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Henri Cueco

Henri Cueco, né le à Uzerche (CorrÚze) et mort le à Paris 10e[1] - [2] - [3], est un peintre et écrivain français.

Henri Cueco
Henri Cueco en 1995.

Biographie

Jeunesse et débuts

NĂ© de pĂšre d'origine espagnole et de mĂšre française, Henri Cueco Ă©tudie la peinture avec son pĂšre Vicente Ă  Uzerche[3], puis reste autodidacte[4]. Il vient Ă  Paris Ă  partir de 1947, et entre en contact avec les peintres de La Ruche, qui se tournent vers le rĂ©alisme[4]. Il commence sa carriĂšre artistique en participant en 1952 au Salon de la Jeune Peinture[3]. À partir de ce groupe et du foisonnement artistique qui verra naĂźtre la figuration narrative, il dĂ©veloppe une peinture dont la figuration participe Ă  un engagement politique attachĂ© Ă  la nature, aux relations entre hommes et femmes, et au rapport au langage, Ă©crit, parlĂ© ou peint et dessinĂ©.

Évolution picturale

À partir de la fin des annĂ©es 1950, Cueco peint des sĂ©ries (Paysages, Natures mortes, Portraits, RiviĂšres, Salles de bains, Jeux d'adultes, Hommes rouges
) recourant aux moyens techniques des mass-mĂ©dias, d'aprĂšs des photos tirĂ©es de la presse : figures dĂ©coupĂ©es, aplats de couleur, pointillĂ©s et rayures. Il fait alors partie des peintres du mouvement de la figuration narrative, qui se dĂ©veloppe au milieu des annĂ©es 1960. Puis il contribue aux Affiches murales et slogans de Mai 68.

En 1979, il est le fondateur de l'association « Pays-Paysage »[3] - [5] en Limousin, Ă  Uzerche, dont la vocation est de faire se croiser les regards et les savoirs de diffĂ©rents protagonistes de la sociĂ©tĂ©, artistes, habitants, agriculteurs, musiciens, scientifiques


Dans les annĂ©es 1980, Cueco revient Ă  la peinture sur le motif, paysages et natures mortes, comme les lieux mĂȘmes du rĂ©el avec lesquels la confrontation est rĂ©putĂ©e difficile, oĂč la peinture serait l'expĂ©rience de l'inachĂšvement et de la non-rĂ©solution.

Tout au long de ce parcours pictural ponctuĂ© de changements parfois radicaux, il pratique rĂ©guliĂšrement le dessin, la lithographie, illustre des poĂštes et Ă©crivains (Pierre Bergounioux, Joseph Danan, Claude Duneton, Patrice Delbourg, Gilbert Lascault, HervĂ© Le Tellier, Maurice Regnaut, l’Oulipo
), ou rĂ©alise des livres d'artiste (Comment grossir sans se priver[6]
) ainsi que des dĂ©cors de thĂ©Ăątre (Pierre-Étienne Heymann, Jean-Paul Wenzel, Alain Mergnat, Jean Dautremay, ComĂ©die-Française).

Autres activités

Henri Cueco est Ă©galement un Ă©crivain : Le Journal d’une pomme de terre, Le Collectionneur de collections, L’ÉtĂ© des serpents, Le Chien Boomerang, 120 paysages que je ne peindrai jamais, Passage des astragales ; Dialogue avec mon jardinier est adaptĂ© au cinĂ©ma par Jean Becker. En 2014, il est invitĂ© d'honneur du festival ExpoĂ©sie[7] de PĂ©rigueux.

Pendant de nombreuses annĂ©es, il participe Ă  l'Ă©mission littĂ©raire Des Papous dans la tĂȘte sur France Culture.

Tout au long de son parcours, il Ă©change, dĂ©bat, collabore avec des artistes, critiques d’art et penseurs. Outre tous ceux citĂ©s plus haut, il est proche de Pierre Gaudibert (fondateur de L'ARC au MAMVP (avec qui, entre autres choses, il publie L’ArĂšne de l’art essai critique sur le marchĂ© de l’art[3]), Paul Rebeyrolle, Arthur Adamov, Jean-François Lyotard, Ernest Pignon-Ernest, JĂ©rĂŽme ClĂ©ment, Michel Troche, Catherine Tasca, Evelyne Artaud, Marie-JosĂ© Mondzain, RĂ©gis Debray, Marie-Odile Briot, Itzhak Goldberg, RĂ©gis Deparis ou encore ses amis des Papous.

Syndicaliste, engagé à gauche depuis sa jeunesse, il participe à la fondation du Syndicat national des artistes plasticiens CGT (SNAP CGT) en 1977[3] avec Ernest Pignon Ernest, notamment. Cueco est aussi décorateur de théùtre et animateur culturel. Il a enseigné au sein de l'association Peuple et culture, puis un temps à l'université de Paris VIII (« Vincennes ») et à Paris I, ainsi qu'aux Beaux-Arts de Paris.

Famille

Il est l'époux de l'artiste plasticienne Marinette Cueco. Le couple habite en région parisienne et en CorrÚze au Pouget de Vigeois. Ils ont deux enfants, le musicien Pablo Cueco et le conservateur-restaurateur de peintures et d'art contemporain David Cueco.

Distinctions

En 1989, Henri Cueco est nommé au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite.

Étant membre du conseil de l'ordre des Arts et des Lettres[8], il est ex officio commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres[9].

ƒuvre

Peinture / Sculpture

Cueco introduit dans son art la fonction critique et l'engagement politique de l'artiste dans la société, la question des rapports entre hommes et femmes, la question de la représentation et de la peinture comme représentation du monde, du paysage, comme des images déjà peintes, non sans quelque distanciation humoristique. Cet engagement sera également manifeste à partir de 1972 au sein de la Coopérative des Malassis, qu'il fonde avec Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et Christian Zeimert[4].

Cueco, dans ce groupe militant et figuratif, est peut-ĂȘtre celui qui a le plus interrogĂ© dans son travail personnel, Ă  sa maniĂšre, la peinture et la vision du monde, Ă  travers plusieurs sĂ©ries :

  • De 1965 Ă  1970, Baignoires et salles de bains, dans l'esprit du pop art[4].
  • De 1965 Ă  1970, Les Jeux d’adultes et Tristes Tropiques, images d'une vision de la nature, et des rapports sociaux et de dĂ©sirs entre hommes et femmes.
  • De 1970 Ă  1975, Les Hommes rouges, issus des mouvements et actions des foules actives de 1968 et d'un engagement personnel sur la place de l'artiste dans la vie quotidienne. Certaines images font aussi rĂ©fĂ©rence aux rapports impĂ©rialistes Nord/Sud (Salle rouge pour le ViĂȘt-nam[4]) et aux politiques nĂ©o-coloniales.
  • De 1972 Ă  1976, Les Chiens et Les Claustras, oĂč les chiens, meilleurs amis de l'homme signifient autant la libertĂ© d'une meute animale qu'une reprĂ©sentation d'un systĂšme oppressif ou rĂ©pressif pas aussi pacifique qu'il y paraĂźt.
  • De 1977 Ă  1987, Les Herbes/Paysages dessinĂ©s et/ou peints, unifiĂ©s ou fragmentĂ©s, souvent issus d'observations sur le motif, dans le paysage corrĂ©zien, reprĂ©sentent autant une vision du foisonnement de la nature que la perception d'une Ă©cologie du paysage, oĂč la place du regardeur qui donne Ă  voir ce qui lui fait face, compte autant que celle du spectateur face Ă  l'Ɠuvre qui en est issue. Ces Ɠuvres peintes, dessinĂ©es, peuvent avoir plusieurs mĂštres de long et sont souvent travaillĂ©e sur un papier fort de m de haut. La salle Albert Londres au cƓur du bĂątiment du ministĂšre de la Culture en est un exemple significatif.
  • De 1987 Ă  1990, Sols d’Afrique, inspirĂ©s non pas par un rĂ©cit de voyage (« Je hais le folklore »[10], dit-il), mais d’aprĂšs des images et reprĂ©sentations de l'Afrique.
  • De 1990 Ă  2005 des images d'objets du quotidien : pommes de terre, babioles, entaillures, pierres de ballast, bouts de ficelles forment soit de petites peintures, soit de grandes Ɠuvres de 2 x m.
  • Dans la mĂȘme pĂ©riode, il peint Ă©galement des Ɠuvres inspirĂ©es de toiles de maĂźtres, Champaigne (L'Ex-voto de 1664, Portrait de Martin Barcos) ou de Poussin (L'EnlĂšvement des Sabines) de David (Mort de Marat) ou de Rembrandt (DanaĂ©, BethsabĂ©e) multiplient les points de vue et/ou fragmentent les extraits et reconstituent un espace oĂč la partie reprĂ©sentĂ©e vaut pour le tout qui est sujet[3].
  • De 2005 Ă  2010, des meutes de chiens ou des serpents lovĂ©s repeuplent un imaginaire pacifiste mais inquiĂ©tant
  • De 2005 Ă  2010, Les Petites Peintures, des paysages fragmentĂ©s peints sur des toiles de petite taille.
  • En parallĂšle il peint aussi des feux de prĂšs sur ses grands papiers, reprenant le cadre des vues de prĂ©s, oĂč feuilles accumulĂ©es recouvrent de fumĂ©e peinte les images fouillĂ©es d'un semblant de tombeau vĂ©gĂ©tal.
  • En 2011-2012 il se concentre sur de petits formats pour retrouver au crayon Ă  papier gras, virtuose, « impressionniste Â» ou affĂ»tĂ©, les champs et les vaches, les herbes et ce sol que l'on foule aux pieds.
  • En 2013-2014, il travaille Ă  l'encre, de nouvelles visions mĂ©morielles des paysages d'herbes, d'arbres et de chemins que l'on parcourt, sur des toiles fines et lisses, comme le ferait un graveur, qui se concentre plus sur la reprĂ©sentation de la lumiĂšre que sur les formes des objets reprĂ©sentĂ©es (qui en dĂ©coulent).

Quelques peintures

  • Dans les toilettes (1965-1966)
  • De la baignoire Ă  la riviĂšre (1966)
  • Femme et mouton (1967)
  • Les Hommes rouges, La Rue, Freud Marx Mao, La GrĂšve, La Meute, La Capture du rhinocĂ©ros, La Nouvelle SociĂ©tĂ© (1968/1970)
  • La SĂ©cheresse de l'Ă©tĂ© 1976 (1984)
  • Le Bestiaire des Halles (mosaĂŻque), Paris (1977-1978)
  • La Meute au repos (1973)
  • le Chemin de l'atelier (1982)
  • Le PrĂ© au Pouget (1978)
  • La Disparition de la tartine (1986)
  • Sols d'Afrique, Le Second Voyage en Afrique (1987-1993)
  • Meutes de chiens sur fond gris (1993)
  • Fragments de chiens bleu (1993)
  • La Petite Peinture (1999, 2000)
  • La Rosa, La Bonneval, La BF 15
 — portraits de pommes de terre (2000-2010)
  • Gymnastes « lavis au grand air Â» (2000-2002)
  • Polownia (2004)
  • PrĂ©delles, d'aprĂšs L'Ex-voto de 1664 de Philippe de Champaigne (1995), d'aprĂšs L'EnlĂšvement des Sabines de Poussin[3]
  • La Grande Odalisque, d'aprĂšs Ingres (2007/2009)
  • Paysages dessinĂ©s (2010-2011)
  • Paysages redessinĂ©s Ă  l'encre, sur toile fine (2013-2014)
Avec la coopérative des Malassis
  • Qui tue ? l'affaire Gabrielle Russier (1971)
  • L'Appartemensonge (1969)
  • Le Grand MĂ©choui (1972)
  • Onze variations sur le thĂšme du radeau de la MĂ©duse (1974)
  • Les affaires reprennent (1977)

Lithographie

  • En 2007, Henri Cueco rĂ©alise l'estampe du portfolio crĂ©Ă© par Cristel Éditeur d'Art pour le 4e prix Jacques-Goddet (TrophĂ©e LCL), prix qui rĂ©compense chaque annĂ©e le meilleur article de la presse francophone publiĂ© durant le Tour de France.

Prix

Écrits

Cueco écrit depuis les années 1980 ; il a publié de nombreux essais et romans.

Publications

  • Journal d’atelier 88-91 ou Journal d’une pomme de terre, ÉNSBA, 1993, rĂ©Ă©ditĂ© chez Stock en 2001
  • Le volcan, rĂ©cit, Balland, 1998
  • Le troubadour Ă  plumes, Janaud, 1999.
  • Dessine-moi un bouton. L'inventaire des queues de cerises, Le Seuil, 2000
  • La Petite Peinture, Éditions Cercle d'Art, coll. « Autoportrait Â», 2000 Reproduit sous forme de livre 155 Ɠuvres tirĂ©es de ses carnets sur les motifs de la campagne de CorrĂšze[3].
  • Dialogue avec mon jardinier, Le Seuil, 2004
  • Le Collectionneur de collections, Le Seuil, 2005, rĂ©Ă©d. 2015
  • 120 paysages que je ne peindrai jamais, Paris, Seuil : Ă©d. PĂ©rĂ©grines, 2005
  • Le Chien boomerang, JBz & Cie, 2010
  • L’ÉtĂ© des serpents, JBZ et Cie, 2012
  • Passage des astragales, Bayard, 2013

Livres d'artiste et illustrations

  • MĂ©sanges, Seuil, 2002 ; texte et illustrations de Henri Cueco (ISBN 9782020547604)
  • Les Pavillons d'os, avec Joseph Danan, Rouen, L'Instant perpĂ©tuel, 2003 (ISBN 2-905598-77-8), 11 dessins de Cueco, 130 exemplaires sur Arches numĂ©rotĂ©s et signĂ©s, les 24 premiers avec un dessin original signĂ© de Cueco
  • Le CafĂ©-Journal, Rouen, L'Instant perpĂ©tuel, 2003 (ISBN 2-905598-76-X), 99 exemplaires numĂ©rotĂ©s et signĂ©s, les 20 premiers avec une intervention originale signĂ©e de Cueco
  • Zindien, recueil de poĂ©sie d'HervĂ© Le Tellier, Ă©ditions Syllepse, 1999, puis Ă©ditions du Castor astral, 2009 ; dessins d'Henri Cueco
  • La Chienne de ma vie de Claude Duneton, Ă©d. Ponti, 1991 ; lithographies de Henri Cueco
  • Tirage de tĂȘte du livre Les Chevaliers de la mer, textes de Christophe Penot, Editions Cristel, 2008 ; lithographie La Vague d'Henri Cueco tirĂ©e Ă  180 exemplaires numĂ©rotĂ©s et signĂ©s.

Radio et ouvrages collectifs

Henri Cueco est, avec Jean-Christophe Averty, Patrick Besnier, Jacques Jouet, HervĂ© Le Tellier, Lucas Fournier, GĂ©rard Mordillat, Christian Zeimert et d'autres, l'un des « Papous » de l'Ă©mission d'inspiration oulipienne de France Culture, Des Papous dans la tĂȘte[3], fondĂ©e par Bertrand JĂ©rĂŽme et animĂ©e par Françoise Treussard. Il a Ă©tĂ©, en 1995, invitĂ© d'honneur de l'Oulipo.

  • Les Papous dans la tĂȘte, l'anthologie, dir. Bertrand JĂ©rĂŽme et Françoise Treussard, Gallimard, 2007
  • Le Dictionnaire des Papous dans la tĂȘte, dir. Françoise Treussard, Gallimard, 2007

Il a participĂ© Ă  un ouvrage collectif mĂȘlant des photographies de femmes et les textes qu'elles ont inspirĂ©s Ă  des Ă©crivains : Inconnues corrĂ©ziennes, rĂ©sonances d'Ă©crivains, Éditions Libel, 2009[11].

Expositions (sélection)

Musées, collections

Ses Ɠuvres sont prĂ©sentĂ©es dans diffĂ©rents musĂ©es et collections publiques : musĂ©e d'art moderne de la ville de Paris, Centre Pompidou, musĂ©es de Beauvais, Clermont-Ferrand, Dole, Grenoble, Nantes, OrlĂ©ans, Marseille, Montauban, Pau, Vannes, Fonds national d'art contemporain, Fonds rĂ©gional d'art contemporain (Franche ComtĂ©, Limousin[4], Alsace, Bretagne[14], Aquitaine).

Références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Renault Stéphane, « DécÚs du peintre Henri Cueco », LeJournaldesArts.fr, 14 mars 2017.
  3. Philippe Dagen, « Henri Cueco, peintre politique et Ă©crivain, est mort Â», Le Monde du 15 mars 2017
  4. Voir Dictionnaire de la peinture, sous la dir. de Michel Laclotte, Larousse, sur gallica.bnf.fr.
  5. L'association est à l'origine du CDLA, Centre des livres d'artiste, institution régionale dédiée au livre d'artiste installée depuis 1994 à Saint-Yrieix-la-Perche.
  6. ÉditĂ© par l'atelier Franck Bordas.
  7. Chantal Gibert, « ExpoĂ©sie Ă  PĂ©rigueux : dans les pas de Cueco », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
  8. Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur le rÎle du Conseil national de l'ordre des Arts et des Lettres, Paris le 2 avril 2012.
  9. Décret n° 57-549 du 2 mai 1957 portant institution de l'ordre des Arts et des lettres, article 8, publié au JO de la RF le 3 mai 1957, p. 4568-4569, [lire en ligne].
  10. Biographie sur le site de la galerie Louis Carré.
  11. Présentation du livre sur le site des éditions Libel.
  12. « Quand Cueco dialogue avec Ingres Ă  Montauban », L'HumanitĂ©,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. Voir sur lamontagne.fr.
  14. Cueco dans les collections du Frac Bretagne.

Voir aussi

Ouvrages

Presse

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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