Il présente la collection municipale d'art moderne et contemporain depuis le fauvisme, riche de plus de 15 000 œuvres, principalement axées sur les mouvements artistiques liés à la capitale et plus récemment sur la scène artistique européenne.
Il occupe l'aile est du palais de Tokyo. L'aile ouest du palais, qui appartient à l'État, est par ailleurs consacrée à la création contemporaine sous toutes ses formes. Le musée, inauguré en 1961, a rouvert le , après une période de rénovation, avec une exposition consacrée à Pierre Bonnard. Il s'agit d'un des quatorze musées de la ville de Paris gérés depuis le par l'établissement public administratif Paris Musées.
Vue aérienne sur le palais de Tokyo où le musée d'Art moderne occupe l'aile est, ici à droite.
Le palais de Tokyo, où se trouve le musée, est l'œuvre des architectes A. Aubert, D. Dastugue, J-C. Dondel et P. Viard. Il fut conçu dans le cadre de l'Exposition internationale des arts et des techniques de 1937. D'un point de vue architectural, il appartient au style Art déco. En 1934, l'État avait en effet décidé de construire un musée national d'Art moderne. Mais la ville de Paris, propriétaire des terrains, s’étant engagée à garantir l’emprunt lancé pour le financement de l’Exposition de 1937, l’État accepta finalement, en contrepartie, d'assumer la construction de deux musées d’art moderne, en s’engageant à remettre l’un d’eux à la ville de Paris pour soulager le musée du Petit Palais : celui de l’État à l’ouest, à savoir le musée national d'Art moderne de 1947 à 1977, et celui de la ville à l'est.
En 1940, pour éviter que le palais ne soit réquisitionné par les autorités allemandes, le préfet de la Seine décide de mettre le bâtiment à la disposition de l’Entraide des artistes pour organiser des salons artistiques.
En 1953, l'apport du legs Maurice Girardin sera décisif[1] et déterminera alors les autorités parisiennes à s'affranchir des cimaises devenues trop étroites du Petit Palais pour ouvrir un lieu propre au sein du palais de Tokyo[2]. En 1954, le bâtiment accueille le Salon de la jeune peinture[3], qui s'y tient jusqu'en 1969, puis de nouveau de 1972 à 1975. En 1959, André Malraux y inaugure la première Biennale de Paris[4] avec Une sculpture qui fait de la peinture de Jean Tinguely. Elle se tiendra au MAMVP jusqu'en 1982, sauf en 1971. Le musée héberge aussi le Salon de mai[5] et le Salon des réalités nouvelles (1946-1969)[6], jusqu'à ce que de nouveaux travaux de réfection, entrepris en 1976, mettent fin à l'accueil de ces différents salons et permettent l'installation de La Danse d'Henri Matisse dans l’ancienne salle obscure, tandis que le département de l'Animation, recherche, confrontation (ARC) est aménagé au premier étage.
L'implantation dans l'aile est du palais de Tokyo
Le , après six ans de travaux, le musée municipal ouvre finalement ses portes avec le noyau d'œuvres provenant des collections d'art moderne du Petit Palais, auquel s’ajoutent des acquisitions de la commission d’achat des beaux-arts et les enrichissements réalisés grâce à la générosité de collectionneurs privés, comme Ambroise Vollard, le comte Emanuele Sarmiento, Mathilde Amos et la collection du docteur Girardin.
À gauche : logotype de 1987 à 2012, réalisé par l'agence Minium de Bernard Baissait. À droite : logotype en usage depuis septembre 2012.
Le premier chantier après ouverture, débuté en , sous la direction de Pierre Faucheux et Michel Jausserand, fut achevé en . Les salles du rez-de-chaussée haut furent aménagées en dégageant l’ossature du bâtiment des multiples cloisonnements internes existants. Le plan initial fut modifié ; on créa un plancher qui coupait l’ancien hall d’entrée, une mezzanine pour les bureaux et le centre de documentation, un auditorium relié aux nouvelles salles par une passerelle à deux niveaux, et un ascenseur pour desservir tous les niveaux du musée. Une muséographie mobile — avec des plafonds modulables et des cloisons déplaçables — fut alors mise en place dans certaines parties du musée. Cet usage de l’espace, typique de l’époque, montra ensuite très vite ses contraintes. L’ARC, jusqu’alors nomade, allait s’installer dans les salles du premier étage.
Vingt ans plus tard, des crédits étaient à nouveau engagés pour refaire le système de conditionnement d’air des salles d’expositions temporaires du rez-de-chaussée haut, et rendre ces dernières accessibles au public handicapé. Ce fut l’occasion pour le nouveau directeur du musée de poursuivre une vraie réhabilitation de l’édifice, déjà mise en place en 1989, lors de l’installation de l’exposition Histoires de musée, qui révélait à un large public la qualité méconnue du bâtiment. Cette opération, menée entre 1991 et 1994 avec l’architecte Jean-François Bodin, permit de dégager de nombreux volumes initiaux. Par ailleurs, l’acquisition, en 1993, de la version retrouvée de La Danse inachevée d'Henri Matisse rendait nécessaire, pour sa confrontation avec La Danse de Paris, dans les collections depuis 1937, la création d’une salle spécifique, aux dimensions requises. C’est pourquoi, au cours de ce même chantier, fut réaménagée la salle obscure, dite désormais « Salle Matisse », où sont exposés en permanence ces deux triptyques.
En 2000, à l’issue d’une consultation, la mairie de Paris a chargé l’atelier d’architecture Canal (Patrick Rubin et Annie Le Bot) d’une mission d’étude puis de la maîtrise d’œuvre des travaux de sécurité à effectuer, la maîtrise d’ouvrage et la conduite d’opération étant assurés respectivement par la direction des Affaires culturelles et la direction du Patrimoine et de l’Architecture, agence des grands projets. En 2002, des travaux de désamiantage de la salle Dufy ont été réalisés. La réouverture a fourni l’occasion au musée de procéder à un nouvel accrochage des œuvres. La direction des Affaires culturelles et le musée ont confié à l’architecte Jean-François Bodin le réaménagement du parcours des collections permanentes. En outre, au sous-sol, des espaces fermés ont été remis en état afin que le musée puisse disposer d’une salle obscure pour la diffusion de vidéos de la collection et puisse également retrouver la salle Boltanski reconfigurée.
En , la salle no 1, dont Maurice A. Amon s'est engagé à assurer la restauration et l'entretien pendant 10 ans est rebaptisée Salle Albert Amon, en hommage à son père, amateur d’art[8],[9]. Du au , de nouveaux travaux de rénovation ont été entrepris pour améliorer les conditions d'accueil et d'accessibilité du public, en entraînant une fermeture partielle du musée, et pour restaurer le parvis et son bassin côté Seine.
À la suite d'une polémique engendrée notamment par la nécessité de réaliser des travaux de renforcement du sous-sol pour installer devant la colonnade d'entrée la sculpture Bouquet of tulips offerte par Jeff Koons, un nouvel emplacement a été choisi près du Petit Palais.
Au , les collections permanentes du musée comptait 10 013 œuvres de 2 149 artistes, dont 1 766 peintures, 1 057 sculptures et œuvres tridimensionnelles, 1 856 dessins, 1 757 estampes ou 3 021 photographies et au , 15 041 œuvres, qui illustrent les divers courants de l'art des XXe siècle et XXIe siècle, avec entre autres, outre celles des artistes précités, des œuvres de :
Amedeo Modigliani, La Femme à l'éventail (1919), un des cinq tableaux volés.
Malgré les trente caméras de surveillances et les trois gardiens de nuit du musée, cinq tableaux, d'une valeur totale estimée à 100 millions d'euros sont volés dans la nuit du 19 au [23] : Le Pigeon aux petits pois de Pablo Picasso, La Pastorale d'Henri Matisse, L'Olivier près de l'Estaque de Georges Braque, Nature morte, chandeliers de Fernand Léger et La Femme à l'éventail d'Amedeo Modigliani. Le voleur, un Croate du nom de Vjeran Tomic, est passé par la fenêtre qui présentait un défaut de sécurité et a profité que le système d'alarme soit en panne depuis plusieurs semaines[24].
La disparition des tableaux a été constatée au matin avant l'ouverture des portes du musée. Ce vol a déclenché une vive polémique sur la sécurité des musées[25]. Le , la mairie de Paris annonce que deux suspects sont arrêtés : Vjeran Tomic et son donneur d'ordre, l'antiquaire parisien Jean-Michel Corvez, au profit d'un commanditaire non dévoilé des émirats[26]. Les cinq peintures sont ensuite recelées par Yonathan Birn, une connaissance de l'antiquaire, expert en horlogerie et réparateur de montre. Ce dernier affirme que, pris de panique après l’arrestation de ses complices et son interrogatoire par la police, il aurait jeté les chefs-d’œuvre dans une poubelle verte destinée à l'incinération[27],[28].
« Nous avons pu rouvrir rapidement et accueillir dans de bonnes conditions des grands événements comme l'exposition à succès Basquiat », déclarait Fabrice Hergott au journal Le Parisien[29]. Six mois après ce vol, un tableau de Jean-Michel Basquiat était dégradé par des traces de feutre[30].
L'ARC (animation, recherche, confrontation) est le département contemporain du musée d'Art moderne de la ville de Paris.
Créé en 1967 par Pierre Gaudibert, l'ARC se voulait international et pluridisciplinaire[34]'[35]. Conservatrice depuis sa création, Suzanne Pagé a pris sa direction en 1973 et c'est sous celle-ci que l'ARC acquit son autonomie à l'égard du musée d'Art moderne de la ville de Paris.
Lorsqu'en 1988, Suzanne Pagé prend la direction du musée d'Art moderne, l'ARC, toujours dirigé par elle, retourne sous l'autorité de cette institution.
La société des Amis soutien la réalisation d’expositions et l’acquisition d’œuvres d'art. Elle propose à ses membres des conférences et des visites consacrées aux scènes artistiques parisienne, française et étrangère dans des musées, institutions culturelles ou manifestations artistiques, des rencontres avec les artistes et les commissaires d’exposition, des voyages en France ou à l’étranger et l'édition, réservée à ses membres, de produits à tirage limité réalisés par des artistes. Les fonds recueillis lors de son dîner annuel, organisé depuis 2008, participent à l’acquisition d’une œuvre pour le musée (Christopher Wool, Albert Oehlen, Anita Molinero, François Morellet, Peter Doig, Françoise Vergier, Philippe Parreno, Jimmie Durham, Gilles Barbier, Tacita Dean, Jan Dibbets et Loris Gréaud).
Elle comprend plusieurs comités :
Comité photo, actif depuis 2014
Comité pour la création contemporaine, actif depuis 2016
Suzanne Pagé et Juliette Laffon, ARC 1973 – 1983. MAMARC Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Paris, Amis du musée d'Art moderne de la ville de Paris, 1983 (ISBN2-904497-02-1)
Musée d'art moderne de la Ville de Paris: Le guide, Gérard Audinet, Association Paris-Musées, juin 2005 (ISBN978-2879008653)
L’Inventaire des collections du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris, Association Paris Musées, 2006 (ISBN2-87900-256-7)
Suzanne Pagé (dir.), La Collection. Musée d'Art moderne de la ville de Paris, Paris, Paris Musées, 2009 (ISBN978-2-879008-88-2)
Thomas Houseago, Almost Human: Musée d'art moderne de la ville de Paris, Sous la direction de Olivier Donat,Préface Anne Hidalgo, Paris-Musees; édition bilingue, 2019 (ISBN978-2759604135)
Musée d'art moderne de Paris : collections, Fabrice Hergott, Anne Dressen, La Procure, juin 2020 (ISBN978-2759603701)
Jean-Michel Basquiat, Catalogue Exposition Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 2010/2011, ouvrage collectif dirigé par Maire-Sophie Carron de la Carrière et Dieter Buchhart, Textes de Dieter Buchhart, Marie-Sophie Carron de la Carrière, Jean-Louis Prat, Jean-Jacques Schuhl, Glenn O’Brien et Robert Storr. Traduction Christian Martin Diebold et Leïla Pellissier, Paris Musées, 2010 (ISBN978-2759601240)