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Rafle

Une rafle est une opération policiÚre d'interpellation et d'arrestation de masse de personnes prises au hasard sur la voie publique ou visant une population particuliÚre. Pour garantir le succÚs de l'opération, les organisateurs comptent particuliÚrement sur l'effet de surprise afin de limiter au maximum les possibilités d'y échapper. Sur le plan légal, la rafle est d'ordre administratif et placée sous le contrÎle de l'autorité politique.

Rafle de Juifs par l'occupant nazi à Amsterdam, en . Ces événements amÚneront à la grÚve générale de février.

En France

Rafles pendant la Seconde Guerre mondiale

On attribue le nom de rafles aux vagues d'arrestations organisées par les polices françaises et allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale contre les Juifs et également dans les opérations contre les Résistants. Les personnes raflées, sont ensuite parfois libérées, souvent fusillées ou envoyées dans les camps de concentration ou d'extermination nazis.

La plus connue des rafles contre les Juifs est la rafle du VĂ©l' d'Hiv' des 16 et . En zone libre, la rafle du 26 aoĂ»t 1942, entiĂšrement d’initiative française, a concernĂ© 6 584 juifs Ă©trangers ou apatrides dont la plupart seront dĂ©portĂ©s vers Auschwitz et immĂ©diatement assassinĂ©s.

La rafle anti-maquis et de répression de Tulle, le , est décrite ainsi :

« par petits groupes, les SS ratissent les quartiers et les rues ; ils entrent dans les logements, examinent les hommes qu'ils font sortir ; aux femmes, ils affirment qu'il s'agit d'un contrÎle d'identité, que l'absence de leur époux, fils ou frÚre ne sera pas longue et qu'il est inutile d'emporter des provisions[1]. »

D'autres rafles de moindre ampleur ont marquĂ© les mĂ©moires de plusieurs localitĂ©s françaises, comme celle du hameau de Roissiat Ă  Courmangoux dans l'Ain, oĂč une dizaine de jeunes gens ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pendant une fĂȘte de mariage, le [2].

Rafles pendant la guerre d'Algérie

Afin de lutter contre l'indépendance de l'Algérie qui se dessine entre 1958 et 1962, le gouvernement français procÚde à des interpellations à plus grande échelle : plusieurs rafles ont lieu à Paris, mais aussi à Alger.

Maurice Papon est nommĂ© prĂ©fet Ă  Paris en 1958. À plusieurs attentats perpĂ©trĂ©s sur le sol algĂ©rien, il rĂ©pond Ă  Paris par des rafles de Français musulmans d’AlgĂ©rie. Une « Force de police auxiliaire » est mise en place, et soupçonnĂ©e de pratiquer la torture. En parallĂšle, des suspects peuvent ĂȘtre interpellĂ©s et arrĂȘtĂ©s, sur simple dĂ©cision administrative, au Centre d’identification de Vincennes ou au palais des Sports.

Lors de la bataille d'Alger, 20 000 autochtones sont arrĂȘtĂ©s arbitrairement, mais Ă  peine plus de 16 000 sont relĂąchĂ©s. Le gĂ©nĂ©ral Massu, dans son livre la Vraie Bataille d'Alger explique qu'un peu plus des 3 000 personnes manquantes ont subi le sort des « crevettes Bigeard » (les deux pieds noyĂ©s dans du bĂ©ton, et les personnes jetĂ©es par hĂ©licoptĂšre dans la mer).

En Belgique

Rafles de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale

La population juive de Belgique a connu 4 rafles durant la Seconde Guerre mondiale. Les deux premiĂšres rafles se dĂ©roulĂšrent les 15 et Ă  Anvers[3] sous le commandement du sous-officier SS Erich Holm. Elles furent menĂ©es par des feldgendarmes, des SS allemands et flamands ainsi que par des policiers belges[3]. Une troisiĂšme rafle se dĂ©roulera le . À Bruxelles, la situation est diffĂ©rente et le bourgmestre Jules Coelst qui s'Ă©tait dĂ©jĂ  opposĂ© aux Allemands sur la question du port obligatoire de l'Ă©toile juive, ordonnance qu'il refusera de faire appliquer, argua d'un manque d'effectif pour que sa police ne soit pas mĂȘlĂ©e aux rafles. Une seule rafle nocturne se dĂ©roulera ainsi Ă  Bruxelles, le [4]. LiĂšge et Charleroi connurent Ă©galement chacune une seule rafle en aoĂ»t-[5].

Rafles de migrants en 2017 et 2018

Des suites d'une crise migratoire en Europe, le parc Maximilien à Bruxelles s'est transformé en un camp de réfugiés, lieu de rencontre entre migrants, volontaires et associations[6] depuis 2015[7] - [8].

En , la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés dénonce des rafles ayant été organisées en mai et en juin[9]. C'est également le cas du Ciré, association sans but lucratif créée en 1954 dont le but est permettre aux réfugiés et aux étrangers de s'initier à la vie économique, sociale et culturelle du pays afin de faciliter leur intégration en Belgique[10].

De nombreux témoignages font état de rafles récurrentes, pendant lesquelles de nombreuses irrégularités ont été notées, telle que l'abus de la force sur des personnes affaiblies et/ou ùgées migrantes ainsi que sur des citoyens bénévoles[11] amenant à plusieurs centaines de plaintes déposées auprÚs du Comité P[12].

Un mouvement citoyen proposant d'hĂ©berger les migrants s'est amplifiĂ© afin de les protĂ©ger de ces rafles[13], amenant les ministres Jan Jambon, Koen Geens et le SecrĂ©taire d'État Theo Francken Ă  faire approuver le un avant-projet de loi offrant un cadre lĂ©gal Ă  l'Article 15 de la Constitution belge permettant des visites domiciliaires chez les personnes hĂ©bergeant des migrants[14].

Une polĂ©mique nait de par l'emploi des termes "Rafle" et "Juste" (utilisĂ© ici afin de qualifier les personnes hĂ©bergeant des migrants) dans les mĂȘmes discours par certains politiciens.

Cela amÚne de vives réactions dans l'opposition amenant certains, dont Alain Destexhe, homme politique belge rattaché au Mouvement Réformateur, à ne préférer voir la définition du mot « rafle » qu'à sa portée symbolique à la suite des rafles organisées par l'Allemagne nazie[15]. Une importante communication sur les réseaux sociaux tente de faire partager cette idée[16].

« Certains mots ont une portée symbolique. Chacun sait que les mots "camps", "déportations", "rafles" entraßnent immédiatement dans nos cerveaux une association avec la Seconde Guerre mondiale et les nazis. »

Rafles issues de la surveillance internet

  • Le terme de rafle est repris aujourd'hui lorsque la police mĂ©diatise une opĂ©ration destinĂ©e Ă  combattre la pĂ©dophilie sur internet. Le mode opĂ©ratoire adoptĂ© est d'intervenir en semaine Ă  6 heures, heure lĂ©gale d'intervention pour perquisition et arrestation.
  • La surveillance des activitĂ©s d'internautes a permis Ă©galement de surprendre des tĂ©lĂ©chargements illĂ©gaux de films et rendre possible la rafle des contrefacteurs. On peut citer, par exemple les rafles organisĂ©es par le syndicat MPAA (Motion Picture Association of America) aux États-Unis [17] ou celle de la police corĂ©enne (pour stopper les tĂ©lĂ©chargements du film Lord of War [18]) qui ont Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©es afin de dĂ©courager le tĂ©lĂ©chargement illĂ©gal basĂ© sur la technologie « Peer to Peer ».

Notes et références

  1. J.J. Fouché, G. Beaubatie, op. cit., p. 131
  2. Marie-Ange Gaillard, « Courmangoux : les 70 ans de la rafle de Roissiat célébrés dans l'émotion », sur voixdelain.fr, (consulté le )
  3. Maxime Steinberg, La persĂ©cution des Juifs en Belgique (1940-1945), Éditions Complexe, , 316 p. (ISBN 978-2-8048-0026-0, lire en ligne) p. 268
  4. Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008, (ISBN 9782874950018)
  5. Herman Van Goethem, « La convention de La Haye, la collaboration administrative en Belgique et la persĂ©cution des Juifs Ă  Anvers, 1940-1942 », Cahiers d'Histoire du Temps prĂ©sent, no 17,‎ , p. 81 (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. « Des centaines de migrants dorment au parc Maximilien Ă  Bruxelles », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. Bosselaers, « Une journĂ©e avec MĂ©decins du Monde (MdM) au camp de rĂ©fugiĂ©s du parc Maximilien Ă  Bruxelles », MĂ©decine pour le Peuple,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. Caritas International, « Crise de l’accueil en Belgique : Mais qui sont ces migrants ? | Caritas International Belgique », sur www.caritasinternational.be (consultĂ© le ).
  9. « Retour des migrants au parc Maximilien aprĂšs l'hiver », Le Vif,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. « Migrants et répression : Le Ciré dénonce des rafles », sur www.cbcs.be (consulté le ).
  11. « Rafle au Parc Maximilien : AprĂšs le choc, la solidaritĂ© (et la colĂšre) des citoyens », parismatch.be,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. « PrĂšs de 300 citoyens ont dĂ©posĂ© plainte au ComitĂ© P pour les migrants du parc Maximilien », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. « PrĂšs de 200 citoyens hĂ©bergent des migrants pour les protĂ©ger des rafles Ă  Bruxelles », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. « Un cadre lĂ©gal pour la visite domiciliaire pour l’arrestation des personnes en sĂ©jour illĂ©gal | Theo Francken », sur francken.belgium.be (consultĂ© le ).
  15. Causeur.fr et Alain Destexhe, « Dans le Calais belge, les "nouveaux Justes" dénoncent les "rafles" de migrants », sur Causeur, (consulté le )
  16. Alain Destexhe, « C'est la Journée internationale en souvenir des victimes de l'Holocauste. 24.906 juifs et 351 tsiganes furent déportés de Belgique à Auschwitz. Souvenons-nous et gardons-nous des amalgames indécents avec les migrants, comme l'utilisation de #rafles ou #Justes », sur @Destexhe, (consulté le )
  17. Nouvelle rafle de la MPAA contre le piratage de films
  18. Rafle au pirate de Lord Of War en Corée du Sud - PC INpact

Articles connexes

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