est chef du cabinet du ministre de l'Agriculture[1]. En 1936, Roger Salengro, ministre de l'Intérieur du Front populaire, lui confie la responsabilité du fichier central à la Sûreté nationale, parce qu'il est bien noté et en raison de ses opinions proches du radicalisme et grâce à sa réputation de républicain et d'opposant à la Cagoule[1].

Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur, le nomme sous-préfet de Vitry-le-François, dans la Marne, en [1]. En 1939, Bousquet devient secrétaire général de la préfecture de Châlons-sur-Marne[1]. Lors de la débâcle, il reste à son poste puis, fin , les services préfectoraux se replient à Albi[5]. Il est préfet de la Marne, après l'armistice de [1] - [6].

Préfet en zone occupée

Âgé de 31 ans, Bousquet est ensuite préfet régional (le plus jeune de France) en [1]. Dans la Marne, il se distingue en maintenant en fonction les élus radicaux et francs-maçons (on pense — certains disent à tort[7] - [8] - [9] — qu'il a très probablement été initié[10]), ce qui lui vaut d'être la cible des quolibets de Je suis partout[1]. Il favorise également l'évasion de certains prisonniers de guerre et parvient à épargner à son département de la Marne la colonisation économique par l'Allemagne nazie[1] - [11]. Bien qu'il ne fasse pas montre « d'excès de zèle, il ne se dérobe pas à la règle du jeu de la collaboration[1] ». Des militants communistes sont arrêtés par la police de Reims en , après dénonciation (pour distribution d'un tract appelant à l'union contre « l'arme de l'antisémitisme[1] ») et livrés aux Allemands ; ils seront fusillés pour la plupart[1].

En 1942, l'amiral François Darlan lui propose les ministères du Ravitaillement et de l'Agriculture qu'il refuse par deux fois, préférant rester dans la Marne pour y continuer son « œuvre »[1].

Participation à la déportation des Juifs
Prestation de serment du préfet René Bousquet devant le maréchal Pétain et l'amiral Darlan (Vichy, ).
Carl Oberg (à droite à l'arrière-plan, derrière de profil), son aide de camp Herbert Hagen (à droite, de profil) et Helmut Knochen (de face, à gauche) photographiés avec René Bousquet (de profil, à gauche) en 1942.

En , au moment précis où les SS prennent, en zone occupée, la responsabilité du maintien de l'ordre que détenait précédemment la Wehrmacht[12] - [1] - [13], Pierre Laval le nomme au secrétariat général à la Police[1] - [13] - [14] avec dans la limite de ses attributions « délégation générale et permanente à l'effet de signer au nom du Ministre Secrétaire d’État à l'Intérieur, à l'exclusion des décrets, tous actes, arrêtés ou décisions relatifs aux dites attributions »[1] - [15]. Il occupe, à ce titre, un rôle principal dans la collaboration policière de Vichy avec l'occupant allemand[16], qui découle des termes de l'armistice de [17]. Après une rencontre avec Reinhard Heydrich le [18], il engage à partir de une négociation sur les questions de police avec le général (SS-Obergruppenführer) Carl Oberg, nommé dans l'intervalle Höhere SS- und Polizeiführer (chef supérieur de la SS et de la Police)[19] en zone occupée. Selon le principe de la « liberté prussienne » appliqué à la police collaboratrice, René Bousquet pouvait disposer d'une large autonomie à condition qu'il promît de combattre les ennemis du Reich (Juifs, communistes, résistants)[20]. Conformément aux instructions signées Hitler du , le général Oberg était en droit de « donner des instructions aux autorités et forces de police françaises, de les contrôler et de disposer de l'engagement des forces de police françaises. »

En , Bousquet demande Ă  Reinhard Heydrich, organisateur de la Shoah venu lui annoncer la dĂ©portation des Juifs apatrides de la zone occupĂ©e, si les Juifs apatrides internĂ©s en zone libre depuis un an et demi peuvent ĂŞtre dĂ©portĂ©s en mĂŞme temps que ceux internĂ©s Ă  Drancy[21] - [alpha 1]. Bousquet Ă©value Ă  10 000 personnes le nombre d'internĂ©s susceptibles d'ĂŞtre l'objet de cette mesure[23]. Pour lui, l'essentiel lors de cette rencontre est de prĂ©server la souverainetĂ© de la France, avec comme premier rĂ©sultat que tous les services de police, dont ceux de la zone occupĂ©e, soient remis sous la dĂ©pendance du Gouvernement français, l'offre faite au sujet des Juifs Ă©tant une preuve de « bonne volontĂ© »[23]. Cette initiative de collaboration surprend les Allemands eux-mĂŞmes, qui en profitent, dès le , pour dĂ©porter 3 000 personnes de la zone libre, par trois convois successifs[1].

Robert Paxton, dans son ouvrage La France de Vichy – 1940-1944 (paru en France en 1973, réédité en 1997) écrit : « Plus personne ne peut contester que les premières mesures antijuives de 1940 relevaient d'une initiative purement française, ni que ce soit Vichy lui-même qui a insisté en 1942 pour coopérer à la déportation des Juifs vers l'Est[24] ». En note, il indique que, selon Serge Klarsfeld, la décision serait à attribuer à René Bousquet, alors que Michael Marrus et lui pensent qu'elle est de Laval[25].

Au dĂ©but , le SS Theodor Dannecker, son adjoint Ernst Heinrichsohn et le Français Schweblin (chef de la Police aux questions juives), sur l'autorisation forcĂ©e de RenĂ© Bousquet, font une tournĂ©e d'inspection des camps d'internement de la zone libre[26]. Dannecker est déçu du peu de Juifs « dĂ©portables » qu'il trouve au camp de Gurs (2 599 au lieu des 20 000 qu'il pensait pouvoir dĂ©porter), mais il se montre satisfait du « bon esprit des responsables français », par exemple ceux de Nice, oĂą l'intendant de police voudrait ĂŞtre dĂ©barrassĂ© des 8 000 Juifs de sa rĂ©gion, Ă  Grenoble, oĂą le commissaire de police principal regrette que l'internement des Juifs ne soit pas gĂ©nĂ©ralisĂ© (au lieu d'enquĂŞter au cas par cas en fonction des dĂ©lits) et Ă  PĂ©rigueux, oĂą un policier est partisan d'une « solution rapide au moyen de dĂ©portations » Ă  l'exception de « quelques Juifs convenables »[26].

Rafle du VĂ©lodrome d'Hiver

Convoqué par Carl Oberg, le , il s'engage, contre la promesse de diriger un corps de police unifié, et après consultation de Laval, à mettre ses hommes au service de l'occupant pour arrêter les Juifs étrangers — Vichy, et en particulier Pétain, étant opposé à l'arrestation des Juifs français[27] - [28] - [29] — dans les deux zones. Pendant ses négociations avec les Allemands, Bousquet transmet à Laval leurs exigences et leurs intentions, sur la base de quoi les discussions et décisions du gouvernement se fondent26_juin_et_3_juillet_1942_31-0">[30] ; Laval note : « L'intention du gouvernement allemand serait de faire un État juif à l'Est de l'Europe. Je ne serais pas déshonoré si j'expédiais un jour vers cet État juif les innombrables Juifs étrangers qui sont en France. […] »26_juin_et_3_juillet_1942_31-1">[30].

Devant les Allemands, il tient un autre langage : « Que dois-je faire, alors […]. J’ai offert ces Juifs étrangers aux Alliés, mais ils me les ont laissés sur les bras[31]. » Face aux protestations américaines, il rétorque que les Juifs sont trop nombreux en France[32].

Plaque commémorative de la rafle des 16 et , apposée au no 8 du boulevard de Grenelle dans le jardin du souvenir, à l’ancien emplacement du vélodrome.
Helmut Knochen en 1942, en uniforme de StandartenfĂĽhrer.

Puis Bousquet organise, Ă  la suite d'une rĂ©union du avec Helmut Knochen et Theodor Dannecker[33], la rafle des Juifs Ă©trangers et apatrides des et Ă  Paris, la rafle du VĂ©lodrome d'Hiver[16] - [27] - [34], oĂą 13 152 Juifs sont arrĂŞtĂ©s : 4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes[35] - [36]. Leur destination finale qui, depuis la confĂ©rence de Wannsee, en , se trouve ĂŞtre les camps d'extermination nazis, en particulier Auschwitz, oĂą ils seront pratiquement tous Ă©liminĂ©s[alpha 2], est soigneusement dissimulĂ©e par les Allemands Ă  leurs interlocuteurs français[40].

Les Allemands utilisent des expressions comme « déportation vers l'Est », « transport vers l'Est », « déportés dans l'Est », « les Juifs seraient envoyés en Pologne, où l'on créerait pour eux un « État juif » »[alpha 3].

Si la réalité du programme d'extermination industrielle n'est pas connue avec précision en France, le sort des Juifs paraît funeste pour beaucoup[51] - [52]. Dans son ouvrage sur René Bousquet, Pascale Froment[alpha 4] écrit à son propos et du sort des Juifs, tel qu'il pouvait le supposer en - : « il y a tout lieu de penser qu'à ce moment, il s'en fichait éperdument[53] ». D'autres auteurs considèrent que la connaissance du résultat de la déportation par Bousquet est sans ambiguïté. Renaud Meltz mentionne que le , une entrevue entre Bousquet, Knochen et Dannecker, donne ce résultat : « Le fait de débarrasser la France des Juifs, malgré la guerre, est plus qu'un geste de la part de l'Allemagne et témoigne, sans aucune ambiguïté possible, de notre volonté de résoudre la question à l'échelle européenne ». Renaud Meltz et Bénédicte Vergez-Chaignon ajoutent que Bousquet annonce aux évêques français qui veulent protester sur le sort des Juifs après la rafle, qu'ils sont « destinés à disparaître du continent »[54] - [55]. Laurent Joly considère que Bousquet, comme Laval, « s'enferme dans la même logique de déni et de camouflage de la réalité »[51].

Plus largement à Vichy, les rumeurs ne laissent guère de place au doute. Le chef de cabinet civil de Philippe Pétain écrit dans son journal, à la date du : « Ils seront envoyés en Pologne avec des vivres pour 17 jours, cinquante par wagon plombé, sans eau. Les Allemands verront à l'arrivée ce qui reste de vivant »[56]. En octobre, plus personne à Vichy n’ignore le sort final des déportés juifs selon Paul Morand : le gazage[57]. Pour l'opinion publique, les protestations des évêques à l'été 1942 mentionnent explicitement qu'on peut s'attendre à la mort des déportés. Certains tracts des mouvements de Résistance sont tout aussi explicites[58] - [59].

Laval et Bouquet sont extrêmement contrariés de ces protestations, car elles jettent une lumière crue sur une réalité, qu'ils se refusent à voir : le destin fatal des déportés[51].

Le , une réunion matinale au service IV-J de la Sipo-SD considère l'éventualité de placer les enfants juifs, arrêtés lors de la rafle, dans des locaux gérés par l'Union générale des israélites de France (UGIF), selon une idée préalablement émise par Theodor Dannecker le . Délégué de Bousquet en zone occupée, Jean Leguay plaide « avec insistance[60] » devant Heinz Röthke, adjoint de Dannecker, afin que les enfants soient déportés. Jean Leguay s'est probablement entretenu de manière préventive avec Laval à ce sujet. Le haut fonctionnaire est appuyé par les deux représentants de la préfecture de police de Paris : Jean François, directeur de la Police générale, et André Tulard, sous-directeur de la Direction des étrangers et des affaires juives (DEAJ). Il est alors suggéré que les enfants de moins de seize ans soient déportés de manière différée, après leurs parents, en attendant la décision de Berlin[61]. Laurent Joly observe qu'en l'occurrence, le comportement des responsables policiers français ne peut être dicté par un souci humanitaire, mais « suit plutôt la lâche logique choisie par Pierre Laval, la « volonté délibérée de ne pas savoir[62] », l'aveuglement devant un crime qu'ils acceptent honteusement de couvrir. Si les enfants ne suivent pas le sort de leurs parents, cela signifie la reconnaissance implicite d'un crime. Par contre, la fiction d'un départ en famille a un côté rassurant ; elle permet de s'autopersuader et de tranquilliser l'opinion publique[60]. »

Les Allemands considèrent comme provisoire la seule arrestation des Juifs étrangers et Rudolf Rahn indique bien à Laval que ce n'est qu'un sursis concernant les Juifs français[27]. Dans leur esprit, il s'agit là d'une « énorme concession »[27]. Par ces décisions, les autorités françaises accordaient aux Allemands des moyens indispensables à la réalisation de leur dessein, car, compte tenu des effectifs de police limités dont ils disposaient en France, ils n'auraient pu accomplir ces actions seuls[27], ainsi qu'une « couverture légale[27] ». C'est aussi un tournant dans la collaboration policière qui met sur le même plan une communauté innocente avec les ennemis actifs de l'Armée allemande (les « terroristes » et les « agents de l'étranger » que Vichy s'était engagé à poursuivre) et les contrevenants aux lois allemandes et françaises[27].

Il obtient avec la déclaration Oberg du (souvent désignée « accords Oberg-Bousquet »)[63] « que la police puisse agir sous sa propre responsabilité » (ce qui excluait dorénavant les réquisitions et l’action en commun sous ordre allemand) « qu’il soit posé comme principe que la police française ne sera pas mise en demeure par les services dépendant du commandant des SS de désigner des otages et que les personnes arrêtées par elle ne soient en aucun cas, de la part des autorités allemandes, l’objet de mesures de représailles ; que d’une manière générale et sauf cas d’espèce les ressortissants français coupables de délits politiques ou de délits de droit commun qui ne sont pas directement dirigés contre l’Armée et les Autorités d’occupation, soient frappés par les autorités administratives ou judiciaires françaises dans des conditions prévues par la loi française ». En contrepartie, les services de répression français doivent collaborer avec les services de sécurité du Reich dans la lutte menée contre les « terroristes[64] »[65]. Le texte définitif du mentionne également les communistes et les saboteurs, mais en aucune façon les Juifs[66] - [alpha 5].

Ces accords sont aussitĂ´t violĂ©s par Carl Oberg — le , 93 otages sont fusillĂ©s et, en septembre, 116 autres (46 Ă  Paris et 70 au camp de Souge, Ă  la suite d'un attentat commis au cinĂ©ma Le Rex, 1 boulevard Poissonnière, Soldatenkino)[69] — qui Ă©met, par voie d'affichage, les mesures qu'il compte mettre en application « contre les auteurs d'attentats, les saboteurs et les fauteurs de troubles eux-mĂŞmes, mais aussi […] les familles des criminels[69] […] » : dans ces familles, les hommes (ascendants, descendants, cousins, beaux-frères) de plus de 18 ans seront fusillĂ©s, les femmes (degrĂ© de parentĂ© identique) seront condamnĂ©es aux travaux forcĂ©s, les enfants de moins de 18 ans seront placĂ©s en maison d'Ă©ducation surveillĂ©e[70].

Rafles en zone sud

La rafle du Vélodrome d'Hiver est suivie le 26, 27 et d’autres en zone libre qui n'épargnent pas les enfants de moins de seize ans de ces Juifs étrangers, à la suite de la proposition de Pierre Laval[71] - [alpha 6]. Fin , Bousquet reçoit une lettre de Oberg le félicitant de la conduite exemplaire de la police française[73].

Alors que Theodor Dannecker, reprĂ©sentant d'Adolf Eichmann Ă  Paris, insiste pour que 11 000 Juifs de la zone libre leur soient livrĂ©s, Bousquet assure Ă  Helmut Knochen, chef du SD en France, que les 3 000 premiers Juifs de la zone libre seront entre leurs mains avant le [65] - [74]. Le , il rĂ©duit de onze Ă  six les catĂ©gories de Juifs exemptĂ©s, ainsi, les enfants Ă  la charge de leurs parents ne sont Ă©pargnĂ©s que s'ils ont moins de deux ans, ce qui supprime la « facultĂ© de laisser un enfant de moins de 18 ans en zone libre »[75]. Ces rafles concernent tous les Juifs Ă©trangers (Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchèques, Estoniens, Lettons, Dantzigois, Sarrois, Russes) entrĂ©s en France depuis le , parmi les exemptĂ©s figurent les anciens combattants et les femmes enceintes[76]. Sur instruction de Laval, le , Bousquet accĂ©lère la dĂ©portation de ces Juifs en ordonnant aux prĂ©fets de rĂ©gion de prendre personnellement la direction de ces opĂ©rations afin de « briser les rĂ©sistances, de punir les indiscrĂ©tions et la passivitĂ© »[76]. Entre 7 000[77] et 10 500 Juifs Ă©trangers[78] et apatrides sont arrĂŞtĂ©s au cours des rafles des 26 au [77] et de l'automne 1942[78] - [79].

Ces rafles dans la zone sud, sont effectuées avec le concours des forces de l'ordre françaises (police, gendarmerie, gardes mobiles) des pompiers et de l'armée[76] qui recherchent, dans les camps, les résidences surveillées, les bataillons de travail, les personnes fichées par les listes de recensement du temps de Darlan, ainsi que les enfants dans les pensionnats catholiques et protestants[76]. Des traques sont organisées dans les forêts[76]. Dans les gares, le scandale éclate. Les organisations protestantes mobilisées pour le secours aux internés et déportés, la Cimade[80] et les Young Men's Christian Association (YMCA), tentent de faire échapper les personnes visées à l'arrestation et de secourir les déportés embarqués dans les wagons de marchandise. Les voyageurs et les secouristes assistent à la séparation des familles et s'en émeuvent. Des préfets également qui notent dans leurs rapports : « scènes déchirantes »[81].

La rafle du est immédiatement dénoncée par les mouvements de la Résistance : ainsi, le journal clandestin du mouvement Franc-tireur écrit-il en : « La France déshonorée […] on a vu chez nous ce spectacle inexpiable : Des policiers français contraints de se livrer à l’ignoble besogne qui consiste à séparer les enfants de leur mère ! […] de malheureux gosses qui partent, avec les hommes, dans des trains vers le Reich et vers la mort »[82].

Le , recevant le pasteur Marc Boegner, chef des protestants français, René Bousquet se montre particulièrement intransigeant et refuse de renoncer à la traque des enfants juifs soustraits aux convois de déportation et cachés par les Églises et les particuliers : « Nous les chercherons. […] Nous les prendrons là où ils sont. […] Nous devons les chercher. » Selon les notes du pasteur Boegner, « [Bousquet] estime que quelle que soit l’issue de la guerre, le problème juif devra être résolu. Les Allemands transfèrent en ce moment des centaines de milliers de Juifs des nations qu’ils occupent en Pologne du Sud. Mais le problème est international. En France, Bousquet voit les Juifs français incorporés à la nation française avec des obligations strictes et des droits limités. Est-ce le ghetto qu’il souhaite[83] ? »

Cependant, avant le , René Bousquet intervient à la demande du Secours aux enfants pour faire libérer et sauver de la déportation une cinquantaine de jeunes de plus de seize ans ainsi qu’une demi-douzaine d’adultes hébergés au château de la Hille[84].

Il est précisé, postérieurement à la rencontre, dans les carnets du pasteur Boegner, le (p. 206) « les hôtes du Chambon-sur-Lignon (contrôlés le par la police, cf. p. 192) passent en Suisse les uns après les autres. C’est la solution du problème. La situation se détend » ; le (p. 207) « En fait deux mille cinq cents Juifs sont entrés en Suisse rien qu’au cours de ces dernières semaines. »

À la suite des protestations des autorités religieuses contre les déportations de Juifs, comme celle, entre autres, du de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse[85] et celles de Mgr Suhard, archevêque de Paris et Mgr Gerlier, archevêque de Lyon, qui sont reçus à Vichy le , Laval, que ces protestations exaspèrent, reprend à son compte l'idée de Bousquet de donner des subventions aux écoles catholiques afin de tenter de museler ce début de « révolte des prélats » alors que, jusque-là, l'Église soutenait fermement le Gouvernement[86].

Fin 1942, le gouvernement de Vichy refuse que 1 000 enfants juifs soient envoyĂ©s aux États-Unis sous prĂ©texte de ne pas sĂ©parer les familles dont les parents ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s en Pologne, explique Bousquet[87] « avec un cynisme glaçant[88]. »

Selon Fred Kupferman, les États-Unis qui ont prĂ©vu de fournir 1 000 visas d'immigration pour ces enfants, se voient opposer l'inertie de Vichy dont les fonctionnaires « parlaient avec hypocrisie du grand souci qu'avait leur gouvernement de ne pas sĂ©parer les familles »[89] mais finissent par obtenir de Laval la promesse de 500 visas et RenĂ© Bousquet, sous la pression du reprĂ©sentant de plusieurs organisations de secours, y aurait lui aussi consenti le [90]. Mais en , Ă  la suite du dĂ©barquement alliĂ© en Afrique du Nord et de la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis, les discussions sont rompues[90]. L'intendant de police de Marseille n'accepte de laisser passer que les enfants « authentiquement orphelins », Bousquet indiquant « il n'y a aucune information sur le sort des Juifs dĂ©portĂ©s et on ne peut donc prĂ©sumer que les enfants soient orphelins », aucun ne passe[91]. 350 enfants auraient Ă©tĂ© tout de mĂŞme sauvĂ©s par les quakers, grâce Ă  des filières clandestines[90].

Traque des résistants en zone sud et rafle de Marseille

En , Laval autorise les Allemands Ă  pourchasser les rĂ©sistants français, et les Anglais qui les assistent, en zone libre (« mission Desloges » ou « opĂ©ration Donar ») et leur accorde le concours de la police française[92]. RenĂ© Bousquet, qui a donnĂ©, en des informations sur des parachutages d'armes et des atterrissages d'avions en zone libre, fournit l'aide souhaitĂ©e par les Allemands, dont un spĂ©cialiste radio, le capitaine Desloges[92]. Le commando de l'Abwehr, constituĂ© de 200 policiers et de techniciens de l'Orpo, tous en civil, munis de fausses[78] pièces d'identitĂ©s françaises et assistĂ©s de complices français, dĂ©mantèlent neuf Ă©metteurs clandestins et arrĂŞtent des officiers anglais (qui pensaient ĂŞtre protĂ©gĂ©s par les services de renseignement de Vichy du colonel Paillole) ainsi qu'un rĂ©seau de rĂ©sistance de Marseille[92]. Parmi les 29 rĂ©sistants arrĂŞtĂ©s figurent le commandant Faye (arrĂŞtĂ© dans la nuit du 5 au ) et son groupe qui Ă©taient chargĂ©s de la liaison radio entre le gĂ©nĂ©ral Giraud et les AlliĂ©s depuis Marseille[78].

René Bousquet (avec col de fourrure, le 2e en partant de la droite) entouré par, de gauche à droite, le SS-Sturmbannführer Bernhard Griese (en manteau de cuir), le préfet régional Antoine Lemoine, le chef local de la Sipo et du SD Rolf Mühler (derrière Lemoine), l'administrateur de Marseille Pierre Barraud[alpha 7], à l'hôtel de ville de Marseille le , pendant la rafle de Marseille[93] - [94].
Rafle de Marseille, le , sous la surveillance (de dos à gauche les bras croisés, portant un béret) de ce qui semble être des membres du Service d'ordre légionnaire, organisation intégrée à la Milice lorsque celle-ci est officiellement créée la semaine suivante.

Alors que la zone sud est aux mains des forces de l'Axe — depuis le , Ă  la suite de l'opĂ©ration Anton, consĂ©cutive au dĂ©barquement anglo-amĂ©ricain (opĂ©ration Torch) au Maroc et en AlgĂ©rie —, en , RenĂ© Bousquet, avec le mandat de Laval, met Ă  disposition des Allemands les forces de police française, pour la rafle de Marseille (opĂ©ration Sultan)[95], Ă  laquelle il assiste[95]. Au cours de cette rafle, 5 956 personnes sont arrĂŞtĂ©es, 3 977 sont ensuite libĂ©rĂ©es et 1 642 envoyĂ©es au camp de Compiègne, dont 782 Juifs : 585 Français et 197 Ă©trangers[95]. Ensuite, le quartier nord du Vieux-Port est entièrement rasĂ©[95]. Des arrestations de Juifs sont Ă©galement effectuĂ©es Ă  NĂ®mes, Avignon, Carpentras et Aix-en-Provence[96].

Le , à Villeurbanne, les polices allemande et française, avec l'accord de Bousquet qui applique son engagement concernant les « menées antinationales », arrêtent 150 résistants d'un commando communiste, qui sont déportés immédiatement[97].

Tournant de l'hiver 1942-1943

L'automne-hiver 1942-1943, qui est aussi le début des victoires des Alliés sur les forces de l'Axe, marque un tournant dans l'attitude de Vichy sur les déportations de Juifs, Laval refusant dorénavant les rafles collectives franco-allemandes des Juifs français[98]. Röthke, le remplaçant de Dannecker, est en butte à la mauvaise volonté croissante des autorités françaises[99]. Dans un rapport du , Helmut Knochen « accuse Pétain, le clergé français et Bousquet […] de « faire tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la déportation des Juifs français[100] ». Bien que les policiers et gendarmes français soient tenus de continuer à participer à l'accompagnement des convois jusqu'à la frontière allemande et d'assurer la garde des camps français (dont Drancy et Beaune-la-Rolande), certains sont de plus en plus révoltés[99].

Dans ce contexte, Bousquet demande, fin , que les Français ne prennent plus part aux dĂ©portations des Juifs français depuis Drancy. Eichmann rĂ©pond de façon surprenante que, si cela continue, les Français « seront exclus des actions de dĂ©judaĂŻsation »[99]. En avril, Ă  une demande des Allemands de participation de la police française Ă  deux transports de 2 000 Juifs, dont 1 500 Français, formulĂ©e auprès de Leguay, adjoint de RenĂ© Bousquet, celui-ci rĂ©pond que, sur les ordres de son supĂ©rieur, les forces de l'ordre françaises souhaitaient en ĂŞtre dispensĂ©es[101].

Entre avril et juin 1943, les déportations marquent un temps d'arrêt. Pendant ce temps, Oberg et Bousquet signent un nouvel accord, le [78], au terme duquel la police française « s'engage à défendre l'ordre contre les attentats des « Juifs, communistes, et autres ennemis », tandis que les Allemands promettent de ne plus contraindre les Français à la désignation d'otages et de ne plus intervenir dans les affaires de police « strictement françaises »[99].

Ă€ cette mĂŞme Ă©poque, Bousquet a un long entretien Ă  Paris, avec le ReichsfĂĽhrer Heinrich Himmler, qui se dĂ©clare par la suite « impressionnĂ© par la personnalitĂ© de Bousquet » et se fĂ©licite du choix antĂ©rieur de Oberg d'avoir laissĂ© Ă  la police française une autonomie dans la lutte contre le communisme, les « terroristes » et les « saboteurs de tous ordres »[1]. Selon Rudolf Schleier (de), adjoint de Otto Abetz, Himmler considère judicieux la conception de Oberg d'avoir Bousquet comme collaborateur, car ce serait un dangereux adversaire s'il passait dans le camp opposĂ©[1]. Ă€ partir de cette pĂ©riode, la police vichyste, bien que toujours très active contre la rĂ©sistance communiste, modère ses actions contre les gaullistes et dans la chasse aux Juifs français[99]. La Gestapo recrute alors dans les partis collaborateurs et dans le milieu pour supplĂ©er la police de Bousquet[99]. Au cours de l'annĂ©e 1943, 35 000 personnes sont arrĂŞtĂ©es (non-Juifs et Juifs) pour activitĂ©s politiques par la police allemande[102] - [103] et ses auxiliaires sur un total de 44 000[102] - [103].

René Bousquet prononçant un discours devant les Groupes mobiles de réserve ().

En 1943, Bousquet a des contacts avec la Résistance en protégeant certains de ses membres, menacés d'arrestation[104], notamment — par l'intermédiaire de Jean-Paul Martin —, François Mitterrand qui animait un réseau de prisonniers évadés[105].

En , Pétain, dans le début de sa tentative de se débarrasser de Laval, demande le renvoi de trois ministres (Abel Bonnard, Maurice Gabolde et Paul Marion, tous les trois proches de Laval), ainsi que de René Bousquet, qu'il considère « trop mou contre le terrorisme »[106].

Fin 1943, René Bousquet, qui avait accepté de collaborer à l'arrestation de « terroristes » communistes et de Juifs étrangers revendiqués par aucun pays, autrement dit ceux désignés comme apatrides, se rebelle dès lors qu'on lui demande de « frapper sans discrimination »[107]. Perdant ainsi la confiance de Carl Oberg et se sachant sur le départ, il écrit à Helmut Knochen, en réponse à une demande qu'il lui a faite, le , relativement à la possibilité de consultation, par les services allemands, de listes d'Israélites établies par les préfectures[107] :

« J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre communication […]. Pour les services de Police et l'administration française le fait d'être Israélite ne constitue ni une présomption de responsabilité, ni en matière politique, ni en matière de droit commun. Il ne peut même comporter une aggravation de cette responsabilité, dans la mesure où un Juif est poursuivi pour un crime ou un délit puni par notre législation pénale. D'autre part, les ordonnances allemandes ne concernent que la zone occupée. L'attitude de l'administration française ne peut par conséquent être différente de ce qu'elle est […]. »

Pierre Laval et René Bousquet passant en revue le Groupe spécial de protection (Vichy, 1943).

À l'occasion de l'assassinat de Maurice Sarraut, qui est son ami et celui de Laval, par des miliciens[108] - [109], le , il fait pourchasser les assassins et montre ainsi sa volonté de s'éloigner des ultras de la collaboration[1] et les fait arrêter[108].

Le , Bousquet brûle ses archives afin de compliquer le travail de son successeur[110], Darnand, chef de la Milice, qui le remplace le [102] - [1], à la suite de sa démission[1] et qui fera libérer les assassins de Sarraut[108]. Pascale Froment indique qu'à Paris, Bousquet fait brûler des dossiers et que Pierre Saury[111], homme de confiance de Bousquet[112] en emporte d'autres, tandis qu'on procède de même à Vichy[113]. Selon Pierre Saury, qui a témoigné pour le procès[114], il aurait emporté tous les dossiers et notes de renseignements lors du départ de Bousquet de la police, afin qu'ils ne puissent pas servir à la Milice, mais personne ne sait où passèrent les dossiers en question[115].

Durant les vingt mois de la prĂ©sence de Bousquet Ă  la tĂŞte de la police (-), 60 000 Juifs furent dĂ©portĂ©s[1], tandis qu'entre 15 000[1] Ă  16 000[116] le furent sous Darnand (huit mois, de janvier-)[1].

Bousquet est arrêté[102] par la Gestapo le après avoir quitté Montauban pour Paris précipitamment le et avoir dit à un de ses amis préfet « Je rentre à Paris, il est grand temps que je me fasse arrêter ! »[1], Il est ensuite conduit avec famille et bagages dans des voitures prêtées par « amitié et protection » par Carl Oberg, chef des SS en France, en compagnie du commandant SS Schmitt, « qu'il connaît bien »[1]. Il termine la guerre en Bavière dans une villa d'Ober-Allmannshausen (de), non loin du lac de Starnberg, qui lui permet d'obtenir le titre de « déporté en Allemagne », ce qui fait dire à Éric Conan, que c'est « un dernier rôle bien utile pour un personnage qui en a déjà joué beaucoup d'autres, pendant cinq ans »[1]. Il est libéré en par les Américains. Ceux-ci lui proposent de partir directement pour les États-Unis avec sa famille, en bénéficiant d'une nouvelle identité, ce qui prouve qu'Allen Dulles, représentant de l'OSS (Office of Strategic Services service de renseignement américain) en Suisse, avait évalué à sa juste mesure ce personnage. René Bousquet refuse et demande à rentrer en France[117] où il est incarcéré à la prison de Fresnes du au [118].

À la prison de Fresnes, où se trouve également Laval, dont il a toujours été proche et qu'il ne reniera jamais, il l'aide dans la rédaction de ses notes pour la préparation de son procès[1]. La veille de l'exécution de Laval, il passe une partie de la nuit auprès de lui[1].

Procès devant la Haute Cour de justice

René Bousquet durant son procès devant la Haute Cour de justice en 1948.

Après la guerre, René Bousquet se retrouva opportunément l'avant-dernier Français à comparaître en Haute Cour de justice, en 1949. L'épuration était alors à bout de souffle, l'opinion plus préoccupée par la guerre froide et les nouveaux problèmes nés de la reconstruction. La réalité et la spécificité du génocide des Juifs manquait de visibilité dans la conscience populaire, et la communauté juive se retrouvait plus installée dans la mémoire douloureuse que dans la revendication d'une justice exemplaire pour les crimes perpétrés à son encontre. La place faite dans les médias d'après-guerre aux rafles de Juifs étrangers de l'été 1942 fut de ce fait relativement limitée. Enfin, une accusation sans zèle combinée à une défense habile et percutante firent le reste.

Au terme d'un procès de trois jours, René Bousquet fut acquitté par la Haute Cour de justice du chef « d'atteinte aux intérêts de la défense nationale », mais déclaré « convaincu du crime d'indignité nationale » frappant automatiquement tous ceux qui avaient accepté de participer aux gouvernements de l'époque vichyste, et condamné à la peine minimale de « cinq ans de dégradation nationale ». Il en fut « immédiatement relevé pour avoir participé de façon active et soutenue à la résistance contre l'occupant ».

La Haute Cour de la Libération, créée suivant l'ordonnance du , a été chargée, à l'exclusion de toute autre juridiction, de juger pour crimes ou délits commis dans l'exercice de leurs fonctions, les personnes ayant détenu certains pouvoirs. L'instruction qui a précédé la comparution de René Bousquet en Haute Cour a conclu, le , à une décision de non-lieu partiel et de renvoi devant la Haute Cour. Le non-lieu concerne la période au [119].

La Haute Cour a rendu, elle, le verdict suivant :

« […] Considérant que pour si regrettable que soit le comportement de Bousquet en divers moments de son activité comme secrétaire général à la Police et notamment lorsqu'il a accepté d'aider à l'action de la mission Desloges, il n'apparaît qu'il ait sciemment accompli des actes de nature à nuire à la défense nationale dans le sens de l'article 83 du Code pénal et qu'il échet en conséquence de prononcer son acquittement,
Considérant d'autre part qu'en acceptant de remplir dans le ministère constitué par Laval au mois d' le poste de secrétaire général à la Police qui est un de ceux qui le rende justiciable de la Haute Cour, il s'est rendu coupable du crime d'indignité nationale,
Mais considérant qu'il résulte de l'information et des débats la preuve qu'en de nombreuses circonstances Bousquet a, par ses actes, participé de façon active et soutenue à la résistance contre l'occupant,
Par ces motifs,
Acquitte Bousquet René du chef d'atteinte aux intérêts de la défense nationale,
le déclare convaincu de crime d'indignité nationale, le condamne à la peine de cinq ans de dégradation nationale de ce chef, le relève de la dite peine en application de l'article 3 par. 4 de l'ordonnance du . »

Après le procès

Écarté de la haute fonction publique, Bousquet a poursuivi une carrière dans la presse et à la Banque de l'Indochine où il fut recruté par Jean Laurent, ancien chef de cabinet du général de Gaulle dans le gouvernement Paul Reynaud en et authentique résistant. C'est notamment à cette époque (fin 1949, début 1950) que Jean-Paul Martin, son ancien collaborateur à Vichy, devenu directeur de cabinet du ministre de la France d'Outre-mer, François Mitterrand, mit en contact les deux hommes[105] - [120]. Cependant, il est probable que René Bousquet et François Mitterrand, sans se connaître formellement, en savaient déjà beaucoup l'un sur l'autre : en effet, c'est sur instruction de René Bousquet que Jean-Paul Martin évita à François Mitterrand l'arrestation par la Gestapo. Les liens forts constitués entre les deux hommes datent de cette période de la guerre[105].

En 1957, le Conseil d'État consentit à lui rendre sa Légion d'honneur, et l'ancien secrétaire général à la police de Vichy fut même amnistié le .

Il se lança alors dans la politique Ă  l'occasion des Ă©lections lĂ©gislatives de 1958, et fut candidat (soutenu par l'UDSR) dans la troisième circonscription de la Marne avec pour supplĂ©ant Hector Bouilly, un conseiller gĂ©nĂ©ral radical-socialiste. Avec seulement 4 461 voix, Bousquet rassembla moins de 10 % des suffrages, tandis que la Marne Ă©lisait trois dĂ©putĂ©s UNR.

Carrière civile

Après la mort en 1959 de son ami Jean Baylet, Bousquet siège au conseil d'administration de La Dépêche du Midi, dont il anime un temps la direction aux côtés d’Évelyne Baylet, la veuve de celui-ci, et fait ainsi campagne en faveur de François Mitterrand en 1965, avec une ligne éditoriale anti-gaulliste. On note à cette époque l’organisation claire d’un fort courant anti-gaulliste en Tarn-et-Garonne (et globalement en Midi-Pyrénées). « Il dirige, en réalité, le quotidien toulousain tout au long des années, en surveillant de près sa ligne politique anti-gaulliste »[121]. C'est en 1971 que Bousquet se brouille un temps avec Évelyne Baylet et quitte le conseil d'administration de La Dépêche du Midi. Dès lors, coïncidence ou non, le journal abandonne le ton franchement hostile qu'il avait contre le régime incarné par Charles de Gaulle (1958-1969), puis par Georges Pompidou pour redevenir un journal régional de gauche modérée.

En 1974, René Bousquet soutient et apporte son concours financier au candidat François Mitterrand contre Valéry Giscard d'Estaing, comme il l'avait fait en 1965, pour sa campagne présidentielle. À l'époque, la législation sur le financement des partis politiques est assez vague et les partis de gauche rencontrent des difficultés alors que ceux de droite bénéficient du soutien du patronat. Une photographie de l'époque témoigne de ces contacts entre les deux hommes, réunis en compagnie de Jean-Paul Martin, autour d'une tablée familiale dans la maison de Latche[122].

En 1977, François Mitterrand organise autour de René Bousquet un déjeuner regroupant plusieurs anciens résistants, dont Henri Frenay, le fondateur du mouvement Combat en présence de Jacques Attali[123] - [124]. Tous ceux qui sont présents, selon Mitterrand, lui doivent la vie, y compris Mitterrand lui-même, selon l'historien Éric Roussel, ce qui expliquerait la persévérance de l'amitié affichée de Mitterrand pour Bousquet[125].

René Bousquet fréquente pendant toutes ces années plusieurs centaines d'autres personnalités, ignorantes ou non de ses agissements à Vichy. Pascale Froment indique ainsi que l’ancien préfet devenu banquier « met aussi, parfois, à contribution, pour des consultations juridiques, son vieux camarade de faculté Georges Vedel », siège au conseil d'administration de la Société financière pour la France et les pays d’outre-mer (SOFO), présidée par Edmond Giscard d’Estaing, « connaissait personnellement Antoine Pinay (qui avait appartenu au Conseil national de Pétain) ; il est ami avec son directeur de cabinet Henri Yrissou, député indépendant, inspecteur des Finances, médaillé de la Résistance, qui avait successivement servi Bouthillier et Cathala à Vichy. » Elle ajoute que René Bousquet fut reçu à l’Élysée par René Coty[126]. Elle précise aussi : « En 1974, il n’y a pas d’« affaire Bousquet », et le premier secrétaire du PS n’éprouve aucune gêne à se faire photographier avec son « ami ». Pourquoi se cacherait-il de connaître un homme qui fréquente aussi bien Joseph Barsalou que Jean-Baptiste Doumeng, Edgar Faure, Maurice Faure, le préfet Génébrier, Bernard Cornut-Gentille et Jacques Chaban-Delmas ? Un homme à qui Pierre Mendès France serre la main ? Un homme qui se promène au bois, près de chez lui, avec Édouard Daladier ? Son passé à la tête de la police de Vichy ne paraît déranger personne[127]. »

François Mitterrand, pour justifier sa propre relation avec René Bousquet, cite également les noms de Pierre Mendès France et Henri Queuille comme le rapportent Pierre Favier et Michel Martin-Roland[128]. René Bousquet siège notamment au conseil d'administration d'UTA (Union de transports aériens), dirigée par Antoine Veil (mari de Simone Veil), qu'il avait déjà connu aux Chargeurs réunis. En 1978, à la suite de l'entretien accordé par Louis Darquier de Pellepoix à L'Express, Antoine Veil obtient la démission de René Bousquet[129] - [130].

En 1981, après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, René Bousquet se rend à l'Élysée « pour parler politique ». « Je l'écoutais comme on écoute un chroniqueur politique. Il me voyait comme un continuateur d'une carrière qu'il n'avait pas pu faire » (déclaration de François Mitterrand à Pascale Froment).

Enjeu judiciaire

Ă€ partir de 1986, quand les accusations portĂ©es contre RenĂ© Bousquet prennent de la consistance, les rencontres avec le prĂ©sident Mitterrand se font plus rares jusqu'Ă  cesser, officiellement[131]. Une instruction judiciaire est menĂ©e et François Mitterrand est accusĂ© d'intervenir dans la procĂ©dure pour la freiner[132], sous le prĂ©texte Ă©voquĂ© du passĂ© du chef de l'État dans l'administration vichyste. Ainsi, la dĂ©cision du parquet gĂ©nĂ©ral de Paris de renvoyer Bousquet devant une Cour de justice qui n'existe plus[133] suscite l'ire de Jean Pierre-Bloch parlant d'« enterrement de première classe ». François Mitterrand est nommĂ©ment visĂ© quand les juristes de la mission de la FĂ©dĂ©ration internationale des ligues des droits de l'homme font savoir qu'« il y a une dĂ©cision politique au plus haut niveau de ne pas faire avancer l’affaire Bousquet », accusations relayĂ©es par Laurent Greilsamer dans Le Monde : « le dossier s’enlise dans les dĂ©dales du Palais de justice, guidĂ© par des mains expertes, […] la Justice montre sa dĂ©pendance et le chef de l’État n’explique pas les raisons qu’il a d’épargner le procès Bousquet[134]. » En effet, le juge d'instruction n'obtient pas d'ĂŞtre dĂ©chargĂ© de ses autres dossiers pour d'autres prĂ©venus et un seul traducteur Ă©tait disponible pour plus de 1 000 pages d'archives en allemand »[121].

Les problèmes juridiques sont plus complexes que pour Maurice Papon. De par ses fonctions de secrétaire général à la Police, René Bousquet est, contrairement au fonctionnaire de Bordeaux, justiciable de la seule Haute Cour de la Libération. La première question posée est de savoir s’il faut ou non, au plan de la compétence, reconstituer cette ancienne juridiction (qui avait continué à fonctionner jusqu’en 1960 pour juger Abel Bonnard) pour éventuellement le rejuger. Ce point de droit suscite une controverse entre les parties civiles, le parquet et Georges Kiejman, alors ministre délégué à la Justice et nommé à ce poste pour retarder le procès[133]. Finalement la Cour de cassation tranche qu’en cas de nouveau procès, la juridiction compétente sera la Cour d'assises. Reste encore, avant tout renvoi au fond, à apprécier, toujours en droit, si, compte tenu de l’acquittement prononcé en 1949 couvrant l’ensemble des activités de René Bousquet pendant l’Occupation, il est encore possible, au mépris de l’autorité de la chose jugée, de poursuivre la procédure. Georges Kiejman soutient que l'intégralité des faits reprochés à Bousquet est dans le dossier d'instruction transmis à la Haute Cour de 1949 et qu'il ne peut être soulevé aucun fait nouveau susceptible de déclencher une nouvelle action publique. En tant que ministre nommé par François Mitterrand, il est très probable que Georges Kiejman exprime le point de vue du président de la République sur ce point[133]. L'argument de droit avancé par les partisans du nouveau procès est qu'une nouvelle infraction pénale, le crime contre l'humanité, non tranchée par le procès de 1949, pouvait être ajoutée à celle jugée par le procès de 1949, la trahison, pour les faits qui restaient identiques. Le débat ne sera jamais tranché du fait de l’assassinat, en cours d’instruction, de René Bousquet.

Assassinat

En 1989, l'association des Fils et filles de déportés juifs de France de Serge Klarsfeld, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes et la Ligue des droits de l'homme déposent plainte contre René Bousquet pour crimes contre l'humanité dans le cadre du dossier de la déportation de 194 enfants de six départements du Sud de la France. Il est inculpé en 1991, mais l'instruction n'est pas achevée lorsqu'il est assassiné[121] de cinq balles par un déséquilibré, Christian Didier, le à son appartement du 34, avenue Raphaël à Paris[135]. Le meurtrier est condamné par la cour d'assises de Paris en à dix ans de prison et est libéré le du centre de détention de Toul.

L'ouvrage de Henri Raczymow, L'homme qui tua René Bousquet[136], contribue à des recherches sur la personnalité de Christian Didier. L'Humanité regretta au moment du procès de Christian Didier[137] : « qu’il n’y ait pas d’association de victimes de la répression nazie pour demander, comme l’avait fait Me Alain Lévy, avocat de la FNDIRP[138], à qui profite le crime. La réponse ne serait sûrement pas à chercher du côté des victimes. C’est à Bousquet et à ses amis que Christian Didier a rendu service. »

René Bousquet est enterré au cimetière de Larrazet en Tarn-et-Garonne.

Son fils Guy, avocat à la cour, tentera de justifier l'action de son père[139].

Jean Leguay, représentant de Bousquet en zone occupée de à fin , sera le premier Français inculpé de « crimes contre l'humanité » pour la rafle du Vél’ d'Hiv’.

Antisémitisme

Selon l'historien spécialisé dans l’étude de l’antisémitisme Laurent Joly, « sans passé antisémite particulier », René Bousquet, comme ses prédécesseurs hauts fonctionnaires à la politique antisémite de la France depuis 1940, « se rallie à « l'ordre nouveau » et à l'antisémitisme pur et dur ». Il poursuit, « ambitieux et calculateur, Bousquet n'est pas seulement un homme aveuglé par l'illusion de la souveraineté française et par des considérations de technocrates, c'est aussi un xénophobe et un antisémite convaincu et sans cœur ». Son « antisémitisme venimeux » est corroboré par de nombreux témoignages dont le pasteur Marc Boegner, défenseur des Juifs persécutés et futur Juste parmi les nations, auquel il déclare « quelle que soit l'issue de la guerre, le problème juif devra être résolu[140]. »

Distinctions

Apparition dans des documentaires et Ĺ“uvres de fiction

Documentaires

René Bousquet apparaît pour la première fois à l'écran dans Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls (1971). Ce documentaire fut censuré pendant dix ans à la télévision française.

Un documentaire Les Brûlures de l'Histoire - Le cas Bousquet par Patrick Rotman (diffusé sur France 3) sort dans les années 1990.

Le film de Claude Chabrol, L'Œil de Vichy, sort en 1993. C'est un film de montage des actualités du régime de Vichy (1940-1944). Monté de manière chronologique, le film propose une distanciation en faisant intervenir la voix de Michel Bouquet sur les commentaires d'époque. La voix de Michel Bouquet établit un lien entre le film de Claude Chabrol et celui d'Alain Resnais : Nuit et Brouillard (1956). René Bousquet apparaît dans le film et occupe une place de choix dans la démonstration de Claude Chabrol sur les compromissions des hauts fonctionnaires pendant l'Occupation.

Le documentaire L'Énigme René Bousquet, réalisé en 2007 pour France 3, est diffusé le dans le magazine Passé sous silence[141]. Ce documentaire n'a, selon Le Nouvel Observateur, pas « apporté de nouveaux éléments sur la personnalité de Christian Didier, l'assassin de René Bousquet.» Henri Amouroux n’hésite pourtant pas à penser que cet assassinat fut télécommandé. Interrogation qui restera en suspens dans ce film, car les auteurs n’enquêtent pas sur une mort qui pouvait en arranger plus d’un, optant pour un documentaire plus classique mais instructif sur l'étrange parcours d’un haut fonctionnaire à la carrière exemplaire qui deviendra l’un de ces « criminels de bureau » qui sévirent à Vichy, selon la formule de Robert Badinter »[142].

Le documentaire Christian Didier, un crime inutile[143], réalisé en 2012 par Marc Maouad et diffusé sur Planète+ Crime revient sur le procès de Christian Didier raconté par l'avocat général Philippe Bilger. Serge Klarsfeld y révèle que rené Bousquet n'aurait jamais été jugé car il était atteint de plusieurs cancers.

Fiction

Le personnage de l'inspecteur Bruno Deschamps joué par Bruno Cremer dans Le Bon et les Méchants (1975), de Claude Lelouch, a probablement été inspiré par René Bousquet.

En 2006, Laurent Heynemann réalise le téléfilm René Bousquet ou le Grand Arrangement (coproduit par Arte), qui le rediffuse le (rediffusions également sur France 5 le et le sur Numéro 23). Il s’agit de la première fiction française à prendre pour personnage principal un grand collaborateur français. L'acteur Daniel Prévost prête ses traits au fonctionnaire Bousquet. Le film montre un René Bousquet vieillissant, rattrapé par son passé. Le film développe aussi ses relations avec un personnage fictif, joué par Ludmila Mikaël. Ce personnage est, selon le réalisateur, une sorte d’« incarnation de l’humanité, et de la mémoire juive revenant par étapes ». Le soin documentaire, la sobriété de la mise en scène et la composition glaciale de Daniel Prévost ont été salués par l’ensemble des critiques. À noter : le plan de la rencontre entre un René Bousquet souriant et le SS Heydrich (film d'actualité de 1942) est celui que l’on retrouve systématiquement dans la totalité des films sur Bousquet. Dans René Bousquet ou le Grand Arrangement, les scénaristes font même dire au personnage incarné par Daniel Prévost dans cette scène : « Ils auraient mieux fait de laisser leurs caméras chez eux, ce jour-là ! »

En 2010, René Bousquet apparaît sous les traits de Frédéric Moulin dans le film de Roselyne Bosch, La Rafle, qui traite directement de la rafle du Vélodrome d'Hiver en , mise en place par Bousquet et le gouvernement de Vichy.

Il fait enfin partie des personnages du roman Rodrigo de Régis Bégué, paru en 2022[144] - [145].

Notes et références

Notes

  1. Cazaux, lui même sous-préfet à Paris sous Vichy, défend la rafle des enfants apatrides, selon sa lecture de la convention d’armistice, article 19[22].
  2. L'objet exact de cette déportation — dont la destination précise (« en Galicie[37] » ou « près de Cracovie », etc.)[38] n'était pas nécessairement connue des Français — s'est révélé être l'extermination dans des camps, par application de la « solution finale de la question juive ». Les conditions de transport en wagons à bestiaux bondés à l'excès, sur des distances aussi longues, laissaient supposer au moins d'autres mauvais traitements à l'arrivée. Concernant Laval et Bousquet, l’argument humanitaire semble n'être qu'une façade car ils n’ignorent pas que le pseudo État juif est un paravent : le chef de gouvernement réclame aux Allemands, le des éléments de langage sur la déportation afin de répondre aux diplomates étrangers qui le pressent par « une expression convenue ». Concernant les conditions de transport des déportés, six mois après la rafle du Vél’ d’Hiv’, au moment de la rafle de Marseille le , Bousquet « assiste en direct » à une telle scène en gare d'Arenc[39].
  3. Dans son ouvrage sur Pierre Laval, Fred Kupferman indique les expressions « Transports vers l'Est »[41], « L'envoi des Juifs à l'Est »[42] et cite Laval : « J'ai essayé de savoir où les Allemands conduisaient les convois de Juifs et leur réponse était invariable : « en Pologne, où nous voulons créer un État juif[43] (citation indiquée également par Jean-Paul Cointet qui s'interroge à la suite sur la question de savoir quand Laval aurait appris le destin des Juifs déportés, sans apporter de réponse[44]). » et commente : « Le chef du gouvernement se satisfait de cette réponse, qui lui évite des troubles de conscience[43]. » Raul Hilberg, utilise les expressions « déportés dans l'Est »[45], « déportation de […] Juifs dans l'Est »[46], « transporter dans l'Est »[47] et écrit : « Oberg certifia ensuite [à Laval] que les Juifs seraient envoyés en Pologne, où l'on créerait pour eux un « État juif »[48] ». Robert Paxton écrit : « déportation des Juifs vers l'Est »[49]. Bénédicte Vergez-Chaignon écrit : « transfert vers l'Est »[50].
  4. Auteure de la première biographie consacrée à René Bousquet.
  5. Les instructions d’Adolf Hitler ont été données à Oberg le , mais n’ont pas été communiquées à l’époque aux autorités françaises lors des négociations. Ces instructions évoquent, elles, la question des Juifs, ce qui n’a pas été le cas de la déclaration du d’Oberg : la note du Führer précise[67] « 4° b) En cas de péril imminent, le commandant militaire peut prendre des dispositions provisoires qui engagent. Les mesures d’expiations contre les criminels, des Juifs et des communistes à l’occasion d’attentats contre le Reich allemand ou des ressortissants du Reich allemand font également partie des mesures de police » ; le texte définitif du général Oberg ne fait pas mention des Juifs[68].
  6. Cazaux écrit : « Je ne suis coupable d’aucune faiblesse, d’aucune indulgence pour Vichy mais lorsque Laval a pris la décision de faire suivre aux enfants le même sort qu’à leurs parents, on ne peut l’accuser d’avoir voulu condamner des enfants à la chambre à gaz ; Pierre Laval ne voulait pas séparer les enfants des parents dans un but humanitaire[72]. »
  7. Préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille, Barraud fait office de maire.

Références

  1. Éric Conan, « La vraie vie de René Bousquet », sur lexpress.fr, L'Express, 28 septembre 1990, mis à jour le 17 décembre 2003 (consulté le ).
  2. Max Lagarrigue, « questions… La France durant l'Occupation », CNDP, 2007.
  3. Kupferman 2006, p. 89-91.
  4. Kupferman 2006, p. 90.
  5. Paxton 1997, p. 56.
  6. Paxton 1997, p. 59.
  7. Cazaux 1995, note 22, p. 119.
  8. Cazaux 1995, note 91, p. 167.
  9. Cazaux 1995, p. 307.
  10. Ghislaine Ottenheimer, Renaud Lecadre, Les Frères invisibles, Albin Michel, 2001, p. 78 ; Max Lagarrigue, « 99 questions… La France durant l'Occupation », CNDP, 2007 : qui sur ce sujet explique « Ce haut fonctionnaire applique méthodiquement la politique vichyste, à quelques exceptions près toutefois. En effet, Bousquet laisse en place élus radicaux et surtout francs-maçons dont les maires de Vitry et de Reims. Ce dernier, Paul Marchandeau, n’est autre que l’auteur du décret-loi d’, interdisant les propos antisémites — attitude qui laisse à penser que Bousquet a été initié à la franc-maçonnerie lorsqu’il exerçait à la préfecture de Montauban. »
  11. « Dans ces deux postes (préfet puis préfet régional) Bousquet se révéla un excellent administrateur habile et ferme qui négocia avec l’occupant au mieux des intérêts français. Fidèle à ses opinions républicaines, il maintint ou fit rétablir dans leurs fonctions les assemblées et les élus du département. Il intervint en faveur des israélites, des francs-maçons, des syndicalistes et des communistes, évita des sanctions à la population et parvint par de fausses statistiques à limiter les impositions de l’occupant. Il favorisa les évasions des prisonniers du camp de Châlons. Enfin il créa toute une organisation agricole qui permit de faire échec à l’arbitraire des occupants et aux tentatives d’exploitation collective des fermes par les Allemands. Il apparait donc que pendant toute cette période de sa vie administrative rien ne puisse être reproché à Bousquet. » Source : Archives nationales, 334 AP 47 et A.N 3W 88 et 89 Acte d’accusation devant la Haute Cour.
  12. Paxton 1997, p. 347.
  13. Kupferman 2006, p. 375.
  14. Vergez-Chaignon 2014, p. 511.
  15. Archives nationales, dossier René Bousquet, Haute Cour, arrêté du signé par Pierre Laval (document no 6 reproduit en p. 95 de l'ouvrage René Bousquet cet inconnu).
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  129. Antoine Veil a déclaré tout ignorer du passé de René Bousquet entre 1942 et 1944.
  130. Selon le journaliste britannique Daniel Singer, correspondant à Paris du journal The Nation, dans un article paru le , René Bousquet est l'organisateur de quelques dîners tenus au domicile du couple Veil dans le cadre de leurs relations professionnelles.
  131. Conan et Rousso 1996, p. 430.
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  133. Conan et Rousso 1996, p. 165-167.
  134. Dans sa biographie, Pascale Froment tente d'épargner le président de la République en soulignant qu'aucune pression politique réelle et efficace n'a été prouvée. Elle reconnaît cependant que François Mitterrand a bien fait savoir à ses ministres qu'il était personnellement défavorable au procès, ce qui n'est pas un ordre au sens littéral du terme.
  135. Éric Conan, « Le procès manqué », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  136. Henri Raczymow, L'homme qui tua René Bousquet, Paris, éditions Stock, , 342 p. (ISBN 2-234-05358-7)
    « De peur qu'il ne soit jugé définitivement comme « lamentable aux yeux du monde et sans postérité », Henri Raczymow a décidé de revenir sur le cas de Christian Didier. Non pour l'excuser, mais pour comprendre les motivations profondes de celui qui aurait voulu être un héros. Pour Raczymow, les motivations profondes du crime de Didier sont avant tout littéraires. La vérité est que la littérature peut pousser au meurtre. »
  137. « Christian Didier comparaît aux assises de Paris pour l’assassinat de René Bousquet », L'Humanité, .
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  141. [vidéo] L'Énigme René Bousquet, film réalisé par Patrick Cabouat après une enquête de Gérard Carreyrou et André Annosse. Produit par System TV avec la participation de France 3.
  142. Céline Delfontaines, « Itinéraire d'un criminel de bureau », TéléCinéObs, p. 20.
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Bibliographie

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Annexes

Articles connexes

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