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Nam June Paik

Nam June Paik est un artiste sud-coréen né le à Séoul et mort le à Miami. Il a employé différents médias dans son travail et est considéré comme le premier artiste du mouvement d'art vidéo[3]. Il est notamment lauréat du prix de la culture asiatique de Fukuoka en 1995 et du Prix de Kyoto en 1998.

Nam June Paik
Nam June Paik.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  73 ans)
Miami
Nom dans la langue maternelle
Baek Namjun
Romanisation révisée
Baek Namjoon
McCune-Reischauer
Paek Namjun
Nationalités
Domicile
Formation
Université de Tokyo
Kyunggi High School (en)
Activités
PĂšre
Paik Nak-seung (d)
Conjoint
Shigeko Kubota (Ă  partir de )
Autres informations
A travaillé pour
Mouvements
Représenté par
Electronic Arts Intermix (en), Video Data Bank (en), Light Cone, LIMA (d)
Partenaire
Genre artistique
Installation (en)
Distinctions
Liste détaillée
Bourse Guggenheim ()
Prix Maya Deren ()
Kaiserring de Goslar ()
Ho-Am Prize in the Arts (en) ()
Prix de la culture asiatique de Fukuoka ()
MĂ©daille Goethe ()
Prix de Kyoto en art et philosophie ()
Prix Wilhelm-Lehmbruck ()
Ordre du Mérite culturel (Corée du Sud) (en) ()
Prix de Kyoto
Archives conservées par
ƒuvres principales
Internet Dream (d)
Nam June Paik
Hangeul 백낚쀀
Hanja ç™œć—æș–
Romanisation révisée Baek Namjun
McCune-Reischauer Paek Namjun

Biographie

Nam June Paik est nĂ© en CorĂ©e, Ă  SĂ©oul, en 1932. Il est le plus jeune d'une famille de cinq enfants. Son pĂšre est propriĂ©taire d'une usine de production de textile. Durant sa jeunesse, il apprend Ă  jouer au piano. En 1950, Paik et sa famille fuient la CorĂ©e en guerre. Ils vont d'abord Ă  Hong Kong avant de s'installer au Japon. Paik entre Ă  l'UniversitĂ© de Tokyo oĂč il fait des Ă©tudes d’esthĂ©tique et de musique. Il est diplĂŽmĂ© en 1956 aprĂšs avoir Ă©crit une thĂšse sur le compositeur Arnold Schönberg.

La mĂȘme annĂ©e, il dĂ©cide de poursuivre ses Ă©tudes en Allemagne. Il Ă©tudie pendant une annĂ©e avec le compositeur Thrasybulus Georgiades Ă  l'universitĂ© de Munich. Puis, il continue pendant deux ans avec le compositeur Wolfgang Fortner Ă  l'International Music College Ă  Feiburg [4]. L'Ă©tĂ© de 1958, il assiste au International Summer Course for New Music Ă  (les cours d'Ă©tĂ© de nouvelle musique) Darmstadt. C'est lĂ  qu'il rencontre Karlheinz Stockhausen. Il travaille avec lui ainsi qu'avec Luigi Nono dans le studio de musique Ă©lectronique de Radio Cologne.

Durant cette pĂ©riode, Nam June Paik cĂŽtoie John Cage et de nombreux artistes de l'Ă©poque. Il rĂ©alise Zen for Film (1962-1964) un archĂ©type du film Fluxus, prĂ©sentĂ© au Fluxhall (le loft de George Maciunas situĂ© dans Canal Street Ă  New York). À la fin des annĂ©es 1960 ces personnages hauts en couleur se regroupent dans le mouvement Fluxus (issu du mouvement dada qui mĂ©lange aussi bien la musique, la performance, l’art plastique et l’écriture)[5]. Nam June Paik commence alors les actions musicales. Sonate no 1 pour violon solo , est l’une de ses premiĂšres performances, il y dĂ©truit sur scĂšnes des instruments de musiques. Ici, il s’agit en l’occurrence d’un violon qu’il brise sur un pupitre . Un geste radical qui incarne la destruction matĂ©rielle de la musique traditionnelle.

1964, Le pape de l’art vidĂ©o s’envole Ă  New York, capitale de toutes les avant-gardes. Il y rencontre la violoncelliste Charlotte Moorman . La collaboration est un tĂ©moin majeur de ce que reprĂ©sente l’art vidĂ©o, il est un tout se confondant Ă  la technologie. MĂȘlant ainsi le modernisme Ă  la musique classique (qu’incarne le violoncelle), en scellant le tout par l’acte avant-gardiste que matĂ©rialise la performance.

En 2006, Paik meurt d'une crise cardiaque Ă  Miami en Floride.

Son Ɠuvre

Fluxus

Durant la fin des années 1950, Nam June Paik rejoint le groupe artistique Fluxus, inspiré par le compositeur John Cage et son usage de bruits et sons ordinaires pour créer sa musique.

1962 il participe au premier festival Fluxus: Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik (festival de musique trĂšs nouvelle) qui se dĂ©roula dans la salle de concert du StĂ€dtisches Museum de Wiesbaden avec George Maciunas, Wolf Vostell, Emmett Williams, Dick Higgins et Benjamin Patterson[6]. Il y "interprĂšte" une "partition" du compositeur LaMonte Young. Elle consistait en l'indication suivante : "Tracez une ligne droite et suivez-lĂ ". Paik plonge la tĂȘte, les mains et sa cravate dans un bol plein d'encre et de jus de tomate puis les frotte sur une longue bande de papier posĂ©e sur le sol[7].

Entre 1962 et 1967, il rĂ©alise plusieurs films pour Fluxus : les Fluxfilms. Le premier, Zen for film, est un archĂ©type du film Fluxus. Il consiste en une bande de pellicule de 16 mm de 8 minutes vierge et non dĂ©veloppĂ©e. Le film s'inscrit de traces dues Ă  des frottements, Ă  la poussiĂšre et d'autres manipulations liĂ©es Ă  la projection. Le film expose une durĂ©e dont la seule manifestation est l'inscription des altĂ©rations du support. En rĂ©duisant le cinĂ©ma Ă  son Ă©lĂ©ment le plus essentiel : la pellicule vierge, il rĂ©alise une expĂ©rience minimaliste qui devient le modĂšle de tous les Fluxfilms ultĂ©rieurs[7].

Fondation de l'art vidéo

Dans un de ses premiers travaux, Paik fait son solo "exposition de musique de tĂ©lĂ©vision" en 1963 dans la galerie Parnass de Wuppertal. Il pose treize tĂ©lĂ©viseurs Ă  mĂȘme le sol et utilise des aimants pour dĂ©rĂ©gler et tordre les images. Certains sont posĂ©s droits et d'autres de biais. Le but est de perturber la relation habituelle que le spectateur a Ă  son rĂ©cepteur. Ce sera l'acte de naissance officiel de l'art vidĂ©o.

À New York, en 1965, Nam June Paik fait l'acquisition du Portapak Sony, un des premiers systĂšmes d'enregistrement de vidĂ©o portable. Il s'en sert pour filmer le cortĂšge pontifical qui descendait la 5e avenue. Il filme le pape dans un taxi et montre le film le soir mĂȘme dans le cafĂ© Ă  Go Go, trĂšs frĂ©quentĂ© par les artistes. Les ouvrages d'histoire qui s’intĂ©ressent Ă  la vidĂ©o considĂšrent ce film comme la toute premiĂšre reprĂ©sentation d'art vidĂ©o[7].

Il devient le porte-parole de cette nouvelle forme d'art. Il déclare "l'art vidéo de demain, c'est l'installation, art du temps et de l'espace absolus, et il faudra posséder le code de lecture de cet art nouveau"[8].

Synthétiseur Abe-Paik

Durant un voyage au Japon, il rencontre Shuya Abe (ingénieur et spécialiste de la télévision). De 1969 à 1971, ils travaillent ensemble pour fabriquer un synthétiseur vidéo. Il leur permet d'éditer sept vidéos de sources différentes de façon simultanée. Sept caméras sont branchées pour recevoir sept couleurs, chacune percevant une seule couleur. Des réglages sont ajoutés sur l'équipement pour modifier les couleurs et les mélanger.

Son désir était de rendre la vidéo aussi malléable que la peinture. Aucun équipement disponible n'était capable de réaliser ce qu'il appelle fond d'écran vidéo (Video Wallpaper). Paik voit la télé comme la toile d'une nouvelle génération d'artistes électroniques. Le synthétiseur Abe-Paik permet de contaminer le signal vidéo et de le manipuler. C'est la premiÚre machine destinée à déformer une vidéo[9].

Dans son manifeste Versatile Video Synthesizer, Paik explique comment utiliser le synthĂ©tiseur en associant les diffĂ©rents rĂ©glages Ă  de grands artistes de l'histoire : "Cela va nous permettre de façonner l'Ă©cran de tĂ©lĂ© aussi librement que Picasso, aussi prĂ©cisĂ©ment que LĂ©onard [...] /"This will enable us to shape the TV screen as freely as Picasso, as precisely as LĂ©onardo [
]"[10]

La télévision

Pre-Bell-Man, Museum fĂŒr Kommunikation, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

À l'Ă©poque de Nam June Paik, la tĂ©lĂ©vision est devenue un objet presque culte dans la sociĂ©tĂ© occidentale. Dans plusieurs de ses travaux, il s'en sert pour fabriquer des installations. Il utilise le moniteur en tant qu'objet ready-made qu'il rectifie.

En 1964, Paik s'installe Ă  New York. Il rencontre la violoncelliste Charlotte Moorman avec laquelle il va avoir de nombreuses collaborations. Il essaye de combiner vidĂ©o, musique et performance. Dans TV Cello, ils empilent des tĂ©lĂ©visions les unes sur les autres formant un violoncelle. Moorman conduit son archet sur les tĂ©lĂ©visions qui diffusent des images la montrant en train d'effectuer cette mĂȘme action, certaines ayant Ă©tĂ© prĂ©enregistrĂ©es et d'autres simultanĂ©es.

En 1967, Paik et Moorman sont arrĂȘtĂ©s par la police pour s'ĂȘtre produit dans Opera Sextronique. Dans l'Ɠuvre, Moorman, seins nus, faisait courir son archet sur le dos dĂ©nudĂ© de Paik, devenu violoncelle.

En 1968, ils produisent TV Bra. Moorman y porte un soutien-gorge avec deux miroirs reflétant les caméras sur son visage.

Dans ces travaux il s'intéresse à l'interprétation et l'écoute traditionnelle de la musique. Il cherche également à faire accepter le sexe comme thématique. Il déclare : "Je voulais agiter les eaux insipides de ces hommes et ces femmes qui interprÚtent de la musique en habits noirs"[7].

En 1974, Paik rĂ©alise une de ses Ɠuvres les plus cĂ©lĂšbres : TV Buddha. Une antique statue de Buddha est assise face Ă  une camĂ©ra et regarde indĂ©finiment un Ă©cran diffusant sa propre image. Plus tard, durant Projekt74, Paik prend la place de Buddha. Il suggĂšre implicitement l'antithĂšse entre le transcendantalisme et la technologie tous deux prĂ©sents dans sa personnalitĂ©[11].

En 1984, Good Morning, M. Orwell est diffusé le jour de l'an sur la chaßne WNET New York devant 25 millions de téléspectateurs. Il s'agit de la premiÚre installation satellite réalisée au monde. Il y participe avec les artistes John Cage, Merce Cunningham, Peter Gabriel and Joseph Beuys.

Il multiplie les Ă©crans sur des surfaces parfois monumentales. Dans Electronic Superhighway en 1995. Il se sert de plus de 300 tĂ©lĂ©viseurs empilĂ©s, devant, des nĂ©ons tracent la carte des États-Unis. L'Ă©chelle de l'installation suggĂšre la confrontation de Paik aux États-Unis Ă  son arrivĂ©e. Les images passent Ă  grande vitesse sur l'Ă©cran comme perçues depuis une voiture. Paik alimente les images par des clips audio de films classiques amĂ©ricains comme Le magicien d'Oz ou Oklahoma. Ainsi, il sous-entend que l'image que l'on se fait des États-Unis est trĂšs influencĂ©e par le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision[12].

Les robots

DÚs 1964, il construit des robots en utilisant des cùbles et du métal. Plus tard, il introduit des radios et des télévisions. En 1986, il réalise Family Robot, une famille de robots créée grùce à des téléviseurs empilés. Pour représenter les différentes générations, il joue avec les modÚles de moniteurs. Il utilise des télévisions vintage pour les grands-parents et du matériel hightech plus récent pour les enfants.

En 1989, il fait un hommage à la Fée électricité (1937) du peintre Raoul Dufy, au musée d'Art moderne de Paris à l'occasion du bicentenaire de la révolution. Il assemble 200 moniteurs (référence au nombre d'années entre 1789 et 1989) répartis dans la salle ainsi que 5 robots. Chacun représente une figure de la révolution. Le robot le plus célÚbre est Olympe de Gouges[13].

Quelques-unes de ses Ɠuvres

  • Zen for TV, 1963
  • La distortion, 1963
  • Magnet TV , 1965
  • TV Cello, 1963 (avec Charlotte Moorman)
  • Opera Sextronique, 1967 (avec Charlotte Moorman)
  • TV Bra, 1968 (avec Charlotte Moorman
  • Global Groove, 1973
  • TV Buddha, 1974
  • TV Garden, 1974
  • La Famille-Robot, 1986
  • One Candle, 1989
  • Olympe de Gouges dans La FĂ©e Ă©lectricitĂ©, 1989, MusĂ©e d'art Moderne de Paris
  • La Madeleine Disco, 1989
  • Diderot, 1989
  • Voltaire, 1989
  • Rousseau, 1989
  • Robespierre, 1989
  • Two Hats - Two Eyes, 1989, MusĂ©e national des beaux-arts du QuĂ©bec[14]
  • Vertical Car, Ga Na Oa Ra Airvvays, 1994, oĂč il utilise des Ɠuvres de l'artiste ghanĂ©en Kane Kwei.
  • Powel Crosley Jr 1992
  • Miss Rheingold, 1993
  • Electronic Superhighway, 1995
  • Bakelite robot, 2002

Anecdote

  • Son Ɠuvre « La fĂ©e Ă©lectronique » Ă©tait au programme du baccalaurĂ©at d’arts plastiques français en 2006 (l’annĂ©e de son dĂ©cĂšs), en 2007, elle le sera encore et pour la derniĂšre fois lors de la session 2008. Cela ne peut pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un hommage, puisque le choix de cette Ɠuvre a Ă©tĂ© fait en 2005.

Cote de l'artiste

L'artiste est collectionné entre autres par le MOMA (New York), la maison Ares Collection[15] (GenÚve) et le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (Paris).

Christie's dĂ©tient le record de vente d'une Ɠuvre de Nam June Paik. C'est Ă  Hong Hong en 2007 que la vente de Wright Brothers (1995) a eu lieu pour $646,896[16].

Notes et références

  1. « http://www.nytimes.com/2009/05/01/arts/design/01voge.html?_r=0 » (consulté le )
  2. « https://sova.si.edu/record/SAAM.NJP.1 »
  3. Noah Wardrip-Fruin et Nick Montfort, The New Media Reader, MIT Press, 2003, p. 227. (ISBN 0-262-23227-8).
  4. http://www.guggenheim.org/new-york/collections/collection-online/artists/bios/422
  5. « Nam June Paik - Créateur de l'Art video - Cahier de Seoul », sur Cahier de Seoul, (consulté le ).
  6. Fluxus at 50. Stefan Fricke, Alexander Klar, Sarah Maske, Kerber Verlag, 2012, (ISBN 978-3-86678-700-1)
  7. Rush 2000
  8. Propos recueillis par Dany Bloch et reproduits dans Art et Vidéo 1960/1980/82, Edizione Flaviana, Locarno, dans Vidéo : un art contemporain.
  9. « Early Video History Articles », sur davidsonsfiles.org (consulté le ).
  10. Kat. Nam June Paik, Videa ‘n Videology 1959–1973, Emerson Museum of Art, Syracuse, New York, 1974 p. 55
  11. (en) « Media Art Net - Paik, Nam June : TV-Buddha », sur medienkunstnetz.de, Media Art Net, (consulté le ).
  12. Smithonian American Art Gallery : http://americanart.si.edu/collections/search/artwork/?id=71478
  13. http://www.cndp.fr/crdp-paris/Olympe-de-Gouges-dans-La-Fee.
  14. « Two Hats - Two Eyes | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  15. Site d'Ares Collection
  16. Rachel Wolff (December 14, 2012), Technological Masterpieces Wall Street Journal : http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424127887324481204578175263823931892

Bibliographie

  • Olympe de Gouges dans La FĂ©e electronique, Paris, MusĂ©e d'Art Moderne de la Ville de Paris, , 39 p. (ISBN 2-85346-067-3)
  • J.G.Hanhardt et J.Ippolito, Name June Paik, Abrams, coll. « Libri », (ISBN 0810969254)
  • Michael Rush, Les nouveaux mĂ©dias dans l'art [« New media in Late 20th-Century Art »], Paris, Thames & Hudson, (rĂ©impr. 2005, revue et augmentĂ©e (248 p.)) (1re Ă©d. 1999), 224 p. (ISBN 2-87811-172-9)
  • Françoise Parfait, VidĂ©o : un art contemporain, Paris, Éditions du Regard, , 367 p. (ISBN 2-8410-5133-1) dans un format diffĂ©rent.

Liens externes

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