Hydroxychloroquine
Lâhydroxychloroquine (HCQ) est un mĂ©dicament (commercialisĂ© sous forme de sulfate d'hydroxychloroquine, par Sanofi sous les noms de marque Plaquenil/Quensyl/Plaquinol, et d'autres producteurs sous le nom d'Axemal et Dolquine) indiquĂ© en rhumatologie dans le traitement de la polyarthrite rhumatoĂŻde et du lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© pour ses propriĂ©tĂ©s anti-inflammatoires et immunomodulatrices[2]. Elle est inscrite sur la liste des mĂ©dicaments essentiels de l'OMS. En 2020, cette molĂ©cule est Ă©galement le sujet de recherches dans le contexte de la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2.
Hydroxychloroquine | ||
structure canonique de l'hydroxychloroquine (en haut) et animation de la structure de la (R)-hydroxychloroquine (en bas) | ||
Identification | ||
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Nom UICPA | (RS)-2-[{4-[(7-chloroquinolin-4-yl)amino]pentyl}(Ă©thyl)amino]Ă©thanol | |
No CAS | (R/S) | |
No ECHA | 100.003.864 | |
Code ATC | P01 | |
DrugBank | DB01611 | |
PubChem | 3652 | |
ChEBI | 5801 | |
SMILES | ||
InChI | ||
Propriétés chimiques | ||
Formule | C18H26ClN3O [IsomĂšres] |
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Masse molaire[1] | 335,872 ± 0,019 g/mol C 64,37 %, H 7,8 %, Cl 10,56 %, N 12,51 %, O 4,76 %, 335,18 unité de masse atomique unifiée |
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Données pharmacocinétiques | ||
Métabolisme | rénal | |
Demi-vie dâĂ©lim. | 1 Ă 2 mois | |
Excrétion | ||
Considérations thérapeutiques | ||
Voie dâadministration | Orale | |
Grossesse | D (Au), C (Ătats-Unis) | |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | ||
Histoire
Les propriétés fébrifuges et antipaludéennes de l'écorce amÚre de l'arbuste quinquina originaire d'Amérique du Sud sont connues en Europe au XVIIe siÚcle. En 1820 les pharmaciens français Caventou et Pelletier isolent l'amer ou alcaloïde qui en est le principe actif, auquel ils donnent le nom de quinine. En 1934, un chimiste allemand, Hans Andersag, synthétise la chloroquine, un dérivé de la quinoléine, le noyau aromatique de la quinine.
Dans les années 1960, en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires, la chloroquine et l'hydroxychloroquine sont prescrites, notamment en rhumatologie.
TrĂšs utilisĂ©es Ă titre prĂ©ventif par les voyageurs, les fonctionnaires et les soldats qui se rendent dans des pays oĂč sĂ©vit le paludisme et certaines infections tropicales, la quinine Ă©tait consommĂ©e couramment dans des sodas « Ă base d'Ă©corce amĂšre de quinquina » comme la version primitive de l'Indian Tonic de Schweppes.
En 2020, en raison de propriĂ©tĂ©s anti-virales in vitro, l'intĂ©rĂȘt de l'hydroxychloroquine est Ă©tudiĂ©, notamment chez les patients en dĂ©but d'infection par le coronavirus SARS-CoV-2.
La chloroquine et l'hydroxychloroquine sont commercialisées en France sous forme de sulfates, respectivement sous les marques Nivaquine et Plaquenil.
L'hydroxychloroquine était délivrée sans ordonnance jusqu'en janvier 2020[3].
Caractéristiques physico-chimiques
L'hydroxychloroquine est chimiquement apparentĂ©e Ă deux autres antipaludĂ©ens : la quinacrine et la chloroquine. Elle partage avec cette derniĂšre une structure de type 4-amino-quinolĂ©ine et ne diffĂšre que par un groupe hydroxyle (OH) en bout de chaĂźne. Elle se prĂ©sente Ă©galement sous la forme de deux Ă©nantiomĂšres car elle est chirale. En effet, l'atome de carbone en α de l'amine et qui porte un substituant mĂ©thyle est asymĂ©trique, comme dans la chloroquine. Les diffĂ©rences dans les propriĂ©tĂ©s pharmacologiques de chaque Ă©nantiomĂšre de l'hydroxychloroquine sont vraisemblablement du mĂȘme ordre que celles observĂ©es avec la chloroquine.
Le sulfate d'hydroxychloroquine est une poudre cristalline blanche blanchĂątre, soluble dans l'eau, presque insoluble dans l'alcool, le chloroforme et l'Ă©ther[4].
Pharmacocinétique et métabolisation
L'hydroxychloroquine a une pharmacocinĂ©tique proche de celle de la chloroquine : absorption gastro-intestinale rapide, Ă©limination par les reins. Une fois dans le tractus digestif, la molĂ©cule passe facilement dans le sang pour atteindre son taux plasmatique maximal en 1 Ă 2 heures (taux qui persistera en raison d'une forte liaison aux protĂ©ines plasmatiques)[5]. La molĂ©cule a ensuite un tropisme marquĂ© pour le foie et le rein, et moindrement l'Ćil. Elle passe la barriĂšre placentaire (« les concentrations sanguines chez le fĆtus sont similaires aux concentrations sanguines maternelles »[5] (on la retrouve aussi en faible quantitĂ© dans le lait maternel)[5].
Métabolisation : la molécule est directement (mais trÚs lentement) éliminée par le rein ou préalablement métabolisée par alkylation et glycuroconjugaison en N-déséthyl-hydroxychloroquine grùce à des enzymes du cytochrome P450 (CYP2D6, 2C8, 3A4 et 3A5)[6] - [7].
Indications en clinique
Hydroxychloroquine | |
Informations générales | |
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Princeps | Plaquenil (d) |
Classe | 4-amino-quinoléine |
Forme | comprimé pelliculé |
Administration | orale |
Sels | sulfate |
Laboratoire | Sanofi (Plaquenil) |
Statut légal | |
Statut légal | Liste II (France) |
Remboursement | 65 % (France) / Oui (Suisse) |
Identification | |
No CAS | |
No ECHA | 100.003.864 |
Code ATC | P01BA02 |
DrugBank | 01611 |
Paludisme
Initialement utilisé dÚs 1955[8] dans le traitement du paludisme, il ne l'est plus aujourd'hui en raison du développement de résistances chez le Plasmodium, parasite responsable du paludisme.
L'hydroxychloroquine Ă©tait initialement utilisĂ©e[9] comme une alternative moins toxique Ă la chloroquine, sans ĂȘtre efficace contre les formes latentes de Plasmodium vivax et Plasmodium ovale (dites « hypnozoĂŻtes » : causes de rechutes tardives). En 2020, elle n'est plus recommandĂ©e pour la prĂ©vention ou prise en charge du paludisme dans le Sahel par l'OMS[10] - [11], ni pour le « paludisme dâimportation » en France par la SociĂ©tĂ© de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) (2017)[12], et ne figure plus pour cet usage dans la Base de donnĂ©es française des mĂ©dicaments[5]. Son usage comme antipaludĂ©en est parfois remplacĂ© au profit notamment de composĂ©s contenant entre autres de l'artĂ©misinine (avec certaines restrictions[13] - [14] - [15]) ou de la mĂ©floquine (malgrĂ© certains effets indĂ©sirables}, mais elle est encore le traitement de choix dans d'autres pays d'Europe, par exemple pour le paludisme non compliquĂ© importĂ© en NorvĂšge[16] et elle reste en 2020 (de mĂȘme que la chloroquine) approuvĂ©s par la FDA « pour prĂ©venir et traiter certains types de paludisme » (paludisme non compliquĂ© dĂ» Ă P. falciparum, P. malariae, P. ovale et P. vivax) dans les zones gĂ©ographiques oĂč la rĂ©sistance Ă la chloroquine n'est pas signalĂ©e. Le NIH recommande aux mĂ©decins de consulter le site Web du CDC sur la malaria[17] avant de prescrire ce mĂ©dicament pour le traitement ou la prophylaxie du paludisme.
Rhumatologie
Dans le lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© (ou systĂ©mique) elle permet de maintenir la rĂ©mission et amĂ©liore les manifestations cutanĂ©es, articulaires et autres[18]. L'hydroxychloroquine rĂ©duit la morbiditĂ© nĂ©onatale chez les femmes atteintes de lupus Ă©rythĂ©mateux dissĂ©minĂ© (moins de bĂ©bĂ©s prĂ©maturĂ©s et anormalement petits)[19], comme immunomodulateur, Ă des doses plus Ă©levĂ©es (200â400 mg/j) que contre le paludisme[20]. Les autres indications en rhumatologie incluent :
- la polyarthrite rhumatoïde aiguë ou chronique (chez l'adulte),
- porphyria cutanea tarda (en) et
Mais aussi les troubles articulaires infectieux :
- arthrite due à la maladie de Lyme (dite « arthrite de Lyme »)[18].
L'hydroxychloroquine a un effet immunomodulateur Ă©tudiĂ© depuis les annĂ©es 1960[21] ; elle augmente[22] le pH lysosomial dans les cellules prĂ©sentatrices d'antigĂšne. En conditions inflammatoires, elle bloque les rĂ©cepteurs de type Toll des cellules dendritiques plasmacytoĂŻdes. Les rĂ©cepteurs de type Toll 9 conduisent Ă la production d'interfĂ©ron et poussent les cellules dendritiques Ă mĂ»rir et Ă prĂ©senter des antigĂšnes aux lymphocytes T. L'hydroxychloroquine, en diminuant les signaux des rĂ©cepteurs de type Toll, rĂ©duit l'activation des cellules dendritiques et le processus inflammatoire. Dans un modĂšle murin (rat) d'arthrite, cette molĂ©cule testĂ©e comme immunomodulateur a aussi eu un effet antioxydant. Et pour les neutrophiles humains, elle semble rĂ©duire la concentration d'oxydants externes tout en diminuant la phosphorylation de la protĂ©ine kinase C, ce qui pourrait ĂȘtre l'une des explications de son effet anti-inflammatoire encore mal compris[23].
Dermatologie
L'hydroxychloroquine est indiquée en prévention des lucites (une forme d'allergie solaire)[24].
LĂ©gislation
L'hydroxychloroquine est inscrite sur la liste des médicaments essentiels de l'OMS pour son utilisation en rhumatologie[25].
En France, l'hydroxychloroquine est classĂ©e substance vĂ©nĂ©neuse sous toutes ses formes depuis l'arrĂȘtĂ© du signĂ© par le Directeur GĂ©nĂ©ral de la SantĂ© JĂ©rĂŽme Salomon. Le 8 octobre 2019 l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM) demande un avis Ă lâAgence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui rend son avis en date le [26]. Il rejoint l'avis de l'ANSM et porte l'hydroxychloroquine sur la liste II des substances vĂ©nĂ©neuses (mĂ©dicaments comprenant des substances toxiques)[27].
La molĂ©cule est aussi utilisĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, notamment pour les chiens[28] - [29] - [30]. En France, « Cette substance active nâentre pas dans la composition de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires autorisĂ©s, son classement est donc sans impact en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire[31]. »
Contre-indications, interactions, effets secondaires
L'Ă©tiquetage du mĂ©dicament mentionne notamment que l'hydroxychloroquine ne doit pas ĂȘtre prescrite aux personnes prĂ©sentant une hypersensibilitĂ© connue aux composĂ©s de la 4-amino-quinolĂ©ine[18]. D'autres contre-indications existent[32] :
- diabĂšte de type 2 ;
- Ă©pilepsie ;
- psoriasis ;
- maladies cardiaques (insuffisance cardiaque, infarctus, arythmie, allongement congénital du QTc) ;
- maladie de Parkinson ;
- porphyrie, déficit en G6PD (favisme) ;
- troubles de la kaliémie ou de la magnésémie[33].
Des médicaments interagissant négativement avec l'hydroxychloroquine sont déconseillés, à éviter ou à doser différemment, dont :
- les mĂ©dicaments allongeant l'intervalle QT sur l'Ă©lectrocardiogramme ou favorisant les torsades de pointe peuvent ĂȘtre contre-indiquĂ©s ou dĂ©conseillĂ©s : citalopram, escitalopram, hydroxyzine, dompĂ©ridone, pipĂ©raquine (en), halofantrine (en), antidĂ©presseurs tricycliques, les antipsychotiques et certains anti-infectieux)[5]. La fiche « hydroxychloroquine » de la FDA rĂ©pertorie les interactions mĂ©dicamenteuses connues pour le Plaquenil[34] ;
- les médicaments altérant la fonction hépatique (ex. : aurothioglucose (Solganal), cimétidine (Tagamet) ou digoxine (Lanoxin)[35] ;
- les médicaments altérant la fonction rénale (ex. : pénicillamine dont l'hydroxychloroquine peut augmenter les concentrations plasmatiques, ce qui peut induire des effets secondaires graves) ;
- Les antiacides car ils peuvent diminuer l'absorption de l'hydroxychloroquine[35] ;
- La néostigmine et la pyridostigmine qui antagonisent l'action de l'hydroxychloroquine[35] ;
- l'insuline et les hypoglycémiants oraux qui voient leurs effets hypoglycémiants exacerbés par l'hydroxychloroquine. Leur posologie est à adapter pour prévenir une grave hypoglycémie.
Effets indésirables et toxicité
L'hydroxychloroquine est un mĂ©dicament Ă marge thĂ©rapeutique Ă©troite (hautement toxique en cas de surdose)[33]. Ă dose Ă©gale et Ă propriĂ©tĂ©s pharmacologiques comparables, elle est cependant rĂ©putĂ©e 2 Ă 3 fois moins toxique que la chloroquine (selon le modĂšle animal)[36] - [37] - [38], mais avec des consĂ©quences semblables en termes dâorganes ou fonctions physiologiques affectĂ©s. Certaines sont expliquĂ©es depuis les annĂ©es 1940[39] et d'autres encore mal comprises. « Non toxique, le Plaquenil a des effets secondaires tout Ă fait supportables, mĂȘme pour les patients fragiles et ĂągĂ©s » explique Guillaume Robert de l'INSERM . Selon lâAgence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©, sur la base des effets secondaires de la chloroquine rapportĂ©s, comparĂ©s aux donnĂ©es de ventes (3 987 854 boĂźtes de trente comprimĂ©s dosĂ©s Ă 200 mg vendues en France entre le et le , les donnĂ©es de pharmacovigilance rapportent sur la pĂ©riode (72 mois) 312 cas signalĂ©s pour « au moins un effet indĂ©sirable », soit moins de 0,01 %. Sur ces 312 cas d'effets indĂ©sirables signalĂ©s, 21 (6,7 %) sont des effets cardiovasculaires dont quatre cas dâinsuffisance cardiaque, huit cas de cardiomyopathie, huit cas de troubles du rythme au sens large et un cas d'hypertension pulmonaire. Deux cas sont des dĂ©cĂšs (dont un par intoxication mĂ©dicamenteuse chez un sujet prenant en outre six psychotropes[40]).
Le surdosage est la premiÚre cause de problÚmes graves ; et comme la molécule est trÚs vite absorbée, les symptÎmes peuvent survenir dÚs trente minutes aprÚs ingestion : effets visuels et auditifs, gastro-intestinaux, cutanés, cérébraux (somnolence, céphalée) et neuromusculaires (convulsions), sanguins et cardiovasculaires (arythmie, insuffisance cardiaque, etc.), difficultés respiratoires, etc.
Les posologies non-antipaludéennes conduisent souvent à un cumul de doses susceptibles de déclencher une toxicose médicamenteuse[41]. Outre cette dose cumulée, les facteurs de risques sont :
- lâobĂ©sitĂ©,
- ĂȘtre enfant[42],
- avoir plus de 60 ans,
- avoir une maladie rétinienne,
- prendre des mĂ©dicaments interagissant nĂ©gativement avec lâhydroxychloroquine (tamoxifĂšne notamment[43]),
- souffrir d'insuffisance rénale ou hépatique (insuffisance causant une accumulation d'hydroxychloroquine dans les tissus, ce qui équivaut à un surdosage)[44].
Les mĂ©canismes en sont pour partie mal compris, mais pourraient notamment ĂȘtre liĂ©s Ă des mĂ©tabolites sources dâespĂšces rĂ©actives de l'oxygĂšne[45]. Des protocoles de soins sont dĂ©crits par la littĂ©rature mĂ©dicale[46] - [47].
Effets toxicologiques | Descriptions des effets de lâhydroxychloroquine (ou de ses dĂ©rivĂ©s, sulphate, phosphate) |
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Mort par empoisonnement | Lâhydroxychloroquine est moins toxique que la chloroquine, ou que la quinine, mais elle est une des premiĂšres causes d'empoisonnement par les antipaludĂ©ens ; |
Cardiotoxicité | Le traitement (aigu ou chronique) a fréquemment des effets cardiovasculaires potentiellement graves (faisant alors généralement à la suite d'un surdosage) ; comme pour la chloroquine, ils incluent :
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Neurotoxicité | L'hydroxychloroquine affecte le systÚme nerveux, avec :
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NĂ©phrotoxicitĂ© | L'administration chronique d'hydroxychloroquine au rat affecte la morphologie et la fonction des cellules rĂ©nales, pouvant induire (mĂȘme Ă court terme) des nĂ©croses cellulaires (mais moins que dans le cas de la chloroquine : 70 % des rats traitĂ©s Ă la chloroquine dĂ©veloppent une fibrose tissulaire intersticielle, contre seulement 20 % du groupe traitĂ© Ă lâhydroxychloroquine)[38]. |
Hépatotoxicité | Le foie accumule l'hydroxychloroquine ;
Ces derniers deviennent anormalement nombreux et gros ; et sont surchargés par du matériel non-digestible[57].
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Toxicité oculaire Rétinopathie⊠| La toxicité oculaire de l'hydroxychloroquine concerne deux zones distinctes du globe oculaire :
1) la cornĂ©e : des dĂ©pĂŽts peuvent sây former en gĂ©nĂ©rant des kĂ©ratopathies vortex ou verticillates cornĂ©ennes. Ces « dĂ©pĂŽts cornĂ©ens », selon Stokkermans (2019) rĂ©sultent d'une liaison entre chloroquine et des lipides des cellules de l'Ă©pithĂ©lium basal de la cornĂ©e[59]. Ils causent des halos et reflets qui parasitent la vision. En outre le cristallin peut partiellement s'opacifier et le corps ciliaire fonctionne mal ; Ces troubles sont sans rapport avec la posologie et gĂ©nĂ©ralement rĂ©versibles Ă l'arrĂȘt de lâhydroxychloroquine ; 2) la macula : en cas de rĂ©tinopathie avancĂ©e, elle peut ĂȘtre irrĂ©versiblement dĂ©gradĂ©e (« Des lĂ©sions rĂ©tiniennes irrĂ©versibles ont Ă©tĂ© observĂ©es chez certains patients ayant reçu du sulfate dâhydroxychloroquine » prĂ©cise la notice du Plaquenil[18]) :
Facteurs de risque : ils varient selon les auteurs, mais le seuil posologique est gĂ©nĂ©ralement estimĂ© de 5 Ă 6,5 mg/kg de poids corpore/jour de sulfate d'hydroxychloroquine, utilisĂ© sur plus de cinq ans. Le risque augmente en cas de filtration glomĂ©rulaire subnormale, et de prise conjointe de citrate de tamoxifĂšne (qui prĂ©sente aussi une toxicitĂ© oculaire) ou si une maladie maculaire est concomitante au traitement[18]. (voir dĂ©tail plus bas dans l'article) ; DĂ©pistage : il doit ĂȘtre initial en cas de traitement long, puis annuel aprĂšs cinq ans d'utilisation. (voir dĂ©tail plus bas dans l'article). Chez des patients ĂągĂ©s, pour des traitements non antipaludĂ©ens, la posologie recommandĂ©e suffit parfois Ă induire une toxicitĂ© oculaire[65] ; |
Troubles digestifs | Les troubles digestifs sont le symptĂŽme le plus courant (mĂȘme Ă court terme), avec pour un traitement antipaludĂ©ens : de lĂ©gĂšres nausĂ©es, des crampes d'estomac occasionnelles accompagnĂ©es d'une lĂ©gĂšre diarrhĂ©e[42], des crampes une diminution de lâappĂ©tit, allant Ă©ventuellement jusqu'aux vomissements et Ă lâanorexie[42].
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Allergies (et autres effets cutanĂ©s) | C'est le trouble le plus frĂ©quent aprĂšs les troubles digestifs. Comme la quinine ou la chloroquine, mĂȘme Ă faible dose, lâhydroxychloroquine peut induire (dans les 2 Ă 33 jours aprĂšs la premiĂšre prise)[66] :
Nota : divers protocoles de désensibilisation prolongée aux allergies à l'hydroxychloroquine ont été proposés[66] ; ils durent 4 à 36 jours et visent plutÎt des allergies légÚres à modérées, un cas de désensibilisation accélérée en cinq heures, sous surveillance médicale, a été décrit[66]. Un autre, deux étapes et via des prises orales, s'est montré efficace chez douze de treize patients l'ayant testé[71]. Ils peuvent améliorer la qualité de vie des patients modérément allergiques et réduire les non-observances du traitement pour cause d'allergie[72] - [71]. |
ToxicitĂ© cellulaire | La chloroquine se rĂ©parti dans tout le corps mais cible particuliĂšrement certaines cellules (de lâĆil, dans la rĂ©tine et la cornĂ©e) ou elle se concentre dans le foie ou le rein chargĂ©s de dĂ©toxiquer l'organisme[42]. |
Ototoxicité | Le risque de troubles de l'audition augmente (comme sous chloroquine), avec principalement des acouphÚnes[42] et des vertiges voire une surdité[5]. |
GĂ©notoxicitĂ©, cancĂ©rogĂ©nicitĂ© | « La chloroquine est (en France) inscrite sur la liste II des substances vĂ©nĂ©neuses [âŠ] par arrĂȘtĂ© du . »
Selon la Base française de donnĂ©es publique du mĂ©dicament[73] (version ), « Les donnĂ©es disponibles sur la gĂ©notoxicitĂ© de lâhydroxychloroquine sont limitĂ©es, par consĂ©quent les donnĂ©es de la chloroquine ont Ă©tĂ© prises en compte en raison de la similitude de structure et des propriĂ©tĂ©s pharmacologiques des deux molĂ©cules. Les donnĂ©es issues de la littĂ©rature ont montrĂ© un potentiel gĂ©notoxique de la chloroquine in vitro et in vivo. Aucune Ă©tude pertinente de cancĂ©rogĂ©nicitĂ© nâa Ă©tĂ© fournie pour lâhydroxychloroquine ou la chloroquine. Chez lâHomme, les donnĂ©es sont insuffisantes pour Ă©carter un risque augmentĂ© de cancer chez les patients recevant un traitement au long cours »[5] ; |
ReprotoxicitĂ© | Elle est encore discutĂ©e. En France, selon la fiche Plaquenil de la base de donnĂ©es publique du mĂ©dicament (version ) « en raison du potentiel gĂ©notoxique de la chloroquine, les hommes et les femmes en Ăąge de procrĂ©er doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusquâĂ huit mois aprĂšs lâarrĂȘt du traitement ». De mĂȘme, la chloroquine ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e pendant la grossesse »[5]. |
Doses toxiques pour l'homme
La dose toxique pour l'homme est de 400 mg/j (ou 6,5 mg/kg de poids corporel idĂ©al) en traitement long[44], c'est-Ă -dire aprĂšs cinq ans, ou Ă la suite d'une dose cumulĂ©e d'un kilogramme[74] Ă©tait considĂ©rĂ© comme la dose sĂ»re en termes de toxicitĂ© oculaire pour un adulte moyen, mais il est apparu que la toxicitĂ© de l'hydroxychloroquine nâest pas dose-dĂ©pendante mais plutĂŽt liĂ©e Ă la dose cumulĂ©e totale, et Ă la durĂ©e du traitement[74]. Selon le modĂšle animal, toutes les couches de la rĂ©tine sont endommagĂ©es, mais les cĂŽnes et bĂątonnets le sont le plus[75].
Des preuves rĂ©centes plaident pour une toxicitĂ© rĂ©tinienne plus Ă©levĂ©e quâon le pensait. La prĂ©valence d'effets toxiques rĂ©tiniens serait en moyenne en CorĂ©e du Sud de 2,9 % pour les traitements rhumatologiques[76], mais de 7,5 % au Royaume-Uni pour les traitements non paludĂ©ens de long terme, et selon la dose cumulĂ©e, elle y augmente de 20 Ă 50 % aprĂšs vingt ans de traitement (Ă©tude basĂ©e sur 2 361 patients). Au Royaume-Uni, le Royal College of Opthalmologists a produit un formulaire de rĂ©fĂ©rence rĂ©cent et des lignes directrices (depuis 2018) aidant les mĂ©decins Ă identifier les patients Ă haut risque et nĂ©cessitant un dĂ©pistage rĂ©tinien approfondi[77]. La dose est Ă ajuster au poids du patient[78], Ă partir d'algorithmes ad hoc et de calculateurs[44] - [78], mais selon l'algorithme, les rĂ©sultats diffĂšrent ; les femmes, moins lourdes que les hommes, sont exposĂ©es au surdosage (vers 2010, 16 % Ă 98 % d'entre elles Ă©taient dans la plage toxique et 12 %â56 % des patients des Ătats-Unis Ă©taient surdosĂ©s)[79] - [80] - [81] - [44].
Remarque : certaines cellules de lâĆil concentrent la molĂ©cule ; y compris in utero (si la mĂšre est traitĂ©e par de la chloroquine)[82] - [83].
Prévention, dépistage des effets secondaires
Le dĂ©pistage porte sur la qualitĂ© de la vision (vision floue, difficultĂ© Ă concentrer le regard) et du champ visuel[84] - [85]. DĂšs qu'une anomalie rĂ©tinienne est dĂ©tectĂ©e, un examen ophtalmologique approfondi est recommandĂ©[18]. L'examen annuel doit inclure BCVA, VF et SD- OCT (et l'Ă©lectrorĂ©tinogramme multifocal (mfERG), la tomographie Ă cohĂ©rence optique dans le domaine spectral (SD-OCT) ainsi que l'autofluorescence du fond d'Ćil (FAF), peuvent ĂȘtre plus prĂ©cis que la simple Ă©valuation des champs visuels[78]). « Les tests de grille Amsler ne sont plus recommandĂ©s. Les examens du fond d'Ćil sont conseillĂ©s pour la documentation, mais la « maculopathie Ă Ćil de bĆuf » visible est un changement tardif, et l'objectif du dĂ©pistage est de reconnaĂźtre la toxicitĂ© Ă un stade plus prĂ©coce »[78]. Pour les autres patients, ce rythme dâexamen peut commencer aprĂšs cinq ans de traitement[18]. L'hydroxychloroquine ayant une « demi-vie particuliĂšrement longue »[86], notamment dans lâĆil, mĂȘme aprĂšs un arrĂȘt du traitement justifiĂ© par une toxicitĂ© oculaire « le patient doit ĂȘtre Ă©troitement surveillĂ© Ă©tant donnĂ© que les modifications de la rĂ©tine (et les troubles visuels) peuvent progresser mĂȘme aprĂšs l'arrĂȘt du traitement ». Les recommandations de l'American Academy of Ophthalmology pour le dĂ©pistage de la rĂ©tinopathie Ă la chloroquine (CQ) et Ă l'hydroxychloroquine (HCQ) ont Ă©tĂ© publiĂ©es en 2002 les outils et connaissances ont Ă©voluĂ© depuis, mais en 2020 selon cette acadĂ©mie : « Aucun traitement n'existe encore pour ce trouble [âŠ] Les patients doivent ĂȘtre conscients du risque de toxicitĂ© et de la justification du dĂ©pistage (pour dĂ©tecter les changements prĂ©coces et minimiser la perte visuelle, pas nĂ©cessairement pour l'Ă©viter). Les mĂ©dicaments doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s si possible lorsque la toxicitĂ© est reconnue ou fortement suspectĂ©e, mais il s'agit d'une dĂ©cision Ă prendre en collaboration avec les patients et leurs mĂ©decins »[78].
Traitement du surdosage ou de l'intoxication par hydroxychloroquine
Tout surdosage en amino-4-quinoléine est grave, notamment chez les nourrissons (chez qui 1 à 2 g suffisent parfois à provoquer la mort)[5].
Une intoxication avĂ©rĂ©e par hydroxychloroquine impose une prise en charge prĂ©-hospitaliĂšre urgente (SAMU ou autre service mobile dâurgence). Avant l'arrivĂ©e d'une ambulance, une perfusion IV avec une solution de remplissage peut ĂȘtre posĂ©e. Ă partir de 4 g supposĂ©s ingĂ©rĂ©s ou en cas d'hypotension (et/ou de signes ECG), les mesures prĂ©conisĂ©es sont l'injection d'adrĂ©naline (0,25 ”g kgâ1 minâ1) ; l'intubation et ventilation assistĂ©e ; le diazĂ©pam (2 mg/kg en 30 min, puis 2 Ă 4 mg/kg par 24 heures). Une suspicion d'intoxication exige aussi une hospitalisation (quelle que soit la quantitĂ© estimĂ©e ingĂ©rĂ©e)[5].
En cas dâintoxication, ni lâacidification des urines, ni lâhĂ©modialyse, ni la dialyse pĂ©ritonĂ©ale ni mĂȘme l'exsanguinotransfusion nâapportent de bĂ©nĂ©fice (l'hĂ©modialyse n'Ă©limine que trĂšs lentement lâhydroxychloroquine ; la clairance de dialyse reprĂ©sente 15 % de la clairance totale)[5].
Production
Fin 2020 (20 décembre), l'usine de Taoyuan de la SCI Pharmtech, l'un des premiers producteurs de précurseurs de médicaments, et en particulier de sulphate d'hydroxychloroquine à Taiwan a connu une explosion et un grave incendie (un mort et un blessé) ; il a fallu 45 h pour maitriser le feu qui s'était étendu à 5 autres usines de la zone industrielle. Il n'y a pas de risque de pénurie d'hydroxychloroquine grùce à d'autres usines fabricant aussi ce produit[87].
Utilisation contre la Covid-19
L'utilisation de l'hydroxychloroquine contre la Covid-19 est suggérée début 2020 par le compte-rendu d'une réunion d'officiels chinois, puis par l'infectiologue français Didier Raoult (en association à l'azithromycine), ce qui a conduit à son autorisation temporaire à titre dérogatoire dans plusieurs pays et à son utilisation courante dans plusieurs autres pays, notamment en Afrique, en Inde et en GrÚce, pays producteurs de la molécule[88].
En avril 2020, l'ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy et l'urgentiste Patrick Pelloux demandent au gouvernement d'ouvrir la délivrance du médicament à plus de patients atteints du coronavirus, en modifiant « en urgence » le décret qui le réserve aux cas les plus graves[89].
Elle est ensuite Ă©cartĂ©e dans le cadre des soins d'urgence par certains pays, notamment le 15 juin par la FDA aux Ătats-Unis[90], le 26 juin par la CorĂ©e du Sud[91], ainsi que par l'OMS[92] Ă la suite d'une sĂ©rie de rĂ©sultats nĂ©gatifs ou non probants de diffĂ©rentes Ă©tudes[93] et essais cliniques[94] - [95]. L'OMS prĂ©cise cependant, Ă l'Ă©poque, que les Ă©tudes visant les patients non hospitalisĂ©s, ou la prise d'hydroxychloroquine en prĂ©vention, ne sont pas interrompues[96] mais en mars 2021 elle dĂ©conseille vivement lâhydroxychloroquine comme traitement prĂ©ventif : « Des recherches ont permis de dĂ©montrer avec certitude que lâhydroxychloroquine nâa pas dâeffet significatif sur le risque de dĂ©cĂšs ou dâadmission Ă lâhĂŽpital, tandis que dâautres recherches ont montrĂ© que lâhydroxychloroquine nâa pas dâeffet sur le nombre de cas de Covid-19 rapportĂ©s positifs confirmĂ©s par les laboratoires et quâelle augmente probablement le risque dâeffets indĂ©sirables » [97] .
L'hydroxychloroquine n'ayant pas une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la Covid-19, la prescription hors AMM (off-label) par ordonnance est possible au cas par cas sous la responsabilité du médecin avec obligation d'information du patient[98].
Essais et Ă©tudes
- 5 octobre 2020 : l'essai britannique Recovery montre l'absence d'effet bénéfique de l'hydroxychloroquine chez les patients déjà hospitalisés[99] - [100].
- 16 octobre 2020 : l'essai international Solidarity confirme l'inefficacité de l'hydroxychloroquine également chez les patients hospitalisés[101] - [102].
- l'essai français Covidoc, censé tester la combinaison hydroxychloroquine / azithromycine, est interrompu en 2020 sans avoir démontré le bénéfice du traitement[103].
- 5 avril 2021 : une Ă©tude montre par mĂ©ta-analyse sur 10 ans d'observations, que les traitements avec la chloroquine et l'hydroxychloroquine sont sĂ»rs et qu'il n'y a pas de risques cardiaques avĂ©rĂ©s, quelques rares arythmies ventriculaires et infarctus du myocarde remarquĂ©s sur des patients hospitalisĂ©s pour Covid-19 Ă©tant dus Ă l'application de doses plus Ă©levĂ©es que les doses habituelles, l'Ă©tude concluant qu'il faut Ă©viter de recourir Ă de telles prescriptions[104]. Cette mĂ©ta-Ă©tude ne porte pas sur l'efficacitĂ© des traitements contre le covid en elle-mĂȘme.
Théories conspirationnistes
Les débats sur l'hydroxychloroquine inspirent plusieurs théories du complot[105]. Paradoxalement, alors que cette molécule est produite et distribuée par les industries pharmaceutiques (ce qui pourrait nourrir la théorie du complot de Big Pharma) et qu'elle est préconisée par Didier Raoult, elle n'est pas associée aux théories conspirationnistes mais aux discours antisystÚme ciblant notamment ces industries[106].
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- ChEMBL
- DrugBank
- (en) International Union of Pharmacology
- (en) Medical Subject Headings
- (en) National Drug File
- (en) PatientLikeMe
- (no + nn + nb) Store medisinske leksikon
- (en) Article sur l'hydroxychloroquine sur Medicinenet