Esther Galil
Esther Galil (en hébreu : אסתר גליל), ou Jackie Galil, est une chanteuse, auteur-compositeur-interprète franco-israélienne née à Safi au Maroc, le [1]. Elle est connue principalement comme l'interprète, en 1971, du tube Le jour se lève, en tête des ventes de singles en France deux semaines durant.
Nom de naissance |
Esther Galil |
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Naissance | Safi, Maroc |
Activité principale | chanteuse, auteur-compositeur-interprète |
Genre musical | Variété, pop, rock |
Instruments | Guitare, piano |
Années actives | Depuis 1971 |
Labels | Lala Records, Barclay, AZ, RCA, Sonopresse, Carrère, Delove, Monde Mélodie |
Elle vit à Los Angeles depuis les années 1990, partageant son temps entre la composition de chansons et l'exposition de peintures et retournant en France à plusieurs reprises pour se produire sur scène.
Biographie
Origines familiales
Esther Galil est née le 28 mai 1945 à Safi au Maroc, à l'époque du protectorat français, d'un père séfarade, originaire de Tolède (Espagne), et d'une mère juive marocaine, dans une famille comptant douze enfants (dont elle-même). Son grand-père est cantor à la synagogue, Esther chante dans la chorale.
Alya
La famille d'Esther gagne Israël, accomplissant son alya. La jeune fille s'établit avec sa famille à Ashkelon puis travaille dans le kibboutz de Negba, au nord-ouest de Beer Sheva[2]. Chantant lors de travaux de cueillette, elle est remarquée par ses camarades qui lui conseillent de tenter sa chance dans la chanson[3].
Débuts
Esther Galil est engagée dans la troupe de chanteurs et de danseurs dirigée par le chorégraphe Jonathan Karmon à Tel Aviv. Elle y interprète des airs folkloriques israéliens[2].
À l'occasion d'une tournée de la troupe en France, elle enregistre en 1966, sous le nom de Jackie Galil, un 45 tours, intitulé Oh ! Non, chez Monde Melody[3]. Il passe inaperçu bien que la « voix grave, sonore et vibrante »[3] de la chanteuse soit déjà remarquée par les gens du métier[4] et comparée à celles de Mahalia Jackson, d'Aretha Franklin ou de Janis Joplin.
Étant citoyenne israélienne, Esther retourne dans son pays pour y effectuer le service militaire féminin obligatoire de deux années.
Ascension fulgurante
Ayant signé chez Barclay[5], la jeune femme enregistre, en 1971, sous le nom d'Esther Galil, le titre Le jour se lève, mélange de blues et de musique du monde[6]. C'est un très grand succès[7], il se classe premier des ventes de singles en France deux semaines durant (du 9 septembre 1971 au 22 septembre 1971)[8] et constitue la 25e meilleure vente de l'année[9]. La chanson est primée à la Rose d'or d'Antibes la même année, en troisième place derrière Marie et Gérard Lenorman[3]. Sur la face B du 45 tours, le morceau Je t'aime à mourir est signé par Jacqueline Néro et Francis Bernheim[5].
Réagissant à l'irruption de la chanson à la première place du classement, la revue Salut les Copains entrevoit une « carrière d'idole » pour la chanteuse, mais à certaines conditions : « Il lui faut une deuxième chanson forte, un bon album, une première scène marquante et si cette passe de trois est réussie, nous tenons-là, la Janis Joplin française. »[4].
Période faste
S'ouvre une période faste de passages en première partie et de grandes tournées[6]. En 1971 et 1972, elle assure la première partie de Michel Sardou à l'Olympia[10], puis, toujours en avant-programme, accompagne sur scène Johnny Hallyday[11]. Toujours en 1972, elle participe au film Pour une pomme aux côtés de Gilbert Montagné et de Johnny Halliday[3].
Elle entreprend des tournées à travers le monde avec Gilbert Montagné et Mike Brant, nouant avec ce dernier une grande amitié[12] - [2].
En 1971, elle interprète J'attends l'homme, version française de She's a Lady de Tom Jones[5].
Dans la décennie qui suit, les 45 tours s'enchaînent, avec nombre de titres composés et écrits par elle-même ou en collaboration :
- Delta Queen (1972) (reprise de Terry Wassenberg),
- Harlem Song (1973) (reprise du Balayeur de Harlem du groupe Lover's Love, écrite par Michel Kricorian et Miroslav Konacny),
- Shalom, dis-moi shalom (1973) (Esther Galil),
- Le temps s'arrête sur la maison (1973) (Esther Galil),
- On est fait pour vivre ensemble (1974) (écrite par Eddy Marnay),
- Le Cri de la terre (1974)(avec Lita Fressange),
- Ma vérité (1975) (Esther Galil),
- Apprends-moi à t'aimer (1976) (Esther Galil),
- Bossana (version originale française) (1976) (avec Philippe Alecky),
- Route number infini (1977) (avec Giancarlo Bigazzi, Gianni Bella),
- Lover For Ever (1978) (avec Jeremy Badiale),
- All Or nothing (1979) (Esther Galil),
- Les mots qui fâchent (1980) (Esther Galil),
- En dehors du blues (1981) (avec Bob Decout).
Reflux de notoriété
Avec l'arrivée des années 1980, les idoles de la décennie précédente passent de mode[6] et voient leur carrière s'étioler. Esther Galil tente un retour en 1983 avec Si la vie est cadeau, reprise de la chanson du concours Eurovision interprétée par Corinne Hermès, puis avec Interdit par la loi (1988), extrait de la bande originale du film de Gérard Vergez, Deux minutes de soleil en plus, sorti en 1987[5].
Exil californien
Esther Galil s'installe à Los Angeles, dans le quartier, très prisé des artistes, de Laurel Canyon. Elle y exerce sa profession de chanteuse et d'auteur-compositeur mais se consacre aussi à la peinture et à la tenue d'expositions.
En 1991, le jeune et futur animateur audiovisuel Benjamin Castaldi, parti aux États-Unis tenter sa chance comme producteur, se laisse persuader par un faux imprésario d'Esther Galil de relancer la carrière de la chanteuse, projet dans lequel il engloutit ses économies. Il rentre à Paris en 1993 « une main devant, une main derrière »[13] - [14].
En 2004, Esther Galil participe à la Rose d'Or 2004 à l'Olympia aux côtés de Christian Delagrange[15].
En 2005, elle interprète, en anglais, la chanson We Have a Dream en hommage à Martin Luther King.
À partir de 2006, elle participe au mouvement pacifiste opposé à la guerre contre Irak avec sa vidéo Dirty War, mise en ligne sur le site Living with War Today du chanteur américano-canadien Neil Young[3].
Elle se produit à plusieurs reprises sur la scène du club de blues Harvelle's à Santa Monica et sur celle du nightclub Mint à Los Angeles le 27 décembre 2007[16].
En février 2008, à l'initiative d'admirateurs français, deux concerts sont organisés à Liancourt dans l'Oise. Elle y présente l'album Dirty War, sous forme de questions-réponses entrecoupées des morceaux de celui-ci[6].
En 2010, elle est primée au festival du film de Los Angeles pour la composition musicale du film d'Evan York, 7 Weaks[16].
En 2012, une exposition de ses œuvres se tient dans différentes galeries de peinture de Los Angeles.
Retour sans lendemain
Le , dans l'espoir de refaire carrière en France et de séduire les deux générations qui ont suivi la sienne, elle participe, sur TF1 aux auditions en aveugle de la deuxième saison de l'émission The Voice, la plus belle voix, en reprenant son grand succès de 1971, Le jour se lève. Sa prestation ne convainc guère les jurés dont aucun — pas même Garou, qui en 2012 avait reçu le prix de « La chanson de l'année » de TF1 pour sa reprise de cette chanson — ne reconnaît la chanteuse et se retourne. Après l'audition, Garou déclare ne pas s'être retourné car la reprise lui semblait trop semblable à l'original. Esther Galil ne participera donc pas à The Voice 2[17] - [18] - [19].
En 2014, Universal Records choisit Le Jour se lève pour faire partie de « Légendes françaises », compilation des meilleurs chansons françaises.
Le , elle participe, à Chalon-sur-Saône, au concert On a toujours 20 ans, aux côtés de Didier Barbelivien, Jean-Luc Lahaye, Linda De Suza, Jean-Jacques Debout[20].
Accueil critique
En juillet 1972, le journaliste rock Jean-Paul Commin, qui s'emploie à séparer le bon grain de l'ivraie dans la rubrique Pop France de la revue Best, qualifie Esther Galil de « n'importe quoi », qualificatif dont il gratifie également les Poppys[21].
Dans son livre Yé-Yé Girls of '60 French Pop, Jean-Emmanuel Deluxe classe Esther Galil, aux côtés de Patricia et Nicoletta, dans la catégorie des « chanteuses qui chantent à pleins poumons et font exploser les tympans »[22].
Discographie
Esther Galil a publié deux 33 tours, un CD et de nombreux 45 tours et singles.
45 tours, singles
1966 : (sous le nom de Jackie Galil) Oh ! Non/Tu croyais (Monde Melody MM 4571) |
1969 : (sous le nom de Jackie Galil) New Costume / תחפושת חדשה (CBS Israel 3689) |
1971 : J'attends l'homme/Pour Gagner (Barclay 61.423L) |
1971 : Le jour se lève / Je t'aime à mort (Barclay 61.468L) |
1971 : Oh Lord / Ima (Barclay 61.513L) |
1972 : Les fusils / L'amour n'a pas de signe (Barclay 61.571 J) |
1972 : Amour ma délivrance / Ma liberté (Barclay 61.657 J) |
1972 : Delta Queen / Conquistador (Barclay 61.682 J) |
1973 : Shalom, dis-moi shalom / Cœur de pierre (Barclay 61.733) |
1973 : Cherche l'amour / Non, pas lui (Barclay 61.811) |
1973 : Das Mädchen, das dich liebt / Sonja, komm zurück (Barclay 61 850) |
1973 : Harlem Song / Le temps s'arrête sur la maison (Barclay 61.875) |
1974 : On est fait pour vivre ensemble / Bla, bla, bla (Barclay 62.054) |
1975 : Le Cri de la Terre / Cha cha Rock (Barclay 62.106) |
1975 : Ma vérité / Délivre-moi (Barclay 62.148) |
1975 : With You / You Keep Me Hanging On (Barclay Espagne SN 90045) |
1976 : Z. Land / Je m'en vais (Barclay 62 222) |
1976 : Je m'en vais / Apprends-moi à t'aimer (Barclay 62 239) |
1976 : Bossana (version originale française) / Pas de question (Barclay 62 312) |
1976 : Bossana / White Tears (Barclay Canada 30 032) |
1977 : Route number infini / Demain matin (Barclay 62 326) |
1978 : Lover For Ever / Good Time (Sonopresse E. M. G. 2S 00861444) |
1979 : All Or Nothing / Let's Go (Sonopresse 2S 00816671) |
1980 : Les mots qui fâchent / Super nova (Delove/Frassbee International LOV/1 47002) |
1981 : En dehors du blues / Rêve de départ (RCA Victor PB 8762) |
- 1983 : Si la vie est cadeau (musique : Jean-Pierre Millers, paroles : Alain Garcia)
- 198? : Le jour se lève / Je t'aime à mort (Barclay, série Souvenirs)
1988 : Interdit par la loi (extrait de la B.O. du film de Gérard Vergez Deux minutes de soleil en plus (Carrere CA 171 14 416) |
- 2005 : El Mektoub (musique, paroles : Esther Galil) (Melody)
- 2014 : Compilation des tubes d'Esther Galil (plates-formes de téléchargement)
CD
- 1996 : Call me
Participation diverses
- 1983 : apparaît sous l'intitulé double « Esther Bouganim / Esther Galil » sur le disque Destination nulle part de Sabrina Lory (chez Philips / Phonogram).
- 1984 : apparaît sur deux titres de la B. O. du film Les Fauves de Jean-Louis Daniel, J'pense à toi et Noir et blanc, composés par Philippe Servain, disque Carrere 66119.
- 2006 : chante Interdit par la loi dans Femmes de mes années 80 (French Ladies of the 80's), compilation (Believe / Musiques & Solutions).
Reprises de ses chansons
Divers artistes ont repris des chansons d'Esther Galil :
- Le jour se lève, par Nicoletta, Jalane, Les Enfoirés, Julie Pietri (album Lumières), Chimène Badi (en 2011), Patricia Kaas (album Kabaret) et Garou en 2012.
- Shalom, dis-moi Shalom, en 1974 par l'artiste italienne Giovanna en face B de son 45 tours Malata D'Allegria / Shalom Shula Shalom.
Récompenses
- 1971 : primée à la Rose d'or d'Antibes, en troisième position après Gérard Lenormand et Marie[23] - [24].
- 2010 : primée au festival des films internationaux de Los Angeles pour la composition musicale du film du réalisateur américain Evan York, 7 Weaks[16].
Filmographie
- 1972 : Pour une pomme, téléfilm français réalisé par Claude Barrois et Jean-Marie Périer.
Expositions
- 2012 : Exposition de ses œuvres dans différentes galeries de peinture de Los Angeles.
Notes et références
- (BNF 14179795)
- Alain-Guy Aknin, Mike Brant - Le Chant du désespoir, auto-édité, s. d., 138 p. : « L'équipée est belle, entre un Gilbert tout auréolé du succès de The Fool et une Esther en pleine apothéose avec Le Jour de lève, dont la présence l'apaise. Elle est, en effet, une enfant d'Israël, dont la famille habite toujours Haïfa. Elle a travaillé dans un kibboutz et a fait partie du Grand Music-Hall de Jonathan Karmon ; ils ont de nombreux points communs et cela crée entre eux un climat de fraternité propre à mettre entre parenthèses les angoisses et les douleurs. Il aime rire avec celle en qui il voit une sorte de petite sœur (...) ».
- Biographie Esther Galil, nostalgie.fr.
- Le face à face SLC. Portraits croisés de deux stars au sommet. Nicoletta / Esther Galil, dans Salut les copains, 1959-1976. La fabuleuse histoire des années SLC, CD Collector édition illustrée, Polygram Editions, 2013, pp. 16-17 (janvier-juin 1971) : « Sous le nom de Jackie Galil, elle avait déjà été remarquée par les gens du métier. »
- Esther Galil, Bide&Musique.
- Par Antoine Hasbroucq Le 7 février 2008 à 00h00, « Le retour d'Esther Galil, l'étoile des années 1970 », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Benjamin Castaldi, Soisic Belin, Pour l'instant, tout va bien, L'Archipel, 2015, 140 p., chap. 5 (Le producteur arrosé) - « Esther Galil, interprète d'un seul et unique tube mais colossal : « Le jour se lève ». »
- Le jour se lève - Esther Galil, hitparade.net.
- Ventes de 45 Trs SP et 45 Trs EP en France (retours déduits) en 1971.
- Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Edition, 2018, 288 pages (livre électronique Google, n. p.) ; « Pour la première fois il (Michel Sardou) passe en vedette, offrant sa première partie au duo comique Les Frères ennemis et à la jeune chanteuse Esther Galil (Le jour se lève) qui le suivra en tournée en février et mars 1972 avec Carlos et Pierre Groscolas (...) ».
- Frédéric Quinonero, Johnny – La vie en rock, L'Archipel, 2004, 773 p. (livre électronique Google, n. p.) : « Au cinéma Le Podium de Liège où il chante le 19 décembre – avec Esther Galil (Le jour se lève) en avant-programme – Johnny Hallyday se rebelle face à un bataillon de policiers par trop zélés ».
- Guy Delœuvre, Mike Brant: Aimer, Independently Published, 2018, 147 pages : « À cette époque, il (Mike Brant) part en tournée avec Esther Galil, avec qui il noue une grande amitié ».
- Raphaël Garrigos, En vitrine : Castaldi, le complexe du type, Libération, Médias, 3 septembre 2003.
- Claire Domenech, Benjamin Castaldi, victime d'une arnaque à 19 ans, a perdu une grosse partie de son héritage, capital.fr, 8 février 2022.
- Concert de Christian Delagrange au profit des malvoyants à Chefchaouen, libe.ma (Libération Maroc), 13 octobre 2011.
- Mark Marty, Esther Galil biographie, staragency, s. d.
- Samia Mehidi, Replay The Voice : les temps forts du 9 mars 2013, tf1.fr, 9 mars 2013.
- Laura Cerrada, The Voice : Esther Galil recalée sur sa propre chanson, 7sur7, 10 mars 2013.
- Esther Galil ne participera pas à The Voice 2, infocinemusic, 15 mars 2013.
- Pour la chanteuse Esther Galil le jour se lèvera et dévoilera le bonheur suprême à Chalon le 19 mai, propos recueillis par Michel Poiriault, info-chalon.com, 18 mai 2017.
- J.-P. Commin, Pop France, Best, No 48, juillet 1972, p. 97.
- (en) Jean-Emmanuel Deluxe, Yé-Yé Girls of '60 French Pop, Feral House, 2013, 256 p. (livre électronique Google, n. p.) : « The "full-lung, ear-scorching singers": Patricia, Nicoletta, Esther Galil. ».
- (en) Mike Hennesey, The Songs of France, dans Spotlight on France / Pleins feux sur la France, Billboard, July 8, 1972 : « the Esther Galil hit, "Le Jour se lève", from last year's Rose de (sic) d'Or Song Festival. »
- La Rose d'Or, une fabuleuse histoire, festival-rosedor.fr ; « 1971 / Gagnants / Gérard LENORMAN "Il" et "Rien n’est plus beau" / MARIE "Soleil" / Esther GALIL "Le jour se lève" / Gérard PALAPRAT "Fais-moi un signe" ».
Liens externes
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