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Michel Fugain

Michel Fugain, né le à Grenoble, est un chanteur et compositeur français.

Michel Fugain
Michel Fugain en 2011.
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Festival, CBS, BBZ Productions, Tréma, Flarenasch, EMI, XIII Bis Records, Spectra Musique, Sony
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Discographie

Fils du médecin et résistant Pierre Fugain, il grandit dans la campagne iséroise avant de faire ses études au lycée Champollion de Grenoble. Passionné par le cinéma de la Nouvelle Vague, il abandonne ses études de médecine pour devenir cinéaste à Paris. À partir de 1963, il devient assistant réalisateur de Jean-Michel Barjol, Guy Blanc, Yves Robert ou encore Jean Delannoy, puis suit des cours d’art dramatique auprès d’Yves Furet. Il rencontre à cette occasion Michel Sardou, pour qui il compose ses premières chansons.

En 1965, Michel Fugain signe un contrat d’édition chez Barclay et écrit des mélodies pour Hugues Aufray et Dalida. Il sort ensuite Je n’aurai pas le temps sur des paroles de Pierre Delanoë pour la maison de disques Festival et rencontre ainsi son premier succès en 1967. Il n’abandonne pas pour autant le milieu audiovisuel puisqu’il réalise, avec Pierre Sisser, une comédie musicale pour la télévision intitulée Un enfant dans la ville en 1971.

Au début des années 1970, alors que le mouvement hippie se développe dans le pays, marquant la fin de l'époque yéyé, Michel Fugain crée, en 1971, le Big Bazar, une troupe de chanteurs et de danseurs habillés de vêtements amples et colorés et animés de l'esprit hippie et communautaire post-soixante-huitard. Pendant cinq ans, il enchaîne les succès avec Une belle histoire, Attention mesdames et messieurs, Fais comme l’oiseau, Chante… Comme si tu devais mourir demain, La Fête, Bravo Monsieur le monde, Les Acadiens, Le Printemps, et remplit plusieurs fois la salle de l’Olympia. En 1974, il concrétise son projet de comédie musicale au cinéma avec Un jour, la fête. Après l’aventure du Big Bazar, Fugain continue de se produire avec une compagnie, notamment en 1977 à l’occasion d’un grand spectacle donné au Havre pour lequel est créée la chanson militante Le Chiffon rouge. Il poursuit sa carrière en saltimbanque, jusqu’à devenir pédagogue avec la fondation de son atelier pour artistes aux studios de la Victorine en 1979.

Les décennies suivantes s’annoncent plus compliquées sur le plan tant professionnel que personnel. Déçu par son émission télévisée Les Fugues à Fugain sur TF1, il parvient néanmoins à sortir des albums solo et des singles comme Viva la vida en 1986, Chaque jour de plus en 1989 et Forteresse en 1992 qui lui assurent une audience médiatique et scénique. Il entame ensuite de nombreuses collaborations musicales, notamment avec la chanteuse belge Maurane, mais la mort de sa fille Laurette en 2002 met un coup d’arrêt à sa carrière.

Le producteur Jean-Claude Camus le convainc malgré tout de se lancer dans de nouveaux projets musicaux, comme le spectacle Attention mesdames et messieurs… mis en scène par Roger Louret aux Folies Bergère en 2005 et 2006. Il rend également hommage à ses confrères artistes en mettant en musique leurs textes dans l’album Bravo et merci ! en 2007. Même s’il annonce arrêter les enregistrements en studio, il ne renonce pas pour autant à la scène avec son Projet Pluribus en 2013 et sa Causerie musicale en 2017.

Chanteur populaire de variĂ©tĂ©s, flirtant parfois avec le jazz et la bossa nova, il n’hĂ©site pas Ă  exprimer ses convictions humanistes et libertaires Ă  travers ses chansons. Promu commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 2009, il a vendu environ dix millions de disques en plus de cinquante ans de carrière.

Biographie

Jeunesse et Ă©tudes (1942-1962)

Michel Fugain est né le à Grenoble, dans l’Isère[A 1]. Son père, Pierre, originaire de La Rochette en Savoie, est résistant et militant communiste pendant la Seconde Guerre mondiale[A 1] - [A 2]. Ses activités l’amènent à être emprisonné au fort Barraux, près de Pontcharra. Comme il est étudiant en médecine, ses geôliers décident de le nommer responsable de l’infirmerie. Lors d’une visite de sa femme, Marie-Louise, aux origines italiennes, ils conçoivent leur fils en prison. Sa naissance permet à Pierre Fugain d’obtenir une permission. Il profite de cette liberté conditionnelle pour s’évader[A 3] - [1]. Leur fille Claude naît plus tard en 1945[2]. La famille Fugain s'installe ensuite en 1947 à Voreppe, village de campagne où le père travaille comme médecin et poursuit son militantisme[A 2]. « Je garde donc de cette enfance des images fortes, de grandes tables à la maison avec des gens qui faisaient de la politique, qui brassaient des idées », déclare Michel Fugain. « Je n’étais pas concerné en tant que môme, mais je baignais dans une ébullition permanente, une énergie incroyable. Ça a déteint sur moi[C 1]. » Les enfants sont aussi au contact d’un milieu artistique et culturel, leur père côtoyant Pablo Picasso et son fils Paulo à Vallauris pendant leurs vacances d’été sur la Côte d'Azur[A 4].

Le jeune Michel fait sa maternelle et son école primaire jusqu’au CM1 à Voreppe[A 2] - [A 5]. Il passe le reste de sa scolarité au lycée Champollion de Grenoble, où il obtient son baccalauréat en 1962 après avoir redoublé sa dernière année[A 6] - [A 7]. Michel Fugain préfère fréquenter des filles, regarder James Dean au cinéma, danser le bop dans des clubs de jazz et écouter de la musique, notamment la bande originale du film Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle composée par Miles Davis[A 8] - [A 9]. « Je vivais en amateur », se souvient-il[A 10]. Néanmoins, lui et sa sœur préparent leur entrée en faculté de médecine, dans la droite ligne de leur père[A 11] - [3]. Claude deviendra phoniatre et ORL à partir de 1971[4]. Michel arrête ses études pour se lancer dans une carrière de cinéaste[A 12].

Du cinéma à la musique (1962-1966)

Un homme de face portant un complet noir et tenant un micro dans sa main droite.
Alors qu'il se destine à une carrière dans le cinéma, Michel Fugain se lance dans la musique en composant les premières chansons de son ami Michel Sardou (ci-dessus, en 1998).

Cette dĂ©cision survient au moment de sa rencontre avec Jean-Michel Barjol, prĂ©sident du cinĂ©-club de Grenoble[A 13]. Ce dernier lui fait d’abord dĂ©couvrir et aimer le cinĂ©ma de la Nouvelle Vague et les Cahiers du cinĂ©ma[A 14]. Puis, au cours de l’étĂ© 1962, Michel Fugain participe en tant qu’acteur au premier court mĂ©trage rĂ©alisĂ© en Provence par son ami Jean-Michel : Blues pour un cowboy qui a mal au ventre[A 15] - [E 1]. L’annĂ©e suivante, il devient assistant rĂ©alisateur pour son deuxième film Nadia tournĂ© entre Antibes et Nice[A 12] - [E 1]. En , il souhaite dĂ©finitivement travailler dans le cinĂ©ma et part tenter sa chance Ă  Paris[B 1] - [5]. Il emmĂ©nage chez un ami mĂ©decin de son père vivant près du quartier de Saint-Germain-des-Près, dans le sixième arrondissement[A 16]. Deux mois plus tard, Michel est recrutĂ© par Guy Blanc pour ĂŞtre stagiaire sur un documentaire traitant de la Bataille du Chemin des Dames[A 17]. Entre-temps, il retourne dans sa ville natale et rejoint Jean-Michel Barjol pour le tournage du film Au temps des châtaignes, un documentaire sur les paysans de l’Ardèche[A 17] - [6]. Cependant, en , Michel Fugain apprend qu’il doit effectuer son service militaire en Allemagne : en effet, depuis qu’il a arrĂŞtĂ© ses Ă©tudes de mĂ©decine, il ne bĂ©nĂ©ficie plus d’aucun sursis[A 18]. ProfondĂ©ment antimilitariste, il rĂ©ussit, grâce Ă  des confrères de son père, Ă  se faire passer pour malade et passe seulement douze jours Ă  l’hĂ´pital militaire de Grenoble[A 18] - [7]. De retour Ă  Paris, il remplace Xavier GĂ©lin au poste de second assistant du rĂ©alisateur Yves Robert pour son film Les Copains en [A 19] - [8]. MĂŞme s’il a pris plaisir Ă  cĂ´toyer les comĂ©diens Philippe Noiret, Pierre Mondy et Claude Rich sur le plateau de tournage, cette expĂ©rience comme technicien reste plutĂ´t frustrante : « Je n’avais pas l’impression d’avoir appris grand-chose si ce n’est qu’une Ă©quipe de cinĂ©ma est très hiĂ©rarchisĂ©e et que cette hiĂ©rarchie crĂ©e des strates, finalement assez hermĂ©tiques[A 20]. » Il travaille une dernière fois comme second assistant rĂ©alisateur dans le cadre d’un sketch rĂ©alisĂ© par Jean Delannoy pour Le Lit Ă  deux places[A 21].

Ă€ la fin de l’annĂ©e 1964, sa petite amie de l’époque lui suggère alors de s’inscrire aux cours d’art dramatique dispensĂ©s par Yves Furet, rue Paul-ValĂ©ry, pour faire de nouvelles connaissances[A 22] - [8]. LĂ -bas, Michel Fugain se lie rapidement d’amitiĂ© avec trois aspirants comĂ©diens : Patrice Laffont, Michel Sardou et Patrick Villechaize[A 23]. En 1965, les deux Michel participent notamment comme figurants avec Patrick Dewaere au film historique Paris brĂ»le-t-il ? de RenĂ© ClĂ©ment dans une scène reconstituant la fusillade de la cascade du bois de Boulogne[A 24] - [9]. Mais Michel Sardou explique Ă  ses amis qu’il voudrait devenir chanteur et envisage mĂŞme de passer une audition chez Barclay[A 25]. Chacun se lance dans l’écriture, imaginant ainsi des textes intitulĂ©s Le Madras, Je n’ai jamais su dire, Les Arlequins et Il pleut sur ma vie, tandis que Michel Fugain est chargĂ© de les mettre en musique : « J’avais gratouillĂ© sur ma guitare les accords de base qui me permettaient de chantonner avec mes copains, mais je ne m’étais pas prĂ©parĂ© Ă  devenir musicien. […] En dĂ©finitive, je ne suis jamais devenu un instrumentiste digne de ce titre et c’est, je crois, ce qui m’a permis d’être mĂ©lodiste[A 26]. » Ă€ la fin de l’annĂ©e 1965, Michel Sardou enregistre ces quatre chansons pour son premier 45 tours et commence sa carrière de chanteur[A 27] - [10]. De son cĂ´tĂ©, Michel Fugain signe un contrat d’édition chez Barclay et rencontre Pierre DelanoĂ« par l’entremise de l’éditrice Rolande Bismuth[A 28]. Le parolier Ă©coute deux nouvelles mĂ©lodies de Fugain et Ă©crit sur celles-ci les chansons Dam di dam et La Princesse et le troubadour pour l’album Horizon d’Hugues Aufray sorti en 1966[A 29]. Toujours avec la complicitĂ© de Patrice Laffont et Patrick Villechaize, chez qui il habite temporairement, Michel Fugain continue de composer des mĂ©lodies pour les disques Barclay[A 30]. Il signe notamment celles de Jolie ou pas jolie pour HervĂ© Vilard, Si j’écrivais le livre pour Frank Alamo et Entrez sans frapper pour Dalida[A 31] - [B 1]. La musique devient finalement sa nouvelle occupation, jusqu’à ce qu’elle se concrĂ©tise dĂ©finitivement.

Un premier album et une comédie musicale (1966-1971)

Michel Fugain est dorĂ©navant engagĂ© chez Barclay comme compositeur avec une Ă©quipe constituĂ©e de Georges Blaness, Michel Jourdan et Jean Schmitt[A 32]. Ensemble, ils proposent une chanson intitulĂ©e Je ne peux rien promettre pour le prochain album de Marie LaforĂŞt[A 33]. Le directeur artistique de cette dernière, Roger Marouani, repère Michel Fugain et lui demande s’il souhaiterait enregistrer son propre disque[A 34] - [11]. Ce dernier accepte et sort son premier 45 tours en pour la maison de disques Festival[A 35] - [B 1]. Parmi les quatre morceaux, arrangĂ©s par Jean BouchĂ©ty, seul Un pas devant l’autre passe Ă  la radio au cours de l’étĂ©[A 36]. Mais Roger Marouani incite Fugain Ă  enregistrer un deuxième 45 tours en octobre Ă  Londres avec le guitariste Big Jim Sullivan[A 37]. En , la chanson Prends ta guitare, chante avec moi remporte un succès dans le classement musical d’Europe no 1[A 38] - [B 1]. Michel Fugain rassemble alors plusieurs musiciens, choisit Jacques Marouani comme imprĂ©sario et effectue ses premiers galas[A 39]. Il est Ă  l’affiche de l’Olympia en première partie d’Eddy Mitchell et Nino Ferrer le puis, le lendemain, il fait sa première tĂ©lĂ©vision sur l’ORTF pour l’émission TĂŞtes de bois et tendres annĂ©es[A 40]. Au mois de mai, il retourne Ă  Londres pour enregistrer un nouveau 45 tours dont le titre-phare, intitulĂ© Je n’aurai pas le temps, a Ă©tĂ© Ă©crit par Pierre DelanoĂ«[A 41] - [D 1]. Sortie en , la chanson remporte la mĂ©daille d’or du Palmarès des chansons de Guy Lux en octobre[12]. Je n’aurai pas le temps clotĂ»re le premier album de Michel Fugain et est mĂŞme reprise en anglais sous le titre If I Only Had Time par John Rowles[A 42]. Par ailleurs, Ă  l’occasion des Jeux olympiques d’hiver organisĂ©s Ă  Grenoble en , il compose l’hymne officiel Sous un seul flambeau interprĂ©tĂ© par Christine Bare[A 43] - [B 1]. Michel Fugain commence Ă  avoir conscience de sa notoriĂ©tĂ© naissante et dĂ©cide de garder son autonomie. Il fonde les Ă©ditions Le Minautore avec Rolande Bismuth et signe en dans une nouvelle maison de disques : CBS Records[A 44]. Il entame ensuite une tournĂ©e avec Joe Dassin et Georgette Lemaire pendant l’étĂ© 1968 et enchaĂ®ne avec des galas en vedette anglaise de Salvatore Adamo en [A 45] - [A 46]. L’annĂ©e suivante, Michel Fugain sort son deuxième album avec les singles Soleil et On laisse tous un jour, Ă©crit par Hugues Aufray et Vline Buggy[A 47].

Il décide à cette période de se lancer dans un projet original intitulé Un enfant dans la ville. Inspiré par le film Le Feu follet de Louis Malle, cet album raconte « la balade d’un jeune mec, cabotant entre amis et idées, pour déboucher, au contraire du Feu follet, sur l’espoir et l’envie[A 48]. » Les chansons écrites par Pierre Delanoë sont enregistrées en 1970 avec Georges et Michel Costa, Nicole Croisille, Esther Galil et Mary Roos, une interprète d’origine allemande[A 49]. Michel Fugain effectue une tournée promotionnelle en Europe et en Amérique latine[A 50]. Au printemps 1970, il se produit notamment dans un festival à Rio de Janeiro, au Brésil, et y découvre la batucada et la samba[A 51]. De retour en France, il rencontre le réalisateur Pierre Sisser et se lance avec lui dans une adaptation de l’album en comédie musicale pour la télévision[A 52]. Le tournage a lieu au printemps 1971 avec Michel Fugain et Mary Roos[A 53]. Le programme, également intitulé Un enfant dans la ville, est diffusé le sur la deuxième chaîne de l’ORTF[13]. Dans le même temps, Mary Roos invite Michel Fugain à participer à son émission télévisée en Allemagne pour chanter deux titres extraits de l’album. Le Français découvre avec intérêt sur le plateau un groupe d’une dizaine de chanteurs appelé Les Humphries Singers. L’idée de constituer sa propre troupe musicale commence alors se faire jour dans son esprit[A 54].

La formation

Dès le mois de , il dĂ©cide de faire passer des auditions Ă  Bobino pour un projet de spectacle[A 55]. Cinquante-deux personnes sont retenues pour participer aux rĂ©pĂ©titions en [A 56]. Celles-ci sont organisĂ©es au quatrième Ă©tage de l’Olympia, laissĂ© libre par son directeur Bruno Coquatrix[A 57]. Une autre sĂ©lection est Ă  nouveau effectuĂ©e par un certain AmadĂ©o, un danseur ayant dĂ©jĂ  participĂ© Ă  des productions scĂ©niques comme West Side Story[A 58]. « Cette troupe idĂ©ale, je la voyais composĂ©e de jeunes gens… que le mĂ©tier n’aurait pas dĂ©jĂ  formatĂ©s, donc, dĂ©formĂ©s… sorte d’agglomĂ©rat de talents isolables, particuliers, de personnalitĂ©s hors du commun… sans qu’ils soient forcĂ©ment des gĂ©nies… », explique Michel Fugain[A 59]. Seulement sept personnes sont sĂ©lectionnĂ©es : Martine Chevallier, GĂ©rard Kaplan, Maurice Latino, Christiane Mouron, Carine Reggiani et notamment StĂ©phanie Coquinos, dont s’est Ă©pris Michel Fugain[A 60]. Pierre Fuger, ancien danseur de l’opĂ©ra de Paris, remplace AmadĂ©o pour faire rĂ©pĂ©ter l’équipe, qui s’agrandit progressivement de Roland Gibelli, Johnny Monteilhet, JĂ©rĂ´me NobĂ©court et Valentine Saint-Jean[A 61] - [A 62]. Toujours Ă©paulĂ© par Pierre DelanoĂ« pour l’écriture des textes, Michel Fugain compose les mĂ©lodies. Leur collaboration dĂ©bouche sur la crĂ©ation de deux morceaux : Allez, bouge-toi et Une belle histoire[A 63]. Toutefois, le groupe n’a toujours pas de nom : « Ce qui me frappait dans la troupe, raconte Fugain, c’était cette rĂ©union de gens tellement dissemblables, dans le fond et la forme. C’était mĂŞme la vraie diffĂ©rence, face aux troupes de tĂ©lĂ© oĂą l’uniforme Ă©tait de rigueur. Une rĂ©union hĂ©tĂ©roclite de personnalitĂ©s, de qualitĂ©s et de dĂ©fauts, de tempĂ©raments divers. Un vrai bazar[A 64]. » La troupe se fait alors connaĂ®tre sous le nom de « Michel Fugain et le Big Bazar Â»[14]. Elle gagne rapidement un public en intervenant dans les Ă©missions de Maritie et Gilbert Carpentier et Guy Lux[15] - [16]. Pendant que Michel Fugain passe ses vacances d’étĂ© en Corse avec ses amis et sa compagne StĂ©phanie, Une belle histoire remporte un vĂ©ritable succès au hit-parade français et se vend Ă  un million d’exemplaires[B 2] - [17] - [18]. En hiver, la troupe prĂ©pare la sortie de son premier album[A 65]. Trois paroliers sont mis Ă  contribution : Pierre DelanoĂ«, Vline Buggy et Maurice Vidalin[A 66]. Ils signent respectivement Attention mesdames et messieurs, Les Gens irremplaçables et Les Cerises de monsieur ClĂ©ment. Michel Fugain, quant Ă  lui, se remĂ©more une chanson entendue lors de son voyage au BrĂ©sil : VocĂŞ abusou interprĂ©tĂ©e par AntĂ´nio Carlos et Jocáfi et crĂ©Ă©e par Maria Creuza. Il soumet la mĂ©lodie Ă  DelanoĂ« qui l’adapte en français sous le titre Fais comme l’oiseau[A 67] - [B 3] - [19]. Le premier album du Big Bazar devient un succès.

Le succès

En 1973, Maurice Latino et Martine Chevalier quittent la troupe et sont remplacĂ©s par les sĹ“urs Dominique et VĂ©ronique Mucret. Christian Dorfer et CordĂ©lia Piccoli se joignent Ă©galement aux nouveaux arrivants[A 68] - [A 69]. Une tournĂ©e avec chanteurs, danseurs, orchestre et techniciens est organisĂ©e sur le principe de l’égalitĂ© salariale[20]. Mais les hiĂ©rarchies restent parfois difficiles Ă  effacer, comme le fait remarquer Michel Fugain : « Je voulais que le Big Bazar soit une espèce d’économie collĂ©giale et en quelques heures, le collège a refait la pyramide[C 2]. » NĂ©anmoins, les quatorze membres du Big Bazar parviennent ensemble Ă  mettre en place leur premier spectacle intitulĂ© Le Petit Homme. « On y racontait, en chansons et en courtes transitions, l’histoire d’un homme de sa naissance Ă  l’âge adulte en essayant de lui ouvrir les yeux sur la vie, l’amour et les emmerdes », dĂ©clare Fugain[A 70]. Au Palais d’Hiver de Lyon, le Big Bazar reçoit un accueil triomphal[A 70] - [21]. Bruno Coquatrix lui propose un Olympia pour , mais Fugain prĂ©fère attendre et compose deux nouvelles chansons : Chante… Comme si tu devais mourir demain et Tout va changer[A 71]. Elles sont intĂ©grĂ©es au nouvel album de la troupe avec La FĂŞte, Le Roi d’Argot, Bravo Monsieur le monde et Jusqu’à demain peut-ĂŞtre. Certaines chansons, comme Les Gentils, les mĂ©chants, font partie de la bande originale du film Je sais rien, mais je dirai tout de Pierre Richard[22]. Ă€ la mĂŞme pĂ©riode, Michel Fugain fonde une famille au Moulin de Lavagot, Ă  LĂ©vis-Saint-Nom dans les Yvelines, avec son Ă©pouse et sa fille Marie nĂ©e le [A 72] - [A 73] - [23].

Six personnes sur scène portant des costumes de spectacle.
Pendant cinq ans, Michel Fugain rencontre un important succès avec sa troupe du Big Bazar (ci-dessus, en 1974).

Mais le travail ne s’arrĂŞte pas pour autant puisque le Big Bazar commence sa première date Ă  l’Olympia : « Au niveau de l’organisation mĂŞme de l’équipe, c’est une coopĂ©rative, c’est-Ă -dire que des gens se sont regroupĂ©s pour former une communautĂ© professionnelle. Au niveau des thèmes que l’on dĂ©fend, ils ne sont pas très nombreux et ils sont Ă  peu près toujours les mĂŞmes : c’est un certain besoin de libertĂ© », dĂ©clare Michel Fugain aux journalistes venus filmer les rĂ©pĂ©titions de la troupe[24]. Celle-ci se produit du au avant de partir en tournĂ©e au QuĂ©bec[A 74]. Ces reprĂ©sentations donnent lieu Ă  la publication de deux enregistrements en public. Michel Fugain intervient Ă©galement dans l’adaptation sonore d’un conte pour enfants d’Andersen : Les Cygnes sauvages[25]. Il collabore ensuite Ă  nouveau avec Pierre Sisser pour la bande originale de son film Force 8, et tous deux envisagent cette fois de rĂ©aliser une comĂ©die musicale pour le cinĂ©ma : « L’histoire Ă©tait celle d’une bande de jeunes qui entraient en bagarre avec un dĂ©putĂ©-maire affairiste, Ă  l’image des mĹ“urs de l’époque », raconte Fugain[A 75] - [26]. Ce dernier propose le titre HLM Ă  la sociĂ©tĂ© de production UGC, mais ses responsables prĂ©fèrent quelque chose de plus joyeux associĂ© Ă  l’image festive du Big Bazar[A 76]. Le titre Un jour, la fĂŞte est finalement retenu[27]. Les membres du Big Bazar font partie de la distribution avec les comĂ©diens Nathalie Baye et Charles GĂ©rard. Après le tournage effectuĂ© en , le film sort en salles avec son album Ă©ponyme le , mais il essuie un Ă©chec commercial[A 77] - [27]. Cependant, Michel Fugain n’hĂ©site pas Ă  poursuivre le dĂ©bat sur la thĂ©matique du film, Ă  savoir la question de la fĂŞte dans des villes oĂą les populations se retrouvent entassĂ©es dans des barres d’immeubles. En , il Ă©change notamment avec RenĂ© Barjavel sur ce sujet : « Si on soulève le problème de la fĂŞte, on soulève le problème le plus important puisque faire la fĂŞte, et la faire bien, c’est le rĂ©sultat du bien-ĂŞtre dans sa peau, sinon il n’y a pas de fĂŞte », dĂ©clare le chanteur Ă  l’écrivain[28]. Une tournĂ©e circassienne est justement lancĂ©e sous un chapiteau Ă  Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Nice et Bruxelles, oĂą la future chanteuse Maurane, alors âgĂ©e de quinze ans, assiste avec admiration au spectacle[A 78] - [29]. Le Big Bazar prĂ©pare dans la foulĂ©e un troisième album, produit sous son propre label BZZ, avec l’apport d’un nouveau parolier : Claude Lemesle[A 79]. Fugain y intègre une composition personnelle intitulĂ©e Les Acadiens, qui lui a Ă©tĂ© inspirĂ©e par son rĂ©cent sĂ©jour au Canada et sa rencontre avec Robert Charlebois[A 80]. Le nouveau spectacle, mettant en scène un prince Ă  la place du petit homme, s’oriente de plus en plus vers l’univers du cirque, puisqu’il est conçu avec la famille Togni de l’American Circus[A 81].

La séparation

Le quatrième album du Big Bazar sort en 1976 avec la chanson Le Printemps Ă©crite par Maurice Vidalin et inspirĂ©e par la musique folklorique de l’Europe de l’Est[A 82]. En parallèle, la troupe subit des changements : Pierre Fuger s’en va et les sĹ“urs Mucret sont remplacĂ©es par Guylaine Allief et Mireille Perre, tandis que JosĂ© Massal prend la place de Roland Gibelli. Philippe Pouchain rejoint Ă©galement l’équipe[A 82] - [A 83]. Un album live permet d’enregistrer le nouveau spectacle Ă  l’Olympia avec un personnage d’extraterrestre dans un dĂ©cor inspirĂ© par la cour des Miracles et les personnages de Victor Hugo[A 84]. Toutefois, malgrĂ© le succès, l’inspiration de Fugain dĂ©cline, et ce dernier accuse une certaine fatigue, contractant un Ĺ“dème aux cordes vocales[A 85]. « Je crois qu’on ne s’étonnait plus les uns les autres. Insidieusement, la lassitude aidant, le dĂ©samour s’installait. La magnifique aventure du Big Bazar nous avait gâtĂ©s. Nous Ă©tions repus. Nous n’avions plus faim », rĂ©sume Michel Fugain, expliquant que le dĂ©clin de sa troupe est Ă©galement liĂ© Ă  l’évolution des mĹ“urs de la sociĂ©tĂ© française : « […] Le Big Bazar et son indĂ©crottable optimisme allaient ĂŞtre rangĂ©s sur l’étagère des vieilleries. […] En cinq ans, les comportements changent profondĂ©ment[A 86] - [A 87]. » Ă€ la fin du mois de , Fugain annonce la sĂ©paration du Big Bazar, mais il laisse Ă  ses camarades la possibilitĂ© de continuer l’aventure s’ils le souhaitent[A 88]. GĂ©rard Kaplan et Christiane Mouron dĂ©cident de la poursuivre jusqu’en 1977 en sortant un cinquième et dernier album[A 89]. Michel Fugain pense que ces cinq annĂ©es ont Ă©tĂ© Ă©normĂ©ment enrichissantes pour lui : « Le Big Bazar m’a apportĂ© des joies immenses. C’est au sein de cette troupe que j’ai appris tout ce que je sais faire[A 90]. » Mais, rĂ©trospectivement, il estime qu’elle Ă©tait profondĂ©ment liĂ©e Ă  l’état d’esprit d’une Ă©poque, celle de l’après mai 1968 : « La sociĂ©tĂ© Ă©tait porteuse d’une espèce de folie, de joie de vivre… L’espoir Ă©tait important », dit-il en 2015[30] - [31].

Fugain, saltimbanque et pédagogue (1976-1981)

La fin du Big Bazar ne signe pas l’arrĂŞt des projets artistiques de Michel Fugain. En , Max Serveau, responsable culturel de la ville communiste du Havre, fait appel Ă  ses services pour organiser une grande fĂŞte avec tous les habitants dans le cadre d’un programme appelĂ© « Juin dans la rue, mois de la jeunesse Â»[A 91]. Fugain propose une idĂ©e de « fĂŞte rĂ©solument populaire et transgĂ©nĂ©rationnelle » pour pouvoir renouer un tissu social au sein de la population[A 92]. Dans un reportage rĂ©alisĂ© par Michel Parbot pendant les prĂ©paratifs, Fugain explique qu’« il y a rĂ©ellement un problème actuellement, c’est le problème de la communication, de l’échange. Les hommes ont besoin d’échanger[32]. » Le dĂ©roulement de cette journĂ©e organisĂ©e le repose essentiellement sur le principe des bacchanales et du carnaval[A 93]. Fugain convoque ses anciens camarades du Big Bazar : Valentine Saint-Jean, JĂ©rĂ´me NobĂ©court, Philippe Pouchain, Johnny Monteilhet et sa femme StĂ©phanie pour travailler pendant six mois Ă  l’élaboration du projet[A 94]. Chaque quartier de la ville se retrouve identifiĂ© par une couleur de l’arc-en-ciel et les habitants rĂ©flĂ©chissent Ă  des idĂ©es de chansons Ă  partir de la notion de paix[A 95]. Les morceaux sont ensuite compilĂ©s dans un album intitulĂ© Un jour d’étĂ© dans un Havre de paix[33]. Pour le spectacle scĂ©nique, Fugain complète sa nouvelle compagnie avec les comĂ©diens GrĂ©gory Ken, Roland Magdane, Liza et Hubert Viet[A 96]. Une chanson Ă©crite pour l’occasion par Michel Vidalin et composĂ©e par Fugain passe Ă  la postĂ©ritĂ© : Le Chiffon rouge[A 97]. En effet, elle sera reprise de nombreuses fois par les militants de la CGT lors des luttes sociales des annĂ©es 1970 et 1980[34]. Au total, 40 000 spectateurs se rĂ©unissent place de l’HĂ´tel-de-Ville pour assister Ă  la grande fĂŞte[35]. Onze ans plus tard, la mairie du Havre organisera de nouveau un mois de « juin dans la rue Â» avec le chanteur sud-africain Johnny Clegg[36].

GalvanisĂ© par cette fĂŞte populaire, Michel Fugain souhaite poursuivre sa carrière Ă  la façon d’un vĂ©ritable saltimbanque : « Sans discussion possible, je me sentais de leur nombre et je me pris Ă  rĂŞver d’un spectacle enracinĂ© dans la tradition de ces histrions irrĂ©vĂ©rencieux qu’on enterrait la nuit. La dĂ©marche me paraissait, en elle-mĂŞme, plus subversive que n’importe quelle prise de position politique contre la sociĂ©tĂ© giscardienne de l’époque[A 98]. » En 1978, avec sa nouvelle compagnie, il prĂ©pare un projet de spectacle inspirĂ© par le théâtre de la commedia dell’arte avec le comĂ©dien Philippe LĂ©otard[A 99] - [37]. Un album intitulĂ© Faites-moi danser ! sort dans la foulĂ©e avec le single Papa, aux sonoritĂ©s reggae[A 100]. Leur prestation Ă  l’Olympia est Ă©galement enregistrĂ©e pour un album. La tournĂ©e s’achève le Ă  Strasbourg[A 101]. Michel Fugain se lance ensuite dans une toute autre aventure : l’organisation d’un atelier-Ă©cole Ă  but non lucratif pour former chanteurs, danseurs et comĂ©diens aux studios de la Victorine, Ă  Nice. « Quand on transmet, on se pose la question de savoir si on est lĂ©gitime. Transmettre, ça demande qu’on y consacre du temps et de l’énergie. Je l’ai dĂ©jĂ  dit, je ne suis pas un bon pĂ©dagogue. Celui qui m’écoute doit dĂ©crypter parce que je transmets avec rudesse[C 3]. » NĂ©anmoins, Ă  partir de , il organise avec son ami chorĂ©graphe Johnny Monteilhet un stage avec de jeunes candidats motivĂ©s, parmi lesquels fait partie Mimie Mathy[A 102] - [38]. Michel Fugain se souvient : « Nous Ă©tions des « animateurs Â» […]. Un professeur enseigne. On n’enseigne pas Ă  un artiste Ă  ĂŞtre artiste. Il l’est ou il ne l’est pas. S’il l’est, on ne peut que l’aider Ă  sortir de lui ce qu’il a de meilleur, Ă  utiliser de la manière la plus efficace son talent et son inspiration, Ă  s’épanouir. Mais lui seul possède les matĂ©riaux de base[A 103]. » Pendant qu’il se consacre pleinement Ă  son atelier, sa fille Laurette naĂ®t le Ă  Cannes[A 104]. En parallèle, il prĂ©pare son premier album solo avec le single Les Sud-AmĂ©ricaines, sorti au printemps 1980, et signe la bande originale du film Ras le cĹ“ur de Daniel Colas[A 105] - [39]. L’annĂ©e suivante, il enchaĂ®ne avec un deuxième album rĂ©alisĂ© par Gabriel Yared : CapharnaĂĽm, tout en composant deux chansons pour le nouvel opus de Françoise Hardy[A 106] - [40]. Il participe Ă©galement au Disque de la paix d’Yves Montand, adaptation discographique du Livre de la paix de Bernard Benson[41]. MĂŞme si Michel Fugain poursuit sa carrière avec succès, il s’apprĂŞte Ă  connaĂ®tre une pĂ©riode d’intenses difficultĂ©s.

Des hauts et des bas (1981-2002)

À la rentrée 1981, Christophe Izard lui propose d’être aux commandes d’une émission télévisée sur TF1 intitulée Les Fugues à Fugain[A 107]. Son atelier est alors transféré à Issy-les-Moulineaux pour des raisons pratiques[A 108]. Mais Fugain ne se sent pas à sa place à la télévision, même s’il reçoit de nombreux artistes comme Michel Delpech, Gilberto Gil, Al Jarreau ou encore Michel Legrand[A 109]. L’émission s’arrête en et Michel Fugain part avec sa femme aux États-Unis[42]. À trente-neuf ans, il envisage de reprendre des études de cinéma à l’université de Californie du Sud, mais retourne finalement en France, où il soutient le président François Mitterrand récemment élu[A 110]. Sur le plan musical, il met ses projets à l’arrêt et décide de prendre plusieurs années sabbatiques[A 111]. À la même période, sur le plan personnel, il fait la connaissance de sa fille Sophie, dont la mère était hôtesse de vestiaire en 1970. « Je n’ai jamais revu cette enfant qui est, qu’elle le veuille ou non, ma fille », déclare Michel Fugain en 2007[A 112]. Par ailleurs, il commence également à rencontrer de sérieux problèmes financiers, au point d’être habité par des pensées suicidaires[A 111].

Une femme dans une tenue noire portant un micro dans sa main droite.
La chanteuse belge Maurane (ci-dessus, en 2011), fervente admiratrice du Big Bazar pendant son adolescence, interprète de nombreuses chansons en duo avec Michel Fugain à partir des années 1990.

Au milieu des années 1980, Michel Fugain est contraint de gagner sa vie en chantant pour des mariages, tandis que sa femme Stéphanie se produit dans des pièces de théâtre[A 113]. « J’étais assez fier, finalement, comme les troubadours et ménestrels du Moyen Âge, de passer de festin en ripailles, attrapant au passage une bourse qu’un seigneur me jetait par-dessus la table. J’éprouvais un réel plaisir, et un peu d’orgueil, je l’avoue, à faire partie des gueux de notre métier et non des nobles frileux, soucieux de leur image », déclare-t-il[A 114]. Son amie Rolande Bismuth lui conseille tout de même de signer à nouveau pour une maison de disques[A 114]. En 1985, il entre chez Tréma et, l’année suivante, le parolier Brice Homs lui écrit Viva la vida[A 115]. Ce titre est suivi par la sortie d’un album sobrement intitulé Michel Fugain en 1988. Mais ses rapports avec Tréma ne sont pas très bons, et Fugain rejoint le label Flarenasch[A 116]. Dans le même temps, Rolande Bismuth vend les éditions Le Minotaure[A 117]. Ces changements ne l’empêchent pas pour autant de faire un retour médiatique et scénique remarqué. En 1989, il sort un nouvel album intitulé Un café et l’addition avec les singles Les Années guitare, Où s’en vont…, dédié à Bruno Carette, Chaque jour de plus et Chanson pour les demoiselles[A 118] - [43]. Il se produit à l’Olympia en 1990 avec Thierry Arpino à la batterie, Nelson Baltimore à la basse, Thierry Crommen à l’harmonica et au saxophone, Dominique Fillon au piano, Pascal Joseph et Jean-Christophe Maillard aux guitares, Daniel Mille à l’accordéon et Sophie Proix aux chœurs[A 119]. La même année, il forme également un duo avec l’actrice Véronique Genest sur la chanson Comme une histoire d’amour[44]. Le chanteur renoue progressivement avec son public après environ cinq ans d’absence.

En , Fugain sort l’album SucrĂ©-SalĂ© rĂ©alisĂ© par François BrĂ©ant avec le single Forteresse Ă©crit par Brice Homs[A 120]. Il participe ensuite Ă  la quatrième Ă©mission de Taratata animĂ©e par Nagui sur France 2 en , puis Jean-Claude Camus, producteur des spectacles de Johnny Hallyday, lui organise une tournĂ©e en automne[A 121] - [43]. Il est Ă  nouveau programmĂ© Ă  l’Olympia au printemps 1993, au moment oĂą il vit la naissance de son fils Alexis le [A 122]. Le titre de ses albums suivants : Vivant en 1993, Plus ça va… en 1995, De l’air ! en 1998 et Encore en 2001, montre qu’il amorce ses trente-cinq ans de carrière avec optimisme : « Ce qui me plaĂ®t, c’est que la vie continue, les combats continuent, l’envie de vivre et de survivre continue », dit-il lors d’une interview[45]. Il n’hĂ©site pas non plus Ă  afficher ses convictions politiques Ă  l’occasion de l’élection prĂ©sidentielle de 1995 en annonçant avoir votĂ© pour la candidate Ă©cologiste Dominique Voynet, et compose La BĂŞte immonde contre le fascisme[46] - [47]. Fugain se lance aussi Ă  cette Ă©poque dans plusieurs collaborations musicales : en 1995, il reprend Alia SoĂ»za avec VĂ©ronique Sanson pour son album Comme ils l’imaginent et Je n’aurai pas le temps avec Jean-Jacques Goldman pour Les EnfoirĂ©s Ă  l’OpĂ©ra-Comique, revisite ses chansons avec I Muvrini, Kent, Maurane, Didier Sustrac et Trio Esperança en 1996, et compose les chansons de l’album Français de Michel Sardou en 2000[48] - [49] - [50] - [51]. Cette dĂ©cennie s’achève avec une nomination Ă  la 12e cĂ©rĂ©monie des Victoires de la musique dans la catĂ©gorie meilleur concert pour sa prestation aux Francofolies de La Rochelle le [52]. Toutefois, au moment oĂą sa carrière professionnelle est relancĂ©e, Michel Fugain est confrontĂ© Ă  un drame personnel : sa fille Laurette, diagnostiquĂ©e d’une leucĂ©mie en 2001, meurt le en raison de complications liĂ©es Ă  sa greffe de mĹ“lle osseuse[A 123] - [A 124]. Sa mère StĂ©phanie dĂ©cide de continuer Ă  lutter contre cette maladie en crĂ©ant l’association Laurette Fugain[53] - [54]. Son père reprend Ă©galement le chemin de la musique comme thĂ©rapie. Il dĂ©clare Ă  VĂ©ronique AĂŻache en 2018 : « Ce qui est passĂ©, on ne peut pas le changer. Alors autant passer Ă  autre chose. Ça peut paraĂ®tre un peu froid et sans cĹ“ur quand il s’agit de la perte d’un enfant, mais je dis tous les jours Ă  ma fille dans ma tĂŞte : « Tout ce que je vis lĂ , je te l’offre. Ce que je vis lĂ , je le vis Ă  ta place. Â» Et je pense que c’est ce qu’on doit Ă  un ĂŞtre cher qu’on a perdu : vivre Ă  fond pour lui ou pour elle. La vie ne s’arrĂŞte pas. Au contraire[C 4]. » Une semaine après l’incinĂ©ration de Laurette au crĂ©matorium du Père-Lachaise, Michel Fugain termine sa tournĂ©e sur l’île de La RĂ©union et part se ressourcer avec sa famille et ses amis en Corse[A 125].

Cinquante ans de carrière dans la variété française (2002-2022)

Alors qu’il n’est pas encore prĂŞt Ă  reprendre sa carrière, sa nouvelle maison de disque EMI sort en 2004 une compilation intitulĂ©e C’est pas de l’amour, mais c’est tout comme qui se vend Ă  200 000 exemplaires[A 126] - [55]. Face Ă  ce regain d’intĂ©rĂŞt, Michel Fugain accepte la proposition de Jean-Claude Camus de lancer un spectacle rendant hommage Ă  ses anciennes chansons. Les coulisses des rĂ©pĂ©titions Ă  Monclar sont diffusĂ©es sur M6 sous forme d’épisodes, mais le programme connaĂ®t de faibles audiences[56] - [57] - [58]. Les critiques de la presse ne sont pas très enthousiastes non plus : LibĂ©ration parle d’« un Popstars sauce Big Bazar », tandis que Le Monde Ă©crit : « Ă€ l’heure oĂą les Ă©missions musicales envahissent le petit Ă©cran, on s’interroge sur l’intĂ©rĂŞt artistique d’un tel programme. Si le projet paraĂ®t sincère, le rĂ©sultat, lui, ne parvient Ă  se dĂ©partir d’un cĂ´tĂ© très artificiel[58] - [59]. » NĂ©anmoins, le spectacle Attention mesdames et messieurs…, mis en scène par Roger Louret, est prĂ©sentĂ© aux Folies Bergère du au [60]. MalgrĂ© l’accueil plutĂ´t favorable, Fugain a le sentiment d’un Ă©chec[A 127] - [61]. Ă€ la mĂŞme pĂ©riode, il intervient auprès des Ă©lèves de la quatrième saison de la Star Academy[62]. Il rĂ©itère cette expĂ©rience en 2008[63]. Plus tard, il dĂ©noncera ces Ă©missions de tĂ©lĂ©-crochet comme The Voice en disant : « Aujourd’hui, ils ont tous la mĂŞme voix, personne n’articule, la plupart ne sont pas musiciens. […] On a le droit d’exiger des gĂ©nĂ©rations futures que leur devoir soit de faire des choses pour les autres. Ils se regardent tous le nombril. Mais ça ne nous intĂ©resse pas[64] - [65]. »

Michel Fugain prĂ©fère remercier les artistes qu’il admire et qui comptent Ă  ses yeux. En 2003, il Ă©crit une lettre Ă  plusieurs de ses confrères oĂą il leur fait part de son envie de les honorer. « J’ai Ă©crit cette lettre quand j’étais un homme Ă  terre, dit-il. Je n’avais plus goĂ»t Ă  rien. Je n’avais qu’une envie, m’arrĂŞter… mourir[66]. » Mais son appel sera entendu : « Le seul moyen que j’ai de vous rendre cet hommage, Ă©crit-il, est encore de faire la seule chose que je sais faire, de la musique et des mĂ©lodies, et boucler ma boucle en chantant un texte de chacun d’entre vous[A 128]. » Nombre d'artistes rĂ©pondent Ă  sa sollicitation et leurs chansons sont regroupĂ©es dans l’album Bravo et merci ! en 2007[67]. La mĂŞme annĂ©e, il fait le bilan de sa vie professionnelle et personnelle dans son autobiographie Des rires et une larme et annonce qu’il votera Ă  gauche aux Ă©lections prĂ©sidentielles, sans pour autant soutenir la candidature de SĂ©golène Royal[68] - [69]. Cette pĂ©riode s’achève par un dernier acte de reconnaissance : en , il est promu commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture[70].

Photo en noir et blanc d'un homme levant les doigts en l'air avec un micro dans la main droite.
Avec son Projet Pluribus, Michel Fugain continue sa carrière sur scène, comme ici en 2015 à la Fête des Solidarités de Namur.

Il s’engage ensuite dans un projet ambitieux : mettre en musique les quatre saisons. En , il publie Le Printemps sous le label XIII Bis Records, puis dĂ©cide de compiler L’ÉtĂ©, L’Automne et L’Hiver dans un double album intitulĂ© Bon an mal an sorti en [71] - [72], oĂą il est auteur-compositeur de plusieurs chansons. MĂŞme s’il continue de se produire sur scène, notamment en interprĂ©tant Le Chiffon rouge Ă  un meeting de campagne de François Hollande le Ă  Toulouse, Michel Fugain annonce que ce sera son dernier disque[73] - [74]. Pourtant, grâce Ă  son manager Alexandre Lacombe, il sort en l’album Projet Pluribus avec des titres inĂ©dits comme Dans 100 ans peut-ĂŞtre et des nouveaux arrangements de ses chansons comme Les Sud-AmĂ©ricaines, La FĂŞte ou Chante…[75] - [76]. Fugain constitue une nouvelle troupe pour partir en tournĂ©e [77] - [78]. Se rĂ©jouissant de ce nouvel Ă©lan musical et transgĂ©nĂ©rationnel, amplifiĂ© par le succès de son best-of des annĂ©es Big Bazar sorti en , il dĂ©clare : « J’ai l’impression que c’est une rĂ©compense. Ce n’est pas encore la fin du parcours, mĂŞme si je suis obligĂ© d’y penser. […] J’ai la mĂŞme Ă©nergie, j’ai encore des envies[75] - [79]. » Quelque temps auparavant, il s’est sĂ©parĂ© de StĂ©phanie après presque quarante ans de vie commune. Il a refait sa vie avec Sanda, une jeune femme d’origine roumaine rencontrĂ©e en Corse en [80] - [81]. Ă€ l’occasion des Ă©lections prĂ©sidentielles de 2017, il annonce avoir votĂ© pour Jean-Luc MĂ©lenchon, candidat de La France insoumise, tout en adhĂ©rant au mouvement politique Nouvelle Donne afin de dĂ©noncer le système de la finance mondiale et l’ENA[82] - [83]. En , un album de reprises rassemblant notamment Chimène Badi, Claudio CapĂ©o ou encore Patrick Fiori achève d’inscrire Michel Fugain comme un artiste incontournable de la variĂ©tĂ© française[84]. Mais ce dernier n’est pas encore sur le point de s’arrĂŞter après cinquante ans de carrière et environ 10 millions de disques vendus[85]. En effet, en , il continue d’innover en proposant au théâtre de l’Atelier « une causerie musicale » avec trois musiciens[86]. Il la dĂ©finit comme des « rencontres conviviales, divertissantes et interactives, illustrĂ©es par des chansons, des anecdotes et des rĂ©flexions plus profondes car les chansons sont aussi et toujours des marqueurs prĂ©cis d’une Ă©poque et d’une sociĂ©tĂ©[87]. » Ce moment de partage lui permet Ă©galement de rendre hommage aux quatre paroliers qui ont jalonnĂ© sa carrière : Pierre DelanoĂ«, Brice Homs, Claude Lemesle et Maurice Vidalin[88]. En parallèle, Fugain continue de se produire avec une formation rĂ©duite nommĂ©e Pluribus 2.0[89]. En , avec « sa bande de confinĂ©s », il reprend Les Chevaux sauvages pour rendre hommage au personnel soignant luttant contre la pandĂ©mie de Covid-19[90]. Le 12 mai 2022, il fĂŞte ses 80 ans sur la scène du théâtre Bobino dans un spectacle intitulĂ© Fugain fait Bandapart[91].

Univers musical et postérité

Michel Fugain a été marqué par des comédies musicales comme Hair (ci-dessus, interprété par une troupe finlandaise en 1969), si bien que le Big Bazar est souvent associé au mouvement hippie des années 1970 par les médias français.

Ses influences sont multiples et commencent tout d’abord par la musique anglo-saxonne des annĂ©es 1960, notamment celle des Beatles avec leurs albums Rubber Soul et Revolver[A 36] - [A 129] - [A 130] - . Fugain est Ă©galement proche du jazz et de la bossa nova sud-amĂ©ricaine, en particulier avec le titre Fais comme l’oiseau[A 131] - [D 2] - [19]. Il n’hĂ©site pas non plus Ă  intĂ©grer des airs de musiques folkloriques dans ses chansons, comme Le Printemps[A 82] - [A 131]. Enfin, il apprĂ©cie beaucoup la musique classique, surtout celle de Kurt Weill, avec une prĂ©dilection pour les compositeurs de musiques de films comme Leonard Bernstein, SergueĂŻ Prokofiev et Nino Rota[A 131] - [92]. Fugain a justement Ă©tĂ© marquĂ© par deux comĂ©dies musicales majeures : le film West Side Story rĂ©alisĂ© par Jerome Robbins et Robert Wise en 1961, et Hair mis en scène au théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1969[92]. Fugain dĂ©clare d’ailleurs : « Le Big Bazar n’existe pas s’il n’y a pas Hair[92]. »

Les médias français ont tendance à le voir « incarn[er] l’esprit hippie des années 1970 avec son Big Bazar et des chansons devenues des hymnes humanistes et libertaires » tels que Chante… Comme si tu devais mourir demain et La Fête[8] - [93] - [94]. Ainsi, le biographe Jean-Jacques Jelot-Blanc décrit Michel Fugain comme « associé (...) au mouvement hippie marquant la fin de l'époque yé-yé »[95], de même le spécialiste de la chanson francaise Fabien Lecœuvre voit dans le Big Bazar « Une formation musicale d'artistes, basée sur l'esprit hippie et communautaire post Mai 68 »[96] tandis que la biographe Sophie Girault qualifie les paroles « Fais comme l'oiseau / Ça vit d'air pur et d'eau fraîche / Un oiseau », de « véritable hymne à la vie hippie »[97].

Tardivement, en 2017, le principal intĂ©ressĂ© se dĂ©fend d'avoir Ă©tĂ© hippie : « Je ne suis pas du tout hippie dans ma tĂŞte et je l’ai jamais Ă©tĂ©[A 132] - [98]. »

Fugain souhaite plutĂ´t s’inscrire dans la tradition des chansons françaises : « Je revendique pleinement un statut de chanteur populaire, […] c’est-Ă -dire accessible Ă  tous[99]. » Il rajoute : « Ce qui me ressemble, c’est d’évoquer des sujets qui sont relativement graves, qui peuvent ĂŞtre des sujets de sociĂ©tĂ©, mais de façon festive[100]. » En mĂŞme temps, hormis la joie de vivre, Fugain cĂ©lèbre aussi la libertĂ©, l’espoir et l’amour comme dans Une belle histoire, Viva la vida ou Forteresse[8] - [17]. Ses ballades sont rĂ©gulièrement apprises dans les Ă©coles, dont certaines portent son nom Ă  Montferrat et Vred[A 67] - [101] - [102] - [103]. Le , une fanfare interarmĂ©es joue La FĂŞte Ă  la fin du traditionnel dĂ©filĂ© militaire sur les Champs-ÉlysĂ©es, devant le prĂ©sident français Emmanuel Macron et son homologue amĂ©ricain Donald Trump[104]. « Ce qui me frappe avec les chansons de Fugain, dĂ©clare Edwy Plenel, chansons populaires, chansons dont on s’empare, c’est qu’elles sont au cĹ“ur de ce qu’on doit inventer, c’est-Ă -dire se retrouver et chanter ensemble[99]. » La journaliste VĂ©ronique Mortaigne va Ă©galement dans ce sens lorsqu’elle dit : « L’air du temps, Michel Fugain a toujours su le humer sans complexes. De l’appel Ă  la vie vĂ©cue plein pot des annĂ©es 1970 aux colères politiquement correctes (le sida, la corruption, les vieux dans la rue) de Plus ça va…, Fugain remplit son rĂ´le de chanteur de variĂ©tĂ©s, miroir des aspirations et des dĂ©ceptions populaires[105]. » Pour Fabien LecĹ“uvre, le chanteur est mĂŞme allĂ© jusqu’à « rĂ©volutionner les codes de la sociĂ©tĂ© française et en mĂŞme temps de la variĂ©tĂ© en imposant l’esprit de groupe[B 2]. »

Discographie

Michel Fugain a sorti trente-deux albums, dont huit avec le Big Bazar, et environ une centaine de singles.

Filmographie

Distinctions

Références

Références bibliographiques

  • Michel Fugain, Des rires et une larme, 2007
  1. Fugain 2007, p. 9
  2. Fugain 2007, p. 22
  3. Fugain 2007, p. 23
  4. Fugain 2007, p. 43–44
  5. Fugain 2007, p. 33
  6. Fugain 2007, p. 68
  7. Fugain 2007, p. 73
  8. Fugain 2007, p. 51–52
  9. Fugain 2007, p. 57–58
  10. Fugain 2007, p. 66
  11. Fugain 2007, p. 76
  12. Fugain 2007, p. 79
  13. Fugain 2007, p. 67
  14. Fugain 2007, p. 76–77
  15. Fugain 2007, p. 74
  16. Fugain 2007, p. 81–82
  17. Fugain 2007, p. 83
  18. Fugain 2007, p. 88
  19. Fugain 2007, p. 91
  20. Fugain 2007, p. 97–99
  21. Fugain 2007, p. 120
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Annexes

Bibliographie

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  • Michel Fugain, Des rires et une larme, Neuilly-sur-Seine, Michel Lafon, (rĂ©impr. 2008), 473 p. (ISBN 978-2-7499-0438-2).
Ouvrages de la famille Fugain
  • Claude Fugain et Violaine de Montclos, MĂ©decin des voix, Paris, Grasset, , 131 p. (ISBN 978-2-246-81699-7).
  • Marie Fugain, Moi, on ne m’a jamais demandĂ© comment j’allais, Neuilly-sur-Seine, Michel Lafon, (rĂ©impr. 2013), 237 p. (ISBN 978-2-7499-1615-6).
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  • StĂ©phanie Fugain et Claude Mendibil, Derrière la blouse blanche : tĂ©moignages, Paris, Flammarion, , 298 p. (ISBN 978-2-08-147775-9).
  • StĂ©phanie Fugain et Claude Mendibil, Tu n’avais peur de rien, Paris, Flammarion, , 303 p. (ISBN 978-2-08-127099-2).
Ouvrages généraux
  • Bertrand Dicale (ill. Alain Bouldouyre), Dictionnaire amoureux de la chanson française, Paris, Plon, , 747 p. (ISBN 978-2-259-22996-8).
  • Fabien LecĹ“uvre, Le Petit LecĹ“uvre illustrĂ©, Monaco/Paris, Le Rocher, (1re Ă©d. 2012), 533 p. (ISBN 978-2-268-07742-0).
  • NoĂ«l Simsolo, Dictionnaire de la Nouvelle vague, Paris, Flammarion, coll. « POP culture », (rĂ©impr. 2018), 451 p. (ISBN 978-2-08-129360-1).
  • Gilles Verlant (dir.), L’EncyclopĂ©die de la chanson française : Des annĂ©es 40 Ă  nos jours, Paris, France Loisirs, (1re Ă©d. 1997), 266 p. (ISBN 2-7441-1997-0).

Liens externes

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