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Hydroxychloroquine

L’hydroxychloroquine (HCQ) est un mĂ©dicament (commercialisĂ© sous forme de sulfate d'hydroxychloroquine, par Sanofi sous les noms de marque Plaquenil/Quensyl/Plaquinol, et d'autres producteurs sous le nom d'Axemal et Dolquine) indiquĂ© en rhumatologie dans le traitement de la polyarthrite rhumatoĂŻde et du lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© pour ses propriĂ©tĂ©s anti-inflammatoires et immunomodulatrices[2]. Elle est inscrite sur la liste des mĂ©dicaments essentiels de l'OMS. En 2020, cette molĂ©cule est Ă©galement le sujet de recherches dans le contexte de la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2.

Hydroxychloroquine
Image illustrative de l’article Hydroxychloroquine
Image illustrative de l’article Hydroxychloroquine
structure canonique de l'hydroxychloroquine (en haut) et animation de la structure de la (R)-hydroxychloroquine (en bas)
Identification
Nom UICPA (RS)-2-[{4-[(7-chloroquinolin-4-yl)amino]pentyl}(Ă©thyl)amino]Ă©thanol
No CAS 118-42-3 (R/S)
No ECHA 100.003.864
Code ATC P01BA02
DrugBank DB01611
PubChem 3652
ChEBI 5801
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C18H26ClN3O [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 335,872 ± 0,019 g/mol
C 64,37 %, H 7,8 %, Cl 10,56 %, N 12,51 %, O 4,76 %, 335,18 unité de masse atomique unifiée
Données pharmacocinétiques
Métabolisme rénal
Demi-vie d’élim. 1 Ă  2 mois
Excrétion

urinaire

Considérations thérapeutiques
Voie d’administration Orale
Grossesse D (Au), C (États-Unis)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Histoire

Les propriétés fébrifuges et antipaludéennes de l'écorce amÚre de l'arbuste quinquina originaire d'Amérique du Sud sont connues en Europe au XVIIe siÚcle. En 1820 les pharmaciens français Caventou et Pelletier isolent l'amer ou alcaloïde qui en est le principe actif, auquel ils donnent le nom de quinine. En 1934, un chimiste allemand, Hans Andersag, synthétise la chloroquine, un dérivé de la quinoléine, le noyau aromatique de la quinine.

Dans les années 1960, en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires, la chloroquine et l'hydroxychloroquine sont prescrites, notamment en rhumatologie.

TrĂšs utilisĂ©es Ă  titre prĂ©ventif par les voyageurs, les fonctionnaires et les soldats qui se rendent dans des pays oĂč sĂ©vit le paludisme et certaines infections tropicales, la quinine Ă©tait consommĂ©e couramment dans des sodas « Ă  base d'Ă©corce amĂšre de quinquina » comme la version primitive de l'Indian Tonic de Schweppes.

En 2020, en raison de propriĂ©tĂ©s anti-virales in vitro, l'intĂ©rĂȘt de l'hydroxychloroquine est Ă©tudiĂ©, notamment chez les patients en dĂ©but d'infection par le coronavirus SARS-CoV-2.

La chloroquine et l'hydroxychloroquine sont commercialisées en France sous forme de sulfates, respectivement sous les marques Nivaquine et Plaquenil.

L'hydroxychloroquine était délivrée sans ordonnance jusqu'en janvier 2020[3].

Caractéristiques physico-chimiques

L'hydroxychloroquine est chimiquement apparentĂ©e Ă  deux autres antipaludĂ©ens : la quinacrine et la chloroquine. Elle partage avec cette derniĂšre une structure de type 4-amino-quinolĂ©ine et ne diffĂšre que par un groupe hydroxyle (OH) en bout de chaĂźne. Elle se prĂ©sente Ă©galement sous la forme de deux Ă©nantiomĂšres car elle est chirale. En effet, l'atome de carbone en α de l'amine et qui porte un substituant mĂ©thyle est asymĂ©trique, comme dans la chloroquine. Les diffĂ©rences dans les propriĂ©tĂ©s pharmacologiques de chaque Ă©nantiomĂšre de l'hydroxychloroquine sont vraisemblablement du mĂȘme ordre que celles observĂ©es avec la chloroquine.

Le sulfate d'hydroxychloroquine est une poudre cristalline blanche blanchĂątre, soluble dans l'eau, presque insoluble dans l'alcool, le chloroforme et l'Ă©ther[4].

Pharmacocinétique et métabolisation

L'hydroxychloroquine a une pharmacocinĂ©tique proche de celle de la chloroquine : absorption gastro-intestinale rapide, Ă©limination par les reins. Une fois dans le tractus digestif, la molĂ©cule passe facilement dans le sang pour atteindre son taux plasmatique maximal en 1 Ă  2 heures (taux qui persistera en raison d'une forte liaison aux protĂ©ines plasmatiques)[5]. La molĂ©cule a ensuite un tropisme marquĂ© pour le foie et le rein, et moindrement l'Ɠil. Elle passe la barriĂšre placentaire (« les concentrations sanguines chez le fƓtus sont similaires aux concentrations sanguines maternelles »[5] (on la retrouve aussi en faible quantitĂ© dans le lait maternel)[5].

Métabolisation : la molécule est directement (mais trÚs lentement) éliminée par le rein ou préalablement métabolisée par alkylation et glycuroconjugaison en N-déséthyl-hydroxychloroquine grùce à des enzymes du cytochrome P450 (CYP2D6, 2C8, 3A4 et 3A5)[6] - [7].

Indications en clinique

Hydroxychloroquine
Informations générales
Princeps Plaquenil (d)
Classe 4-amino-quinoléine
Forme comprimé pelliculé
Administration orale
Sels sulfate
Laboratoire Sanofi (Plaquenil)
Statut légal
Statut légal Liste II (France)
Remboursement 65 % (France) / Oui (Suisse)
Identification
No CAS 118-42-3
No ECHA 100.003.864
Code ATC P01BA02
DrugBank 01611

Paludisme

Initialement utilisé dÚs 1955[8] dans le traitement du paludisme, il ne l'est plus aujourd'hui en raison du développement de résistances chez le Plasmodium, parasite responsable du paludisme.

L'hydroxychloroquine Ă©tait initialement utilisĂ©e[9] comme une alternative moins toxique Ă  la chloroquine, sans ĂȘtre efficace contre les formes latentes de Plasmodium vivax et Plasmodium ovale (dites « hypnozoĂŻtes » : causes de rechutes tardives). En 2020, elle n'est plus recommandĂ©e pour la prĂ©vention ou prise en charge du paludisme dans le Sahel par l'OMS[10] - [11], ni pour le « paludisme d’importation » en France par la SociĂ©tĂ© de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) (2017)[12], et ne figure plus pour cet usage dans la Base de donnĂ©es française des mĂ©dicaments[5]. Son usage comme antipaludĂ©en est parfois remplacĂ© au profit notamment de composĂ©s contenant entre autres de l'artĂ©misinine (avec certaines restrictions[13] - [14] - [15]) ou de la mĂ©floquine (malgrĂ© certains effets indĂ©sirables}, mais elle est encore le traitement de choix dans d'autres pays d'Europe, par exemple pour le paludisme non compliquĂ© importĂ© en NorvĂšge[16] et elle reste en 2020 (de mĂȘme que la chloroquine) approuvĂ©s par la FDA « pour prĂ©venir et traiter certains types de paludisme » (paludisme non compliquĂ© dĂ» Ă  P. falciparum, P. malariae, P. ovale et P. vivax) dans les zones gĂ©ographiques oĂč la rĂ©sistance Ă  la chloroquine n'est pas signalĂ©e. Le NIH recommande aux mĂ©decins de consulter le site Web du CDC sur la malaria[17] avant de prescrire ce mĂ©dicament pour le traitement ou la prophylaxie du paludisme.

Rhumatologie

Dans le lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© (ou systĂ©mique) elle permet de maintenir la rĂ©mission et amĂ©liore les manifestations cutanĂ©es, articulaires et autres[18]. L'hydroxychloroquine rĂ©duit la morbiditĂ© nĂ©onatale chez les femmes atteintes de lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© (moins de bĂ©bĂ©s prĂ©maturĂ©s et anormalement petits)[19], comme immunomodulateur, Ă  des doses plus Ă©levĂ©es (200–400 mg/j) que contre le paludisme[20]. Les autres indications en rhumatologie incluent :

  • porphyria cutanea tarda (en) et

Mais aussi les troubles articulaires infectieux :

L'hydroxychloroquine a un effet immunomodulateur Ă©tudiĂ© depuis les annĂ©es 1960[21] ; elle augmente[22] le pH lysosomial dans les cellules prĂ©sentatrices d'antigĂšne. En conditions inflammatoires, elle bloque les rĂ©cepteurs de type Toll des cellules dendritiques plasmacytoĂŻdes. Les rĂ©cepteurs de type Toll 9 conduisent Ă  la production d'interfĂ©ron et poussent les cellules dendritiques Ă  mĂ»rir et Ă  prĂ©senter des antigĂšnes aux lymphocytes T. L'hydroxychloroquine, en diminuant les signaux des rĂ©cepteurs de type Toll, rĂ©duit l'activation des cellules dendritiques et le processus inflammatoire. Dans un modĂšle murin (rat) d'arthrite, cette molĂ©cule testĂ©e comme immunomodulateur a aussi eu un effet antioxydant. Et pour les neutrophiles humains, elle semble rĂ©duire la concentration d'oxydants externes tout en diminuant la phosphorylation de la protĂ©ine kinase C, ce qui pourrait ĂȘtre l'une des explications de son effet anti-inflammatoire encore mal compris[23].

Dermatologie

L'hydroxychloroquine est indiquée en prévention des lucites (une forme d'allergie solaire)[24].

LĂ©gislation

L'hydroxychloroquine est inscrite sur la liste des médicaments essentiels de l'OMS pour son utilisation en rhumatologie[25].

En France, l'hydroxychloroquine est classĂ©e substance vĂ©nĂ©neuse sous toutes ses formes depuis l'arrĂȘtĂ© du signĂ© par le Directeur GĂ©nĂ©ral de la SantĂ© JĂ©rĂŽme Salomon. Le 8 octobre 2019 l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM) demande un avis Ă  l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui rend son avis en date le [26]. Il rejoint l'avis de l'ANSM et porte l'hydroxychloroquine sur la liste II des substances vĂ©nĂ©neuses (mĂ©dicaments comprenant des substances toxiques)[27].

La molĂ©cule est aussi utilisĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, notamment pour les chiens[28] - [29] - [30]. En France, « Cette substance active n’entre pas dans la composition de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires autorisĂ©s, son classement est donc sans impact en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire[31]. »

Contre-indications, interactions, effets secondaires

L'Ă©tiquetage du mĂ©dicament mentionne notamment que l'hydroxychloroquine ne doit pas ĂȘtre prescrite aux personnes prĂ©sentant une hypersensibilitĂ© connue aux composĂ©s de la 4-amino-quinolĂ©ine[18]. D'autres contre-indications existent[32] :

Des médicaments interagissant négativement avec l'hydroxychloroquine sont déconseillés, à éviter ou à doser différemment, dont :

Effets indésirables et toxicité

L'hydroxychloroquine est un mĂ©dicament Ă  marge thĂ©rapeutique Ă©troite (hautement toxique en cas de surdose)[33]. À dose Ă©gale et Ă  propriĂ©tĂ©s pharmacologiques comparables, elle est cependant rĂ©putĂ©e 2 Ă  3 fois moins toxique que la chloroquine (selon le modĂšle animal)[36] - [37] - [38], mais avec des consĂ©quences semblables en termes d’organes ou fonctions physiologiques affectĂ©s. Certaines sont expliquĂ©es depuis les annĂ©es 1940[39] et d'autres encore mal comprises. « Non toxique, le Plaquenil a des effets secondaires tout Ă  fait supportables, mĂȘme pour les patients fragiles et ĂągĂ©s » explique Guillaume Robert de l'INSERM . Selon l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©, sur la base des effets secondaires de la chloroquine rapportĂ©s, comparĂ©s aux donnĂ©es de ventes (3 987 854 boĂźtes de trente comprimĂ©s dosĂ©s Ă  200 mg vendues en France entre le et le , les donnĂ©es de pharmacovigilance rapportent sur la pĂ©riode (72 mois) 312 cas signalĂ©s pour « au moins un effet indĂ©sirable », soit moins de 0,01 %. Sur ces 312 cas d'effets indĂ©sirables signalĂ©s, 21 (6,7 %) sont des effets cardiovasculaires dont quatre cas d’insuffisance cardiaque, huit cas de cardiomyopathie, huit cas de troubles du rythme au sens large et un cas d'hypertension pulmonaire. Deux cas sont des dĂ©cĂšs (dont un par intoxication mĂ©dicamenteuse chez un sujet prenant en outre six psychotropes[40]).

Le surdosage est la premiÚre cause de problÚmes graves ; et comme la molécule est trÚs vite absorbée, les symptÎmes peuvent survenir dÚs trente minutes aprÚs ingestion : effets visuels et auditifs, gastro-intestinaux, cutanés, cérébraux (somnolence, céphalée) et neuromusculaires (convulsions), sanguins et cardiovasculaires (arythmie, insuffisance cardiaque, etc.), difficultés respiratoires, etc.

Les posologies non-antipaludéennes conduisent souvent à un cumul de doses susceptibles de déclencher une toxicose médicamenteuse[41]. Outre cette dose cumulée, les facteurs de risques sont :

  • l’obĂ©sitĂ©,
  • ĂȘtre enfant[42],
  • avoir plus de 60 ans,
  • avoir une maladie rĂ©tinienne,
  • prendre des mĂ©dicaments interagissant nĂ©gativement avec l’hydroxychloroquine (tamoxifĂšne notamment[43]),
  • souffrir d'insuffisance rĂ©nale ou hĂ©patique (insuffisance causant une accumulation d'hydroxychloroquine dans les tissus, ce qui Ă©quivaut Ă  un surdosage)[44].

Les mĂ©canismes en sont pour partie mal compris, mais pourraient notamment ĂȘtre liĂ©s Ă  des mĂ©tabolites sources d’espĂšces rĂ©actives de l'oxygĂšne[45]. Des protocoles de soins sont dĂ©crits par la littĂ©rature mĂ©dicale[46] - [47].

Effets toxicologiquesDescriptions des effets de l’hydroxychloroquine
(ou de ses dérivés, sulphate, phosphate)
Mort par empoisonnementL’hydroxychloroquine est moins toxique que la chloroquine, ou que la quinine, mais elle est une des premiĂšres causes d'empoisonnement par les antipaludĂ©ens ;
  • une seule surdose importante peut ĂȘtre mortelle[48] ; elle est parfois utilisĂ©e pour des suicides[49], en particulier en Afrique et en France ;
CardiotoxicitéLe traitement (aigu ou chronique) a fréquemment des effets cardiovasculaires potentiellement graves (faisant alors généralement à la suite d'un surdosage) ; comme pour la chloroquine, ils incluent :
  • des cardiomyopathies (parfois mortelles)[50] avec souvent une hypertrophie, physiologie restrictive et insuffisance cardiaque congestive, parfois irrĂ©versibles ; les signes et symptĂŽmes de cardiomyopathie devraient ĂȘtre suivis lors du traitement, dont via outils tels que l'ECG[18] ;
  • l'allongement de l'intervalle QT[51], Torsades de pointe, arythmies ventriculaires, un syndrome tachycardie-bradycardie ou complications cardiaques ; des troubles de la conduction (bloc de branche) du faisceau auriculo-ventriculaire, droit ou gauche et/ou le bloc auriculo-ventriculaire induisant des syncopes ; la toxicitĂ© chronique de la molĂ©cule doit ĂȘtre prise en compte lors du diagnostic de troubles de la conduction (bloc ramifiĂ© / bloc cardiaque auriculo-ventriculaire) ou d'hypertrophie biventriculaire[18]. Selon le fabricant, si une cardiotoxicitĂ© est suspectĂ©e, l'arrĂȘt rapide du mĂ©dicament peut prĂ©venir des complications potentiellement mortelles[18]. Le mĂ©dicament ne doit donc pas ĂȘtre administrĂ© avec d'autres mĂ©dicaments susceptibles de modifier l'intervalle QT.
NeurotoxicitéL'hydroxychloroquine affecte le systÚme nerveux, avec :
  • de possibles neuropathies proximales ou des muscles squelettiques impliquant « une faiblesse progressive et une atrophie des groupes musculaires proximaux »[18] ;
  • une « dĂ©gradation des rĂ©flexes tendineux » ; les patients suivant un traitement chronique doivent faire pĂ©riodiquement Ă©valuer leurs rĂ©flexes tendineux profonds[18] ;
  • une « conduction nerveuse anormale » ; « Les biopsies nerveuses ont Ă©tĂ© associĂ©es Ă  des corps curvilignes et Ă  une atrophie des fibres musculaires avec des changements vacuolaires »[18] ;
  • des effets psychiatriques mineurs (labilitĂ©, nervositĂ©) ; et moins frĂ©quemment des Ă©pisodes psychotiques et neuropsychiatriques sont Ă©ventuellement possibles[52], avec des Ă©ventuels comportements suicidaires (rarement, comme pour la chloroquine[53]). Typiquement, la psychose peut survenir « chez un malade sans antĂ©cĂ©dents psychiatriques » avec « manifestations Ă  type de dĂ©lire, hallucinations, Ă©pisode maniaque, ou dĂ©pression, aprĂšs un dĂ©lai de quelques heures Ă  quarante jours, cĂ©dant en moyenne une semaine aprĂšs l’arrĂȘt des antipaludĂ©ens de synthĂšse. Il n’y a pas de relation entre la dose d’antipaludĂ©ens de synthĂšse administrĂ©e et la survenue de troubles psychiatriques. Les mĂ©canismes de survenue sont inconnus ; il semble s’agir d’une rĂ©action idiosyncrasique »[54]. Une revue d'Ă©tude rĂ©cente (mi-2018) a identifiĂ© comme facteurs de risques la « co-exposition Ă  des mĂ©dicaments en interaction, la consommation d'alcool, les antĂ©cĂ©dents familiaux de maladies psychiatriques, le sexe fĂ©minin et l'utilisation concomitante de glucocorticoĂŻdes Ă  faible dose »[55] ; ces facteurs peuvent « prĂ©cipiter une psychose induite par l'hydroxychloroquine »[55]. Ce risque peut ĂȘtre attĂ©nuĂ© par une dĂ©tection prĂ©coce « Dans certains cas, il a Ă©tĂ© possible d'inverser le comportement psychotique avec le traitement antipsychotique ou avec la suspension de l'hydroxychloroquine »[55]. Le , l'ANSM publie un avertissement concernant des troubles neuropsychiatriques causĂ©s par l'hydroxychloroquine utilisĂ©e comme traitement contre la Covid-19 (psychoses et tentatives de suicide), symptĂŽmes peut-ĂȘtre aggravĂ©s par le confinement et le contexte anxiogĂšne de la pandĂ©mie[56].
  • un syndrome de mouvements involontaires (jusqu’aux convulsions) qui n’est a priori induit qu'en cas de surdosage ;
  • la neuromyopathie (rare mais grave), rĂ©sultant a priori d'annĂ©es de bioacccumulation de la molĂ©cule. Elle peut ĂȘtre proximales ou concerner les muscles squelettiques, avec « faiblesse progressive et une atrophie des groupes musculaires proximaux, des rĂ©flexes tendineux dĂ©primĂ©s et une conduction nerveuse anormale ». La biopsie montre une atrophie des fibres musculaires et des changements vacuolaires[18] ;
NĂ©phrotoxicitĂ©L'administration chronique d'hydroxychloroquine au rat affecte la morphologie et la fonction des cellules rĂ©nales, pouvant induire (mĂȘme Ă  court terme) des nĂ©croses cellulaires (mais moins que dans le cas de la chloroquine : 70 % des rats traitĂ©s Ă  la chloroquine dĂ©veloppent une fibrose tissulaire intersticielle, contre seulement 20 % du groupe traitĂ© Ă  l’hydroxychloroquine)[38].
HépatotoxicitéLe foie accumule l'hydroxychloroquine ;

Ces derniers deviennent anormalement nombreux et gros ; et sont surchargés par du matériel non-digestible[57].

  • Selon Zhao et al. en 2005, la membrane des lysosomes semble aussi se fragiliser en prĂ©sence de chloroquine[58] ;
  • un risque (rare) d'hĂ©patite fulminante existe[5].
Toxicité oculaire
RĂ©tinopathie

La toxicité oculaire de l'hydroxychloroquine concerne deux zones distinctes du globe oculaire :

1) la cornĂ©e : des dĂ©pĂŽts peuvent s’y former en gĂ©nĂ©rant des kĂ©ratopathies vortex ou verticillates cornĂ©ennes. Ces « dĂ©pĂŽts cornĂ©ens », selon Stokkermans (2019) rĂ©sultent d'une liaison entre chloroquine et des lipides des cellules de l'Ă©pithĂ©lium basal de la cornĂ©e[59]. Ils causent des halos et reflets qui parasitent la vision.

En outre le cristallin peut partiellement s'opacifier et le corps ciliaire fonctionne mal ; Ces troubles sont sans rapport avec la posologie et gĂ©nĂ©ralement rĂ©versibles Ă  l'arrĂȘt de l’hydroxychloroquine ;

2) la macula : en cas de rĂ©tinopathie avancĂ©e, elle peut ĂȘtre irrĂ©versiblement dĂ©gradĂ©e (« Des lĂ©sions rĂ©tiniennes irrĂ©versibles ont Ă©tĂ© observĂ©es chez certains patients ayant reçu du sulfate d’hydroxychloroquine » prĂ©cise la notice du Plaquenil[18]) :

  • les cĂŽnes maculaires sont endommagĂ©s Ă  l'extĂ©rieur de la fovĂ©a ; des anomalies de pigmentation maculaire apparaissent ; une lĂ©sion maculaire en « Ɠil de bƓuf » (absente au dĂ©but de l’atteinte) rĂ©duit progressivement de l'acuitĂ© visuelle (remarque : les personnes d'origine asiatique peuvent avoir la rĂ©tine qui se dĂ©grade d'abord Ă  l'extĂ©rieur de la macula ; il leur est recommandĂ© de tester leur champ visuel dans les 24 degrĂ©s centraux au lieu des dix degrĂ©s centraux)[18] ; en phase finale le disque optique devient anormalement pĂąle.
  • des spicules osseux pĂ©riphĂ©riques peuvent se former, avec une mauvaise vascularisation ;
  • la vision nocturne se dĂ©grade, de mĂȘme que le champ visuel ; en cas d'utilisation chronique (5–7 ans ou plus) ou aprĂšs des doses Ă©levĂ©es si le traitement n'est pas stoppĂ© ou adaptĂ©, le sujet peut perdre la vue[60] - [61] - [62] - [63]. La cause serait que l'activitĂ© des lysosomes de l'Ă©pithĂ©lium pigmentaire rĂ©tinien (RPE) est dĂ©gradĂ©e, ce qui inhibe la phagocytose des segments externes des photorĂ©cepteurs Ă©liminĂ©s. S'ensuit une perte irrĂ©versible de photorĂ©cepteurs et une atrophie de cet Ă©pithĂ©lium[64] ;

Facteurs de risque : ils varient selon les auteurs, mais le seuil posologique est généralement estimé de 5 à 6,5 mg/kg de poids corpore/jour de sulfate d'hydroxychloroquine, utilisé sur plus de cinq ans. Le risque augmente en cas de filtration glomérulaire subnormale, et de prise conjointe de citrate de tamoxifÚne (qui présente aussi une toxicité oculaire) ou si une maladie maculaire est concomitante au traitement[18].

(voir détail plus bas dans l'article) ;

DĂ©pistage : il doit ĂȘtre initial en cas de traitement long, puis annuel aprĂšs cinq ans d'utilisation.

(voir détail plus bas dans l'article).

Chez des patients ùgés, pour des traitements non antipaludéens, la posologie recommandée suffit parfois à induire une toxicité oculaire[65] ;

Troubles digestifsLes troubles digestifs sont le symptĂŽme le plus courant (mĂȘme Ă  court terme), avec pour un traitement antipaludĂ©ens : de lĂ©gĂšres nausĂ©es, des crampes d'estomac occasionnelles accompagnĂ©es d'une lĂ©gĂšre diarrhĂ©e[42], des crampes une diminution de l’appĂ©tit, allant Ă©ventuellement jusqu'aux vomissements et Ă  l’anorexie[42].
  • hypoglycĂ©mie, parfois grave et pouvant alors entrainer une perte de conscience et la mise en danger la vie chez les patients « traitĂ©s avec ou sans mĂ©dicaments antidiabĂ©tiques » ; les patients « doivent ĂȘtre avertis du risque d'hypoglycĂ©mie et des signes et symptĂŽmes cliniques associĂ©s. Les patients prĂ©sentant des symptĂŽmes cliniques suggĂ©rant une hypoglycĂ©mie pendant le traitement doivent faire vĂ©rifier leur glycĂ©mie et revoir le traitement si nĂ©cessaire »[18] - [5].
Allergies (et autres effets cutanĂ©s)C'est le trouble le plus frĂ©quent aprĂšs les troubles digestifs. Comme la quinine ou la chloroquine, mĂȘme Ă  faible dose, l’hydroxychloroquine peut induire (dans les 2 Ă  33 jours aprĂšs la premiĂšre prise)[66] :
  • dĂ©mangeaisons, Ă©ruptions cutanĂ©es (de type exanthĂšmes maculopapulaires) et (chez certains patients traitĂ©s pour un lupus) prurit aquagĂ©nique, parfois associĂ© Ă  une urticaire aquagĂ©nique, gĂ©nĂ©ralisĂ©, apparaissant quelques minutes aprĂšs un contact avec l'eau (chaude ou froide) ; d'abord trĂšs intense durant dix minutes environ puis disparaissant en quelques heures ; le prurit aquagĂ©nique apparaissant de une Ă  trois semaines aprĂšs le dĂ©but du traitement[67] ; en dĂ©but de traitement, un Ă©rythĂšme gĂ©nĂ©ralisĂ© fĂ©brile associĂ© Ă  des pustules suggĂšre une pustulose exanthĂ©matique aiguĂ« gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui en France « impose l’arrĂȘt du traitement et contre-indique toute nouvelle administration »[5] ;
  • photosensibilisation ;
  • acnĂ© ;
  • changements de couleur de la peau (pĂąleur due Ă  l’anĂ©mie et/ou hyperpigmentation localement ardoisĂ©e, en cas de traitement chronique (par exemple d'un lupus ou d'une polyarthrite rhumatoĂŻde) aprĂšs une durĂ©e mĂ©diane de traitement de 6,1 ans et une dose cumulĂ©e de 720 g[68]) et/ou changement de couleur des cheveux) avec parfois desquamation, cloques dans la bouche et autour des yeux[42] (comme pour le traitement Ă  la chloroquine[69]) ;
  • perte de cheveux (plus courantes chez les noirs africains (70 % des cas) moins frĂ©quentes avec les autres type de peau[70] ;
  • Ă©osinophilie rarement, ou autres symptĂŽmes systĂ©miques[66] ;
  • le risque d'allergies et leur intensitĂ© augmentent avec la charge parasitaire paludisme et/ou avec l’ñge ; et il croĂźt en pĂ©riode de fiĂšvre paludĂ©enne ;
  • angio-ƓdĂšme et bronchospasme[5] ;
  • une base gĂ©nĂ©tique pourrait ĂȘtre liĂ©e au fait que la chloroquine se lie aux rĂ©cepteurs opiacĂ©s de maniĂšre centrale ou pĂ©riphĂ©rique ;
  • le psoriasis et la porphyrie sont parfois fortement exacerbĂ©s par cette molĂ©cule[42] qui ne devrait pas ĂȘtre utilisĂ© chez ces patients « sauf si, de l'avis du mĂ©decin, le bĂ©nĂ©fice pour le patient l'emporte sur le danger Ă©ventuel » d’aprĂšs la notice du mĂ©dicament[18].

Nota : divers protocoles de dĂ©sensibilisation prolongĂ©e aux allergies Ă  l'hydroxychloroquine ont Ă©tĂ© proposĂ©s[66] ; ils durent 4 Ă  36 jours et visent plutĂŽt des allergies lĂ©gĂšres Ă  modĂ©rĂ©es, un cas de dĂ©sensibilisation accĂ©lĂ©rĂ©e en cinq heures, sous surveillance mĂ©dicale, a Ă©tĂ© dĂ©crit[66]. Un autre, deux Ă©tapes et via des prises orales, s'est montrĂ© efficace chez douze de treize patients l'ayant testĂ©[71]. Ils peuvent amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des patients modĂ©rĂ©ment allergiques et rĂ©duire les non-observances du traitement pour cause d'allergie[72] - [71].

ToxicitĂ© cellulaireLa chloroquine se rĂ©parti dans tout le corps mais cible particuliĂšrement certaines cellules (de l’Ɠil, dans la rĂ©tine et la cornĂ©e) ou elle se concentre dans le foie ou le rein chargĂ©s de dĂ©toxiquer l'organisme[42].
OtotoxicitéLe risque de troubles de l'audition augmente (comme sous chloroquine), avec principalement des acouphÚnes[42] et des vertiges voire une surdité[5].
GĂ©notoxicitĂ©, cancĂ©rogĂ©nicité« La chloroquine est (en France) inscrite sur la liste II des substances vĂ©nĂ©neuses [
] par arrĂȘtĂ© du . »

Selon la Base française de donnĂ©es publique du mĂ©dicament[73] (version ), « Les donnĂ©es disponibles sur la gĂ©notoxicitĂ© de l’hydroxychloroquine sont limitĂ©es, par consĂ©quent les donnĂ©es de la chloroquine ont Ă©tĂ© prises en compte en raison de la similitude de structure et des propriĂ©tĂ©s pharmacologiques des deux molĂ©cules. Les donnĂ©es issues de la littĂ©rature ont montrĂ© un potentiel gĂ©notoxique de la chloroquine in vitro et in vivo. Aucune Ă©tude pertinente de cancĂ©rogĂ©nicitĂ© n’a Ă©tĂ© fournie pour l’hydroxychloroquine ou la chloroquine. Chez l’Homme, les donnĂ©es sont insuffisantes pour Ă©carter un risque augmentĂ© de cancer chez les patients recevant un traitement au long cours »[5] ;

ReprotoxicitĂ©Elle est encore discutĂ©e. En France, selon la fiche Plaquenil de la base de donnĂ©es publique du mĂ©dicament (version ) « en raison du potentiel gĂ©notoxique de la chloroquine, les hommes et les femmes en Ăąge de procrĂ©er doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à huit mois aprĂšs l’arrĂȘt du traitement ». De mĂȘme, la chloroquine ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e pendant la grossesse »[5].

Doses toxiques pour l'homme

La dose toxique pour l'homme est de 400 mg/j (ou 6,5 mg/kg de poids corporel idĂ©al) en traitement long[44], c'est-Ă -dire aprĂšs cinq ans, ou Ă  la suite d'une dose cumulĂ©e d'un kilogramme[74] Ă©tait considĂ©rĂ© comme la dose sĂ»re en termes de toxicitĂ© oculaire pour un adulte moyen, mais il est apparu que la toxicitĂ© de l'hydroxychloroquine n’est pas dose-dĂ©pendante mais plutĂŽt liĂ©e Ă  la dose cumulĂ©e totale, et Ă  la durĂ©e du traitement[74]. Selon le modĂšle animal, toutes les couches de la rĂ©tine sont endommagĂ©es, mais les cĂŽnes et bĂątonnets le sont le plus[75].

Des preuves rĂ©centes plaident pour une toxicitĂ© rĂ©tinienne plus Ă©levĂ©e qu’on le pensait. La prĂ©valence d'effets toxiques rĂ©tiniens serait en moyenne en CorĂ©e du Sud de 2,9 % pour les traitements rhumatologiques[76], mais de 7,5 % au Royaume-Uni pour les traitements non paludĂ©ens de long terme, et selon la dose cumulĂ©e, elle y augmente de 20 Ă  50 % aprĂšs vingt ans de traitement (Ă©tude basĂ©e sur 2 361 patients). Au Royaume-Uni, le Royal College of Opthalmologists a produit un formulaire de rĂ©fĂ©rence rĂ©cent et des lignes directrices (depuis 2018) aidant les mĂ©decins Ă  identifier les patients Ă  haut risque et nĂ©cessitant un dĂ©pistage rĂ©tinien approfondi[77]. La dose est Ă  ajuster au poids du patient[78], Ă  partir d'algorithmes ad hoc et de calculateurs[44] - [78], mais selon l'algorithme, les rĂ©sultats diffĂšrent ; les femmes, moins lourdes que les hommes, sont exposĂ©es au surdosage (vers 2010, 16 % Ă  98 % d'entre elles Ă©taient dans la plage toxique et 12 %–56 % des patients des États-Unis Ă©taient surdosĂ©s)[79] - [80] - [81] - [44].

Remarque : certaines cellules de l’Ɠil concentrent la molĂ©cule ; y compris in utero (si la mĂšre est traitĂ©e par de la chloroquine)[82] - [83].

Prévention, dépistage des effets secondaires

Le dĂ©pistage porte sur la qualitĂ© de la vision (vision floue, difficultĂ© Ă  concentrer le regard) et du champ visuel[84] - [85]. DĂšs qu'une anomalie rĂ©tinienne est dĂ©tectĂ©e, un examen ophtalmologique approfondi est recommandĂ©[18]. L'examen annuel doit inclure BCVA, VF et SD- OCT (et l'Ă©lectrorĂ©tinogramme multifocal (mfERG), la tomographie Ă  cohĂ©rence optique dans le domaine spectral (SD-OCT) ainsi que l'autofluorescence du fond d'Ɠil (FAF), peuvent ĂȘtre plus prĂ©cis que la simple Ă©valuation des champs visuels[78]). « Les tests de grille Amsler ne sont plus recommandĂ©s. Les examens du fond d'Ɠil sont conseillĂ©s pour la documentation, mais la « maculopathie Ă  Ɠil de bƓuf » visible est un changement tardif, et l'objectif du dĂ©pistage est de reconnaĂźtre la toxicitĂ© Ă  un stade plus prĂ©coce »[78]. Pour les autres patients, ce rythme d’examen peut commencer aprĂšs cinq ans de traitement[18]. L'hydroxychloroquine ayant une « demi-vie particuliĂšrement longue »[86], notamment dans l’Ɠil, mĂȘme aprĂšs un arrĂȘt du traitement justifiĂ© par une toxicitĂ© oculaire « le patient doit ĂȘtre Ă©troitement surveillĂ© Ă©tant donnĂ© que les modifications de la rĂ©tine (et les troubles visuels) peuvent progresser mĂȘme aprĂšs l'arrĂȘt du traitement ». Les recommandations de l'American Academy of Ophthalmology pour le dĂ©pistage de la rĂ©tinopathie Ă  la chloroquine (CQ) et Ă  l'hydroxychloroquine (HCQ) ont Ă©tĂ© publiĂ©es en 2002 les outils et connaissances ont Ă©voluĂ© depuis, mais en 2020 selon cette acadĂ©mie : « Aucun traitement n'existe encore pour ce trouble [
] Les patients doivent ĂȘtre conscients du risque de toxicitĂ© et de la justification du dĂ©pistage (pour dĂ©tecter les changements prĂ©coces et minimiser la perte visuelle, pas nĂ©cessairement pour l'Ă©viter). Les mĂ©dicaments doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s si possible lorsque la toxicitĂ© est reconnue ou fortement suspectĂ©e, mais il s'agit d'une dĂ©cision Ă  prendre en collaboration avec les patients et leurs mĂ©decins »[78].

Traitement du surdosage ou de l'intoxication par hydroxychloroquine

Tout surdosage en amino-4-quinolĂ©ine est grave, notamment chez les nourrissons (chez qui 1 Ă  2 g suffisent parfois Ă  provoquer la mort)[5].

Une intoxication avĂ©rĂ©e par hydroxychloroquine impose une prise en charge prĂ©-hospitaliĂšre urgente (SAMU ou autre service mobile d’urgence). Avant l'arrivĂ©e d'une ambulance, une perfusion IV avec une solution de remplissage peut ĂȘtre posĂ©e. À partir de g supposĂ©s ingĂ©rĂ©s ou en cas d'hypotension (et/ou de signes ECG), les mesures prĂ©conisĂ©es sont l'injection d'adrĂ©naline (0,25 Â”g kg−1 min−1) ; l'intubation et ventilation assistĂ©e ; le diazĂ©pam (mg/kg en 30 min, puis 2 Ă  4 mg/kg par 24 heures). Une suspicion d'intoxication exige aussi une hospitalisation (quelle que soit la quantitĂ© estimĂ©e ingĂ©rĂ©e)[5].

En cas d’intoxication, ni l’acidification des urines, ni l’hĂ©modialyse, ni la dialyse pĂ©ritonĂ©ale ni mĂȘme l'exsanguinotransfusion n’apportent de bĂ©nĂ©fice (l'hĂ©modialyse n'Ă©limine que trĂšs lentement l’hydroxychloroquine ; la clairance de dialyse reprĂ©sente 15 % de la clairance totale)[5].

Production

Fin 2020 (20 décembre), l'usine de Taoyuan de la SCI Pharmtech, l'un des premiers producteurs de précurseurs de médicaments, et en particulier de sulphate d'hydroxychloroquine à Taiwan a connu une explosion et un grave incendie (un mort et un blessé) ; il a fallu 45 h pour maitriser le feu qui s'était étendu à 5 autres usines de la zone industrielle. Il n'y a pas de risque de pénurie d'hydroxychloroquine grùce à d'autres usines fabricant aussi ce produit[87].

Utilisation contre la Covid-19

L'utilisation de l'hydroxychloroquine contre la Covid-19 est suggérée début 2020 par le compte-rendu d'une réunion d'officiels chinois, puis par l'infectiologue français Didier Raoult (en association à l'azithromycine), ce qui a conduit à son autorisation temporaire à titre dérogatoire dans plusieurs pays et à son utilisation courante dans plusieurs autres pays, notamment en Afrique, en Inde et en GrÚce, pays producteurs de la molécule[88].

En avril 2020, l'ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy et l'urgentiste Patrick Pelloux demandent au gouvernement d'ouvrir la délivrance du médicament à plus de patients atteints du coronavirus, en modifiant « en urgence » le décret qui le réserve aux cas les plus graves[89].

Elle est ensuite Ă©cartĂ©e dans le cadre des soins d'urgence par certains pays, notamment le 15 juin par la FDA aux États-Unis[90], le 26 juin par la CorĂ©e du Sud[91], ainsi que par l'OMS[92] Ă  la suite d'une sĂ©rie de rĂ©sultats nĂ©gatifs ou non probants de diffĂ©rentes Ă©tudes[93] et essais cliniques[94] - [95]. L'OMS prĂ©cise cependant, Ă  l'Ă©poque, que les Ă©tudes visant les patients non hospitalisĂ©s, ou la prise d'hydroxychloroquine en prĂ©vention, ne sont pas interrompues[96] mais en mars 2021 elle dĂ©conseille vivement l’hydroxychloroquine comme traitement prĂ©ventif : « Des recherches ont permis de dĂ©montrer avec certitude que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet significatif sur le risque de dĂ©cĂšs ou d’admission Ă  l’hĂŽpital, tandis que d’autres recherches ont montrĂ© que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet sur le nombre de cas de Covid-19 rapportĂ©s positifs confirmĂ©s par les laboratoires et qu’elle augmente probablement le risque d’effets indĂ©sirables » [97] .

L'hydroxychloroquine n'ayant pas une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la Covid-19, la prescription hors AMM (off-label) par ordonnance est possible au cas par cas sous la responsabilité du médecin avec obligation d'information du patient[98].

Essais et Ă©tudes

  • 5 octobre 2020 : l'essai britannique Recovery montre l'absence d'effet bĂ©nĂ©fique de l'hydroxychloroquine chez les patients dĂ©jĂ  hospitalisĂ©s[99] - [100].
  • 16 octobre 2020 : l'essai international Solidarity confirme l'inefficacitĂ© de l'hydroxychloroquine Ă©galement chez les patients hospitalisĂ©s[101] - [102].
  • l'essai français Covidoc, censĂ© tester la combinaison hydroxychloroquine / azithromycine, est interrompu en 2020 sans avoir dĂ©montrĂ© le bĂ©nĂ©fice du traitement[103].
  • 5 avril 2021 : une Ă©tude montre par mĂ©ta-analyse sur 10 ans d'observations, que les traitements avec la chloroquine et l'hydroxychloroquine sont sĂ»rs et qu'il n'y a pas de risques cardiaques avĂ©rĂ©s, quelques rares arythmies ventriculaires et infarctus du myocarde remarquĂ©s sur des patients hospitalisĂ©s pour Covid-19 Ă©tant dus Ă  l'application de doses plus Ă©levĂ©es que les doses habituelles, l'Ă©tude concluant qu'il faut Ă©viter de recourir Ă  de telles prescriptions[104]. Cette mĂ©ta-Ă©tude ne porte pas sur l'efficacitĂ© des traitements contre le covid en elle-mĂȘme.

Théories conspirationnistes

Les débats sur l'hydroxychloroquine inspirent plusieurs théories du complot[105]. Paradoxalement, alors que cette molécule est produite et distribuée par les industries pharmaceutiques (ce qui pourrait nourrir la théorie du complot de Big Pharma) et qu'elle est préconisée par Didier Raoult, elle n'est pas associée aux théories conspirationnistes mais aux discours antisystÚme ciblant notamment ces industries[106].

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