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PrĂȘle des champs

Equisetum arvense

La PrĂȘle des champs (Equisetum arvense), parfois appelĂ©e Queue-de-cheval[1], Queue-de-rat ou Queue-de-renard, est une espĂšce vĂ©gĂ©tale de la famille des Equisetaceae.

Elle appartient au groupe des Ptéridophytes (cryptogames vasculaires). Elle a des usages ethnopharmacologiques nombreux et anciens, et potentiellement de nouveaux usages, en cours d'étude.

Description

Caractéristiques morphologiques d'Equisetum arvense.
Détail des gaines dentées sombre et d'un verticille de rameaux.
Spores en milieu sec.

Cette plante vivace de 20 Ă  50 cm de haut prĂ©sente deux types de tiges : fertiles et stĂ©riles ce qui permet de la diffĂ©rencier de la PrĂȘle des marais (Equisetum palustre) (clef no 1).

Dans les deux cas, les feuilles sont rĂ©duites Ă  de simples collerettes situĂ©es au niveau des nƓuds des tiges et rameaux, sous forme d'une courte gaine dentĂ©e.

Chez cette espĂšce, cette gaine porte de 6 Ă  12 dents[2], de couleur sombre (voir photo ci-contre), contre 20 Ă  30 dents pour la grande prĂȘle (clef no 2).

Appareil végétatif

Les tiges stĂ©riles, vertes, se forment Ă  partir d'avril - mai Ă  partir d'un rhizome souterrain qui se multiplie rapidement. GrĂȘles et Ă  petite lacune centrale, elles portent au niveau de leurs nƓuds des verticilles de rameaux grĂȘles, Ă  section quadrangulaire et en forme d'Ă©toile Ă  quatre branches.
Le premier article de chaque rameau est plus long que la gaine dentĂ©e correspondant au verticille du rameau sur la tige centrale[3] contrairement Ă  la PrĂȘle des marais (Equisetum palustre) (clef no 3).

Appareil reproducteur

Tige fertile de prĂȘle des champs, vers Keila, Estonie. Mai 2021.

Les tiges fertiles ne sont ni ramifiées, ni garnies de verticilles de rameaux.
Elles portent par contre un épi terminal oblong constitué de sporangiophores (structure portant des sporanges) disposés en verticilles et pédonculés). Ils produisent des spores vertes.

Tige mixte

Des tiges stériles présentent parfois un épi terminal embryonnaire, plus ou moins avorté.

RĂ©partition et habitat

Hormis en Australie, cette espÚce est présente sur tous les continents. Elle vit dans les lieux humides et dans les terres neutres sablo-limoneuses, souvent sur les berges, talus de champs ou de fossés ou à leur proximité.

Profil phytochimique

Veit et al. en 1995 notent[4] que son profil phytochimique montre qu'elle est riche en acide silicique (jusqu'Ă  70 % de silice sous forme soluble)[5], en flavonoĂŻdes[6] et en manganĂšse.

Rien que du point de vue de leur teneur en alcaloĂŻdes, les chemotypes de prĂȘles sont trĂšs divers. Ces molĂ©cules, qui sont des mĂ©tabolites vĂ©gĂ©taux secondaires azotĂ©s gĂ©nĂ©ralement toxiques Ă  faible dose, intĂ©ressent les toxicologues, Ă©cotoxicologues et Ă©coĂ©pidĂ©miologistes, car ils sont souvent cause d'empoisonnements parfois chez l'Homme et souvent chez les bovins et d'autres animaux domestiques (en pĂąture ou quand ils mangent du foin ou un ensilage en contenant des doses trop Ă©levĂ©es, faute d'autre nourriture disponible).
Les moyens d'analyse de ces alcaloĂŻdes se sont beaucoup amĂ©liorĂ©[7], permettant en 2020 Ă  des chercheurs allemands de prouver que le stade ontogĂ©nĂ©tique (stade de dĂ©veloppement de la plante) explique des donnĂ©es antĂ©rieures de la littĂ©rature qui apparaissaient contradictoires[8]. Le taux des principaux alcaloĂŻdes dĂ©crits chez les prĂȘles varie significativement selon l'Ăąge de l'individu, mais le site oĂč est prĂ©sent l'alcaloĂŻde, lui ne varie pas[8]. La somme des deux alcaloĂŻdes [Palustrine + PalustridiĂšne] varie du simple au quadruple (de 213 Ă  994 mg par kg de matiĂšre sĂšche)[8]. Le taux d'alcaloĂŻdes est le plus haut aux premiers stades de dĂ©veloppement et ne semble pas tant dĂ©pendre que de la saison, mais aussi de la tempĂ©rature dans l'environnement de la plante[8].

En 2007, le vétérinaire Bob Wright, en citant en 2007 JM.Kingsbury (1964)[9] écrit dans une note publiée par l'OMAFRA, que les Equisetum contiennent des silicates, de l'acide aconitique, de l'acide palmitique, des traces de trois alcaloïdes sont parfois citées (voir plus bas), de la 3-méthyloxypyridine, de la diméthylsulfone et un enzyme problématique : la thiaminase ; et c'est cette derniÚre qui pourrait selon lui en partie expliquer les symptÎmes observés chez les chevaux, car elle inhibe la thiamine[10] (autrement dit la vitamine B1)[2], mais il n'arrive pas à expliquer les symptÎmes neurologiques également observés[11].
Concernant les alcaloïdes, trois sont cités :

  1. L'Ă©quisitine[12] ;
  2. La palustrine (mais Isabel Tipke et ses collĂšgues (2019) n'ont pas retrouvĂ© cette molĂ©cule dans la PrĂȘle des champs, uniquement chez trois des 14 autres espĂšces de prĂȘle : E. palustre, E. bogotense et E. giganteum, de mĂȘme que pour le palustridiĂšne)[12] ;
  3. La nicotine, retrouvĂ©e Ă  des taux variables, mais parfois Ă  plus 250 ÎŒg/kg dans cette prĂȘle[12].

D'autres composants inventoriĂ©s de la plante et ayant un potentiel intĂ©rĂȘt mĂ©dicinal sont des glucosides, des flavonoides, des saponosides, des saponines (Ă©quisĂ©tonine et Ă©quisĂ©togĂ©nine), des triterpĂ©noĂŻdes, des tanins, du carbonate de calcium, et aussi du potassium, manganĂšse, fer, manganĂšse et aluminium (sous forme de chlorures et de phosphates) ainsi que des vitamines (surtout riche en vitamine C ; Ă  hauteur de 200–260 mL)[13] - [2] - [14].

Utilisations

Histoire des usages médicinaux

Equisetum arvense L. a des usages mĂ©dicinaux anciens et nombreux. Avec sa cousine Equisetum telmateia (qui prĂ©sente Ă©galement un effet antioxydant[15]), c'est mĂȘme la prĂȘle la plus utilisĂ©e par la pharmacopĂ©e traditionnelle au sein de la trentaine d'espĂšces du groupe des Equisetum dont beaucoup Ă©taient utilisĂ©es par la pharmacopĂ©e traditionnelle[14], et l'une des plantes les plus prescrites au monde en phytothĂ©rapie[16].

Dans la plupart des pays, seules les parties aériennes des tiges stériles sont utilisées ; généralement en infusion ou décoction mais aussi parfois sous forme de jus, de poudre, d'alcoolat, de SIPF ou de teinture mÚre voire (expérimentalement) d'huile essentielle. Dans certaines régions ou pays (Roumanie et autres pays de l'Est de l'Europe par exemple), les racines sont utilisées aussi, et pour de nombreux usages : inflammation[17] - [18] - [19], mais aussi[19] ulcÚres, tumeurs cutanées, démangeaisons, cicatrisation, ecchymoses, engelures, leucorrhée, panaris, hyperhidrose du pied, impétigo, furoncle, dermatite ou encore névrodermite).

De mĂȘme que le coudrier, les amĂ©rindiens de l'AmĂ©rique du Nord utilisaient la prĂȘle des champs pour soigner les dents et certains maux de dents[20]. Les amĂ©rindiens lui prĂȘtaient aussi des vertus analgĂ©siques.

Grùce à sa richesse en éléments minéraux surtout en silice[21], mais aussi en potassium, et en calcium, elle a un effet à la fois reminéralisant et diurétique[2].
Le manuel d'herboristerie, étudié pour l'examen national jusqu'en 1942 la prescrivait pour ses minéraux afin de soigner la peau, les tissus conjonctifs en cas de fragilité des cartilages, des tendons et des os et dans l'acné.
Sa galénique SIPF est préconisée pour renforcer les os et les phanÚres[22], indications déjà présentes dans la médecine indienne traditionnelle par exemple documentée dans les tribus de la vallée Bangus du Cachemire Himalaya, en Inde.

Depuis les années 1990, de nombreuses études ont précisé ses vertus médicinales.

Selon une enquĂȘte bibliographique rĂ©cente (2021) la prĂȘle est la plus utilisĂ©e traditionnellement « comme diurĂ©tique, suivie du traitement des maladies gĂ©nito-urinaires (maladies rĂ©nales, urĂ©thrites, calculs rĂ©naux et autres), de l'inflammation, de la cicatrisation, des maladies rhumatismales, de la prostatite et de l'hypertension »[14]. Nombre de ces effets (et d'autres) ont Ă©tĂ© confirmĂ©s en laboratoire, pas toujours aussi efficaces que les mĂ©dicaments synthĂ©tisĂ©s par l'industrie pharmaceutique, mais sans effets secondaires.

Effets phytopharmaceutiques avérés

Ses effets anti-inflammatoires et diurĂ©tiques sont les plus connus depuis longtemps (en Europe notamment). À partir de la fin du XXe siĂšcle, ils ont Ă©tĂ© confirmĂ©s sur le modĂšle animal et via des essais cliniques[14].

Cette espĂšce (comme d'autres prĂȘles parfois) est utilisĂ©e pour :

  • traiter par ses effets diurĂ©tiques par exemple des problĂšmes rĂ©naux[14], digestifs et urinaires. Par exemple en Arabie saoudite, elle est utilisĂ©e dans de nombreux pays contre la goutte et l'hypertension et prĂ©venir les calculs urinaires[14] ;
  • renforcer les dents, ongles, cheveux et le systĂšme osseux)[23] ; elle est dans ce cas traditionnellement prise en infusion et en tant que reminĂ©ralisante[16], mais on a rĂ©cemment montrĂ© que son extrait hydromĂ©thanolique semble aussi avoir un effet modulateur de l'ostĂ©oclastogenĂšse, laissant penser que cette prĂȘle pourrait amĂ©liorer la rĂ©gĂ©nĂ©ration osseuse, dans le cas de l'ostĂ©oporose notamment[24] - [25] - [26] ;
  • soigner certains problĂšmes dermatologiques (probablement grĂące Ă  ses effets anti-inflammatoires)[16].
    Remarque : chez une espÚce proche (Equisetum palustre), on a découvert, en 2009, un flavonol diglucoside qui a montré un effet anti-ulcérogÚne[27] et anti-inflammatoire (dont on a montré qu'il n'est pas dû qu'à la silice[28] ;
  • soigner le saignement de nez ou prĂ©venir des hĂ©morragies (en Chine) ;
  • protĂ©ger le foie et soigner la jaunisse ou l'hĂ©patite (La PrĂȘle des champs est ainsi utilisĂ©e en Chine)[29]. Parmi deux types de pĂ©trosines phĂ©noliques isolĂ©es dans cette plante (en 2004) (l'onitine et l'onitine-9-O-glucoside) et quatre flavonoĂŻdes (apigĂ©nine, lutĂ©oline, kaempfĂ©rol-3-O-glucoside et quercĂ©tine-3-O-glucoside, deux molĂ©cules (l'onitine et la lutĂ©oline) ont montrĂ© (sur des cultures cellulaires humaines) des effets hĂ©patoprotecteurs[29] ;
  • prĂ©venir les convulsions ;
  • prĂ©venir les ƓdĂšmes ;
  • traiter la mĂ©norragie ;
  • sĂ©dater, amĂ©liorer le sommeil et certains troubles anxieux. Une Ă©tude universitaire indienne (2011) a comparĂ© chez la souris de laboratoire, les effets du diazepam Ă  ceux d'extraits (50 et 100 mg/kg) d' E. arvense par l'Ă©ther, le chloroforme et l'Ă©thanol ou l'eau ont des effets sĂ©datifs et anxiolytiques significatifs[30]. L'extrait Ă©thanolique (100 mg/kg) a prolongĂ© le sommeil induit par la kĂ©tamine et diminuĂ© l'activitĂ© locomotrice de l'animal, mais moins que le diazĂ©pam. Les flavonoĂŻdes pourraient expliquer cet effet[30] ;
  • rĂ©duire (via une dĂ©coction) certains problĂšmes rhumatologiques[31] et de nĂ©vralgies[31], et notamment l'inflammation auto-immune de la polyarthrite rhumatoĂŻde (PR)[32] - [23], en inhibant certaines cellules immunocompĂ©tentes polyfonctionnelles[18]. Dans ce dernier cas, un essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© a Ă©tĂ© conduit par l'HĂŽpital et l'UniversitĂ© de Zhengzhou (Chine), sur 60 cas de patients atteints de PR. Il a fait conclure Ă  « un effet curatif remarquable sur la polyarthrite rhumatoĂŻde, et que son application clinique est sĂ»re et fiable. Le traitement a un effet rĂ©gulateur Ă  la baisse Ă©vident sur le facteur cellulaire TNF-α liĂ© Ă  la PR, c'est-Ă -dire qu'il peut rĂ©guler Ă  la baisse le niveau de facteur prĂ©-inflammatoire TNF-α ainsi que le niveau de facteur anti-inflammatoire IL-10 »[33] ;
    La capacitĂ© immunomodulatrice d'un extrait de prĂȘle commun standardisĂ© disponible dans le commerce a Ă©tĂ© testĂ©e sur la fonction lymphocytaire primaire humaine in vitro ; cet extrait a inhibĂ© la prolifĂ©ration des lymphocytes , sans induire d'apoptose ni de nĂ©crose, dont en diminuant l'expression des rĂ©cepteurs de surface CD69 et IL-2 et la production intracellulaire d'IL-2 ; il a aussi inhibĂ© les fonctions effectrices, ce que montre une production rĂ©duite d'IFN-Îł et de TNF-α[18] ;
  • mieux lutter contre des infections ; l'espĂšce prĂ©sente des vertus antimicrobiennes[34], notamment dans son huile essentielle[35] ; Des extraits aqueux et Ă©thanoliques d'Equisetum arvense ont notamment montrĂ© des effets contre des bactĂ©ries pathogĂšne qui ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©sistances aux antibiotique et sont de plus en plus sources de maladie nosocomiale : Staphylococcus, Bacillus, Escherichia coli, Klebsiella et Candida[36] - [37] - [38] - [39] - [25] - [16] - [32].
    Au sein de cellules endothĂ©tliales vasculaires exposĂ©e Ă  un stress hyperosmotique, un extrait de cette prĂȘle a eu un effet antibactĂ©rien, associĂ© Ă  une modulation du stress oxydatif ainsi qu'Ă  une rĂ©duction de l'inflammation et de l'apoptose[40] ;
  • l'administration chronique d'extrait hydroalcoolique de tiges d'Equisetum arvense chez le rat ĂągĂ© (50 mg/kg, i.p.) a amĂ©liorĂ© ses performances cognitives (mĂ©moire notamment), sans aucune manifestation de toxicitĂ© ; et in vitro, l'extrait de prĂȘle diminuait les substances rĂ©actives Ă  l'acide thiobarbiturique ainsi que la formation de nitrites, sans altĂ©rer l'activitĂ© de la catalase. Guilherme dos santos et ses collĂšgues, en 2005, ont attribuĂ© ces effets positifs, au moins en partie, aux propriĂ©tĂ©s antioxydantes de la prĂȘle des champs[41] ;
  • une autre Ă©tude a en 2020 confirmĂ© un effet antioxydant de l'extrait Ă©thanolique (alcoolature) d' Equisetum arvense, et a Ă©galement dĂ©montrĂ© un effet cytotoxique et suppressif contre la lignĂ©e cellulaire de carcinome pancrĂ©atique humain ASPC-1 (cet extrait a diminuĂ© la viabilitĂ© et la croissance de ces cellules cancĂ©reuses d'une maniĂšre qui semblait dose-dĂ©pendante), faisant conclure Ă  un potentiel d'agent anticancĂ©reux alternatif pour le traitement du carcinome pancrĂ©atique (PC), avec aucun ou peu d'effets secondaires pour le patient[42] ;
  • en usages topiques (extraits de plante, pommade
), un effet cicatrisant est constatĂ© en chez le rat par Ozay et al. en 2010[38]. En 2011, Hayat et al. ont confirmĂ© (toujours chez l'animal) cet effet[39], qu'Asgharikhatooni et al. constateront aussi chez la femme en 2015 en le testant en Iran sous forme de (pommade Ă  3 %) chez chez des mĂšres nullipares, avec un placebo, sur des cicatrices d'Ă©pisiotomies (douloureuses et sources d'inconfort) ; aprĂšs quelques jours, la cicatrisation est amĂ©liorĂ©e et la douleur est moindre dans le groupe traitĂ© avec cette pommade[43] - [23].
    Suntar et al. en 2012 estiment que ce sont les antioxydants de la prĂȘle qui amĂ©lioreraient la cicatrisation, en Ă©liminant ou entravant spĂ©cifiquement la formation d'espĂšces rĂ©actives de l'oxygĂšne[44] ;
  • d'autres chercheurs tels Patova et al. en 2019, Kour et al. en 2017, Pallag et al. en 2018, Steinborn et al. en 2018, ou encore Arbabzadegan et al. en 2019 ont aussi conclu qu'Equisetum arvense pourrait aider Ă  lutter contre les troubles et les maladies induites par un stress oxydatif ;
  • des propriĂ©tĂ©s antidiabĂ©tiques ont aussi Ă©tĂ© dĂ©couvertes[23] ;
  • elle rĂ©duit le taux de crĂ©atinine urinaire (en laboratoire, chez le rat)[23] ;
  • des propriĂ©tĂ©s antiprolifĂ©ratives (dose-dĂ©pendantes) sont dĂ©montrĂ©es, probablement induite par les antioxydants naturels contenus dans cette prĂȘle. En laboratoire, des extraits aqueux ou par 3 solvants chimiques (n-butanol, mĂ©thanol ou acĂ©tate d'Ă©thyle) ont tous contribuĂ© au piĂ©geage de radicaux peroxyles (lipidiques notamment), et ils ont significativement inhibĂ© la croissance cellulaire (mais plus ou moins selon la lignĂ©e cellulaire testĂ©e, selon le type d'extrait et sa concentration ; c'est l'extrait par acĂ©tate d'Ă©thyle le plus concentrĂ© qui s'est montrĂ© in vitro le plus antiprolifĂ©ratif) ; et sans stimuler la croissance de cultures de cellules tumorales humaines[45].
    Nunes et al. en 2017 ont trouvĂ© que dans les extraits de prĂȘle l'activitĂ© antioxydante est liĂ©e au taux de composĂ©s phĂ©noliques[46] - [47] ;
  • un effet antidiabĂ©tique est Ă©voquĂ©, car chez le rat de laboratoire victimes d'un diabĂšte induit par la streptozotocine, un extrait de cette prĂȘle a modulĂ© la sensibilitĂ© Ă  l'insuline[48] ;
  • certaines de ses vertus, immunomodulatrices notamment, semblent lui confĂ©rer un intĂ©rĂȘt comme agent potentiel de lutte contre certains cancers (cette PrĂȘle s'est par exemple montrĂ©e en laboratoire (Ă©tude de 2012) capable de bloquer la reproduction de cellules leucĂ©miques, sur des cultures cellulaires de souris)[49].

Variabilité des effets

De nombreuses plantes ont des effets pharmaceutiques variant selon l'habitat, le climat, le patrimoine génétique de la plante, son exposition à un stress, et selon son stade de croissance.

On sait que le taux de phĂ©nol d'une prĂȘle varie de maniĂšre interspĂ©cifique et intraspĂ©cifique[50], et on a rĂ©cemment montrĂ© chez d'autre prĂȘles que le taux d'alcaloĂŻde dĂ©croissait avec l'Ăąge dans la plante[8].

Usage alimentaire

D'une texture rendue désagréable pour les dents, en raison de sa teneur trÚs élevée en silice, elle a néanmoins quelques usages alimentaires, au Japon notamment.

Les jeunes pousses de prĂȘle sont consommĂ©es en salade comme des asperges, Ă  titre d'aliment comme Ă  titre de nutriment. François Couplan dĂ©crit les jeunes tiges stĂ©riles comme « tendres et juteuses, malgrĂ© une forte teneur en silice qui les fait crisser sous la dent (
) Les pousses fertiles, quant Ă  elles, sont raisonnablement mangeables lorsqu’elles sont vraiment trĂšs jeunes[51]
 » ; elles sont plus agrĂ©able lorsqu'accommodĂ©es en « bouillon japonais » (dit Dashi). Au Japon, les jeunes pousses, appelĂ©es tsukushi (ăƒ„ă‚Żă‚·), font partie des herbes sauvages dont les japonais sont friands. N.B. : le nom de la prĂȘle des champs adulte est sugina (ă‚čゼナ) : voir l'article wikipedia en japonais dĂ©crivant Equisetum arvense.

Cette prĂȘle semble avoir le potentiel d'un ingrĂ©dient alimentaire fonctionnel.

Usage agronomique / jardinage

Les 15 espĂšces connues de prĂȘle (classĂ©es en 2 sous-genres : Equisetum et Hippochaete) ont en outre toutes un potentiel comme amendement des sols, car leur silice, bien plus biodisponible que celle du sable y amĂ©liore la tolĂ©rance des plantes aux maladies, Ă  la sĂ©cheresse et Ă  la l'Ă©cotoxicitĂ© des mĂ©taux lourds et mĂ©talloĂŻdes).

Les jardiniers l'utilisent sous forme de purin de prĂȘle, comme amendement, comme activateur de compost et en pulvĂ©risation contre les maladies cryptogamiques (oĂŻdium ; mildiou ; cloque du pĂȘcher ; tavelure du pommier, rouille ; monilia ; fonte des semis[52]


Ce purin, qui complĂšte le purin d'ortie ou de consoude est fabriquĂ© par le jardinier ou peut maintenant ĂȘtre achetĂ© en jardinerie.

Cette prĂȘle volontiers envahissante n'est gĂ©nĂ©ralement pas bienvenue au jardin, mais certains l'y maintiennent entre des parois Ă©tanches et semi-enterrĂ©es (pour que le rhizome n'en sorte pas) en coupant les tĂȘtes de tiges fertiles avant qu'elles ne produisent de spores.

Toxicité ?

Dans les annĂ©es 1990, peu de donnĂ©es toxicologiques Ă©taient disponibles sur les effets secondaires des prĂȘles en gĂ©nĂ©ral, mais une espĂšce proche, la prĂȘle des marais Ă©tait considĂ©rĂ©e comme parmi les plantes les plus toxiques pour le bĂ©tail pĂąturant dans les zones humides, en raison de sa teneur Ă©levĂ©e en certains alcaloĂŻdes probablement[8].

La toxicité spécifique d'Equisetum arvense L. n'a que récemment été testée à la fois sur le modÚle animal et sur des cultures de cellules humaines ; elle semble nulle ou trÚs faible :

  • les tests toxicologiques faits au Japon par Miwa et Sakuma en 2009[53], puis par Tago et al., en 2010[54] ont conclu Ă  une toxicitĂ© trĂšs faible ou nulle (DL50 de plus de 5 000 mg/kg de poids corporel) ;
  • administrĂ©e par voie orale Ă  raison de 0 ; 0,3 ; 1 ; et 3 % de l'alimentation durant 13 semaines chez des rats de laboratoire (rats F344, mĂąles et femelles) Equisetum arvense n'a montrĂ© aucune toxicitĂ© dĂ©tectable en termes de signes cliniques, d'Ă©volution du poids corporel ni du poids des organes, d'analyse d'urine. Elle n'a pas non plus changĂ© les donnĂ©es hĂ©matologiques ni biochimiques sĂ©riques. Et aucune lĂ©sion histopathologique visible au microscope n' Ă©tĂ© associĂ©e Ă  ces traitements. La dose sans effet nocif observĂ© (NOAEL) est donc a priori, dans les conditions de cette Ă©tude, supĂ©rieure Ă  3 % chez les deux sexes du rat F344 (mĂąles et femelles : > 1,79 g/kg pc/jour et > 1,85 g/ kg BW / jour, respectivement).

Toxicité pour le bétail et les chevaux ?

Cette espĂšce semble, comme pour toutes les prĂȘles, dans la nature naturellement peu appĂ©tente pour les herbivores.

La plante peut nĂ©anmoins ĂȘtre retrouvĂ©e dans le foin rĂ©coltĂ© sur des zones oĂč les prĂȘles prolifĂšrent et alors ĂȘtre plus facilement mangĂ©e en grande quantitĂ© par des herbivores domestiques[55]. Dans de telles circonstances, la PrĂȘle des champs cause des empoisonnements parfois mortels de bovins et de chevaux (une note cite le cas d'un cheval de 454 kg ayant mangĂ© 2 kg de foin de prĂȘle par jour pendant 1-2 semaines)[56]. Cette hypothĂšse a Ă©tĂ© Ă©mise dans les annĂ©es 1950, notamment Ă  la suite de deux courtes observations rapportĂ©es par l'American Fern Journal[57] :

  • une note (signĂ©e Kane 1949) Ă©voque un article du New York Times qui laissait entendre que la haute teneur en silice de la PrĂȘle des champs a un effet, notamment laxatif sur les chevaux.
    Et, selon une Ă©tude ethnobotanique, la prĂȘle Ă©taient autrefois utilisĂ©e Ă  Bagnes (Suisse) en infusion diurĂ©tique « comme dĂ©puratif pour les vaches (on ne l'utilisait pas pour les mulets) » et des compresses de tisane de prĂȘle servaient Ă  traiter leurs mamelles en cas de mammite[58] ;
  • une autre note, de Gasser (1949) Ă©voque un alcaloĂŻde pouvant expliquer une toxicitĂ© de la plante.

Autre

L'infusion est de couleur jaune verdĂątre et cette prĂȘle donnerait un colorant jaune.

Elle possĂšde des propriĂ©tĂ©s fongicides : le purin de prĂȘle (dĂ©coction) pulvĂ©risĂ© sur le feuillage d'autres plantes est un traitement prĂ©ventif contre les maladies cryptogamiques sans doute par renforcement des dĂ©fenses de la plante grĂące Ă  la silice.

En raison de sa forte teneur en silice (10 %), elle Ă©tait autrefois utilisĂ©e pour dĂ©caper, nettoyer ou mĂȘme polir le laiton, le cuivre et les mĂ©taux prĂ©cieux[2].

Tiges de prĂȘle pour le grattage des anches.

En lutherie et Ă©bĂ©nisterie, elle est utilisĂ©e pour le polissage, le grattage des anches... Pour exemple, Jean-François BoĂŒin, dans son ouvrage[59], donne la mĂ©thode pour l'entretien d'une vielle Ă  roue.

Galerie

  • Tiges fertiles de prĂȘles des champs portant les sporanges.
    Tiges fertiles de prĂȘles des champs portant les sporanges.


Notes et références

  1. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du ChĂȘne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).
  2. R. Auger, J. Laporte-Cru, Flore du domaine atlantique du Sud-ouest de la France et des régions des plaines, Bordeaux, CNDP, , 516 p. (ISBN 2-86617-225-6), p. 41
  3. (en) A. E. Al-Snafi, « The pharmacology of Equisetum arvense-A review. », IOSR Journal of Pharmacy, vol. 7, no 2,‎ , p. 31-42 (lire en ligne)
  4. (en) Markus Veit, Cornelia Beckert, Cornelia Höhne et Katja Bauer, « Interspecific and intraspecific variation of phenolics in the genus Equisetum subgenus Equisetum », Phytochemistry, vol. 38, no 4,‎ , p. 881–891 (DOI 10.1016/0031-9422(94)00658-G, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Le livre des plantes utiles, Edition Robert Laffont, Collection De corps et d’esprit, 1990, 288 p. (ISBN 978-2-221-06406-1), p. 57
  6. (en) Markus Veit, Hans Geiger, Franz-C. Czygan et Kenneth R. Markham, « Malonylated flavone 5-O-glucosides in the barren sprouts of Equisetum arvense », Phytochemistry, vol. 29, no 8,‎ , p. 2555–2560 (DOI 10.1016/0031-9422(90)85187-K, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Luise Cramer, Ludger Ernst, Marcus Lubienski et Uli Papke, « Structural and quantitative analysis of Equisetum alkaloids », Phytochemistry, vol. 116,‎ , p. 269–282 (DOI 10.1016/j.phytochem.2015.03.003, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) JĂŒrgen MĂŒller, Philipp Mario Puttich et Till Beuerle, « Variation of the Main Alkaloid Content in Equisetum palustre L. in the Light of Its Ontogeny », Toxins, vol. 12, no 11,‎ , p. 710 (ISSN 2072-6651, PMID 33182457, PMCID PMC7696233, DOI 10.3390/toxins12110710, lire en ligne, consultĂ© le )
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