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Georges Kiejman

Georges Kiejman, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un avocat et homme politique français.

Georges Kiejman
Illustration.
Georges Kiejman en 2011.
Fonctions
Ministre délégué à la Coopération internationale et au Développement
–
(11 mois et 26 jours)
Président François Mitterrand
Premier ministre Pierre Bérégovoy
Ministre Roland Dumas
Gouvernement Bérégovoy
Ministre délégué à la Communication
–
(10 mois et 17 jours)
Président François Mitterrand
Premier ministre Édith Cresson
Ministre Jack Lang
Gouvernement Cresson
Prédécesseur Catherine Tasca
Successeur Jean-Noël Jeanneney
Ministre délégué à la Justice
–
(7 mois et 13 jours)
Président François Mitterrand
Premier ministre Michel Rocard
Ministre Henri Nallet
Gouvernement Rocard II
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Michel Sapin
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 4e (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris 6e (France)
Sépulture Cimetière du Montparnasse
Nationalité Française
Parti politique PS
Conjoint Marie-France Pisier
Laure de Broglie
(depuis 1983)
Profession Avocat

Biographie

Famille

Georges Kiejman est le fils d'Alter Kiejzman, artisan tailleur, et de Brandla Czarnecka, tous deux Juifs venus de Pologne avec leurs deux enfants[1] - [2]. Alter est né le à Garwolin. Son père et sa sœur sont arrêtés et déportés à Auschwitz. Alter est déporté par le convoi no 57, en date du , du camp de Drancy vers Auschwitz. Il est âgé de 47 ans[3]. Alter y meurt mais sa sœur Liliane en revient[4]. Réfugié avec sa mère à Loye-sur-Arnon, Georges Kiejman fait ses études au collège de Saint-Amand-Montrond puis au lycée Voltaire à Paris. Il vit de nombreux petits métiers (cloueur dans la fourrure, serveur) et poursuit ses études de droit à la Sorbonne pour devenir avocat[5]. Il se spécialise en droit public, puis se consacre principalement au champ pénal et au droit d'auteur[6].

Séducteur dandy, amateur d'actrices et de jolies femmes[7], il épouse en troisièmes noces le la princesse Laure de Broglie[8] (née en 1952), dont il a trois enfants[9] - [10]. Il avait précédemment épousé Claude Schwab, journaliste, puis l'actrice Marie-France Pisier[11] - [6]. Il est le cousin du pianiste René Urtreger.

Carrière d'avocat

Georges Kiejman prête serment au barreau de Paris en ; il obtient la coupe d'éloquence des jeunes avocats (UJA) en 1954 ; il est nommé deuxième secrétaire de la conférence du stage en 1955[6].

De 1962 à 1991, il est l'avocat de nombreux éditeurs, notamment des éditions Gallimard. À cette occasion, il plaide pour Eugène Ionesco, Henry de Montherlant, et les héritiers d'Albert Camus[6]. Il assure la défense des éditions du Seuil dans la série de procès intentés au livre Les Dossiers noirs de la police française de Denis Langlois.

En 1976, il défend Pierre Goldman et, aidé par un comité de soutien de personnalités intellectuelles ou artistiques de gauche, obtient son acquittement du meurtre de deux pharmaciennes[12] - [13] - [6].

En 1977, il défend Guy Debord et l'éditeur Gérard Lebovici. Les lettres polémiques qu'ils s'échangèrent sont recueillies dans le volume 1 de la Correspondance des éditions Champ libre publié en 1978.

Il est l'avocat d'Alain Caillol[14], criminel français condamné en 1982 à vingt ans de réclusion criminelle pour la séquestration du baron Empain[15].

Il est également l'avocat des Cahiers du cinéma et de réalisateurs issus ou influencés par la Nouvelle Vague (François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Louis Malle, Costa-Gavras et Maurice Pialat), ainsi que pour de nombreux acteurs (Simone Signoret, Jeanne Moreau, Yves Montand, Sophie Marceau)[6]. Cela le conduit plus tard, de 1989 à 1990, à être président de la commission d'avances sur recettes de films.

En 1987, il est l'avocat du gouvernement américain dans le procès qui conduit à la condamnation à perpétuité du chef des FARL, Georges Ibrahim Abdallah[6].

En 1987, il est l'avocat de la famille de Malik Oussekine, l'étudiant tué en marge d'une manifestation contre le projet de loi Devaquet. Il s'est battu activement pour la libération des enfants du général Oufkir, détenus au Maroc jusqu'en 1991[16].

En 1996, il est l'avocat des héritiers de François Mitterrand, parties civiles lors du procès du Dr Gubler, ce dernier étant accusé par le ministère public de violer le secret médical dans son livre Le Grand Secret[17]. En 1998, il obtient la condamnation du journaliste Gérard Chauvy pour diffamation envers les époux Lucie et Raymond Aubrac[18].

En 2002, il est l'avocat de la famille de Ghislaine Marchal devant la Cour de révision à l'occasion de la tentative de révision du procès Omar Raddad[19]. Ce dernier est défendu par Jacques Vergès[6].

En 2005, il défend la psychanalyste Élisabeth Roudinesco, attaquée en diffamation pour avoir suggéré un « antisémitisme masqué » instillé par l’ouvrage Mensonges freudiens de Jacques Bénesteau et le Club de l'horloge[20].

En 2007, il est avec Richard Malka l'un des deux avocats à la défense de l'hebdomadaire Charlie Hebdo lors du procès concernant les caricatures de Mahomet, intenté par l'UOIF, le Conseil français du culte musulman et la grande mosquée de Paris, à l'issue duquel le journal est relaxé[6] - [21].

En tant qu'avocat, c'est lui qui pilote la procédure de divorce à l'amiable entre Nicolas Sarkozy et Cécilia Sarkozy ou qui représente la famille de Marie Trintignant dans le procès de Bertrand Cantat[6].

En 2009, il défend Roman Polanski[22] - [23].

Il devait être l'avocat de Liliane Bettencourt dans le procès l'opposant à sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers ; le procès n'a finalement pas lieu à la suite d'un accord conclu entre les protagonistes de l'affaire Banier-Bettencourt. Ses services ont alors été rémunérés à hauteur de 1,2 million d'euros[24].

En 2011, il rejoint la défense de l'ancien président Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris[6].

Carrière ministérielle

Révision du code pénal

En , il est nommé par le garde des Sceaux, Robert Badinter, membre de la commission de révision du code pénal, chargée d'élaborer un avant-projet de code pénal[26]. Des travaux de cette commission sont à l'origine de l'actuel code pénal entré en vigueur le . Toujours par le ministre Badinter, il est nommé en membre de la commission presse-justice[27].

Prises de position

Proche de Pierre Mendès France dont il est le collaborateur et l'ami pendant vingt ans, puis de François Mitterrand, Georges Kiejman est un homme politiquement marqué à gauche[6]. Cela dit, il n'a jamais cherché à se présenter et n'a donc jamais occupé de fonctions électives avant ou après ses ministères.

Tombe de Georges Kiejman au cimetière du Montparnasse (division 30).

En 1990, ce fils de déporté n'hésite pas à s'interroger publiquement sur l'utilité de juger René Bousquet, chef de la police du régime de Vichy et ami du président, qui avait déjà été jugé quarante ans auparavant. Ministre délégué chargé de la Justice, il déclare en : « Au-delà de la nécessaire lutte contre l'oubli, il peut paraître important de préserver la paix civile. Il y a d'autres moyens qu'un procès pour dénoncer la lâcheté du régime de Vichy »[28]. Plus tard, il reconnaît : « J’ai commis une bourde »[6].

Mort

Il meurt le à Paris, des suites d'une crise cardiaque[29] - [6]. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse (division 30, petit cimetière).

Distinctions

Publications

Filmographie

Documentaires

Il consacre trois émissions pour France 5 à quelques-uns des plus grands procès de l'histoire française, qui sont édités par la suite en DVD. Il obtient pour ces émissions le prix Charles-Cros 2007[32].

Films de fiction

Téléfilms

Notes et références

  1. « Georges Kiejman : « Malgré une enfance tragique, ma vie a connu une succession de bienfaiteurs » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Voir, Klarsfeld, 2012.
  3. « "Emotion mais pas indignation" pour Georges Kiejman Â», sur L'Express, .
  4. Gaël Tchakaloff, « Portrait de Georges Kiejman », sur Le Nouvel Économiste, .
  5. Vanessa Schneider, « Georges Kiejman, avocat et ancien ministre, est mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Judith Perrignon, « Réépris de justice », sur Libération.fr, .
  7. Connue sous le nom de Laure Debreuil, journaliste qui a présenté le journal de la nuit à TF1.
  8. Voir Le Gotha Français - État présent des familles ducales et princières, de Hubert Cuny § Nicole Dreneau - 1989.
  9. Anne Fulda, « Georges Kiejman : être aimé, le programme d'une vie », Le Figaro, supplément « Le Figaro et vous »,‎ 11-12 décembre 2021, p. 43 (lire en ligne).
  10. Judith Perrignon, « Réépris de justice », liberation.fr, (consulté le ).
  11. Pierre Goldman, encore et toujours, Luc Rosenzweig, causeur.fr, .
  12. Une légende vacille, lexpress.fr, .
  13. Alain Caillol, Lumières, Le Cherche Midi (lire en ligne), p. 4.
  14. « Remords postbaron - Libération », sur liberation.fr, .
  15. Stephen Smith, « Après avoir été détenue arbitrairement pendant dix-neuf ans, elle était, depuis 1991, sous le coup d'une interdiction de quitter le Maroc. Une fille du général Oufkir déjoue la surveillance du roi Hassan II. Maria Inan-Oufkir, 34 ans, fille de l'ancien homme fort du Maroc mort, comme "félon régicide", après une tentative de coup d'Etat en 1972 a quitté le royaume chérifien clandestinement jeudi dernier. », Libération,‎ (lire en ligne).
  16. Éric Favereau, « Le médecin de Mitterrand est poursuivi pour violation du secret médical », Libération,‎ (lire en ligne).
  17. François Devinat, « Gérard Chauvy condamné pour avoir diffamé les Aubrac. L'historien avait mis en cause le passé des époux résistants. », Libération,‎ (lire en ligne).
  18. Brigitte Vital-Durand, « Omar poursuit son marathon pour la réhabilitation », Libération,‎ (lire en ligne).
  19. L’avis de François Aubral sur l’affaire.
  20. Procès Charlie: les caricatures de Mahomet relaxées, Christophe Boltanski, Libération, .
  21. « Au cœur du procès de Roman Polanski en 1977 », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Doreen Carvajal, « Polanski May Choose to Face Charges », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Liliane Bettencourt bienfaitrice de l'humanitĂ© Â», Le Canard enchaĂ®nĂ©, , p. 3.
  24. Au "Journal officiel" les attributions de M. Georges Kiejman Ă  la chancellerie, Le Monde, .
  25. « M. Badinter préside la commission de révision du code pénal », Le Monde, .
  26. « La fiction du secret d'instruction Â», Le Monde, .
  27. Éric Conan, René Bousquet: Mort d'un collabo, L'Express, .
  28. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
  29. Décret du portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  30. DĂ©cret du portant promotion, Legifrance.gouv.fr, .
  31. Guilaine Depis, « Prix de l'Académie Charles Cros (Fanny Ardant et Kiejman) », Editions des Femmes,‎ .
  32. Corinne Renou-Nativel, « Belle du Seigneur : quand les sublimes de Cohen agacent Â», la-croix.com, .

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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